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 liminal. [Robin]
Rain Smith
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Sujet: liminal. [Robin]   liminal. [Robin] EmptyMar 2 Juil 2024 - 21:54


liminal.

L’air de la nuit est frais.
Dans le ciel, on n’aperçoit pas les étoiles tant la lumière artificielle des lampadaires est intense. Quelle heure est-il ? Il ne peut pas être beaucoup moins de trois ou quatre heures du matin. Les rues sont vides. Il y a comme un parfum de solitude dans l’air. Ma chemise blanche est tâchée d’un sang qui n’est pas le mien. Ce sera irrécupérable une fois séché, mais je dois avouer que je m’en soucie peu. Les choses matérielles ne m’intéressent qu'à minima, mon travail, en revanche, beaucoup plus.
De mes mains abîmées par les coups, je cherche mon paquet de cigarettes dans mes poches de pantalon. Lorsque je le trouve, je glisse une clope entre mes lèvres que j’allume d’un rapide geste de zippo. Les habitudes ont la vie dure.

Je tire une taffe dont j’exhale la fumée vers le ciel noir.

J’avance sans but si ce n’est celui d’errer et de changer les idées qui noient mon esprit. J’aurais pu appeler Mikha, ou Harper, mais j’ai laissé mon téléphone chez moi et il est tard. De toute façon, je n’ai pas vraiment envie de parler. Je me sens dans cet état un peu second qui nous anime aux premières heures du matin, de cet instant entre deux temps, là où seuls les chats errants sont de la partie.
Le silence n’est brisé que par quelques paroles et il me faut quelques minutes pour en comprendre le contenu. Quelqu’un se fait menacer.

Avec un soupir, je marche jusqu’au petit groupe qui s’est formé au coin de la rue. J’aperçois trois hommes, deux gringalets et une armoire à glace, qui entoure une quatrième et dernière personne qui ne demanderait visiblement pas mieux que d’être ailleurs. Les trois premiers sont de toute évidence en train de le.a braquer. Je ne savais même pas que ce genre de choses se faisait encore, il ne faut pas être bien malin pour s’attaquer à des inconnus dans une ville où les gangs font légions.

Je porte ma cigarette à mes lèvres en les observant. Ils n’ont pas encore remarqué ma présence, trop pris qu’ils sont dans leur débâcle.
Je pourrais tout simplement partir sans me retourner. Ne pas m’en mêler, après tout j’ai mieux à faire et ça ne me concerne pas. Je n’ai que faire des petites frappes qui se croient trop malines pour devoir respecter nos codes de conduite.
C’est à ce moment-là pourtant, que la victime tourne la tête vers moi et nos regards se croisent. Je ne vois d’abord que peur et détresse dans ses yeux, puis, en comprenant ce qu’iel voit, une lueur d’espoir. L’espoir que j’intervienne. Iel n’a pas dû bien me regarder car alors ma présence serait sans doute plus menaçante que celles des fureteurs. J’ai déjà tabassé plusieurs personnes cette nuit.

J’exhale un nuage de fumée, nonchalamment, avant d’approcher.

« Est-ce que vous auriez l’heure ? »

Pas question de croire que je viens expressément pour aider, j’ai tout de même une réputation à tenir. Si je les pousse un peu, je suis sûr que mes trois bâtards vont retourner leur agressivité contre moi. Et ça ne manque pas :

« Dégage ! Tu vois pas qu’on est occupés ?!
- Ce n’est pas à toi que je parle, malparido. »

L’abruti en question se retourne vers moi, l’air peu affable :

« Keskiladit ??? »

Pourtant son visage blanchit lorsqu’il me voit. Au moins il n’est pas totalement idiot. Il donne un coup de coude à son voisin qui se tourne à son tour pour me regarder. L’armoire à glace serre les poings :

« T’as pas entendu ??? Dégage, mec ! »

Sans lui accorder une seule seconde de mon attention, je pose les yeux sur leur victime :

« Besoin d’aide ? »



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Robin Vasquez
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Sujet: Re: liminal. [Robin]   liminal. [Robin] EmptyDim 14 Juil 2024 - 23:19

