Sujet: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Mer 9 Nov 2022 - 22:41
We are here to drink your beer
feat. Zeppelin
Putain de journée. J’aurais dû me douter ce matin en voyant ma réserve de café vide que la loi de Murphy allait s’acharner sur moi aujourd’hui. Une de mes collègues, très porté sur l’ésotérisme, dirait sûrement que c’est à cause de mon pessimisme “le positif attire le positif !”. Je vous jure, dès qu’elle me dit ça, j’ai juste envie de lui faire manger son poncho coloré qui me tue les yeux dès le matin. Ouais, ça tire à balle réelle par ici. Plus sérieusement, le mercredi est le jour où mon emploi du temps est le plus chargé en terme de cours. Il faut dire, bah, c’est un jour où les gens sont dispo, surtout les jeunes. Donc la plupart de mes élèves ne dépassent pas la majorité. En vrai, ça va, je les aimes bien mes gamins, ils sont mignons, ils essayent toujours de s’appliquer au mieux et c’est plaisant de les voir progresser un peu plus chaque semaine. Mais par contre leurs parents ! Wah, je m’en passerais bien de ceux-là !
En soit, c’était pas une si mauvaise journée, si on oublie le café. Au final, j’étais passé à Starbucks, je pouvais bien me le permettre pour une fois. Après c’était la routine quoi. Un peu épuisant d’enseigner, mais c’est mon job, donc je vais pas me plaindre, surtout que j’ai la chance quand même de faire un métier dans un domaine qui me passionne. Jamais je pourrais me lasser de la musique. Mais c’était mon dernier cours là… Il était dix-neuf heure, mon dernier élève sort de la salle et là, sa mère, qui demande à me parler. C’est jamais bon quand ça arrive. V’là qu’elle m’enchaîne sur “est-ce que mon fils travaille bien ? Est-ce qu’il y a des progrès ? Parce que vous savez, on entend pas beaucoup le piano à la maison alors que blablabla…”.
En résumé, une mère qui s’inquiète que son gosse ne bosse pas assez et ne réussisse pas à finir son année au conservatoire convenablement, malgré ses efforts. Je voyais bien à la tête du gamin qu’il se sentait mal à l’aise et clairement sa mère lui mettait la pression pour qu’il réussisse. Putain, si elle était comme ça rien qu’avec le piano, j’osais pas imaginer avec l’école, pauvre gosse. C’est dur de rester diplomate dans ce genre de moment. J’avais trèès envie de rembarrer la maman et de lui dire que j’en avais rien à cirer de son avis et de ce qu’il se passait chez eux. Mais, c’est ça ou perdre mon job, alors on se force à répondre poliment. Je lui ai dit qu’elle n’avait pas à s’inquiéter, que son fils progressait, que c’était inutile de lui mettre la pression, il fallait que la musique reste une passion. Malheureusement pour la plupart des parents, le Conservatoire c’est trop prestigieux et trop cher pour se permettre que son enfant “profite et s’amuse”. On va pas se le cacher, il y a un côté très élitiste dans le coin.
Bref, en soit des mamans qui viennent me parler ça arrive assez régulièrement, mais là… Elle voulait pas partir, comme si elle attendait que je me mette en rogne contre son fils et le menace de bosser plus à la maison. Est-ce que je l’ai fait ? Non. J’ai fini par partir en disant clairement que j’avais fini ma journée et que j’avais pas envie de faire des heures sup. Elle m’a suivi un moment, elle m’a gonflé sévère, je crois que mon dernier regard a suffit à la convaincre de me foutre la paix. Il était tard et c’est en m’asseyant dans la voiture que j’ai réalisé à quel point j’étais crevé. Et que je me suis rappelé qu’il fallait que j’aille faire des courses. Putain de journée. Vous savez quoi ? Fuck it, fuck les responsabilités pour ce soir. J’avais besoin de râler, j’avais besoin de me changer les idées…
Ma décision fut prise très vite. Quelques minutes plus tard, j’entrai au numéro deux de Bay Avenue sans même prendre la peine de frapper. J’enlevai mes chaussures sur le paillasson, me dirigeai vers le salon et annonçait d’un ton dramatique en me laissant tomber dans le canapé :
- Oh mes aïeux ! Que quelqu’un m’achève s’il vous plaît !
Allongé de tout mon long, sur le dos, je lâchai un long soupir. Mon regard capta alors celui d’un des habitants de la maison, qui se trouvait dans la pièce. Je m’adressai à d’un voix aussi las que mes gestes :
- Salut Zep. Aurais-tu l’obligeance de mettre fin à mes souffrances ?
J’aurais pu lui répéter la phrase que j’avais dit juste avant, mais je n’étais pas sûr de savoir dire "aïeux" en langue des signes et je trouvais que remplacer ce mot par un synonymes ferait perdre toute sa saveur à ma phrase. Puis j’avoue que je n’avais pas trop la force de me creuser la tête dans l’immédiat.
Zeppelin Newell
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Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Mar 3 Jan 2023 - 21:04
We are here to drink your beer
feat. @”Zeppelin Newell”
Il n’y a qu’avec mes amis et ma famille que je me permettais de m’afficher de la sorte. Rare étaient les personnes à connaître Ache la drama queen. Après tout, est-ce que ce n’est pas là le lot des chanteurs que de vouloir être sans cesse de centre de l’attention, d’une façon ou d’une autre ? Plus sérieusement, toute la journée, je restais calme, je serrais les dents à l’occasion, j’étais capable de m’énerver contre n’importe qui, mais une fois loin de tout ça, je relâchais la pression en râlant et en rajoutant une couche sur les événements. D’accord, peut-être que j’en faisais aussi un peu exprès parce que je savais que ça faisait rire la galerie.
D’ailleurs Zep ne tarda pas à remarquer mon arrivée. Pas la peine de m’annoncer ou quoique ce soit d’autre, le batteur m’avait reconnu. Peut-être à mes chaussures dans l’entrée. Il faut dire, j’espère pour la coloc qu’ils n’ont pas cinquante mille personnes capable de rentrer chez eux de la sorte. Je lâchai un long soupire dans mon agonie, restant sur mon rôle de professeur proche de la mort, j’aurais dû faire une école de théâtre. Toujours allongé je signais à l’attention de Zep : - Moi ? En faire trop ? Jamais.
Quel beau mensonge, j’en faisais toujours trop. Que ce soit dans mes expressions, dans mes émotions, dans ma façon d’être, dans mes tenues et même dans mon travail. Si on devait ajouter mon nom au dictionnaire la définition serait sans doute “synonyme d’en faire trop”. J’ajoutai :
- Oh oui ! Une bière avant mon dernier voyage ! Merci Zep, t’es un vrai !
