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Devant les chevaux, elle ne fait pas la fière. C'était son idée et pourtant Beatriz la regrette amèrement. Tout ça lui rappelle bien des choses : si elle a aimé son temps en pension et l'aide des soeurs du couvent voisin, elle n'oublie pas les raisons pour lesquelles elle s'est éloignée de sa famille, les raisons qui l'ont poussée à arriver le ventre arrondi mais partir les bras vides d'un bébé qui aurait dû être là. Et tout ça remonte encore et encore à mesurent que passent les jours alors qu'elle ne devrait pas y penser et qu'elle fait tout pour oublier.

D'ailleurs, si elle n'est pas toute seule, elle a choisi la seule personne qui l'a réellement vue ne pas être capable d'oublier, s'efforcer de consommer pour rester réelle ou penser le rester tout au plus. Elle sourit à sa meilleure amie en voyant la demoiselle s'approcher du cheval le plus proche pour le caresser. Sourire lui coûte énormément et elle n'arrive pas réellement à être sincère alors que ses lèvres étirées dévoilent un peu ses dents. « Il a l'air de bien t'aimer, lui. »  Elle a choisi un ranch. Pour le côté campagne. D'ailleurs, il y a de l'herbe partout. Et si ses pensées lui arrachent le coeur, Beatriz ne peut pas nier que cet air frais, loin de la ville et de ses remous alors même qu'elles sont à la limite de la ville, l'apaise un peu.

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C’est le cœur serré que tu t’approches du ranch, là où tu dois retrouver ta meilleure amie. Elle ne va pas bien, tu le sais officiellement désormais. Non pas que tu ne l’avais pas déjà remarqué, mais Beatriz était la seule qui renfermait toutes les raisons expliquant son mal-être. Tu as déjà tenté de lui tirer les vers du nez au parc d’attraction, mais tu as fait surtout face à un échec. Tu n’as alors pas insisté, ne voulant pas brusquer la jeune femme. Puis, ce n’était pas ton but. Tu voulais simplement qu’elle sache que tu étais là pour elle en cas de besoin. Malgré tout, tu ne veux pas rester les bras croisés et assister, impuissante, à la chute de celle que tu aimes tant. Mais comment l’aider si tu ne connais pas la source de ses maux ? Tu n’arrives pas à fermer les yeux sur sa consommation et tu as peur, peur qu’elle se fasse attraper pour consommation illégale de stupéfiants. Tu sais qu’Asher court déjà comme un fou derrière les malfrats qui vendent cette horreur en ville et tu sais aussi pertinemment qu’il n’hésiterait pas à faire pression sur Beatriz pour en savoir plus sur son dealer.

Arrivant doucement jusqu’à sa hauteur, tu caresses délicatement le cheval face à toi qui ne s’oppose pas à la douceur de tes gestes. « C’est surprenant, je ne suis pas une grande amie des animaux ». Tu es incapable de garder ne serait-ce qu’un poisson rouge en vie, alors c’est un exploit que ce cheval veuille bien de tes caresses. Tu profites de ce contact qu’il t’autorise, ce qui t’arrache un sourire. « Je vois que tu es dans ton élément contrairement à moi » que tu lui dis doucement, remarquant que cet environnement apaise ta meilleure amie. Tu n’es pas venue jusqu’ici pour jouer à l’enquêtrice une nouvelle fois, mais clairement, si l’occasion se présente, tu n’hésiterais pas à sauter dessus pour en savoir plus sur ce qui la pousse à rester dans l’ombre.

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A Nevaeh, elle a promis qu'elle ne recommencerait plus. Donc elle ne consomme plus devant elle ni avant de la voir. Mais ça ne simplifies pas les choses, surtout quand tout lui rappelle ce qu'elle a perdu. Son choix, elle l'a fait sans trop y réfléchir et elle sait que ça lui donnera le parfait alibi. Ainsi, elle n'échappe pas aux endroits qui lui rappellent ses moments et elle peut cacher son malaise autant qu'elle le veut. Pas pour toujours, mais un temps tous de même.