Rain x Robin
Liminal.
⋆ ☽ ⋆ ◯ ⋆ ☾ ⋆

Je ne sais pas pourquoi j'ai pris cette rue pour rentrer... J'aurais tout à fait pu suivre ma route habituelle quand je sortais de chez Tyler, ou accepter qu'il me raccompagne, mais il était tard et j'avais déjà pris assez de son temps. Il bossait le lendemain matin et nous n'avions pas vu le temps passer, accaparé par la préparation de notre prochaine exploration. Tyler avait repéré une vieille maison à deux heures de route de la ville, réputée pour avoir été la demeure d'une sorcière et qui de mieux placé que moi pour aller vérifier tout ça ? J'avais hâte que tout soit prêt pour y aller et peut-être découvrir les vestiges du passé.
Sur les photos, la maison ressemblait un peu à celle de ma grand-mère au bord du lac non loi de Fall River. Je n'y ai pas remis les pieds depuis son décès, mais je pense que ce serait l'occasion de replonger un peu dans mon passé et faire le tri dans les affaires. Si je veux vendre le chalet, j'ai besoin de savoir ce qu'il contient, bien que ça me brise le cœur... Mais l'argent ne pousse pas sur les arbres et je n'utilise pas mes pouvoirs pour attirer la fortune sur ma personne, c'est contraire à l'éthique.

Quoi qu'il en soit, il est presque trois heures du matin et j'arpente les rues silencieuses de la ville, jusqu'à ce que je tombe sur une bande de types peu fréquentables. Pourquoi je n'ai pas suivi ma route, p'tain ! Je l'ai senti tout de suite, ils dégageaient quelque-chose de malsain, je le ressentais à mesure qu'ils s'approchaient de moi. Ne pas paniquer, ne pas leur montrer la peur... Mouais, ça marche à peine avec un chien, alors avec des voyous... « Hey ma jolie. Belle crinière, tu dois être fougueuse... » me dit l'un des maigrichons et je sens la bile me monter à la gorge. Je ne réponds pas, il ne vaut mieux pas et je pris toutes mes déités pour m'aider à m'en sortir indemne. Je n'ai jamais eu aucun ennui ici, ça ne va pas commencer maintenant... bon, je n'étais jamais rentré aussi tard faut dire...

Le plus grand des trois me retiens pas mon sac à main en bandoulière et je me fige quand je sens son parfum. C'est le même que mon père on dirait. Je ne pourrais jamais l'oublier, ce truc bon marché qui sent le musc, mêlé à l'odeur de l'alcool consommé à outrance. Ça me paralyse instantanément et je les entends à peine me réclamer mon argent. « Oh ! T'es sourde la lionne ? File nous s'que t'as ou j'te défonce. » Je relève les yeux vers celui plus proche de moi, un gamin semble-t-il. « J'pense pas que du romarin et du quartz fasse monter votre cagnotte bien haut ! » sais-je répliqué, ce qui ne plut pas au plus grand qui s'approcha de moi, me forçant à reculer contre le mur. Ok, Robin, faut que tu fermes ta bouche...

Ils pensent que je me moque d'eux, mais ce n'est pas le cas et ils en ont bien vite la preuve quand le plus jeune m'arrache mon sac, pour en sortir le contenu. Des papiers, le vieux tarot de ma grand-mère, des herbes et des pierres. Le gros baraqué rit mais jaune, je le vois s'agacer et je me dis que je vais m'en prendre une dès qu'il me chope par le poignet, me hurlant presque dessus. Pitié, sortez-moi de là...

Je cherche des yeux quelqu'un, n'importe qui de vivant qui puisse m'aider. Et soudain, je le vois. lu. Un inconnu dans la pénombre. Mes lèvres tremblent et articule un « help » silencieux, plaintif pendant que mes agresseurs vident le contenu de mon sac en m'insultant de tous les noms. L'homme plus loin ne bouge pas et j'ai peur qu'il parte. « S'il vous plaît... » couinais-je à son attention, mes assaillants pensant que je les supplie eux. Tout à coup, l'inconnu sort de l'ombre, crache la fumée de sa cigarette et... demande l'heure. Tout le monde se tourne vers le nouvel arrivant et une joute verbale s'entame. Malparido... Je connais ce mot contrairement au plus jeune et j'en profite pour attirer l'attention de celui qui pourrait être mon sauveur. Je n'avais même pas remarqué qu'il était couvert de sang jusqu'à ce qu'il plante son regard dans le mien et me demande si j'ai besoin d'aide. J'acquiesce. «  Oui ! Ayúdame! Por favor! » suppliais-je dans cette langue qui fut ma langue maternelle, que mon père employait toujours pour nous l'apprendre, pour nous insulter aussi...

