“Girls wanna have fun” w/ @Beatriz E. Paquin S'il y a bien une chose qu'elle aime faire Nevaeh, c'est faire plaisir à ceux qu'elle aime. Elle a toujours adoré organiser des fêtes surprises, des énigmes et chasses au trésor. C'était sa façon d'être toujours une enfant et de continuer à gagner le cœur de ses proches. La jeune femme a toujours été très attentionnée et à l'écoute des centres d'intérêt de ses amis. Cela lui donnait des indices pour des éventuelles surprises bien préparées. Beatriz en faisait souvent les frais d'ailleurs. Nevaeh la connaissait par cœur, ce n'était donc pas difficile de savoir ce qui allait la faire sourire. Elle voulait être d'autant plus présente pour sa meilleure amie aujourd'hui. Nevaeh en avait profité pour s'amuser un peu en guidant la jeune femme en prenant soin de ne pas mettre la puce à l'oreille de Beatriz. Bien sûr qu'elle allait finir par deviner ce qui se tramait, mais le plus tard était le mieux ! Heureusement qu'elle n'avait pas un très bon sens de l'orientation, sinon, il y a bien longtemps que tu aurais été démasquée. Quelques pas plus tard, vous approchez enfin le parc d'attraction dans lequel Nevaeh compte passer la journée avec son amie. Les odeurs et les différentes mélodies se mélangent et vous accueillent en grande pompe. « Je sais que tu sais, il faut dire que je n'aurais pas plus être discrète plus longtemps ». La jeune femme était quand même fière d'elle pour avoir tenu aussi longtemps. Un large sourire aux lèvres, elle se tourne vers la jolie brune et l'arrête sans la brusquer. Quelques secondes d'attente plus tard, elle soulève le bandeau qui cache les yeux de son amie et lui enlève complètement. « Surpriiiiiiiiiiise ! Je me suis dit que c'était l'endroit idéal pour une après-midi entre filles ». Même si elle savait que tout le monde aimait les parcs d'attraction, Nevaeh guettait à présent la réaction de sa meilleure amie. Bien sûr que le but était de lui faire plaisir, mais il fallait avouer qu'elle était toute excitée à l'idée de pouvoir en profiter également.
     

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“Girls wanna have fun” w/ @Beatriz E. Paquin Elle commence à avoir les yeux qui brillent Nevaeh. Bien que la surprise soit à destination de sa meilleure amie, il n’empêche qu’elle est tout aussi excitée de se retrouver dans un parc d’attraction que la jeune femme qu’elle accompagne. Elle a toujours adoré ce genre de lieu, tant durant son enfance que durant son adolescence, alors pourquoi serait-ce une exception aujourd’hui ? C’était le lieu idéal pour décompresser et penser à autre chose, mais surtout, pour retomber en enfance. Elle savait à l’avance qu’elle allait en profiter pour se goinfrer de barbe à papa et sucreries du même genre. Et profiter de cet endroit magique avec la bonne personne rendait le moment d’autant plus parfait. C’était bien pour cela que Nevaeh s’était appliquée à garder le secret jusqu’au bout. Elle voulait voir la réaction de Beatriz sur son visage. Elle arrivait à comprendre chaque humeur de la jeune femme rien qu’en scrutant ses traits tellement elle pouvait lire en elle. Il fallait dire qu’elle pouvait décrypter chacune de ses expressions et en déterminer les émotions qui lui passaient par la tête. Et elle n’était pas déçue pour le coup. Bien que Beatriz avait deviné avant d’arriver dans le parc, elle restait néanmoins étonnée, mais surtout, très heureuse d’être là. Mission accomplie. « C’est sûrement un peu trop enfantin, mais qui va nous juger pour ça après tout ? ». Nevaeh fait résonner un léger rire mélodieux. C’était vrai, qui allait leur dire quoique ce soit pour être venues ici ? Puis, selon elle, les parcs d’attraction ne sont pas réservés uniquement aux enfants ! Si cela lui était permis, elle passerait toutes ses journées ici sans hésitation !

