Les yeux rivés dans la pénombre, l'éditrice s'arrête quelques secondes pour admirer la vue. Elle qui a tant l'habitude de s'éloigner de la ville ces dernières semaines, c'est comme si elle redécouvrait chaque recoin de la région à chaque fois. Oui, Nova veut s'émerveiller devant la nature chaque fois que cela lui est possible. Elle a souvent l'impression d'être comme une enfant, mais n'est-ce pas là toute la beauté de la chose ? Les gouttelettes de blancs vêtus se posent délicatement sur l'épaisse couche de neige déjà existante. Chacune de ses expirations laisse une traînée de buée derrière elle, ce dont elle s'amuse en reprenant sa route vers le hall de l'hôtel tout en faisant claquer la paire de talons qu'elle porte pour l'occasion. Bien que les soirées de ce type ne soient pas vraiment son genre, Nova aime étonnamment s'y rendre à chaque fois qu'elle le peut. Renouer avec des personnes qui ont été une part de sa vie, rire aux éclats avec insouciance, se rappeler de ces moments qui lui réchauffent le coeur et redevenir la jeune Nova d'il y a quelques années l'espace d'une soirée.
Arrivée au restaurant, on la guide jusqu'à cette grande table raffinée où se trouvent déjà quelques personnes attelées. Un large sourire aux lèvres, elle ne s'est même pas encore posée qu'on l'accueille en l'appelant avec enthousiasme. "Salut Salut !! Je ne suis pas la plus en retard heureusement! Comment vous allez ?" Les salutations effectuées, la demoiselle laisse son regard flânait sur les places encore disponibles avant qu'on ne lui attribue d'office une chaise qu'elle rejoint sans encombre. Un ami de longue date à sa gauche et une chaise vide à sa droite, Nova retire son manteau pour prendre ses aises et débute plusieurs conversations différentes avec les présents pour rattraper le temps perdu. Quelques secondes. C'est tout ce qu'il lui faut pour entendre le son rauque de sa voix. Elle n'a pas encore vu les traits de son visage qu'elle sait qu'il est là. Owen. Le seul. L'unique. Elle ne savait pas qu'il serait de la partie, lui non plus, ce n'est pas vraiment son genre de soirées. Mais comment aurait-elle pu le savoir alors qu'elle ne le voit presque plus depuis quelques semaines, reportant ou déléguant sa place pour leur rendez-vous et s'enfuir en dehors de la ville pour affaires. C'est pour te protéger, Nova. Pour ne pas revivre la même chose. Hors de question de laisser ton myocarde meurtri saigner en silence. Son verre de vin blanc en main, elle l'approche de ses lèvres brillantes et rougies pour le vider de son contenu en l'espace de quelques gorgées, laissant l'angoisse prendre le dessus sur le reste. Tout va bien se passer, pas vrai ? Ce n'est pas comme si l'homme pour qui elle avait des sentiments depuis de nombreuses années venait de faire irruption à leur table, ce n'est pas comme si elle n'arrivait pas à croiser ses prunelles, comme si son muscle battant ne la menaçait pas d'éclater à tout moment ou qu'elle avait l'impression de se liquéfier sur place juste en entendant sa voix. Reprend-toi. Nova ferme les yeux quelques secondes, le temps de reprendre son souffle et d'afficher ce sourire factice qu'elle manie à la perfection. Ce n'est qu'une soirée, elle allait s'en sortir.
Sujet: Re: (Owen) What if we rewriter the stars ? Dim 28 Jan 2024 - 13:27
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Nova & Owen
Le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire. ▬ Etienne de La Boétie ▬ feat. @Nova Hamilton
Les choses commençaient mal, voilà vingt bonnes minutes qu’il hésitait :chemise ou t-shirt sous la veste. La chemise était plus classe mais cela faisait peut être un peu trop habillé, non ? Las de ses propres atermoiements, il fini pour opter par une chemise et un pull par dessus pour ne pas avoir froid. Il avait neigé le matin même, entretenant la fine couche blanche qui recouvrait la ville depuis quelques jours. Il enfila son manteau t sorti dans l’air froid, regrettant presque d’avoir décidé de se rendre à cette réunion des anciens du lycée plutôt que de rester bien au chaud sous la couette à lire un bon bouquin. Il n’est pas spécialement en avance en plus, et il déteste être en retard, ça le stress, il n’aime pas être attendu.
