La dernière chose dont j’avais envie, c’était de faire comme si tout allait bien. Comme s’il ne s’était rien passé. Pourtant, je devrais agir de la sorte parce que j’étais un adulte responsable. Je savais que je devais rien à Red et qu’il ne me devait rien, Mason encore moins. Putain, alors pourquoi est-ce que depuis cette soirée, j’enchaînais les insomnies ? L’été n’était pas fini, j’avais encore des concerts à assurer, je devrais être focus là dessus. Je devrais être excité à l’idée de monter à nouveau sur scène, de constater à quel point on en avait fait du chemin avec les Scarlet Zombies. Mais, bordel, mon esprit restait coincé sur cette scène. Incapable de penser à autre chose. Et ça me foutait dans un de ces états… Comme une forte envie de débarquer chez Red pour lui refaire le portrait. Alors que le gars, qu’il n’était peut-être même pas au courant de ce qu’il avait fait.
Voilà, ça recommence, merde. J’avais tout essayé, même la musique peinait à adoucir mes maux. Mais on était lundi soir, c’était le jour des courses. Je n’avais pas envie de sortir, pas envie d’y aller. Autant se laisser mourir de faim, mais il y avait Rackham. Et elle, je ne pouvais pas la laisser mourir de faim. Alors j’enfilai un jeans et le premier tee-shirt noir qui me tomba sous la main. Je pris même la peine de passer un coup de khöl sur mes yeux, mais pas plus car, flemme. Je n’allais pas faire un show de toute façon. Juste des courses. Allez, pour Rackham. Puis c’est pas comme si j’allais très loin, je me contentai du supermarché le plus proche de chez moi. Il n’était pas grand mais c’était amplement suffisant.
Il n’y avait personne ce soir. Tout du moins, c’est ce que je cru en prenant mon panier à l’entrée et en faisant le tour des premiers rayons. Seule la radio tournait en fond. C’est au fruits et légumes que je croisais la première âme qui vive. Je connaissais ce type. Difficile d’oublier un BG pareil, puis surtout on faisait toujours nos courses le même jour à la même heure. Je ne pris pas la peine de le saluer ou quoique ce soit. C’est bon, on se connaissait pas. On s’était jamais parlé et je doute qu’on se parle un jour. Peut-être que je devrais, remarque, je venais de le dire après tout, il était pas mal, il y avait peut-être moyen… Non, avec ma chance du moment, c’était sûrement un mec hétéro qui avait une meuf, une vie bien rangée. Il achetait tout de même pas mal de plats préparés pour un gars “banal”. Putain, non je devais pas me lancer dans ce genre d’analyse. Allez, les courses, plus vite on en aurait fini, mieux c’est.
Je rempli mon panier et allai en caisse. J’attendis un moment que le seul employé arrête de ranger ses rayons et vienne faire l’encaissement. Et évidemment, il fallait qu’il y ai une couille avec un de mes articles et comme le gars était tout seul, il ne pouvait pas appeler un collègue pour aller vérifier. Je regardai l’employé partir vers la réserve avec mon paquet de lentilles. J’avais tellement envie de rentrer chez moi. Je sais pas ce que j’avais fait au karma pour le provoquer de la sorte, mais soudainement, toutes les lumières s’éteignirent. Black out, plus de radio, rien. Bordel.
- C’est quoi cette merde encore ?
Ok, vous savez quoi ? J’avais eu ma dose là. Tant pis si je partais sans payer, ce fichu supermarché avait qu’à fonctionner correctement. Je pris mon sac de courses plein et me pointa devant la porte automatique qui… Évidemment ne s’ouvra pas. Bah oui, sans électricité comment tu veux que ça marche ? J’allais exploser un truc là. Ma patience avait des limites. Dans un mouvement d’humeur j’attrapai une boîte de conserve dans mon sac et la lançai sur la porte. Quoi ? C’était une porte en verre, j’allais bien réussi à la casser non ? Attendre que l’électricité revienne ? Pf. Non. Je vous ai déjà dit que je n’avais plus la patience pour rien. Clairement, ça ne m’avait pas rendu intelligent. J’aurais dû me douter qu’on ne brisait pas si facilement les vitrines de supermarché. Sinon c’était la porte ouverte à tous les vandales. Comme de fait, mes petits pois rebondirent sur la surface. Par réflexe, je m’écartai pour éviter de me la prendre en pleine gueule…. Pour la voir finir dans celle du mec derrière moi.
Oh merde. Pendant une seconde mon cerveau, sous le choc essaya d’analyser avant de comprendre ce qu’on venait de faire. J’avais envoyé une boîte de conserve dans la tête du client BG. Ok, c’était plus l’heure d’être énervé là. Je lâchai mes courses pour aller vers lui sans trop savoir quoi faire non plus :
- Oh merde, désolé, putain.. je pensais pas que ça rebondirai je… Ca va ? Vraiment désolé !
S’il vous plait, j’étais à deux doigts de commettre un vol, me dites pas que j’avais commis un meurtre en plus. Journée de merde définitivement.
S’il y a bien un truc que je déteste, c’est faire les courses. Ça prend un temps fou, il y a toujours foule dans les rayons et comme par hasard, tous les articles que je veux sont en rupture de stock. Comme une malédiction posée sur tous ces supermarchés, un truc qui vous force à y revenir, encore et encore. Peut-être bien que c’est ça, l’enfer, en tout cas je ne peux pas dire que ça m’étonnerait. Bien sûr, je pourrais faire livrer chez moi, mais j’avoue que le moins de personnes connaîtront mon adresse, mieux je m’en porterai. Sans doute un brin de paranoïa dans tout cas, mais chaque minute, chaque jour qui passe, je revois le corps encore chaud de Mike et je me dis que si on me trouve, je n’aurais pas le temps de dire un mot avant qu’on me fasse subir le même sort. Pas que ça me dérangerait tant que ça, je ne suis pas si attaché à ma vie, qui manque tout à fait d’éclats depuis des années, il faut bien l’avouer. Si j’avais pu mourir avant, probablement que je n’aurais pas attendu. Mais il y a encore tellement de gens qui doivent payer. Et puisque la justice des hommes ne veut plus rien dire, j’irais moi-même faire détruire leurs prétendues certitudes.