Mais parce qu'elle tenait toutes ses promesse et parole à Nevaeh, elle essayait de ne pas y penser, s'efforçant de se concentré sur le fait qu'elles sont là, toutes les deux, ensemble, et que tout va mieux que la dernière fois. Le parc d'attraction restait un mauvais souvenis. Elle essaie de rester elle-même, mais c'est difficile, incapable de se souvenir la derrnière fois qu'elle l'a été. « Les chevaux, ce n'est pas pareils. Ils sont très frontaux. »  Elle se stoppe avant de sourire avec un peu moins de difficulté. « Comme toi, un peu. » La phrase de Nevaeh résonne dans ses oreilles et elle s'efforce de prendre les choses avec un maximum de recul. Elle est dans son élément, parce qu'elle a adoré son temps en pension, malgré tout ce qu'on peut en penser. Parce qu'elle était, peut-être enceinte, oui, encore dans l'innocence de ses jeunes jours là-bas. Ce qu'elle n'est plus depuis plus longtemps que l'âge qu'elle avait alors. « Ça me rappelle la pension, ici... » Mais pas que les moment idylliques qu'elle y a passé, aussi les raison et ce qui en a suivi.

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Tu te sens tellement sereine et apaisée depuis que tu as mis les pieds dans le ranch que tu en es surprise toi-même. Toi, cette boule de nerfs et de stress qui se calme instantanément au contact de l'animal qui veut bien de toi. Peut être même que ce cheval a tout compris de tes ressentis et que c'est sa manière à lui de te faire comprendre que tu dois te poser un temps et juste profiter de l'instant présent. Alors tu t'appliques à la tâche et tentes d'être la plus délicate possible pour ne pas heurter ou effrayer l'animal. La remarque de Beatriz te fait sourire, elle n'a pas tort. Tu aimes foncer la tête baissée sans forcément penser aux conséquences de suite. Tu n'en es pas forcément fière d'ailleurs, puisque tu as été impliquée dans des choses dont tu te serais bien passée. Tu n'as d'ailleurs pas parlé de l'incident avec ta meilleure, de peur de l'inquiéter. Puis, elle gardait la tête hors de l'eau tant bien que mal, tu n'allais pas l'accabler avec tes propres histoires.

« Tu me connais si bien ! » que tu lâches en tentant d'ouvrir la conversation. Tu es loin d'être bête, tu sens que Bea n'est pas au top de sa forme. Tu ne veux pas la repousser dans ses retranchements, mais le malaise est bien présent et surtout, ce sentiment d'impuissance qui te lie.  « Tu en gardes de bon souvenirs ? » Question innocente de base puisque tu n'es pas au courant des détails de son passé, du moins, de cette histoire dévastatrice qui la ronge encore à l'heure d'aujourd'hui. Ton rythme cardiaque s'accélère, tu as du mal encore une fois à ne pas dire ce que tu penses ouvertement. Sauf que tu n'en peux plus et tu lâches l'affaire tout aussi tôt. « Je suis désolée Bea, si tu savais à quel point je le suis... Mais je n'y arrive pas. Je me sens tellement nulle, à ne pas savoir quoi faire pour apaiser ne serait-ce qu'un peu ta douleur. Tu souffres clairement, ne e dis pas le contraire. Je ne veux pas te forcer à faire ou dire quoique ce soit, mais je me sens tellement impuissante, tellement inutile... S'il te plaît, parle moi. »

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Beatriz n'avait pas l'impression de mentir à Nevaeh. Lui cacher le pourquoi elle allait si mal n'était pas compliqué. Ce secret qu'elle avait enfoui des années auparavant n'avait été divulgué à personne sauf sa fratrie. Leurs parents n'en savaient rien... et avoue les choses à Nevaeh c'était remettre un peu d'huile sur le feu alors qu'elle n'arrivait pas à tourner la page alors que la trentaine s'acharnait déjà sur elle pour lui remettre en tête qu'elle n'avait pas réussi à se reconstruire ou à reconstruire sa vie convenablement.

