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Le trou noir, accompagné de douleurs et de vertiges. Beatriz ne sent plus rien d'autre. Elle se rappelle vaguement avoir abusé la nuit précédents, mais rien d'autre ne semble d'accord de revenir dans sa tête. Lorsqu'elle rouvre les yeux, elle est persuadée que la lune se joue d'elle alors que seul le soleil est présent à travers les volets usés de sa fenêtres. Avant d'ouvrir les yeux et de se laisser aller à la lumière douloureuse pour ses rétines du matin, elle fait une inspection rapide. Elle a mal partout, sa gorge est sèche comme si elle était malade ou qu'elle avait trop crié la veille. Ses cheveux sont étranges et... et elle porte les mêmes vêtements que la veille.

Ce qui suffit à la faire ouvrir les yeux. Elle ignores comment c'est possible qu'il en soit ainsi. Elle a toujours le bon vieux réflexe d'au moins rester en sous vêtements quand elle ne se sent pas d'enfiler ses pyjamas. Alors que fait-elle habil... C'est à ce moment qu'elle le voit. Elle sursaute et hurle. À en réveiller tous ses voisins. Mais pas lui.

Incapable de se rappeler convenablement de la veille, elle a complètement oublié que Zeppelin, le garçon en face d'elle puisque c'est son nom, lui a mentionné être sourd. Alors elle s'énerve contre lui, l'insulte un peu - pas beaucoup parce qu'elle a conscience que s'il est là, à côté d'elle et pas... un frisson la parcourt. Elle n'a pas été intime avec un homme depuis si longtemps que l'envisager la terrifie. Il y a bien eu Sean, son dealer, mais un baiser ne suffit pas à parler d'intimités.

Elle déblatère des mots à toute vitesse, incapable d'arrêter le stress de couler dans ses veines alors que lui, semble si paisiblement endormi. Elle s'arrête finalement et est prête à aller le secouer quand il rouvre les yeux. Alors elle fait de grands gestes et continue sa tirade en lui demandant pourquoi il est là, et en s'énervant toute seule du fait qu'elle ne l'a pas invité à entrer dans son appartement. « Non mais ça va pas enfin. Qui t'a permis d'entrée dans mon appart ? T'as conscience que t'es dans mon appart ? on ne rentre pas chez les gens sans être inviter, on te l'a pas appris ça ? non mais franchement où tu te crois. Puis t'es qui en fait. » Les paroles du roux la sèchent aussitôt et elle s'assied sur le bord de son lit pour lui faire face, sonnée. Ah, oui, elle se rappelle vaguement. Si le reste est flou, elle se rappelle vaguement l'avoir vu signer en langue des signes... « T'es sourd. » En répétant ces mots, elle est complètement abasourdie. « Et heu... qu'est-ce que tu fais dans mon appartement ... ? »

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Elle a presque le tourni, Beatriz, en ouvrant les yeux. Elle ressent les effets de la vieille sans pleinement s'en souvenir. La soif et la panique, c'est tout ce qu'elle retient en voyant un homme aux cheveux roux se tenir devant elle. Il lui faut plusieurs minutes, et par la suite une confirmation, pour qu'elle se souvienne de lui et de sa surdité. Gaffeuse de choix, elle aurait pu s'asseoir sonnée par ce rappel si elle n'était pas déjà assise au bord de son lit pour lui faire face. Un peu calmée par sa façon d'être qui l'empêche de paniqué davantage, elle essaie de respirer à fond mais sa tête lui fait un mal de chien. Alors elle y porte sa main comme pour se masser les tempes, option loin d'être suffisante pour calmer la migraine qui tente de s'installer.

Penaude, elle secoue la tête pour lui répondre. Non, elle ne se souvient pas du tout, ou alors à peine. Tout est flou et même un peu insensé. « Je suis désolée, je ne me rappelle que d'une partie de ce bar... » Elle laisse sa phrase en suspens, en se rappelant qu'elle doit articuler pour être comprise, se maudissant presque de ne pas parler le langage des signes pour pouvoir communiquer avec lui sans que ce soit à lui de faire tous les efforts. Étonnante compassion qu'elle peut avoir face à lui alors qu'elle réalise qu'il l'a probablement sortie de l'une des pires passes de sa vie. "Il est passé par là". Ca lui dit quelque chose, à Beatriz, phrase familière qui tente par tous les moyens de retourner un souvenir dans sa mémoire, mais elle n'y arrive pas. Alors elle ne pose pas plus de question que ça.