Peut-être bien à ça que je pense en scannant d’un œil absent les différents préparés. Tout ça est d’une futilité. Pour un fils de cuisinier, j’ai depuis longtemps perdu l’appétit et si je n’avais pas l’obligation de le faire pour survivre, je crois que je m’en passerais bien. Les jours passent et se ressemblent, remplis d’intrusions déplaisantes de la société et de ses attentes. Qu’a-t-elle bien fait pour moi cette société ? Pourquoi je devrais lui rendre quoi que ce soit ? Va pour les lasagnes. Je fourre plusieurs autres plats préparés dans mon chariot et continue mon bout de chemin jusqu’au fruits et légumes. Une des raisons pour lesquelles je viens le soir,à une heure avancée, au-delà de l’absence d’autres clients, c’est parce que je finis toujours par le croiser. Et le fait est qu’il est là ce soir. Nos regards se croisent et nous partons chacun de notre côté. Un homme séduisant, la trentaine, tatoué. Le genre de type que j’aurais trouvé absolument cool étant jeune et me voulant edgy. Je ne sais pas ce qui m’a fait le remarquer pour la première fois, son look, son attitude, peut-être un peu les deux. Une attirance qui ne m’aurait jamais poussé à aller lui parler cependant. Les gens sont toujours décevants quand on finit par les approcher. Quand j’ai rencontré Roger la première fois, il est devenu mon pire cauchemar, hantant mes rêves pendant des mois, créant crise d’angoisse sur crise d’angoisse quand j’avais l’impression de le voir à un carrefour. La dernière fois que j’ai vu Roger, il n’était plus qu’un porc adultère, incapable d’être humain, mais tellement humain dans son pathétisme. Il n’y avait rien de glorieux en l’homme qui avait ruiné ma vie.
Alors je me demande, cet homme, quel est donc sa vraie nature ? Alors que chacun suit son chemin, je note qu’il a l’air animé, mais d’une façon différente d’ordinaire. De l’énervement ? De la frustration ? J’avoue que je n’ai pas vraiment envie de le savoir. Je suis tout à fait content de me satisfaire de l’image de ce mec, sans avoir à en apprendre davantage sur lui et finir déçu. Or en ce moment, je n’ai pas besoin d’une déception supplémentaire. Et puis soudain, plus de lumière. Eh merde. C’est bien ma chance. Avec mon chariot, je me rends à la caisse la plus proche où seul m’attend le fameux type en question. Pas de personnel dans le coin. Aussi lorsqu’il saisit ses courses et passe le portillon pour sortir, je me contente de plonger les mains dans mes poches et de le regarder faire. Fuck le capitalisme. Bien sûr, les portes automatiques ne risquent pas de s’ouvrir si le courant est coupé, mais c’est l’intention qui compte. Ce à quoi je ne m’attendais pas en revanche, c’est qu’il balance une boîte de conserve sur la porte, et pire, qu’elle me revienne en pleine gueule. Reculant d’un pas ou deux je place une main sur ma pommette droite, grognant un « merde ». Aussitôt le mec est près de moi, à s’épancher dans toutes les excuses du catalogue et, l’espace d’un instant, j’ai envie de rendre œil pour œil et de lui en coller une. Au lieu de quoi je lance :
« Putain, mec, je vois bien que t’es de mauvaise humeur, mais c’est pas la peine de t’en prendre aux innocents dans l’histoire... »
Je me redresse, frottant ma joue comme si ça allait atténuer la douleur violente que je ressens. Pour la première fois, le type et moi sommes proches, tel que s’il y avait eu de la lumière, j’aurais pu discerner la couleur de ses yeux.
« Ça ne va pas prendre longtemps, ils nous feront sortir bientôt, ils ne peuvent pas se permettre de perdre tous leurs congelés... »
C’est comme ça quand on veut faire du profit, l’existence humaine importe peu. La péremption de centaines de produits dans les frigos en revanche… Pas que ce soit mon problème, si tout le supermarché pouvait pourrir sur place et laisser la végétation reprendre ses droits sur ce bâtiment de merde, je n’en serais que plus heureux
Achilles Hightower
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Il faudrait penser un jour à féliciter l’inventeur de la porte automatique. C’était du solide son truc et c’était totalement con de ne pas avoir pensé à mettre, je sais pas, un système de sécurité peut-être ? Histoire qu’en cas de panne de courant, personne ne se retrouve coincé à l’intérieur ? Putain, si le bâtiment était en feu, on serait sans doute morts à l’heure qu’il est. Comment ça j’en fais trop ? Non. C’était ultra dangereux leur truc. Croyez-moi que le supermarché allait en entendre parler de cette histoire. Hors de question que je revienne faire mes courses ici à l’avenir. Je tenais encore trop à la vie pour ça. Quoique, visiblement, c’était pas Red que ma perte attristerai. Pourquoi il fallait encore que je pense à ce connard dans un moment pareil ?
J’aurais pu regretter que ce ne soit pas le détective qui se prenne cette conserve en pleine gueule. Il l’aurait mérité, pas comme ce gars, qui ne faisait que passer par là. Alarmé par la situation, j’avais laissé tomber mes courses pour me rapprocher de lui. Au moins, il était toujours debout et il parlait, il ne devait pas aller si mal que ça. J’aurais pas aimé être à sa place. Et je savais plus quoi dire, je m’étais excusé déjà assez de fois, non ? Ce n’était pas la peine que je continue.
- C’est bon, je me suis excusé, t’étais au mauvais endroit au mauvais moment j’y peux rien.
