Cette semaine avait été terrible. Je travaille avec des branques, vous n’avez pas idée à quel point cela est éreintant. Si vous saviez le nombre de fois où j’avais eu envie d’en attraper un pour taper sur l’autre. Parker là, qui pensait qu’il était subtile à essayer de flirter avec moi. Il n’était pas méchant, mais je ne pouvais pas supporter son attitude condescendante. Certes, je faisais exprès de demander de l’aide à mes collègues pour certains soucis informatiques et il était un des rares à accepter de prendre du temps pour me venir en aide. Mais il n’avait de cesse de me mansplainer là. Je vous assure qu’un jour, je lui ferai bouffer mon clavier. Ah ! Puis je ne vous parle pas des autres qui se foutaient de la gueule dans mon dos avec leur haleine de porc. Apprend à te brosser les dents Roger avant de te plaindre de ma manucure.

Je n’avais rien à faire des haters, la plupart de mes collègues étaient des ploucs sans intérêt. Cependant, toutes ces énergies négatives et surtout tout le travail qu’on m’avait donné cette semaine m'avait empêché d’avancer sans ma fiction comme je l’aurais souhaité. Encore obligé de faire un énième post d’excuse sur mon blog pour prévenir mes lecteurs que le chapitre de la semaine aurait encore du retard. J’aurais pu profiter de mon week end pour le faire, mais j’avais surtout besoin de me changer les idées. D’oublier ce monde de flics et de donuts premier prix pour retrouver un peu de mon luxe. J’avais donc proposé à Astoria de sortir. Il n’y avait rien que le shopping ne puisse soigner, si vous voulez mon avis.

Assise au volant de ma Toyota GT86 rose, j’envoyais un message à Astoria pour la prévenir que j’étais en bas de chez elle. En attendant, je fis un tour sur instagram pour lire quelques commentaires sur la photo de mon chat postée ce matin. Définitivement, Pacha avait la côte et faisait l’unanimité. De toute façon, je n’avais aucune pitié à supprimer les commentaires négatifs. Il n’y avait pas la place pour ces derniers sur mon insta. J’entendis alors qu’on ouvrait la portière passager. J’adress ai mon plus beau sourire à Astoria.

- Astoria ! Ma chérie ! Salut ! Comment tu vas !?

Je me penchai pour la prendre dans mes bras avant de me redresser, attendre qu’elle s’attache et mettre le contact.

- Tes cheveux sont magnifiques aujourd’hui ! Qu’est-ce que tu leur à fait ? Tu es rayonnante, ma vie !

J’adorai Astoria, même si elle pouvait être agaçante à être aussi belle en faisant si peu d’effort. Mais justement c’était un plaisir de faire les magasins avec elle, là dessus nous étions sur la même longueur d’onde et vous pouviez être sûr que la journée se finirai autour d’un thé à se raconter les ragots de la semaine. Et j’avais tellement de choses à lui dire ! Mais d’abord direction le centre commercial de Fall River ! Il ne valait clairement pas les Galleries Lafayettes et manquait de boutiques de luxes à mon goût, mais il fallait faire avec. Nous n’avions guère le temps d’aller se faire un aller-retour jusqu’à Boston en une après-midi. Ce n’était pas impossible, mais au final nous passions plus de temps en voiture que dans les magasins. Puis on rentrait à pas d’heure et il était hors de question que je décale ma night routine.

La vie à Fall River serait invroyablement terne et sans saveur s’il n’existait pas des personnes comme Astoria pour me tenir compagnie. La brunette rayonnait aujourd’hui. Impossible de ne pas sourire en sa compagnie et je vous assure que ce n’était pas un de ces faux sourires que j’offrais à mes collègues au poste. Peut-être que j’en faisais un peu trop, mais rien ne me ravissait plus qu’une journée shopping en bonne compagnie. Je serrai volontiers Astoria, ma petite étoile, dans mes bras. J’avais baissé le son de l’autoradio, enfin de spotify branché en bluetooth sur l’autoradio de la voiture. Il y avait des chances pour que je remette la musique plus fort dans quelques minutes, sans me soucier que mon amie l’apprécie ou pas. Tout le monde aime la pop, non ? C’est bien pour ça que ça s’appelle comme ça.

