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De : Laura Scotts
Date : dimanche 25 août 2024 à 00:45
Subject : affaire de famille
À : vous

Cher Zeppelin,

Tu dois être surpris d'avoir un e-mail de notre part, après toutes ces années.
Ton père et moi avons vu une interview de ton groupe à la télévision. Vous avez été superbe, quelle prestance ! La célébrité vous va bien. Je t'ai tout de suite reconnu, tu as les mêmes yeux et tâches de rousseur que moi, j'étais si émue de savoir que tu allais bien.

Nous sommes navrés de ne pas avoir pu te garder auprès de nous, j'aurais dû me battre pour toi, mais j'étais jeune et dépassée par la situation. Tout s'est passé très vite, et ton père est tombé malade peu après ton départ. Ça a été dur pour nous. Ça va mieux aujourd'hui, mais ton absence nous pèse, tous les jours... Nos jeux ensemble, tes sourires, je t'aimais tant. Nous n'avons pas eu d'autres enfants et avons failli nous séparer tant ton absence a briser nos rêves de parentalité.

J'espère que tu trouveras la force de me pardonner, de nous pardonner. J'aime beaucoup ta musique, je suis heureuse de te voir briller. Ta carrière est impressionnante ! Je suis navrée de ne pas t'avoir contacté avant.
Ton père et moi aimerions te rencontrer, si tu le veux bien. Renouer les liens, c'est important. Le cancer de ton père est revenu, il aimerait pouvoir te serrer dans ses bras une fois au moins avant d'être hospitalisé pour je ne sais combien de temps. Ton aide est précieuse.

À très bientôt, mon chéri.

Ta maman.

Voilà sur quoi tomba Zeppelin en se levant, un dimanche matin pluvieux de la fin août 2024. Il ne comprit pas tout au réveil, dû laisser son téléphone, pensant avoir rêvé tout ça. Mais non, cet e-mail existait bien, il était devant ses yeux, avec ces mots vides de sens pour lui. Rien que de lire « ton père » Zeppelin en avait des hauts le cœur. Ces gens, il ne les connaissaient pas ! Il les haïssait pour tout ce qu'ils lui avaient fait subir, durant les premières années de sa vie. Il se souvient de sa solitude, de visages sans amour, de cris inaudibles, colériques. Les seuls moments de répit étaient à la crèche pour lui, qui ne se faisait pas malmener.
Les Newell ont eu des informations sur le passé de leur enfant adoptif, des sévices subis avec ses géniteurs. Il a trouvé les papiers et confronté ses parents un soir, alors qu'il avait une quinzaine d'années. Secoué, frappé, brûlé à la cigarette, il comprenait certaines cicatrices qu'il arborait sur le torse ou les épaules. De tous petits ronds pour la plupart.

Tout son passé lui explosant au visage, le roux sentit le besoin de hurler. Mais ses colocataires dormaient encore, il n'était que neuf heures et leur soirée Netflix de la veille avait tant traîné que les deux autres méritaient bien une grasse matinée.
Aussi, il sortit de sa chambre dans ce qu'il pensait être la silence, il avait en effet claqué la porte de sa chambre d'énervement malgré la discrétion souhaitée : le garage. Insonorisé, ça lui permettrait de ne pas déranger ses amis, bien que les vibrations pouvaient parfois parvenir jusqu'à Jim, ce qui risquait de se produire tant le batteur avait besoin de sortir ce qu'il avait en lui.

Son instrument l'attendait bien sagement, son siège froid ne l'apaisant pas pour autant. Il bouillonnait de colère, de doutes aussi. Que voulait cette femme ? Était-elle sa génitrice ? Disait-elle la vérité ? Pourquoi attendre de le voir à la télévision pour le contacter ? Oh... Poussant un grognement de rage, le jeune homme se mit à frapper ses peaux plus frénétiquement, imprimant le rythme d'un de leur nouveau morceau, se laissant envahir par la musique et la rage qui lui coulait des yeux, du front aussi. Zeppelin ôta sa veste à capuche, bougeant mieux dans son marcel trempé de sueur.
Venir le trouver après des années de silence, alors qu'ils auraient pu le faire durant des années... Cette femme prétendait être malheureuse, mais il savait que c'était faux. Il l'avait vu avec ses autres enfants, qu'elle ne traitait pas comme lui... Personne ne savait qu'il avait fait un tour à Somerset, huit ans plus tôt, seul Heath savait et avait emporté le secret dans la tombe. Pourquoi lui et pas Jim ? Le moment, sans doute, le timing avait fait que, et après cette expérience, il n'avait pas souhaité en reparler, jamais.

