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the world's love holds me

Sa dernière conversation avec Amaury ne s'est pas passé comme elle l'aurait voulu. De toute façon, aucune de ses conversations dernièrement ne s'est bien passée. Bea aimerait pouvoir arranger les choses d'un claquement de doigts. Mais ça va être compliqué. Se retrouver nez à nez avec tout ce qu'elle a perdu et renoncé des années plus tôt l'a secouée. Elle a commencer à davantage se fournir, pas forcément auprès de Sean qui l'a largement ghostée, mais auprès de tous ceux qui ont accepté de lui vendre.

Cela fait une semaine qu'elle n'a pas été au travail. Et à la regarder, elle est dans un état assez catastrophique. Pourtant, elle est pleinement lucide quand elle envoie un message à son frère pour qu'il l'a retrouve chez elle. Elle ne fait que l'effort d'aplatir un peu ses cheveux en furie lorsqu'il sonne. Les cernes sous ses yeux en disent beaucoup et elle n'a pas pris la peine de les cacher. « Salut. Merci d'être venu. »  

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Beatriz souhaitait lui parler. Son message lui avait fait arquer un sourcil alors qu'il accueillait son patient de l'heure. Il avait laissé son téléphone glisser dans sa blouse, et fait mine de laisser ses soucis personnels de côté, le temps de la séance. Après tout, c'était un professionnel, et il savait très bien n'être qu'un docteur comme un autre, et d'écouter ses patients se plaindre. C'était aussi un peu pour ça qu'il a eu son diplôme.

L'heure se déroula comme d'habitude, et une fois son shift terminé à l'hôpital, il se hâta de retirer sa blouse et ses autres affaires à son casier, pour récupérer ses affaires. Puis il se dirigea à sa voiture pour rouler jusqu'au logement de sa soeur.

Bea était bizarre, ces derniers temps. Elle était un peu off lors de leurs dernières entrevues. Il avait eu beau se dire que c'était dans sa tête, c'était loin d'être le cas. Arrivé chez elle, il eut le coeur serré en voyant le teint pâlichon de la jeune femme. « Salut. Tout va bien ? Tu es pâlotte... »  dit-il en essayant de la faire relever le menton en émettant une légère pression sous celui-ci.

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Elle est heureuse de voir qu'Amaury a accepté de la voir quand elle ouvre la porte. Elle sait son comportements inquiétant pour avoir entendu les paroles de Nevaeh et ne pas les avoir prises à la légère. Elle sais très bien qu'elle a peut-être franchi des limites qu'elle aurait mieux fait de garder à distance. « Tout va bien, ne t'en fais pas. »  Sa voix n'est pas convaincates et elle le sait. Elle sait très bien qu'elle a l'air plus faible que jamais. Pourtant, elle va bien ou presque.

Elle se pousse légèrement, avec un sourire. « J'ai juste mal dormi. Et toi tu vas bien ? Entre donc. » Ce n'est pas ce qui convaincra Amaury que les choses vont pour le mieux, mais déjà, s'ils peuvent éviter de discuter sur le palier, ce n'est pas plus mal. Au moins elle sait qu'ils auront plus d'intimité pour évoquer les sujets les plus tabous de leurs vies.

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Voir Beatriz à la porte, ça l'inquiétait toujours un peu. Déjà parce que ça faisait longtemps qu'il n'avait pas vu sa jumelle, mais aussi parce qu'elle avait pris pour habitude de vivre seule, et que ce soit les autres qui viennent la chercher, et non de venir demander de rendre visite. Il avait peur qu'elle ait un véritable problème qu'elle n'oserait pas dire.
« T'es sûre, hein ? Sinon, je demande à un collègue de l'hôpital de te faire une prescription de vitamines... »  Oui, parce qu'elle avait vraiment une toute petite mine.