Un petit sourire fendit son visage. « Tu m'en as pas laissé le choix, et moi non plus d'ailleurs. »  Même si elles s'étaient rencontrées bien après l'épisode du pensionnat de Beatriz, elles ne s'étaient plus vraiment quittées par la suite et Beatriz savait pertinemment que ni l'une ni l'autre n'aurait refusé cette amitié. À l'époque, Beatriz avait besoin d'une amie et Nevaeh était la personne la plus gentille qui soit avec elle. Désormais, elle avait besoin de Nevaeh plus que tout, son amie représentait tellement. Mais son jardin secret avait besoin de plus de temps pour être découvert. Le temps qu'elle panse ses blessures.

Avec un sourire, elle acquiesça. « Un très bon souvenir. C'est moi qui ai voulu y aller, sur un coup de tête. Mes parents n'ont pas compris mais c'est le premier endroit que j'ai connu dans le coin. Tout le monde y était très gentil. Plutôt loins de ce qu'on imagine quand on parlent de pension. Le départ a été plus compliqué. » Et c'était un énorme euphémisme. Ses sourcils s'affaissèrent sous le coup de la peine qu'elle infligeait à Nevaeh en se taisant et en n'arrivant pas à aller mieux... « Nevaeh... le simple fait de passer du temps avec toi suffit à me faire du bien... Tu n'es pas inutile, loin de là. Mais je ne pense pas que ce soit le moments d'en parler... » Penaude, elle gardait les yeux baissés, incapable de mieux.

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Tu appréhendes énormément cette conversation et tu sais déjà à l'avance que tu vas faire face à un mur. Tu connais Beatriz, assez pour savoir qu'elle ne parle pas aisément de ce qui l'a touche profondément. C'est aussi bien parce que tu l'as connais que tu ne lui en tiens pas rigueur, même si ce silence te pèse et que tu te sens exclue d'une partie de sa vie. Pour autant, tu ne veux pas qu'elle dresse ses barrières devant toi parce que tu sais pertinemment qu'une fois chose faite, tu ne pourras plus t'immiscer dans cette partie mystérieuse de son passé. « C'est vrai ! Nos chemins devaient se croiser, j'en suis certaine. Puis, si tu n'étais pas là, qui m'empêcherait de faire n'importe quoi ?  » que tu lui affirme en riant doucement. Humour proche de la réalité néanmoins, Bea ayant ce don de te raisonner très vite lorsque tu veux foncer.

Tu ne dis plus un mot, laissant l'espace libre pour ton amie. Tu l'observes parler de ses souvenirs et ça te fait bizarre de te dire que tu ne l'a pas connu à ce moment-là, alors même que tu as l'impression aujourd'hui de la connaître depuis toujours.  « J'en suis presque jalouse là ! Tu as gardé contact avec certaines personnes depuis ? » Deuxième question pas du tout innocente, la fibre de journaliste en toi ne peux t'empêcher de mener ta petite enquête sans le vouloir. Même si là, tu veux surtout savoir si Bea est bien entourée et si elle a des personnes de confiance autour d'elle en dehors de toi. « D'accord, ce n'est pas grave. J'attendrais que tu sois prête et que tu ressentes l'envie de te confier à moi. Je m'inquiètes juste pour toi, j'aimerais tellement faire plus... ».

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Beatriz eut du mal à réprimer son sourire. Nevaeh avait peut-être l'âge de Clara mais ça n'importait pas. Nevaeh était cette amie dont elle ne souhaitait pas se défaire, alors pourtant qu'elle faisait tout pour dresser des barrières autours d'elle même avec son amie. Elle retint difficilement son désarroi. Car si Nevaeh faisait n'importe quoi, elle, s'était pire. « Et moi donc. » Mais elle n'en parlais pas, trop effrayée de faire fuir son monde ou de s'y confronter.

La question de Nevaeh la fit défaillir. Elle avait gardé un contact. Il y a longtemps. Mais désormais il s'était évaporé dans la nature. C'était aussi peut-être un peu pour ça qu'elle allait si mal. « D'un couple de professeurs, oui. Mais le temps a fait que les nouvelles ont cesser. » Non pas "un couple de professeurs" mais LE. Celui-là même qui avait récupéré son bébé.

