Éveillée depuis le lever du soleil, Adèle commençait à fatiguer tout doucement alors que les heures défilaient et que les cartons s'empilaient. Deux jours qu'elle est seule dans cet appartement qu'elle a partagé avec Miles, lui demandant de lui donner du temps pour rassembler ses affaires avant de revenir. Elle ne pouvait plus laisser les choses au même point et se devait d'agir, ce qu'elle ne regrettait pas du tout. Sa relation avec son ex petit ami s'était bien trop dégradée et la blonde s'était rendu compte qu'elle avait laissé passer bien trop de choses. Elle avait besoin de se retrouver, de panser ses blessures, seule, avant de croquer la vie à nouveau à pleines dents. Jamais elle n'oublierait tout ce que Miles avait fait pour elle, à quel point sa présence était devenu nécessaire et réconfortante après avoir eu le cœur piétiné. Mais cela ne justifiait en rien qu'il se comporte à sa guise avec elle, dépassant plus d'une fois les limites, comme ce soir où l'alcool avait à nouveau chauffé sa raison pour lui faire dire et faire n'importe quoi. Adèle ne pouvait pas fermer les yeux encore, comme toutes ces fois où elle ne disait rien. La goutte de trop. Ça, et le fait qu'elle ne pouvait faire abstraction de ce tendre moment qu'elle avait passé avec Noan. Elle ne voulait pas retourner auprès de Miles et faire comme si de rien n'était, ce serait lui mentir à lui, mais surtout à elle. La conversation avait été intense, les cris et reproches avaient fusé dans l'air de l'appartement, mais les choses avaient été dites. La blonde avait pris sa décision et rien ne pouvait lui faire changer d'avis, pas même les nombreuses excuses de Miles et promesses de tout arranger. Puis, la colère avait pris le dessus, mais elle ne s'était pas laissée démontée pour autant.
Fière d'être allée jusqu'au bout, c'est le soulagement qu'elle a ressenti en premier. Si seulement elle avait réalisé plus tôt... Noan. C'était grâce à lui, elle le savait et ne pouvait l'ignorer. Alors pourquoi avait-elle tout fait pour ne plus le croiser ces derniers temps ? Pourquoi s'était-elle enfui comme une voleuse alors qu'il venait de lui dire qu'il l'aimait ? Parce qu'elle a peur, Adèle. Elle a du mal à le croire, sinon pourquoi l'avoir fait tant souffrir auparavant ? Elle n'y comprenait rien et préférait mettre de l'ordre dans sa vie et dans ses idées avant de l'affronter à son tour. Ou alors... Ou alors c'était parce qu'elle avait peur que tout ceci soit vrai. Et s'il l'aimait réellement ? Non, ce n'était pas possible. Ce n'était peut être qu'un jeu pour lui, ou juste une confession justifiée par les émotions ressenties par ce moment charnel qu'ils avaient partagé. Elle aimerait que ce soit aussi simple, elle aimerait ne plus penser à lui constamment, mais rien n'y faisait. Fermant enfin son dernier carton, la blonde admirait la vue depuis la fenêtre de son salon, c'était sa dernière nuit dans cet appartement avant de débuter un nouveau chapitre.
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Noan Chase
- Autumn leaves -
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▎ Pseudo : Purple Nights.
▎ Faceclaim : Charlie Puth
▎ Crédits : unfinishedfairytale
▎ Multi-comptes : Beatriz, Betti & Nora
▎ Points récoltés : 30
▎ Your age : 29 ans
▎ Your preference : Hétérosexuel. S'il laisse paraître que les femmes l'intéressent toutes autant, il n'a d'yeux que pour une seule.
▎ Job/Studies : garde forestier à la réserve naturelle de Fall River.