Il faut être réaliste au bout d’un moment. Qu’il me blâme si ça lui faisait plaisir, il avait tout même une part de responsabilité dans cette affaire. Puis merde, je me trainais assez de culpabilité comme ça. J’en avais marre. C’est pas un inconnu, aussi beau soit-il, qui allait me pourrir le reste de ma soirée. Elle était déjà bien assez nulle sans son intervention.
- Hm. Ils ont plutôt intérêt.
Pas que j’ai quoique ce soit de prévu ce soir, mais je préférai largement déprimer chez moi qu’ici. Surtout avec ce mec qui allait finir par être de mauvais poil aussi. Comment je le sais ? Une intuition. Non mais d’expérience, je savais que quand j’étais de mauvaise foi, mon interlocuteur finissait pas l’être aussi et on se prenait le chou. Donc je vois pas trop en quoi ce soir serait différent. Mais quitte à rester enfermés ici, au moins pour quelques minutes, il allait falloir faire un effort j’imagine. L’idée était pas non plus de rejouer une partie de hunger games. Le staff serait pas super content de devoir nettoyer du sang sur les murs. Putain en parlant de sang, je remarquai que ma conserve avait réussir à ouvrir la pommette de mon intelrocuteur.
- Oh, merde tu saignes. Hum… viens.
Sans lui demander son avis, je l’attrapai par le poignet pour le tirer jusqu’au rayon pharmacie. Ca se sent que je venais souvent. Sans hésiter, j’attrapais des cotons et du désinfectant. Oh si vous saviez combien je m’en foutais d’utiliser des trucs sans les payer. C’était de leur faute tout ce bordel. Puis comme l’avait dit l’autre gars, ils allaient perdre tous les surgelés de toute façon, ils étaient plus à quelques pansements prêt. Je versai le désinfectant sur le coton et commençait à l’approcher du visage du blessé. Je m’arrêtai à quelques centimètres :
- Tu permets ? T’inquiètes, je suis une infirmière incroyable. Tout est dans le doigté.
Est-ce que j’étais en train d’essayer de flirter ? Je sais pas, en tout cas, je m’étais mis à sourire pour le rassurer et ouais, c’était un peu ma façon d’essayer de me faire pardonner.
- Par contre, ça risque de piquer quand même.
Autant ne pas lui mentir. Malgré mes talents d’infirmières, je n’étais pas capable de changer la composition d’un désinfectant. Donc oui, une fois sur la blessure, ça allait piquer.
C’est toujours quand on croit que ça ne peut pas être pire, que le destin vous montre que si, il a toujours les choses bien en main et que bordel, si on veut que ce soit pire, il n’y a qu’à demander. Non content de ne pas avoir mon paquet de pâtes préféré, le supermarché n’a plus non plus de courant. Et pour finir je viens de prendre une boîte de conserve dans la gueule. Comme quoi, on doit toujours faire attention quand on décide de se plaindre. Je me dis que j’aurais mieux fait de rester chez moi et de manger le papier peint quand un juron m’échappe, tout bas. Le mec en rajoute une couche et si j’ai bien envie de lui râler en contre-coup, je prends sur moi pour prendre une longue inspiration et me calmer. Bon. Ne t’énerve pas, Rune. Ça n’en vaut pas la peine, et puis tu sais comment ça finira si tu t’en prends à ce type, est-ce que t’as vraiment envie de passer ta nuit au commissariat ? Même si mes affaires sont soigneusement gardées secrètes, ce n’est pas la peine de les mettre sous le nez des poulets pour voir s’ils vont en saisir l’odeur. Je ravale la remarque acide qui me brûle les lèvres et soupire :
« Ils ne peuvent pas nous laisser ici toute la nuit. »
Il faut bien que les employés rentrent, eux aussi. À moins qu’on ne les paie en heures supp’ mais bizarrement, ça m’étonnerait beaucoup d’un établissement comme celui-ci. Quand je vous dis qu’une petite révolution ne ferait pas de mal à ce pays. Est-ce qu’ils sont seulement payés assez pour vivre, ces pauvres types qui s’affairent pour remettre en route le courant ? Vous allez me dire que ce n’est pas mon problème, mais pour avoir vécu dans un foyer avec des économies difficiles, je ne connais que trop bien la pauvreté et les coins qu’on coupe sur tous les achats : toujours le premier prix, toujours une qualité de merde, à avaler les hot dogs et les boîtes de SPAM comme si ça allait vraiment suffire à couver la faim qui gronde au creux de l’estomac. J’envisage sérieusement l’idée de me tirer, moi aussi, sans payer pour mes achats quand mon interlocuteur me rappelle à la réalité et que je dois bien réaliser qu’effectivement un filet de sang chaud coule le long de ma joue.
« Ce n’est pas gr… »
Pas même le temps de terminer ma phrase que le gars m’attrape au poignet et me tire derrière lui jusqu’au rayon pharmacie. Plus par nonchalance que par réelle envie de le suivre, je me laisse faire et accepte les soins qu’il propose. Me détends même suffisamment pour laisser échapper un rire à ses propos et de répondre, l’amusement brillant dans le regard :
« Vraiment ? Tu dois avoir beaucoup d’expérience alors. »
Pourquoi je rentre dans son jeu ? J’avoue que je ne sais pas vraiment. Ce n’est pas comme si on avait beaucoup mieux à faire dans notre condition. Je hausse les épaules :
« Vas-y. J’ai vu pire. »
Quand on a passé sa jeunesse à vagabonder dans le Vieux Carré et avec des gangs, on se fait très vite une idée de quelle douleur on est capable de supporter. En l’occurrence, le picotement de l’alcool sur la blessure est léger, déclenche tout juste un frisson le long de mon épiderme qui ne tarde pas à disparaître. Mon regard, lui, ne quitte pas le visage du gars, appréhende ses traits. Il est beau oui, mais ça ne suffit pas à baisser ma garde. Mais puisqu’on risque d’être là pendant un moment, autant se montrer sympathique et éviter une guerre à base de boîtes de conserve, une seule m’a suffit :
« Je m’appelle Rune. C’est quoi ton nom ? »
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A ce stade, j’en avais plus rien à foutre de prendre des pincettes quique ce soit. Je n’avais pas peur de me battre avec le type que j’avais devant moi. Même s’il se révélait un pro des arts martiaux, ou que sais-je encore. Une partie de moi espérait même qu’il s’énerve et qu’on en vienne aux mains. Ça me donnerait une excuse pour répliquer et passer mes nerfs sur quelque chose, ou plus précisément sur quelqu’un dans ce cas de figure. Je voyais bien que mon interlocuteur faisait des efforts pour se maîtriser. Te donne pas cette peine mec, c’est pas comme si je le méritais. Pourquoi est-ce que le monde autour de moi est si raisonnable ? Il y a que moi pour péter un boulon pour des trucs aussi con ? J’allais finir par croire que j’étais l’idiot du village.
