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i didn't mean it

Tout autour d'elle semble bouger plus vite que d'ordinaires. Sa tête lui fait mal, son estomac fait des bonds qui lui donnent la nausée, mais c'est comme si elles n'était plus réellement dans son corps. Elle en a demandé trop, trop de différents, des qu'elle n'a encore jamais pris. Peu importe qu'une grosse partie de son salaire y passe, elle a les moyens, de se ruiner la santé et de partir en vrille. C'est bien la seule chose qu'elle a réussit, trouver une boite qui la paie bien. Sa tête tourne, si vite que le manège ne semble pas s'arrêter, digne des pires attractions de fête foraine. Sauf qu'elle n'est pas dans une fête forraine, elle est dans la rue, en train de marcher.

Ceux qu'elle croisent la regarde bizarrement, un peu méchamment, la toisent, ou lui lancent un regard plein de dégoût. Mais personne pour l'aider. Beatriz ne veut pas de leur aide, de toute façon. Ce monde hypocrite, c'est ce qui lui fait du mal et la pousse à consommer...

Au fur et à mesure qu'elle avance, tout prend vie, tout prend de la couleur. Certains passants changent de visage pour des créatures toute plus folles à chaque fois. Elle tente de secouer sa tête pour chasser les images qui pourtant lui plaisent. Ses pieds accélèrent le mouvement pour la faire courir sans la moindre raison. Et elle entre dans le premier bar qu'elle trouve, essoufflée, en sueur, et pas forcément dans un meilleur état.

On ne la calcule pas, et tant mieux. Elle part s'asseoir dans un coin du barre, rapprochant ses genoux vers elle et enfouissant sa tête entre eux. Quand elle sent qu'on l'approche, elle reste sa tête cachée pour marmonner avec toute sa mauvaise grâce : « Non, laissez-moi tranquille. »

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i didn't mean it

Elle est à peine consciente de ce qu'il se joue autour d'elle. Cet endroit est à peu près chaud, bondé de monde et en même temps, elle se sait à l'abris, loin de tous ceux qui pourraient tenter de lui vouloir quoi que ce soit. Parce que tout tourne autour d'elle, parce qu'elle se sent mal, elle sait que ce n'est pas normal. D'ordinaire, quand elle plane, Beatriz vit la vie en rose et pas autrement. Là, si tout est coloré, ça lui donne la nausée. Elle n'est même plus vraiment consciente du bruit autour d'elle, juste de son besoin d'être au calme, loin des autres.

Alors, quand elle sent une présence à côté d'elle, elle ne fait aucun effort et envoie bouler la personne qui lui adresse la parole. Un homme. Elle ne réalise même pas sa façon inhabituelle de parler, elle se contente de soupirer et de marmonner sans bouger, des paroles inintelligibles pour n'importe qui... même elles-même. Mais ça ne le fait pas fuir, et elle ne comprend pas. Elle n'a pas la force de relever sa tête pour le toiser, ni de réitérer ses paroles pour qu'il aille voir ailleurs. De toute façon, dans tout ce bruit qu'elle ne réalise presque pas, il ne l'a peut-être pas entendue.

Mais la suite des paroles de la voix masculine intriguent Beatriz qui finit, à grand peines, par relever la tête. L'incompréhension se lit dans ses yeux alors que ses pupilles dilatées prennent trop de lumières, incapables de se rétrécir normalement. Loin d'être sobre, ce n'est pas particulièrement étonnant non plus. Elle le regarde un instant, sans la moindre expression, devenue statue jusqu'au fonctionnement de son cerveau pendant de longues seconde. Et puis finalement elle se débloque et tout se remet en marche. Elle n'en rebaisse pas sa tête pour autant. Ses yeux se mettent à chercher autour de son visage, mais elle ne voit pas ce qui pourrait expliquer de telles paroles. Et dans tous les cas, elle n'est pas suffisamment sobres pour faire le lien et rechercher des prothèses auditives. « Comment ça ? » En revanche, son cerveau fonctionne suffisamment bien pour réaliser qu'elle l'a vu en entrant. Il ne m'entend pas. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour se souvenir qu'elle l'a vu bouger ses mains dans ce qu'elle vient à peine d'interpréter comme la langue des signes. Pourtant, elle ne la connaît pas et quand bien même... Alors qu'elle s'apprête à lui répondre, elle se sent blanchir subitement, dominée par un élan de nausée qu'elle a bien du mal à contenir.

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i didn't mean it

Sa tête brûle comme jamais elle ne l’a brûlé. Une sensation provoquée par ce bad trip qu’elle est en train de faire : car rien ne brûle vraiment, juste cette impression que tout va exploser. C’est nouveau, mais il semble que le bruit autour d’elle soit responsable de cet aspect du bad trip. Ce n’est pas le premier qu’elle fait. Beatriz a besoin de s’échapper d’une vie qu’elle estime pourrie, où seul le négatifs ressort de ses expériences. Comme s’il la définissait. Elle est bel et bien cette adolescente qui a abandonné son enfant, rongée par la culpabilité de ce geste qui la détruis au fur et à mesure. C’est pourtant elle qui a cesser de prendre des nouvelles auprès de ses anciens professeurs, devenu les parents de ce bébé indésirable. Et ce qui s’en est ensuivi est entièrement sa faute aussi.