Il me connaissait trop bien, c’était terrible. Il faut dire que des années de concert, de répétition et de tournée, ça crée des liens. Heureusement quelque part, parce que même moi je crois que j’aurais pas été capable de rester avec les Scarlet si on se contentait de faire de la musique sans jamais s’adresser la parole. C’est tout de même important dans un groupe d’être sur la même longueur d’onde. Je vous assure, ça change tout une fois que vous êtes sur scène.
J’attendis que Zep revienne pour me redresser et m’asseoir un peu plus convenablement dans le canapé. Je pris une longue gorgée de cette bière bien fraîche avant de la poser sur la table et raconter mes mésaventures de la journée :
- J’ai encore eu une maman ce soir qui est venue me voir pour mettre la pression à son fils. Ils me saoulent quand ils font ça. Tu sais, ces parents qui veulent que leur enfant bosse toujours plus, qu’ils aient toujours des meilleures notes et tout. Je te jure, j’ai beau leur dire que leur enfant se débrouille bien, ça leur suffit jamais. A agir comme ça, ils vont juste dégoûter leur gosse de la musique…
Avec un soupire déprimé, je repris ma bière. J’avais perdu mon ton de drama queen, j’étais bien plus sérieux quand je parlais de musique et de mon job, ça me tenait vraiment à coeur de partager ma passion que ce soit par les cours au conservatoire ou sur scène. Zep était bien placé pour le savoir. Si ça ne tenait qu’à moi, il faudrait que chaque être humain soit aussi passionné de musique que je l’étais. Parce que je ne crois pas qu’il existait quelque chose de mieux. Non, même pas la drogue, ni le sexe, ni l’amour ni rien d’autre. La musique avant tout le reste. - Et toi, ta journée ? C’était comment ? Remonte moi le moral en me disant qu’on peut encore avoir foi en l’humanité.
Sait-on jamais, peut-être que Zep avait fait la rencontre d’un client incroyable aujourd’hui. Il me semble que le mercredi était souvent une journée bien chargée pour lui aussi.
Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Mer 8 Fév 2023 - 22:03
We are here to drink your beer
feat. Zeppelin
Maintenant que j’avais ma bière et une position un peu plus adéquate pour boire et parler, ou plutôt signer correctement, je n’allais pas me priver. Pauvre Zep, par moment, je me disais qu’on était pas mariés, on ne vivait pas ensemble, mais c’était tout comme. Dans notre couple imaginaire, j’étais clairement la bonne femme qui fait d’un rien un drame énorme. Et encore, vous ne m’avez pas vu en peignoir avec mes chaussons en moumoute à regarder par la fenêtre ce qu’il se passe chez les voisins pour essayer de glaner quelques ragots à raconter à mes copines. Non, plus sérieusement, je serais jamais une bonne ménagère, mais j’aimais bien me plaindre, surtout après une journée pareil, ça en devenait même un besoin. Puis Zep était toujours là pour m’écouter. Avant c’était souvent sur Heath que ça tombait, mais maintenant…
Je lâchai un soupire en acquiesçant aux paroles de Zep. C’était rassurant d’avoir quelqu’un sur la même longueur d’onde que moi. J’avais parfois la sensation d’être seul à ce sujet au conservatoire. Il faut dire qu’il y avait pas mal de professeur aussi élitiste que les parents, voire plus encore.
- Haha ouais ! Les Cooper ! Mais tout le monde n’est pas les Cooper,.. Si seulement… Après c’est aussi le milieu qui fait ça. C’est pas n’importe qui, qui a accès au Conservatoire. Quelque part, je savais à quoi m’attendre en allant bosser là bas. Mais j’ai pas envie de lâcher ce job non plus.
Ce n’était pas à Zep que j’allais faire un laïus à ce sujet. Il savait déjà que j’adorais partager ma passion et je me voyais pas faire autre chose qu’enseigner la musique. Je pourrais faire ça à mon compte, faire venir mes élèves chez moi ou louer un local, mais avec le Conservatoire, j’avais une certaine stabilité, puis j’étais sûr de toujours avoir des élèves aussi. Sans compter, les auditions, les concerts, et tous les autres événements organisés par la structure, c’était autre chose que je rester dans son coin à faire des leçons aux gosses du quartier. Vraiment, si je faisais ça, il me faudrait une autre activité à côté, je n’étais pas capable de rester sans rien faire trop longtemps. La seule exception qui pourrait me faire mettre mon job au Conservatoire de côté, c’était si les Scarlet Zombies passaient pro. Là, je pourrais tout plaquer pour me consacrer au groupe, mais il y avait peu de chances pour que ça arrive. Ou tout du moins pas avant pas mal d’années.
- Ah c’est cute, tant qu’il reste des jeunes pour faire de la musique malgré l’avis de leur parents, alors l’espoir demeure ! On est tous passé par là. C’était quoi le nom de leur groupe déjà ? Destroy quelque chose, non ?
Il y eut un instant de calme, Zep était sans doute assailli aussi par des souvenirs des Scarlet Zombies à leurs débuts. Si j’avais su où tout ça nous mènerait… Oh non, je n’aurais jamais refusé de faire partie de ce groupe, ce serait passer à côté de trop de bons souvenirs. Mais si on avait pu s’épargner les mauvais. Finalement, le batteur changea totalement de sujet, ce qui n’était pas plus mal je pense.
- Oh cool ! Ca c’est une bonne nouvelle ! Ça va, t’as pas trop galéré ?
Vraiment, je ne saurais sans doute jamais comment Zep arrivait à s’en sortir avec les compos. A côté de lui, je pourrais passer pour un amateur, si on m’enlevait l’ouïe, je serais totalement perdu. Alors évidemment, peut-être que tout ne serait pas parfait du premier coup sur sa proposition, mais aucune compo n’était parfaite du premier coup de toute façon. Et franchement, Zep était un super doué comme musicien, s’il y a bien une chose que je ne regrettait pas, c’était de lui avoir laissé sa chance au sein du groupe. Il en était même devenu un des piliers.
- Si tu veux, on fini cette bière et on y jette un coup d’oeil ?
Soudainement, j’avais oublié toute ma fatigue. Comme quoi, il ne m’en fallait pas beaucoup pour me rebooster. La musique c’était vraiment le sujet magique avec moi. Je suis fatigué ? La musique me redonne de l’énergie. Je suis énervée ? La musique me calme. Il n’y avait rien qui pouvait se mettre entre moi et cette passion. Je sais, c’est presque flippant dit comme ça, mais il valait mieux être accro à la musique plutôt qu’à autre chose.
Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Lun 27 Fév 2023 - 20:33
We are here to drink your beer
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Zeppelin avait raison, mon job était super. Je n’avais aucune intention de le quitter. J’adorais bosser au Conservatoire, malgré les parents et les collègues élitistes. Il y avait clairement plus de bons côtés que de mauvais. Sinon je ne serais jamais resté dans cet environnement. Ce serait mal me connaître que de croire que je pouvais me forcer à tous les jours dans un endroit où je n’avais pas envie de mettre les pieds. Non, mes élèves étaient géniaux, je ne me lasserais sans doute jamais de passer mes journées à parler de musique avec des néophytes et des pro. C’était un réel plaisir au quotidien que de partager ma passion avec d’autres passionnés. Puis on va pas se le cacher, je n’était pas simple à gérer tous les jours non plus.