J’espère bien qu'ils ne vont pas nous laisser pourrir ici toute la nuit ! Il était où l’employé de tout à l’heure là ? Jamais là quand on a besoin de lui. J’espère qu’il avait quelques neurones et qu’il était en ce moment au téléphone en train de régler ce problème. Ouais parce qu'évidemment, je n’avais pas pris mon portable. Ça servait à rien que je m’en encombre, si c’était pour lire encore le dernier message de Red, tout innocent (dans le mesure où il sait l’être), si je suis dispo ce soir. Enfin, c’était le ce soir d’il y a quelques jours maintenant. J’avais même pas pris la peine de lui répondre. Bien trop énervé. Qu’il aille se taper quelqu’un d’autre, visiblement, il en avait rien à faire que ce soit moi ou je sais pas quel pécore qui pouvait bien traîner dans ses pattes.
Bordel, je pensais encore à ce connard de blond. Et dans mon truc, je n’avais même pas répondu à mon interlocuteur qui… était en train de saigner. Je ne lui laissais pas le temps de prendre une décision. Je lui fis remarquer et l’entraînai rayon pharmacie. Ca me changerait les idées de jouer les infirmières. Puis autant me concentrer sur le beau gosse que j’avais en face de moi. Est-ce que c’était pas la meilleure façon pour oublier l’autre ? Tu joue avec le feu Ache. J’allais le regretter, mais on s’en fout. Je pouvais bien brûler vif s’il le fallait, ça n’avait pas d’importance. Alors ouais, je vantais mes qualités, j’adressais un sourire plein de sous-entendus à mon interlocuteur et il ne m’avait pas rembarrer, alors pourquoi s’arrêter ?
- Hm, t’as vraiment envie de savoir ?
Je levai un sourcil interrogateur, le regard plongé dans le sien. J’avais aucune idée d’où j’allais avec ces conneries, mais je fonçais droit dedans pour sûr. J’appliquais le désinfectant sur sa pommette après avoir obtenu son approbation. J’avais vu pire aussi, on était d’accord, ce n’était qu’une égratignure. Il aurait même pu s’en charger lui-même. Si j’étais appliqué dans ma tâche, je sentais le regard du gars sur moi. Ce n’était pas désagréable. Mais est-ce qu’il profitait de la vue ou est-ce qu’il cherchait quelque chose ? Comme, je sais pas, un point faible, ou juste retenir mon visage pour me coller la misère plus tard ? Il fini par briser le silence. Je ne m’attendais pas à ce qu’il veuille faire connaissance, pourquoi pas après tout.
- Achilles. Mais tout le monde m’appelle Ache. Je pense que tu peux tu peux te figurer pourquoi.
Un nouveau sourire en croisant son regard. Rune avait un prénom aussi énigmatique que son allure. Ça me plaisait bien. Je maintins l’eye contact un moment avant de m’éloigner pour attraper une boîte de strip et l’ouvrir. J’en collai deux sur sa blessure, mais c’était plus par précaution. Je l’avais bien ouvert quand même.
- Alors ? Comment tu te sens ?
Je n’allais pas renouveler mes excuses, mais je pouvais bien m’inquiéter de l’état de mon patient aussi :
- Est-ce que j’ai mérité un diplôme d’infirmière ou il me manque encore des qualifications ?
Qu’est-ce que je peux en raconter de la merde quand je m’y met. Sérieusement, pourquoi est-ce que j’étais comme ça ? Pourquoi je ne pouvais pas m’empêcher d’être aussi con, de faire des mauvais choix ? Je le savais que flirter avec un inconnu n’allait en rien régler mes problèmes, mais bordel, j’arrivais pas à faire autrement, j’arrivais pas à me dire que, c’était la seule façon d’oublier Maze et Red.
Depuis mon arrivée à Fall River, j’ai tout fait pour passer inaperçu. La plupart de mes clients ne me connaissent que sous mon pseudo, et si je m’amuse à semer la zizanie entre les gangs, je prends toutes les précautions possibles pour qu’on ne puisse pas remonter jusqu’à moi. C’est l’une des premières choses que j’ai appris dans le métier. Bien sûr, il y a toujours des chiens pour tenter de flairer ma piste, mais jusqu’ici, tous se sont tenus éloignés. Il n’y a bien que Harper pour me les briser, mais même elle n’est pas une vraie menace. Tout ça pour dire que ce type a choisi la mauvaise cible s’il a besoin de vider son sac. Désamorcer la situation est la seule pensée dans mon esprit. Ne t’énerve pas Rune. Mon regard ne le quitte pas et j’imagine déjà tout un tas de plans pour lui pourrir la vie s’il décide d’enclencher le combat. Ce gars ne sait pas à quoi il s’expose et c’est déjà une preuve de bonté que je ne lui fasse pas payer cette foutue conserve.