La jeune femme pose son regard sur la brune à ses côtés et sourit silencieusement. Elle ne voulait pas que la vie les sépare ou les pousse à prendre des chemins différents. Elle a l’impression d’avoir un peu délaissé la jeune femme et ça lui brisait le cœur. Nevaeh sait pertinemment qu’il se passait quelque chose dans la vie de Bea, mais quoi ? C’est la grande question. Et elle connaît assez sa meilleure amie pour savoir que si elle la questionne et insiste, c’est le meilleur moyen pour qu’elle se braque d’autant plus et ne dise pas un seul mot. Alors elle veut lui laisser le temps d’avoir confiance et de vouloir se confier. Elle s’inquiète, Nevaeh. Elle a surpris Bea en train de consommer des stupéfiants lors d’une soirée, alors que ce n’est pas son genre. Du moins, pas d’après ce qu’elle sait. Il y a une partie de la jeune femme que Rhodes n’arrive pas à cerner et que Beatriz lui cache, sans trop savoir pourquoi. Alors d’une certaine manière, cette sortie va lui permettre non seulement de profiter de sa meilleure amie et de passer du temps ensemble, mais également à lui donner une occasion d’ouvrir le sujet et de lui faire comprendre qu’elle est là pour elle et que peu importe ce qu’elle fait, elle sera toujours là. « Ravie d’avoir fait le bon choix ! Alors, par quoi tu veux qu’on commence ? ». Nevaeh veut être à l’écoute de ses besoins et lui faire plaisir autant que possible pour qu’elle sache qu’à ses côtés, elle est comme à la maison et que rien ne peut la pousser à la rejeter. Elle l’adore telle qu’elle est et rien ne peut changer cela.
     

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“Girls wanna have fun” w/ @Beatriz E. Paquin Nevaeh était heureuse et fière d’avoir vu juste. Tout ce qu’elle voulait, c’était de redonner le sourire à sa meilleure amie. Ce sourire qu’elle aimait tant et qui lui allait si bien. Ce sourire qu'elle voyait de moins en moins en ce moment. Elle connaissait assez Beatriz pour savoir qu’elle n’arrivait pas toujours à extérioriser ses émotions et qu’il lui était souvent difficile de parler spontanément lorsqu’elle n’allait pas bien. C’était un peu la bonne occasion pour discuter et creuser un peu plus le sujet. Parce que Nevaeh était certaine que quelque chose se passait, sans pouvoir mettre le doigt dessus. Bien sûr, elle avait sa petite idée puisqu’elle avait été témoin d’une scène particulièrement difficile à regarder : Beatriz consommant des stupéfiants à une soirée. Elle ne savait pas si c’était simplement occasionnel ou une chose devenue habituelle et elle avait besoin d’en avoir le cœur net. « Ça faisait un petit moment que nous ne nous étions pas retrouvées, c’était l’occasion ». La jeune femme souriait en regardant tendrement sa meilleure amie. Si elle avait organisé tout ceci pour se retrouver seule avec la brunette, il fallait avouer que c’était aussi un peu pour elle. Sa meilleure amie lui manquait et il était hors de question qu’elles s’éloignent, ne serait-ce qu’un peu.

« Très bon choix Mademoiselle, après vous ». Nevaeh tendait son bras pour faire signe à la jeune femme de passer avant elle. Elle adorait les sensations fortes et était ravie du choix de la jeune Paquin. Installée comme il le fallait, Nevaeh laissa le vent jouer avec ses longs cheveux tout en levant les bras en l’air. Définitivement, elle adorait les parcs d’attraction, et ce, peu importait son âge. Sa meilleure amie lui manquait et il était hors de question qu’elles s’éloignent, ne serait-ce qu’un peu. « Il faut absolument qu’on fasse un autre tour avant de partir ! ». C’était à se demander si la jeune femme n’était pas un peu trop excitée. Elle s’était vraiment prise au jeu, comme une petite fille. « Que dirais-tu d’une petite sucrerie avant de continuer ? ». Nevaeh était une accro au sucre et même si elle savait que ce n’était pas une bonne chose, les bonnes odeurs du parc d’attraction lui donnait envie d’une barbe-à-papa. C’était également le bon moment pour ouvrir le sujet. « On a pas eu l'occasions de pouvoir discuter en tête-à-tête, raconte-moi tout, tout va bien ? ». La jeune femme lui offrait un sourire assez naturel, du moins, elle tentait de faire paraître la chose comme anodine pour ensuite tirer la conversation vers ce qu’elle cherchait à savoir.
     