- Grave, j’échangerai ma place pour rien au monde. Hm, sauf une carrière pro avec les Scarlet, évidemment.
On était passé si près du but il y a quelques années. Le rêve était toujours là, mais il fallait aussi être réalistes : il y avait peu de chances pour que ça arrive. Le showbiz était terrible pour ça. On a sa chance une fois, pas deux. Ou alors il fallait effectuer un vrai coup de force. On était motivés, encore plus depuis que Maya avait rejoint nos rangs, mais le groupe s’était déjà fait un nom et maintenant ce nom n’était plus si propre. Notre réputation avait clairement pâti de ces histoires de drogue. Chaque membre du groupe avait beau être clean maintenant, c’était difficile de faire oublier à tout le monde cette réputation. Heureusement, il restait quelques fans fidèles qui étaient prêts à se battre à nos côtés. Et ça, ça donnait envie de croire encore un peu à notre rêve, aussi fou soit-il.
Les Scarlet Zombies n’étaient pas les seuls à rêver de la scène pro. S’il y a quelques années, j’aurais râlé d’avoir de la concurrence, aujourd’hui, je me réjouissais de voir qu’il y avait encore des jeunes pour faire vivre la musique et surtout faire vivre le rock.
- C’est ce que j’avais cru comprendre et tant mieux. Il en faut des jeunes motivés pour ne pas faire mourir le genre.
Certes, il y avait peu de chance que le genre meurt vraiment. Il resterai toujours des fan de rock. Comme il demeurait toujours des fans de swing, de jazz, de classique et de tout à vrai dire. Les modes ça va, ça vient. En attendant, rien de nous empêchait de continuer à bosser pour retrouver notre gloire passée et aller plus loin. Je ne sais pas qui de notre groupe était le plus motivé. Parfois j’avais l’impression de saouler tout le monde avec mes nouvelles idées de compo. Cependant, je n’étais pas le seul à bosser sur mon temps libre et ça me réjouissait de voir que Zep était aussi investi aussi. Je me contentai d’un hochement de tête pour répondre à sa réflexion sur son blocage. Hors de question de m’exprimer sans avoir entendu la moindre note du morceau.
Je ne pu m’empêcher de sourire à l’idée d’entendre sur quoi Zep avait travaillé. C’était toujours un réel plaisir de bosser avec lui. A chaque fois je me demandais comment j’avais pu hésiter à ce qu’il rejoigne le groupe. Peut-être qu’à partir de ce moment-là, j’avais oublié toute ma fatigue de la journée et il est possible que j’ai bu ma bière d’un trait. Désolé, il y a des priorités dans la vie. On ne fait pas attendre les élans créatifs.
J’étais encore plus heureux d’apprendre que Maya s’était penchée sur le sujet aussi. J’avais un peu tendance à vouloir tout faire, il faut l’admettre, j’avais du mal à déléguer et j’étais trop perfectionniste pour réussir à me convaincre de laisser les autres bosser à ma place. Cependant, les autres membres du groupe aussi avaient des supers idées et vraiment, ce serait contre productif que de leur interdire de composer sous prétexte que je voulais que ce soit parfait. Je n’étais au-dessus de personne, c’était important de travailler en tant que groupe. Vraiment, sur scène ça se sentait tout de suite. Puis bon, j’avais beau être perfectionniste quand ça touchait à la musique, c’est ce même perfectionnisme qui me mettait des bâtons dans les roues à me faire jeter des tonnes de compositions personnelles à moitié finies.
Je posais ma bière fini sur la table et me levai d’un bond :
- Parfait, j’ai trop hâte d’entendre ça, on y va ?
Je ne laissais pas trop le choix à Zep à vrai dire. J’étais déjà parti en direction du garage. C’est fou, à chaque fois que j’arrivais dans cet endroit j’avais l’impression d’être à nouveau un ado qui s’essayait à la musique dans le garage de chez ses parents. Mais en même temps, nous n’avions pas de quoi nous louer un studio à l’année donc le garage c’était la meilleure option pour stocker nos instruments et répéter régulièrement sans avoir à tout déménager.
- J’ai travaillé sur pas mal de trucs de mon côté aussi, mais j’arrive pas à trouver quelque chose qui me plait vraiment. J’ai l’impression que tout ce que je fais sonne trop creux ou s’éloigne trop de l’esprit des Scarlett.
Zep devait bien s’en douter, je n’arrêtais quasiment jamais de bosser de toute façon. Parce que je n’avais pas d’autre hobby que la musique, c’était ma vie tout entière. Ça pourrait sonner triste pour certains, mais ne vous inquiétez pas, je le vis bien.
Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Mer 15 Mar 2023 - 19:31
We are here to drink your beer
feat. Zeppelin
Bien sûr que le rock ne pourrait pas mourir, la musique ne disparaîtra jamais. Tout du moins pas temps que nous étions en vie et pas temps qu’il y avait de la vie sur terre en général. Ouais, c’est le genre de truc qui m’aident à dormir la nuit après une sale journée où j’ai du mal à me convaincre que notre société n’est pas pourrie jusqu’à la moelle. Chacun ses techniques, c’est cliché à dire, mais la musique a sauvé ma vie, sans elle, je ne serais rien. La meilleure réponse que j’avais à donner à Zep, c’était d’imiter ses cornes du diable en signe de soutien. Le rock coule dans nos veines pour l’éternité.
Ce n’était pas le but de ma visite à la base que de parler compo et d’aller bosser sur un futur morceau dans la cave de la coloc. Cependant, ça arrivait quasiment à chaque fois que je venais. Ou si on ne parlait pas compo, on allait se faire une mini-répétition ou se faire écouter de nouveaux artistes. Alors certes, Zep ne pouvait pas entendre les sons, mais, de ce que j’avais compris, il pouvait sentir les vibrations et tout de même capter certaines musiques ? Me demandez pas d’expliquer, tout ce que je sais, c’est qu’il avait une très bonne culture musicale et il avait toujours des artistes intéressants à me recommander. Ça faisait partie de son job, mais, même sans ça, je pense que bah… C’était un passionné quoi.
Je ne pu m’empêcher de rire à la réflexion de Zep, ouais, c’était un secret pour personne. J’arrêtais jamais de bosser. Même la nuit il m’arrivait de rêver de musique, enfin quand je pensais à dormir. J’avais toujours un projet qui traînait quelque part, même si, ces derniers temps, j’avais du mal à aller de l’avant. Comme quoi, c’était important de se résoudre à partager ce que je faisais, peut-être que les Scarletts arriveraient à me sortir de ce blocage. Ou tout du moins, me sortir de cette boucle infernale où je passais mon temps à entamer des compo, les trouver nulles, les jeter et en recommencer une nouvelle, qui me prendrait la tête pendant des jours avant de la trouver nulle aussi, la jeter et ainsi de suite.
