La nuit est noire au dessus de nos têtes. Pas un avion dans le ciel, quant aux étoiles, elles se sont éteintes au profit de lampadaires à la lumière artificielle qui me pète les yeux à cette heure-ci. Je n’ai pas dormi depuis plus de vingt-quatre heures, et l’alcool et la coke dans mon système me maintiennent en alerte, dressé comme un lapin prêt à détaler. J’ai envie de tout et les doigts de Mike sont chauds sous les miens. Je crois qu’il s’appelle Mike… En tout cas un nom en M, c’est tout ce dont je sois à peu près sûr. C’est Trevor qui me l’a envoyé et quand le patron m’envoie quelqu’un, c’est toujours pour que je leur montre les bons côtés de la ville.
C’est à dire la drogue et mon cul.
Ça ne me fait plus grand-chose à ce point-là et je sais bien que coucher avec tous ces gars me permet de monter en grade. Grâce à l’un d’entre eux, j’ai obtenu la présentation du journal du matin. Promotion canapé, entre deux coupes de champagne et un rail de coke. J’ai des tremblements dans les mains et ma démarche n’est pas aussi studieuse qu’elle pourrait l’être quand je sens bien que je suis complètement défoncé. Mike n’est pas dans un état bien meilleur, et il s’accroche à moi pour ne pas tomber. Je pourrais lui dire qu’on va finir par se casser la figure tous les deux, mais il me raconte des blagues salaces à l’oreille et ça ne manque pas de me faire rire. Je pourrais être en plus mauvaise compagnie, et même si j’aurais préféré passer la nuit avec Trevor, Mike n'est pas mal non plus, dans le genre millionnaire qui s'habille comme un sac.
On ne tarde pas à arriver au lieu de rendez-vous et j’abandonne la main de Mike pour me laisser glisser le long d’un mur. Ce n’est que quand mon derrière se pose par terre que je réalise que j’ai la tête qui tourne. Je sais que j’abuse, mes parents ne seraient pas fiers de moi s’ils le savaient. Alors il faut que je fasse en sorte qu’ils ne l’apprennent jamais. Mike s’allume une cigarette et je secoue la tête lorsqu’il me la propose. Rien que l’odeur manque de me faire rendre mon déjeuner. J’ai pourtant mangé léger, mais peut-être bien que c’est ça le problème. Je me frotte les yeux et lorsque je les rouvre, une silhouette s’approche de nous. Je reconnais aussitôt mon dealer.
Sujet: Re: primadonna ♥ johnny Mar 2 Avr 2024 - 19:58
Jay Compton aime ce message
Primadonna
feat. Jay
Il y avait un néon qui n’en avait plus pour très long. Ça faisait des semaines qu’il clignotait comme un dingue au-dessus de mon plan de travail. Huggins pensait qu’il allait finir par péter et me tomber sur la gueule. A moins que quelqu’un foute quelque chose dessus ou le dévisse, il y avait peu de chance que ça arrive. C’était à se demander pourquoi la fac n’avait pas encore renvoyé Huggings chez lui. Il avait clairement plus d’avenir dans la drogue qu’à l’université. Tout le monde n’est pas fait pour réussir son parcours académique. Mais ce con s’en sortait bien chez les Cries, il faisait de la bonne came. Tant qu’on lui demandait pas de changer un néon.
- Tu remballes déjà p’tit génie ? - Ouais, j’ai une livraison, un régulier. - J’vois le genre un “régulier”, hein ?
Je ne pris même pas la peine de répondre. Hugging est un con. Et il pensait que j’me tapais tous mes clients depuis qu’on avait fait une soirée avec le gang où je me suis un peu épanché sur mes conquêtes. Il faut dire, je ne dealais pas souvent, ça jouait pas à mon avantage non plus. J’avais une sorte de répertoire et je livrais toujours à ces mêmes têtes de cons. Mais c’était que des types réglos. Et surtout des types qui avaient de la thune. Il fallait bien entretenir Mama Johnny. C’pas pour ce que paye l’éducation nationale.