Devant l'air de son ami, Beatriz se sentit terriblement coupable. Le simple fait qu'elle ne soit pas prête, des années plus tard, à en parler, semblait compliquer les choses plus que n'importe qui. Mais elle avait des gens de confiance dans la confidence. Clara et Amaury. Même s'ils ne savaient pas l'impact sur elle aujourd'hui. « Je suis désolée... ce n'est pas contre toi. C'est juste que c'est très compliqué pour moi et même assez douloureux. Le pensionnat, c'était un choix sans l'être, c'est pour ça. » Pourtant, elle a aimer y être. Mais elle aurait préféré éviter, compte tenu des circonstances.

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Le mystère est d'autant plus présent lorsque tu entends la réponse de Bea. Ca te donne envie de revenir dessus, comprendre pourquoi tu l'empêchais également de perdre ses moyens, mais tu préfères finalement garder le silence. Chaque chose en son temps, tu lui as assuré plus tôt que tu lui laisserais le temps nécessaire pour se confier. En tant qu'amie, tu veux respecter sa vie privée et surtout préserver la confiance qui s'est installée entre vous avec le temps. Tu ne t'ouvres pas facilement aux autres, alors tu comprends que ce ne doit pas être évident pour Beatriz également. « On a bien fait de tomber l'une sur l'autre alors  » que tu lui réponds en lui souriant tendrement, faisant comprendre par la même occasion que tu n'allais pas insister sur le sujet.

Tu apprécies quand même qu'elle veuille partager certaines bribes de son passé à travers son séjour en pension, encore plus alors que tu descelles sans difficulté que son secret bien gardé a un rapport avec le lieu. « C'est sur, chacun fait son petit bout de chemin et le contact s'espace avant de s'évanouir complètement.  » Triste réalité, tu as également perdu contact avec beaucoup de personnes dont tu étais bien proches au fil du temps. « Je le sais Bea ne t'inquiètes pas pour ça, je ne vais pas t'en vouloir pour si peu, on est bien plus que ça. Je serais là lorsque tu le demanderas, ne l'oublie juste pas ». Tu poses naturellement ta main sur celle de ton amie et tu repousses ta curiosité de journaliste bien au fond pour qu'elle ne fasse pas à nouveau surface de si tôt. Tu veux réellement lui laisser le temps de décider si oui ou non elle veut te raconter. Après tout, tu aurais voulu qu'elle fasse de même dans la situation inverse, c'était totalement légitime de sa part.

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Cacher la vérité à Nevaeh, c’était une réelle épreuve dont elle n’était pas friandes. Elle aurait voulu dire à sa meilleure amie absolument tout ce qu’elle avait sur le coeur, mais habituée à cloisonner ses informations et à ne pas les donner, elle en avait oublié qu’elle pouvait faire confiance à d’autres personnes que sa fratrie. Les seuls à tout savoir, ou presque. Ils savaient une partie de l’affaire. Nevaeh en connaissait une autre. Elle tenta un petit sourire, tout en ayant conscience que ses paroles avaient leur poids de mystère. «  Oui, je pense. »

Elle crevait d’envie de lui dire la vérité, toutes la vérité. Mais elle le sentait au plus profond d’elle-même : elle n’était pas prête. Et ça ne servait à rien de forcer les choses si c’était pour compliquer la situation encore un peu plus. « C’est vrai. Mais il est des gens avec qui il est nécessaire, presque vital de garder le contact. » Bien sûr, ces professeur en faisaient parti. Ce bébé qui a bien grandi et qu’elle avait promis de continuer à voir comme une vieille amie de la famille, voilà qu’elle n’avait plus la moindre nouvelle : elle n’en prenait plus. Son numéro avait changé et elle avait fait le choix coupable de cesser le contact. Parce que ça lui faisait trop mal.

Ce fut plus forts qu’elle. Les paroles de Nevaeh la touchaient profondément. Mais ils faisaient ressortir tout ce qu’elle taisait depuis si longtemps désormais. Et ses larmes, ses sanglots, ne purent être retenu plus longtemps. 


