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La journée au travail avait été difficile. L'accumulation de dossiers en tout genre et des pires situations possibles m'avait rendue malade. J'étais rentrée plus tôt, et avait passé plus d'une heure dans mon bain, pour essayer de me délasser : en vain, c'était quasiment impossible. Tout ce que je voyais, c'était la montagne de travaux qu'il me restait à réaliser, tant sur le plan professionnel que personnel. Je me sentais juste totalement dépassée. Je l'étais, après tout.

Alors j'étais sortie le plus vite possible de mon bain, j'avais relevé mes cheveux, et enfilé un peignoir, tout en me sortant un verre de vin pour étudier mes dossiers. J'espérais tellement que le week-end se décide à filer, et qu'on soit déjà lundi pour avoir l'appui de mes collaborateurs et collaboratrices comme Lennon, qui faisait chaque jour un meilleur travail. Mais je ne pouvais pas, tout simplement lâcher prise. Le cabinet était mon bébé, et il comptait sur moi plus encore que moi je pouvais compter sur lui. Pourtant, j'avais déjà perdu un bébé, et je m'accrochais à celui-ci, très différent, comme s'il pouvait me sortir la tête de cette montagne de soucis qui m'attendait chaque fois que rien ne m'occupait plus l'esprit.

J'avais bien avancé, et avais fini par rejoindre mon canapé. Quel confort, parfois, de juste pouvoir soupirer sur un siège moelleux... Mais c'était sans compter l'alarme incendie... Qui avait décidé de sonner. Super. Au début, j'ai pensé à des plaisantins : dans le bâtiment, même s'il s'agissait d'un endroit de "bonne fréquentation" (je détestais ce terme), il y avait toujours des enfants qui s'amusaient. Mais c'était sans compter entendre hurler une voix dehors "CECI N'EST PAS UN EXERCICE" et d'entendre tambouriner à ma porte. En quelques secondes, je comprenais l'urgence de la situation, et me relevais en renversant mon verre de vin sur moi... et sur mon dossier bien sûr. Je sortais de toute urgence et me retrouvais sur le trottoir face au batiment où m'attendait désormais un grand coup de ménage sur mon tapis blanc, sans réaliser que j'étais en peignoir et chemise de nuit, pantoufles et cheveux encore mouillés, mon dossier taché à la main...

Mais il n'y a pas de flammes. Apparemment, il s'agissait d'une fuite de gaz..

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Alors que tout me laissait le temps de me reposer, et de me relaxer, voilà que l'univers décidait autrement. Quand l'alarme avait retenti, c'était mon coeur qui s'était emballé, et pas dans le bon sens. Au départ, j'avais pensé qu'il s'agissait de flammes, qu'il s'agissait de voir le feu dévorer nos habitations. Mais une fois dehors, et dans une tenue loin d'être respectable, l'absence de flamme m'avait un peu interloquée, si bien que j'avais parlé à haute voix, me faisant remarquer là où j'espérais surtout passer inaperçue.

Dans l'immeuble, il y avait des voisins qui me connaissaient, qui connaissaient mon cabinet. Il y avait quelques anciens clients. Et honnêtement, être en peignoir, avec une nuisette dessous, des grosses pantouffles, et cette allure de démente qui sortait de la douche, très certainement les yeux rougis par le savon, l'eau chaude, mais aussi le vin, et la pensée déprimée de mon tapis blanc désormais orné d'une tâche de vin... Je devais ressembler à une vraie folle. Enfin, tant pis, ce n'était pas comme si je pouvais y changer grand chose.

J'espérais que le son de ma voix et la proximité avec tous ces gens ne me trahiraient pas. C'était fou d'espérer autant, il suffisait de voir : une jeune femme se tourna vers moi pour me poser des questions. Espérer de toutes mes forces qu'elle ne remarque pas mon accoutrement ? Vu sa réflexion, cela relevait de la folie, et surtout d'une utopie à laquelle je ne confiais aucun rêve.

Je lui souriais gentiment non sans compassion.

- Je n'en sais malheureusement pas plus que vous... J'espère simplement qu'on aura rapidement accès à nos habitations j'ai... pas mal de boulot à rattraper... et du ménage à faire. tentais-je de dédramatiser, en lui montrant ledit boulot tâché d'une immense couleur vinasse. Pour quoi est-ce que je devais passer ? Ce n'est pas habituel d'entendre l'alarme incendie par ici. Oui, parce que les jeunes n'étaient pas comme dans mon précédent appartement : à fumer près des capteurs ou à mettre des coups de déo juste pour rire. Et vous aussi, on vous a pressée, j'imagine.... soupirais-je.