Arrivé sur place, on le conduit à la table où ses anciens camarades sont réunions. Il fait quelques salut rapides, mais son regard est attiré par la courbure d’une nuque qu’il connaît par coeur. Nova. Il ne l’a pas vu depuis longtemps, à vrai dire il la voit très peu ces derniers temps. Il a bien essayé de caler des rendez-vous mais elle est souvent en dehors de la ville, à prospecter pour chercher des nouveaux auteurs Soudainement, il ne savait plus trop comment faire avec elle. Il s’était laissé prendre à développer des sentiments pour elle alors qu’il avait toujours été persuadé être amoureux d’une autre. Ses repères étaient complètement renversés et il n’arrivait pas à assumer ce qu’il ressentait. « Salut. Je peux m’asseoir là ? », demanda t-il sur un ton qu’il voulait léger mais dans lequel on pouvait percevoir une pointe de stress. Il n’avait jamais été très à l’aise dans les grands groupes et s’installer à côté de quelqu’un qu’il connaissait avait quelque chose de rassurant. Il sentait aussi une certaine tension chez la jeune femme, pourtant elle avait toujours été sociable, le contact elle aimait ça, elle n’avait pas choisit le boulot d’éditrice pour rien. Nova acquiesça et il prit place à côté d’elle. Un court silence s’installa, l’écrivain ne savait pas par quoi commence. Il se servit un verre de vin rouge pour se donner contenance et en avala une première gorgée. Son regard se promena sur la table et il aperçu un autre ancien élève. « Brian Kirschner, il ne m’avait pas manqué celui-là... », murmura t-il de sorte que seule Nova puisse l’entendre. Brian ne lui rappelait pas les meilleurs souvenirs de ses années lycées, il faisait partie des gosses qui s’étaient moqués allègrement de lui. Oh il ne l’avait jamais frappé bien sûr, mais l’humiliation publique avait quelque chose d’encore plus pervers. Il n’était pas mécontent d’avoir à ses côtés quelqu’un qui avait toujours fait preuve envers lui d’une grande bienveillance.
Nova s'en doutait à vrai dire, la place libre à ses côtés allait forcément mener à cette situation. Si elle est ravie et comblée de pouvoir apercevoir les traits fins du visage de son écrivain préféré, nul doute que la tension reste palpable, elle qui n'arrive plus à la Nova détendue et à l'aise qu'elle était devenue auprès de lui. L'arrivée d'Ava dans la vie d'Owen avait à nouveau semé le doute dans l'esprit de la brune, se remémorant malgré elle de tout ce qu'elle avait vécu auparavant. Pas vraiment le genre de souvenirs qu'elle veut revivre, d'où son éloignement et le froid qui s'est installé entre eux. Nova ne peut s'en empêcher, même si son muscle battant ne cesse de s'affoler en sa présence, elle préfère se protéger plutôt que de s'adonner à ses sentiments comme elle a pu le faire par le passé. Alors elle accepte qu'il s'installe à sa droite, plus par politesse et sans véritable raison légitime de refuser et fait mine de s'intéresser aux conversations diverses qui se jouent sous leurs yeux.
Lèvre inférieure prise au piège entre ses dents, Nova ne suit pas vraiment ce qui se dit, elle essaie en vain de faire comme si la présence d'Owen ne l'influençait pas, mais c'est plus fort qu'elle. Trop longtemps qu'ils ne se sont pas retrouvés à la même table, une éternité si on lui demandait son avis. Il lui faut un petit temps d'adaptation avant de comprendre que l'écrivain s'adresse à elle dans un murmure qu'elle connaît à la perfection. Un léger rire s'échappe d'entre ses lippes, discrètement pour ne pas attitrer l'attention des autres convives de la table. "Tu crois qu'il va nous parler de sa Bentley encore longtemps ? Je comprends pourquoi il vient de divorcer". Brian Kirschner, l'arrogance et l'égocentrisme sous forme humaine s'il était possible de le décrire en quelques mots. Il ne faisait pas partie des plus intelligents c'était certain, mais la situation financière élevée de sa famille l'aidait sans aucun doute et il était pré-destiné à aller loin dans la vie grâce et uniquement à cela. Nova ne l'avait jamais apprécié même s'il lui avait couru derrière un bout de temps, ce que l'homme ne semblait pas avoir oublié au vu des regards qu'il lui lance depuis qu'elle est arrivée et qu'elle ignore avec indifférence. Puis, ça la frappe instantanément : la facilité et l'aisance avec lesquelles elle lui a répondu, comme si rien n'avait changé entre eux depuis la dernière fois, comme si cette relation fragile était intacte, c'est du moins l'impression qu'elle ressent et qu'elle espère partagée. "Je ne m'attendais pas à te voir ce soir" qu'elle s'autorise à lui dire en vidant son verre d'une traite, incertaine de vouloir vraiment connaître la raison de sa présence. Nova le suppose, Ava était également conviée, mais dans l'incapacité de trouver quelqu'un pour garder son fils à temps, elle a préféré s'absenter et demander à Nova de lui faire un topo sur tout le monde à son retour. "Mais je suis contente de te voir, on n'en a pas eu l'occasion ces derniers temps". Non sans savoir que c'est principalement de sa faute, acceptant ou se portant volontaire dès qu'il faut s'éloigner de Fall River pour ne pas honorer les rendez-vous avec ses écrivains ou plutôt un écrivain en particulier. La frontière est si fine entre la joie de pouvoir le voir et lui parler après tant de temps et cette peur de réitérer l'histoire et de souffrir. Nova préfère envoyer valser ces pensées-là et accepte volontiers la proposition de ce fameux Brian d'être resservie en tendant son verre vers lui alors qu'elle ne lui a finalement pas décroché un mot de la soirée.
