Enzo laissé à la garderie, la nounou étant absente pour ce jour, mes parents indisponibles, je me mets en quête pour la dernière mission qui m'a été confiée au travail. j'aime beaucoup ce que nous faisons dans cette boîte et j'apprécie tout autant les responsabilités qui sont les miennes. j'ai la sensation d'avancer même quand je ne fais rien et pour avoir fais d'autres emplois moins gratifiants, je sais que c'est une chose rare dans le milieu du travail. l'événementiel n'était peut-être pas mon premier choix, mais depuis que j'ai Enzo, j'y apprécie ces responsabilités qu'autrefois je fuyais.

après le supermarché, la carte bleue de l'entreprise déjà échaudée, je partais en quête du gâteau. les after work ne sont pas les éléments que je préfère organiser, mais je sais que je n'ai pas le choix. je leur en mettrai plein la vue de toute façon, c'est ma façon de faire. quitte à en faire beaucoup trop. le traiteur. je regarde ma checklist et soupire. j'aurais bien eu besoin d'un assistant, mais je ne peux pas demander à Lucas de toujours être là pour se faire martyriser par mon caractère de bourreau. loin de moi l'envie de compatir, mais comme je dois "être gentille", j'essaie. ce n'est pas toujours, ni pas souvent, fructueux.

finalement, en moins de temps qu'attendu je me retrouve dans l'entrée du bâtiment où je dois opérer. la secrétaire à l'accueil m'indique l'étage et à qui m'adresser. je lui souris et, les bras chargés, passe devant l'ascenseur, que je ne suis pas la seule à attendre. je souris par politesse, sans un mot, en m'impatientant un peu. quand la sonnerie fait savoir qu'il est là et que les portes s'ouvrent, je m'engouffre sans demander mon dû à l'autre personne. pour faire mine, je m'excuse vite fait. « ce sera plus simple pour vous de vous extraire si vous n'avez pas tout ça dans vos pattes. » ma version sympathique m'écœure un peu mais avec un sourire je pense à Nova, qui serait bien fière de moi si elle m'avait entendu.

la politesse du type dans l’ascenseur me fait presque soupirer d’exaspération, mais je me retiens de justesse, ou du moins suffisamment pour que cela puisse paraître pour un soupir d’effort à cause de tout ce que j’ai dans les bras. ç'aurait été égoïste d’arriver à le virer, mais j’aurais préféré pouvoir entreposer, le temps d’une montée, tout ça tranquillement sans avoir à faire la causette par politesse ou par correction. « vous êtes trop aimable. » mon ton laisse supposer que ça ne me fait ni chaud ni froid, et c’est le cas. il est loin d’avoir compris ce que je voulais lui dire et c’est bien dommage. l'idée, monsieur, c’était que vous alliez voir ailleurs que dans cet ascenseur.

mais je sais aussi que Nova serait là, elle me donnerait des coups de côte qui me feraient sans doute perdre l’équilibre avec tout ça et j’essaie de lui montrer que je peux parfois être sympa. pas tout le temps, beurk, rien que d’y penser, j’en ai mal au cœur. « je vais au neuvième, merci. » c’est stupide, mais j’espère sincèrement que la conversation s’arrêtera là. même pour huit étages en commun, à en juger par le bouton allumé en plus du numéro neuf.