Journée qui se terminé, soirée qui débute à peine qu’il se laisse convaincre d’une sortie inattendue, commençant dans un bar où d’autres amis les rejoignent avant d’arriver dans un appartement, chez quelqu’un qu’il ne connait pas mais qu’un de ses amis fréquente. Helios a beau se laisser entraîner par ses amis et même parfois à en finir en boîte de nuit, à se demander comment il a fini un verre à la main, il n’en reste pas moins vigilant. Il y a certains quartiers, certains endroits même au sein des dits quartiers, qu’il se doit d’éviter. Heureusement qu’Astoria a un peu su lui dire où ne pas aller, non pas que ça ne coule pas de source quand on sait ce qui se passe réellement dans les rues de Fall River. Mais dès que ses amis ont prit le chemin de Highland Avenue, Helios a dit adieu à toute appréhension et vigilance. S’amusant des pitreries de Mike avant de l’encourager pendant au moins une bonne dizaine de minutes à une blonde qui lui plait. Peut-être qu’Hel s’est un peu voire beaucoup amusé du fait que son meilleur ami n’est pas très téméraire quand quelqu’un lui plaît vraiment, mais c’est de bon cœur et en toute amitié. Mais quand il arrive enfin à le convaincre d’aller parler à la jeune femme, Helios se rend compte que les autres se sont faufilés autre part dans la foule. L’appartement n’a pas l’air bien grand et il n’y a pas tant de monde, mais un regard rapide dans la pièce lui suffit pour voir qu’il ne connaît absolument personne ici.

C’est donc en partant à la recherche d’un visage familier qu’il quitte la cuisine donnant vue sur le salon, passant par un couloir. Première porte fermée, deuxième porte ouverte qui donne sur ce qui semble être une grande chambre, mais emménagée en deuxième salon. Il y a des canapés qui longent les murs, des gens partout, même plus que dans le salon et la cuisine. Helios est obligé de se glisser entre deux parfaits inconnus pour voir un de ses amis est ici. Il trouve un visage familier entre d’autres personnes qu’il ne connaît pas. Mais c’est un visage qu’il ne s’attendait pas à voir ici. Qu’il n’est pas prêt à revoir, même si ce n’est pas la première fois depuis ce triste incident qu’il pose les yeux sur ce dernier. Sa gorge se noue en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et sa seule envie, dans l’immédiat, est de partir. Simon n’a pas l’air de l’avoir vu et il peut donc quitter la pièce la tête haute, comme si de rien n’était. Lui seul sait qu’il n’arrêtera pas de se demander dans les prochains jours, *est-ce qu’il serait venu me parler*, ou pire, *est-ce que j’aurais été lui parler*... s’il était resté. Mais il ne compte pas rester, de toute façon, il cherche ses amis, alors il n’y en a aucun dans cette pièce. D’ami. Bien évidemment, alors qu’il se retourne pour partir, il tombe nez à nez avec Lucas, qui en le voyant lui passe un bras autour des épaules, malgré leur différence de taille avant de faire des grands signes vers un des gars qui se trouve juste à côté de Simon.

Autant dire que là, tout de suite, Hel aimerait qu’un trou noir s’ouvre à même le sol pour y disparaître. Et malgré le fait qu’il fait au moins une tête de plus que Lucas, il a l’impression d’essayer de se faire aussi petit que possible pendant que ce dernier le traîne avec lui dans cette direction. Et quand ses yeux retrouvent le petit groupe en question, forcément, il croise le regard de celui qu’il cherchait à éviter. Ça ne dure pas une seconde avant qu’il détourne le regard, parce que maintenant il se sent mal, mais davantage parce que ce n’est pas pour les bonnes raisons. Il est difficile d’oublier ce que Simon a fait, voir impossible car ça l’empêche encore parfois de dormir, mais la fameuse rancune dont il sait faire preuve n’a pas sa place face au Iota et si Astoria connaissait toute l’histoire au lieu d’une partie seulement, elle lui hurlerait de se reprendre. On ne pardonne pas, on n’adresse plus la parole, on en veut à vie à ce crétin. Résolution prise il y a fort longtemps, à tenir, avant que Lucas se prouve être le plus crétin de tous.