Sujet: Re: (Owen) What if we rewriter the stars ? Dim 11 Fév 2024 - 20:59
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Nova & Owen
Le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire. ▬ Etienne de La Boétie ▬ feat. @Nova Hamilton
L’écrivain avait toujours eu des difficultés à se sentir à l’aise au milieu d’un grand groupe de personnes. Il se sentait souvent dépassé, envahit par le bruit des conversations, des rires, des verres qui s’entrechoquent. Il avait donc naturellement cherché la sécurité en s’asseyant près d’une personne qu’il connaissait et qu’il savait être bienveillante à son égard. Il avait bien remarqué une certaine distance depuis quelques semaines de la part de son éditrice mais il préférait croire à un regain de travail, il ne voyait pas ce qu’il pouvait y avoir d’autre, rien n’avait changé entre eux qui puisse justifier cette soudaine baisse des contacts. Quelques secondes après qu’il se fût installé, son attention fût captée par un ancien « camarade » du lycée avec lequel il ne partageait pas de bons souvenirs. Brian Kirshner, un gamin pourri gâté issu de la bourgeoisie qui l’avait ennuyé à de nombreuse reprises dans les couloirs de l’établissement scolaire. Celui-ci parlait fort, se ventait de sa Bentley, et semblait déjà avoir atteint un certain degré d’alcoolémie alors qu’on entamait tout juste la soirée. Owen soupira et fit part à sa voisine de son regret de recroiser Brian et de devoir le supporter à nouveau. Il finirait probablement par cuver son vin mais il faudrait attendre un peu que l’alcool ait raison de sa logorhée. La façon dont il regardait Nova ne lui plaisaient pas du tout mais il ne se savait pas de taille pour faire face à la force physique de Brian et de toute manière, Nova savait très bien se débrouiller seule avec les mots. La réaction de la jeune femme le fit sourire, elle entendu parler de son divorce. C’était le problème dans les petites villes, tout le monde se connaissait et tout se savait très vite. Il lui jeta un regard complice mais elle détourna le regard et il reposa les yeux sur son verre de vin. Ce n’était pas simplement dans sa tête, il y avait quelque chose qui clochait entre eux, mais l’écrivain ne comprenait tout simplement pas la raison de ce soudain malaise. Ce fût elle qui finit par rompre le silence. « Moi non plus je ne m’attendais pas à me voir ici J’ai été pris d’une soudaine nostalgie des années lycée je crois...bien que je n’en conserve pas les meilleurs souvenirs. C’est étrange comme l’âge nous fait reconsidérer certaines choses », répondit-il un petit sourire au coin des lèvres. Il faisait référence au fait qu’il ne voyait plus aussi négativement ses années lycées qu’à l’époque, mais il n’avait pas réalisé que ses paroles pouvaient avoir une double interprétation et faire écho à ce qu’il ressentait pour Nova. « Je suis content de te voir, j’ai l’impression que tu ne touches pas terre en ce moment, beaucoup de boulot ? », demanda-t il en portant son verre de vin à ses lèvres. Il remarqua que Nova buvait de façon inhabituelle, non pas qu’il connaisse ses habitudes de consommation d’alcool mais elle avait bu son dernier verre quasi d’une traite et se faisait déjà resservir par Monsieur Bentley. Il se retint de lui demander comment elle allait, ce n’était pas le lieu pour avoir ce genre de conversation.
En lui posant la question, Nova ne s'est jamais dite qu'elle en regretterait peut être la réponse. Si elle arrive à cacher son enthousiasme de le voir ce soir, elle a peut être du mal à dissimuler sa déception. Mauvaise interprétation très certainement, mais la jeune Hamilton ne peut s'empêcher de penser qu'Owen se dit nostalgique par rapport à Ava. Lui manquait-elle ? C'est probable. Certain, même, qu'elle se dit. Ava est une tornade que l'on aime voir s'abattre autour de soi, pleine d'énergie et d'entrain, il est indéniable que Nova resterait défaitiste au quotidien si Ava n'était pas dans sa vie encore aujourd'hui. Alors qu'elle, elle n'était qu'un infime rayon de soleil que l'on efface par un revers de main une fois la tempête Bellini dans les parages. Elle a l'habitude, Nova, c'est comme ça que ça s'est toujours déroulé depuis qu'elle est amie avec elle et ça ne l'a jamais réellement dérangé de ne pas être le centre de l'attention. Du moins, pas jusqu'à maintenant. Pas quand il s'agit d'Owen... Malgré tout, Nova n'en dit pas mot, qui était-elle après tout pour lui dire qu'il fallait tirer un trait sur le passé alors que visiblement, elle reste coincée dedans des années après. "Oui je comprends, l'heure d'aller dormir est déjà passée, ça doit être dur pour vous papi Hastings" qu'elle préfère lui répondre sur le ton de l'humour pour ne pas parler de la tristesse qui vient de l'envahir soudainement. Ou peut être que l'alcool qui glisse dans ses veines en est la raison ? "Je t'avoue que si c'était à refaire, je passerais mon tour". Elle n'en garde pas spécialement de mauvais souvenirs, de ses années lycée, mais il était hors de question pour elle de revivre ce qu'elle se surprend à vivre encore aujourd'hui.