L'armoire à glace se détourne complètement de moi, l'inconnu à dérangé ses affaires. Les trois agresseurs se focalisent sur lui et je me plaque contre le mur, comme pour fusionner avec ce dernier et remercie le ciel d'avoir envoyé un ange de la mort. Je ne sais pas très bien ce qui se passe ensuite. Je me suis laissé glisser le long du mur et ma main a rencontré le tarot de Granny que j'ai saisi comme la chose la plus précieuse qu'il était. Je le serre contre mon cœur, retenant mes larmes. La vue brouillée, je vois que les hommes en viennent aux mains, l'ange grognant en Espagnol. Je me recroqueville et ne fait plus que les écouter, jusqu'à ce que tout soit à nouveau calme et silencieux, la respiration d'un homme près de moi. Je crois que c'est l'ange de la mort et alors qu'il pose sa main sur mon bras, je relève brusquement la tête en lâchant un petit couinement de surprise.
Je suis aussi sonné que si je m'étais battue avec eux, mon empathie trop exacerbée captant les énergies autour de moi. L'inconnu me demande si ça va. « Oui... je crois... V... Vous saignez !? » m'horrifiais-je, ne sachant pas si ses vêtements étaient déjà ainsi ou s'il venait de rajouter le sang des voyous en fuite.

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Sujet: Re: liminal. [Robin]   liminal. [Robin] EmptyLun 15 Juil 2024 - 19:14
liminal.

On ne peut pas dire de moi que je sois très nationaliste. Je n’ai pas un amour sans fin et sans critères pour mon pays, pourtant Fall River est ma ville. Celle qui m’a accueilli quand le reste du monde me rejetait comme le chien que je suis. Celle qui m’a donné des repères et des amis sur lesquels compter. Moi qui m’étais toujours trouvé seul, j’ai appris à apprécier les petites joies qu’une existence comme la mienne peut apporter. Je ne suis pas matérialiste, tout ce qui compte à mes yeux sont les membres des Serpents. Et notre gang a une réputation à tenir.
Cette ville est la nôtre.
Ceux qui se permettent de foutre le bordel dans celle-ci ne peuvent qu’apprendre de leurs erreurs. Et c’est bien là toute mon utilité.

J’observe mes trois bâtards.
Les deux petits sont méfiants mais l’armoire à glace me fixe d’un air qui ferait froid dans le dos si j’en avais quoi que ce soit à faire. J’te dérange ? Un semblant de sourire se dessine sur mes lèvres, ce qui n’a que le don de l’emmerder encore plus. Il bouillonne, son cerveau lisse chauffe et s’il le pouvait, probablement qu’il cracherait de la fumée par les naseaux. Je ne les connais que trop bien, les types dans son genre. Ceux qui n’ont plus rien à perdre. Qui n’ont probablement jamais rien eu.
Si j’étais capable de pitié, peut-être que j’en aurais pour eux. En l’occurrence, je ne ressens qu’une froide indifférence mêlée à un brin d’agacement qu’ils se permettent ce genre de choses dans mes rues.
La fille me regarde.
Je vois bien qu’elle est terrifiée. Je vois bien aussi que nos loustics n’ont pas obtenu d’elle ce qu’ils voulaient. À savoir de l’argent, de l’alcool ou même un peu de weed. Sur ses lèvres, je lis s’il vous plaît et un brin d’empathie se réveille en moi. Bien que nos situations soient différentes, moi aussi j’ai attendu qu’on me vienne en aide. Les choses auraient-elles étaient différentes si quelqu’un avait regardé de mon côté ?

J’approche.