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“Girls wanna have fun” w/ @Beatriz E. Paquin Plus les minutes s’écoulaient, plus Nevaeh était nerveuse. Elle savait qu’elle devait annoncer la couleur du sujet à venir, mais elle avait beaucoup de mal. Non pas qu’il était difficile de parler à sa meilleure amie et de se confier, même sur les sujets les plus délicats, mais c’était un sujet sensible qu’elle allait ouvrir. Pas prête du tout, la jolie brune préféra répondre d’abord à la question de son amie. « Rassure-moi, tu n’es pas concernée par ces licenciements ? La routine, toujours prête à me mettre dans de beaux draps » ce qui l’avait fait légèrement rire. Parce que c’était véridique. Nevaeh était une casse-cou toujours attirée par les problèmes. C’était le cas déjà lorsqu’elle était très jeune et ça n’avait toujours pas changé. Mais son travail était devenu sa passion et il était vrai qu’elle y consacrait la majeure partie de son temps. Elle se sentait épanouie et vivante en courant après toutes ces histoires plus intéressantes les unes que les autres. La jeune femme revint à elle et se concentra sur le présent, soit Beatriz. Elle était déçue de ne pas avoir été mise dans le secret et il fallait avouer que ça la blessait même, d’être mise de côté. Ce n’était pas dans leurs habitudes que de se cacher des choses et ça appuyait son impression qu’elles s’étaient légèrement éloignées ces derniers temps.

Nevaeh avait pris une grande inspiration avant de se décider, c’était maintenant ou jamais. Quand allait-elle se retrouver seule avec Beatriz pour aborder le sujet ? Elle lui avait laissé la chance de pouvoir s’ouvrir d’elle-même, mais ça n’avait pas eu l’effet escompté. Il était temps qu’elle prenne les choses en main, ce qu’elle avait fait. « Je ne vais pas tourner autour du pot, mais je sais que ça ne va pas Bea. Ou du moins, que tu traverses une période difficile ». Nevaeh venait de pincer ses lèvres. Elle n’était pas sûre et certaine de ce qu’elle faisait et elle avait du mal à trouver le courage de continuer. Elle ne savait même pas comment aborder la chose, comment lui expliquer qu’elle avait était spectatrice de sa destruction le temps d’une soirée, se retrouvant impuissante. Nevaeh s’arrêta net et ne fit pas un pas de plus. La tête baissée initialement, elle avait levé le regard vers Beatriz pour lui d’un air sérieux : « J’étais là à la soirée d’Elliot ». La jolie brune n’avait pas besoin d’en dire plus parce que c’était assez explicite. Maintenant que le sujet était ouvert, elle ne savait pas vraiment si elle avait bien fait. Peu importait, il était trop tard pour faire marche arrière et son instinct de journaliste et d’amie l’avait poussé à s’inquiéter pour Beatriz et à vouloir en savoir plus sur ce qu’il se passait. Ce n’était pas le genre de fille à passer par des stupéfiants pour se sentir bien alors il était évident que quelque chose l’avait poussé à en arriver-là. Elle voulait être présente pour sa meilleure amie, après tout, l’amitié c’était comme le mariage, pour le meilleur et le pire, non ?