- Bon du coup, j’ai rien sur moi, mais je devrais pouvoir te retrouver quelques trucs de tête.
L’avantage de cette cave bien équipée, même s’il n’y avait pas de claviériste dans notre groupe, il y avait un clavier ici. Il servait surtout pour les compo au final. Je sais pas si les autres savaient en jouer, mais comme le piano était mon instrument de prédilection, il m’était pas mal utile. Je suivis Zep jusqu’au pc de montage. Quand je vous dis qu’on est bien équipé ici, il ne nous manquerait que la qualité d’isolement du son pour en faire un studio décent.
- Ok, voyons ça.
La partition en main, je la parcouru rapidement avant de mettre le casque sur mes oreilles. Je pris un crayon à papier pour prendre des notes au cas où. Mais chaque chose en son temps, déjà, première écoute pour découvrir le son. Soudainement, plus rien d’autre n’existait, j’étais concentré sur la musique et rien d’autre. Après quelques minutes d’écoutes, je reposais le casque pour dire à Zep :
- Ah ouais quand même, vous avez bien bossé, c’est du bon son ça. Il y a quelques petits ajustements que je ferais par contre… Tu permets ?
Évidemment, personne ne pouvait s'attendre à ce que je sois satisfait dès la première écoute. Le perfectionnisme… Mon crayon en main, je désignais la partition de l’autre main, demandant à Zep si je pouvais écrire sur son travail. Si ça, ce n’était pas une réaction de professeur. J’avais beau dire que je n’étais pas très pédagogue, ni aussi procédurier que mes collègues, ce n’était pas si vrai. La preuve, j’étais là, avec mon crayon, prêt à faire des corrections, comme s’il s’agissait de la copie d’un de mes élèves. Je n’attendais que le feu vert de Zep pour me faire une seconde écoute et prendre des notes au fur et à mesure. Pour le moment, j’étais vraiment concentré sur les ajustements, on verrait après pour ajouter à ce que le batteur et la bassiste avaient déjà fait. Parce qu’évidemment, on ne pouvait pas laisser notre guitariste ne rien faire pendant toute une chanson et de toute façon, ce morceau aurait besoin d’une ligne de guitare et de chant qui viendraient faire un tout. Cette compo avait vraiment un bon potentiel.
Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Mar 2 Mai 2023 - 10:37
We are here to drink your beer
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Le travail de composition était un de mes favoris dans la musique. C’était sans doute celui qui me mettait le plus aisément sur les nerfs et qui avait le pouvoir de me rendre fou. Mais c’est peut-être un certain goût pour le risque qui m’attirait chez lui. Plus sérieusement, si se produire sur scène était cathartique, il l’était d’autant plus quand il s’agissait d’une musique et de paroles écrites par mes soins. Puis j’ose ajouter que les Scarlet Zombies préféraient aussi jouer des titres qui nous sont propres plutôt que de se cantonner à faire des reprises. C’est sympa de jouer des titres qu’on aime, mais au bout d’un moment, on a envie de changer, d’apporter notre touche. Bref, d’être des artistes quoi.
Même si nous n’étions pas des pro, je prenais chaque projet de compo très au sérieux. C’était sûrement mon côté perfectionniste qui s’exprimait là. Ou juste mon côté passionné. Ou un savant mélange des deux. Qui sait. En attendant, pendant que je bossais, j’étais dans ma bulle, plus rien d’autre n’avait d’importance, j’avais même presque oublié la présence de Zep à mes côtés. Là dessus, je pouvais lui être reconnaissant de ne pas m’avoir interrompu et m’avoir laissé faire des modifications sans faire de commentaire avant que je n’enlève le casque. J’étais plutôt fier de ce que j’avais fait, mais tout le mérite ne me revenait pas. Je partais d’une très bonne base et ne manquait pas à faire des compliments à Zep pour le travail qu’il avait fait avec Maya.
- Après un décalage ça peut donner un style, mais je trouve ça plus agréable à l’oreille comme ça. Hésites pas si ça te plait pas ce que j’ai fait, c’est ton morceau après tout.
Quand je vous dit que j’essayais de ne pas m’approprier toutes les compo qu’on me proposait, je faisais vraiment des efforts. Alors certes, j’avais fait un certain nombre de modifications, mais cela ne signifiait pas que c’était des erreurs. Donc ouais, Zep devait pas hésiter à me reprendre et à se justifier s’il y avait un passage qu’il appréciait particulièrement et que j’avais modifié. Ma parole n’est pas d’or. après rien n’était figé non plus, tant qu’on avait pas enregistré avec tout le groupe, il était possible de faire des modifications. Mais peut-être que Zep avait raison et peut-être que j’avais déjà en tête un début pour la ligne de guitare. Décidément, il me connaissait trop bien. J’affichai mon plus beau sourire avant de lui répondre :
- Tu devines bien mon cher Zeppelin. Ça te dérange que j’enregistre ça maintenant ? Si tu veux le faire écouter à notre guitariste favori quand il sera rentré…
Je pouvais bien passer la soirée ici et attendre que tout le groupe soit réuni. Malheureusement je travaillais demain. Ce ne serait pas raisonnable de rester. Je nous connaissait, on allait commencer par bosser la compo, ça allait se finir en répétition improvisée, puis on allait boire bien trop de bière pour que je puisse reprendre le volant ou marcher assez droit jusque chez moi. Donc j’allais dormir sur le canapé de la coloc. Bref… Il valait mieux que je rentre avant de croiser les autres. De toute façon, je comptais bien revenir ce week-end. Avec un projet en route, Zep se doutait bien qu’ils allaient souvent me voir chez eux. Hm, peut-être que c’était déjà le cas… Quoique ça faisait longtemps que je n’avais pas dormi sur le canapé. Je deviens plus raisonnable avec l’âge, qui l’eût cru ?
Sans plus de cérémonie je me levai pour aller chercher une guitare et faire tous les branchements nécessaires. Je commençais alors à jouer ce que j’avais en tête. Je fis quelques corrections avant de note le tout sur la partition et la présenter à Zep :
- T’en penses quoi ? J’enregistre ?
Je savais qu’il ne pouvait pas entendre à proprement parler, mais depuis le temps qu’il était dans le groupe, je pense que Zep savait lire une partition et l’interpréter à sa façon. Il était épatant comme gars, j’avais aucun scrupule à lui demander son avis sur un autre instrument que le sien. Puis la guitare n’était pas mon domaine de prédilection non plus. Ce n’était qu’une proposition, je savais que Maya et notre guitariste viendraient ajouter leur sauce derrière.
