Debout face à la fenêtre de mon bureau, j'observais les trombes d'eau s'abattre sur le parking de l'hôpital un café à la main. Le beau temps n'était pas au rendez-vous aujourd'hui non plus et je serai prêt à parier que ça allait nous attirer du monde. Je n'avais pas hâte de soigner des virus qui pourraient être gérés par des médecins généralistes et qui encombraient les urgences en prenant la place d'un souci plus grave, d'ailleurs, je peinais à comprendre pourquoi certaines familles passaient du temps aux urgences pour un petit bobo. À croire que c'était leur sortie du week-end. Mais qu'importe, il fallait soigner tout le monde, et malgré ce que j'en pensais, je ne rechignais jamais à la tâche. La porte s'ouvrit derrière moi, ce qui me fit sortir de mes songes. Mon regard glissa alors sur mon café, presque trop froid pour être but désormais, puis je fini par me tourner vers la personne qui venait d'entrer dans la pièce. C'était une de mes internes -la plus sérieuse du groupe- elle avait besoin de valider ses diagnostics, ce qui me fit réaliser que ma pause durait depuis bien trop longtemps déjà. Je finit alors mon café froid d'un trait, de toute façon, il aurait été difficile de l'apprécier à cette température, avant de rappeler à mon interne que je remplaçais un confrère ce matin et qu'elle allait devoir gérer les urgences avec quelqu'un d'autre. En effet, j'avais accepté de faire les visites post accouchement d'un collègue tombé malade. D'habitude, je travaillais sous pression avec les urgences alors une matinée comme ça de temps en temps ne pouvait que me faire du bien. Je quittais mon bureau en direction du pôle obstétrique où les sages-femmes attendaient avec la liste des mamans qui allaient bientôt rentrer à la maison avec leur bébé. Il fallait que le nouveau-né soit examiné par un pédiatre afin de rendre la sortie officielle, voilà donc mes missions du jour. Au bureau des sages-femmes, il y avait deux personnes, une qui rangeait des dossiers et l'autre qui lui racontait sa vie en triturant un porte-bloc. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres en les écoutants ricaner aux cancans qu'elles se disaient. La surprise fit sursauter la jeune femme au porte-bloc lorsqu'elle me remarqua, elle reprit un peu de sérieux en me tendant la liste des chambres à visiter pour la journée. La remerciant poliment, je lui fit tout de même remarquer que je n'avais que faire de ce qu'elles disaient, mais qu'elles devraient peut-être faire plus attention à qui les entoures dans ces moments-là. Sait-on jamais. Je soulevais les papiers pour vérifier les listes, commencer à me faire un ordre d'idées de ce qu'il m'attend et un ordre de passage dans ma tête. D'autres sages-femmes entrèrent pendant ce temps, ça devait sûrement être la relève. Et, comme si le karma avait décidé de retourner la situation, comme si ça aurai dû être à moi de faire attention à ce qui m'entoure, je fus soudainement secoué par une décharge si forte que j'en restais paralysé. Madison. C'était une des deux sages-femmes qui venait d'entre. Madison. Rien que son prénom me chamboulait entièrement. Madison. Mais que faisait-elle ici ? Était-ce une hallucination ? Je restais immobile, incapable de bouger, de parler, et peut-être même de respirer. Mon regard était bloqué sur elle et, à en croire le silence qui s'était installé, ce n'était absolument pas discret. Mais alors comment réagir ? Gab fait quelque chose, dit quelque chose. Pensais-je alors que le silence durait de plus en plus au point de devenir pesant. Incapable de parler, la réponse fut plus simple : je pris simplement la fuite. La poignée de la porte s'abaissa sous la pression de ma main et je quittais cette pièce pour rejoindre les couloirs, me rappelant enfin comment respirer.