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“Girls wanna have fun” w/ @Beatriz E. PaquinElle est rassurée, Nevaeh, lorsqu’elle apprend que sa meilleure amie n’est pas concernée par la vague de licenciement. Elle est parfaitement consciente que c’est difficile de travailler dans le milieu des ressources humaines, ce qui pourrait expliquer qu’elle ait du mal à continuer ou qu’elle hésite à partir elle aussi. Mais ce n’est apparemment pas le cas, ce qui est une bonne chose. Pour autant, elle sait que ce n’est pas évident d’être la personne à devoir annoncer à une personne qu’elle perdait son travail. Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent et il faut bien que quelqu’un s’occupe de faire le “sale boulot”. « Bon courage, ça doit être si difficile de lire le désespoir dans les yeux de ces gens, je n’imagine pas comment je me sentirais ma cheffe me disait qu’elle n’avait plus besoin de moi ». Nevaeh, elle aime son travail plus que tout au monde. Elle sait que parfois elle en fait trop, qu’elle se fourre dans des histoires plus folles les unes que les autres, mais clairement, elle ne se voit pas faire autre chose aujourd’hui. C’est définitivement le métier de ses rêves et elle ne voudrait changer sa place pour rien au monde. C’est pourquoi elle peut aisément se mettre à la place de ces personnes. Si son travail est pour elle une source de plaisir quotidienne, ce n’est pas forcément la même chose pour tous. Pour certains, un travail est synonyme de nécessité. Et perdre son travail dans ces conditions est tout sauf évident. Être la personne à l’annoncer doit être terrible et Nevaeh s’en doute bien.

D’un sujet sensible à un autre, Nevaeh se mordille la lèvre inférieure. Prête à se lancer, mais toujours un peu hésitante quant à la tournure de la conversation à venir, la jeune femme décide de finalement tout lui dire honnêtement. Elle est sa meilleure amie depuis tellement longtemps maintenant que ce serait stupide de prendre des pincettes avec Beatriz. Elles se connaissaient assez et se faisaient mutuellement confiance pour ne pas faire les cachottières lorsqu’il s’agit de s’annoncer des choses. Raison pour laquelle elle est blessée, Nevaeh. Pourquoi ne pas lui avoir dit qu’elle allait mal ? Pourquoi faire comme si de rien n’était ? Elle avait encore l’espoir de voir son amie lui dire qu’elle ne voyait pas de quoi elle parlait, mais l’expression sur le visage de la Paquin suffisait à lui donner une réponse. Nevaeh ne s’est donc pas trompée, il s’agissait bien de Beatriz. « Je ne te parle pas de tout ça pour te juger, bien au contraire ». Nevaeh met un point d’honneur à être clair à ce propos. Elle se dit que toute façon Beatriz doit sûrement se sentir assez mal comme ça pour qu’en plus son amie proche enfonce le clou. Elle n’est pas du genre à juger ouvertement les actions des autres, encore moins depuis qu’elle s’était déjà occupée d’affaires similaires. Tout le monde à une histoire, un passé, des problèmes. « Mais ne rien me dire, Bea… Je comprends que ce ne doit pas être facile, mais je pensais qu’on pouvait se faire confiance ». Elle a du mal à cacher sa peine, Nevaeh. Elle aurait voulu être là pour son amie et l’aider du mieux qu’elle l’aurait pu. Mais pour cela, encore, fallait-il que Beatriz lui donne l’occasion de le faire. Ce qui n’était clairement pas le cas. « J’imagine que je me suis trompée ». La jeune femme fait une petite moue, déçue du comportement de son amie. Mais elle ne veut pas pour autant en faire tout un plat, le sujet ne la concerne pas elle, mais Beatriz. « Ne te sens pas obligée de m’en parler, mais saches que je suis là en cas de besoin ». Sa déception ne signifie pas pour autant qu’elle comptait ne pas être présente pour sa meilleure amie. Peu importe la situation en question, elle allait faire de son mieux pour être à l’écoute, la conseiller ou tout simplement l’écouter, si Beatriz en ressent le besoin.