- J’ai une idée de ligne vocale aussi et… Hum… je vais essayer de bosser un texte qui tient la route.
Si vous saviez à quel point je galérais en ce moment pour écrire. Pour composer aussi remarque. Là, j’avais la chance de pouvoir partir sur une base solide et je n’étais pas seul. Ce n’était pas le même délire quand j’étais chez moi face à mes notes. Je passais mon temps à écrire, réécrire, éternel insatisfait. Il faut dire qu’il y avait des sujets dont j’avais envie de parler, mais je n’osais pas les évoquer, j’avais peur qu’ils soient trop personnel ou trop sensibles pour les Scarlet.
Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Mar 30 Mai 2023 - 21:52
We are here to drink your beer
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Les commentaires de Zep me rassuraient. Il n’avait pas intérêt à me dire ça pour me faire plaisir, mais là dessus, je lui faisais confiance. Je faisais confiance à tout le groupe d’ailleurs, quand il s’agissait de bosser, de musique, on était honnête les uns envers les autres parce qu’on savait que c’était pour le bien du groupe, pour progresser ensemble. Donc on se disait ce qui allait et ce qui n’allait pas, sans condescendance. Tout du moins, c’est l’impression que j’avais et je faisais de mon mieux pour respecter ça. Évidemment, on était jamais à l’abri d’un désaccord, d’un éclat de voix, de colère à cause de la fatigue ou autre chose. Après tout, on était tout aussi humains que les autres.
- C’est possible, ça arrive. C’est aussi pour ça qu’on bosse à plusieurs, ça permet de relever les erreurs qu’on a pas vu parce qu’on avait trop la tête dedans.
Ouais, je savais ce que c’était que d’avoir la tête à fond dans un morceau, mon seul problème c’était de réussir à le partager aux autres pour qu’ils m’aident à sortir de mes impasses. De partir d’une compo d’un autre membre pour construire là dessus m’était du coup plus simple en ce moment. Et au moins, nous étions deux, ça réduisait ma propension à juste abandonner, prendre la partition et la déchirer. Je vous assure, en ce moment, mon appart ressemblait à un champ de batailles où les victimes étaient des pauvres feuilles de papier. Heureusement, je n’avais pas souvent des invités. Je faisais le ménage quand même régulièrement, mais les échecs de compo s’empilaient plus vite.
En tout cas, j’étais content qu’on progresse aussi bien avec Zep aujourd’hui. Voilà que j’étais guitare en main, prêt à enregistrer une ligne pour donner un peu de travail à notre guitariste. Cette chanson allait être géniale, je le sentais. Il ne manquerai plus qu’à ne pas tout gâcher avec les paroles. Je me retins de grimacer face à l’enthousiasme de Zep pour la partie chant. J’avais des débuts de textes, mais c’était bien le problème, je n’avais que des débuts, jamais rien de satisfaisant. Mais ce serait un problème pour plus tard. Dans l’immédiat, il fallait que je reste concentrer sur cette ligne de guitare que j’avais en tête avant de la perdre. Certes, ça m’arrivait rarement, quand j’avais une mélodie à l’esprit, souvent je la gardais pendant des jours, le genre de truc qui peut finir par vous rendre dingue.
Avant que je n’entame le premier accord, Zep m’arrêta et fis quelques réglages. Un casque sur les oreilles, je le vis tourner le son de l’ampli au maximum. S’il n’était pas déjà sourd, un tel volume lui aurait crevé les tympans. La première fois qu’il avait fait ça, je vous avoue que je n’étais pas serein, mais maintenant, je savais qu’il n’y avait pas de problèmes. Zep gérait totalement l’affaire. Et au contraire, j’étais content qu’il veuille au moins saisir les vibrations de ce que j’allais jouer. J’attendis qu’il me dise fasse signe qu’il était prêt pour lancer l’enregistrement. J’étais plutôt confiant sur mes accords, mais je savais que notre guitariste arriverai à magnifier les choses. Après quelques minutes de grattage de corde, je reposai la guitare et attendis que Zep enlève son casque pour lui demander :
- Alors ? T’en penses quoi ?
Bien sûr que son avis m’importait. Justement, c’était d’autant plus intéressant de travailler avec Zep, puisqu’il captait les son différemment. Il apportait un autre point de vue et à force d’années à jouer ensemble, je trouvais qu’il était un réel atout pour le groupe. Les Scarlet Zombies avait une façon d’appréhender leurs morceaux totalement différemment des autres groupes. Et comme tout s’enchaînait j’avais aussi un début d’idée pour la ligne de chant, mais sans les paroles… Je pouvais bien enregistrer avec juste des mots au hasard. Mais ça m’agaçait de pas avoir un texte potable. J’aurais bien aimé éviter le sujet, cependant, je savais que ce n’était pas en continuant de faire l’autruche et m’acharner sur mes paroles tout seul dans mon coin que j’arriverai à quelque chose. Je fini donc par m’en ouvrir à Zep :
- Pour les paroles, je te cache pas que c’est compliqué en ce moment. J’arrive pas à composer un texte qui me plaise et… j’ai bien des bouts de pleins de trucs mais jamais rien de satisfaisant au final. Enfin, j’ai bien un truc qui pourrait aller avec ce qu’on est en train de faire, enfin qui me plait bien mais… Bah attend, j’ai une note dans mon tel.
Sans attendre, je sorti mon portable de ma poche et retrouvai la note en question. Il s’agissait de quelques paroles, ou plutôt de phrases que j’aimais bien, mais toutes ensemble, elles ne formaient pas vraiment une chanson, elles n’avaient pas trop de rapport les unes avec les autres. Enfin si, elles parlaient toutes de cauchemars, de rêves, d’insomnies, de pensées envahissantes. Mais elles ne formaient pas un texte cohérent, il n’y avait pas de couplet, pas de refrain. Juste des lignes et des lignes d’idées qui m’étaient passées par la tête quand je n’arrivais pas à dormir. Autant vous dire que j’étais un peu mal à l’aise de montrer ça à Zep. Pas que je ne lui fasse pas confiance, mais c’était un peu comme la sensation de lui faire lire une sorte de journal intime. C’était un peu le cas à chaque chanson que je faisais, j’avais peur de raconter quelque chose de trop personnel qui ne parlerai à personne d’autre que moi au final.
Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Dim 18 Juin 2023 - 23:27
We are here to drink your beer
feat. Zeppelin
Le son était tellement fort dans le casque de Zeppelin que je pouvais l’entendre de ma place. Je ne me laissais pas déconcentrer pour autant. Certes, je n’enregistrais pas un produit fini, mais hors de question que je bâcle ce que j’étais en train de jouer. Sérieusement, si je pouvais faire un perfect du premier coup, je l’aurais fait. Malheureusement, c’était quasiment impossible, à moins d’être vraiment un musicien extraordinaire. Je n’étais pas mauvais, cependant, la guitare n’était pas mon instrument de prédilection, j’étais sûr que les membres absents des Scarlett auraient leur mot à dire que mon travail et celui de Zep. Bref, on était encore loin de jouer ce morceau en répèt.