La lumière de la pièce quand elle relève la tête lui brûle les yeux mais elle ne cille pas, s’efforçant de regarder dans les yeux ce garçon. Elle veut une réponse. Son cerveau veut une réponse, plutôt. Il semble que malgré elle et son catastrophique état elle ait bien compris que la surdité était le problème évoqué comme sous-entendu. Il le lui confirme et elle aurait voulu répondre ou intégrer cette information. Mais la nausées est trop forte pour ça. Qu’est-ce qu’elle a pris ? Elle même n’est pas sûre. Elle était déjà bien perché quand elle a continué à consommer et à faire un cocktail Molotov qui ne pardonne pas.

Sa nausée se transforme rapidement en vomi. Pas énormément, mais juste ce qu’il faut pour lui donner encore plus envie de vomir en voyant ce qui sort d’elle. Lorsqu’elle eut fini, ses yeux se lèvent vers le jeune homme. «  Je suis désolée » affirme-t-elle sans même faire attention à bien articuler ses mots pour qu’il puisse les lire sur ses lèvres. Elle saisit le verre d’eau qu’il lui tend avec une tentative de sourire, malade. «  Merci beaucoup. »

Elle se laisse complètement portée par son aide pour se diriger, incapable de se faufiler toute seule. Elle n’a aucune idée de ce qu’elle pourra bien faire aux toilettes : il semble qu’elle ait suffisamment sorti ce qui était en trop. Pourtant, sur place, elle s’arrête devant le lavabo auquel elle se tient pour ne pas tituber et vaciller. « Je ne suis pas comme ça, d’habitude. » Même si elle consommes, Beatriz connaît la mesure. Mais pas cette fois.

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i didn't mean it

Elle ne comprend pas vraiment pourquoi il l'aide, mais Beatriz apprécie. Elle n'en aurait pas fait autant pour elle-même, se serait laissée dépérir dans le coin d'une rue si elle avait pu, si ça a avait pu faire envolé sa culpabilité, ses remords et sa vie pourrie. Non pas qu'elle veuille quitter ce monde, loin de là. Mais s'en éloigner un temps, c'était ce voeu qui l'avait mise dans cet état. Parce qu'elle n'assumait plus ses choix d'adolescente désormais qu'elle avait le double de l'âge fatidique auquel elle avait renoncé à la chose la plus précieuse au monde.

Dans le reste de lucidité qu'elle tient dans ses mains, elle lui assures qu'elle n'est pas comme ça. Elle le sait. Ce n'est pas qui elle est. Mais encore faudrait-il savoir qui elle est aujourd'hui. Car la Beatriz d'avant n'existe plus depuis bien longtemps, bien qu'elle s'y rattache toujours. Elle tente un sourires, qui échoue lamentablement faute de force. «  Sans doute. » Mais elle n'y croit pas. Elle est faible, elle est lâche et elle ne se le pardonnera jamais.

Sa tête tourne de plus en plus malgré tout. Elle n'est pas aussi mal qu'avant d'avoir tout vomi, mais elle ne va pas bien, c'est sûr. Fronçant ses sourcils, elle tente de réfléchir. «  Hmm... d'habitude je ne fais que fumer un peu. Là je... je ne sais pas. »
 "J'ai pris ce que j'avais sous la main ce soir" était correct, mais le mélange précis de quoi lui échappent.

Elle retiens un haut le coeur quand il dit qu'elle en a dans les cheveux. Ses mains se posent sur son visage, cachant ses yeux, et elle s'enfouit dedans avant de les faire glisser de nouveau vers le lavabo. Au lieu de répondre vocalement elle pose ses yeux sur lui à travers le miroir et, l'airs désolé, acquiesce péniblement. Elle veut bien qu'il l'aide oui. Pervers ou pas, elle s'en fiche. Elle a beau faire la fière, elle sait aussi quand elle a vraiment besoin d'aide ou non. « Pardon, vraiment. »

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i didn't mean it

Elle aimerait être n'importe où ailleurs. Pas consciente de ce qu'il se passe comme c'est le cas, bien tristement pour elle. Il l'aide et ça lui fait du bien, mais elle culpabilise quand même. Impliquer quelqu'un dans sa chute alors qu'elle se fiche bien pas mal des bleus qu'elle peut se faire en tombant. Il a certainement mieux à faire de sa soirée que d'aider la fille la plus perdue qui s'y trouve. Elle qui n'a que l'envie de ne plus penser et ne plus souffrir elle prend cette main tendue comme un moyen de quitter cet état second dans lequel elle s'est mise seule. Aucune raison particulière, juste la confiance que son sourire lui procure de même que celle qui s'échappe de l'absence de jugement dans ses paroles.