Il n'entendit pas que l'on entrait dans le garage, concentré sur ses mouvements, et lorsqu'il ouvrit les yeux, tombant nez à nez avec son meilleur ami, il poussa un cri de surprise en lui jetant une baguette au visage par inadvertance. Réflexe... « Bordel ! Tu m'as foutu la trouille, t'es con ! » s'exclama-t-il en arrêtant le mouvement de sa cymbale, s'épongeant le front avec sa veste jetée au sol. « Je t'ai réveillé ? Pardon. » demanda-t-il en accompagnant les signes à la parole, une légère grimace d'excuse sur le visage.

La tension dans ses muscles est palpable, presque douloureuse tant Zeppelin tape comme un sourd sur sa batterie, ce qui est un euphémisme... La peine ne s'atténue pas, il voit les mots s'écrire dans son esprit et ferme les yeux pour se concentrer uniquement sur les vibrations de la grosse caisse, de ses mains qui frappent les peaux avec force, avec un rythme qu'il apprécie de jouer puisqu'il s'agit d'une de leurs chansons. Son visage prend une teinte rosie par l'effort bien rapidement, son teint trop pâle hérité de cette femme ne lui rendant pas service. Quelles sont ses origines ? Sa génitrice serait-elle Irlandaise pour être aussi rousse que lui ? D'où vient-il ? Tout ça, Zeppelin pensait en avoir fait le deuil il y a des années maintenant, mais tout lui revient soudain en tête, depuis cet e-mail.

Ce n'est que vers la fin de son solo qu'il rouvre les yeux, découvrant Jim qui le fixe bizarrement, lui faisant lâcher sa baguette de surprise. Son cœur bat encore plus fort, si c'est possible. Il s'écrit et voit son meilleur ami qui se tient l'œil en gesticulant, signant qu'il lui avait fait mal et le roux grimace. Mais le géant se relève et lui sort une blague qui, en temps normal, aurait fait mourir de rire Zeppelin, lui sortant une vanne tout aussi drôle. Mais pas ce matin. Non, là, il n'est pas d'humeur et ça le fait à peine pouffer, son sourire mourant dans sa veste qu'il pose sur son visage pour retirer la sueur.

« Désolé.. Maya aussi est réveillé ? » demanda-t-il en craignant d'avoir fait lever toute la colocation trop tôt. Mais ça ne semblait pas être le cas. Oh, la jeune femme serait peut-être d'humeur joueuse aujourd'hui, ça lui ferait du bien de se défouler un peu... Enfin, ce n'était pas le sujet du moment. Jim vient prendre place près de lui, son regard inquiet tentant de pénétrer son âme. Il en détourna les yeux, ne sachant pas quoi dire, ni comment aborder le sujet. Jim venait à peine de se réveiller, ça se lisait sur son visage malgré ses dires, et il n'était peut-être pas enclin à entendre ce qu'il s'était passé quelques minutes plus tôt.

Le guitariste attire son attention d'un geste de la main et il sait qu'il doit y faire face, alors Zeppelin relève le menton en se mordant l'intérieur de la joue, respirant profondément, un peu plus fort que ce qu'il croit d'ailleurs. Ok, c'est vrai, Jim est loin d'être un idiot, il a le cœur sur la main et sait toujours être là pour ses proches quand ils en ont besoin, il ne pourrait pas lui mentir très longtemps... « Nan, t'excuse pas ! Ça a rien à voir avec toi, je sais que tu bosses beaucoup en ce moment. Nan, c'est... mes parents. » lâcha le batteur en signant uniquement, la gorge nouée. L'utilisation du mot « parent » n'était pas ce qu'il voulait ici, mais il n'existait pas vraiment de signe pour parler des « connards qui m'ont abandonné à la naissance parce que j'étais un fardeau », alors c'était ce qui est sorti...
Jim avait l'air encore plus inquiet, pensant sûrement que les Newell avaient des problèmes et lorsqu'il le réalisa, Zeppelin reprit ses signes. « Oh nan ! Non, non, non !  Pas mes parents ! Tout va bien chez eux. Nan, je voulais dire... mes parents biologiques. Je... Tiens. »

