LEJAEL ⊹ ... et puis la vague est passée

Ta barbe à papa dans une main, tu ris allègrement, la blague de Waël, enfin son trait d'humour, t'ayant secouée de rire. Tes deux jambes au dessus des siennes, vous êtes proches. En fait, c'est là le résumé de ces derniers mois depuis son retour. Vous avez retrouvé vos vieilles habitudes l'un et l'autre et êtes devenus complices comme vous l'aviez toujours été, voire plus. Enfin... plus... tout est relatif, car vous n'en parlez pas vraiment, vous contentant d'être ultra tactiles l'un avec l'autre, sans qu'il y ait quoi que ce soit d'officiel. Toute façon, à quoi ça sert ? Après Charlie et Eliott, tu n'as aucune envie d'ajouter un de tes amis d'enfance, un membre de votre bande de toujours, à la liste des gars avec qui rien n'aura fonctionné. Bon, pour Charlie, t'en avais pas particulièrement envie, une soirée alcoolisée a suffit à te mettre dans l'embarras, mais quand même. Le départ d'Eliott avant le retour de Waël t'a aussi beaucoup entachée. Toi qui aurait espéré pouvoir mettre les choses à plat. M'enfin.

Ton téléphone vibre et, alors que tu n'en as aucune raison, tu regardes la notification. Ton sourire s'échappe automatiquement. D'y avoir pensé, il pope dans l'information qui ne te convient pas. Eliott est de retour en ville. Tu aurais mieux fait de ne pas regarder ce message d'une de tes anciennes camarades de classe qui l'aurait vu à la supérette où elle travaille. Tu déglutis avec difficulté et, deviens subitement un peu distante avec Waël, sans même t'en rendre compte, assombrie malgré ta tentative de sourire après ça.

- Pardon. Tu disais ... ?

@Waël Satrapi

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C’est étrange comme certaines personnes peuvent vous donner la sensation de n’être jamais parti, peu importe le nombre de mois et la distance. C’est exactement ce qui se passe avec Leja. Dans le fond, ça te rassure. Toi qui pensais devoir reprendre ta vie à zéro, tu te sens mieux avec cette base, rassuré de constater que seules les années passaient leur chemin. Quasiment pas un jour sans la brunette, vous vous étiez retrouvés là, vautrés sur ce banc après une journée riche en émotions. Calé, ta tête contre elle, ta main sur ses jambes qu’elle a posé sur les tiennes, t’aurais presque pu t’endormir, si t’étais pas occupé à raconter des conneries : la fatigue ? Meilleure partenaire de dingueries depuis ta naissance. Ça te rappelle une anecdote de ta vie toulousaine. La fac du Mirail, les hot dogs sur la Dalle aka le QG pour manger sur le pouce entre deux cours… Et cette dinguerie qu’un de tes profs t’avait balancée, en plein milieu d’un cours « et donc là, j’rentre, et il me dit... » que tu lances plein d’entrain avant de t’apercevoir qu’il y a déjà un petit moment que Leja a décroché. Tu grimaces. « allo la terre ? Ici la lune ? » pas de réponse. Tu hasardes une fin de phrase complètement idiote pour la faire réagir « qu’il mangeait ses crottes de nez, c’est plein d’oligo-éléments » sans grande surprise, tu obtiens un « pardon ? Tu disais ? » qui te fait lever les yeux au ciel. Surpris, tu la vois se redresser et prendre ses distances. Tu te racles la gorge et demandes, inquiet « oulah… tout va bien ? Tu sais, c’était une blague, mon prof d’éco ne mangeait pas vraiment ses crottes de nez, hein ? »

Avec la distance, même légère, que tu as prise, tu regrettes aussitôt. Parce que tu as conscience qu'on ne parle "que" d'Eliott, et que techniquement il n'y a rien à dire. Si tu n'es pas certaine de là où se posent tes sentiments vis à vis de tout ça, tu es certaine que tu n'es pas prête à calmer les choses quant à cette sensation d'avoir été abandonnée, une seconde fois, alors même que tu espérais pouvoir avoir une vraie conversation avec le blond. Et Waël ne rentre pas dans la problématique de ces sentiments mitigés. Avec lui, tout est simple, toujours, et tu ressens comme un besoin d'oxygène ce besoin de proximité avec lui. Alors pourquoi t'être éloignée de la sorte, vraiment ?

