La langue un peu tirée, je mets une touche finale à ce que je suis en train de fabriquer. Oui, moi, je fabrique quelque chose avec mes dix doigts. Dans ma tête, c’était un magnifique bouquet de fleurs en origami. Des iris pour être plus précise, pliés dans du papier cartonné bleu. D’habitude, j’en laisse un sur la table de nuit de Clyde quand je sais que j’ai fais une connerie et que je veux demander pardon. Ce bouquet là était sensé être pour son anniversaire mais, bon, j’ai pas eu la patience. Il aurait du être composé de sept superbes iris. A la place, je lui ai acheté un nouveau casque pour sa moto parce que je n’ai pas eu la patience de terminer. Il y a donc trois fleurs, reliées par un ruban en satin noir que j’ai découpé dans l’une de nos anciennes tenues de scène. J’ai rangé l’appartement dans son entier puis j’ai préparé une tarte au fromage de chèvre et à la tomate qu’on aura juste à mettre au four en rentrant. J’ai fais tout ça parce que, encore une fois, j’ai merdé. J’ai payé le loyer en retard, encore une fois. C’est pour cela que j’avais une croix sur la main aujourd’hui, pour me rappeler d’aller voir Mme Lloyd et lui payer ce que je lui dois. Mais… j’ai oublié. J’irai lundi sans faute, elle est au courant et elle m’a accordé un délai. Notre propriétaire est gentille. Mais je crois que c’est aussi et surtout parce qu’elle a la moitié du loyer rubis sur l’ongle – Clyde n’oublie jamais – et qu’elle sait que je finirai par payer.
Je lève les yeux vers la pendule qui trône dans la cuisine et mes yeux s’écarquillent d’effroi. Merde ! Je suis en retard. Je vais me faire tuer, encore. Je me hisse hors de la balançoire en macramé depuis laquelle je buvais tranquillement mon thé et j’attrape mon sac. Hors de question de prendre mon vélo aujourd’hui, je mettrai beaucoup trop de temps à arriver au Starlight et déjà que CC va être furieux en apprenant mon retard de paiement, je n’ai pas envie d’en rajouter une couche. Je hèle donc un taxi et je lui envoie un message quand je suis avachie sur la banquette arrière. Un message simple, sans grandes fioritures, avertissant simplement de mon léger contretemps. Je ne précise pas non plus la raison. Il va certainement s’imaginer que j’étais avec un amant quelconque ou bien perdue dans le visionnage du dernier épisode d’une série Netflix. Tout, du moment qu’il ne devine pas ce qui l’attends à la maison en rentrant. En même temps, comment pourrait il deviner ? Je ne range quasiment jamais et il est rare que je cuisine. D’habitude, nous prenons des plats à emporter healthy dans les restaurants des environs.
Je descend du taxi et je paie ma course. Mes lunettes de soleil, rondes à la monture beige, trouvent leur place dans ma chevelure brune. Quand j’entre enfin, je me fais toute petite. C’est déjà l’effervescence ici. Je me faufile jusque dans ma loge. Le show commence dans une vingtaine de minutes et je ne suis ni habillée, ni maquillée. Il faut que je mette le paquet sur le fard à paupières, les habits finiront presque tous par être enlevés de toute façon. Sur mon téléphone, je remarque un message de ma mère. Elle me demande quand je compte venir, c’est l’enterrement de vie de jeune fille de ma belle sœur et ma présence est requise. Ma bouche, que je viens de teindre d’un rouge mat, se tord d’une grimace de dégoût. Je n’ai pas envie d’y aller et de les entendre tous critiquer la manière dont je mène ma vie. J’aime ce que je fais, comment je le fais. N’en déplaise à mes parents, c’est Clyde que j’ai choisi pour partenaire de vie. Maman aurait préféré Lénaick le comptable emmerdant. Au moins, il fait un métier qu’elle juge respectable. J’éteins mon portable d’un geste rageur et le balance au fond d’un tiroir de ma coiffeuse. Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec ça ce soir.
Mes cheveux sont attachés en un chignon pas trop serré. Il me suffira de tirer sur l’épingle pour un jeté de toute splendeur. J’enfile une robe qui tient uniquement par des pressions et des talons hauts vertigineux. Avec ça, je devrais arriver aux épaules de Clyde, lui qui culmine à presque deux mètres de haut. J’attrape un spray qui va recouvrir ma peau de paillettes multicolores et me voilà parée de mes plus beaux atours. Je sors de ma loge quand je tombe nez à nez avec mon partenaire de vie. Je pourrais enrouler mes bras autour de sa nuque et l’embrasser, c’est un secret pour personne ici ce que nous sommes l’un pour l’autre, mais je n’ai pas envie de lui laisser des traces rouges un peu partout juste avant notre passage sur scène. « Prête ! Et presque pas en retard ! » Je fanfaronne parce que, en me dépêchant, j’ai réussi à être à l’heure. Je me serre quand même contre lui, je ne l’ai pas vu de la journée et, bien que nous soyons indépendants, sa présence dans ma vie m’est indispensable. Il est celui qui fait que tout ne s’envole pas au premier coup de vent. Il me canalise et c’est un véritable tour de force.
On nous appelle. J’entends déjà les brouhahas de la salle se tarir et les lieux s’assombrir. Ca va être à notre tour d’entrer en piste. Mes doigts se lient à ceux de Clyde, c’est mon petit rituel d’avant représentation. Je lui tiens toujours la main, les quelques secondes de flottements précédent notre entrée. Les projecteurs nous éclaire, la musique résonne et il est le premier à se présenter face au public. Mes talons résonnent enfin et je me lance à mon tour.
Show must go on !
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Clyde Creekman
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Les projecteurs ne vont pas tarder à illuminer la scène. Celui qui gère la sono viendra se positionner à son pupitre pour régler les enceintes et diffuser la musique d'ouverture du show. Les bruits dans la salle se feront de plus en plus importants au fur et à mesure que les spectateurs entreront et s'installeront aux meilleures tables pour être surs de ne pas en rater une miette. Les plus fidèles viendront jusqu'à l'estrade, téléphone portable en main, les filles exhiberont leurs habits choisis avec soin pour paraître les plus sexy, les futurs et futures mariés ricaneront et glousseront avec leurs accompagnateurs. Le barman va reprendre du service, il est probablement déjà en train de tout préparer et de donner des consignes à ses collègues, à sortir les bouteilles de la réserve et à vérifier que rien ne manque dans les placards. Les stripteaseuses auront fini de se maquiller à outrance pour que tout le monde les voit et en même temps soit aveugle aux défauts qui parfois maculent leurs traits. Mes collègues achèveront de s'enduire le corps d'huile et s'assureront que leur pantalon tienne bien grâce aux scratch qui les agrémente de chaque coté. La présentatrice s'échauffera la voix et fera quelques vocalises, ajustera sa veste à paillettes et son micro relié à son pantalon de tailleur haut de gamme. Les techniciens feront le pied de grue de chaque coté des coulisses en se remémorant à voix basse les changements de tableau et de tenue qu'il va falloir gérer, le moment ou il va falloir faire descendre le cerceau jusqu'à la scène et combien de putain de flotte doit contenir l'aquarium du troisième numéro solo. Les préparatifs sont nombreux au Starlight à quelques minutes d'entrer en piste, mais Iris n'est pas là.
Iris est souvent en retard. Pour tout. Et puis elle oublie. Mais jamais elle n'oublierai une représentation. Elle adore ce qu'elle fait et j'adore la voir évoluer sous les feux de la rampe. Si elle rate l'introduction du spectacle, ce n'est pas grave, mais elle va se faire mal voir, et moi je vais être déconcentré de peur qu'il lui soit arrivé quelque chose sur le trajet. Le réseau fonctionne un peu mal à l'arrière du Starlight. J'ai beau regarder mon téléphone, il s'obstine à me refuser tout message. Peut-être qu'elle appellera le gérant, encore faut-il qu'elle se souvienne de son numéro. Après, je relativise. Je me dis qu'il reste encore quelques minutes, qu'elle est en train de garer son vélo et qu'elle va arriver au pas de course et s'habiller en un rien de temps. En attendant, je révise mentalement les pas de danse que j'aurai à faire. C'est une précaution inutile, car je m'en souviens par cœur à force de les refaire soir après soir. Peut-être un peu trop d'ailleurs, il faudrait que je prépare quelque chose de nouveau pour renouveler un peu le spectacle ou pour améliorer la chorégraphie coupée au cordeau de ma partenaire et moi. Des copains m'ont parlé de numéro avec du feu dans d'autres villes, mais le boss n'est pas vraiment chaud pour ça, c'est le cas de le dire. Il faut aussi que j'en parle à Iris, voir si elle a des idées. Elle en a souvent des idées mon Iris, elle a une imagination farfelue et débordante qu'il faut parvenir à canaliser. On dit souvent que la femme décide, mais en matière de show, je n'ai pas de difficulté à me faire entendre. De manière générale non plus à vrai dire, ma carrure parle pour moi. J'entends qu'on nous appelle, et tout le monde se positionne. Nick, mon plus proche collègue, me jette un regard interrogatif. Mais non, Iris n'est toujours pas là.
La foule siffle et pousse des cris tonitruants alors que nous quittons la scène pour passer aux prochains numéros. Les techniciens profitent du noir pour ramasser les vêtements, on sent l'agitation transpirer de partout. Je ne sais pas si je suis plus inquiet ou en colère. Il n'y a que deux numéros avant le notre, nous avons tout juste le temps de nous saluer, même pas de répéter ensemble en conditions réelles. Et encore, je ne sais même pas si elle est arrivée. Elle a intérêt à être arrivée. Sinon, je ne sais pas ce que je fais. Mais on ne me dit rien. Si elle n'était pas là, ou aurait prévenu sa remplaçante, hors de question de ne pas se produire. Mais Callie n'est pas venue me voir, c'est qu'il y a un espoir qu'elle soit encore dans sa loge à mettre un point d'honneur à sa tenue. Ca me dépasse, qu'elle ne soit pas stressée. Qu'elle ne soit pas en coulisses à m'attendre, un brin honteuse, pour me demander si ça va et dire qu'elle est désolée. Ce n'est pas que je la flique, juste, je ne veux pas faire notre numéro sans elle. Si je n'ai pas le choix, je le ferai, tant pis. Je me décide à aller voir directement en loges. Les quelques filles qui se sont changé pour le numéro suivant me glissent un sourire lorsque je descend les escaliers en arrière-scène. Je suis le couloir qui mène à la pièce ou nous avons nos affaires, lorsque la porte s'ouvre sur elle. Toute pimpante, maquillée et parée. Iris est enfin là.