Incapable d'expliquer tout ce qui blessait son cœur, le rouquin sortit son téléphone de la poche de son pantalon, l'ouvrant sur ses mails avant de tendre l'objet à son meilleur ami. Sa jambe recommença à trembler, ses mâchoires se serrèrent et il grinçait légèrement des dents, assez pour que Jim le remarque en tout cas. Il attendit une réaction, quelque chose pour ne pas devenir fou et débarquer chez ces gens pour leur hurler dessus.
Ils n'étaient pas ses parents, il n'acceptait pas de lire les mensonges de cette foutue Laura, de l'entendre l'appeler « mon chéri » alors qu'elle avait perdu ce droit en le maltraitant, en l'abandonnant. Zeppelin avait envie de lui faire bouffer ses e-mails, sa télévision pour qu'elle ne suive plus les exploits de sa progéniture, lui qui avait tant rêvé de leur montrer qu'il pouvait tout accomplir, même sans oreilles fonctionnelles... Elle venait de lui pourrir la vie, une fois de plus.

Maya dort, ce qui rassure quelque peu le roux, qui n'avait pas envie de réveiller toute la maison. Jim avait le sommeil plus léger, carrément absent certaines nuits, et sa chambre étant juste au-dessus du garage, il n'avait pas vraiment d'autre choix que d'être le premier à subir les affres de sa douleur... Au moins, Jellybean n'avait pas été là et pouvait dormir, elle aussi. Zeppelin s'en serait voulu de couper leurs rêves, ou autre chose qu'ils seraient en train de faire...

Mais le guitariste ne compte pas lâcher l'affaire si facilement. Il vient près de lui, s'installe au mieux - pas forcément confortable – afin de comprendre ce qui empoisonne l'esprit de son ami et le fait se lever aussi tôt pour tabasser sa batterie. Mais le Newell est bien incapable d'exprimer correctement ses pensées, encore perturbé et agacé par cet e-mail qu'il a reçu et qui remet tout en question. Cette femme se prend pour sa mère, elle ose lui donner de petits surnoms mignons qu'il aurait tant aimé recevoir plus jeune, au lieu de se faire ballotter de famille d'accueil en famille d'accueil... Avec ce mail, elle lui donnait une sort d'avant-goût de ce qu'aurait pu être sa vie à leurs côtés, la joie qu'il aurait pu ressentir en lisant ces mots, la peine qu'il devrait avoir pour son père malade. Au lieu de ça, il était excédé, tremblant de rage de voir cette inconnue lui réclamer subtilement – ou pas – de l'argent.
Reprenant sa phrase pour expliquer à Jim qu'il s'agit de ces gens et non des Newell dont il était question ici, le batteur tend son téléphone à ce dernier. Et puis, il attend en observant le visage de son meilleur ami. Il fronce les sourcils, pince les lèvres. Ses narines frémissent et lorsqu'il ouvre la bouche, c'est pour grogner quelque chose que Zepp n'a pas besoin d'entendre pour comprendre, les lèvres de Jim n'ayant étrangement aucun secret pour lui, tant il a pris l'habitude de lire sur elles, n'allez pas vous méprendre.

Zeppelin hoche la tête silencieusement, sa jambe agitée de soubresauts nerveux. Il n'y a pas de mots pour définir les êtres abjects que sont ces gens. Aussi, comme sait si bien le faire le tatoué, il vient sauter sur son ami et refermer ses bras sur lui. Peu surpris, Zepp accueille ce contact avec plaisir et s'accroche à son ami qui lui envoie toute sa force et son soutien par ce geste. Ça fait du bien d'être dans ses bras, Jim sait toujours y faire pour réconforter les autres et leur offrir les meilleures étreintes au monde, c'est Astoria qui doit être contente ! Une larme s'échappe des yeux du batteur qui se détend à mesure que Jim lui caresse le dos avec compassion. Zeppelin se sent entouré, il a ses ami.es, une famille aimante, il ne devrait même pas se sentir affecté par ce genre de connerie et les envoyer en spam automatique ! Mais là est le problème de tout enfant adopté, rejeté par ses géniteurs : pourquoi. Pourquoi l'avoir abandonné ? Pourquoi venir se repentir des années plus tard ? Pourquoi avoir besoin de ruses et de mensonges ? Pourquoi attirer la pitié sur leurs problèmes alors qu'ils ne s'intéressent pas aux siens ? Pourquoi...