Lèvres à nouveau trempées dans le liquide amère, Nova s'estime heureuse que la réunion se déroule dans un hôtel. Elle est consciente d'avoir déjà trop consommée pour prendre le volant et n'est définitivement pas irresponsable au point d'aller à l'encontre des lois. Elle porte à nouveau toute son attention sur l'écrivain, encore plus lorsqu'il se dit content de la voir. Vraiment ? La jeune Hamilton a du mal à savoir pourquoi, mais elle préfère ne pas creuser la question et se contente de ce qu'Owen veut bien lui donner. Après tout, elle n'est pas en position de s'imaginer des choses, encore moins depuis qu'Ava est à nouveau entrée dans sa vie. "Oui c'est vrai que je ne suis pas aussi souvent à Fall River qu'avant, disons que j'aime me tenir occupée. Mais ça devrait se calmer maintenant, je n'ai plus d'obligations à l'extérieur de la ville". Malheureusement. Nova ne peut plus s'en aller pour affaires puisqu'il n'y a plus d'événements qui nécessitent sa présence en dehors de la Maison d'édition. Si elle a pu en profiter pour penser à autre chose en travaillant d'arrache-pied, ça ne l'arrange pas pour autant étant donné qu'elle n'a pas réussi à mettre de l'ordre dans ses idées. "On risque de se voir plus souvent dorénavant" qu'elle affirme en souriant, sans oser croiser ses prunelles et ne sachant d'où elle arrive à trouver le courage pour lui dire une chose pareille. "J'espère que tu es prêt pour une avalanche de réunions" qu'elle enchaîne, comme pour se rattraper d'une tentative échouée de se rapprocher de lui. Nova se sent stupide et se pince les lèvres avant de prendre de nouvelles gorgées, noyant ce qu'elle pense être ridicule. "Et toi ? Qu'est-ce que j'ai raté de ces derniers temps ?". Tout ce qui concerne Owen l'intéresse, mais l'éditrice n'est une nouvelle fois pas certaine de vouloir entendre les probables réconciliations entre l'écrivain et sa propre meilleure amie. Nova le sait, elle est impuissante face à ce qui les lie. Ils ne sont plus des adolescents immatures, elle sait que s'ils s'unissent à nouveau, ce ne sera définitivement plus une amourette de lycée et ça, ça la terrifie.
Sujet: Re: (Owen) What if we rewriter the stars ? Mer 13 Mar 2024 - 13:22
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Nova & Owen
Le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire. ▬ Etienne de La Boétie ▬ feat. @Nova Hamilton
Owen avait toujours considéré comme une jeune femme discrète et solitaire, mais depuis qu’elle était devenue son éditrice, il avait compris à quel point l’idée qu’il s’était fait d’elle était fausse. Nova était du genre tenace, elle savait ce qu’elle voulait et si elle n’aimait pas le conflit, elle savait manoeuvrer en douceur pour ménager l’ego de chacun mais faire tout de même passer ses idées. C’était également une jeune femme pleine d’esprit et d’humour et elle ne manqua pas l’occasion de se moquer gentiment de lui en l’appelant « Papi Hastings ». Owen afficha un sourire à la blague avant de répondre. « Pardon, je t’ai pas entendu, qu’est-ce que t’as dit ? » Il y avait de plus en plus de moments de complicité entre eux et ce n’était pas pour déplaire à l’écrivain. Plus il apprenait à découvrir Nova, plus sa personnalité lui plaisait mais les choses était tellement compliqué avec le retour d’Ava dans sa vie qu’il se sentait presque coupable d’oser s’intéresser à une autre. Sans doute une loyauté excessive qu’il devrait un jour apprendre à mettre de côté. Un voile passa dans les yeux de la jeune femme lorsqu’elle se remémora ses années lycées, visiblement pour elle non plus cette période de sa vie n’avait pas été la meilleure. Il avait beau essayer de se rappeler, il ne voyait plus trop comment elle était à cette époque, si elle avait l’air triste. Il faut dire qu’à l’époque, le l’adolescent qu’il était n’avait d’yeux que pour Ava et qu’elle le tenait suffisamment occupé pour qu’il n’ait pas le loisir de s’intéresser vraiment aux autres. Et puis, elle avait deux ans de moins que lui, à cet âge ça fait une différence colossale. Le désintérêt qu’il avait pour les autres à cette époque lui faisait honte aujourd’hui, mais il se rappelait alors qu’il était jeune, amoureux et qu’un ado amoureux est toujours centré lui-même. Il préféra ne rien dire, laissant les mots de Nova flotter en suspend autour d’eux tandis qu’il buvait une nouvelle gorgée de vin.
Il se décida finalement à interrompre le silence pour reconnaître qu’il était heureux de la voir après des semaines d’absence. Elle sembla surprise, ne s’attendant visiblement pas à cette remarque de sa part mais elle prit le temps de lui répondre. Les choses devraient revenir à la normale et elle serait dorénavant plus présente à Fall River. Il songea un instant que la voir plus souvent ne lui déplairait pas, bien au contraire, il se sentait bien en sa présence et il se surprenait à ne pas vouloir que leurs rendez-vous professionnels se terminent. Il avait beau savoir qu’il s’agissait d’entretiens strictement professionnels, la simple présence de la jeune femme le réjouissait plus que de raison. « Oh je suis prêt, du moment qu’il y a du café je peux encaisser un déluge entier de réunions », répondit-il dans un léger sourire. Son addiction au café était connue chez Brontë et un thermos était toujours prêt lorsqu’il était prévu qu’il passe. Que ce soit le matin ou l’après-midi, l’écrivain avait toujours une tasse de café en main. Il avait bien essayé de passer au thé pour limiter sa consommation de caféine, mais même le thé noir lui semblait fade au goût et ne donnait pas le fameux « coup de fouet » du liquide noir.