- Ça va bien ! Et ça ira encore mieux une fois qu’on sera au centre commercial !

Astoria se doutait bien pourquoi j’étais aussi enthousiaste. Et il fallait que je sache ce qu’elle avait fait avec ses cheveux avant de partir. C’était de la plus haute importance, oui, oui. Même si connaissant mon amie, elle allait encore me faire râler. Est-ce que j’étais jalouse ? Non, bien sûr que non, ce n’est pas mon genre. Mais ça ne m’empêchait pas de me plaindre qu’elle fasse partie de ces personnes qui n’avaient pas à faire beaucoup d’effort pour briller autant.

- C’est tout ? Olalah, ma Petite Etoile, tu ne cesseras donc jamais de briller, hein ? T’as vraiment de la chance, j’espère que tu t’en rends compte !

Je mis alors le contact, non sans gratifier d’un énième sourire mon amie alors qu’elle me complimente. Je rejette mes cheveux en arrière, flattée.

- Merci ma chérie ! Je suis contente que tu relèves ! Et je vois ça ! Cette couleur te va bien aussi !

Le rose est la meilleure des couleurs. Vous ne m’enlèverai jamais cette idée. Puis, je ne voulais pas être trop condescendante envers une de mes rares amies de cette ville. Mais toutes mes tenues allaient bien avec ma voiture. Pour la simple et bonne raison qu’il était hors de question qu’on doive plisser les yeux en me voyant en sortir. Puis j’avais une palette de couleur que j’aimais respecter, un peu comme ma marque de fabrique. Il n’y a bien que quand je sortais pour quelques rares missions avec les Iotas que je faisais des exceptions. Il faut bien savoir passer inaperçu par moment. Imaginez, un abonné qui me reconnaît alors que je déambule du côté de Lewinston Street. Non. Ça ne peut pas arriver. Jamais.

Apparemment tout le monde avait décidé d’aller au centre commercial aujourd’hui. Cette idée me fit soupirer le temps de trouver une place sur le parking. Je n’aimais pas tourner comme ça et la moitié des ploucs qui ne savaient pas se garer là. Comment a-t-on pu leur donner le permis ? Après, le monde présent dans le centre ne me dérangeait pas plus que ça. J’aimais bien l’attention. J’aimais qu’on me voit, que les regards s’arrêtent sur nous et nous jalousent. J’avançais, ma Petite Etoile au bras, tout sourire, en faisant mine de ne pas prêter attention au monde qui nous entoure. Alors qu’on ne va pas se le cacher. Je vis pour que la lumière des projecteurs soit braquée sur moi.

- C’est possible, il faut dire, c’est le week-end ! Tout le monde en profite pour sortir, on sera plus tranquille dans les boutiques.

Là dessus, c’était l’avantage de cette ville de ploucs. Il y avait beaucoup de monde au centre commercial, mais très peu de clients dans les boutiques de luxe. C’était d’ailleurs assez étonnant qu’il y en ai autant vu le niveau de vie à Fall River, mais je n’allais pas m’en plaindre non plus. Imaginez une ville sans aucune boutique de luxe ? Je n’aurais pas pu survivre.

- Des sous-vêtements sexy ? Astoriiaaaa ! Tu me caches quelque chose ma chérie ?

Des ragots ? Olalah, cette journée était parfaite ! J’avais plus que hâte qu’Astoria me raconte tout. Qui avait donc pu faire chavirer le cœur de ma Petite Etoile ? J’étais tellement curieuse d’en apprendre plus ! Mais je ne perdais pas notre objectif de vu non plus alors que nous entrâmes dans la première boutique. Je n’avais besoin de rien en particulier, mais je commençai déjà à regarder les articles suspendus.

La foule ne me dérangeait que si elle ne s’écartait pas à mon passage. Jusque là, nous n’avions pas ce problème. J’étais presque contente de parader devant tout un public avec mon amie au bras. Mais j’oubliai tout ça en entendant les besoins du jour d’Astoria, des sous-vêtements hein ? Et pas n’importe quoi ! De la lingerie fine sexy. Le visage de mon interlocutrice en disait long sur ce qu’elle allait en faire. Clairement, pas s’admirer seule devant le miroir. Il nous arrivait souvent de parler crush avec Astoria, mais elle ne me semblait pas être du genre à se contenter d’histoires sans lendemain. Bien que j’étais sûre qu’elle n’était pas aussi innocente qu’elle le laissait paraître. Après tout, ce n’était pas pour rien qu’elle était une de mes rares amies dans cette ville de ploucs mal fagoté.