« Si, Iris. Tu es en retard » je dis, les poings sur les hanches, alors qu’elle me saute au cou pour m’embrasser. Il n’est plus temps de la réprimander comme une enfant, il faut qu’on y aille. Au moins, elle est à l’heure pour notre numéro à nous. Nous traversons les coulisses dans l’autre sens, je dois penser à ne pas marcher trop vite pour ne pas la distancer, malgré le peu de temps que nous avons devant nous. Juste avant la scène, une expiration. Les doigts qui se pressent. Les mecs ont fini leur show, ils reviennent avec chacun leur t-shirt déchiré dans la main. Ca y est, c’est à nous. J’entre en premier, languissant des hanches dans mon jean taille basse vêtu d’une maigre ceinture. Je sens le regard de Iris figé sur moi. Elle s’attendait peut être à avoir un peu plus de temps. Peut-être a t-elle réellement oublié les ordres de passage. Après nous, c’est le show des filles. Celui qui est attendu par le plus de monde. Je chasse toutes ces pensées. Sur scène, le travail doit continuer. Quand ma partenaire arrive pour me rejoindre, j’ai déjà tout oublié. Nous évoluons ensemble, en des mouvements qui pourraient être mécaniques si nous n’y mettions pas toute notre âme et énergie. Iris est avec moi.
Les lumières s’éteignent d’un coup au moment ou elle glisse sur moi à la fin du numéro. Nos coeurs battent la chamade à l’unisson à la fin de cet exercice physique qui nous a monopolisé de longues minutes. Devant nous, ça applaudit à tout rompre. Ca a plu. Notre alchimie plait et fait de notre numéro, un bon numéro. Nous récupérerons nos souffles une fois quitté la scène ce que nous nous empressons de faire. Direction les loges pour boire un coup avant la suite. Il faut assurer tout le long du spectacle. « Ton inattention te perdras, Iris » je soupire avec un léger sourire amusé. Tout s’est bien passé, je déstresse. Je suis habitué à tout ça. « Tu as de la chance, j’étais prêt à aller demander à te faire remplacer. Et tu sais que je n’aime pas ça ». Je lui glisse une main sur la nuque, je me penche vers elle pour un innocent baiser sur la joue avant de rentrer dans la pièce qui nous est dédié. Il faut enfiler la prochaine tenue et remonter pour se mêler aux autres.
Je suis plutôt contente de moi. Je sais que je ne suis pas en retard, pour une fois, sans pour autant être hyper à l’heure. Il ne faudrait pas que mon Uber soit pris dans un embouteillage ou un accident, ou qu’une mamie prenne mille ans à traverser la route. Je sais que c’est pour la bonne cause cependant et que si Clyde est fâché, il ne le sera pas très longtemps. Nous ne sommes pas un couple très romantique mais je me suis dit que, parfois, je devrais lui montrer combien je l’aime. J’ai des défauts qu’il lui faut supporter et qui sont estompés par ses qualités. La confiance que j’ai en lui est complète et il me comprends bien mieux que Lénaick. Je n’ai pas envie de revivre la même semaine que lorsque nous nous sommes disputés pour le loyer. Mais il faut croire que cela ne m’a pas servi de leçon, j’ai recommencé ce mois ci. Je suis encore en retard dans le paiement de ma moitié. C’est aussi pour cela la surprise qui l’attends à la maison, le bouquet en origami et la tarte à la tomate. Je ne suis pas une grande cuisinière et je me suis surpassée sur ce coup là.
C’est déjà l’effervescence en coulisses quand j’arrive. Ce n’est pas étonnant, l’heure du show approche. Je me dépêche de rejoindre ma loge dans laquelle mes partenaires de danse me regardent d’un drôle d’air. Qu’est-ce que j’ai fais encore ? Je hausse les épaules et je tartine mes lèvres de gloss avant d’enduire mon corps de paillettes. Les projecteurs vont se refléter dessus et je vais, littéralement, briller de milles feux. Je réajuste ma tenue pour être sûre et certaine que celle ci ne glisse pas avant que vienne le moment de l’enlever et je file pour rejoindre la scène, pile pour le début du spectacle.
Derrière la porte, Clyde m’attends. Il a les poings sur les hanches et un air un peu réprobateur sur le visage. De but en blanc, avant que je n’ai eu le temps de dire ou faire quoi que ce soit, il m’annonce que je suis en retard. Bah… Non ? Si ? Après avoir bondi à son cou pour l’embrasser, je me recule en fronçant les sourcils. J’essaie de fouiller dans ma mémoire mais, dans celle ci, il n’y a que la chorégraphie de notre spectacle et le temps de cuisson de la tarte. Allez Iris, réflechis. « Oh ! L’ouverture. C’est ça ? » Je me rappelle des regards en coin des filles dans la loge. J’ai zappé la danse d’ouverture. Mais il n’est plus le temps de s’appesantir sur mes loupés, il est l’heure pour nous de nous déhancher au son d’une musique lascive sur la scène du Starlight. J’aime le moment de l’entrée sur scène. J’observe C.C avancer et quand il se défait de sa chemise, je peux voir l’iris sur son épaule. Les autres peuvent regarder, peuvent même toucher, cela m’est égal. Je ne suis pas jalouse parce que je sais qu’après, c’est chez nous qu’il rentre et qu’il dort. Je sais que si je l’appelle, il revient. Et inversement. Notre couple a beau être libre, nous nous faisons toujours passer en priorité.
C’est à mon tour d’entrée en scène. Le bruit de mes talons est couvert par la musique et, bien que j’ai une forte tendance à tout oublier, je restitue la chorégraphie à la perfection. Le rideau tombe alors que je glisse sur Clyde à la façon d’un serpent et nous maintenons la position quelques secondes encore. Je peine à retrouver mon souffle mais il va bien falloir, je dois remonter sur scène dans quelques minutes pour exécuter un numéro exclusivement féminin. Puis ce sera au tour de C.C et des garçons. Et enfin, nous pourrons rentrer à la maison. Nous ramassons nos affaires échouées sur le sol et nous regagnons la loge. Je lève les yeux vers lui quand il s’adresse à moi, d’une façon un peu amusée. « Je sais… Je fais des efforts, je te jure. » Il sait que c’est vrai et que, depuis cinq ans, je me suis un peu améliorée. Mais je reste étourdie, je crois qu’on ne pourra rien y faire. Sa main dans ma nuque est agréable, son baiser est doux sur ma peau et j’y réponds en pressant ma joue contre son torse. « Moi non plus, je n’aime pas quand tu me remplaces. J’arrivais, j’étais occupée à la maison. » Nous entrons dans la loge et je bois une bouteille d’eau presque d’une traite, laissant une traînée de paillettes sur le goulot.
Ma prochaine tenue est une petite robe à franges, maintenue par une paire de scratchs sur le côté. C’est une robe tout ce qu’il y a de plus simple à mettre mais surtout, à enlever. Alors que je suis affairée à boucler la bride de mes prochaines chaussures, je lève un regard vers Clyde, lui aussi en plein changement de tenue. « Tu as quelque chose de prévu après ? » Je ne suis jamais vraiment au courant de ses plans pour la soirée, comme il n’est jamais vraiment au courant des miens. Nous avons suffisamment confiance l’un dans l’autre pour ne pas poser la question et pour ne pas que cela nous inquiète. J’allais préciser le fond de ma pensée quand l’une des filles me demande de me presser, c’est bientôt à nous. Alors j’approche pour déposer un baiser sur son épaule et remonter en quatrième vitesse. J’ai à peine repris mon souffle qu’il faut déjà que je danse de nouveau, pour quelques minutes. Pour une fois, ce soir, j’ai hâte d’en avoir terminé et de pouvoir montrer à C.C tout ce que j’ai préparé.
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Parfois, je me demande ce qu’il y a dans la tête d’Iris. Un autre monde surement, un monde qui n’est pas réel mais dans lequel elle se perd souvent. Elle a de l’imagination Iris, elle est solaire et radieuse mais elle est dans la lune et elle oublie quelques fois les choses importantes. Elle n’y repense que lorsque je suis derrière pour les lui rappeler. Là, elle se souvient rapidement que notre métier, ce n’est pas uniquement le numéro qu’on répète tous les deux tous les jours et qu’on accomplit sur la scène. Non, il y a l’ouverture, les shows à plusieurs et les numéros de pole dance. Il y a tout un spectacle que nous sommes sensés jouer ensemble en première partie de soirée et qui est tout aussi important que ce que nous exécutons en seconde lorsque les lumières se font plus tamisées et que les clients qui ont payé pour une complète regardent les autres s’en aller progressivement. L’ouverture, c’est la présentation de l’équipe. C’est organisé et chorégraphie, tout autant que le numéro que je me suis chié à concevoir, alors je comprendrais si notre patron la prenait à partie pour lui rappeler ses obligations. Pour l’instant ça va, elle va se faire petite et exécuter ce qu’on lui demande. Elle va glisser sur moi ses mains qu’elle aura recouvert de paillettes, elle m’enlèvera ma chemise et nous tournerons autour de l’autre dans un enchevêtrement de jambes sexy à souhait. « Mmh mmh, l’ouverture » je confirme avant d’avancer tous deux pour rejoindre le plateau en évitant d’instiguer plus de retard qu’il y en a peut être déjà.
Comme d’habitude, nous nous synchronisons et nous évoluons en harmonie. Je sais que l’alchimie est évidente, c’est ce qui ressort régulièrement des commentaires que nous laissent les spectateurs sur internet ou en faisant passer le mot au reste du personnel. Je suis flatté et honoré d’être aussi bien intégré et de savoir que je plais, ce serait mentir que de prétendre le contraire. Notre couple avec Iris était de fait une évidence, et je ne regrettais rien, même si je devais parfois me fâcher et me disputer avec elle pour une histoire de loyer oublié. Malgré ça, nous savions faire la part des choses et les rares fois ou cela arrivait, notre perso n’empiétait pas sur notre travail et nous rendions quelque chose de qualité équivalent à d’habitude. Il y avait juste eu cette fois, pour la première vraie grosse crise de bec, ou elle m’avait déstabilisé en plein show. Je lui en avais beaucoup voulu et elle n’avait plus recommencé. J’aimais Iris et ses frasques, j’aimais la vie que nous nous étions construit. Elle était simple et belle, nous étions libres de nos mouvements et de nos relations. Jamais plus je n’aurai supporté d’être un couple normal ou la fidélité était le maitre mot.
Nous conservons notre attitude jusqu’a la sortie de scène, ou nous pouvons nous détendre un peu et nous permettre des gestes que l’on ne ferait pas en plein milieu du numéro, par exemple en se caressant tendrement la nuque et en s’embrassant gentiment. Nous ne nous embrassons jamais sur scène, nous ne sommes pas censés montrer que nous sommes un couple au public qui nous regarde, cela gâcherait la magie et la beauté du numéro. Nous sommes d’accord sur le fait que nous aimons faire ce dernier ensemble. Parfois, les jours ou nous ne sommes pas calés sur les mêmes horaires, nous ne le faisons pas. Ce n’est que lorsqu’il est prévu et que l’un de nous deux est absent au dernier moment que nous sommes obligés de nous faire remplacer. Heureusement, c’est très rare, et bien que j’apprécie beaucoup Callie qui est tout aussi professionnelle que ma petite-amie, avec elle, ce n’est pas pareil. « Tu devais être sacrément concentrée alors. Est-ce que tu as fini de faire ce que tu voulais ? ». Non parce qu’au moins, autant que ce retard ai servi à quelque chose. Iris n’est pas du genre à finir ce qu’elle entreprend, elle se perd souvent dans autre chose. Elle est du genre à oublier la recherche internet qu’elle était en train de faire en tombant involontairement sur une pub pour des accessoires de beauté. Alors, je ne serai pas vraiment étonné si elle me répondait par la négative.