Elle ne cesse de s'excuser, consciente qu'elle va mal et que cette situation n'est pas normale. Mai sil ne la juge toujours pas. Au contraire il semble bienveillant alors que Bea est certaine que si c'était son frère ou sa soeur qui l'avait trouvé ainsi l'incompréhension et un début de jugement se lirait dans leurs yeux. Clara et Amaury ne sont pas de ceux qui juge de façon éhontée, mais elle-même aurait eu une pointe de jugement devant quelqu'un comme elle, même malgré leurs ressemblances.

«  Je ne sais pas comment tu fais. » Ça lui a échappé, de même qu'un sourire plein de reconnaissance, faible mais bien présent. Parce que Beatriz se pose la question. Elle n'aurait pas pu. Elle n'aurait pas pu. Mais elle n'est pas à un stade de sa vie où elle voit autre chose que des bad-trip non plus. Son sourire s'agrandit, plus visible, davantage soulager. «  Tant mieux. »
 Et en même temps, elle ne sait pas si c'est vraiment quelque chose qu'elle est prête à affronté. « Je ne sais pas ce qui m'a pris, vraiment. » Ou plutôt si, elle sait, mais elle ne l'assume pas, pas devant un inconnu qui se donne autant de mal à l'aider.

Le fait qu'il l'aide ainsi, qu'il l'aide à laver ses cheveux bouclés que même elle ne supporte pas de démêler et laver, ça lui procure un peu de bien être et de calme. Depuis le miroir elle le regarde, les sourcils froncés et imite son signe. « Et voilà ? » Elle ne sais pas pourquoi elle lui a posé la question mais elle ne peut s'empêcher de se dire qu'elle a envie de communiquer avec lui et que, sans ce miroir, il n'aurait pas pu la comprendre. Restes de son planage ou véritable intérêt pour la langue des signes, seul le futur pourrait le dire.

Elle secoue la tête négativement. « Non. Ma famille ne doit pas savoir. » Sauf qu'il y a Nevaeh, aussi, même si jamais elle ne pardonnera à Beatriz de s'être mise dans un tel état, elle qui a pété un câble pour un peu d'herbe en soirée. « Mais je peux rentrer seule. » Après tout on ne compte plus le nombre de fois où elle est rentrée seule dans un état pire que maintenant, alors qu'elle est sur la redescente.

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i didn't mean it

Beatriz était reconnaissante. Elle avait très bien conscience que les choses auraient pu être bien pires, qu'elle aurait pu ne pas s'en sortir, s'étouffer dans son vomis, ou encore tout un tas de choses plus probables les unes que les autres quand on abuse de certaines susbstances. C'était Névaeh qui avait raison. La londonienne était dans l'excès, prête à se perdre elle-même, refusant les mains tendus. Sauf pour le cas de Zeppelin qui, pour la première fois depuis qu'elle était tombée dans ces travers, ne l'avait pas regardée avec du jugements. Ce qui suffisait à lui laisser sa confiance, même le temps de quelques minutes. Eblouie par cette confiance aveugle, ou peut-être par son sourire compréhensif et bienveillant, elle n'avait simplement pas résisté davantage.

Dire qu'elle allait mieux, ce n'était pas vrai. Mais elle recouvrait peu à peu sa lucidité et sa capacité à parler sans que ce soit la drogue qui ne le fasses pour elle. Si elle s'était imaginée imiter un signe de LSA, elle ne l'aurait pas cru. Avec un sourire satisfait ses joues rosisse quand il lui confirme qu'elle ne s'est pas trompée. Elle regarde son signe pour "bien". Elle l'imite avec un sourire en accompagnant son geste à la parole. « Bien. » Prise d'une subite envie d'apprendre à communiquer ainsi, elle a du mal à chasser le sourire qui étire ses lipes.

Contacter sa famille ? De quoi lui faire perdre ses couleur à peine retrouver. Amaury lui en voudrait toute sa vie s'il la voyait dans cet états, elle en était sûre. Quant à Clara... peu importe les tensions que leur relation a pu avoir, elle sait qu'elle est son modèle. Et si sa petite soeur tombait dans ça... Son sourire se fait plus faible. « Merci » Seigneur, elle y échappait belles.

Persuadée de pouvoir rentrer seule elle insistait pour qu'il en soit ainsi. Peu importait, à vrai dire. Beatriz ne voulait pas être montrée du doigt par sa famille ni rien. Elle ne voulait pas qu'on la sache dans cette état. Ses yeux se firent ronds à sa proposition. « ... Vraiment ? » L'idée n'est pas déplaisante et elle était presque déçue qu'il se ravise. Sa gorge se serre. Elle n'est pas sûre d'avoir envie de savoir et pourtant, elle ne peut qu'imaginer tous les scénarios qui s'accompagnent de cette phrases. « Si tu veux bien, ça ne me déranges pas... en fait, je préfère. » Elle était trop souvent rentrée seule, mais jamais dans cet état. Et même elle était effrayée de ce qui pourrait se passer sur le chemins alors que sa vigilance était au plus bas.