Elle lui demanda ensuite ce qu’il s’était passé pendant son absence. L’écrivain resta silencieux quelques secondes, il était hors de question de lui parler d’Ava et de sa tentative de se rapprocher de lui. Non pas qu’il y était ouvert, c’était plutôt l’inverse, mais il ne voulait pas qu’elle croit qu’il se vante. Il y avait eu, entre lui et Nova un seul baiser, qui avait duré à peine quelques secondes, mais ce baiser suffisait à ce qu’il ne mette pas le sujet d’Ava sur la table. Peut être que la jeune femme avait déjà relayé ce baiser aux oubliettes, peut être que c’était un simple moment de faiblesse et de solitude… mais quelle que soit l’importance qu’elle ait pu donner à ce moment, ça ne valait pas la peine de risquer de la blesser. Il y avait de toute manière un autre sujet qu’il voulait évoquer avec elle. « Pour ne rien te cacher je suis dans une phase difficile dans l’écriture de mon roman. J’ai eu des semaines de blocage pur et simple à ne rien pouvoir écrire », commença t-il en baissant le ton pour ne pas trop qu’on les entende, un écrivain n’avait pas forcément envie que ses lecteurs sachent qu’il était en panne d’inspiration. « Maintenant je noircis des pages et des pages mais rien ne me conviens et je finis par tout jeter. A chaque fois. Je n’arrive pas à trouver de fin satisfaisante...tout me semble trop attendu, trop facile ou à l’inverse trop triste et déprimant...c’est frustrant » Il se reposa sur le fond de son siège, expirant avant de reprendre. « Il n’y a qu’une seule fin et ça peut tout gâcher. Gâcher toute l’histoire. L’écriture de ces romans s’étale sur dix ans de ma vie. Dix ans qui peuvent être flingués en quelques pages...ces mêmes pages qui peuvent aussi détruire la suite de ma carrière ». C’était vertigineux, et désespérant.
Moment de complicité partagé, un parmi tant d'autres que Nova avait gardé précieusement dans sa mémoire ces dernières années. Ces moments uniques où elle gomme légèrement les frontières entre l'éditrice et l'écrivain pour ne devenir que deux personnes qui passent un tendre moment ensemble. Du moins, c'est ce qu'elle se plaît à penser. Elle a beaucoup plus de difficultés à se laisser aller dorénavant, l'impression de marcher sur les plates bandes d'Ava, de ne pas être à sa place, en trop ou même non désirée. Sensations qu'elle ressentait déjà quotidiennement durant leurs années lycée, ce qu'elle s'était promis de ne plus accepter et pourtant... Heureusement qu'elle peut compter sur Owen pour dévier le sujet de conversation et clôturer définitivement celui sur le passé. "Ravie de l'entendre, je m'occupe d'organiser les prochaines sessions qui vont débuter la semaine prochaine, c'est trop tard pour me dire que tu regrettes tes mots maintenant !" qu'elle lui répond, toujours sur le ton de l'humour. Bien qu'elle dit la vérité puisqu'elle doit reprendre tout son planning maintenant qu'elle ne peut plus quitter la ville pour affaires. Très méticuleuse dans ce qu'elle fait, elle tient un programme d'une main de fer, ce qu'elle n'a finalement pas trop le choix de faire si elle veut gérer parfaitement ses semaines et toute les tâches qui découlent de son poste. "Je n'oublierais pas ton thermos bien entendu, il attend sagement dans mon bureau". Une des nombreuses attentions de Nova envers ses écrivains et même collègues en général. D'après elle, c'est de cette manière qu'elle arrive à créer du lien avec tout ce petit monde, les écouter d'une oreille attentive et faire attention à leur préférence pour qu'ils soient le plus à l'aise possible lors de leurs échanges.