Elle se change de son coté et je fais de même. J’aime beaucoup les tenues que les filles portent, que ce soit dans les numéros solos ou pluriels. Pour nous les hommes, c’est tout de suite beaucoup plus classique avec nos chemises blanches ajustés et les pantalons noirs qui moulent toutes nos formes, quelles qu’elles soient. Dans quelques numéros, je vais devoir les enlever et me frotter à l’une des filles du public que j’aurai fait venir sur scène, et je trouve ça regrettable que nous soyons si pressés pour que je ne m’entraine pas avec ma partenaire dans la loge avant ça. Je lève la tête pour la regarder dans le miroir lorsqu’elle me questionne sur mes plans. « Pour l’instant non, tu sais que ça peut changer à la dernière minute. Mais je pourrai me permettre puisque j’ai déjà payé le loyer. Tu n’as pas oublié n’est-ce pas ? ». Elle a de la chance, elle doit s’éclipser. Je souris en secouant la tête. Je la connais là aussi très bien pour savoir que je lui ai probablement rappelé quelque chose qu’elle avait classé dans un coin de son cerveau. Quelques secondes plus tard, et je ferme la porte de la loge pour remonter. Au niveau des marches qui mènent aux coulisses, je refais un chignon qui maintiendra mes cheveux pour le prochain numéro et, en attendant de passer, je vais discuter avec les collègues qui s’échauffent avant leur premier vrai passage. Il est aussi temps de prévoir les derniers détails avec celui qui m’accompagne sur scène. Après le numéro d’Iris et des autres filles, il y en a encore un, et après ce sera à nous de faire monter la température.
Je m’en veux. Plantée là, dans les coulisses, face à mon petit ami je commence à me mordre frénétiquement la lèvre inférieure. Je sais combien notre job compte pour lui. J’ai compromis le show en oubliant, encore, l’ouverture. J’ai failli mettre en retard la troupe et faire s’écrouler comme un château de carte la mécanique bien rodée qu’est l’enchaînement des représentations. Il ne faut pas me confier une telle responsabilité. Je ne suis pas le genre de nana qui arrive à l’heure, ou qui pense rigoureusement à tout un tas de détails. Je me disperse, je m’éparpille. La préparation de la surprise pour Clyde m’a vidée de ma capacité de concentration et voilà où nous en sommes. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas m’en tenir trop rigueur. Ouf. Je n’aime pas quand il est fâché contre moi. J’ai déjà failli le perdre une fois pour une connerie, je n’ai pas envie de recommencer. Entre nous, sur scène, cela a été une évidence et cela a un peu déteint sur la vie privée. Après des semaines à partager le même canapé lit. Quand j’ai débarqué chez lui, il y a cinq ans, c’était juste pour un jour ou deux. En réalité, je ne suis jamais partie.
Il prend ma main et il m’entraîne sur scène. Là, nous évoluons de concert. Chacun sait ce qu’il a à faire. Notre spectacle est bien rôdé et je le connais sur le bout des doigts. Je sais que Clyde ne tolérerait pas que je me trompe ou que je danse à contre temps. Alors, je m’applique et le show termine comme souvent. Moi par terre, lui qui me surplombe. Moi qui sourit, d’une mimique qui est uniquement adressée à l’homme qui partage ma vie. Je suis heureuse que sa route ait croisée la mienne. Je me rends compte tous les jours combien un couple traditionnel n’est pas fait pour moi. Je ne peux pas me sentir étriquée, coincée. La fidélité me frustre. J’ai besoin de savoir que je plais, j’ai besoin de plaire, j’ai besoin d’en jouer. Et j’aime la liberté que j’ai de le faire quand j’en ai envie. Nous disparaissons derrière le rideau quand c’est terminé et c’est uniquement là que nous nous permettons quelques gestes tendres. Je frissonne sous la mais qu’il pose dans ma nuque et je plisse le nez sous son baiser. Je crois que je n’aurais pas assez d’une vie pour lui montrer combien je tiens à lui. « J’étais concentrée, oui. Je préparais quelque chose d’important. » Un sourire en coin mystérieux ponctue ma phrase. « Il manque la touche finale mais oui, c’est quasiment terminé. » Clyde ignore encore qu’il est la touche finale. Il est l’ingrédient principal de la soirée que j’ai préparée. S’il décide de ne pas rentrer avec moi ce soir, ce qui est une éventualité, j’aurais fait tout cela pour rien du tout. Je sens déjà la déception serrer ma gorge mais je ne dis rien. La liberté, c’est l’une des composantes de notre couple. L’une des plus importantes, suivant de prêt la confiance.
La tenue que Clyde enfile n’est finalement pas si différente de la précédente. Pas comme la mienne. C’est toujours une robe mais celle-ci comporte des franges et est d’une magnifique couleur rouge flamboyante. Avec ça, c’est sûr, je vais attirer les regards. J’en frémis d’avance. Mon sourire s’élargit quand je vois qu’il me regarde dans le miroir. Comme je m’en doutais, ses projets pour la soirée ne sont pas encore définis. « Oui.. Oui, je sais. » Je suis une personne expressive. Je sais qu’il n’aura aucun mal à lire le début de ma déception sur mon visage. Dans mon sourire qui s’affaisse ou mes yeux qui brillent un peu plus. Heureusement, mes partenaires pour le show suivant viennent me chercher pile au moment où le loyer est mis sur le tapis. Je n’ai pas tellement le temps d’y répondre, cela me laisse quelques minutes avant de lui avouer que non, je n’y pas pensé avant. Mais que j’ai quand même arrangé la situation avec notre propriétaire. Heureusement que C.C paie rubis sur l’ongle sa moitié sinon il y a longtemps que j’aurais été mise à la porte. Je m’éclipse sans demander mon reste, tout en sachant qu’ensuite, nous aurons au moins dix minutes avant qu’il ne doive aller danser à son tour.
Le spectacle se termine sous une salve d’applaudissements. Je suis essoufflée mais je salue gaiement mon public. J’envoie des baisers et des clins d’œil par ci par là. Puis, ramassant ma robe, je retourne dans les coulisses. C’est déjà l’effervescence pour la préparation du numéro suivant et j’esquive certains de mes collègues pour me frayer un chemin jusqu’à Clyde. Il est là, à proximité de la scène. Suffisamment proche pour voir le numéro mais trop loin pour être vu du public, caché derrière les lourdes tentures qui délimitent la scène. « J’aimerais bien qu’on rentre tous les deux à la maison, après. » Je formule, en m’avançant silencieusement après avoir enlevé les chaussures qui me font grandir de douze bons centimètres. Mon petit ami me fait l’effet d’un géant et je dois lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. « J’ai presque pas oublié. En vrai, j’y ai pensé trop tard mais j’ai appelé Mme Lloyd et c’est arrangé. » Ça l’est. Lundi, première heure, j’irai payer. Cela n’a jamais été une histoire d’argent parce que j’en ai. Maman continue à m’en donner tous les mois dans l’espoir que je rentre à Sainte Hyacinthe, que je quitte ce job et ce gendre qu’elle n’apprécie pas. C’est juste que, souvent, j’oublie. Je m’éparpille, je saute du coq à l’âne.
Après un baiser sur l’iris qui décore son épaule, je m’éloigne pour me diriger vers un portant. Je dois enfiler ma prochaine et dernière tenue, pour le numéro de clôture. Je m'en saisi, prête à retourner en loge pour me changer. C’est rare que je réclame de but en blanc qu’il rentre avec moi, rare que je cuisine aussi. L’appartement a été décoré par mes soins et de mémoire, c’est la première fois que je concocte une surprise de ce type. Le romantisme ne fait pas tellement partie de notre quotidien mais c’est avec lui que j’ai envie de passer ma soirée alors j’espère qu’il n’aura rien de prévu.
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Dans la tête d’Iris, il y a toujours quelque chose d’important. Quelque chose qui surpasse quelque chose qui surpasse quelque chose. Bizarrement, c’est jamais le paiement des charges courantes. J’adore quand elle pense à arroser les plantes ou à racheter du savon pour les mains, mais quand on se retrouve début du mois avec une propriétaire qui nous presse un peu parce qu’il manque une partie, cette faculté de concentration digne d’une petite cuillère me dépasse et m’agace : c’est pour ça qu’elle arrive en retard aux représentations. Heureusement, je l’aime et je finis par lui pardonner. Ce n’est pas si grave si elle loupe l’ouverture, mais ça la fout déjà un peu plus mal si, arrivé sur scène, je n’ai pas ma partenaire pour notre duo. Outre le fait que ça me mettrait de méchante humeur, je ne pense pas que ça enchanterait le patron non plus. Ca ne s’est encore jamais produit, alors j’espère que ça le restera. L’ambiance dans la loge est donc relativement bonne, nous nous montrons proches comme à notre habitude, et si je lève les yeux au ciel quand elle me parle de son retard, je ne peux m’empêcher un petit sourire. C’est sûr, il y a des choses qui ne changeront jamais. « La prochaine fois, prends toi z’y plus tôt, tu auras le temps de terminer » je la taquine gentiment en lui volant un baiser avant de me préparer pour la suite du spectacle.
Je lui jette des petits coups d’oeil de temps en temps alors qu’elle se change, et je parie qu’elle les intercepte ou qu’elle s’aide du miroir qui se trouve dans la loge, ça se sent dans les poses qu’elle prend et dans l’attitude qu’elle adopte. Iris a toujours aimé séduire, et elle sait comment me prendre dans ses filets. Elle n’a qu’a me dire qu’elle veut passer la soirée avec moi et j’annulerai mes plans si j’en avais, mais comme je lui ai dit, je n’ai pour l’instant rien de prévu. Ca n’a ni l’air de lui plaire, ni de lui déplaire, j’ignore donc de quel coté me positionner. Elle me le ferait bien savoir tantôt et de toute façon, nous n’avons pas vraiment le temps de discuter car elle doit remonter pour aller sur scène, esquivant ainsi la question fondamentale du loyer. Je lui administre une légère caresse sur les fesses quand elle passe la porte rejoindre les collègues et achève de parfaire ma présentation. J’inspecte que les pressions de la chemise sont toutes correctement mises et que rien ne va pas faire obstacle au déboutonnage de mon pantalon une fois sur scène, puis, enfin, je remonte à mon tour, éteignant les lumières de la loge en partant. Ce n’est que dans les escaliers que je confectionne un chignon assez lâche en haut de mon crâne en dégageant ainsi mon visage.