Trois mots peuvent tout détruire. C'est la sensation que Noan gardait au fonds de lui, l'impression d'étouffer. Il était bête de les avoir laisser sortir de sa bouche alors même qu'il lui avait juré, de longs mois auparavant qu'il ne ressentait rien pour elle. Qu'il ne l'avait jamais aimée. Pourtant, le coeur de Noan s'est toujours consumé devant Adèle. Elle lui a donné le souffle qu'il lui fallait quand les choses étaient difficiles. Depuis cette fois où il a mis un terme à tout ce qu'il y avait entre et qu'il lui a briser le coeur, Noan est malheureux. Parce qu'il sait qu'elle a eu de la peine et parce qu'il a renoncé à son rayon de soleil. Alors, depuis ce tendre moment, ces trois mots, il a fait le choix de lui laisser de l'espace. Difficile d'en faire autrement, elle s'est enfui de ses bras après ça et n'a pas donné suite à quoi que ce soit. Et après tout ce qu'il lui a fait subir, lui courir après aurait, il le pense, aggraver les choses.
Mais voilà, quelques jours plus tard, le silence d'Adèle le consume autant que l'idée d'être à tout jamais séparé d'elle. Il l'aime et à ses yeux rien d'autre n'importe. Si elle ne lui partage pas ses sentiments, ce n'est pas grave, tant qu'elle trouve le bonheur quelque part. Mais il doit savoir. Poussé par Pia qui a suivi l'histoire de près, prête à sortir son pot de pop-corns, il se rend au domicile que la jeune femme partage avec Miles. Il n'est pas au courant de ce qu'il en est vraiment. Forcer la main d'Adèle, la forcer à choisir, c'est pas dans ses plans. Mais il doit être fixer.
Timidement, il tape à la porte, sans savoir quoi dire. Dans le meilleur des cas, il pourrait s'excuser une bonne fois pour toute du passé, lui expliquer. Dans le pire des cas, il s'excuserait de ce moment passé entre eux, de cet aveu soufflé au creux de l'oreille, qui a laissé une marque indélébile sur l'oreiller qu'ils ont partagé et dans son cœur. Quand elle lui ouvre la porte, leurs yeux s'attirent et s'il ne décèle pas ce qu'il y a au fond de ceux de la belle, il tente timidement : « Est-ce qu'on peut parler ? »
L'épais morceau de scotch appuyé sur le carton pour la dernière fois, Adèle avançait de quelques pas pour se perdre dans la vue qu'offrait l'appartement. Tableau splendide dont elle était la spectatrice, comme si le ciel lui faisait lui aussi, ses adieux. Ce n'est pas la tristesse qui s'emparait de son esprit, mais le soulagement, sentiment qui s'était perdu en chemin et qu'elle n'avait pas ressenti depuis si longtemps. Surprise elle-même de s'en rendre compte si tardivement, elle ne prenait conscience de la chose que depuis peu. Voilà longtemps qu'elle ne vivait plus pour elle-même et si cette révélation la décevait énormément, elle préférait se dire qu'il valait mieux tard que jamais et qu'elle pouvait enfin reprendre son souffle à présent. Les yeux rivés sur l'extérieur et un léger sourire aux lèvres, c'est le son provenant depuis la porte qui la poussait à reprendre ses esprits. Les pas qui la guidaient jusqu'à l'entrée et la porte qui s'ouvrait sur les traits de son visage.
Noan. Lui. Encore et toujours. Dans son esprit. Dans son soeur et visiblement... devant sa porte. Adèle ne savait pas vraiment si le moment de parler de tout ce qui les entoure était arrivé, qu'allait-elle lui dire ? Était-elle réellement prête à faire face à ses sentiments, à la vérité et éventuellement... à la déchirure ? La main qui commençait à trembler et le regard plongé dans le sien, elle se mordillait la lèvre inférieure, hésitante. Elle devrait être raisonnable, lui demander de remettre tout ceci à plus tard, mais les mots ne sortent pas et c'est le silence qui s'installe dans ce jeu de regard qui se joue. Incapable de lui demander de partir, incapable de lui demander de rester. Mais les secondes défilent et Adèle se rendait compte qu'une réponse était attendue. « Entre, il fait froid ce soir » Elle se trouvait ridicule de lui dire ça dans cette situation, mais elle n'avait pas tort non plus, Fall River était enseveli par les températures négatives et la neige épaisse, elle ne voulait pas qu'il attrape froid par sa faute. Fermant la porte derrière lui, elle le laissait s'engouffrait dans l'appartement jusqu'au salon, le chaos y régnant par la pile de cartons. « Tu veux quelque chose à boire ? Je comptais me faire une tasse de café ». Conversation totalement banale, comme si ces cartons ne signifiaient pas qu'elle quittait l'appartement et Miles, comme si elle ne s'était pas enfuie des bras de Noan, comme si tout allait bien...