J’passai de la lumière des néons à celle des réverbères sous laquelle m’attendait ma belle Harley. J’avais dû en vendre des pochons pour me la payer. Je la garais à quelques mètres du lieu de rendez-vous. Assez loin pour pas qu’on me voit arriver avec au cas où, assez proche pour pouvoir fuir. Mais j’étais confiant, ce n’était pas Jay qui allait me la mettre à l’envers et delà à ce que les flics trainent dans ce coin miteux…
Mon client était déjà là. Il n’était pas seul. Je n’étais pas très fan qu’il ramène du monde, mais bon, c’était peut-être un potentiel client en plus. Heureusement que j’avais toujours plus de dope que prévu sur moi.
- Salut Jay.
Il avait une sale gueule. Comme beaucoup d’addict à ma came. Si ça avait été quelqu’un d’autre, je ne me serais pas privé pour lui faire la réflexion. Pas Jay. Parce qu’il le savait et je savais que c’était pas avec ce genre de réplique que j’allais obtenir mon salaire du soir. Au lieu de quoi je lui tendis une main pour l’aider à se relever. Vous pensiez tout de même pas que j’allais me baisser pour dealer par terre.
- J’te mets la même dose que d’habitude ? Quoique, ça a l’air d’être la fête ce soir…
Mon regard se posa sur l’inconnu que je détaillais de haut en bas sans honte. C’était sûrement un type de la télé aussi. J’en sais rien, j’avais autre chose à foutre que de passer mes journées devant le poste.
Mon coeur bat, cacophonie dans mes oreilles, quand mon regard est marbré de petites étoiles. J’aurais dû manger plus, ne serait-ce que pour avoir quelque chose à vomir quand l’euphorie retombera. Quoi que je n’ai pas prévu qu’elle retombe de si tôt, quand je sais pertinemment que j’aurais le nez poudré quand je prendrais l’antenne demain. Trevor s’en assurera, il sait qu’il n’y a plus que comme ça que je suis compétent, quand je passe mon temps à vomir quand je suis sobre. La magie de l’addiction. Si j’avais un jour eu une chance de m’en sortir, cette chance a depuis longtemps été tirée avec la chasse des toilettes de l’antenne. Ce n’est un secret pour personne au taff, que Trevor, moi et d’autres, on se retrouve dans le bureau de Trevor le matin pour sniffer des lignes. Ceux qui ne se joignent pas à nous, ne sont simplement pas invités.
Nous sommes les privilégiés, les stars de l’antenne, ceux à qui on prête tout un tas d’aventures avec des femmes célèbres, qui n’en ont sans doute rien à faire. Pourrais pas être plus gay pourtant, quand la moitié des actionnaires m’est passé dessus, le secret n’est pas très bien gardé. C’est même un miracle que ça n’ait pas encore explosé mais il faut dire aussi que la plupart de nos soirées se passent chez les uns et les autres. Hôtel privé, nuits hantées par les regards vides et explosés des uns et des autres, quand la liqueur coule à flots et la coke est quadrillée sur le lavabo dans les toilettes. Mike n’est qu’un actionnaire de plus, une partie de jambes en l’air bien payée qui, à coup sûr, me permettra de gravir les échelons. Je ne sais pas qui est Mike, juste qu’il est important pour Trevor, et s’il est important pour Trevor, alors j’ai plutôt intérêt à lui faire passer une bonne soirée.
Pourtant ça n’empêche pas mon cœur de faire un bond quand Johnny approche. Ce type signera ma mort un jour. Soit grâce à sa came, soit grâce à tout le reste avec les Cries. Ça n’aide pas qu’il ait une gueule d’ange, avouons-le. Il me tend la main et je la saisis pour me relever, titubant légèrement. Mike ne fait pas signe de m’aider. Pourquoi est-ce qu’il le ferait ? Je vois bien, à sa tête, qu’il ne pense pas à grand-chose. Probablement que la came a déjà commencé à lui brûler le cerveau. Le mien est en bon chemin en tout cas. Je mentirais si je disais que je préfère passer la soirée avec Mike plutôt qu’avec Johnny, quand bien même, je suis bien au courant que ce dernier n’accepterait jamais. Et de toute façon, ce n’est pas à lui que je dois me donner ce soir. Trevor me tuerait. La remarque de Johnny ne manque pas de me faire rire doucement et il n’en faut pas plus pour savoir que j’ai déjà abusé de la coke et de l’alcool ce soir.