Entre les étirements et les plaisanteries entre collègues, le temps passe à une vitesse folle et voilà que Iris et ses copines ont déjà fini. Si la plupart filent directement changer de tenue, elle, elle vient me voir, talons pendus par la bride en main. Je tourne mon corps vers elle mais ma tête reste braquée sur la scène que je vais bientôt devoir fouler, du moins, jusqu’a ce que sa demande soit enfin franchement exprimée. Je dois baisser les yeux vers elle pour la regarder en acquiesçant légèrement. « D’accord ma belle, mes plans ce sera toi alors » je réponds d’une voix chaleureuse en lui passant de nouveau ma main au niveau du cou. Cette dernière est si grande qu’elle le prendrait presque en entier. Je me dégage vite fait en l’entendant me révéler la vérité sur le loyer, afin d’éviter un crissement involontaire de mes doigts. Je n’ai pas envie de lui laisser une marque. « Presque ? ». Je pousse un soupir un peu excédé. Presque, ça veut dire qu’elle a oublié. Je ne sais pas quoi ni qui lui a rappelé qu’elle ne vivait pas gratuitement dans le loft, et heureusement, Mme Llyod est gentille et arrangeante, sinon, ça aurait pu être vraiment embêtant depuis le temps. Je crois que la meilleure solution serait de mettre un panneau géant sur la porte de l’appartement mais même comme ça, il y a des chances que ma petite-amie oublie ou se laisse dépasser. « C’est arrangé comment ? » je demande quand même, histoire de clarifier les choses. Je ne peux pas m’empêcher de m’en mêler. Je tiens vraiment à cet appartement, je n’ai pas envie d’être forcé à le quitter, alors tant pis si je suis constamment sur son dos.
J’oublie ce soucis à l’instant même ou je retourne sur scène, quelques minutes plus tard. Le matériel a été installé, il n’y a qu’a se laisser guider par le rythme de la musique. Le public nous acclame, mes deux collègues et moi, et cela nous pousse forcément à nous dépasser. Nos corps ondulent, nos hauts tombent, nos mains glissent sur nous comme des serpents. C’est le moment de faire monter une femme pour quelles puissent profiter du spectacle à partir d’un autre point de vue. Les spectateurs sont survoltés et les élues, si elles sont parfois timides, se prennent au jeu avec un plaisir évident. Lorsque la lumière tombe et que nous les remercions d’un baisemain en leur rappelant combien elles sont charmantes, c’est le moment ou parfois les langues se délient et que les rendez-vous se concluent. La mienne, ce soir, se contente d’un hochement de tête ravi, et je prends ça comme un signe du destin : je dois rentrer avec Iris. Je file la rejoindre en bas alors qu’elle arbore fièrement sa nouvelle tenue. « Qu’est-ce que tu veux faire ? On se prend une salade au resto en bas et on la mange devant une série ? » je propose en me préparant à mon tour, de nouveau. Ca sonne pas comme la soirée du siècle dit comme ça, mais au moins nous serions tous les deux en amoureux et c’est finalement ce qui compte.
La dispute énorme que nous avons eu à cause du loyer, il y a quelques temps de cela, m’est restée en mémoire. Cette fois-là, j’ai vraiment cru perdre Clyde parce que je ne suis pas fichue de penser aux charges du foyer. Mes dernières ruptures ne m’ont pas tant marquée. Les hommes sont toujours allés et venus dans ma vie et, de toute façon, mon incapacité à rester fidèle en a souvent été la cause. Et parfois même avant qu’il ne se passe quoi que ce soit. Mes relations avec Clyde étaient purement professionnelles quand Lénaïck m’a fichue à la porte de chez nous. Je crois que je dois l’en remercier. Ce soir-là, j’ai débarqué chez CC pour une ou deux nuits et voilà où nous en sommes, presque cinq ans après. Je me suis découverte une fibre romantique pour faire en sorte qu’il me pardonne mon énième oubli, qui n’en est pas vraiment un ce mois-ci, et éviter qu’on se frictionne. Sa remarque me fait un peu sourire et je hausse les épaules, fataliste. « Oui mais c’est moi… J’ai commencé tôt, je te promets. » C’est vrai en plus, j’ai commencé en début d’après-midi. Enfin, il y a même quelques mois pour la confection des fleurs en origami.
Il me vole un baiser et j’aimerais pouvoir l’approfondir. J’aimerais pouvoir profiter de quelques instants à me blottir contre lui avant de devoir y retourner. Mais, si le reste de la troupe sait ce que nous sommes l’un pour l’autre et comment notre couple fonctionne, nous évitons d’être trop démonstratifs sur notre lieu de travail. Il est primordial de différencier vie privée et vie professionnelle pour éviter qu’elles ne se mélangent et que les problèmes de l’une et de l’autre se télescopent. C’est pour cela que je prends des pincettes pour le loyer et le reste. J’hésite et il le sait, je le vois à son air circonspect. Quand je suis enfin dans la loge, en plein changement de tenue, je sais qu’il me regarde de temps à autres. Il sait que j’aime plaire et me savoir regardée. C’est pour cela que j’ai autant d’aisance sur scène et notre complicité fait le reste en ce qui concerne notre show. Je passe finalement à côté de lui, pour rejoindre nos collègues féminines et je me retourne quand je sens ses doigts effleurer mes fesses. Loin de m’en offusquer, je lui adresse un clin d’œil avant de me faufiler sur scène.
Trois minutes, c’est long et court. Le public a applaudi, comme d’habitude. Ce n’est pas comme pour le spectacle des hommes, lors du nôtre les hommes ne sont pas conviés à monter sur scène. Ils doivent se contenter de nous regarder et, bien que je ne sois pas du genre farouche, je trouve que c’est bien mieux comme cela. Je salue une dernière fois dans une courbette un peu exagérée puis je file en coulisses.
Si mes amies se dirigent directement vers leur prochain déshabillage, moi je m’arrête au niveau de mon petit-ami. Je ne peux pas lui cacher mon arrangement avec Mme Lloyd, notre propriétaire. Il serait fâché d’apprendre que je lui ai caché. Il aime notre appartement et, même si je n’y suis pas attachée comme lui, je dois reconnaître que nous y sommes bien. Et ce qui est important pour lui l’est par extension pour moi. Je m’exprime enfin correctement et ose réclamer sa présence ce soir. Cela fait partie de nos règles. Nous, d’abord. « T’es beau avec ton chignon. » Je ferme les yeux quand sa main se pose dans ma nuque, l’enveloppant presque instantanément d’une douce chaleur. Mais je gâche tout en parlant du principal sujet de discorde entre nous. Il rompt le contact et je le sens se raidir. « Oui, presque. J’y ai pensé trop tard, en fait. » Je n’aurais pas dû engager la discussion sur ce sujet ici. Je n’ai pas envie que cela le préoccupe davantage et je me maudis de ma maladresse. Il dit toujours qu’il m’aime comme ça mais à force, j’ai peur que cela casse tout. « Je l’ai appelée et je me suis excusée. Elle m’a dit de venir lundi matin. » Notre propriétaire est une femme gentille. Depuis le temps, elle sait que je suis étourdie mais surtout, que je finis toujours par régler ma part. Même avec quelques jours de retard.
Je m’arrache la peau de l’index quand je suis contrainte de le laisser monter sur scène sans que nous puissions échanger plus longuement. CC n’a pas tellement la rancune tenace et je sais qu’il ne m’en voudra pas longtemps mais quand même. J’ai horreur de nous savoir fâchés. Je me prépare en vitesse pour avoir le loisir d’aller admirer la troupe masculine en plein ouvrage. Je prends quand même le temps de discuter avec les autres filles, nous rigolons et comme d’habitude, l’heure défile sans que je n’y prête attention. Si bien que, quand j’arrive au bas des marches, Clyde est déjà en train de les descendre. « Ah… Zut, j’ai tout loupé. Le public était réceptif ? » Je sais que parfois, c’est lors de ce show que CC se dégote des plans d’un soir. Des hommes et des femmes que nous voyons quelques heures avant de rentrer. C’est ainsi que nous trouvons notre équilibre. « A vrai dire, j’ai cuisiné. On pourra regarder la série qui te fera envie. Ou… » Je me tais mais mon regard glisse le long de ses pectoraux avant de revenir sur son visage. Il m’a comprise sans que je n’en dise plus, je le sais. Il est en train de se changer et je ne me prive pas pour apprécier ce que j’ai sous les yeux. Je m’en fiche que les autres regardent elles aussi, c’est toujours auprès de moi qu’il rentre.
La troupe au complet est enfin prête et nous montons sur les planches pour le dernier passage de la soirée. Trois minutes de danses endiablées, de poses lascives et suggestives, de déshabillage en règle. Un dernier salut pour le public et nous regagnons les coulisses pour un repos que nous avons tous bien mérités. Nous nous félicitons les uns et les autres, comme nous avons coutume de le faire avant d’aller prendre une douche pour nous débarrasser de la sueur et de l’huile pailletée qui nous fait étinceler sous les projecteurs. Je me savonne et mes cheveux sont à peine séchés, ramenés en une queue de cheval haute dont l’extrémité goutte sur mon tee shirt. Je reprends mon téléphone et je grimace en voyant les messages de ma mère. Je décide de l’ignorer, je n’ai pas envie que cela gâche ma soirée en amoureux. Appuyée contre le mur, j’attends que Clyde ait terminé de rassembler ses affaires lui aussi. Pour une fois, je crois que je suis pressée de rentrer.
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Clyde Creekman
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Je sais que j’ai des défauts. Principalement parfois d’être un peu à cheval sur certains points et avoir du mal à en démordre. En même temps, il faut dire que j’y tiens à cet appartement, il correspond en tout points à ce que j’aime et ce que j’attends, et je me sens bien auprès de mes plantes et sous mes poutres. Avec le temps, nous l’avons confectionné à notre image Iris et moi et ce petit cocon est véritablement devenu notre chez-nous. En aucun cas nous n’y ramenions quelqu’un pour la soirée. Les seules personnes qui entraient étaient en général nos amis en commun. Très sociables tous les deux au demeurant, nous appréciions nous y retrouver en tête à tête tous les soirs. Ainsi, il était pour moi hors de question de louper une seule échéance du loyer. S’il y avait bien quelque chose à laquelle penser, c’était à cela. Or, quand on s’appelait Iris, c’était parfois quelque chose qui passait au second plan. Pourtant, je sais qu’elle y tient autant que moi. Ces petites pertes de mémoire font partie de son charme de façon générale et puis, depuis la seule et unique grosse dispute à ce sujet, je n’ai jamais eu trop à me plaindre : elle n’a pas oublié si souvent et jamais aussi longtemps.