La langue maternelle sur sa langue en des accents ronds et chaleureux. Qu’elle s’en rende compte ou non, elle vient de sauver sa peau.
Je ne suis pas nationaliste.
Mais tout ce qui me rapproche de ma mère est un sujet sensible et en cet instant, c’est elle que je vois entre les mains de ces petites ordures. Je revois les mains de mon père sur elle et le désespoir dans son regard, si similaire à celui de cette pauvre femme. Une soudaine bouffée de rage dans le fond de l’estomac me rend malade mais je le cache bien derrière un masque froid. Ayúdame ! et c’est mon corps qui crie en retour. Combien de fois l’ai-je entendue, elle la pauvre émigrée qui ne devait son passeport qu’à son connard de mari. Combien de fois l’ai-je vu pleurer aux bras des passants, qui s’éloignait d’elle comme de la peste ? Et lui, toujours derrière, la menace sans nom, les poings égratignés.
J’attaque.
Il n’en faut pas plus.

Mon poing s’écrase sur la joue molle de l’armoire à glace qui vacille sous le coup. Les deux autres hésitent, juste un instant, avant de se jeter sur moi. J’esquive et donne, j’arrête de penser. Je ne la vois plus quand je donne des coups. Je ne sens que les os qui crissent sous mes doigts, je sens le sang qui éclabousse mon visage. L’odeur me donne la gerbe mais je me retiens. Je donne autant que je reçois. La douleur m’est familière, dans ce jeu elle me rappelle tout ce que je ne serais jamais.
Lorsqu’ils finissent par fuir, j’ai la lèvre pétée et un début d’œil au beurre noir. Rien de dramatique, pourtant je me sens fatigué. Ça m’apprendra à traîner dans les rues passées certaines heures. Je rejoins la fille, pose ma main abîmée sur son bras blanc.
Jusqu’ici j’ai pas trouvé beaucoup de raison d’exister.

« Je vais bien. »

J’essuie le sang sur ma lèvre du revers de mon poing, en espérant ne pas lui faire trop peur, puis je lui tends la main pour l’aider à se relever. Je regarde le bordel autour de nous, ses cailloux tâchés de sang et les herbes éparpillées, les tâches rouges sur le bitume. Je me tourne vers elle :

« Pas de blessure ? »

Pourtant je vois déjà que sur son poignet se dessine un violet de bleu comme pour me rappeler tous les points sur lesquels j’ai échoué. Je soupire et passe une main dans mes cheveux pour les empêcher de me tomber devant les yeux. Puis j’entreprends de ramasser les pierres. Elles sont certes jolies mais pour moi tout ça n’a qu’un intérêt très limité. Je n’y connais rien et n’ai pas l’intention de m’y intéresser de trop près. C’est trop éloigné de ce que je suis, mais je les tends toutefois à la femme quand j’articule :

« Désolé pour tout ça. On ne laisse pas n’importe qui dans nos rues, mais des fois ces connards se glissent entre les mailles du filet. »



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Sujet: Re: liminal. [Robin]   liminal. [Robin] EmptyMer 17 Juil 2024 - 22:41

Rain x Robin
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Trois contre une, c'est vraiment minable, bien que je sois trop effrayée pour leur dire. Je ne pourrais jamais assez remercier Hécate d'avoir envoyé un de ses anges pour me venir en aide. Je n'avais pas mon cristal de protection ce soir, alors que je ne sortais jamais sans. Mais ce soir, j'avais été prise de cours lorsque Tyler était venu me chercher à la maison et je pensais que tout irait bien, parce que ça allait toujours en général ! Mais ce soir... Belle connerie que de penser ça à une heure aussi tardive !
L'homme couvert de sang s'est approché de mes agresseurs et leur tient tête. Il n'a pas peur alors qu'il est seul, mais ça me terrorise encore plus je crois. Son regard que j'aperçois brièvement avant que les trois autres se jettent sur lui, c'est presque flippant ! Comme s'il n'attendait que ça, qu'il avait envie d'en découdre... Je me laisse glisser à terre comme pour disparaître de leurs esprits.

Je ne vois pas ce qui se passe, j'entends juste les grognements de ces hommes, la langue de mon ange de la mort. Je ne sais pas qui gagne, mais je pris tous mes Dieux pour que ce soit lui, parce que j'ai bien trop peur de ce qui pourrait m'arriver dans le cas contraire... Des cris de douleur, des cris de rage, mes sanglots étouffés par mes bras qui tentent de me protéger. Pourquoi je n'ai pas laissé Hiroki me ramener chez moi !? Pourquoi je n'avais pas pris la voiture ? Pourquoi cette foutue ruelle pourrie !? Qu'est-ce que tut cela voulait dire ? Le destin m'avait emmené jusqu'ici ce soir, pour une raison inconnue qu'il me faudrait démêler une fois en sécurité.