« Mets nous un peu plus s’il te plaît, qu’on passe la nuit au chaud. »
Je croise les bras, comme pour me réchauffer alors que j’ai le corps qui brûle. L’avantage de la coke c’est que la soirée sera finie avant d’avoir commencée. Je lance un regard à Mike :
« Tu as besoin de quelque chose ? - Ouais, je vais en prendre pour demain aussi. »
Je le vois qui s’approche de Johnny et j’ai l’impression d’être dans un état second, quand tout passe à une vitesse qui m’échappe. Je pince l’arête de mon nez, ferme les yeux un instant quand le sol se trouve dans le ciel. Je me rattrape au mur et Mike me lance un regard qui n’a plus rien d’aimable :
« Merde, me claque pas dans les pattes, ok ? »
Il a juste peur que je lui pourrisse sa soirée et comment le lui reprocher ?
Sujet: Re: primadonna ♥ johnny Jeu 27 Juin 2024 - 17:51
Primadonna
feat. Jay
Il y en a pas un pour rattraper l’autre. Pas la peine d’être un expert pour savoir qu’ils étaient déjà tous les deux bien défoncés et en manque de leur dose. Si j’étais quelqu’un d’bien je refuserais de leur vendre. Mais j’ai besoin de thune. Et j’en ai rien à foutre de ce mes clients font de la dope que je leur vends. Tant qu’ils achètent pas pour la couper à la merde et la revendre derrière en taillant une sale réputation aux Cries. Jay fera jamais ça. C’est un type de la télé. Je regarde pas ses conneries, mais j’le sais, il me l’avait dire. Et le connard qui l’accompagnait devait être du milieu aussi. Apparemment c’est comme ça qu’on obtient des promotions chez eux. Comme quoi, le showbiz vaut pas mieux que les gangs.
Je juge pas, j’en ai rien à foutre. Chacun sa merde. Alors je sors de mes poches plus que la dose habituelle. Pas la peine de se cacher, je sais que l’endroit est safe. Il le sera encore quelques semaines avant que les poulets se rappellent enfin qu’ils ont des couilles et ose mettre les pieds sur notre territoire. Ça finira mal. On leur fera ravaler leur couilles et ils nous foutront à nouveau la paix, jusqu’au prochain élan d’audace.
C’est l’inconnu au bataillon qui s’approcha de moi pour récupérer la dope et payer. Il avait même pas compté ce qu’il me donnait. Ya bien que les riches pour agir comme ça. J’allais m’assurer que tout était là, voire plus. Ouais j’allais pas lui dire s’il me donnait trop, mais si il y avait moins que prévu… Ce serait pas la même musique. Derrière le type, je vis Jay commencer à défaillir. Je jetais un regard noir à l’imbécile là qui avait l’air agacé par la situation et le poussait pour aller soutenir Jay.
- Reste avec nous, tu veux bien ?
Pas question que je perde mon meilleur client. Vu la réaction de l’autre type là, j’étais pas sûr de vouloir le laisser seul avec Jay, il serait du genre à le laisser crever en soupirant. Maintenant que j’avais été payé, j’en avais plus rien à taper, je profitais de ma proximité avec Jay pour lui dire :
- T’es sûr que tu veux passer la soirée avec ce connard ?
Je jetais un nouveau regard mal aimable au dit-connard. Je m’en foutais qu’il sache que je parlais de lui en mal. Il pouvait bien entendre que j’étais en train de l’insulter, il allait faire quoi ? S’en prendre à moi ? Il était sûr ? J’étais sobre, pas lui et niveau carrure, pas sûr qu’il fasse le poids. Ou quoi ? Il allait appeler les flics ? C’est lui qui avait la dope dans les poches.
Mike me regarde de travers. Je sais que dans son petit cerveau lisse, il se dit que je vaux rien, même pas capable d’assumer quelques verres, quelques lignes. Je voudrais de l’ecsta, mais je ne sais pas si c’est une bonne idée de demander à Johnny maintenant. Je sais qu’il ne refusera pas mais je n’ai pas envie que Mike se tape l’incruste sur ma consommation. Je ne pensais pas que je pouvais tomber plus bas. La vérité c’est que j’attends que quelque chose pète. Ma carrière, Trevor, la drogue. Déjà certains de mes amis se sont éteints sous les affres du SIDA. Une part de moi se dit que je suis le prochain, et je n’en suis pas triste, je suis fatigué et pourtant je ne peux pas m’arrêter. Jamais une seconde, toujours porté par l’adrénaline et la drogue.