Et puis, Iris est sincère. Elle ne me mens pas et elle avoue ses tords assez facilement. Alors, quand elle me dit que « c’est elle » je sais très bien ce dont elle parle et j’ai un petit sourire tendre. « Oh je te crois » j’avoue avec un léger rire avant de la laisser repartir vers des contrées plus lointaines impliquant danses lascives et poses tout aussi suggestives sous la lumière des projecteurs. Souvent, lors des show, après notre propre numéro, nous ne faisons que nous croiser. Les prestations des mecs succèdent à celles des nanas et ainsi de suite, nous arrivons toujours à nous voler un baiser furtif entre deux ou trois descente d’escalier et huilage de peaux nues. Là, nous finissons par nous rejoindre à coté de la scène parce qu’elle me demande expressément de rentrer avec elle ce soir. Je me bloque d’ors et déjà mes plans, n’en déplaise à celles que je ferai monter sur les planches dans quelques minutes. Instinctivement, je passe une main par dessus ma tête lorsqu’elle évoque mon chignon. « Merci beauté, j’ai mis du temps à le faire ». J’édulcore un peu la vérité mais je sais pertinemment qu’elle en a conscience. J’adore passer du temps avec ma compagne, ce n’est pas parce que nous sommes un couple libre que nous mêmes nous voyons exclusivement pour du sexe à faire nos vies chacun de notre coté. Au contraire, nos chemins sont intrinsèquement liés. La preuve : nous payons un loyer ensemble. Je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils quand elle parle de son arrangement avec la propriétaire. Dans les faits, je me doute qu’il n’y a rien à craindre, mais quand même. Je recule d’un pas, un peu blasé sur la situation. « Iris… bon, on en reparlera après le numéro, je dois y aller là ». Le timing n’est pas parfaitement bien choisi mais je n’ai pas le choix que de remonter sur scène avec cette contrariété dans la tête.
Les minutes que durent notre show me font oublier ce petit contretemps. Je me suis rassuré en disant que ma compagne a pris les devants et qu’elle n’a pas attendu que Mme Llyod vienne lui réclamer quelque chose. Encore fallait-il simplement qu’elle n’oublie pas lundi la promesse qu’elle lui avait faite, ce dont je n’étais jamais sûr. Avec Iris, la vie était pleine de surprises parfois, et malheureusement, pas toujours bonnes. Je la recroiser au moment ou je vais me changer. Elle est toute belle avec sa tenue de final et parfois je me demande comment je peux résister à ne pas l’entrainer par une porte dérobée pour qu’on se consacre uniquement à nous l’espace de quelques instants. « Comme d’habitude oui, j’ai récupéré quelques billets d’ailleurs ». Je lui désigne les papiers qui dépassent de la poche arrière de mon jean. Ces pourboires sont toujours bienvenus. Je l’interroge ensuite pour savoir si elle a des projets pour ce soir et je me rends compte assez vite que mes pensées sur les portes dérobées ont l’air d’être partagées. Avec un sourire mutin, je viens passer une main au creux de ses reins pour la rapprocher de moi mais nous sommes dérangés par un de nos collègues qui a oublié quelque chose dans les loges alors je m’écarte rapidement. « Qu’est-ce que tu as cuisiné ? » je demande lorsqu’il passe à coté de nous en s’excusant. Puis, baissant un peu la voix : « J’apprécie beaucoup ce ou.. ». Mais comme il nous l’est justement rappelé, nous sommes sur notre lieu de travail alors après un dernier regard de connivence, je file finir de me préparer pour la suite.
Le final est ce qu’est un final réussi. La foule est particulièrement réceptive ce soir et réclame que le show continue. Il continuera bien sûr, mais Iris et moi nous en arrêtons là et laissons le reste de l’équipe prendre la relève jusqu’a la fin de la nuit. Nous quittons la scène alors que les musiques raisonnent de nouveau pour laisser la place à la fête et avec nos collègues qui quittent le club nous nous rendons dans les loges en discutant. Ma compagne a pris de l’avance sur moi parce que nous parlons de nos numéros et lorsque je rejoins enfin notre espace, elle vient de finir sa douche. Cela se voit qu’elle a hâte de rentrer à la maison car elle ne reste pas pour mater. Je me prépare ainsi vite fait pour aller la retrouver. « Tu es venue en taxi ? Heureusement que j’ai toujours un casque pour toi. Allez viens ». Après des derniers saluts, nous sortons par la porte arrière pour rejoindre la moto qui est garée dans le parking réservé aux stripteaseurs. Il y a souvent plein de voitures car beaucoup d’entre nous ne partent pas souvent sobres. Je déverrouille l’engin en passant la protection de sécurité à Iris et je m’installe moi même au volant après avoir bouclé le mien. « Pas de détour alors si j’ai bien compris ! » je lui demande de me confirmer. Et en même temps de me rassurer, car on ne sait jamais, si elle avait oublié le plat dans le four et qu’il était cramé, ou si elle avait lu autre chose pendant qu’elle faisait la recette…
J’ai des défauts, beaucoup. J’en suis consciente et je ne cherche pas à les nier. Le principal est que je suis une étourdie notoire. J’oublie tout et ce n’est pas la croix que je dessine sur ma main qui m’aide. C’est comme le Rapeltout de Neville Londubat. Je sais que j’ai zappé un truc mais je ne sais pas quoi. Alors, cela ne change pas grand-chose finalement. Mais par contre, je ne suis pas du genre à mentir. J’assume les conséquences de mes actes et de mes étourderies. Comme pour mon retard au travail de tout à l’heure, comme pour le loyer. Finalement, je n’oublie pas non plus tout les mois et Clyde a parfaitement le droit d’être fâché contre moi. Je sais combien il tient à cet appartement et je dois reconnaître que nous y sommes bien. Il n’est pas grand et un peu tarabiscoté mais c’est chez nous. Notre havre de paix, l’endroit où nous nous retrouvons et où nous permettons à personne d’extérieur à notre couple pénétrer. C’est notre bulle, pleine de plantes vertes et avec une balançoire en macramé dans laquelle j’adore m’installer. Il est façonné à notre image.
Il me croit quand je lui dis que je n’ai pas fait exprès d’arriver en retard. Je préparais la surprise et puis je me suis posée quelques secondes qui sont devenues des minutes et prise dans ma lecture j’ai oublié. Encore. J’ai dû prendre un taxi plutôt que mon vélo ou le bus pour limiter la casse et être là à temps pour notre show, à tout les deux. Les shows justement, s’enchaînent jusqu’à ce qu’il soit l’heure de celui exclusivement masculin. C’est le spectacle préféré des gentes dames de la salle et je dois dire que moi aussi, je l’aime bien. J’adore regarder C.C évoluer sur la scène, j’aime le moment où il libère son chignon pour que ses cheveux retombent dans une cascade savamment travaillée sur ses épaules huilées et pailletées. « Ce n’est pas trop vrai, ça. » Je rétorque quand il m’avoue qu’il a mis du temps à se coiffer. Puis vint le moment où je lui avoue que, effectivement, j’ai légèrement zappé le loyer. Je ne voulais pas le faire juste avant qu’il parte sur scène mais c’est comme cela que le moment est arrivé. Il se dérobe et je me mord la lèvre. « Oui… Oui bien sur. » Je le laisse m’échapper avant de filer moi aussi pour me préparer pour la clôture.
Je le choppe au vol quand il revient de scène. Je suis heureuse de travailler avec lui, c’est comme cela que nous nous rencontrés d’ailleurs mais c’est aussi terriblement frustrant. J’aimerais qu’on ait le temps entre deux spectacles de pouvoir le câliner et l’embrasser à l’envie. Nous sommes, l’un comme l’autre, extrêmement tactiles et je sais que tout aussi compliqué pour lui que cela l’est pour moi. Il me montre les billets qui dépassent de sa poche et je siffle entre mes dents. « Wooow… Cela ne m’étonne pas. Tu sais le succès que tu as auprès de la gente féminine. » Mais les autres, elles ne font que regarder. Parfois, elles touchent quelques heures. Mais elles n’ont qu’un aperçu, c’est avec moi qu’il vit. Avec moi qu’il paie un loyer. C’est à moi qu’il murmure des mots doux au creux de l’oreille quand nous sommes au lit. La main qui pose dans le bas de mon dos coupe le fil de mes pensées. Je suis subitement collée à lui et mes bras l’entourent en retour. Quelques secondes, juste avant que l’arrivée inopinée d’un collègue nous force à nous séparer. « Une tarte tomate et chèvre. Il y aura juste à la mettre au four une petite demie heure... » Mon regard suit la ligne entre ses pectoraux et je lève un sourcil. Il sait ce à quoi je compte occuper le temps de cuisson du repas. « Je sais que tu l’aimes… Toute la nuit, peut être. » J’ai un sourire en coin puis nous sommes appelés sur scène.
Quelques cinq minutes plus tard, le final est terminé. Et j’ai hâte de rentrer pour montrer à Clyde ce que j’ai préparé pour nous. Ma douche est prise vitesse grand V si bien que mes cheveux gouttent encore quand je patiente dans le couloir. Mes collègues me saluent et je leur réponds d’un signe de tête. Je m’illumine quand il arrive enfin. « Oui, j’étais trop en retard pour prendre mon vélo. » Je hausse les épaules d’un air fataliste. C’est moi, cela aussi. Mon étourderie me force à l’adaptabilité. J’attrape le casque qu’il me tend et comme nous sommes sortis du club, je me permets enfin de l’embrasser. « Tu es le meilleur, tu le sais ça ? » Je place le casque sur ma tête et je m’installe derrière lui. « Non, pas d’arrêt. Direction la maison. » La moto de Clyde file dans les rues de la ville et je me cale dans son dos. Serrée contre lui, je regarde le paysage défiler, ne me redressant que lorsque je reconnais notre rue. Il se stationne devant notre immeuble et je l’attends pour monter les escaliers qui mènent à notre chez nous. « Attends ! Ferme les yeux d’abord ! » Je suis la première à pénétrer et je le laisse un instant dans l’entrée.
Je me depéche pour allumer les bougies que j’ai placées ça et là. Je n’allume aucune lampes, je laisse les lueurs des flammes donner à l’endroit l’ambiance tamisée que je voulais. Je viens lui prendre la main pour qu’il s’avance jusque dans le salon et je plante devant lui avec mes iris en origami. L’espace d’une seconde, je me sens un peu ridicule mais tant pis, c’est trop tard pour reculer. « C’est bon, tu peux ouvrir. » Derrière moi, il y a la table que j’ai pris le soin de dresser avant de partir pour le boulot. Dans le frigo, une bouteille de vin et la tarte n’attendent plus que nous. J’espère, sincèrement, qu’il aimera la surprise que j’ai passé la journée à préparer pour lui.