En parlant de plouc, il y en avait un, non loin, qui nous reluquait. Ew. Le type en jogging, avec des baskets premier prix. Heureusement qu’Astoria était là pour détourner mon attention, à pas grand chose d’avoir la nausée. Je retrouvai immédiatement mon sourire en entendant l’enthousiasme de ma petite étoile. J’adore les ragots, j’adore tout savoir, les histoires de cœur de tout le monde. Mon amie ne faisait pas exception, il n’en fallait pas plus pour qu’elle ait toute mon attention.

- Oh ma petite étoile, ne t’inquiètes pas ! Je ne dirais rien !

De toute façon, je ne connaissais pas le grand-frère d’Astoria. Autant j’avais parlé avec Hélios à plusieurs reprises, mais Achilles,... Je savais qu’il faisait partie d’un groupe de musique dont mon amie était fan. Mais ce n’était pas mon style. Clairement pas, autant leurs chansons que leur apparence en général. Pourtant, je devais admettre que du peu que j’avais vu de Achilles, il savait s’habiller. Mais pas mon genre. Pendant un instant j’aurais presque pu penser qu’Astoria avait lu dans mes pensées. Jim ? Je pris le temps de réfléchir. Un guitariste mignon ? Non je m’en serais souvenu ! Oh ! J’avais dit qu’il était passable ? Je faisais entièrement confiance à mon jugement. Et s’il était passable, vous pouvez être sûr que je n’avais pas retenu à quoi il ressemblait. Mais je souris :

- Oh oui ! Le grand avec les tatouages ? Je vois !

Non, je voyais pas du tout, mais je me souvenais qu’ils étaient tous super grands et qu’ils avaient tous des tatouages. Pas de risque de se tromper. Un classique de tomber amoureuse d’un ami de son frère, j’imagine. C’était un trope qu’on retrouvait souvent dans les fanfictions.

- C’est adorable, je suis contente pour toi ma belle !

Elle avait l’air si heureuse, je n’avais pas le cœur de lui dire qu’elle méritait mieux qu’un guitariste sans revenus. Ou très peu. C’est terrible d’être une bonne amie et de se réjouir du bonheur de ses proches. Je n’allais pas me classer de “meilleure amie” non plus. Il ne faut pas abuser. Une meilleure amie lui aurait sans doute dit de le plaquer et proposer de lui proposer des profils de partenaire plus… intéressant ? Mais qui sait, peut-être que ce groupe fera fureur un jour et sera dans les tendances ! Finalement John n’était peut-être pas un si mauvais choix !

- Oh ma chérie, tu as l’air si heureuse ! Et tu sais ce qu’on dit, l’âge n’est qu’un chiffre !

Puis les hommes aiment les femmes plus jeunes. Et les femmes aiment les hommes mûrs qui savent les protéger. Tout du moins, si on en croit les critères d’Hollywood.

- Donc… Je te propose, on comment par la lingerie… Ensuite, il te faut une nouvelle parure parce que, ma chérie, crois-moi, que si tu veux le rendre fou, un simple ensemble ne suffira pas. Après on fait les boutiques habituelles et on finit par un Starbucks où tu vas me raconter toute votre histoire ? Je veux. Tout. Les détails !

Je lâchais un rire joyeux avant d’entraîner Astoria vers un magasin de lingerie. Dommage qu’il n’y ait pas de Victoria Secret dans cette ville. Il faudrait se contenter de ce qu’il y a ici.

- Oh et du parfum ma belle ! Il te faut un parfum incroyable. J’aime beaucoup le tien, rassure-toi, il est parfait, mais si tu veux le surprendre, une nouvelle odeur, mystérieuse…

Cette journée allait être géniale. Il n’y avait rien qui me faisait plus plaisir que d’aider une amie à rendre dingue l’homme de ses rêves.