Quand le serais-je ? Quand je sens une main sur moi, je panique, craignant qu'ils aient eu raison de mon sauveur. Relevant les yeux, je tombe nez à nez avec l'ange de la mort. Il a gagné. Les autres sont partis. Tout est calme et ma respiration commence à s'apaiser, comme celle de l'homme qui a donné tout ce qu'il pouvait. Ça ne devait pas être la première bagarre de la nuit pour lui vu les taches de sang déjà présentes sur ses vêtements. Il en avait rajouté, mais il disait aller bien. Je l'espérais, je ne voudrais pas avoir ça sur la conscience !
J'observe son visage tandis qu'il essuie le liquide de sa lèvre fendue et je grimace de le voir souffrir. Je hoche la tête en lui répondant, je crois que ça va, je n'en suis pas totalement certaine, mais je n'ai pas de casse j'ai juste eu très peur et mon poignet me fait mal. Je n'ose pas regarder mais je le sens. Un petit cataplasme d'herbes et d'argile et tout ira mieux très vite. Je pouvais peut-être faire quelque-chose pour lui également.

De nouveau sur mes pieds, je regarde autour de moi le bazar qu'ont mis les trois hommes. L'ange de la mort se penche pour m'aider. Je cherche mon tarot qui a glissé à quelques pas de là et le serre contre mon cœur. « Tu es là, ouf... » soupirais-je de soulagement. Je le range rapidement dans mon sac et le tend à mon sauveur pour qu'il mettent les cristaux dedans. Il y a sûrement eu de la casse, mais je pourrais rattraper le truc, je ferai le maximum. L'inconnu s'excuse, comme si c'était sa faute si ces voyous traînaient dans le coin. « Oh non, c'est... » balbutiais-je sans trop savoir ce que je voulais dire. « C'est ma faute ? » Non, je savais que ce n'était pas ma faute si j'avais été agressée, personne n'était jamais fautif.
Alors l'homme continua sa tirade et je me figeais légèrement lorsqu'il parla de « nos rues », de ne pas laisser n'importe qui commettre des crimes. J'avais un rôle de feeling... S'il n'avait pas été couvert de sang, on aurait pu penser qu'il était flic, un truc du genre, mais... Maintenant que j'avais repris mes esprits et que je le voyais se comporter, l'entendais parler, c'était clair.

« Je... Tu... Tu es dans un... ? » Je n'arrivais même pas à prononcer le mot, c'était surréaliste de penser qu'il puisse faire partie d'un gang et pourtant, j'avais cette sensation au fond de moi. Il parlait comme les gens qui en voulaient à mon père, qui l'avait engagé pour faire leur sale boulot, qui m'avait forcé à bosser pour eux également, par son intermédiaire. Oh mon père était déjà violent avant tout ça, mais ça n'avait fait que renforcer ce trait de personnalité chez lui. Le gang de Sacramento n'était pas vraiment réputé pour être cool et protéger les innocents dans leurs rues », ils détruisaient tout sur leur passage sans distinction, j'en avais fait les frais également. En était-il ? Je savais que plusieurs gangs sévissaient en ville mais je ne connaissais pas vraiment leurs noms, encore moins des membres ! Il fallait que je lui demande pour qui il bossait... « Lequel ? » dis-je simplement, en complément de ma phrase précédente.

Et si l'ange de la mort était là pour moi ? Il parlait Espagnol après tout, cela pouvait bien être une branche du gang Californien, j'ignorais comment tout ça se goupillait, mais je devais la vie à cet homme et j'espérais ne pas finir sur son tableau de chasse. Suivant sa réponse, j'avais deux choix : m'enfuir en priant pour qu'il ne me rattrape pas, ou expiré de soulagement s'il ne prononçait pas le nom des Nosteños. Son aura était rouge sang, comme ses vêtements, il émanait de lui de la colère, de la cruauté presque, mais il m'était venu en aide, alors il ne pouvait pas être que mauvais. J'avais envie de croire en lui, parce qu'un ange de la mort est vengeur, mais sait être juste malgré son impartialité. Il veillait sur ses brebis jusqu'à ce que l'heure soit venue.

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