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Clyde Creekman
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C’est elle, bien évidemment que c’est elle. Je l’aime pour ses défauts et ses qualités et pour ce qu’elle m’apporte dans la vie aussi : beaucoup de bonheur et de spontanéité, entre autres. Etre un couple libre ne signifie pas que nous ne sommes pas amoureux de notre partenaire. Au contraire, nous le sommes assez pour lui permettre d’aller voir ailleurs également, et pour lui accorder une pleine et totale confiance. Quand Iris me dit qu’elle a trouvé un arrangement, je le sais. Elle est maline, elle a de l’esprit, et elle trouve souvent des solutions détournées à ses problèmes. Elle même, elle sait que je paierai sa part de loyer si elle l’oublie vraiment un jour, et ce, pas uniquement parce que je tiens à mon logement. Si l’un de nous a une galère, il me semble normal que l’autre soit là pour l’aider. Je laisserai en plan mon coup d’un soir si elle m’appelait en panique parce qu’elle n’arrive pas à rentrer à la maison. Heureusement, cela n’est encore jamais arrivé.
Cela ne nous a pas empêché d’avoir des disputes. Elle se souvient de la plus grosse, celle qui a eu pour conclusion quelques mots glissés à l’oreille alors que nous étions en plein show. C’était quelque chose qui m’avait fortement irrité parce que ces mots m’avaient déstabilisé et avaient manqué de me faire rater un mouvement. Je lui en avais voulu, mais au fond, nous nous aimions vraiment et je lui avais pardonné. Si elle était arrivée plus en retard que ça aujourd’hui, j’aurai aussi été en colère et déçu de voir qu’elle pouvait oublier quelque chose d’aussi important que notre prestation en duo. Le principal est qu’elle soit là et que nous ayons assuré tous les deux. Même quand je danse en compagnie de mes collègues et que nous faisons monter des femmes sur scène, je me remémore les passages de notre spectacle passés les yeux dans les yeux. C’est quelque chose de sensuel mais qui n’éveille heureusement aucune réaction physique en moi sinon ma partenaire ponctuelle aurait vite fait de croire que je m’emballais pour ses beaux yeux. Et ce soir, ce n’est pas possible, puisque j’ai promis à Iris de rentrer avec elle.
D’ailleurs, quand je la retrouve, je lui montre les billets que j’ai récolté qui vont nous permettre de mettre du beurre dans les épinards. Je ne vais pas me plaindre, nous sommes plutôt bien payés par le gérant, mais les pourboires sont aussi là pour compléter un salaire qui ne suffit pas toujours vu l’augmentation des prix. Ma copine est impressionnée, mais je pense qu’elle a déjà fait plus lors d’une prestation. Il est bien connu que les shows féminins sont bien plus prisés que les nôtres et bien plus regardés. « Un succès de 20$, j’ai encore de la marge » je réponds après avoir compté et remis les billets dans ma poche. Je marche avec elle jusqu’a l’escalier qui mène aux loges et elle titille ma curiosité une nouvelle fois. Ses taquineries m’intriguent, je crois que j’aimerai passer tout de suite le final et qu’il soit l’heure du départ pour gouter à la fois la délicieuse tarte aux tomates et au chèvre, mais aussi à d’autres senteurs plus alléchantes. « Tu sais que ça me donne très faim, ce que tu dis ? ». Je tripote distraitement son costume de scène sans toutefois aller plus loin. Les sous-entendus suffisent à eux-mêmes. « Toute la nuit ce serait… parfait » je conclue d’une caresse avant de me décaler à contre-coeur pour aller me préparer afin de ne pas être en retard au prochain numéro.
Tout se passe pour le mieux jusqu’à la fin. Je rejoins rapidement Iris après un aller-retour en loges ou je récupère mes affaires, y compris les casques de moto. Comme je m’y attendais, cette dernière n’a pas garé de moyen de transport, quel qu’il soit, sur le parking, si bien que je lui tend son bien. Ce dernier est parfaitement ajusté à sa tête. Je prends très rarement des passagères, mais j’essaie toujours de régler le casque aux dimensions de ma petite-amie. C’est une petite attention qui ne me demande pas beaucoup de temps et qui montre que je prête attention à ce qu’elle soit bien avec moi. Avant qu’elle ne l’enfile, nous nous embrassons, et je la laisse prendre appui sur moi pour enjamber l’engin. Je suis toujours agréablement surpris de la forme de ces sièges qui nous permettent d’être collés l’un à l’autre. « Je le sais ma belle, je le sais. Allez, go, accroche-toi ! ». Pas besoin de le préciser, Iris a déjà les bras enroulés autour de ma taille alors j’accélère pour m’engager sur la voie et filer jusqu’a notre appartement. Le trajet est court et lorsque nous arrivons, elle prend un peu d’avance le temps que je gare le véhicule et que je l’attache. Arrivés devant notre porte, je veux entrer mais elle m’en empêche. « Que je… quoi ? ». Je suis étonné de sa demande mais après une moue suspicieuse, je me laisse prendre au jeu. « Qu’est-ce que tu fais ? » j’interroge alors qu’elle est entrée à l’intérieur et qu’elle me laisse poireauter comme ça. Cela prend quelques minutes ou je piétine sur le paillasson sans l’entendre faire quoi que ce soit avant qu’elle me permette enfin de rentrer dans l’appartement.
Elle m’oblige de nouveau à patienter au milieu de la pièce et je l’entends uniquement refermer la porte d’entrée. Je sens les odeurs de tomate et de chèvre émaner de la cuisine, et je trouve qu’il fait étonnamment bon dans la pièce. Quand elle m’autorise enfin à ouvrir les yeux, je papillonne un peu pour faire face à la semi-obscurité. Je pivote d’un quart de tour pour admirer la fameuse surprise. Il y a des bougies et une table dressée à la perfection. Je savais qu’Iris avait une âme romantique, mais de là à faire une telle mise en scène, j’en reste scotchée. Je me retourne vers elle pour l’observer, de l’amour plein les yeux. « C’est… wow, j’adore ! » je dis alors qu’un grand sourire barre mon visage. Elle tient quelque chose dans les mains et… Qu’est-ce que c’est ? Des papiers pliés, ça je vois, et je parie que c’est sensé représenter quelque chose mais… « Merci. C’est toi qui a fait ça ? » je demande en tendant la main pour prendre le bouquet. Certainement oui. Iris n’est pas la plus malhabile de ses mains, mais je connais son peu de patience. « Tu me montres ce que tu as préparé d’autre ? ». Je me penche vers elle pour lui faire un baiser sur les lèvres. Je suis vraiment content et fier de ce qu’elle a pris le temps de réaliser, et sans doute que je pourrai lui accorder que ça valait bien le coup d’être arrivé cinq minutes en retard à la représentation.
C’est vrai, il m’est déjà arrivé de me retrouver avec des billets coincés dans l’élastique de mes bas. Certains spectateurs sont très généreux et j’ai déjà réussi à me faire des pourboires vraiment intéressant. Ce n’est pas pour les extras que j’aime mon job, cela dit. En plus, je n’ai pas besoin d’argent. Clyde et moi gagnons bien notre vie et, en plus de notre salaire, je reçois une coquette somme de la part de mes parents. Ceux ci ont encore l’espoir que je rentre à Sainte Hyacinthe, laissant cette vie que j’aime tant derrière moi. Ils n’ont encore pas compris. J’aime mon quotidien, j’aime mon petit ami et ce n’est pas les garçons qu’ils invitent par hasard quand je suis là qui changeront quelque chose. Au contraire, leurs caractères insipides ne font que renforcer les sentiments que j’ai pour C.C. Ces mecs ne lui arrivent pas à la cheville. Pourtant, je pourrais m’envoyer en l’air avec l’un d’eux, Clyde n’y verrait rien à redire. D’ailleurs, quand je pars pour ma semaine diplomatique annuelle chez mes parents, je ne me prive pas pour sortir et draguer. C’est ainsi qu’est notre couple et nous nous faisons suffisamment confiance pour nous permettre de papillonner ailleurs.
Nous nous taquinons sur le programme de la soirée. Les sous-entendus fusent et sont suffisamment éloquents. Clyde dit avoir faim et je sais qu’il ne parle pas que de la tarte. Un sourire en coin éclaire mon visage tandis qu’une lueur coquine passe dans le brun de mes yeux. « Le dessert est à volonté. » Ses doigts sur mon costume m’hypnotisent et je me demande comment nous parvenons à résister à l’envie de nous enfermer dans le vestiaire. Nous sommes sur notre lieu de travail et nous l’aimons beaucoup, je pense que c’est la raison première qui nous retient. « Parfait, rien que ça... » J’ai un mouvement pour aller l’embrasser et je me rappelle où nous sommes et ce qu’il nous reste à faire. Alors je me recule, direction la scène. Puis ensuite la douche et enfin, nous sortons. La nuit est déjà presque entamée et j’ai hâte de rentrer.
Clyde me tend son second casque. Je n’ai pas à l’ajuster parce que je sais qu’il est à ma taille. Cela fait partie des privilèges que j’ai à être sa petite amie. La plupart du temps, je suis traitée comme une princesse. Il fait attention à moi, il a toujours des petits gestes ou des petits mots tendres. Je l’embrasse enfin avant d’enfourcher sa moto et de me laisser conduire à notre appartement. Le trajet n’est pas long mais j’en profite pour me serrer contre lui, la joue contre son dos. Je lui laisse le temps d’attacher convenablement sa moto au pied de notre immeuble avant d’ouvrir la marche et de grimper dans les étages. Il me prends l’envie de mener la surprise jusqu’au bout du concept et je lui demande de fermer les yeux. « Ferme les yeux, bébé. S’il te plait. » Je répète. Ma voix est tendre, douce, et j’attends qu’il s’exécute avant d’entrer chez nous. Je l’entend qui s’impatiente sur le paillasson et je me dépêche, sans éviter de me cogner au passage dans un meuble. Je peste un peu mais les bougies finissent par s’allumer les unes après les autres. « Je met la touche finale. » Je finis par répondre avant de lui permettre d’entrer.
Il ouvre les yeux et je sens le stress m’envahir. Nous ne sommes pas romantiques d’habitude, ni l’un ni l’autre. Enfin moi un peu plus. Mais jamais, en cinq ans, je ne lui avais préparé une telle surprise. Il pivote sur lui même et les quelques secondes durant lesquelles il est muet me paraissent une éternité. Et je soupire longuement quand, enfin, il ouvre la bouche. « Pour de vrai ? Tu adores ? » Je trépigne comme une enfant le soir de Noël. Je le laisse me prendre le bouquet des mains, j’y ai passé du temps sur ses satanées fleurs en origami. « Oui. C’est moi. Les fleurs étaient pour ton anniversaire normalement, mais tu connais ma patience... » A l’origine, le bouquet était plus étoffé que ça et plus fourni. Mais je n’ai pas eu la concentration nécessaire pour mener à bien mon projet. « Ce sont des iris. Comme celle que tu as sur l’épaule. » C’est à cet instant qu’il se penche pour m’embrasser et j’en profite pour l’attraper par le cou et prolonger le contact de nos lèvres. Je me recule un peu pour partager un regard avec lui, avec un sourire qui en dit long sur tout ce qu’il est pour moi. Mon ami, mon amour, mon amant. Il est tout cela Clyde, et même bien plus encore. « Bien sur. » Je glisse ma main dans la sienne et je l’entraîne vers la cuisine. « Il y a la tarte à la tomate dans le four, que nous pourrons déguster avec un verre de vin. » Je désigne la bouteille qui n’attend qu’à être débouchée sur le plan de travail.