Même si je savais que mon solo pouvait être amélioré, j’étais content d’entendre qu’il plaisait à Zep. Je lui répondis par un sourire et pris note de ses réflexions. On pouvait jouer sur la distorsion en post-prod pour le moment et arranger ça autrement plus tard pour que ça puisse se jouer sur scène aussi. Je n’étais pas un fan de ce genre de manip’, donc j’essayais de faire en sorte d’en faire un minimum et je crois que le reste des Scarlett était d’accord avec moi sur ce point. L’authenticité nous tenait à cœur. Puis, ouais, il s’agissait aussi de ne pas décevoir le public en concert non plus.
- Content que ça te plaise, j’aime bien aussi, un truc bien violent, pour notre retour ça en imposerai grave. Je note pour la distorsion, c’est une bonne idée.
Il fallait qu’on marque les esprits. Alors certes, les Scarlett étaient déjà remonté sur scène, mais rien de très grand, enfin c’était souvent des concerts de même pas une heure, souvent en première partie dans des bars. Rien qui ne fasse réellement décoller une carrière et temps qu’on avait rien de nouveau à proposer, c’était compliqué de démarcher un label. A vrai dire, j’aurais aimé que notre ancienne maison de disques nous reprenne. Ca n’allait pas être simple, mais on avait quelque chose de bien avec eux, on pouvait leur faire confiance. Mais là, il fallait qu’on leur prouve qu'eux aussi pouvaient nous faire confiance. Hors de question d’échouer une seconde fois. Peut-être que je me mettais trop la pression, c’était un peu ma façon de bosser aussi. Incapable de lâcher tant que je n’atteignais pas la perfection, éternel insatisfait. Puis ce qui était arrivé au groupe il y a trois ans n’aidait pas non plus. J’avais envie de faire plus, de faire mieux, pour prouver… je sais pas ce que je cherchais à prouver au juste, ni à qui.
Je haussai les épaules en guise de réponse et montrai mes notes à Zep. Anxieux, je regardais le batteur lire, essayant de capter les émotions qui traversaient son visage. Est-ce que c’était de la tristesse ? De l’empathie ? De l’incompréhension ? Bordel, j’étais nul pour ce genre d’analyse. Je serrais les dents en récupérant mon téléphone. Hm. Je crois que j’aurais préféré que Zep ne comprenne rien à ce que j’avais écrit. Malheureusement, c’était impossible, s’il y avait bien une personne qui pouvait interpréter correctement mes écrits, c’était lui. Peut-être les autres Scarlett aussi, mais Zep savait… Nous avions vécu différemment l’addiction, lui avait été en plein dedans, moi, j’ai été à côté à les regarder s’enfoncer sans rien être capable de faire. Je me forçai à hocher la tête et à grogner un :
- Je sais…
La dernière chose que je souhaitais, c’était inquiéter Zep. Mais je n’allais pas passer ma vie à lui cacher mes écrits sous prétexte qu’ils n’étaient pas joyeux. Les Scarlett n’avaient pas tant de chansons qui parlaient d’amour et de bonheur. On était plus du genre à hurler notre colère sur scène, à dénoncer. Ce groupe, ces musiques, c’était autant une catharsis pour nous que pour le public. Et je n’avais pas l’intention de me mettre à écrire des textes qui n’avaient aucune signification pour moi. Je ne voulais pas être un vendu parmi tant d'autres qui essaye d’écrire en réfléchissant à ce que les auditeurs pourraient penser. De toute façon, je crois que je ne serais même pas capable de chanter si les paroles ne voulaient rien dire.
- C’était l’idée, tout ce que j’ai écrit là, c’est des trucs que j’ai regroupé parce qu’on restait dans le même champ lexical.
Et aussi parce que c’était quasiment que des pensées que j’avais écrites pendant mes insomnies. Bon, il n’y avait pas que ça, il m’arrivait de temps à autre de relire ce que j’avais fait plus tard, d’effacer, de retravailler un peu les tournures de phrases. Mais ce n’était qu’un brouillon, alors, la plupart des idées étaient crue, dans le sens, pas ou peu cuisinées/travaillées. Je sentais bien que Zep n’avait pas fini, même si je l’avais interrompu brièvement, il avait quelque chose à ajouter. Il hésitait et s’il hésitait, c’est sûrement parce qu’il savait que le sujet qu’il allait aborder était compliqué. Autant pour moi que pour lui. Je détournais le regard, la mâchoire serrée. Zep visait juste. Le silence s’installa dans le garage. Il allait falloir que je dise quelque chose, mais quoi ? Qu’est-ce qu’il y avait à dire ? Avec un soupire, je me lançai :
- Désolé, c’est tout ce que j’ai. J’arrive pas… j’arrive pas à écrire sur autre chose. Ca fait putain de trois ans et la moindre bribe de parole que j’arrive à sortir c’est toujours autour du même sujet.
Ce n’était pas vraiment du syndrome de la page blanche dont je souffrais. Pour être plus précis, mon problème était l’incapacité de mon esprit créatif de trouver un autre sujet que celui de l’addiction, de la drogue, la descente, la perte, l’absence…
- Et j’ai pas envie d’imposer ça aux Scarlett. Surtout à toi, si t’as pas envie d’entendre ça sur scène… Enfin, d’entendre… Tu me comprends.
C’est sûr que c’était pas Zep qui allait se lasser de m’entendre chanter. Mais il faisait partie du groupe et je ne voulais pas diffuser une idée, évoquer un sujet dans nos chansons si tout le monde n’était pas ok avec. Je ne pouvais pas faire ce que je voulais des Scarlett, ce n’était pas à moi seul de choisir l’image qu’on voulait renvoyer, les combats qu’on voulait mener. Donc même si Zep ne m’entendrait pas chanter les mêmes paroles soir après soir, je pouvais comprendre qu’il y a des sujets qu’il ne voulait pas qu’on ramène à nouveau sur le tapis.
- Toute ces lignes, je les aies écrites pendant des insomnies, il y a des trucs c’est juste des pensées parce que ça me faisait chier de pas réussir à dormir. Mais… Ouais, ça tourne quand même beaucoup autour de lui, des souvenirs, et…
Je savais ce que je voulais dire, comment ma phrase allait se finir. Je n’arrivais juste pas à le dire, parce que le dire à voix haute, le dire dans un autre contexte qu’en plein milieu de la nuit, le dire à quelqu’un d’autre qu’à l’obscurité, ça rendait la chose réelle. Ce ne serait plus qu’un simple cauchemar qu’on peut oublier au lever du soleil. Alors oui, beaucoup des lignes que j’avais écrites parlaient de Heath. Parce que, Zep le savait sûrement, Heath avait une vie de merde avant de rejoindre les Scarlett. Ses parents étaient des connards finis qui lui en avait fait bavé dans sa jeunesse. C’était assez incroyable que les services sociaux ne soient jamais passés par là. Bref, c’est à cause d’eux que Heath avait fugué à ses dix huit ans. C’est comme ça qu’il était arrivé à Fall River, pour recommencer à zéro, s’incrivant à la fac pour tenter de faire quelque chose de sa passion. Il avait coupé les ponts avec sa famille, mais ce n’était pas toujours simple d’oublier.