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“Girls wanna have fun” w/ @Beatriz E. Paquin
C’est en l’entendant en parler que Nevaeh réalisait à quel point il était difficile d’être dans sa position. Ce n’était jamais évident de prendre des décisions pour soi-même, alors faire de même concernant les autres… Beatriz avait une lourde responsabilité sur ses épaules avec cette profession et Nevaeh restait admirative face à sa meilleure amie qui semblait garder la tête sur ses épaules malgré tout. Son amie avait toujours cette force en elle que Nevaeh pouvait envier de temps en temps, si seulement elle pouvait avoir la même vision des choses, sa vie en serait bien plus facile. « Ça n’a pas l’air facile, tu m’impressionnes vraiment ! » C’est dans ce genre de moment que la brunette se rend compte à quel point elle est épanouie dans son travail. Voir aussi que sa meilleure amie était tant impliquée dans son propre travail lui donnait davantage envie de faire mieux. « Et l’ambiance au boulot ça va ? Je pense que tout le monde est conscient que tu fais simplement ton travail, mais j’imagine qu’ils ne doivent pas forcément savoir faire la part des choses ». Elle imaginait bien, Nevaeh, à quel point les gens sont capables de juger une personne sans la connaître. Avoir la responsabilité de mettre fin au contrat d’une personne amenait des conséquences et la stupidité de ces mêmes personnes pouvait les pousser à mal se comporter avec Beatriz alors même qu’elle ne faisait que ce pourquoi elle était présente.

Cela mit de côté, Nevaeh se concentrait sur le moment actuel. Elle ne savait pas vraiment comment cette conversation allait se terminer, si elle allait réussir à mettre sa meilleure amie en confiance et si cette dernière allait se sentir assez à l’aise pour parler plus sur sa situation. Mais tel n’était pas le cas lorsque la brunette ouvrit ses lèvres. Ses mots giflaient la journaliste de plein fouet. Jamais de la vie elle ne se serait permise de juger son amie, encore moins au vu de l’amitié qui les unit et du temps passé depuis. La jeune femme ne pouvait nier que ces paroles la blessaient, mais elle ne le montrait pas. « Je ne te juge pas Bea, j’essaie de te faire comprendre que tu peux juste compter sur moi en cas de besoin ». D’un ton calme et neutre, Nevaeh enfonçait ses yeux dans ceux de son amie, comment pouvait-elle penser qu’elle n’était là que pour lui faire la morale ? Malgré ses bonnes intentions, Nevaeh avait compris qu’elle avait déjà perdu. Tout ce qu’elle voulait pourtant, c’était d’être là pour la jeune femme, n’était-ce pas ce qu’elle se devait de faire en tant qu’amie ? Si elle pouvait compter sur la jeune femme dans ses moments sombres, elle pensait que c’en était de même de son côté. Rassurée néanmoins d’entendre que la confiance régnait entre elles, sa joie fut de courte durée lorsque la belle lui dit ouvertement que cela ne la regardait pas. Quelle était son intention ? La blesser sans cesse ? « Je ne te comprends plus ». Ces mots étaient sortis presque naturellement, comme un murmure, une lassitude certaine qu’elle n’avait pas réussi à retenir. « Je ne t’ai pas demandé de rendre des comptes. Je vois clairement que tu ne vas pas bien et je voulais juste que tu saches que tu pouvais te reposer sur moi en cas de besoin. Tu n’étais pas non plus dans l’obligation de me donner les détails ou de tout me raconter ». Exaspérée, Nevaeh regrettait déjà d’avoir ouvert le sujet avec la jeune femme, elle qui voulait simplement apaiser son amie, mais c’était raté. « Tu penses peut-être que ça ne me regarde pas, mais je ne pouvais pas rester silencieuse en sachant que tu ne vas pas bien ». Elle n’en pouvait plus, Nevaeh. Elle ne voulait pas se prendre la tête avec son amie, d’autant plus qu’elle avait vraiment envie de passer du temps avec elle malgré leurs emplois du temps de ministre. Elle se sentait impuissante et tentait malgré tout de contenir sa colère. Elle avait envie de crier, Nevaeh, de lui dire qu’elle s’en fichait de la voir se braquer, qu’elle voulait connaître son mal-être et l’aider du mieux qu’elle le pouvait. Mais voir son amie la repousser aussi violemment -du moins, c’était sa perception des choses – lui donnait l’impression que Bea l’excluait de sa vie et ça, c’était difficile à accepter pour la jolie brune.

