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Adultère, trafic d'influence, trafics multiples, accident de voiture.
Alejandra est la fille de Esteban Hawks et Yolanda Murillo. Une relation interdite, sans lendemain, qu’ils s’étaient jurés de chérir, profitant de chaque moment d’égarement sans la moindre promesse de futur. Yolanda, artiste en recherche de reconnaissance, commence à se faire un nom dans le milieu à la fin des années mille-neuf-cent quatre-vingt-dix où elle perce dans une petite galerie en dehors de la ville tout en étant l'assistante d'un collègue d'Esteban sur le reste de son temps libre. Petite galerie, oui, mais très réputée. Le couple, qui n’en est pas un, jouit des privilèges de son intimité dans les environs, après s’être rencontré lors d’un voyage d’affaires à Hawaïï, pendant presque un an où la carrière de l’un comme de l’autre continue de monter en flèche. Esteban voit en cette femme et cette relation adultérine le moyen d’échapper à son quotidien, à son statut d’homme d’affaires impitoyable, alors pourtant que c’est dans le cadre même de leurs emplois qu’ils se sont rencontrés. Lui qui n'envisageait pas l'infidélité n'a pas su résister aux charmes de Yolanda.
La vie poursuit son cours sans la moindre encombre, ou presque. Un an après leur rencontre, Yolanda fait une découverte qui assombrit un peu le ciel de leur entendement. Elle est enceinte. De presque six mois. Incapable de s’imaginer maman dans une situation ou tout ce qui l’importe c’est de pouvoir avancer professionnellement et dans une relation qui n’a aucun avenir, le déni de grossesse la mine un peu. Elle n’a jamais imaginé devenir mère dans ces conditions, devenir mère sans en avoir le choix. Yolanda s’assombrit peu à peu avant de choisir de parler à son amant de la situation. De toute façon, c’est trop tard, et ils n’ont que trois mois pour choisir de ce qu’ils vont faire. Elle ne veut rien lui imposer, tout simplement, incapable de l’imaginer faire un choix qui la favorise. Puis de toute façon, elle ne veut pas être favorisée. Elle veut vivre comme elle l’entend. Esteban lui promet tout de même d’être là, d’assurer l'avenir de cet enfant à venir qui n’est pas forcément désiré non plus. Mais plus la naissance approche et plus Yolanda aime cette fille à naître, s’imaginant un futur plein de possibilités où combiner le professionnel et l’intime ne semble plus si terrible. Ainsi choisit-elle de se focaliser pleinement sur la peinture, démissionnant, quelques jours à peine avant la naissance de sa fille, de son poste d’assistante.
Esteban est très présent dans la vie de celle qui fut sa maîtresse et celle qui est désormais sa seconde fille. Confinée à son quartier, suppliée de ne jamais aller bien loin sans jamais savoir pourquoi, Alejandra apprend à se contenter de son voisinage, devenant une grande amie de plusieurs garçons du coin, Eliott, Charlie, Wael et Tim, rêveuse de découvrir autre chose de Fall River que les 500 mètres après son pâté de maison, sans jamais en dire mot à quiconque. Seule fille du groupe, elle se fait tout de même rapidement une place. Son caractère ambitieux la pousse à s’imposer au milieu des garçons, pas toujours écoutée, mais sa place finit par se faire sans le moindre problème, devenant de très bons conseils pour tous par moment, plus réfléchie, parfois plus élaborée dans ses plans, ses jeux et autres que les autres.
Avec sa mère, elle entre rapidement en froid. Yolanda, qui réussit si bien dans l’art que son travail en devient chronophage, cumule les interdictions et les obligations auprès de sa fille alors que leur temps ensemble est considérablement réduit. L’absence de son père, dont elle connaît très bien l’identité, mais qu'elle sait ne pas pouvoir vivre avec eux sans jamais trop questionner sur les vraies raisons, la rend parfois aigrie, parfois simplement incomprise. La vérité sur la relation d’Esteban et Yolanda finit par éclater et Alejandra se met hors d’elle. Tout s’explique : pourquoi elle est limitée dans tout ce qu’elle fait, pourquoi elle ne voit que très rarement son père, pourquoi sa mère est aussi contraignante sur le fait de visiter la ville. Mais elle ne comprend pas pourquoi ses parents ont décidé de rester cachés, de la garder cachée, tel un trésor à jalouser.