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Maintenant qu'il a compris son erreur, Noan est prêt à tout pour la rattraper. Mais peut-être que lui avouer qu'il l'aimait n'était pas vraiemnt le meilleur moyen de réparer tout ce qu'il a foirer et briser, bien au contraire. Le coeur d'Adèle ne peut pas être réparé comme ça, d'un coup de baguette magique accompagné de cette formule magique à trois mois, non. Mais plus que d'essayer d'arranger les choses, le silence de la blonde aggrave considérablement ses pensées. Être fixer serait certainement mieux. Soit elle veut encore de lui, soit pas. La rupture avec Miles est sans doute trop fraîche cependant pour ça.
Si se déplacer fait de lui une sorte de forceur, il préfère, c'est plus simple. Au téléphone, ce genre de conversation n'est jamais bonne à prendre, et encore moins au téléphone. C'est quand après ce long silence yeux dans les yeux elles lui signifie qu'il fait froid qu'il le réalise. Cette folle sensation d'étouffer l'a empêché de se concentrer sur les températures. Il ne se fait pas prié quand elle lui propose d'entrer, petit sourire gêné sur les lèvres, qui disparaît aussitôt ses yeux fuyant posés ailleurs que sur la jolie blonde.
À l'intérieur ce sont les cartons qui attire ses pupilles. Le soulagement s'empares de lui, mais il ne pose pas la question qui viendra vraiment le rassurer. « Non, merci, ça iras. » Il serre ses lèvres l'unes contre l'autres et croise saisit son bras de sa main pour cacher sa gêne. Il s'éclaircie la gorge. « C'est officiel, tu quittes Miles ? » Son menton pointe les cartons pour toute explication à cette question.
Adèle devait se reprendre, ce n'était définitivement pas le moment de se laisser à nouveau aller dans la profondeur de ses iris. Ce n'était pas quelque chose qu'elle pouvait expliquer, mais tout chez lui l'attirait et ce n'était pas qu'une simple question de physique. Tous ses doutes s'envolaient en un claquement de doigt dès qu'il était à proximité et elle ne voyait que lui. Comme ce soir, d'ailleurs et même la surprise de le voir apparaître au pas de sa porte n'enlevait en rien ce lien magnétique qui existait entre eux. Proposition refusée, Adèle n'insistait pas. Il semblait évident qu'il voulait ouvrir le sujet au plus vite, elle ne pouvait ignorer cette légère tension qui flottait dans l'air. Malgré tout, et comme pour se donner un peu de courage et repousser l'ouverture du sujet, elle se dirigeait vers sa cuisine pour attraper la première tasse qui lui était possible de prendre pour y verser délicatement la boisson chaude. Le parfum du café se répandait dans ses narines et elle décidait de ne pas y ajouter de sucre, laissant le liquide sombre aussi amer qu'allait sûrement être cette conversation à venir.