Ses yeux levés vers lui quand il reprend la parole, elle se tente à un petit sourire, tout autant douloureux que le restes. « Zeppelin ? » dit-elle en imitant son signe, comme un automatisme alors qu'elle ne connait rien de l'ASL. « Beatriz. », lui dit-elle en essayant d'épeler son nom avec ses mains... dans toute autre chose que l'alphabet de la langue des signes, comme des gamins essaieraient de faire en imitant les lettres avec leurs doigts.

« Pour être honnête, je me suis sentie beaucoup mieux dans ma vie qu'aujourd'hui. J'ai un peu le vertige mais j'ai surtout mal à l'a tête. » Difficile de s'empêcher de sourire quand ses yeux se tournent sur le verre. En plus d'être assez sympa pour l'avoir ramenée chez elle, il est prévoyant... Ah oui, ça lui revient. Il a déjà vécu ça. Elle frissonne d'effroi en pensant à ce qui aurait pu lui arriver cette nuit-là. « Oui. » Elle ne se presse pas plus que ça et s'avance vers sa table de nuit et tire son tiroir, duquel elle trouve un cachet d'aspirine. « M... merci beaucoup, tu n'aurais pas dû... Je suis désolé. ». Elle retourne s'asseoir face à lui avant de se frapper le front subitement. « Et toi ? tu as besoin de quelque chose ? Je ne t'ai même pas demander. »

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Elle est un peu gênée quand elle réalise subitement que, sans lui, elle serait peut-être pas dans cet état-là, et surtout qu'elle n'aurait pas le confort de chez elle. Aurait-elle fini à l'hôpital ? elle n'en sais rien et ne veut pas y réfléchir. Au lieu de quoi, elle s'efforce de se présenter, tachant de garder sa migraine à l'écart. Son sourire naît tendrement quand il demande l'origine de son prénom. D'ordinaire, on entend plus son accent londonien, bien ancré dans sa façon de parler, plutôt que le côté espagnol de son patronyme complet. « Mon père est espagnol, oui. Merci. Le tien est très original. » Pas exactement en état de retourner un vrai compliment, cela dit. Même en s'efforçant de l'écartée, la migraine reste là, accompagnée de nausée et de quelques vertige.

Elle s'approche du verre et s'en saisit en le buvant quasiment d'une traite. Elle ne lui répond pas tout de suite, n'estimant pas la situation comme normale. Elle aurait voulu pouvoir donner des explications, ne serait-ce qu'à elle-même, mais elle en est bien incapable. « Non, pas vraiment, non. » Elle lui sourit gentiment pourtant quand elle lève les yeux. « Mais merci beaucoup à toi. Tout le monde n'aurait pas fait ce que tu as fait. » Et Beatriz lui en est extrêmement reconnaissante.

Beatriz ricane dans un souffle, amusée par sa question, tout en étant mortifier de ne pas y avoir pensé. « Bien sûr. Au bout du petit couloir, sur ta gauche. » S'il ne compte pas lui demander quoi que ce soit de plus, elle ne compte pas, elle, le laisser partir sans l'avoir proprement remercié. Et vu l'immense famine que lui crie son estomac, elle a déjà sa petite idée. Et si elle s'apprête à crier au travers de l'appartement ses questions, elle se retient de justesse : sauver sa migraine est une bonne chose, surtout quand crier ne sert à rien s'il n'est pas là pour déchiffrer ses lèvres.

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Les questions afflue dans sa tête et Beatriz ne peut pas s'esmpêcher de laisser l'angoisse monter jusqu'à sa gorge. Si toutes amène un scénario qui n'est pas venu grâce au roux, difficile de nier la prise de conscience. Elle lui sourit quand lui vient une question. « "Biologique" ? » Ils ne sont pas assez proche pour qu'il lui confie toute sa vie, mais le terme l'a frôlée d'un frisson. Biologique. De quoi la ramener encore à cet enfant dont elle est la mère biologique et qu'elle a laissé filé. Son plus grand regret, elle qui pensait faire la bonne chose à l'époque. Ça l'était, d'ailleurs. Mais aujourd'hui, elle a coupé les ponts avec le couple de professeurs qui a adopté ce bébé et n'est plus vraiment au courant de la suite de cette vie, dont elle aurait voulu faire partie, en fin de compte.

Elle chasse cette idée, vite accompagnée de celle de son besoin d'échapper à la réalité. Que la veille lui serve de leçon. Aucune envie que Clara et Amaury ne découvrent un jour son corps sans vie à cause d'une surdose. Elle avait assez mal vécu la soirée de la veille pour un "simple" bad trip, bien qu'il n'y ait rien de simple dans cet événement, la simple idée de laisser frère et soeur sans réponse la fais flipper plus encore que ses questions et les scénarios qui en découle.