« Yo Hel, il y a Simon t’as vu !? »

Helios lui lance un regard noir.

« Ouais j’ai vu. » dit-il d’un ton agacé, parce que sérieusement, il va le tuer, le faire trébucher dans les escaliers et accuser l’alcool qu’il a consommé parce que Lucas à la pire mémoire au monde et la seule fois où il se souvient de quelque chose, c’est de ça, qu’ils se connaissent tous les deux ? Mais s’il avait espéré que son ami se rende compte que quelque chose ne va pas, c’est peine perdue, ce dernier est déjà en train de parler à un des autres gars et malheureusement, dans tout ce beau monde et dans ce petit groupe, Hel se retrouve à côté de Simon. Awkward, comme on dit. Helios sait déjà qu’il va finir par lui adresser la parole, même si pour l’instant il fait semblant de s’intéresser à la conversation de Lucas. Résolu à ne pas lui parler, mais c’est Simon et Helios sait très bien que ce qui lui a noué la gorge à sa simple vue n’est pas dû au fait qu’il lui en veut. L'univers le déteste, vraiment.

Journée pépouse à la librairie. Simon savoure ces instants avec le plus grand plaisir. S’extirper du gang et de cette routine qu’il déteste au plus haut point est toujours une bénédiction pour le jeune Flores. Évoluer dans les allées de livres, papoter avec les clients pour leur donner envie d’acheter, c’était plaisant pour lui. Il préférait largement vendre des mots que de la poudre capable de faire fondre des cerveaux lorsqu’elle est surconsommée. Autant dire que la journée du bras droit des Iotas lui avait fait un bien fou. S’il n’y avait pas sa jumelle dans l’équation, il savait parfaitement qu’il aurait dégagé sa carcasse de là depuis bien longtemps. Mais Sofia était la personne la plus importante dans son monde aussi merdique soit-il. Il était donc prêt à tous les sacrifices pour elle, même celui de renier ses envies et sa vie pour qu’elle puisse vivre heureuse dans ce gang qu’il ne supportait plus. Manipulation et mensonge étant l’art le plus affuté de sa personnalité, il arrivait donc à faire semblant, continuant de vaquer aux taches incombées par son rang dans la communauté. A dire vrai, il faisait le strict minimum et cela lui allait parfaitement bien. A quoi bon se mouiller la chemise alors qu’il était haut placé et qu’il pouvait donc faire travailler les petites frappes à sa place ? Non, sérieusement, il remerciait sa sœur pour son ambition. Grâce à elle, il pouvait finalement avoir un semblant de vie…

Une fois le rideau fermé et la boutique abandonnée des derniers clients, Simon était retourné tranquillement chez lui pour faire un peu de sport pour ensuite manger un morceau et se préparer pour une soirée qui serait des plus festives, il en était persuadé. Lorsqu’il avait eu vent de cette petite fête, il avait directement répondu présent. Une fois propre et habillé, il avait pris un pack de bières pour finalement se rendre à l’endroit où il pourrait s’amuser et une nouvelle fois agir comme s’il était une personne « normale ». La normalité, un concept bien étrange et surtout subjectif. Après tout, qu’est-ce que c’était ? Chacun avec sa propre définition de ce mot. En attendant, le jeune Flores y voyait là la possibilité de ne pas seulement être assimilé comme la petite racaille membre d’un groupe. Mais comme un homme à part entière avec ses qualités comme ses défauts. Aujourd’hui, avait donc tout d’une journée « normale ». Une fois dans cet appartement, il s’était rapidement pris une bouteille pour la décapsuler à l’aide d’un briquet. Il comptait bien chiller tranquille, sans prise de tête. Il allait et venait, discutait avec des potes.