Adèle manquait de lâcher sa tasse lorsqu'elle faisait à nouveau face à Noan, surprise par sa question. Bien sûr, elle s'attendait à ce qu'il s'interroge sur la présence des cartons, sur la suite de ce qu'il s'était passé dans le bar ou même sur leur relation. Mais jamais elle n'aurait imaginé qu'il serait si direct, c'était une facette qu'elle venait de découvrir chez lui. Elle se faisait force pour ne pas perdre de sa contenance, prenant place à proximité de Noan tout en serrant sa tasse de ses deux mains. « Non, on a juste voulu prendre un appart plus grand et plus éloigné du centre ville, on ne supporte plus trop le bruit ». Blague de mauvais goût qu'elle s'autorisait à libérer en même temps que le stress qui augmentait et s'emparait de tout son corps. Elle lâchait un petit rire nerveux comme pour détendre l'atmosphère ou peut être simplement faire face à la franchise de Noan. Quelques secondes plus tard, Adèle reprenait son sérieux, visiblement ça ne fonctionnait pas et elle n'arrivait toujours pas à se détendre. « Est-ce qu'il aurait pu en être autrement ? ». Bien sûr que non. Elle n'aurait jamais accepté de continuer à vivre avec Miles, pas dans ces conditions. Quand bien même elle fermait les yeux sur son manque de respect, elle sentait que c'était Noan qui ne l'aurait pas permis, lui qui n'avait pas hésité une seule seconde à intervenir l'autre soir. « Je ne fais visiblement toujours pas les bons choix à ce niveau-là ». Pique qu'elle s'autorisait à lancer, mal à l'aise de la situation actuelle. Pourquoi est-ce Noan herchait à savoir ce qu'il en était avec Miles ? De quel droit ? « Pourquoi est-ce tu es là, Noan ? ». S'il était question d'aller droit au but, Adèle pouvait faire la même chose. Tôt ou tard, ils allaient en arriver là, même si elle pensait avoir plus de temps.
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Surpris de s'entendre déjà la lancer sur l'état des lieux de sa relation avec Miles, il s'efforce tant bien que mal de paraître détacher. Parce qu'Adèle signifie tout pour lui ne veut pas dire que la réciproque existe. Ce qu'il s'est passé entre eux la fois précédente n'est peut-être qu'une erreur de parcours pour elle, et ce serait mériter. Il lui a fait du mal, Noan, il le sait. Il n'a jamais agi dans ce but, il voulait la protéger de ses galères et de sa vie de merde. Mais ce qu'il lui a dit ne pouvait pas être pris autrement que de la bouche du pire des sales type.
Il n'en mène pas large quand elle le détrompe. Elle ne quitte pas Miles. Son coeur saigne, mais il se doutait un peu qu'il n'aurait pas l'accueil qu'il espérait secrètement, pas après tout ça. Il s'efforce de sourire l'air de rien, comme si tout ça ne le détruisait pas de l'intérieur. Son rire le perd un peu plus. En même temps, s'ils déménageaient dans plus grand, Miles s'en serait vanté au travail. Même s'il ne l'a pas vraiment vu depuis, il sait que les rumeurs des collègues seraient parvenues à ses oreilles. « Il aurait pu en être autrement, bien sûr. » Après tout, l'amour est supposé triompher des plus dures épreuves. « Vous auriez pu en discuter et aplanir les choses. » Pourtant, c'est tout ce qu'il redoute pour lui. Mais quel que soit son choix, il espère que c'est pour le bien d'Adèle. Miles n'est plus vraiment son ami, avec tout ça, même sil restes son collègue.
Pas un mot ne sort de sa bouche face à cette pique. Il sais que c'en est une, mais n'est pas sûr de comprendre en quoi il peut mal le prendre. Elle a raison, même le choisir lui des années auparavant c'était le mauvais choix. Il l'a trop blessée. Mais il veut se racheter, peu importe la mesure dans laquelle elle lui laisses le faire. « Je voulais m'assurer que tout allait bien pour toi, comme tu es en silence radio depuis... » Il marque une pause, cherchant de l'aide dans ses yeux, aide qu'elle ne semble pas prête à lui fournir. « Depuis la dernière fois. » Mais elle sait très bien de quoi il s'agit. Il a d'ailleurs failli lui dire "depuis tu sais quoi".