Son corps n'est pas ravi de l'expérience qu'elle lui a fait subir. Même si elle a repris conscience de son environnement, elle est vaseuse, confuse et elle sent son coeur qui palpite si fort qu'elle en aurait le vertiges. Quant à sa migraine, elle brouille sa vision. Plus lente que jamais dans cet appartement où elle ne prend jamais le temps de rien, vivant sa vie à tout allure au travail, s'échappant de la réalité qui se rappelle à elle en consommant tout type de substances, Beatriz n'est jamais posée ici que pour dormir et vite manger avant de tomber dans les bras de Morphée, quand elle pense à manger.

Quand il revient elle lui sourit. « C'est la moindre des choses. » Elle regarde ses deux casseroles et se retourne vers lui les sourcils froncés. « Tu préfères les oeufs ou les pancakes ? Dans le doute, j'ai fait les deux. » Elle retourne à sa préparation, elle qui cuisine d'ordinaire jamais vraiment, ou jamais longtemps, elle a juste miser sur ce qu'elle sait faire. « Tu peux te servir du jus si tu veux, y en a dans le frigo. »

Elle s'efforce de finir vite. Mais difficile d'aller plus vite que la plaque électrique. Alors elle s'affaire comme elle le peut, fait couler du café en lui demandant s'il en voudra et sort de quoi manger avec ses pancakes et ses oeufs, espérant juste qu'elle arrive à manger tout ça compte tenu de la dalle qui lui déchire le ventre. Et bien sûr qu'il en mange aussi. C'est peut-être pas grand chose pour lui d'être resté, mais pour Beatriz, ça l'est. Alors, autant le remercier convenablement.

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Beatriz passe la main dans ses cheveux. Elle as froid et chauds à la fois. Une sensation désagréable dont elle se sait coupable. Sa tête lui fait un mal de chien et il lui arrive d'avoir une sensation de vertige qui vient et qui la prend du sommet de son crâne jusqu'à la plante de ses pieds. Pourtant elle fait l'effort. Autrefois, elle était une adolescente joyeuse, le coeur sur la main. Si l'Amérique la voit moins ainsi que le Royaume Uni, quelque part, bien enfouie, cette version d'elle existe encore, quand elle met de côté sa triste. N'est pas RH qui veut, et s'il faut parfois accepté de prendre le rôle de la personne que personne ne peut se voir, il faut savoir faire preuve d'empathie, et de reconnaissance. Reconnaissante, elle l'est sans aucun doute, mesurant sa chance d'avoir croisé le chemin de Zeppelin, qui ne l'a pas laissé tomber alors même qu'ils ne se connaissent pas. Mais elle a gardé l'éducation de ses parents même derrière ses masques tentant tant bien que mal de dissimuler ses élans de tristesse. Elle sait dire merci. Et prendre soin des gens sous son toit, bien qu'en l'occurrence ce soit lui qui as pris soin d'elle.

Sourire est douloureux quand ses lèvres s'étirent, mais elle ne se prive pas. « Super, alors. » Elle ne réalise même pas à quel point son frigidaire est vide. Elle n'a pas eu le temps, encore chamboulée par la vie. Un jour, elle prendra des vacances. Mais il faut d'abord recruter à l'hôpital. La situation actuelle a vidé les rangs du personnel et la jeune femme se fait un mot d'ordre d'améliorer la vie des gens qui y travaillent, corps médical ou non. Même si les budgets sont serrés, être plus, c'est un confort non négociables. Ses yeux se tournent vers le roux, surprise de ses paroles. À vrai dire, elle n'y a pas véritablement réfléchi. Par habitude, elle a préparé son verre en se disant qu'elle y mettrait sa vitamine C, comme d'habitude. Maintenant qu'elle y pense, il n'a pas tort. Elle réprime un haut le coeur et un frisson. « Très vrai. Je prends, merci beaucoup. » Difficile de cacher qu'elle apprécie ces petites attentions, la sensation de ne pas en avoir eu depuis si longtemps que ça la flatte. Amaury et Clara font attention à elle, mais ils ne savent pas tout, ainsi c'est différent.

Elle a du mal à réprimer un sourire doubler d'un ricanement. « Tu ne me croiras pas, si je te le dis. » Elle lève les yeux vers lui, un peu honteuse. En a-t'on vu souvent, des gens dans son corps de métier qui finissent comme elle ? Elle n'en a jamais entendu échos, en tout cas. « Je suis assistante RH, je dois passer responsable l'année prochaine, normalement. » À cette allure, elle ne sait même pas s'ils ne la vireront pas d'ici là. « Et toi ? » qu'elle demande plus bas, avant de chercher à se reprendre pour parler plus fort avant de réaliser que ça ne servirait à rien. Comme si les informations sortaient de sa tête aussi vite qu'elles y entraient.