Lui aussi faisait des cauchemars, des insomnies et je savais que c’était à cause de toutes ces merdes qu’il se trainait qu’il avait si facilement céder à l’addiction. Puis je crois que je n’avais pas trop aidé non plus avec mon caractère de merde. Sérieusement, même si on était restés longtemps ensemble, notre relation n’avait jamais été linéaire. Plus quelque chose en dent de scie. On passait tellement de temps à s’engueuler, à rompre et à se remettre ensemble que je crois que même nous, au bout d’un moment on finissait pas s’y perdre. Mais on revenait toujours l’un vers l’autre. Certains disaient que c’était le destin, d’autre de la connerie. J’imagine que maintenant, on ne saurait jamais.
- Et… la culpabilité, le fait que je n’arrive pas à passer à autre chose.
Pourtant j’avais essayé. J’avais essayé d’aller coucher avec d’autres types pour oublier, de faire deux fois plus de sport, de m’enfoncer dans le travail jusqu’à ne plus rien avoir d’autre en tête. Mais rien ne pouvait empêcher mon inconscient, la nuit, de me rappeler ce qu’il s’était passé ce soir-là. Putain, je n’aimais pas cette sensation. Je n’aimais pas non plus être là à me plaindre alors que Zep avait vécu ça aussi, si ce n’est pire, parce que bordel, j’ose pas imaginer ce qu’il avait traversé lui aussi. L’addiction, la désintox, puis lui aussi avait perdu un ami dans le processus.
- Désolé, je fais encore ma drama queen, en vrai, oublie, je… finirai bien par trouver autre chose…
Non. Je savais que non. Parce que ça faisait littéralement trois ans que j’essayais. Mais je ne voulais pas inquiéter Zep, je ne voulais pas replonger le groupe là dedans, je ne voulais pas les laisser penser que ça n’allait pas. Que je n’étais pas capable de gérer mes propres problèmes qui étaient loin d’être si important que ça quand on y pense. Non, Heath était qu’un connard, il fallait l’oublier.
Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Lun 17 Juil 2023 - 18:39
We are here to drink your beer
feat. Zeppelin
Zepp et le reste des Scarlet étaient bien placés pour savoir à quel point la musique, c’était toute ma vie. Ils étaient des passionnés aussi, je ne dis pas le contraire et je ne compare pas nos degrés d’implication. Mais littéralement, je vivais pour cette discipline. Il m’était impossible de concevoir un monde où j’étais incapable de jouer du piano, de composer, de chanter. Je faisais honteusement partie de ces personnes qui assuraient avoir été sauvées par la musique. C’est vrai, dans ça, je ne sais pas comment j’aurais tenu jusque là. D’abord l’école, puis Heath… Donc évidemment, chaque étape de ma vie était présente dans mes compositions et j’étais incapable de composer quelque chose qui ne vienne pas du coeur, remplis de sentiments, positifs ou négatifs.
Pourtant, là, c’était le première fois que je faisais un tel blocage. Zepp avait raison, si depuis trois ans, je n’arrivais pas à écrire sur autre chose, c’est qu’il fallait que ça sorte. Je le savais, mais je me mettais des freins. Parce que je ne voulais pas imposer les sujets qui me préoccupaient aux Scarlet. Pourtant, concernant Heath, nous avions tous été là, nous avions tous vécu ce deuil. De façon différente, certes, mais c’était là. J’avais bien conscience que la communication étaient importante dans un groupe et que ces dernières années, je n’y avais pas mis du mien. Il faut dire que le recrutement de Maya avait d’abord été un sujet épineux. L’idée de remplacer Heath me mettait hors de moi. Mais je ne voulais pas voir les Scarlet mourir pour autant, donc ça avait donné lieu à pas mal de prises de tête avant que ça ne se calme.
Maintenant, j’avais peur de parler à nouveau de Heath, de parler d’addiction, parce que je ne voulait pas regarder en arrière, je ne voulais pas que le groupe souffre par ma faute. Mais visiblement, en agissant de la sorte, ça n’arrangerait rien. A part me bloquer artistiquement et donc bloquer aussi le reste du groupe qui voulait avancer. Je restais silencieux aux paroles de Zepp. La tête baissée, comme un gosse, je ne savais pas quoi lui répondre. Sans doute parce que je savais qu’il avait raison et qu’il disait ce que je refoulais depuis quelques longues années. Mon regard croisa celui du batteur pendant un bref instant. Je hochai la tête en guise de réponse, essayant de retenir mes larmes. C’était trop d’émotion d’un coup.
Tout tourne autour de lui. A cette phrase, je me mis à pleurer. Tout tourne autour de lui. Tout a toujours tourné autour de lui, alors comment est-ce que j’étais censé continuer maintenant qu’il n’était plus là ? J’avais bien essayé de me défiler, mais Zepp n’en démordait pas. J’avais envie de fuir, d’éviter son regard, de ne pas faire face à mes propres émotions. Mais je n’avais pas le choix. Et depuis quand est-ce que je n’affrontais pas les choses en face hein ? Je levai la tête pour regarder Zepp signer en même temps qu’il parlait. Putain, moi qui pensait que j’étais le plus solide du groupe, je me plantais totalement. Je sais même pas pourquoi ça me surprenait. Notre batteur avait surmonté bien plus d'obstacles au cours de sa vie et surtout ces dernières années, des obstacles bien plus hauts que ceux que j’avais pu croiser sur ma route.
Bordel à écouter Zepp, ça me foutait en rogne. Pas contre lui, contre moi-même. Parce que j’étais pas capable d’être aussi fort, parce que j’avais besoin d’aide et je sais pas, cette idée m’agaçait. Je voulais m’en sortir tout seul, je voulais faire tout ça pour le groupe, pour les fans, ou juste pour la musique. Mais j’en étais pas capable et… Putain, ça me saoule. Les poings serrés, je vous jure que si j’avais pu, je m’en serais collé une. L’idée de se frapper la tête contre un mur m’avait bien traversé l’esprit, mais bon, je doute que ça résolve grand chose. Alors à défaut de mieux, tous les muscles de mon corps étaient contractés et j’étais juste là, comme un con, à pleurer en regardant Zepp.