La jolie blonde ne s'est pas vraiment comment aborder la chose. Pensait-il réellement que la situation était encore gérable avec une simple conversation ? Adèle ne pouvait pas lui en vouloir, il ne savait pas tout. Oui, il a été témoin d'une scène assez moche l'autre soir, mais comment pourrait-il se douter que c'était loin d'être la première fois. Ce n'était pas la première fois, définitivement pas la dernière fois non plus si elle n'avait pas réagi en mettant fin à leur relation. « Il n'aurait pas pu en être autrement Noan. Ça fait déjà trop longtemps que ses excès de colère étaient une habitude dans notre couple. Il fallait que je me protège avant l'irréparable ». Autant dire les choses telles qu'elles le sont vraiment, sans détours, sans mentir. C'était bien ça qui l'effrayait le plus : et si la colère de Miles devenait incontrôlable et qu'il commettant l'irréparable en s'en prenant à elle ? Ce n'était encore jamais arrivé, il s'accrochait parfois brutalement à son poignet et lui hurlait dessus en utilisant un vocabulaire inadapté, mais toutes ces choses étaient déjà de trop. Adèle sait qu'elle aurait dû réagir bien plus tôt et mettre fin à cette histoire brisée, il avait fallu que Noan assiste à une énième scène pour qu'elle se rende compte qu'elle ne pouvait pas continuer de la sorte. « Dans tous les cas, ça n'aurait pas durer entre lui et moi ». Oui, même sans ses excès de colère, Adèle n'a jamais ressenti de l'amour pour Miles, du réconfort, de la tendresse sans aucune doute, mais jamais de l'amour.
« J'ai besoin de temps pour me vider l'esprit, réfléchir à tout ce qui se passe dans ma vie en ce moment ». Non pas qu'elle ressentait le besoin de se justifier auprès de lui, mais Adèle ne voulait pas qu'il pense que c'était à cause de lui si elle n'avait pas donné des nouvelles. Bien qu'elle ne regrettait pas d'avoir passé cette nuit auprès de lui, elle n'était pas pour autant satisfaite des circonstances qui l'entourait. Sans compter cette gêne qu'elle ressentait depuis et le passé qu'ils partageaient. Comment pouvait-elle l'appeler du jour au lendemain alors que les mois sans contact avaient défilé à une vitesse vertigineuse ? « Je n'en suis pas fière... de cette dernière fois ». C'était sûrement dit maladroitement, mais c'était ce qu'elle ressentait à cet instant précis. Adèle avait de nombreuses raisons d'en vouloir à Miles, mais jamais il n'avait posé les yeux sur une autre femme. Elle, si. Non seulement elle n'avait cessé de faire vivre le souvenir de Noan dans son esprit depuis qu'elle l'avait croisé, mais en plus elle avait goûté à sa peau et de ce fait, braver cet interdit. Encore une fois, aucun regret sur ce qu'il s'était passé, mais savoir qu'elle avait trompé Miles la faisait culpabiliser plus que de raison.
Pourtant, elle donnerait tout pour sentir à nouveau la chaleur de son épiderme contre le sien. Revoir son doux sourire, entendre sa voix lui dire qu'il l'aime et glisser ses doigts fins dans ses cheveux. Mais ce n'était plus pareil, ils ne pouvaient pas revenir à cette nuit où ils n'étaient que tous les deux dans leur propre monde, pas vrai ? « Je n'ai pas l'intention de chercher des excuses en te disant que c'était une erreur, qu'on aurait pas dû ou ce genre de bêtises, parce que ce n'est pas le cas. Pour moi, ce n'est pas une erreur » Elle sentait son cœur battre dans ses tympans, rythme cardiaque qui s'accélère à mesure que les mots s'évaporent dans ses lèvres. « Mais je ne sais pas quoi te dire pour autant Noan. Il y a tellement de choses que je ne comprends pas, tellement de choses qui ne collent pas avec tout ce qui a été dit à l'époque ». Ou plutôt, tout ce que Noan lui avait dit. La rejeter du jour au lendemain en prétendant ne l'avoir peut être jamais aimé pour ensuite voler à son secours sans la moindre hésitation et la serrer tout contre lui cette nuit... Tant de choses qui la perturbaient et la rendaient confuse.