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Tu as l'impression que plus la conversation avance, plus tu t'embrouilles. Tu as calmé cette envie pressante de résoudre le mystère autour de ce secret bien gardé de ta meilleure amie, mais à chaque fois qu'elle reprend la parole, ça t'intrigue d'autant plus. Malgré tout, tu ne relèves pas ses propos et te forces à ce que ton interrogation ne se lise pas sur ton visage. Tu ne veux pas la braquer alors qu'elle t'a bien fait comprendre qu'elle n'était pas prête et surtout, tu ne veux pas qu'elle doute de ta sincérité. « La vie fait bien les choses parfois ».

Tu le vois, son regard qui commence à s'humidifier et à quel point elle se force à ne pas craquer. Ça te brise le cœur, de la voir tant souffrir et de ne pouvoir rien faire pour la soulager. « Bea, tout va bien ? » C'en était trop, Beatriz ne semble plus arriver à retenir tout ce flot d'émotions qu'elle ressent depuis qui sait combien de temps. Tu la vois craquer sous tes yeux et la prends immédiatement dans tes bras, laissant toute sa peine s'écouler à travers ses larmes. Tu resserres ton étreinte sur elle pour lui faire comprendre que tu es là pour elle et que tu ne comptes pas la lâcher. « Laisse-toi aller, tu as besoin que ça sorte ». Délicatement, tu lui caresses le dos avec l'une de tes mains, geste pour la réconforter au maximum. Tu ne peux effectivement rien faire pour qu'elle se confie à toi, mais tu peux l'aider à sortir un temps soit peu sa peine en pleurant toutes les larmes de son corps, tu sens que c'est nécessaire et qu'il est temps qu'elle se lâche.« Ça va aller, je suis là, tu peux tout lâcher, je ne poserais aucune question ».

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Beatriz s'efforçait de sourire à Nevaeh alors qu'une seule vérité ne lui permettais pas de garder la face. Raconter des choses alors qu'elle savait très bien qu'elle ne ferait qu'alimenter les questions de Nevaeh, ça n'était pas sain et elle le savait très bien. Au lieu de quoi, elle espérait que Arès, dieu de la guerre des et des combats lui donnerait un jour les armes suffisantes pour se battre afin de ne plus jouer les martyrs dans ce monde qui s'efforçait à lui faire tant de mal.

Ce mal même qui la rongeait et la poussa à éclater en sanglots. Derrière ses airs farouches et ceux indestructibles qu'elle se donnait, Beatriz avait beaucoup souffert, marquée par cette perte qu'elle s'était infligée des années plus tôt, persuader que c'était la chose à faire dès lors, poussée par la peur du regards des autres. Désormais, c'était plus compliqué. Le contact avec Nevaeh l'aidait à ne pas perdre pied et à ne pas se rouler en boule en attendant que Gaia, déesse de la Terre, ne choisisse enfin de censurer sa peine.

Il lui sembla qu'une éternité passa avant qu'elle ne put hoqueter quelques mots. « Je suis désolée... Ne..va. Je ne v...veux pas t...te faire de p...peine... Mais je n'y arrive p-plus. »

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Le changement d'ambiance te glace le sang, jamais tu n'as vu Beatriz dans un tel état depuis que tu la connais. La tristesse t'envahit doucement et tu y assistes, impuissante. D'habitude, tu n'as aucun mal à trouver les mots justes, à calmer de longs sanglots et à rassurer des esprits, mais le mystère entourant ses maux t'empêchent de savoir quoi lui dire pour adoucir sa peine. « Ne t'excuse pas, je suis là pour toi alors ne te retiens pas ». Ça te fait mal au cœur de la voir tant lutter contre quelque chose que tu ne connais pas et tu as envie de lui prêter main forte, mais comment faire ? Les yeux brillants à ton tour, tu resserres ton étreinte pour qu'elle puisse se sentir en sécurité à tes côtés et tu continues de lui caresser à tour de rôle le dos puis les cheveux, toujours dans un total silence. Ce n'est pas parce que tu ne sais pas quoi lui dire, plus par respect pour ses émotions et parce que tu sais qu'elle a besoin de vider son sac, même si ce n'est pas à travers des mots. Ne voulant pas la brusquer, tu n'ajoutes rien, préférant lui laisser le temps nécessaire pour reprendre sa respiration et son calme.