La jeune Hamilton ne peut nier qu'elle n'a pas remarqué le temps que prenait l'écrivain pour répondre. Hésitait-il à lui conter certaines choses du fait qu'elle soit proche d'Ava ? Probablement. Certainement, même. Peu importe, elle n'avait aucune intention de poser la question en ce sens et encore moins d'insister. Dans tous les cas, la raison quittait peu à peu son esprit, ce qui n'est pas plus mal, peut-être qu'elle réfléchirait beaucoup moins qu'à l'heure actuelle. "Des semaines ? Pourquoi ne pas m'en avoir parlé plus tôt Owen ?" qu'elle demande su un ton d'inquiétude, mais qui reste doux. Il n'est pas question de le réprimander sur ça, surtout qu'elle se doute que ses absences à répétition justifiaient qu'il n'ait pas eu l'occasion ou même l'envie de lui en parler. Ce n'est pas facile pour écrivain de se retrouver face au syndrome de la page blanche ou même de ne pas être satisfait de ses écrits. Malgré tout, c'est son travail de veiller à ce que cela n'arrive pas ou du moins, plus rarement. Elle culpabilise un peu, Nova, elle se dit que si elle ne s'était pas tant éloignée en pensant à ses propres difficultés, peut être qu'elle aurait pu intervenir plus tôt et apporter son aide. "C'est effectivement une situation qui n'est pas évidente. Même si ça mérite d'être discuté dans d'autres circonstances que celles actuelles, tu le dis toi-même Owen : il n'y a visiblement qu'une seule fin possible. Peut-être bien que cette fin est digne de tous tes livres jusqu'à présent, mais qu'elle ne te convient juste pas à toi personnellement". Nova est bien loin de s'imaginer la lutte qui se veut frénétique dans l'esprit de l'écrivain par rapport à la fin de cette histoire, mais d'un point de vue objectif - ce qu'elle est finalement obligée d'avoir dans le cadre professionnel - elle voit bien où se situe le problème. "Parle-moi de cette fin. Celle que tu accuses de potentiellement gâcher toute ta carrière". Prête à accuser le coup, à entendre ce qui allait lui arracher le cœur, Nova lui lance la perche en sachant pertinemment qu'elle risquait d'en ressortir blessée. Peu importe, qu'elle se dit, professionnelle est ce qui la décrit le mieux et elle sait faire la part des choses. En l’occurrence, ce n'est pas à elle qu'elle pense là, tout de suite, mais à Owen qui semble très préoccupé par ce blocage qu'elle est prête à faire disparaître au plus vite.
Sujet: Re: (Owen) What if we rewriter the stars ? Lun 27 Mai 2024 - 14:50
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Nova & Owen
Le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire. ▬ Etienne de La Boétie ▬ feat. @Nova Hamilton
Comment donner une fin digne à la série de romans qui l’avait accompagné pendant dix années de sa vie ? Cette question obsédait l’écrivain depuis plusieurs semaines. Une fin ratée pouvait gâcher toute une œuvre, n’avait-on pas entendu parler pendant des semaines de fins gâchées comme celles de la série « Lost » ou « Dexter » ? Ces fin un peu bâclées n’avait-elles pas remis en question toute la série y compris les parties géniales ? Avait-on envie de se lancer dans une lecture d’une série de trois roman si on vous affirmait dès le début que la fin était décevante ? N’avait-on pas l’impression de perdre son temps, du « tout ça pour ça » ? Toutes ces questions lui tournaient dans la tête en permanence, davantage la nuit encore, empêchant son sommeil et le plongeant dans des longues heures d’insomnie. Lorsque Nova l’interrogea sur les raisons de son silence, sur le fait qu’il ne lui en avait pas parlé avant, Owen soupira. « Tu étais occupée ailleurs, et j’étais persuadé qu’il n’y avait que moi qui pouvait me sortir de cette situation, que personne ne pouvait le faire à ma place », répondit-il à voix basse. « Pour être honnête, on a beau dire que la panne d’inspiration arrive à tous les écrivains, quand ça nous arrive on qu’on est pas satisfait de ses écrits, on en est pas vraiment fier, je pensais pouvoir m’en sortir avant ton retour », reprit-il dans le souci d’être honnête avec la jeune femme sur les raisons de son silence. Après avoir entendu les interrogations de Nova sur cette fameuse fin qui lui posait problème, il se tortilla sur sa chaise, visiblement mal à l’aise.
Heureusement pour lui le restaurant avait été privatisé pour la rencontre entre anciens du lycée et chacun pouvait se déplacer dans l’ensemble du lieu au moment de l’apéritif, sans avoir à rester à table. Il n’avait aucune envie de partager ses doutes les plus profond à une table pleine de témoins, les doutes d’un écrivain étaient de l’ordre de l’intime, souvent très liées à sa vie privée, aux évènements passés ou présent de l’auteur. « Suit-moi », dit-il simplement à l’éditrice pour pouvoir s’isoler. Ils se levèrent de table, prirent leur verre et s’installèrent au bar loin des oreilles indiscrètes. Owen bu une gorgée de vin pour se donner du courage. « Il y a plusieurs options possibles en réalité, pas une seule. Une fin qui semble évidente et qui plairait à tout le monde : le personnage principal finit avec Rachel, la femme qu’il aime depuis le début. Happy end terminé. C’est consensuel mais c’est attendu. Le héros sera heureux et je sais que je peux rendre cette fin crédible, mais il a connu avec elle tellement de hauts et de bas que j’ai parfois du mal à imaginer un "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants" avec ces personnages qui se sont tant fait souffrir... », commença t-il « Il y a une fin moins attendue mais plus triste ou le héros finit seul. Il a une carrière pleine de succès mais préfère ne pas retourner avec Rachel. Il semble plus émancipé, il sait se rendre heureux par lui-même sans dépendre de qui que ce soit mais sa solitude ne me satisfait pas...et enfin il y a une fin alternative ». Il entrecoupa son monologue d’un nouveau silence, jeta un œil anxieux vers Nova, cherchant comment présenter les choses sans trop se dévoiler. « Il se découvre des sentiments pour quelqu’un d’autre, quelqu’un de son passé ou qu’il rencontrera plus tard dans le livre, je n’en sais rien encore. J’aime cette idée de fin un peu inattendu mais j’ai peur que ça fasse artificiel, que cela soit mal perçu par le lecteur ».