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Madison James
- Shade of winter -
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▎ Pseudo : Chouki
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▎ Multi-comptes : Non
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▎ Your age : 29 ans
▎ Your preference : Hétérosexuelle
▎ Job/Studies : Sage-femme au Charlton Mémorial Hospital
▎ En savoir plus :
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♫ ♫ ♫ Once upon a time I dreamed we'd be together In love forever Once upon a night I was wishing for a never A never end ♫ ♫ ♫
Voilà un mois que j'étais de retour en ville, c'était comme si je ne l'avais jamais quitté. Bien que je revenais pour les vacances ou bien lorsqu'il y avait des repas de famille, j'avais passé un peu plus de dix années de ma vie à New York. Ma vie là-bas, était parfaite, j'avais mon mari Lucas, mes amies, mon poste de sage-femme en chef. Tout était parfait, jusqu'à ce qu'un accident, bouscule ma vie. Durant deux ans, j'avais essayé de continuer à vivre, mais plus rien n'était pareille. J'ai donc décider de revenir vivre à Fall River dans la maison de mes grands-parents, qu'ils m'avaient légué quelques années plutôt avant leur décès. En un mois, j'avais entrepris des travaux de rénovation et de décoration dans mon nouveau chez moi. J'avais repris contact avec de vieilles connaissances. Et surtout, j'avais décroché un poste de sage-femme à l'hôpital de la ville, certes mon poste était moins important, mais je faisais le métier qui me passionnait. J'avais l'impression de revivre et d'avoir retrouvé mes origines. La tristesse et le manque de Lucas étaient toujours présents, mais je sentais que j'allais mieux.
Aujourd'hui, je commençais ma garde à quatorze heures, la veille, j'avais vu que j'étais sur le planning les visites accompagnées d'un pédiatre pour les sorties d'hospitalisation, cependant aucun nom d'un médecin n'y été de noté. Je rejoignis mes collègues au vestiaire afin d'enfiler ma tenue. Une fois prête nous nous rendions dans notre service afin de prendre mon poste. En rentrant dans notre bureau, je reconnus de dos une silhouette familière. C'est lorsqu'il se retourna que j'aperçus Gabriel. Gabriel Carpenter, mon seul et premier amour de jeunesse. En un instant, je me figeais, je n'arrivais plus à bouger et je sentais mon cœur s'accélérer. Il y avait tellement longtemps que je n'avais pas pensé à lui. Mais en quelques secondes tous mes souvenirs passer à ses côtés me submergèrent. Je repensais à tout cet amour que j'avais eu pour lui et à la façon dont je l'avais quitté à l'époque. Je repris rapidement mes esprits lorsque je sentis un coup de coude de ma collègue au niveau de mes cotes, tout en essayant de comprendre ce qu'il se passait. Je me rendis vite compte qu'il avait tout aussi l'air d'être déstabilisé que moi. Tout en cherchant mes mots, je le vis ouvrir la porte de notre bureau tout en quittant la pièce. Je sentis le regard de mes nouvelles collègues tout en attendant une explication. Ma supérieure Paula, finit par me demander tout en me tendant mon planning de la journée.
Paula : Je peux savoir ce qui lui arrive ?
Ce n'est rien juste une vieille connaissance... Je crois que je devrais aller lui parler.
Paula : Eh bien ça tombe bien, regarde ton planning, tu bosses avec lui pour les visites. Vous aurez tout le temps de discuter de vos retrouvailles.
Je vis un petit sourire malicieux sur le visage, je soupirais tout en jetant un coup d'œil sur le planning. Effectivement, nos deux noms étaient bien de noter, nous allons faire équipe, le temps des visites. Je remarquai qu'il était médecin urgentiste, en remplacement pour les visites du jour. Je savais qu'il comptait faire des études de médecine, mais je n'avais jamais su dans quelle spécialité. Dans un sens, je ne fus pas surprise, ce métier correspondait bien à Gabriel. Je repris mes esprits avant de décider de retrouver Gabriel. Je sortis de notre bureau et je l'aperçus un peu plus loin dans le couloir. Nos regards se croisèrent, je tentais de l'approcher sans trop savoir quoi dire. Tout en lui faisant un signe de la main pour le saluer, je réussis seulement à dire une phrase banale.