Bientôt nous nous retrouvons dans le rayon pharmacie et j’accorde, brièvement et de manière tout à fait restreinte, ma confiance pour qu’il me soigne. Du froid au chaud, ce type a les émotions comme des montagnes russes. La chaleur qu’il dégage maintenant n’a plus rien à voir avec l’explosion qui couvait il y a encore quelques minutes de cela. Non. Le gars me fait du rentre dedans. Je ne sais laquelle de ses deux idées est la plus stupide. Un sourire se dessine sur mes lèvres quand l’amusement brille dans mes prunelles :
« Il ne faut pas se vanter de ses qualités si l’on n’est pas prêt à les prouver. »
Je rentre dans son jeu, gardant toujours à l’esprit qu’il était prêt à se foutre sur la gueule peu de temps auparavant. Les types impulsifs sont toujours dans mon radar. Peut-être parce que j’agis toujours de manière calculée, je ne peux pas comprendre comment ces gens sont encore en vie. Dans le Vieux Carré, l’impulsivité se paie souvent d’une balle dans la tête. Je lève un sourcil curieux en entendant son nom. Je ne dis pas que j’espère que sa vie n’est pas aussi dramatique qu’il a l’air de le sous entendre. Ça aussi, ça fait partie des choses que je contrôle. Aux vues de son tempérament impétueux, ce n’est pas une bonne idée de le provoquer. Surtout alors qu’il s’occupe de moi. Something, something, ne pas mordre la main qui vous nourrit. Je décide de répondre avec humour à sa question, plus pour moi que pour lui quand j’essaie de garder l’atmosphère légère.
« Tout dépend, est-ce que je pourrais encore remporter un concours de beauté ? »
Comme si ça m’importait. L’idée d’être beau ou non a toujours été loin de mon esprit. Disons que j’avais des préoccupations plus importantes en grandissant, et maintenant… Disons que je n’ai aucun mal à assouvir mes besoins quand ils se font ressentir. C’est tout ce que je peux demander, quand j’ai des dessins plus importants et pas vraiment l’envie de m’engager dans une relation. Peut-être bien le mariage foireux de mes parents qui m’a immunisé face à l’amour, toujours est-il que je n’ai pas l’impression de manquer de quoi que ce soit. Quand on mène une vie comme la mienne, c’est mieux de ne pas s’attacher. Tout simplement car les gens sont une faiblesse que je ne peux pas me permettre d’avoir. Ce serait tellement simple de s’attaquer à la personne que j’aime pour m’atteindre. La raison aussi pour laquelle j’ai coupé les ponts avec ma famille. Un rire m’échappe à la question d’Achilles et je m’entends répondre, amusé :
« Est-ce que ça ne défie pas un peu le but d’une infirmière si c’est toi qui provoques les blessures ? »
Du bout des doigts, j’effleure les straps sur ma pommette. Je peux m’estimer chanceux que ça n’ait pas atteint l’œil, c’eût été une toute autre histoire. Bien plus dramatique. Mon regard croise celui de mon interlocuteur. Ses yeux sont d’une très jolie couleur.
« Il y a une raison pour laquelle tu es de mauvaise humeur, ou bien c’est juste que tu as peur du noir ? »
Ce n’est probablement pas ce que je fais de plus malin que de rentrer dans le jeu, mais tant qu’on est coincés là, autant en profiter un peu.
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Je détestais mon comportement, je détestais ce que j’étais en train de faire. Putain, je savais très bien la connerie dans laquelle je me noyais là. J’avais plongé droit dedans et je continuais de nager vers le fond. Je savais que j’allais le regretter, pourtant je continuais, je repoussai tout dans un coin. Fuck it. Je pouvais bien flirter avec le premier beau mec que je croisais, on s’en fout. Je ne devais rien à Red, il ne me devait rien. Son baiser avec Maze en était la preuve. Il s’en foutait. Alors moi aussi. Je sais, je passais du chaud au froid, prêt à me battre une seconde, charmeur celle d’après. Mes émotions en roue libre. Mais mon interlocuteur rentrait dans mon jeu. Donc pas la peine de se poser des questions. La vie est trop courte pour laisser passer une occasion de flirter avec un beau mec.
Mon sourire fit écho au sien, sûrement une lueur amusée dans le regard aussi. Maintenant que j’avais repoussé tout le reste, ce jeu me plaisait bien. J’aimais la tournure qu’il prenait.
- C’est pas mon genre.
Je soutins son regard assez longtemps pour qu’il y lise que j’étais prêt à lui apporter les preuves qu’il demandait. Je n’étais pas si doué pour flirter en dehors d’une salle de concert. Je sais même pas ce qui me prenait là, sûrement la force du désespoir ? Dans tous les cas, je ne voulais pas l’inviter trop vite dans mon lit. Quoique, si. Une part de moi voulait en finir rapidement, mais une autre hésitait encore. Cette autre qui avait encore un peu conscience qu’on allait le regretter, que c’était pour les mauvaises raisons que je voulais le ramener chez moi. Mais elle ne parlait pas assez fort pour que je l’écoute et me barre. De toute façon on était coincés là non ? Autant en profiter. Rune devait être dans la même idée. Putain Rune. Pourquoi son nom devait ressembler à l’autre ? Une lettre, c’était bien la seule chose qu’ils avaient en commun.
Mon rire n’en était pas vraiment un, juste une sorte de réflexe à un trait d’humour, histoire de pas paraître trop rustre et blasé. Je ne pouvais pas m’empêcher de répondre en lui faisant du charme :
- Il en faudrait bien plus pour réussir à te rendre moins beau.
Encore un échange de regard en disait long sans que je sache ce qu’il voulait réellement dire. C’est stupide comme formulation quand on y pense, comme si mes yeux pouvaient parler, comme s’il pouvaient transmettre un message plus clair et compréhensible que ma voix. Pourtant, on parle bien de langage corporel. Putain, c’est trop de concept compliqué dont je n’avais pas grand chose à foutre dans l’immédiat. Je n’avais pas envie d’avoir à réfléchir. Heureusement, j’avais un patient BG que je pouvais mater et à qui je pouvais sortir toutes les conneries qui voulaient bien sortir de ma tête.
- Hm, j’en sais rien. T’aurais préféré que je colle le pansement avant de t’en mettre une ?