L'éditrice sait parfaitement qu'aucun reproche n'accompagne les paroles de l'écrivain, mais malgré tout, elle ne peut s'empêcher de culpabiliser. Tout comme son retour à la maison, la fatigue qu'elle a pu lire sur les traits fins d'Ava n'a fait qu'alourdir cette responsabilité que Nova s'est octroyée. L'impression de ne pas avoir été là pendant que d'autres souffraient lui écrase le myocarde plus que de raison. Il fallait bien qu'elle pense un peu à elle, non ? Comment peut-elle prendre soin des autres si elle-même, se trouvait dans une mauvaise passe ? Elle a beau trouver des justifications, Nova n'en trouve aucune assez satisfaisante pour ne pas regretter de s'être tant éloignée. "Tu sais que c'est mon travail, Owen, je suis aussi là pour ça. Je comprends parfaitement ce que tu veux dire et bien sûr que tu es le seul à pouvoir débloquer la situation, mais je veux que tu saches que tu n'es pas seul". Elle y tient, Nova, à ce qu'il soit conscient qu'il peut compter sur elle n'importe quand et ce, même si la distance géographique les sépare. Elle se dit que quelques semaines en arrière, il n'aurait sûrement pas hésité pour lui faire part de ses inquiétudes quant à l'avenir de ses écrits. Était-ce sa faute ? Son absence avait-il créé un gouffre entre eux qui justifiait qu'il ne se sente plus à l'aise de discuter avec elle de ce sujet ? Tu réfléchis trop, Nova, que tu penses en claquant la porte à ses pensées intrusives.
Nova se lève avec délicatesse pour suivre les pas de l'écrivain sans broncher. Après tout, ils allaient discuter "affaires" dans une moindre mesure et avoir un peu d'intimité était la bienvenue. Elle le voit bien, qu'Owen a du mal à mettre des mots sur ses maux, qu'il a l'air d'y réfléchir à plusieurs fois avant de laisser les sons sortir d'entre ses lippes. En silence, elle le laisse prendre l'espace nécessaire dans la conversation et l'écoute d'une oreille attentive. Ça n'empêche pas son muscle battant de rater un battement lorsqu'il prononce le nom de Rachel, équivalence d'Ava. Elle le sait, pourtant, que toute sa prose est inspirée par la réalité de sa vie. Se distancier, ce qu'elle arrive à faire aisément en temps normal, difficile avec de l'alcool qui se propage dans le sang. Il peut rendre cette fin crédible. Oui, il le peut, Nova. C'est exactement ce qu'il est en train de vivre en ce moment, pas vrai ? Et tu ne peux absolument rien faire pour l'en empêcher. Discours prêt à être lâché, tu gardes pourtant le silence lorsqu'Owen reprend la parole, coupé dans ton élan. Un autre fin ? Une autre personne de son passé ? Elle a beau tenté de comprendre, elle n'y arrive. Qui est cette personne ? Arrête, Nova. Pensées qui s'entrechoquent dans son esprit et qui fait plus de bruit que nécessaire, Nova les repousse d'un revers de main. Elle ne doit pas s'emballer ou imaginer des choses inexistantes.
"Tu veux que je sois honnête ? Je n'y crois pas, moi. Appréhender la réaction des lecteurs est tout à fait normal pour un écrivain, mais artificiel ? Mal perçu ? C'est impossible". C'est objectivement que Nova débute son discours dans l'espoir qu'Owen y sera réceptif et qu'il apaisera ses doutes. "Tu ne t'en rends pas compte parce que c'est dans ta nature et c'est ce qui fait aussi ton charme, mais Owen, tu n'es pas un écrivain pour rien". Confessions qu'elle n'aurait très certainement pas eu le courage d'avancer dans d'autres circonstances. "Tu en doutes probablement en ce moment, mais tu as un talent incroyable. Tes lecteurs ne sont pas là que pour l'histoire, c'est ta plume qui font qu'ils s'accrochent tant à toi et tes livres. Tu pourrais écrire un livre de recettes de cuisine que tout le monde se l'arracherait quand même" qu'elle ajoute en riant mélodieusement. "Ça ne peut pas être bâclé si c'est une direction que tu choisies et qui te plaît. Dans tous les cas, tu sauras en faire quelque chose de captivant, aies confiance en toi" qu'elle finit par lui dire en espérant que ses mots auront l'effet espéré. "Tu peux effectivement choisir la sécurité et garder une fin attendue par tous, mais cette fin alternative... Elle n'était pas au programme initialement, peut être que c'est une piste à creuser maintenant qu'elle s'offre à toi ?" Tellement de questions se posent à elle sur cette fin alternative, mais elle préfère taire ses interrogations pour le moment, ne voulant pas le brusquer. "Et si tu faisais une petite pause ? Peut-être que t'éloigner quelques jours du livre te permettra de prendre du recul et d'y voir plus clair ?". Prête à même lui proposer de se voir en dehors du travail, Nova s'arrête en cours de route, bien trop hésitante avant de finalement changer d'avis. Elle n'est pas la personne dont il a besoin actuellement, qu'elle pense et elle préfère ne pas se laisser envahir par la curiosité qu'il vient de planter en elle, choisissant en lieu et place de boire à nouveau quelques gorgées.