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Elle a conscience qu'il est complètement fous de l'imaginer parmi les ressources humaines. Ou alors ce sont ses préjugés qui entrent en compte. Elle n'aurait jamais envisager que ce soit l'endroit où l'on pourrait trouver une "junkie", puisqu'elle se considère comme ça malgré les allure qu'elle tient à se donner pour sauver la face. Au travail, elle est juste Beatriz, qui applique scrupuleusement les directives qu'on lui transmets. En dehors, elle a la sensation que tout lui échappe, elle fait n'importe quoi et se voit comme ça.

Son sourire continue de s'étirer même lors qu'il semble arriver à son maximum. Ses lèvres la tire et elle sait que son visage tiré finira par se détendre à un moment ou un autre. « Cela dépend. Il y a des jours plus tranquilles que d'autres. Mais oui, je ne suis pas responsable ni directrices du service et encore heureux, quand on voit le mécontentement de certains. » Elle le sait, les RH sont vus comme le bout du monde. En vérité, l'ambiance est calme et posée et c'est appréciable, tant qu'un membre du personnel de l'hôpital ne vient pas pour se plaindre des horaires, des paies et autres. Le défiler n'est pas quotidien mais il peut vite être fatigant.

Elle rit légèrement en l'entendant lui répondre. Beatriz n'est pas étonnée pour autant, même si elle n'aurait pas deviné d'elle-même. « Donc ta passion c'est la musique et tu travailles dedans ? Classe. » Autant dire que son travail à elle, c'est un peu un travail par défaut, elle n'a jamais vraiment trouver sa passion, elle. « J'aimerais te dire que ce que vous faites est dingue, mais... » Elle ne se rappelle pas grand chose de la veille. Oui, elle a cru l'avoir vu sur scène, même s'il n'y était pas, oui elle a entendu de la musique, mais son esprit n'était pas concentré sur ces choses-là. Est-ce que c'était lui qui jouait ou pas ? Alors elle lève les yeux vers lui avec un sourire plus petit qu'auparavant. « Une autre fois, j'imagine. »

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Beatriz n'est pas bête. Elle sait que la pression de son travail a aggravé la situation. Même si elle aime cet emploi et le côté social de celui-ci, il y a forcément une partie qu'elle n'aime pas faire du tout. Le problème actuellement c'est que cette partie est de plus en plus importante au quotidien. Sa probable futur promotion n'en est que plus compliqué. Alors elle n'y pense pas, tout simplement.

Elle le regarde attentivement pendant qu'il explique ce qu'il fait. Il a de la chance, il vit visiblement de sa passion et il n'y a rien de mieux que ça. Sourire amusée sur ses lèvres, elle essaie de réfléchir en quoi il peut faire "tiquer". « Pourquoi "tiquer" ? » Il n'a pas l'air d'être un outsider ni une personne très compliqué, il suffit de voir combien il est gentil avec elle pour qu'elle doute qu'il puisse être un problème. Mais elle n'a peut-être pas compris en quoi, aussi. Puis il pointe ses appareils auditifs et elle baisse les yeux, un peu honteuse d'avoir si vite oublié compte tenu de la facilité de leur discussion.

Il est gentil avec elle et Beatriz apprécie énormément. D'ordinaire, lorsque sa consommation est mise sur la table, les gens changent de regard sur elle. Elle l'a vu avec Nevaeh, et elle a peur que Clara et Amaury en fasse de même. Si sa meilleure amie lui promet de la soutenir malgré tout, elle n'est pas prête à affronter le regard qu'elle lui a offert dans les yeux de sa petite soeur et de son frère jumeau. « Bien sur, avec plaisir. » Elle ne va pas se priver d'écouter de la musique et si en plus elle peut donné son avis, elle est ravi.

L'instant lui paraît écourté, mais elle n'en dit rien. Techniquement, ils ne se connaissent, alors ses paroles sont censées. « C'est gentil, laisse, je m'en occuperai plus tard. » De toute façon, elle ne compte pas sortir de si tôt de chez elle, elle a tout le temps pour ça. « Merci beaucoup. » Sa gorge est légèrement nouée alors qu'elle réalise qu'elle va se retrouver seule et qu'elle ne peut pas appeler ses proches pour lui tenir compagnie, la culpabilité grandissant au fond de sa tête. « Je n'hésiterais pas. »