Il entra par la suite. « Tu devrais boire quelque chose. T'as pas un jus de fruit ? »  Après tout, si elle n'avait pas dormi, ça lui ferait un coup de boost, c'était que du plus, non ? S'il avait su, il aurait pris une bouteille à la maison.

« Ecoute, ça va. On a presque fini la maison, c'est plus qu'une affaire de quelques semaines. Je t'avoue que la perspective fait que ça va beaucoup mieux. »  

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Il avait pu venir jusque chez elle et Beatriz lui en était bien reconnaissante. Elle n'avait pas l'air d'être dans sa meilleure forme, c'était vrai, et surtout elle savait que même si elle avait fait l'effort de dissimuler tout ça, son jumeau aurait très bien vu le subterfuge. À quoi bon ? elle n'était bonne comédienne que lorsqu'elle était elle-même convaincue. Pas aujourd'hui. Elle ne croyait pas mot à son baragouin. « C'est gentil, mais je ne t'ai pas fais venir pour ça. » Elle s'efforce de lui sourire. Effort difficile compte tenu qu'elle a peur d'avoir tout gâché avec tous les gens de sa vie. Sean y compris.

Une semaine sans aller au travail, elle prendrait cher. « Si, j'en ai. Tu en veux aussi ? » Si au moins ça pouvait le faire taire sur le sujet ou quoi, c'était déjà ça. Elle sais très bien qu'elle n'a pas bonne mine. L'air inquiet d'Amaury le prouve.

« C'est Ezgi qui doit être heureuse. Ça traînait trop pour elle » Elle sourit à la mention de sa belle soeur et sa hâte. Elle aussi, à sa places, aurait eu du mal à tenir l'impatience.

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L'inquiétude grandissait à mesure que les secondes passées. Elle ne l'avait pas fait venir pour ça, mais il avait la sensation qu'elle en avait besoin malgré tout, compte tenu la pâleur de son visage. Sa mine inquiète semblait parler pour lui.
« Peu importe pour quoi je suis là, si tu en as besoin je peux le faire. » Quitte à l'aider autant le faire jusqu'au bout.

Elle ne s'était pas méfiée mais semblait d'accord avec sa proposition. « Oui, s'il te plaît. »  Au moins, s'il acceptait, il était presque sûr qu'elle ne poserait pas de questions et aurait son jus de fruits, une infime dose de vitamine par rapport à celle dont elle semblait avoir besoin.

Il acquiesça et sourit. « Oui, ça nous aide à ne pas nous prendre la tête pendant vingt ans parce que ça traîne trop. Et c'est agréable d'être dans un endroit quasiment fini et plus propre qu'au début du chantier nous soulage tous les deux. »  

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Amaury s'est déplacé et ça suffit à Beatriz pour se dire qu'un peu d'honnêteté ne ferait pas de mal. Pour autant, le visage inquiet de son frère jumeau ne va pas pour la rassurer. Ce n'est peut-être pas la meilleure voie à prendre pour qu'ils puisse discuter correctement sans que le côté médecin d'Amaury ne prennent le dessus. « Merci, Momo. » Elle lui a déjà dit qu'elle ne l'avait pas fait venir pour ça et elle compte bien tenir sa promesse, pour une fois.

Ne pas rechigner, ne pas poser un milliard de questions et de raison pour ne pas prendre ce jus de fruit, c'est un peu dur pour Beatriz. Mais si ça peut donner satisfaction à son frère sans créer de tension supplémentaire, elle prend. « Parfait. »

Que leur maison avance et n'ait plus tant de travaux à faire, c'est une bonne choses. Bea sait que sa belle-soeur n'en peut plus vraiment des travaux et même s'il n'en parle pas, elle peut bien imaginer qu'il en vas de même pour Amaury. « C'est sûr. Puis ça va vous faire du bien de pouvoir vous reposer un peu aussi. » Depuis qu'ils sont revenus, elle a l'impression que tous les deux y sont depuis une éternité, dans ces travaux.