Le temps passe et Alejandra ne décolère pas au sujet de son père. Fort heureusement, elle est entourée de ses meilleurs amis avec qui l’adolescence est moins difficile à passer, plus tendre et qui savent l’écouter. Qu'Esteban et Yolanda sont amants, ils sont au courant, dans la confidence et ont promis de ne rien dire à personne. De toute façon, Alejandra ne connaît pas grand monde en dehors d’eux et de leur établissement : Fall River n’est pas très grande mais elle l’est suffisamment quand il est question de rester à l’écart. La jeune femme n’insiste pourtant pas et choisi de continuer sa vie avec ceux qui l’estiment et qu’elle estime, ses trois amis de toujours, abandonnant sa volonté d'en voir plus de cette ville qui ne la connaît pas : elle trouvera un endroit à découvrir, un endroit plus grand et plus intéressant, qui voudra bien d'elle.
Les SAT et les examens de fin de lycée arrivent à grand pas et, tout ce qu’espère Alejandra c’est pouvoir vite s’échapper de ce coin pourri qu’elle ne tolère plus que parce qu’elle y trouve des visages familiers et rassurants. Mais en ce qui concerne Esteban, elle ne veut plus en entendre parler. Dans la foulée, Yolanda se retrouve face à plusieurs refus. Sa carrière prend un sacré coup. Pour autant, les revenus familiaux n’en sont pas diminués et elles vivent toujours aisément, mais la fille voit sa mère perdre la seule chose qui la maintenait droite depuis des années. Cette même « chose » qui l’écartait d’elle mais qui donnait le sourire à la mère de famille. Alors, forcément, Leja blâme Esteban. Sans lui, les choses seraient tellement plus simples. Sans lui, sa mère n'aurait pas une vie si compliquée. Sans lui, elle se serait sans doute fait un plus grand nom dans l'art. Sa colère grandit encore lorsqu’il refuse d’aider Yolanda à retrouver du travail, faire jouer ses relations n’étant apparemment pas une option.
Peu de temps avant la fin du lycée et le départ pour l’université de Boston, où la petite troupe d’amis a déjà prévu de se mettre en colocation, elle ne tient plus et commence ses recherches. Celles-ci la font tomber directement sur le profil de Lennon, cette sœur, cette enfant légitime dont elle aurait pu avoir la vie. Et voir à quel point celle de Lennon est parfaite la dégoûte. Ce n’est plus vraiment de la colère, juste de la déception. L’idée de partir avec ses amis loin de toute cette hypocrisie la réconforte. Des amis à qui, pourtant, elle ne parlera jamais de Lennon. C’est le bon choix.
À Boston, la relation qu’elle a avec Eliott évolue. Cela fait quelques temps déjà que leurs yeux croisés lui font l’effet d’une décharge à grande puissance, mais le fait d’être en colocation les rapproche très clairement. Ils s’entendent bien et sont sur la même longueur d’ondes : même si elle s’amuse un peu plus que lui, leur besoin d’étudier, de calme, de sérénité, ils l’ont en commun. Ils se comprennent, tout simplement et ça suffit à Alejandra pour ressentir l’impression qu’ils sont connectés. Mais un matin, Eliott disparaît pour Fall River.
Ce matin-là, il ne le sait pas, mais elle l’a suivi dans la ville de leur enfance. Pas pour le rejoindre ou le fliquer, non. Lennon. La raison de tant de rancœur. Elle retrouve Rowan, le bras droit d’Esteban, qu’elle connaît pour l’avoir vu auprès de son père pendant des années. Leur discussion avance et elle comprend qu’il est au courant pour Lennon, qu’il sait où elle se trouve. Quelques semaines avant, alors qu’elle a essayé de retrouver sa sœur, lors d’un visio avec sa mère, alors que Yolanda s’en était allée quelques minutes pour vérifier dieu sait quoi, Alejandra a surpris Esteban au téléphone. Peu habitué des visios entre la mère et la fille, il a profité du seul endroit suffisamment loin de son ancienne maîtresse pour passer son coup de téléphone, sans même réaliser qu’il était écouté. Durant la conversation, il confie à son interlocuteur que les agissements de Lennon à son encontre ne lui feront rien, qu’il est en sécurité là où il est. Chez elles. Elle n’est pas bête, Alejandra. Elle a très bien compris ce que ça signifie. Son père se sert de sa mère et, par extension, d’elle, pour être en sécurité, loin des radars. Son choix est vite fait. Et c’est ainsi qu’elle profite plus ou moins du départ d’Eliott pour Fall River pour s’y rendre en même temps et légitimer son arrivée chez elle. Elle n’a qu’une idée en tête : ce coffre auquel elle n’a que si peu pensé au fil des années, contre lequel elle s’appuyait pour voler les robes de sa mère lorsqu'elle était plus jeune, caché au fin fond du dressing. En l’ouvrant avec beaucoup plus de facilité que prévu – le code étant sa date de naissance – elle découvre ce qu’il faut pour mettre son père sous les barreaux. Avant de retourner à Boston, elle finit par obtenir les informations dont elle a besoin, dont un moyen de contacter sa soeur, auprès de Rowan qu’elle comprend être amoureux de Lennon au vu de la façon dont il tente de la protéger d’elle.