Puis je l’entraîne dans la mezzanine qui nous serre de chambre. A chaque marche une bougie. Sur notre fauteuil, il y a la nuisette que je compte porter cette nuit. Noire, un peu transparente, avec un string assorti. Parfaite pour une soirée entre amoureux dans l’intimité de notre logement, simplement éclairé à la bougie. « La chambre, avec la tenue que je te réserve quand viendra l’heure de monter nous coucher. Pour dormir, bien entendu. » Je le taquine encore, embrassant une nouvelle fois ses lèvres avant que nous descendions de nouveau. Je me dirige vers notre cuisine où je nous serre un verre à chacun. « A nous ! » Et je le lève en sa direction avant d’y plonger mes lèvres, gratifiant le tout d'un clin d'oeil complice.
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Clyde Creekman
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Bercé par les mots prononcés par Iris dans les coulisses, je conduis avec un sourire béat dans les rues de la ville, appréciant d’ailleurs la présence de son corps derrière moi qui n’est pas d’ailleurs sans me faire aucun effet. Combiné à l’ivresse de la vitesse donnée par l’engin, j’ai l’impression d’être un surhomme à qui rien de mal ne peut arriver. J’ai une petite-amie formidable, un boulot satisfaisant, une vie sociable bien remplie et libre de beaucoup d’obligations, et un solide appareil entre les cuisses acheté à la sueur de mon front après plusieurs années au Starlight. Je ne demande pas grand chose de plus. Même l’absence de mes parents ne jette pas d’ombre particulière sur la petite vie que je me suis crée. Lorsque nous sommes arrivés, ma partenaire descend en premier puis libère sa longue chevelure du casque de moto, et j’en fais plus ou moins de même. J’ai la chance de pouvoir encore monter les étages les yeux ouverts, car ce n’est que devant la porte qu’elle m’oblige à les fermer. Pour la taquiner, je le lui fais répéter en prenant un air surpris avant de m’exécuter de bonne grâce. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle prenne autant de temps en me laissant planté sur le pallier au su et à la vue de n’importe quel voisin décidant pile à ce moment là de descendre les poubelles. « Je vais ouvrir ! » je plaisante pour la faire accélérer. Pour autant, je joue le jeu, et n’essaie pas d’entr’ouvrir les paupières, laissant le mystère être entier.
Je lâche une exclamation enchanté quand je constate tout le travail qu’elle a accompli dans l’appartement pour lui donner une apparence feutrée et romantique. Elle a fait ça après que je sois parti après déjeuner, et je comprends à présent qu’elle n’a pas dû passer toute sa journée à dormir dans le canapé ou à regarder des émissions de cuisine healthy à la télé. « Bien sûr, j’adore » je confirme quand elle me pose la question. Je prends le bouquet pour regarder les petites fleurs en papier plié. J’ai dû mal à y reconnaitre des Iris, du moins, jusqu’a ce qu’elle me le dise, mais une fois que c’est fait, j’arrive en effet à reconnaitre plus ou moins les détails des bourgeons, et cela m’impressionne d’autant plus. « Justement, je la connais, et ça a du te prendre un temps fou pour faire tout ça ! Vraiment, tu me gâtes » Cela m’émeut presque et nous échangeons un baiser à la hauteur de l’affection que nous nous portons l’un à l’autre. « L’avantage, c’est qu’il n’y a pas besoin de vase ». Je suis plus plantes en pots que fleurs, nous devons avoir des pots un peu partout dans la maison, et cela m’évite donc d’aller chercher un récipient pour y glisser le bouquet. Par contre, il faudrait trouver un emplacement pour le mettre, mais cela pourrait attendre. Je met également de coté mon envie de remercier Iris comme il se doit pour lui demander de me montrer le reste. Cela serait en effet dommage de faire brûler la tarte qu’elle a pris le temps de faire par exemple.
D’abord dans la cuisine, elle me montre le plat qui demeure toujours dans le four. « Il faut peut-être la faire chauffer non ? » j’interroge, parce que cela fait plus de deux heures que la tarte doit être là-dedans sans tourner. Loin de cette préoccupation pratique, Iris est déja en train de m’entrainer à l’étage. Elle a pris le temps d’allumer une dizaine de bougies, mais ce n’est pas ça sur quoi je m’attarde. Plutôt sur le vêtement posé sur le lit tiré à quatre épingles. « Oh, je crois que j’ai compris pourquoi tu n’as pas mis l’appareil en route dans la cuisine » je taquine de même avant que nos deux corps se rapprochent. Il ne suffit que d’un mouvement pour nous faire basculer tout deux sur les draps, mais cela priverait ma petite-amie d’enfiler sa jolie nuisette et moi du plaisir de la contempler là-dedans. Raisonnables, nous redescendons, et je peux d’ailleurs avouer que toutes ses surprises m’ont vraiment donné faim, et pas que de son corps finalement. « A nous et à notre amour » je complète avant de boire mon vin également. Je la laisse s’occuper de la touche finale pour admirer la table qu’elle a dressé. Les jolis couverts sont sortis, il y a là aussi une belle chandelle qui brule doucement. « Tu veux peux-être que j’aille me changer ? » je demande, car après tout, je suis habillé dans une tenue certes confortable, mais qui n’a rien de particulièrement classe eu égard aux efforts qu’elle a fourni pour décorer notre appartement. Je finis par m’assoir sur une des deux chaises pour la regarder finir, sans l’interrompre. Lorsque la tarte est déposée sur la table, encore fumante, je lui propose de la découper. « Ca a l’air très bon en tout cas. Félicitations ». Je lui adresse un regard amoureux avant de nous servir tous les deux généreusement. Il fallait prendre des forces, pour profiter du reste de la soirée.
Je ne suis pas mécontente d’être rentrée mais je sais que j’ai encore pas mal de choses de dernière minute à préparer et je ne veux pas que la surprise soit gâchée. Pourtant, je ne pouvais pas allumer les bougies et les laisser brûler sans surveillance dans l’appartement. Alors, je demande à mon petit-ami de rester sur le paillasson, yeux fermés. Il trépigne et me menace d’entrer alors je me dépêche, si bien que je me cogne, dans toute ma maladresse. Enfin, la dizaine de bougies disséminée un peu partout chez nous est allumée et me revoilà auprès de lui, saisissant ses mains pour le forcer à avancer. Nous ne sommes pas romantiques, ni lui ni moi. Mais aujourd’hui, j’avais envie. Il est important de dire aux gens qu’on aime qu’on les aime et c’est cela que veulent dire les flammes qui dansent au dessus des bougies. Et la tarte à la tomate et les bouquets d’iris en origami. Je vois sa mine circonspecte à la découverte des fleurs si bien que je me sens obligée de préciser. « J’ai usé de toute la patience que j’avais, je te jure. Mais c’était pour toi alors je me suis concentrée et voilà. » Je suis heureuse d’avoir fait ça pour lui. Mes parents, en particulier ma mère, n’approuvent pas mon choix de vie. Et ils n’apprécient pas Clyde. Ils font exprès de parler en français les rares fois où il m’accompagne à Sainte Hyacinthe. Moi, je m’en fiche. J’aime ma vie, j’aime CC et pour rien au monde je n’en changerai.
Nous continuons la visite de l’appartement et surtout, la découverte de ma surprise. D’abord la cuisine et la tarte à la tomate que je m’empresse de mettre dans le four pour qu’elle cuise. Puis dans la chambre, où j’espère que nous passerons le plus clair de la soirée. J’ai mis les petits plats dans les grands, j’ai sorti une nuisette que je compte enfiler une fois que nous aurons dîner et qu’il sera temps de rejoindre notre lit. Clyde m’attire à lui, me taquinant sur le fait que je n’ai pas mis le repas à chauffer plus tôt. Il ne faudrait qu’un tout, tout, petit rien pour que je l’entraîne avec moi sur le lit. Un pas en arrière, je bute et je me retrouve allongée sous lui. Mais on sait tout les deux comment cela finirait et comment le temps s’allonge quand nous nous retrouvons sous la couette. C’est un coup à tout faire brûler. « Comment as-tu deviné mon plan ultra secret ? » Pour une fois, nous sommes raisonnables et nous redescendons avant de ne plus l’être. J’ai préparé tout ceci et j’espère que nous allons en profiter un peu avant de nous couper du monde dans la mezzanine qui nous sert de chambre.
Une fois de retour dans la cuisine, je sers le vin et je lève un toast à nous. Clyde aussi, ajoutant qu’il lève aussi son verre à notre amour et je ne peux m’empêcher de pencher la tête, attendrie. Peu importe qu’il aille voir ailleurs de temps en temps, peu importe que je le fasse aussi. Les autres ne comptent pas, ils ne sont qu’une distraction mais nous avons tout deux besoin que nous plaisons encore. Nous nous aimons, je sais que si je l’appelle il revient, peu importe où et avec qui il se trouve. Il en est de même pour moi. Peu importe ce que je fais, et avec qui je le fais, s’il a besoin de moi je suis là. La question qu’il me pose me surprend un peu. Je regarde ma propre tenue. Je ne suis pas mieux, ni moins bien, habillée que lui. « Heu… Non, non. Tu es bien comme ça. » Et puis, je finirai par les lui enlever, ses vêtements quoi qu’il porte. Et je n’ai pas envie de perdre du temps avec ça. C’est nous le plus important, pas ce que nous avons sur le dos. Nous pourrions tout aussi bien manger nus que ça me serait égal. Quoi que non, j’aurais énormément de mal à me concentrer sur ma tarte avec son torse sous le nez. Une fois la tarte cuite, je la sors du four et il s’occupe de la découpe. « C’est une recette que j’ai trouvé sur internet, j’espère qu’elle l’est. » Je grimace et m’assois à mon tour. « Bon appétit ! » Je croque avec enthousiasme dans mon bout et je dois avouer que oui, c’est plutôt bon.