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Son coeur bat à tout rompre aux paroles d'Adèle. Il a envie de la prendre dans ses bras, de la consoler. Il sait que Miles a représenter quelque chose qu'il a imposé malgré lui en tournant bêtement les talons à la blonde. C'est sa faute et celle de personne d'autre. Bien sûr, il est soulagé de savoir que, compte tenu de ce qu'il s'est passé entre eux, les choses avec Miles sont terminées, mais il n'aime pas savoir que la scène qu'il a assisté n'était pas la première. « Je comprends, enfin, je crois que je comprends. » Ses lèvres se pincent sous le coup de la contrariété. Savoir qu'Adèle a été victimes de tout ça lui donne une vie de vomir et un tournis incontrôlable. C'est sa colère qui le menace de prendre le dessus face à celle qui domine Miles. Il le connait, ils étaient amis. Mais jamais il n'aurait pu envisager que Miles puisse avoir des mots, des gestes violents envers la personne avec qui il partage sa vie. S'il avait su... Noan ne sait pas ce qu'il aurait fait, mais il aurait tenté d'agir. De l'aider. La seule raison pour laquelle il a supporté de voir un de ses amis avec Adèle, qu'il a supporté tout ce temps les remarques de Miles, c'est parce qu'il pensait qu'elle était heureuse.
Ses entrailles se resserrent et il a la sensation de tout perdre avec les paroles de la blonde. Il met du temps à comprendre et à analyser ses paroles. Puis il réalise. « Je n'en suis pas fier non plus, tu sais. J'aurais préféré que... tout se déroule autrement. J'aurais aimé ne jamais t'avoir écartée de moi, être capable de tout te dire mais... » Tu ne méritais pas ça, finit-il intérieurement. Mais si elle ne méritait pas d'être celle sur qui tout aurait reposé, celle qui l'aurait supporté et aurait vécu ses échecs avec lui, elle ne méritait pas non plus ce que Noan a fait et dit pour la faire fuir. « Je ne suis fier de rien dans ma façon de gérer les choses. Et je regrette tout, Adèle, sincèrement. Sauf nous. »
Les yeux de Noan se ferment de soulagement. Elle ne considère pas que c'était une erreur. Lui non plus. L'ombre d'un sourire naît sur son visage, sans que celui-ci ne s'affiche vraiment. Tout ce qu'il ya autour est trop grave pour ça. Il a du mal à déglutir à ses paroles. « Et je pourrais prendre tout le temps du monde pour t'expliquer que tu n'aurais aucunes raison de me pardonner ou de le comprendre. » La pause qui s'ensuit est longue, trop. Ses yeux se baissent avant de finalement remonter, de longues secondes plus tard, glissant sur son corps sans même qu'il ne le réalise. « La seule chose que tu dois savoir c'est que je n'ai jamais cessé de t'aimer, quoi que je t'ai dis. Les choses était compliquer pour moi et... j'ai voulu t'épargner d'être entraînée dans ma chute. Mais je l'ai fait de la mauvaise façon et toute une vie d'excuses ne suffirais pas. »
Elle aurait préféré ne jamais avoir à lui dire toutes ces choses. Elle aurait préféré lui dire qu'elle se noyait dans le bonheur avec Miles, qu'ils étaient faits l'un pour l'autre et que jamais elle ne s'était sentie aussi bien aux côtés d'un homme. Juste pour qu'il regrette. Juste pour qu'il ressente même une infime part de ce qu'elle avait pu ressentir par le passé. Juste pour qu'il se rende compte de ce qu'il avait perdu. Mais la réalité était tout autre et Adèle n'avait pas la force de jouer un rôle, voilà bien longtemps qu'elle le faisait déjà. La blonde était épuisée, incapable de faire comme si tout allait bien. Et dans tous les cas, Noan n'était pas dupe, il avait déjà été témoin des excès de Miles, il ne servait à rien de monter toute une histoire digne d'un conte de fée alors qu'elle venait de sortir d'un véritable cauchemar. « Ce n'est plus important maintenant ». Si elle ressentait malgré tout de la peine d'avoir rompu avec Miles, le soulagement était bien plus fort que tout. Peut être qu'elle aurait pu l'aimer dans d'autres circonstances. Ou peut être bien que non. Bien sûr, elle était attachée à lui, il avait tant fait pour elle alors qu'elle était à terre après sa rupture d'avec Noan. Mais elle se rendait compte aujourd'hui que ça n'effaçait en rien ses paroles et gestes déplacées, emprunts de violences injustifiées.