Les bras du géant se desserrent et Zeppelin en profite pour essuyer son visage d'un revers de manche, reniflant bruyamment avant de se concentrer sur les paroles de son camarade. « Je... Je sais pas quoi penser, quoi faire... » balbutie le roux, ses mains tremblantes signant. Il se mord la lèvre en jetant un œil vers son portable, bien vite ramené à la réalité par la main de Jim sur son épaule. Il a raison, il le sait, mais ça fait tellement mal... « Je sais qui sont mes parents, oui. Ils ont toujours été là pour moi, pour m'apprendre l'amour, pour m'aider à communiquer, pour me soutenir dans les pires merdes que j'ai pu faire, mais... Pourquoi elle se permet de me parler ? Elle croit pouvoir me mentir et m'apitoyer pour quoi ? Pour que j'aille les voir ? Pour me faire cracher la thune qu'ils pensent qu'on a ? » grogne le roux en serrant les dents. « Je déteste les menteurs ! Elle se fout clairement de moi... Ils ont eu des enfants. Et ceux-là, ils ont rien en commun avec moi, ils sont pas handicapé ! » C'était rare d'entendre le roux parler de handicap, lui si fier d'être sourd, d'avoir toute une communauté à ses côtés, luttant pour ne pas qu'on le traite comme tel. Mais là, sa mère biologique faisait ressortir tout ce qu'il avait tenté de combattre, le ramenant à cet état d'enfant isolé, qu'on pense pouvoir maltraiter parce qu'il ne peut pas se plaindre, pas vraiment. Qui ne parle pas, n'entend pas, handicapé, inutile, dispensable...

Zeppelin fait les cent pas dans le garage à présent. Il a bien conscience que ça tourne autant dans sa tête que dans celle de Jim, mais il lui faut quelques minutes pour calmer le lion qui tourne en cage. Après une bonne inspiration, Zeppelin se tourne vers son ami pour lui révéler une chose qu'il n'a jamais dite à personne. « Je suis déjà retourné à Somerset, y'a des années de ça. Je suis resté devant leur baraque toute une journée et j'ai vu à quel point ils étaient heureux sans moi. J'ai vu ces deux ados, qu'elle prétend ne jamais avoir eu dans son mail de merde. Ils sont aussi roux que moi, c'est flippant à quel point on se ressemble. Et pourtant, on n'a pas la même vie. Ils ne savent rien... » Las, le batteur se laisse tomber sur le canapé qui fait face aux instruments, pour leur petit public personnel. Le visage enfoui dans ses mains, il n'y a que sa voix qui transperce l'air. « Je les hais. J'te jure, je les hais ! » lâche-t-il avec douleur et rage profonde, lui qui ne détestait jamais vraiment personne... Il relève ses yeux rouges vers son ami et ajoute les signes à la parole. « Je veux qu'elle voit que j'ai pas besoin de ses conneries, qu'elle m'aura pas. C'est trop tard pour me manipuler. » Il n'avait plus quinze ans, n'était pas impressionnable. Ses parents l'avaient bien éduqué, lui avaient appris à ne pas se laisser faire, qu'il avait de la valeur et ça, il ne pouvait pas laisser une inconnue qui prétendait l'aimer lui enlever.

Ce n'est pas facile de rassembler ses idées, ses mots, mettre bout à bout ses signes pour se faire comprendre, articuler en même temps pour que Jim prenne bien le sens de ce qu'il disait. Mais il n'en avait plus la force, il était tellement en colère et triste que ça remettait tout en question. Ces gens se permettaient de revenir dans sa vie maintenant, alors qu'ils avaient tout fait pour se débarrasser de lui dès que le docteur leur avait dit que Zeppelin avait failli au test auditif d'un vieux médecin de famille. Aucune chance ne lui avait été laissée, pas une, et c'était les Newell, avec leur générosité et leur bienveillance, qui avaient pris soin de lui, construisant autour de ce pauvre gamin sourd et mal aimé un refuge, un cocon. Personne ne lui enlèverait ça.