Lorsque la porte d’entrée s’ouvrit, la curiosité toujours aux aguets, il le vit bien rapidement passer l’entrée. Pourquoi fallait-il que cette si belle journée finisse par un moment aussi difficile. Ce mec, il l’avait dans la peau sans avoir eu le cran ni même le courage de le lui dire. Il fallait dire qu’il ne l’avait pas épargné et que le pauvre Hélios en avait pris plein la gueule et de sa grâce. Mais en même temps, Simon n’avait pas eu le choix, il était le jumeau d’une des pestes faisant partie des serpents. Il lui fallait donc taper d’un coup sec pour faire comprendre à cette nana et son gang que les Iotas ne rigolaient pas. A dire vrai, il l’avait fait encore une fois pour sa sœur. Il fallait qu’il lui montre qu’il ne désertait pas le groupe. Il ne s’était bien évidemment pas sali les mains lui-même. Mais le mal était fait bien évidemment. Il aurait dû partir. A présent c’était trop tard, voilà le beau blond à ses côtés. Il sent son cœur battre plus vite. Après tout ce temps, ce garçon lui fait encore un tel effet qu’il en est gêné. Il suit la conversation sans forcément rien dire. Il n’aime pas se sentir si merdique. Il finit donc sa bière rapidement, presque cul sec avant de prendre Helios par le bras.

- Je vous l’emprunte quelques minutes, j’ai à lui parler.

Simon le conduit à l’écart, voulant se retrouver un peu seul et surtout, désireux de lui parler et peut-être de désamorcer toute cette merde. Parce qu’il en était parfaitement conscient. Helios avait très certainement quelque chose contre lui. Le jeune Flores n’était finalement pas du genre à tourner autour du pot, il avait rapidement pris les devants.

– Ecoute ! Je vois bien que y a quelque chose qui va pas ! Tu peux me dire ce qui te rend si distant et étrange en ma présence ! J’te fous les jetons ou bien ?!

Si avec ça la glace n’était pas brisé, il ne s’appellerait plus Flores…

C’est incroyable comment on peut imaginer mille et uns supplices à infliger à quelqu’un en l’espace de quelques minutes. Lucas ne perd vraiment rien pour attendre, Hel sait qu’il ne peut pas vraiment lui en vouloir, il ne lui a jamais expliqué la situation alors forcément, pour Lucas tout va bien. Mais c’est soit imaginer comment faire payer Lucas pour quelque chose qui au final n’est pas sa faute, ou accepter qu’il se retrouve à côté de Simon. Peu de choix qui s’offrent à lui, lui qui s’était juré de rester aussi loin que possible des Iotas. Et ça ne fait aucun doute qu’il brise cette promesse qu’il s’était faite. Il devrait partir. Maintenant. Tout de suite.

Et pourtant il reste là, planté comme un abruti, à faire semblant de s’intéresser à la conversation des gens en espérant voire en priant tous les Dieux qui existent que Simon n’ait aucune envie de lui adresser la parole.

À croire que l’univers le déteste, car cette pensée lui quitte à peine l’esprit que le voilà embarqué par le principal concerné. Et tout de suite, ses sens sont en alertes, le peu d’alcool qu’il a consommé semble se dissiper dans le seconde même. Une partie de lui se concentre bien trop sur le fait que Simon semble vouloir lui parler, honnêtement Helios ne s’est jamais pensé de ceux qui bêtement laissent leur cœur dicter leur raison, mais il est évident qu’il en est. Pourtant, c’est la méfiance qui s’installe au même moment. Il ne peut pas faire confiance à un Iota. Ça lui a déjà suffisamment coûté quand il n’en savait rien, alors maintenant qu’il sait ?

Alors qu’ils se retrouvent un peu à l’écart, que Simon lui adresse la parole pour la première fois depuis si longtemps, le blond croit un instant ne pas en croire ses oreilles. Certes, c’est bien lui qui après les faits était retourné voir Simon, comme un véritable imbécile et pour une raison d’autant plus imbécile. Et c’est bien lui qui du jour au lendemain a prit la sage décision de ne plus jamais s’approcher du beau brun. De Flores, du Iota, plus de beau brun qui tienne et bon sang le fait qu’il le pense encore c’est vraiment tout sauf acceptable.