Tout venait de s'arrêter. Ton esprit, le temps, ta respiration. Venait-elle de mal entendre ? Les sourcils froncés, elle essayait d'analyser chaque mot qu'il venait de prononcer. Rêvait-elle ? Déformait-elle la réalité parce que ces mots étaient ce qu'elle attendait depuis tant d'années ? Bouleversée et perturbée, Adèle ne savait pas trop quoi répondre, plus par peur d'avoir mal enregistré ses paroles qu'autre chose. « Je ne comprends pas Noan, qu'est-ce que tu essaies de dire ? ». Aller droit au but, c'était ce qu'elle lui demandait. Adèle ne pouvait plus se permettre d'attendre, d'essayer de décortiquer ou d'examiner chaque mimique, chaque regard, chaque mot qui sortait d'entre ses lippes. Elle avait déjà l'impression d'avoir perdu une grande partie de son temps en étant éloigné de lui, il était hors de question que l'espoir renaisse de manière infondée. Elle ne voulait pas laisser son cœur s'affolait pour un quiproquo. Mais Noan ne s'arrêtait pas là, comme pris d'une envie soudaine de tout lui conter, il reprenait la parole, laissant pour seule réaction d'Adèle, la surprise sur chaque trait fin de son visage. Le silence règne, effectivement, un peu trop longuement. Adèle essayait de se ressaisir, de se reprendre pour ne pas complètement se décomposer. La joie de comprendre que Noan n'avait jamais arrêté de l'aimer, qu'elle ne s'était pas trompée sur ce qu'ils avaient vécu, sur ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre... Et pourtant. Cette joie ne fut que de courte durée, la colère prenant le dessus. Les larmes qui lui montaient aux yeux, la blessure qui s'ouvrait à nouveau...
« Je pensais sincèrement que ce qu'on vivait était unique, fort et indestructible ». Réalité indéniable, jamais elle n'avait vécu une telle histoire avec quiconque, Noan était la seule exception, sa seule exception. Mais lui dire toutes ces choses lui faisait bien plus de mal qu'autre chose. « Si je comprends bien, tu m'as complètement dupée en pensant que c'était pour me protéger ? ». Adèle n'y arrivait plus, le mélange de la colère et de la tristesse de ces dernières années s'entendait dans sa voix, la jeune femme ne pouvant contrôler davantage ses émotions. « Tu aurais pu m'en parler, m'expliquer, j'aurais compris. On aurait pu avancer ensemble, trouver des solutions ensemble, s'en sortir ensemble ». Elle ne pouvait s'empêcher de lâcher un petit ricanement qui relevait davantage de sa frustration. « Au lieu de ça, tu as préféré m'infliger toutes ces blessures pour quoi ? Ne pas m'entraîner dans ta chute ? ». Les perles salées se libéraient lentement le long de ses joues, Adèle était épuisée, les émotions complètement en vrac. « T'as fait bien pire que ça. Tu m'as abandonné, Noan ». Et ça, Adèle le savait, toute une vie d'excuses ne suffirait pas pour qu'elle puisse oublier la douleur.
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