Salut Gabriel.... Ça fait longtemps... Comment vas-tu ?
Je me perdu un instant dans son regard, afin de ne pas montrer que j'étais un peu déstabilisé par ses retrouvailles, je me raclai la gorge, afin de reprendre mes esprits. Puis, tout en lui montrant mon planning, je lui fis un petit sourire avant de lui dire.
Visiblement, nous allons travailler ensemble pour les visites.
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Gabriel Carpenter
- Shade of winter -
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▎ Your age : Trente belles années
▎ Your preference : Hétérosexuel
▎ Job/Studies : Travaille aux urgences pédiatriques de l'hôpital de Fall River.
Il me semblait avoir entendu l'expression "voir un fantôme" une centaine de fois déjà, mais ça n'avait jamais eu autant de sens qu'en ce moment même. Un fantôme du passé, voilà ce qu'était Madison. Elle était une part de moi que j'avais très longtemps cherché à enfouir au fond de ma mémoire. Et pour cause, mon incompétence, à réagir, ne serait-ce que dire quelque chose. Non, au lieu de ça, tout un tas de souvenirs refaisait surface, tout un tas de sentiments aussi. Voilà un impressionnant ascenseur émotionnel où je revivais le bonheur que j'avais ressenti d'être auprès d'elle, de l'aimer aussi fort qu'un être le peu, puis un nouveau sentiment me revenait : l'espoir, celui de pouvoir passer ma vie à ses côtés, celui qui croyait qu'une relation à distance pouvait fonctionner avec nous. À sa suite, arriva l'incompréhension, celle de ne plus avoir de nouvelles, celle de ne pas saisir ce qu'il se passe. Et finalement la douleur, la déchirure que j'ai ressenti en réalisant, cette peine immense que j'ai mis tant de temps à surmonter et qui revenait tout à coup. Face à cette situation, ma seule réponse fut la fuite. Le cœur serré, je sortis de la pièce pour tenter de respirer à nouveau comme si j'avais été compressé par tant de sentiments différents qui m'étaient tombé dessus en un rien de temps. C'était le cas en quelque sorte, mais je n'étais pas au bout de mes peines puisque mon service devait se faire en binôme avec Madison. En effet, je n'avais pas fait attention à son nom qui était tout en haut de la fiche lorsque je l'avais lu. Mais quelle idée d'avoir accepté de remplacer mon confrère en imaginant bêtement avoir un peu de répit, c'était pire que la pression d'une urgence. Comme attendue, elle vint me chercher. Ses paroles étaient maladroites, pourtant, elle faisait un effort pour être agréable et elle semblait même sérieuse dans son attention de bien faire. Malgré tout, c'était trop dur pour moi de faire abstraction du passé. « Longtemps ? À qui la faute ? » Bon, d'accord, c'était peut-être un peu trop fort comme réponse. Seulement, j'avais le cœur vraiment lourd et le contraste entre sa présence si douce et son absence si douloureuse ne faisait qu'aggraver la situation. Je laissais un soupir m'échapper comme pour effacer ce commentaire. « Oui... Allons y alors. Plus vite nous aurons commencé, plus vite ce sera terminé et tu pourras disparaître à nouveau. » Mes paroles n'étaient peut-être pas agréables à entendre cependant, elles restaient sages comparées à ce que j'aurais voulu dire. Ma retenue était réelle même si bien dissimulée. Je ne laissais pas Madison répondre, mon bras s'élança vers une première porte et j'abaissais la poignée pour entrer. Un petit sourire se dessina enfin sur mes lèvres et je m'approchais de la petite famille pour prendre des nouvelles du séjour, de la maman et surtout du bébé. Je demandais ensuite s'il était possible de prendre le nourrisson pour l'examiner et donc, d'officialiser la sortie d'hôpital. C'était un tout autre moment que celui-là, on venait de passer d'un couloir sombre à une chambre ensoleillée, tout comme les images qu'on était en train de renvoyer actuellement.
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