Johnny nous observe de son regard clair, sévère et sobre. Je me vois dans le reflet de ses prunelles. Je me hais. Je me dégoûte et pourtant… à deux-trois de supplier Johnny pour plus de lignes. Mike me tourne le dos et j’ai les jambes en coton. Je ne sais pas de quoi j’ai le plus besoin. De came, d’alcool, d’un câlin ? Je pose la main sur le mur râpeux et Johnny approche. Je ne peux pas lui jeter un coup d’œil sans avoir la nausée. Je baisse la tête, ravale un haut le coeur. T’en peux plus, pas vrai Jay ? Même ton corps te dit non, il n’y a personne pour se soucier de ce que tu deviens. Si je meurs ce soir, est-ce que ce ne serait pas un juste retour de justice ? J’avais tout. Argent, parents riches, une bonne éducation, une famille aimante. Comment j’ai fait pour tout foutre en l’air ? Les larmes s’accumulent devant mes yeux et je ferme les paupières, laissant quelques perles mouillées sur le béton froid.
« Non… non je veux pas rentrer avec lui… »
Je ne sais pas si c’est à moi ou à Johnny que je le dis. Je sens sa présence tout près de moi. Je sais qu’en me refusant à Mike, je renonce à de nombreuses opportunités. Je sais que je m’expose aux représailles de Trevor, qu’il sera déçu et me le fera payer, d’une manière ou d’une autre. Mike approche et son ombre est menaçante au dessus de moi :
« Oh que si tu vas rentrer avec moi. Trevor m’a promis une bonne nuit et j’vais pas te laisser tout foutre en l’air. »
Il approche encore, repousse Johnny pour s’emparer de mon menton et me forcer à le relever pour croiser son regard.
Sujet: Re: primadonna ♥ johnny Jeu 19 Sep 2024 - 16:45
Primadonna
feat. Jay
Je sens que je vais me foutre dans la sauce ce soir. Mais plus j’vois la gueule de l’autre con, plus j’ai envie de la lui refaire façon Cries of Hell. Je déteste les mecs qui pu le fric et qui te le balance comme ça comme si t’étais qu’une merde alors que sans toi, il tiendraient pas plus de deux jours dans leur univers pourri. Alors pourquoi Jay ? Il vaut pas mieux que les autres. Il se laisse embarquer dans toutes les conneries du monde. Je pourrais lui en coller une sur chaque joue, lui balancer un seau d’eau glacé sur la tronche en lui gueulant de se ressaisir, d’ouvrir les yeux et d’arrêter de laisser le monde lui chier dessus. Mais c’est pas mon problème. Puis si je fais ça, je perd un bonne partie de ma thune. Ouais, je suis une raclure des bas fonds. Au final, j’abuse sans doute tout autant de lui que l’autre connard qui est là.
Pourtant quand Jay tient plus debout, c’est moi qui le rattrape. Je pourrais dire qu’il me fait pitié, mais j’ai trop de fierté pour admettre que je sois capable de ressentir ce genre de sentiment. C’est un client, on s’en fout. C’est son argent que je veux. Si je devais m’occuper de toutes les causes désespérées, j’aurais fait médecine. Tu sais qu’on me l’avait proposé en plus ? Mais je préfère la chimie. J’ai même pas l’intention de faire de la recherche après. Juste c’est utile aux Cries, aucune idée de ce que je ferais de ce master quand j’aurais fini. C’est pas la question ce soir. Jay veut pas rentrer avec l’autre. C’est pas trop étonnant, qui aurait envie de rentrer avec un type pareil ?
Je m’en fou de savoir qui est en jeu pour Jay. J’aime pas qu’on me bouscule, j’aime pas qu’on menace mes clients. J’aime pas qu’on fasse comme si j’ai pas là. Alors l’autre con là, j’ai aucune peine à le chopper par le colbac et à le secouer un peu. Il fait le bonhomme, mais lui aussi il tient à peine sur ses pieds et je sais reconnaître le regard d’un type en manque.