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“Girls wanna have fun” w/ @Beatriz E. Paquin
C’est à ce moment précis que Nevaeh avait compris à quel point elles avaient grandi et mûri. Elle était loin l’époque où ses préoccupations étaient futiles et superficielles. Les responsabilités s’accumulaient de toute part et il fallait être des adultes capables désormais. Les tracas du boulot étaient devenus leur quotidien et la stabilité était leur objectif, loin de l’insouciance et des aventures qu’elles s’étaient sûrement imaginées durant leur enfance. Malgré tout, Nevaeh continuait d’avoir des étoiles brillantes dans les yeux à chaque fois qu’elle courait derrière un nouvel article. Elle avait toujours eu le goût de l’aventure, peut-être même un peu trop, toujours prête à quitter le journal à la hâte pour se rendre sur les lieux d’une nouvelle affaire. C’était définitivement le terrain qui l’animait, il était hors de question pour elle de rester derrière un bureau, même si une partie de son travail consistait à suivre ses mails et rédiger les articles. Elle avait la chance de pouvoir le faire n’importe où, tant que son ordinateur était en sa possession. Bien évidemment et par esprit professionnel, lorsqu’on ne la trouvait pas en train de fouiner à l’extérieur, elle restait au journal, appréciant l’ambiance au travail et surtout, la relation qu’elle pouvait avoir avec son supérieur hiérarchique ainsi que ses collègues. Ces deux derniers points étaient importants aux yeux de la belle, si bien qu’elle s’inquiétait rapidement de ce que pouvait vivre son amie au vu de son métier. « Ils seraient bêtes de ne pas faire la différence, c’est ton boulot après tout… ». La bêtise humaine, encore une notion que Nevaeh avait du mal à assimiler tellement certaines choses lui semblaient improbables. Bienvenue dans le monde des adultes.

Ce qui l’inquiétait davantage, c’était l’état de son amie. Elle culpabilisait de ne pas s’être rendue compte à quel point elle était en souffrance, de ne pas lui avoir tendu la main plus tôt pour l’extirper de ce monde qu’elle côtoyait qu’en surface. Nevaeh n’était pas un agent de police, mais avec le travail en commun qu’elle effectuait avec Asher, elle avait pu écrire sur des réseaux de stupéfiants qui pullulaient en ville. C’était d’ailleurs le plus gros problème de Fall River, juste après celui de la présence de gangs en ville. « Ne t’excuse pas, je peux comprendre à quel point ce doit être difficile de parler de tout ça et encore plus de le vivre ». Sa colère de tout à l’heure disparaissait, laissant un visage doux et bienveillant à présenter à Beatriz. Ce n’était pas en s’énervant contre elle qu’elle allait lui montrer qu’elle serait toujours à l’écoute. Il était ici question de Bea, pas d’elle et elle devait donc se concentrer sur son amie et non sur ses états d’âme. « Mais je ne peux pas ne rien faire non plus, Bea. On sait toutes les deux que tu commences à emprunter un mauvais chemin et ça me fait peur, parce que je ne veux pas qu’il t’arrive quoique ce soit ». Elle savait aussi, comment finissaient les personnes addictes aux substances. Derrière les barreaux pour consommation ou vente illégale de stupéfiants ou encore condamnés à une injonction de soins pour partir en désintoxication. Et ce n’était qu’une partie de tout ce qui pouvait l’attendre. Comment pouvait-elle se persuader que Bea allait bien alors même qu’elle laissait ses démons la dévorer ? « Dis-moi ce que je peux faire ». Nevaeh était prête à tout, déterminée comme jamais, bien qu’elle était consciente qu’à elle toute seule, le problème ne serait pas réglé. Mais peu importait le temps que ça allait prendre, elle voulait faire de son amie une priorité et ne pas regretter de n’avoir rien fait si quelque chose devait arriver.

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