Quand je vous dit que ma tête était pleine de conneries. Je racontais n’importe quoi, bordel, qu’est-ce que je m’énervais à me comporter de la sorte. Pourquoi Rune ne se barrait pas ? Putain, oui les portes étaient toujours fermées. Magasin de merde.
- J’ai une gueule à avoir peur du noir ?
Tout de suite sur la défensive, la colère qui revenait. Les Scarlet ont raison, j’suis une putain de drama queen, je mériterai une putain de place dans une sitcom où on foutrait des rires à la cons après chacune de mes répliques. Comme pour ajouter un comique à la situation, les lumières se rallumèrent juste après ma phrase. Je préférai encore ça aux rires pré-enregistrés. Je lâchai un soupir.
- Cette journée est un sketch, c’est pas possible.
Je n’avais pas envie d’expliquer les raisons de ma colère à Rune. J’aurais pu lui dire que j’étais toujours comme ça. Que j’avais cette sorte de rage en moi qui me dévorait de l’intérieur et qui était prête à ressurgir à chaque seconde. Il n’y avait que la musique qui était assez efficace pour l’apaiser. Mais d’où est-ce qu’elle venait ? J’aurais pu lui parler de Red. Ou alors de Heath ? Du monde impitoyable de l’Art ou lui parler du lycée ? Du collège ? De ma mère ? Ou du connard qui n’avait jamais voulu l’aider à m’élever ? Ok, j’aurais pu me contenter de Red. En même temps que la lumière, la musique était revenue dans le supermarché. Je me focalisais sur cette dernière pour ne pas exploser.
- J’admet, je suis pas réellement une infirmière, est-ce que ça me rend légitime à t’inviter boire un verre chez moi ? Je commence à en avoir ras-le-bol de l’espace publique.
Après l’acteur de sitcom, j’allais passer pour un tueur en série. Netflix, si vous voulez refaire votre catalogue, appelez-moi. Pour être honnête, je n’avais pas envie d’aller au pub. Parce que j’avais trop peur de le croiser lui. Et putain j’avais pas envie de le voir. J’aimais bien l’idée qu’il me voit avec un autre, ce serait une juste vengeance mais… putain, on était même pas ensemble. C’était pas une vengeance, juste de la connerie. Bordel, j’aurais pas envie de flirter sous les yeux de Red et constater, qu’en effet, il en a rien à foutre de ma gueule.
Ma mère disait toujours que j’étais un enfant trop sérieux, incapable de prendre les choses à la légère, obstiné dans mes idées. J’imagine que je n’ai pas beaucoup changé avec le temps. Il faut dire aussi qu’après une enfance comme la mienne, il aurait été difficile de me voir devenir un clown, à défaut d’autre chose. Et puis, à quoi est-ce que ça aurait bien pu rimer, dans le monde qui est le nôtre ? Si j’ai bien appris une leçon durant ma jeunesse, c’est bien que c’est bouffer ou être bouffé. Pas d’exception, pas de fuite possible. Les rouages de notre société nous écrasent tous, les uns après les autres. Il n’y a que l’anéantissement de cette société pour briser le mécanisme. Mais ce n’est pas vraiment ce qu’on dit à quelqu’un lorsqu’on vient de le rencontrer, et de toute façon je ne me serais jamais livré de la sorte à quelqu’un comme Achilles. L’anarchie prend bien des formes, mais on n’arrive à rien quand on se précipite. Qu’il soit de mon côté ou non, ce genre de confidences ne se font pas sur l’oreiller. C’est un coup à attirer les mauvaises personnes au mauvais moment et je ne suis pas arrivé là où j’en suis en déversant mes idéologies au premier venu. Non, au lieu de confessions, nous échangeons des plaisanteries sur fond de flatterie et de drague de mauvais goût. Je vois bien dans son regard qu’il n’est pas tout à fait là, mais est-ce que ça m’intéresse vraiment ? Est-ce que j’ai envie de savoir pourquoi ces prunelles bleues brillent d’un éclat triste ? Ce serait trop prendre à ce pauvre homme qui n’a eu que le malheur de me croiser ce soir.
« Tu me flattes là. »
La remarque est faite avec ce qui s’apparente de la gentillesse, bien que chez moi on ne puisse pas vraiment dire que ça en soit. La gentillesse ne fait pas partie des qualités que j’apprécie et souhaite représenter. Il s’agit d’une faiblesse et je ne suis pas du genre à délibérément m’en choisir. Dieu sait que j’ai déjà suffisamment de problèmes avec ceux que j’ai déjà. Je hausse les épaules :
« Je crois que l’un dans l’autre, j’aurais préféré éviter qu’on m’en mette ce soir. »
On ne peut pas dire que je sois quelqu’un de masochiste, je ne suis pas particulièrement avide de souffrance et si je peux les éviter, je ne passe pas à côté, même si cela doit me coûter ma nuit avec un bel homme. D’autant plus que l’homme en question a l’air particulièrement fragile face à ses émotions. Probablement dangereux. Il a l’air de brûler, et je ne tiens pas à ce qu’il me fasse brûler avec lui.