Sujet: Re: (Owen) What if we rewriter the stars ? Jeu 4 Juil 2024 - 21:28
What if we rewrite de stars ?
Nova & Owen
Le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire. ▬ Etienne de La Boétie ▬ feat. @Nova Hamilton
Écrire était une activité solitaire. On ne pouvait écrire que seul face à sa feuille de papier, ou de nos jours, devant son ordinateur, avec sa propre imagination pour seule compagnie. Un écrivain pouvait s’entourer des meilleurs éditeurs et des meilleurs attachés de presse, cela contribuait au succès d’un livre, mais pour écrire, il se retrouvait irrémédiablement seul. Owen avait souffert seul de ses hésitations, et il avait pensé qu’il pouvait s’en sortir seul. Il s’était sans doute trompé, laissant parler son ego plutôt que sa raison mais pour être honnête, l’absence de Nova et sa soudaine distance envers lui n’avaient pas aidé non plus. Demander de l’aide n’est jamais simple, en particulier comme lorsqu’Owen on est doté d’un certain orgueil, alors le faire dans un moment d’éloignement compliquait encore les choses. Ce n’est pas comme s’il pouvait lui en parler en réunion ou en dehors, il lui aurait fallut passer le pas de l’appeler, de faire un mouvement volontaire « d’aller-vers ». cela avait rendu les choses plus difficiles pour lui. « Je sais, Nova, je sais que je peux te parler de mes doutes et que je n’aurais pas dû rester seul avec ça...mais j’ai pensé pouvoir le faire », répondit-il en éludant le fait qu’il la pensait effectivement un peu responsable. Ils étaient tout juste en train de se retrouver, il avait peur de voir une nouvelle distance s’installer entre eux s’il lui faisait des reproches. Ce n’était pas le moment, et encore moins le lieu pour se laisser aller.
Il l’entraîna un peu plus loin pour pouvoir discuter un peu plus tranquillement. Il lui confia alors ses doutes sur le choix devant lequel il se trouvait : suivre la voie toute tracée représentée par Rachel, la femme de laquelle le héros de son roman avait toujours été amoureux, ou l’autre, une fin alternative, moins attendue, plus effrayante car inconnue mais qui n’en serait pas pour autant moins bonne, peut être même meilleure, mais qui déstabiliserait davantage le lecteur. La réponse de Nova le rassura. Elle su instinctivement trouver les mots pour lui redonner confiance et lui permettre de croire en lui. C’était une des raison qui l’avait poussé à la choisir comme éditrice : son empathie, sa sensibilité et son instinct qui à eux trois lui donnaient un talent rare pour trouver les mots et prononcer ceux que son interlocuteur avait besoin d’entendre. Qu’on se le dise, Nova savait aussi recadrer les choses lorsqu’elle l’estimait nécessaire, mais la plupart du temps son écoute et son aptitude à se mettre à la place de son interlocuteur la faisant pencher vers la douceur. A l’entendre, cette fin alternative était une piste à creuser. « Tu as raison, je devrais au moins donner une chance à cette fin, mais c’est sans doute la plus difficile parce que je ne sais pas du tout à quoi elle mène...mais si je ne veux pas avoir de regrets, il faut que je creuse plus loin », répondit-il dans un sourire. Il voulu reprendre la parole pour la remercier mais Nova ouvrit la bouche avant lui, lui suggérant de s’éloigner un instant. Owen fronça les sourcils, perplexe. S’éloigner du livre ? Il y avait songé mais avait fini par prendre peur de perdre le peu de motivation qu’il avait. Il prit le temps de réfléchir. Après tout, elle avait peut être raison, il était dans une impasse et il ne parvenait pas à avancer. Mettre son roman de côté et reprendre le cours de sa vie lui permettrait peut être d’y voir plus clair et de trouver les réponses à ses questions. Après tout, ses livres étaient inspirés de sa vie, et il fallait se laisser le temps de vivre pour retrouver de quoi écrire. « Oui pourquoi pas, je me suis tellement entêté que j’ai finis par perdre le plaisir d’écrire. J’ai peut être besoin de vivre un peu pour retrouver la motivation ». En même temps qu’il parlait, une idée lui vint, mais oserait-il en faire part à Nova ? Cela dépassait son rôle d’éditrice. Hésitant, il porta son verre à ses lèvres et le termina d’une traite, avant de le reposer et d’en commander un autre au barman. « J’ai vu qu’il y avait une fête foraine qui passe pas très loin le week-end end prochain. J’ai peut être juste besoin de me distraire...ça te dit de...de venir avec moi ? », demanda t-il en se tortillant sur son tabouret de bar, visiblement mal à l’aise.