Avec lui, j'étais bien. Moi qui ne m'intéressais aux relations amoureuses, je dois avouer que je m'étais trompée : ça apportait un vrai plus dans ma vie. Et avec lui, tout paraissait simple. Le fait de ne pas être tombée amoureuse m'avait épargné quelques déceptions, et je crois, que c'était mieux ainsi. Je n'aurais pas aimé souffrir comme certaines de mes copines avaient pu avoir mal. Et j'espérais ne jamais connaître ses déboires. Je ne voulais me retrouver en larme parce que Charles avait fait une faute. On n'était plus des enfants et je savais que la communication était importante dans un couple. Je n'étais pas celle qui parle le plus de ses états d'âmes. Et c'est certainement quelque chose qu'il fallait que j'apprenne : parler quand ça va, mais aussi dialoguer quand ça n'allait pas. Après tout, la politique de l'autruche, n'était jamais bonne, surtout dans un couple. Et si nous voulions que cette histoire perdure, il fallait faire des efforts. Néanmoins, on n'a jamais eu de très grosses disputes depuis que nous étions ensemble. Quelques petits accrochages et désaccords, mais jamais rien de bien méchant, au contraire. Je ne me voyais pas avec un autre que lui. Dire que c'était l'homme de ma vie ? Oui, je le pensais, mais je ne l'avais jamais exprimé. Par peur que tout cela soit réel finalement. À ses côtés, sa main dans la mienne, on se promenait. On avait prévu de manger au bord de la Taunton. Il faisait bon, le soleil brillait et j'avais l'impression que rien ne pouvait nous arriver. Habillée d'une petite robe d'été, je m'étais fait joli pour lui. La mode n'a jamais été vraiment une passion, mais je voulais faire des efforts pour lui. Être coquette me faisait du bien. Je sentais qu'à ses côtés, rien ne pouvait m'arriver. Et cette sensation était particulièrement agréable.

« Petit coeur ? » Il me sortit de mes pensées. J'avais toujours tendance à être dans ma bulle. Par contre, quand il me donnait ce surnom-là, je ne pouvais que fondre. Je posais mon regard sur lui, attendant la question qu'il allait me poser. « Tu as prévu de faire quelque chose en août ? » Effectivement, le mois d'août arrivait à grands pas. Et je savais également que Charles finissait son stage bientôt. On aurait tout le temps de passer du temps ensemble. Enfin, si l'envie lui prenait de me supporter encore pendant quelque temps. Je pris place au bord de la rivière à ses côtés, puis lui répondis simplement : « Je n'ai rien de prévu pour le moment. Enfin, si, passer du temps avec toi. Si tu veux bien de moi, bien sûr. » Je marquais une brève pause, prenant le temps de croquer dans le sandwich que j'avais choisis. J'ajoutais ensuite : « Et toi, t'as quoi de prévu pour le mois d'août ? » Au fond de moi, j'espérais qu'il ait sensiblement la même réponse que moi. Mais peut-être qu'il avait prévu de voir des copains à lui et que je passerai en second plan.

Tomber amoureuse, ça n'a jamais été fait pour moi. Je n'ai jamais voulu me retrouver pieds et poings liés à un homme. Mais avec Charles, c'était différent. Je me sentais bien quand il était là. Je me sentais bien dans ses bras. J'avais l'impression que rien ne pouvait nous arriver. J'avais cette sensation qu'on pouvait aller loin. Très loin. Et j'étais persuadée qu'il n'allait jamais me briser le cœur. Peut-être que ça arriverait. Peut-être qu'on n'était pas deux âmes faites l'une pour l'autre. Mais je ne voulais pas me poser de question et encore moins me faire peur. Parce qu'il fallait bien l'avouer : je ne me voyais dans une vie sans lui. C'était bizarre, mais tellement vrai aussi. Je n'avais jamais ressenti ça pour quelqu'un et ça avait un petit côté un peu flippant, tout de même. On finit par s'asseoir le long du fleuve pour manger nos sandwiches. Il fait chaud. Le soleil brille et on a encore tout l'été devant nous. Et je voulais passer du temps avec lui. Juste avec lui. Je crois que les autres n'avaient plus aucune importance. Bon, si mes frères et sœurs étaient importants. Mais je voulais juste voir Charles. - Hmmm, ça, c'est intéressant. Si tu ne travailles pas, j’aimerais bien qu’on parte. Pas forcément super loin, quelque chose au soleil et proche de la mère… genre la Floride. Pas très loin ? Genre la Floride ? J'eus un léger rire. Soit il le faisait exprès, soit il était vraiment nul en géographie. Et le connaissant, c'était plutôt la deuxième option. Il pouvait être doué dans de nombreux domaines, mais la géographie ne faisait pas partie de ces derniers. Je croquais dans mon sandwich puis lui répondis : « Alors... Pourquoi pas aller en Floride. Par contre, il faudra sûrement que je te donne des cours de géographie. À moins, que ta notion du "pas très loin", ce soit à plusieurs heures de voiture ! » Je pris une deuxième bouchée, tout en le regardant, puis ajoutait : « Mais après, si tu as une voiture, on peut aller en Floride ! J'irai bien faire un tour à Disney World, c'est dans le même coin ! » J'adorais Disney et les attractions. Je pouvais être une vraie gamine dans ce genre de cas. Mais qu'importe. Et au moins, ça nous permettrait de passer du temps ensemble. « Et si on a une voiture, on peut même faire un road trip, c'est pas mal en vrai ! » je lui souris, de nouveau, avant de reprendre un morceau de mon sandwich. Je reposais également mon regard sur le fleuve, tout en attendant sa réponse face à mes idées. Est-ce que ce voyage serait notre premier désaccord ? Peut-être... Mais le dialogue et la discussion restaient importants et il ne fallait pas le négliger dans un couple.