« Non, probablement pas. »
Il a l’air plutôt du genre à se fondre dans la nuit et d’apprécier ça. Les enfants de ce style sont courants à la Nouvelle Orléans, ce sont ceux qui font du charme aux touristes et qui leur piquent leur argent alors qu’ils s’endorment à côté d’eux. La lumière est rallumée et je jette un coup d’œil vers le plafond. C’était bien le moment. Je ne réponds pas à Achilles, plus par sécurité personnelle que par réelle ambition. Je ne sais pas quels mots il prendra mal la prochaine fois que je l’ouvrirais et je n’ai pas vraiment envie d’y réfléchir. Les gens comme lui sont épuisants et une part de moi se dit qu’il a dû jouer dans les pièces de son lycée. En tout cas, c’est l’image qu’il me donne. Un enfant un peu colérique. Aussi lorsqu’il me propose d’aller chez lui, j’hésite. L’invitation et ses promesses sont alléchantes, mais est-ce qu’aller chez un mec aussi impulsif n’est pas une mauvaise idée ? Je soupèse les risques en me demandant si je pourrais le contrôler s’il devient agressif. Je ne doute pas de mes capacités, mais il est tout de même plus grand que moi et je m’aventure sur un terrain qui lui est connu, sans savoir si il a des bonnes intentions à mon égard. Si Achilles est épuisant, je pense qu’on peut facilement dire la même chose de moi. J’ai besoin de me savoir en sécurité avant de décider de quoi que ce soit et on ne pourra pas me reprocher de ne pas être prudent. Sans trop laisser voir mon trouble je finis par hocher la tête :
« Avec plaisir. »
Je me relève en m’étirant et malgré la douleur un peu lancinante dans ma joue, adresse un sourire factice à Achilles :
« Tant que tu promets que tu n’es pas un serial killer. »
Je plaisante, mais au fond je suis très sérieux. J’accepte sa proposition, mais j’ai bien l’intention de vérifier tous ses réseaux sociaux avant qu’on arrive chez lui. Il n’est pas question que je me retrouvé planté par un couteau ce soir. Je n’ai pas survécu jusqu’ici pour me faire avoir par une envie de jambes en l’air.
« Je te rejoins à la caisse, j’ai oublié un truc. J’en aurais pas pour long. »
Sans lui laisser le temps de protester, je m’éloigne, sortant mon téléphone et effectue un petit tour pour récupérer l’IP d’Achilles, scannant les différents réseaux à la recherche de la moindre information. J’apprends qu’il est chanteur d’un groupe et qu’il aime beaucoup se balader à moitié à poil. L’un dans l’autre cela me rassure, je me dis qu’une personne public aura bien plus de mal à cacher un corps. Je me rends ensuite au rayon des cafés et thés, où je m’empare d’un thé vert à la menthe, pour me servir d’alibi face au chanteur. Rien que du très inoffensif, mais c’est tout ce dont j’ai besoin. Avoir l’air inoffensif.
Achilles Hightower
- Autumn leaves -
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▎ Pseudo : Hareng Séduisant
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▎ Multi-comptes : Maxine, Johnny & Rowan
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▎ Your age : 32 ans (30/11/91)
▎ Your preference : Tu me touche, j'te mords, c'est clair ? (Gay ascendant pitbull)
▎ Job/Studies : Professeur de piano au conservatoire & chanteur des Scarlet Zombies
Il a intérêt de se sentir flatté. Putain. Ça aurait été plus simple s’il était juste rentré dans mon jeu. S’il avait flirté en retour. Là, je me retrouvais dans cette situation gênante où tu viens de faire un compliment et tu sais plus quoi dire maintenant que l’autre l’avait accepté, ou presque. Il y avait sans doute rien à dire, mais j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose. Je n’allais pas insister sur le sujet, ce serait étrange. Bordel, c’est pour ça que je flirtais pas sobre. Après je réfléchis à ce que je fais, à ce que je dis. C’était bien plus simple avec Red. Même si j’avais bu à notre première rencontre, après je n’avais même pas à faire d’effort. Je savais qu’il allait surenchérir, entrer dans mon jeu. Mais putain, c’est normal, Red était un coureur, c’était tout dans son intérêt.
J’en avais marre. Pourquoi c’est quand on ne veut pas penser à une personne qu’on a qu’elle à l’esprit ? A croire que l’univers se liguait contre moi pour me torturer l’esprit. Ça pourrait faire un sujet de chanson, remarque. Si je pouvais tirer quelque chose de cette histoire, autant en profiter. C’est bien l’avantage d’être un artiste. On est sûrement la seule profession où on peut se faire de l’argent sur le dos de nos ex et de nos échecs. Si ça se finissait mal à Rune, je pourrais sûrement en faire un son. Qu’est-ce qui rime avec “conserve dans la gueule ?”.
Je haussai les épaules. Je me doute bien que personne n’avait envie qu’on lui en colle une. Putain, ça existait donc vraiment ce genre de personne ultra terre-à-terre et premier degré ? Pourtant il m’avait semblé fun tout à l’heure. En même temps, tu réagirais comment si un type qui vient de t’envoyer des petits-pois dans la gueule te proposait de te frapper ? Putain, en fait c’est moi le psychopathe de l’histoire. En fait, Rune avait juste un bon instinct de survie. Je ne faisais rien pour le rassurer non plus entre mes tentatives de flirt, mes sautes d’humeurs et maintenant une invitation chez moi ? Heureusement que j’étais trop con pour me rendre compte à quel point je passais pour un type louche.
Non sans hésitation, Rune accepta mon invitation. Je ne dis rien, mais j’eus la prétention de m’offusquer les quelques secondes où il resta silencieux. Cela ne m’empêcha pas de répondre à son sourire et de rire à sa réplique :
- Si j’avais voulu te tuer, je t’aurais achevé à coup de conserve pendant la coupure de courant.
Pas d’électricité, pas de caméra. Par contre on faisait mieux en terme d’arme du crime. Il aurait été plus intelligent de choisir, je sais pas, un gigot surgelé, comme ça tu le bouffes après et zéro preuves. Putain, voilà que je planifiais un meurtre maintenant. Surtout que mon raisonnement était stupide, j’aurais très bien pu attirer Rune chez moi pour le tuer. Je n’aurais pas été le premier meurtrier à vouloir coucher avec sa victime avant. Ou après. Sérieusement, qu’est-ce qui tourne pas rond chez moi ? Quelque part, ce n’était pas plus mal que Rune reparte dans le supermarché. Ca me laissait quelques minutes pour me remettre un peu les idées en place. C’était du grand n’importe quoi cette fin de journée. Apparemment, un destin à la con avait décidé que ma vie serait dorénavant une vaste blague. Un signe qu’il est temps pour une reconversion ? Putain, j’ai pas envie d’être humoriste. Rien que d’y penser, ça me fait déjà chier. J’suis né pour écrire des sons et les hurler sur scène, pas pour faire des monologues débiles pour amuser la galerie. J’aime être le centre de l’attention, mais pas qu’on se foute de ma gueule.