- Oh que non mon gars. Il va pas rentrer avec toi. Tu vas rentrer tout seul comme un grand ou tu pourrais aller chercher toi mes ces couilles qui te servent de cerveau au fond du canal. Je suis bien clair ?
Qu’il ne prenne pas mes menaces à la légère. J’aurais aucune pitié à l’émasculer en pleine. Il pense tout de même pas que j’suis assez con pour dealer à cette heure là sans être armé ? Puis je pense que je suis même sympa avec lui. J’aurais pu lui coller direct une balle entre les deux yeux et jeter son corps tout entier dans le canal. Je vois le type qui ouvre la bouche pour dire un truc, mais je le coupe avant qu’il sorte le moindre mot :
- Et non, tu vas bien fermer ta gueule. Ramène pas Trevor sur le tapis, parce que j’vais être obligé d’avoir une discussion avec lui. Et t’as pas envie que je parle de ton cas à Trevor. Je me suis bien fait comprendre ?
J’ai tellement envie de lui en coller une, juste pour la forme. Surtout si c’est un type de la télé, juste histoire qu’il se pointe avec une sale gueule et qu’on lui dise qu’il peut pas faire son job. Mais bon, je sens bien que si je le tabasse ici, il nous foutra pas la paix de sitôt. Alors je le repousse et me tourne vers Jay :
Comment j’en suis arrivé là ? Comment j’ai pu me laisser aller à ce point ? Comment j’ai pu tout gâcher comme ça ? Je voudrais pouvoir fuir, pourtant je sais que je n’ai nulle part où aller. Rentrer en Nouvelle Zélande est tentant, mais comment affronter mes parents ? Leur avouer le nouveau fond que j’ai creusé, sans m’arrêter ? Je ne suis pas prêt à affronter la honte et la déception dans leur regard, j’ai déjà du mal à supporter le mien dans le miroir. Et puis Trevor ne serait qu’à portée de mains, je sais qu’au fond, ça me tuerait qu’il ne vienne pas me chercher là-bas, qu’il me prouve à quel point il n’en a absolument rien à foutre de moi. Qu’il m’utilise en me balançant dans le lit des uns et des autres. Mais au fond j’ai jamais dit non, alors pourquoi je me plains ? Je me plaque contre le mur, garde les yeux baissés quand Mike m’interpelle. T’es bien un lâche, Jay. Tu ne sais même pas dire non, tu ne sais pas t’affirmer, tu ne sais pas, tu ne sais pas… on pourrait faire une longue liste comme ça.
La voix de Johnny me fait frissonner, d’une nausée qui manque bien de me faire basculer. Quelle soirée de merde, regarde où on en est. À ça de se foutre sur la gueule, quand mon dealer se sent obligé de me protéger. Voilà où j’en suis. Je suis une telle merde que même celui qui me vend de la mort en poudre a pris pitié de moi. Pas de quoi faire le fier. Je vois Johnny qui bouscule un peu Mike et je regarde, sans un bruit, les mots muselés entre mes lèvres, de toutes les injures que je voudrais crier au monde entier. Il évoque Trevor et je serre les poings. Trevor va me mettre la misère pour ce soir, je le sais déjà, mais qu’est-ce que je peux bien faire de plus ? Rentrer avec Mike ? Donner toutes les raisons à Johnny de détester la personne que je suis quand je suis juste une pute au nez poudré. Je relève les yeux vers lui. Il attend que je le suive.
Je jette un coup d’oeil à Mike qui nous fixe, rageusement. J’hésite, ouvre la bouche pour m’excuser mais les paroles se taisent sur ma langue et je secoue la tête avant de suivre Johnny. Il n’y a rien à dire. On sait tous les trois que Trevor va me fumer. On s’éloigne, abandonnant Mike derrière nous et ce n’est que lorsque son ombre disparaît que je murmure :
« Je suis désolé… »
On n’aurait jamais dû en arriver là, j’aurais jamais dû me laisser embarquer aussi loin, et encore moins embarquer Johnny dans mon bordel.
« Je ne dirais pas à Trevor que tu étais là. Tu ne perdras pas de clients. »
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