« Oh, je ne sais pas, peut-être le fait que t’es la cause de toutes mes emmerdes. Non mais sérieusement, tu te moques de moi ? » lui dit-il sur un ton légèrement cinglant, parce que franchement, il s’attendait à quoi, exactement !?

Ils étaient amis, peut-être même un peu plus que ça même si Hel a du mal à se souvenir s’il s’en est réellement rendu compte avant ou après la petite surprise que lui avait préparé le Iota. Et malgré ce qui était arrivé, quand il allait au plus mal le blond s’est encore tourné vers Simon. Il aimerait justifier cette idiotie mais il ne le peut pas.

« T’as pensé que me refiler des cachets ça suffisait pour te faire pardonner ? »

Simon a fait plus que ça, avec le recul, Hel s’en est rendu compte, s’il ne lui avait pas refusé ce qu’il lui avait demandé, lors de leur dernière rencontre, peut-être qu’il aurait sombré dans bien pire que quelques somnifères pour l’aider à dormir. Mais il lui en veut, terriblement. Pas pour les raisons pour lesquelles il devrait lui en vouloir. Il s’en veut encore plus à lui-même d’avoir déjà pardonné Simon, persuadé qu’il le connait ou l’a assez bien connu pour savoir qu’il ne s’était pas uniquement liés d’amitié sous de faux semblants.

La vie pouvait être une véritable petite salope lorsqu’elle décidait de se mêler de votre univers. Pour le cas de Simon, elle lui avait mis des bâtons dans les roues dès le début de son existence. Comme si le fait d’avoir été abandonné sur le perron d’une église n’était pas suffisant, il avait fallu qu’il se construise tout seul avec sa jumelle. Et les voilà tous les deux dans un gang qu’il déteste et dont il ferait très certainement tout pour en sortir s’il n’y avait pas Sofia. Le garçon se sacrifiait et mettait sa vie entre parenthèses pour elle. L’amour d’un jumeau était inconditionnel, peu importe ce qui pouvait lui arriver de bien. Depuis quelques temps, Flores culpabilisait d’avoir été jusqu’à blesser un garçon qu’il appréciait, d’ailleurs, il faisait même plus, il était amoureux de lui. Mais sa sœur avait décidé qu’il fallait faire passer un message à leur gang rival le plus important en attaquant de front son jumeau, Helios Talis. Il aurait dû avoir le courage de lui dire non, de lui faire comprendre que ce n’était pas une bonne idée. Mais il n’en avait rien fait et il avait commandité la mise à mal du beau blond.

Depuis cet acte ignoble, chaque fois qu’il se levait pour travailler ou se rendre au QG des Iotas, il avait une compagne au-dessus de sa tête, sa culpabilité. Simon aurait voulu tout lui dire, s’excuser pour faire en sorte que tout irait mieux pour lui comme pour son amitié avec Helios. Mais il n’en avait tout bonnement pas le courage. Et puis finalement, en le croisant dans cette soirée pourrie, le voyant là, en face de lui et si beau, l’alcool aidant d’ailleurs, il ne put que l’emmener dans un endroit tranquille pour pouvoir lui parler. Il fallait qu’il tente de désamorcer tout ça. Il espérait faire en sorte que tout se passe mieux entre eux deux. Le jeune Flores ne fut pas surpris des mots durs de joli blond, bien au contraire, il l’avait bien mérité. Il ne put s’empêcher de grimacer avant de reprendre la parole. Helios avait le don de rendre minable Simon. Il détestait ça. Il fallait qu’il lui montre qu’il avait les épaules solides. Et puis, il avait un rang à tenir.

- Tu peux me faire passer pour le méchant, pour celui qui est l’acteur de tous tes malheurs, mais grandis un peu, je ne suis pas ton méchant de l’histoire ! Et puis, si tu ne pensais pas qu’à toi, tu saurais que si je pouvais, je ferais en sorte que tout ça s’arrête.