Tu entends vaguement les paroles de Waël, incapable de les écouter, ton cerveau ne les comprenant pas. Les questions dans ta tête se bousculent. À commencer par savoir pourquoi Eliott est revenu et, surtout, pourquoi personne à Fall River - ou même à Boston puisque votre conversation de groupe est restée silencieuse depuis bien longtemps - n'est au courant.

T'as même pas conscience du timing de ta question. Sans comprendre, tu penches la tête sur le côté, un sourcil levé. Dans ta tête, seule la froideur sur le côté de ta cuisse, là où se trouvait sa main quelques instants auparavant, avant que tu n'ôtes la jambe concernée de sur la sienne, qui s'impose, manquant cruellement de la chaleur de ses doigts.

- De quoi ? Ses crottes de n... Et puis tu ris légèrement. T'es con. Pardon, je suis là, je suis désolée. J'aurais pas dû regarder mon téléphone, désolée.

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Tu ne comprends pas pourquoi Leja s’est éloignée. En fait, ça te fait la sensation d’une brûlure, un pincement au coeur, d’un froid. Tu sais que c’est totalement absurde. Après tout, elle n’est qu’à quelques centimètres de toi. Mais ce sont, à ton goût, des centimètres de trop. Tu essaies de capter son attention, mais face à son téléphone, tu ne fais pas le poids même en balançant des conneries plus grosses que toi. Tu te poses des questions. Un truc grave ? Un amoureux dont elle ne t’aurait pas parlé ? Un ex qui revient ? Aucune de ces options ne te rassurent. Tu grimaces, pâlis et arques un sourcil en voyant sa réaction : ça en a mis, du temps, pour qu’elle comprenne que tu essayais de la ramener au moment présent « c’est rien. Tout va bien ? T’as l’air… préoccupée ? Y’a quelque chose de grave ? » tu ne comprends pas ce qu’il se passe, mais dans son regard, rien n’est fait pour te rassurer. Elle a l’air inquiète et, quoiqu’elle pourrait en dire, tu vois bien qu’elle est ailleurs. Tu meurs d’envie de savoir, tu voudrais qu’elle te parle, mais t’es personne pour l’y obliger. T’es juste un ami. Sans que tu t’y attendes vraiment, tu ressens un mélange de sentiments que tu n’as presque jamais ressentis. La jalousie, c’est pas ton délire, alors à quoi tu joues ??!

L’idée qu’Eliot puisse être de retour à Fall River sans avoir pris la peine de vous informer, ça te fait mal. Des années durant, t’as eu une sorte de crush sur lui, que t’as complètement foutu en l’air en cédant aux avances de Charlie. Si tu regrettes ? À quoi bon, on ne refait pas le passé. Et le fait qu’il soit parti un première fois à Fall River sans vous tenir au courant a déjà bien abîmé ta relation avec Eliott. Alors à quoi bon ressasser ? Mais tu as la sensation que vous n’êtes plus amis, malgré tout ce que vous vous êtes dit la dernière fois, et ça ça te brise. Parce que tu n’as qu’une peur, être la raison de la fin de cette amitié, toi qui n’as pu grandir convenablement dans un monde confiné que grâce à tes amis de toujours. Résultat, Tim se fait discret, comme toujours, Charlie t’a bloquée ou du moins répond à tous les messages du groupe sauf aux tiens, Eliott fait silence radio et Waël… même si t’es heureuse de l’avoir à tes côtés, Waël, c’est différent. Ça l’a toujours été, pas vrai ?

Un vertige te prends. Tu t’efforces de sourire et de revenir pleinement sur terre, surprise de ton choix machinal : mentir.

- Non, non, rien du tout. T’en fais pas, tout va bien. Pourtant, la colère menace de te secouer. Tu te rapproches de lui, espérant bêtement arriver à sortir vos deux esprits de cet état chelou dans lequel tu viens de vous plonger. Mais tes efforts n’y font rien. Alors tu soupires. Eliott est en ville, lâches-tu abruptement.

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» (INTRIGUE) La vague de froid provoque un terrible incident