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Le dessein qui l'avait poussée à refuser la maternité semblait désormais si loin et si flou. Quoi de bon avait pu lui arriver en agissant de la sorte ? En vérité, rien, mais c'était cet enfant qui avait dû rester heureux d'avoir une famille, aimante, qui ne s'est peut-être jamais posé la question de pourquoi une adoption, pourquoi un abandon. Parfois, même elle se posait la question. Oui, elle était jeune, beaucoup trop jeune, mais ça ne réglais pas le problème. Elle aurait pu dire la vérité, garder cet enfant, mais ancrée dans son mensonge, c'est vers le nouveau départ qu'elle avait espérer trouver le calme et le bien-être. Son baragouin, Nevaeh semblait l'avoir compris et ne la jugeait pas, plus. Le regard qu'elle lui adressa était reconnaissant.

Beatriz finit par sécher ses larmes et stopper le ok qui la secouait. « Si, pardon. » C'était un murmure, presque un souffle, sa voix cassée dans les sanglots qui l'avaient secouer. « Tu es toujours là pour moi et j'ai l'impression de te mentir tout le temps. »

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« Pour le meilleur et le pire, pas vrai ? ». D'accord, c'est généralement ce qui est dit dans le cadre des liens du mariage, mais l'amitié n'est-elle pas une relation similaire sur beaucoup de points avec ce dernier ? C'est du moins de cette manière que tu penses toi, l'amitié étant presque plus importante que l'amour, à tes yeux. Alors entendre Beatriz s'excuser continuellement te brise un peu plus le cœur, tu veux tellement faire plus pour l'aider. « Bien sûr que je serais là dès que tu en auras besoin, tu ferais exactement la même chose dans le sens inverse ! Et ce n'est pas mentir ça Bea, pas pour moi. On s'est mises d'accord pour que tu m'en parles si tu le souhaites et quand tu te sentiras prête ». La culpabilité qui s'immisce en elle est quelque chose que tu peux aisément comprendre,, elle t'accompagne encore maintenant quand tu penses au chaos qui règne entre toi et Asher... « Ne t'en veux pas alors que je ne le fais pas ». Un tendre sourire collée à tes lèvres tu recules pour la libérer et caresse délicatement son épaule avec ta main, pour la réconforter davantage et surtout qu'elle comprenne que tu es prête à attendre, quitte à ce qu'elle ne parle jamais. Tu ne doutes pas pour autant d'elle, même si tu n'as aucune idée de ce qui la ronge, ton amie est une femme forte, tu sais qu'elle est capable de surmonter n'importe quelle épreuve, du moins, c'est ce que tu as pu observer jusqu'à présent, loin de te douter de ce qu'implique son secret.

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Sans Nevaeh, elle serait bien loin la londonienne, si enfoncée dans son désordre qu'elle n'aurait aucun moyen de s'en sortir. Pas de main tendue pour l'aider à respirer loin de tout ça. En comparaisons, Beatriz a la sensation de faire défaut à sa meilleure amie, incapable de dire tout haut les paroles qu'elle s'efforce encore et encore de taire. Comme si les rendre muette serait les rendre inexistantes. Quoi qu'en dise Nevaeh, elle a quand même la sensations de la trahir parce que c'est pas comme ça qu'elle conçoit l'amitié, ce n'est pas comme ça que son amie le lui rend. L'injustice d'une relation réciproque qui ne l'est pas toujours. Sa construction mentale de l'amitié est celle d'une équité parfaite, symbole de loyauté.

La déclaration de Nevaeh l'a quand même pacifiée, elle est un peut plus sereine. Sans l'être trop.« Qu'est-ce que je ferais sans toi ? » Elle essuie les dernières larmes qui s'efforce de couler malgré elle. « Merci, Neva. »