Loin d’être repartie bredouille à Boston, elle profite de l’adresse email récupérée, ou du moins extorquée au bras droit de son père pour envoyer en copie une partie des documents récoltés à Lennon. Elle choisit de rester anonyme tout en fournissant à sa sœur un moyen de la contacter si nécessaire. Commence alors une relation qualifiable d’épistolaire qui lie les sœurs sans jamais qu’Alejandra ne révèle sa véritable identité. Elle réalise que l’histoire de Lennon la touche bien plus qu’elle ne le pensait et apprécie cette pseudo relation qu’elles construisent malgré elles.
Du côté de la colocation, les choses ont beaucoup changé avec les raisons qui ont poussé Eliott à retourner à Fall River. Ce fameux matin, il retrouve son frère après un accident de voiture qui aurait pu lui coûter la vie et qui l’a plongé dans le coma. Eliott ne réfléchit pas et, à la grande déception d’Alejandra qui s’étonne presque de son propre besoin d’égoïsme face à cette décision, retourne à Fall River pour soutenir sa famille, abandonnant ses études et sa colocation – et par extension, du moins en eût-elle le sentiment, de ses amis et d’Alejandra elle-même. Si son quotidien est assez rempli entre les cours et l’échange d’email chronophage qui prend place avec sa sœur, elle tente avant tout de se plonger dans le travail pour y noyer sa peine d’avoir vu Eliott partir. Fall River, ce n’est pas le bout du monde, mais la distance n’aidant pas, elle a conscience que leur relation si idéalisée et si parfaite à ses yeux, alors que rien ne s'est jamais réellement passé, va en prendre un coup. Elle met plusieurs semaines, plusieurs mois à accepter de sortir de nouveau. Et puis, finalement, au bout de la deuxième soirée à laquelle elle accepte de participer, elle se fait draguer par Charlie. Charlie, ça a toujours été le bon pote, celui avec qui elle déconnait, mais sans plus. Et entre son cœur brisé et le degré d’alcool ingurgité cette nuit-là, elle accepte ses avances, passant avec lui une nuit dont elle se rappellerait, en positif comme en négatif. La relation avec Charlie a continué malgré la culpabilité de la jeune femme qui pensait encore à Eliott… jusqu’à ce qu’elle arrive à mettre l’information dans un coin de sa tête. Mais le destin vous joue parfois de vilains tours, des tours de ceux qu’on aimerait éviter. Car c’est à peine peu de temps après qu’Eliott revient chercher ses affaires et les croise alors qu’ils sortent de la chambre de Charlie. Le regard du garçon brise une nouvelle fois le cœur d’Alejandra qui, malgré sa culpabilité, décide de faire avec. Car si elle tente d’abord de s’expliquer, il joue les détachés et elle ne trouve pas mieux que d’en faire de même. S'il n'en a rien à faire d'elle, pourquoi se donnerait-elle tant de mal à se sentir coupable ?
À partir de là, Alejandra est persuadée que Fall River, c’est derrière elle. Elle n’y retournera pas, peu importe Lennon, peu importe sa mère, peu importe son père. Puis de toute façon, elle apprend qu’Esteban a finalement été placé en détention provisoire le temps de son procès. Elle n'a plus rien qui la retient là-bas. Mais Lennon, elle, se fait silencieuse, ne répondant plus à un seul email, passée sous les radars, visiblement. La peur grandit au creux du ventre d'Alejandra et, à mesure qu’elle grandit, les disputes avec Charlie se démultiplient. Il lui reproche tout et n’importe quoi, et elle n’en peut plus. Entre ça et l’inquiétude qui la tient aux tripes à l’idée que quelque chose soit arrivé à sa sœur, elle finit par n’en plus pouvoir et revient sur sa décision passée. Quittant définitivement sa colocation à Boston, elle met les voiles une fois ses affaires rassemblées. Si elle ne pensait pas retourner à Fall River, c’est parce qu’Eliott s’y trouve. La peur de l’affronter n’est pourtant pas aussi forte que l’inquiétude qui lui ronge les sangs. Lennon. Il faut qu’elle la retrouve. Qu’elle lui dise qui elle est. Eliott. Doit-elle lui ouvrir son cœur malgré tout ce qui a pu se passer ?