Flores avait les poings serrés. Il n’aimait pas avoir ce rôle et encore moins du point de vue de l’homme qu’il aimait. Putain, cette vie était vraiment minable. Il était à deux doigts de cogner contre un mur pour passer ses nerfs. Les paroles qu’il sortit ensuite ne le fit pas redescendre en pression, bien au contraire. Qu’est-ce qu’il devait lui dire ou même encore faire pour qu’il comprenne qu’il comptait pour lui et surtout qu’il l’appréciait. Cette soirée et cette discussion ne lui permettrait très certainement pas de retrouver l’amitié qu’il avait avec Helios. Mais s’il le fallait, il lui parlerait tous les jours. Il était prêt à tout pour retrouver cette relation si particulière avec lui.

– Tu comprends vraiment rien ma parole ! Si j’ai accepté de te fournir ces cachets, c’est parce que je ne voulais pas que tu finisses avec des produits qui n’auraient fait que te détruire. Parce que même si t’as du mal à le voir ou même à le croire, je tiens à toi…

Les derniers mots, il n’aurait très certainement pas dû les prononcer. Mais c’était trop tard finalement, ils avaient été dit… Il aurait voulu s’en aller, fuir et repartir chez lui.

– Tu sais quoi, laisse tomber, j’ai bien compris que tu me détestais. Alors, je ne vais plus te faire perdre ton temps…

Helios est rancunier, il l’a toujours été. Raison pour laquelle il évite des gens qui peuvent la lui faire à l’envers, il n’aime pas vraiment ça, tenir des comptes et en vouloir à quelqu’un. Ça ne le dérange pas de le faire pour ses proches, là il n’oublie rien et se complaît même à se venger à leur place, mais quand ça le concerne, il préfère mettre ça dans un coin de sa tête, jeter la clé et ne plus jamais y penser. Pourtant, avec Simon, c’est différent. Le Talis lui en veut. Énormément, trop pour mettre des mots sur ce qu’il ressent en repensant à ce jour-là, à tout ceux précédents celui-là. Il s’en veut tellement d’avoir envie de lui pardonner, parce quelle personne ayant un peu de bon sens s’en va pardonner quelqu’un qui les a fait tabasser ? Helios ne sait pas ce que Simon fait chez les Iotas. Il n’en sait rien, il le pense être un d’eux sans se demander s’il a la moindre autorité au sein du gang. Mais il sait que ça ne serait pas arrivé si le beau brun ne l’avait pas piégé. Helios a beau ne rien comprendre, ou vouloir comprendre plutôt, des gangs, ça n’empêche pas qu’il reste prudent. Et si une confiance aveugle ne l’avait pas mené tout droit dans un guet-à-pents, il le vivrait très certainement mieux, ce qui est arrivé.

D’ailleurs, il aurait pu y rester. On ne va pas se leurrer à ce sujet, encore moins lui, quand on se fait passer à tabac il n’y a aucune garantie qu’on ne se prends pas un mauvais coup. Ça arrive facilement quand on subit ce genre de chose, un coup de pied mal placé, hémorragie interne, surtout qu’il n’a pas couru à l’hôpital. Ça aussi, ça lui reste en travers de la gorge. Sa seule intention avait-elle été de le faire tabasser, ou… pire ? Il n’a jamais et n’aura jamais le courage de lui demander. C’est déjà pénible de savoir sans l’ombre d’un doute, du moins parce qu’il pense le connaître suffisamment bien, que Simon ne s’est pas lié d’amitié avec lui dans le seul but de le faire tabasser. Si Jelly connaissait l’histoire, la vraie, elle l’aurait déjà convaincu du contraire il y a bien longtemps. Les paroles de Simon le mettent à cran, parce que comment ça il n’est pas l’acteur de tous ses malheurs ? D’accord, sans le vouloir Helios est d’une certaine façon lié à un gang puisque sa jumelle en fait partie et par conséquent, il y connaît des gens. Mais malgré le danger de tout cela ça ne lui a jamais valu la moindre égratignure. Alors que Simon, au-delà des blessures physiques, lui a valu des mois d’insomnies, de crises d’anxiété et une incapacité à effleurer n’importe qui sans un mouvement de recul. À ses yeux, le brun est bel est bien responsable.