Rapidement, mon téléphone abandonné dans mon manteau se met à sonner. Je reconnais la sonnerie, c’est celle que j’ai attribuée à ma mère. C’est plus facile quand je dois filtrer ses appels, comme tout de suite, par exemple. Je me lève en soupirant et je vais éteindre l’appareil, pour ne plus être dérangée durant ma soirée en amoureux avec Clyde. « Maman me harcèle pour que j’aille à l’enterrement de vie de jeune fille de la nana d’Honoré. » J’explique brièvement. Je n’en dirai pas plus, je n’ai pas envie que nous parlions de cela ce soir. Nous terminons notre repas. Je ne me resserre pas parce que j’ai le sentiment d’avoir suffisamment mangé. Je débarrasse mon assiette et je reviens auprès de mon petit ami. Je reste debout à côté de lui, une main posée sur son épaule, les doigts qui caressent doucement l’arête de son cou. « Moi, j’ai terminé. Alors je vais monter et enfiler quelque chose de plus… De moins habillé. » Je me penche pour l’embrasser sagement sur la joue avant de disparaître dans l’escalier, lui jetant un dernier regard plus qu’équivoque.
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Clyde Creekman
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Elle a pris du temps pour moi et forcément, cela me fait chaud au coeur. Notre relation n’est peut être pas acceptée par tout le monde, à commencer ma belle famille, mais je sais que Iris et moi sommes faits pour être ensemble. Nous avons la même vision de la vie, et nos caractères se complètent d’une bonne façon. Je ne dis pas que la recette pour qu’un couple marche se fait forcément au prix d’une liberté, mais c’est connaitre les défauts de l’autre et ne jamais l’obliger à faire des efforts, pour accepter ces derniers lorsqu’ils viennent spontanément. La preuve qu’Iris sait faire preuve de patience quand l’effort en vaut la peine. Quant à moi, je pourrais me montrer moins strict pour le paiement du loyer puisqu’elle arrive à trouver des solutions pour y penser. Je suis sincèrement heureux du cadeau qu’elle me fait et je la remercie en l’embrassant tendrement. Sa seule présence suffirait à faire mon bonheur, mais je ne suis pas contre d’être un peu gâté parfois. Je trouve d’ailleurs que ma petite amie a le coeur sur la main.
En route pour me montrer toutes les surprises qu’elle a préparé pour un jour qui sonnait pourtant sans particularité sur le calendrier, nous montons à l’étage ou je peux m’apercevoir qu’elle a vraiment prévu de sortir le grand jeu pour ce soir. Cela réveille instantanément une flamme en moi et je serai partant pour l’attiser dès maintenant, mais la raison l’emporte et nous finissons par redescendre. « Peut-être parce que je te connais par coeur ? » je lui souffle au milieu des marches en passant une main le long de son dos. La bouteille débouchée et nos deux verres servis, nous entrechoquons ces derniers avant qu’elle ne mette la touche finale au repas. A peine sortie du four, la tarte embaume la cuisine et me donne véritablement faim et je suis bien content d’avoir déjà préparé la table. Puisqu’Iris ne souhaite pas particulièrement que j’aille me changer, je me contente donc de mes habits enfilés au vestiaire. « Bon appétit » je réponds avec un sourire en attaquant le diner. C’est plutôt une réussite je dois dire, comme le reste de la surprise.
Si le téléphone perturbe un instant nos échanges, elle ne le décroche cependant pas et c’est tant mieux. Je n’ai rien contre ses parents, mais eux ont vraisemblablement une graine contre moi, et ce n’est pas bien difficile de comprendre pourquoi. Pourtant, ce n’est pas moi qui ai incité Iris à devenir strip-teaseuse. Non seulement je n’étais pas certain d’en avoir ce pouvoir mais en plus, je ne serai pas ce genre d’homme a refuser que sa compagne face le travail qu’il lui plait. Si je l’étais d’ailleurs, j’aurai surement refusé depuis longtemps à Iris de rentrer dans ce milieu là. Quant à son frère, nous n’avons pas plus d’interactions que cela. Il me semble presque évident de ne pas avoir été invité à son mariage. « Et alors, tu as envie d’y aller ? » l’interrogeais-je à propos de ce fameux enterrement de vie de jeune fille. J’en avais fait, au cours de ma carrière, des événements comme ceux là mais va savoir pourquoi, je me doutais que celui de sa belle-soeur ne nécessiterait aucun danseur nu ou costumé comme les forces de l’ordre. Plutôt quelque chose de très mondain et de distingué, à base de journée au spa avec un joli petit restaurant. Ma foi, si cela plaisait à Iris, je n’avais pas mon mot à dire. Toutefois, comme je la vois retirer précipitamment son assiette, je ne m’attends pas à une réponse très développée sur la question, et lorsqu’elle revient pour me caresser l’épaule, j’en oublie complètement la nana d’Honoré. « Tu as raison, je te trouvais un peu trop couverte » je plaisante d’une voix fiévreuse en la suivant du regard jusqu’a l’escalier.
J’essaie de me maintenir dans la cuisine le temps de débarrasser la table, mais un fourmillement me chatouille tout le corps, alors que je jette régulièrement un oeil vers les marches. Il faut que je la laisse revêtir ce joli ensemble avant de monter et quelque chose me dit qu’elle n’a pas pris le temps de bien plier les vêtements qu’elle a du quitter. Si bien que, ni tenant plus, je m’approche. « Prête ou pas prête, je vais monter » je l’informe avant de monter une à une les marches qui mènent à la mezzanine. En passant, je repousse le rideau qui délimite le coin chambre d’avec le salon, et voilà la pièce plongée dans une lumière tamisée. Iris me fait face, mais je ne cherche pas vraiment à la contempler. Je suis habitué à la voir dans des tenues plus sexy les unes que les autres, mais je sais que la meilleure, c’est lorsqu’elle ne porte plus rien. Aussi, je suis rapidement à coté d’elle, prêt à profiter de la deuxième partie de la soirée qui me réserve, je pense, autant de surprises que la première.
Je me laisse attirer à lui sans rechigner, même avec grand plaisir. Bien vite, je me retrouve collée au torse de Clyde et je dois avouer que cela fait naître une sensation de chaleur dans le bas de mes reins. Il ne faudrait pas grand-chose, la moitié d’un rien, pour que je cède à la tentation de l’attirer avec moi sur le lit. Mais cela voudrait dire que j’ai tout préparé pour rien. Si c’est uniquement pour que nous nous ébattions, je n’avais pas besoin de faire tant de flonflons. Un simple regard équivoque et il aurait compris. Je voulais que cette soirée soit un peu spéciale, bien que nous n’ayons rien à fêter. Juste un moment à nous deux pour lui dire, lui rappeler, combien je l’aime et combien il compte pour moi. Ma vie sans lui ne serait plus la même. Je ne serai plus la même. Il a raison dans ce qu’il dit, lorsque nous redescendons les marches avant de nous laisser aller. Il me connaît par coeur. Il est probablement la personne qui me connaît le mieux. Mieux que mes parents qui n’ont jamais su comment je fonctionnais et qui n’ont jamais cherché à comprendre, quoi qu’il en soit. Sa main qui longe mon dos me fait frissonner et je me retourne, répondant à sa remarque par un sourire en coin.
Nous passons rapidement à table, tout est déjà prêt. La tarte n’a pas mis bien longtemps à cuire et c’est très bien comme cela. J’ai faim et surtout, je n’ai pas envie de m’éterniser dans la cuisine. Il me tarde d’aller m’isoler avec lui dans notre coin chambre, coupés du monde par l’imposant rideau occultant que nous avons installé en haut des marches. Notre couple n’est pas conventionnel, nous couchons avec d’autres et nous nous faisons assez confiance pour cela fonctionne de cette manière. Mais par moment, je ressens le besoin de passer du temps avec lui, de le retrouver et simplement de profiter de sa présence à mes côtés. Clyde n’est pas responsable de mes choix de vie et avant lui, je n’étais pas fichue d’être fidèle à mes petits-amis. Je me lasse vite, je m’attache et je me détache à une vitesse folle. Lorsqu’il est entré dans ma vie, j’ai rapidement compris qu’il serait mon ancrage et il me fallait trouver une solution pour ne pas que mon infidélité patentée gâche tout. Nous fonctionnons bien, nous nous aimons et nous nous ferons toujours passer en premiers. Et n’en déplaise à ma mère qui essaie de me caser avec des fils à papa montréalais à chacune de mes visites, Clyde va faire partie de ma vie pour un bon moment. Cela fait déjà cinq ans que cela dure entre nous.
Je pense à ma mère et voilà qu’elle me rappelle, encore. Elle va s’impatienter mais je ne rappellerai que demain. Aujourd’hui, je n’ai pas le temps. Aujourd’hui, je n’ai pas envie. Elle va encore me dire combien le mariage d’Honoré va être parfait et que je dois absolument être là pour l’enterrement de vie de jeune fille de sa femme. J’éteins mon téléphone avant de le laisser retomber dans mon sac, expliquant à mon petit ami la raison de son appel. « Non. Je n’ai pas envie. Elle va s’en servir comme d’un prétexte pour me trouver un cavalier alors que j’en ai déjà un. » Je le regarde en disant cela, d’un air entendu. Il sera mon +1 que cela plaise ou non. Je lui apprendrai quelques mots de français parce qu’ils feront exprès de ne pas parler anglais, je le sais. Je n’ai pas envie non plus de parler de cela maintenant. Ce soir, c’est lui et moi. Plus personne ne doit interférer dans notre soirée. Je termine vitesse grand V ma part de tarte et je débarrasse mon assiette. Je lui annonce ce que je compte faire maintenant et il me répond de ce ton que j’aime tant. Je sais ce qu’il y a derrière. Je sais ce qu’il va se passer après. Je fais semblant de ne pas avoir entendu alors que mes lèvres s’ourlent d’un sourire entendu.
Je m’isole dans la chambre. Le rideau coupe presque le son venant de la cuisine mais je l’entend débarrasser. Clyde est maniaque et cela tombe bien, avec une bordélique comme moi. Je me défait de mes habits que je plie plus ou moins bien sur la chaise située prêt de mon lit et j’enfile la tenue préparée pour l’occasion. J’ajuste le bustier de la nuisette quand il annonce monter, que je sois prête ou non. Et quand il apparaît en haut des marches, je me retourne pour lui faire face. Si sa tenue ne me dérangeait pas pour le repas, je la trouve soudainement de trop. C’est moi qui réduit la distance entre nous, enroulant mes bras autour de son cou. « Il manque un peu de musique, on aurait pu danser un slow. » Ma voix a baissé d’un octave, comme si quelqu’un en bas pouvait nous entendre. La tête un peu penchée, je l’observe. Dans les moments là, je repars cinq ans en arrière, quand j’ai débarqué chez lui pour squatter le côté libre de son clic clac. Je ne savais pas encore ce jour là que ce serait la meilleure décision de toute ma vie. « Ton pull est devenu superflu, tu ne pense pas ? » Lentement, mes doigts glissent le long de ses flancs pour se faufiler dessous et le faire passer par dessus sa tête. Je suis obligée de me mettre sur la pointe des pieds parce qu’il est bien plus grand. Je prends mon temps, nous avons toute la nuit et même un bout du matin, pour profiter l’un de l’autre.