Je n’étais pas sûr d’être capable d’articuler correctement, alors je me forçai à desserrer un peu la mâchoire et faire un effort pour signer quelque chose de compréhensible en même temps que je parlais :
- Je suis désolé Zepp. Je… Je sais pas quoi te dire… Je sais que t’as raison. De toute façon, ça sert à rien de se forcer d’écrire sur autre chose si c’est pour faire de la merde mais… putain, j’ai pas envie qu’on tourne en rond, j’ai pas envie de vous faire chier avec ça alors que…. C’est mes échecs. Heath je… C’est ma faute, j’étais là et j’ai rien fait. Et j’en ai marre de pas avancer non plus. Et putain, j’ai pas été là pour toi non plus. Pas quand il le fallait. Et maintenant je peux plus rien résoudre, je peux même pas faire avancer le groupe comme on voudrait, j’arrête pas de nous mettre des bâtons dans les roues parce que je suis stupide et j’arrive pas à me défaire de ce mec…
J’avais pensé à quitter les Scarlet. Avant de réaliser que ce serait l’idée la plus bête que je pouvais avoir. J’aimais trop ce groupe, ces personnes avec qui on partageait une passion, mais aussi tellement de mauvais et de bons souvenirs.
- Mais t’as raison, t’as raison sur toute la ligne Zepp et… Et on va faire comme on l’a toujours fait, on va composer des titres d’enfer, je vais continuer d’hurler sur scène pour que tout le monde entende haut et fort ce qu’il s’est passé, qu’on ne le cache pas. Que le monde sache et… Qu’on laisse jamais mourir Heath une seconde fois.
Est-ce que c’était pas là le but de la musique et de l’art en général ? Laisser une trace, faire vivre même les artistes disparus ? Je pleurai toujours. Malgré mes paroles, cette nouvelle détermination, je me sentais toujours aussi minable d’avoir été un petit-ami terrible et un ami aussi pitoyable. Tout ce que je pouvais faire, c’était essayer de rattraper le coup en étant un chanteur potable. Puis il n’était pas question d’édulcorer les Scarlet Zombies. Hors de question que notre groupe devienne des vendus qui se met à composer des chansons sans âme avec des mélodies catchy dans le seul but d’attirer les foules et l’argent. Je préférai mourir pauvre dans une cave en continuant d’écrire sur ce qui me pesait, plutôt que de vivre riche et célèbre en laissant les autres bosser à ma place.
Sans prévenir, je me rapprochais de Zepp pour le prendre dans mes bras. Je n’étais pas particulièrement quelqu’un de démonstratif, mais là, j’en avais besoin. Parce qu’un simple “désolé” et un simple “merci” ce n’était pas assez pour exprimer la gratitude que je ressentais envers mon ami. Si j’avais eu plus de temps, j’en aurais sans doute fait une chanson, mais là, dans l’immédiat, j’essayais de lui transmettre tout ça en le serrant contre moi, en continuant de pleurer sur son épaule. Tant pis, si j’étais pitoyable. Est-ce que ce ne sont pas les étoiles les plus sombres qui brillent le plus ?
Sujet: Re: We are here to drink your beer. feat. Zeppelin Jeu 10 Aoû 2023 - 18:12
Zeppelin Newell aime ce message
We are here to drink your beer
feat. Zeppelin
Ce n’était pas de ma faute. Je n’avais pas acheter la drogue, je n’avais pas appuyé sur la seringue et pourtant, pourtant… parfois, j’avais l’impression que si. J’en avais fait des cauchemars la nuit. Putain, Nightmare, on y revenait encore. Comme quoi, cette chanson avait son importance, voire, ce serait la chanson la plus importante que j’aurais écrite jusque là. Enfin, co-écrit. Zep et Maya avaient fait le gros de l’instru quand même. Cette conversation me mettait dans un état que je ne pensais jamais retrouver. Après tout ce temps, je pensais vraiment que ça ne m’affectait plus autant. Je serais un gars sage, je prendrais rendez-vous avec un psy pour en réussir à trouver une clôture à cette histoire. Mais je n’avais pas le temps, je ne voulais pas me trouver du temps non plus, on va pas se le cacher.
C’était assez paradoxal, je n’avais pas assez de temps pour aller chez un professionnel alors que si j’arrêtais d’essayer de composer des chansons sur ma santé mentale en espérant que cela résolve tous mes problèmes, eh bien, j’aurais ce temps. A chacun ses priorité. Parce que j’étais presque sûr que si je ne pouvais pas écrire, même si ce n’était que des ébauches, des ébauches d’ébauches ou trois lignes sur une feuille de PQ, je ne pourrais pas continuer d’avancer. Alors à quoi bon payer un type si c’est pour qu’il me dise de continuer de composer et de sortir tous mes sentiments sur scène ? Je le savais déjà et quand je l’oubliais, j’avais Zepp pour me le rappeler.
Je hochai la tête aux propos de mon meilleur ami. Il avait raison sur toute la ligne, je n’avais rien à ajouter. Il fallait faire notre deuil et se servir de notre groupe pour le faire. Parce qu’on était là les uns pour les autres. C’est ce qui faisait notre force, il ne fallait pas l’oublier. Dans l’émotion, je fini par prendre Zepp dans mes bras. J’en avais besoin justement, de me rappeler que je n’étais pas seul. Dans cette position, il était plus compliqué de communiquer, puis mon ami ne pouvait pas m’entendre, ni voir mes mains ou le mouvement de mes lèvres, mais je pense que tout avait été dit. Et ce geste suffisait à exprimer ce que je ressentais. J’étais content qu’il soit là, reconnaissant de l’avoir dans ma vie et j’espérais être toujours là pour lui comme il avait été là pour moi aujourd’hui et par le passé.
Nous finîmes par nous séparer. Ça allait mieux. Pour ce soir au moins. Je ne savais pas trop quoi dire après tout ça. C’était compliqué de reprendre une conversation classique. Zepp brisa le silence avec encore des paroles pleines de sagesse. Je lui adressai un sourire et hochai la tête. Nightmares. Un très bon titre pour cette nouvelle chanson.
- On va tout défoncer.
J’en étais certain. Les Scarlet Zombies allaient ressortir de leur tombe et créer un apocalypse musicale sans pareil. Et Nightmares, Nightmares ne sera que le début. J’allais proposer qu’on se remette au travail, j’étais motivé à bloc, mais du bruit à l’étage attira mon attention.
- Ce pas délicat… Ça doit être Jim. Et si… On allait finir nos bières et lui parler de notre projet, hein ?
Ça sentait la soirée de groupe à plein le nez. Jim qui rentre, Maya qui ne devrait pas tarder et puis on finirait par appeler Kim qui débarquerai après que sa fille soit couchée. Bref, une soirée de groupe quoi. Et je crois qu’après toute ces émotions, j’en avais bien besoin. Qu’on se hype tous ensemble sur notre avenir musical et nos rêves de rockstar.