Et en parlant de foutage de gueule, j’étais bien parti pour ne pas régler mes courses. Vraiment, aucune pitié à me barrer sans payer. Mais maintenant que l’employé était revenu en se confondant en excuse, je n’avais plus trop le choix. Bon, c’est pas comme si je manquais de thune. Par principe, je lui fis tout de même part de mon mécontentement. Et attendis que Rune règle ses achats pour sortir du magasin avec lui. Putain, c’est quand même étrange de ramener un mec chez moi alors qu’on se trimballe avec nos courses de la semaine.
- Ça va ta joue ?
Ouais, j’avais pas mieux en stock. Heureusement, je n’habitais pas très loin et ce fut que quelques minutes gênantes avant de retrouver la sécurité de mon appartement. Bien sûr, dès qu’elle s’était aperçu que je n’étais pas seul, Rackham avait filé se cacher sous le canapé. Il y avait peu de chance qu’elle en sorte avant le départ de Rune. Je posais mes courses dans la cuisine avant de m’intéresser à mon invité.
- Qu’est-ce que tu bois ?
Je n’allais pas me vanter d’avoir tous les alcools du monde à disposition, mais mon bar était bien rempli. Et j’étais rarement à cours de bière dans le frigo. Pour ma part, je me servis un whisky. Ouais, je sais, il est peut-être un peu tôt, mais j’avais besoin d’un truc fort là. J’en avais marre de partir dans tous les sens, si l’alcool pouvait m’aider à me vider la tête…
Je ne dirais pas que me rendre chez des gens inconnus pour coucher avec eux est un de mes passe-temps. Bien sûr, j’ai des envies, comme la plupart des gens, mais rien qu’un bon porno ne pourra pas résoudre sans prendre de risque. En outre je n’ai aucune envie de mettre ma vie en danger, ni les conditions dans lesquelles j’aime vivre. Je ne veux pas d’attaches. Pas de copin.e. trop possessif.ve, pas de dettes, pas de faiblesses affichées à la surface du monde pour que tout le monde puisse le voir. Pas quand il y a des gens comme Harper pour essayer de me faire tomber ou même me ralentir dans mes actions. Mes desseins sont plus grands que ce que la majorité des gens peut comprendre.
Toutes ces années, j’ai tissé ma toile, placé des pièges pour attirer les gens de pouvoirs. À Fall River cela suppose de s’intégrer dans les gangs locaux. Ils ont une place importante et j’ai su me rendre indispensable au fil du temps, tout en restant indépendant. Ni achetable, ni blackmailable. Ai fait de moi-même quelqu’un qui a du pouvoir, et la possibilité de tout écraser entre mes doigts, chose que je ne me gênerais pas à faire si quelqu’un me cherche des ennuis.
Pas que je pense qu’Achilles soit de ces gens-là. Ce type, malgré ses lancers de conserve, a l’air parfaitement inoffensif. Pas du genre à vous pourrir la vie autrement qu’en spammant votre smartphone. Le pire qu’il puisse faire est de parler du connard avec qui il a couché et qui l’a ghosté sur les réseaux sociaux, mais il a l’air d’avoir tellement d’ego que je doute qu’il dise quoi que ce soit à qui que ce soit. Même s’il sous entend qu’il aurait pu me tuer à coups de conserves. Je demande à voir.
« Tu aurais pu trouver une meilleure arme, quelque chose d’un peu glamour pour les journaux. »
Je hausse les épaules en sortant la première chose qui me passe par la tête, pince sans rire :
« Comme un tournevis ou des filtres à café si tu te sentais aventureux. »
Ça aurait au moins eu le mérite d’être un peu original.
J’abandonne Achilles dans le rayon pharmacie pour me diriger vers les thés. Impossible de partir avec lui sans avoir fait quelques vérifications, ne serait-ce que pour ma sécurité. Je ne découvre rien de bien passionnant sur lui au premier abord, rien qu’un type on ne peut plus normal, si ce n’est pour son groupe de musique. Rien d’alarmant donc, bien que je note de faire une recherche plus poussée une fois chez moi, par curiosité et parce que je devrais avoir un dossier sur lui si je décide de coucher avec lui. Au cas où il décide que je suis l’homme de sa vie et qu’il commence à me faire chier pour qu’on se revoit. Il a de la chance d’être beau gosse. Bien pour cette raison que je le rejoins devant le supermarché après avoir payé mes courses. Heureusement que celles-ci consistent essentiellement de ramens et de thé.
« Ça va. Ça va laisser une marque mais tout le monde devrait survivre. »
Le mot clé est devrait. Je n’ai pas encore complètement décidé du sort réservé à Achilles. Tout dépendra de s’il a de nouveau accès de violence, ou s’il est mauvais au lit. Je suppose qu’on le saura bien assez vite, quand rapidement, on arrive chez lui. Je note tout de suite les instruments de musique, et le chat noir qui file se cacher en me voyant. J’ai toujours aimé les chats, mais avoir un animal à moi ne serait pas la plus brillante de mes idées quand j’oublie souvent de me déconnecter pour manger. Je ne voudrais pas imposer mon quotidien à une créature innocente. Je me débarrasse de ma veste :
« Si tu as du rhum et du coca, je suis preneur. »
Cuba Libre mon aimée. Je me tourne vers Achilles :
« Tu es musicien ? »
Je sais qu’il est chanteur et prof de musique, mais lui n’est pas sensé savoir que je le sais. Le tout est d’avoir l’air normal. Je le regarde se verser une large rasade de whisky en me demandant s’il compte avaler tout ça avant qu’on couche ensemble. Soyons honnête, le type ne m’a pas invité pour monter des legos.