Zeppelin finit par avouer à son meilleur ami de quelle façon il a su que cette femme mentait. Il était allé les voir, c'était il y a des années, un peu avant la mort de Heath. Ce qui ne lui avait pas rendu service et l'avait fait plonger un peu plus avant de pouvoir s'en sortir vraiment et de mettre tout ça de côté. Car oui, rien n'était définitivement soigné, c'était juste dans un coin de la tête de Zeppelin, verrouillé jusqu'à ce jour, jusqu'à ce mail qui lui brisait à nouveau le cœur.
Les images de la petite famille parfaite l'avaient enragé à l'époque, les enfants du couple devaient avoir à peine quatre ou cinq ans de moins que lui. Et cette Laura osait venir pleurer sa détresse de mère orpheline d'enfant. Comment ses autres fils prendraient la chose ? De se savoir bafoués, remisés pour apitoyer le premier enfant ? Étaient-ils aussi maltraités que lui l'avait été ? La peur lui nouait l'estomac rien que de penser qu'elle serait capable de heurter encore un de ses bébés.

Monstre. C'était tout ce qui qualifiait cette femme, ce couple et Zeppelin en était épuisé, se laissant tomber sur le canapé lourdement. Bien entendu, Jim se rua vers lui pour ne pas laisser trop d'espace au chagrin, prenant sa place sur la sofa pour le chasser par ses gestes, par ses signes. Il avait beau être maladroit dans ses gestes du quotidien, le guitariste était d'une grande justesse et d'une sensibilité particulière auprès de ses amis en détresse, cherchant toujours les mots qui soigneraient les cœurs. « Désolé de n'avoir rien dit avant. Je voulais juste oublier tout ça... Cette femme... j'peux pas. » dit-il en laissant retomber ses mains, comme un soupir las.

Quelques minutes pour souffler, pour réfléchir à ce qu'il convenait de faire. Le batteur ne voulait pas leur donner des raisons de lui faire du mal, il ne comptait pas lui offrir une réponse, ou pas une gentille, afin que ses parents biologiques, ses géniteurs, ne se mettent plus jamais en tête de le mener en bateau. C'était Zeppelin ça, oui, comme le disait son frère de cœur, avec ses mots tendres et puissants. Le roux pose sa main sur le genou de Jim pour le remercier. « Merci. Je l'espère... » signa-t-il d'une main, bouche close mais le cœur grand ouvert.

Cette main dans son dos faisait du bien au disquaire qui sentait sa colère s'apaiser. Ne pas être seul était le meilleur remède à la frustration, bien qu'il ait choisi de s'enfermer dans le garage pour ne voir personne... Jim avait un grand cœur, qui avait été tout autant malmené par le passé. Il était bon à savoir que désormais, son bonheur était entre les mains d'Astoria, tout irait bien pour eux. Lui aussi se languissait de retrouver l'amour un jour, de partager une connexion aussi forte avec quelqu'un. Oh les gens pensaient que Maya était cette femme faite pour lui, mais les deux amis riaient bien fort de ces élucubrations. Si l'amitié était ancrée et l'attirance physique certaine, il n'en était rien. Les deux profitaient parfois d'un moment de célibat, d'un moment de désir, pour s'envoyer en l'air, parce que leurs corps fonctionnaient bien ensemble. C'était comme dans le groupe, leurs instruments suivaient le rythme de l'autre, mais savaient faire leur solo. Un peu d'amusement pour ne pas rouiller, quoi !

Jim leva sa main dans les airs et les yeux du batteur s'y accrochèrent, suivant le tracé de ses signes avec attention. Il hochait la tête, rougissant légèrement de s'être traité lui-même d'handicapé alors que non, il n'en était rien. « Je sais. » acquiesça-t-il, main sur la tempe. Cette femme était une handicapée des sentiments, incapable d'aimer, d'être honnête, malheureuse et faible. Dieu que ça faisait du bien d'entendre ça de la bouche – ou des mains – de quelqu'un ! « Merci, mon frère. Tu as raison. J'ai de la chance de vous avoir, vous êtes ma famille, toi, les Scarlet, les Newell. Je n'ai besoin de rien ni personne d'autre dans la vie. » assura le jeune homme en séchant son visage d'un revers de main. Il sentit son estomac gargouiller, ignorant si Jim pouvait l'entendre ou non. « Enfin... peut-être qu'un ou deux pancakes ne seraient pas de trop ! » plaisanta Zepelin en souriant, la tristesse encore présente, mais la colère retombée. Il fallait tenter de penser à autre chose, de remettre Pandore dans sa boîte et de ranger la boîte au fond d'un placard qu'on n'ouvrirait jamais plus.