« Je me portais à merveille avant ta petite surprise, donc excuse-moi mais à quel moment mes emmerdes ne sont pas dû à cela, à toi ? Tu voudrais arrêter quoi au juste, la rivalité entre deux gangs ?  Bonne chance. »

Il croise les bras, il a beau être persuadé que Simon ne lui fera rien lui-même, mais qu’est-ce qu’il en sait réellement, hein ? Le voir les poings serrés le mets mal à l’aise, pas parce qu’il pense qu’ils vont en venir aux mains, loin de là, mais parce que Simon a presque l’air plus contrarié que lui. Le comble de l’ironie. Alors Helios lui rétorque que s’il pensait que ne pas lui refiler plus que de simples cachets avait signifié quoique ce soit, ce n’était pas le cas. Le but est de l’agacer davantage, de briser toute illusion qu’ils puissent un jour surpasser cet évènement. Mais à peine ses paroles prononcées qu’Helios vient presque à les regretter. Un merci lui écorcherait les lèvres mais c’est ce qu’il doit à Simon, sans qui Helios aurait fait la connerie de prendre de la drogue. Il n’aurait pas pu se tourner vers un Serpents et après ce qui est arrivé, Helios n’aurait pas osé trouver un dealer dans la rue. Flores était sa seule source et aucune alternative ne lui était alors disponible. Et son cœur, ce traître tas de muscle, rate un battement quand Simon dit tenir à lui. Mais que ça fait mal d’entendre ça de quelqu’un qui n’a pas hésité à lui faire un tel coup. Il tient à lui, seulement, pas assez pour ne pas faire passer la saloperie de rivalité avec les Serpents avant lui ? Comment peut-on tenir à quelqu’un mais leur faire ça ?

Et si... s’il n’avait pas eu le choix ? Les Serpents, Helios en sait ce qu’il faut pour Jelly. Parce qu’il brûlerait leur QG sans hésiter s’il arrivait quelque chose à sa jumelle, tout de moins aussi pour savoir vers qui se tourner s’il n’a plus de nouvelles d’elle. Il ne connaît pas leur fonctionnement, au sein du gang, entre eux. Peut-on avoir un choix ? Peut-on dire qu’on ne veut pas faire quelque chose, réellement ? Les Iotas sont les plus grandes pourritures de la ville, c’est ce qu’on lui a raconté, mais il ne peut superposer cette image à Simon, c’est impossible…

« Je ne te déteste pas. » Encore des paroles avant toute réflexion, ça doit se lire un instant sur son visage qu’il n’avait en aucun cas l’intention de dire ça, mais c’est dit, c’est trop tard. D’ailleurs il tient maintenant l’avant-bras de Simon, pour l’empêcher de s’en aller et ça aussi, il n’a pas réfléchi avant de le faire. Dès qu’il s’en rend compte, il lâche le bras du beau brun. Il n’a pas envie que Simon pense qu’il le déteste. Il mérite de le penser, mais Helios ne veut vraiment pas qu’il le pense. Ha. « Ce serait franchement plus facile si c’était le cas. Pourquoi tu crois que je suis venu te voir et pas un dealer au coin d’une rue ? Tu m’as fais tabasser et comme un crétin j’étais persuadé que tu te sentirais suffisamment mal pour me donner ce que je demandais. » C’est la rancune qui avait parlé, si Simon se sentait coupable, Hel’ allait en profiter. Et il ne va pas s’excuser d’avoir pensé comme ça. « Et j’avais raison. » Jusqu’à présent, Hel évitait de le regarder droit dans les yeux, mais il a besoin de savoir. Il a toujours eu besoin de savoir, n’a jamais trouvé le courage, peut-être jusqu’à aujourd’hui. « J’avais raison, pas vrai ? Tu m’as refilé les cachets parce que tu te sentais coupable… ? »

Si Simon lui dit maintenant que c’était pour le foutre en l’air davantage et foutre un coup à Jelly, Helios ne sait pas comment il va réagir. Il ne l’imagine pas, mais, au final, connaissait-il vraiment Simon ou depuis le début tout n’était que mensonge ?