Comme à ton habitude, tu dévalais les escaliers à toute vitesse avec ton sac rempli dans une main et l’ordinateur portable sous le bras. Sur le point d’être en retard au boulot, tu fais de ton possible pour ne gaspiller aucune minute et tenter de rattraper ton retard. Panne de réveil, un classique pour beaucoup, mais hélas, une réalité pour toi qui avait éteint ton portable pour ne dormir que “5 minutes de plus”. Espoir utopique qui s’était transformé en 45 minutes. En rentrant dans ta voiture, tu appelais une collègue pour qu’elle puisse te couvrir le temps d’arriver. Ton chef n’était pas très regardant sur les arrivées de ses journalistes tant que le travail était bien fait, mais ce n’était pas une raison pour en abuser. D’autant plus que tu détestes les gens qui ne sont pas ponctuels, pourquoi le serais-tu ? Malgré tout, tu sais que tu vas devoir tirer un peu plus sur la corde, parce que tu ne t’imaginais pas être productive sans ta dose de caféine. Pas le temps de prendre ta dose chez toi, tu devais faire avec. Le temps d’acheter un café et ce serait parti pour une belle et grosse journée de travail comme tu les aimais. Raison pour laquelle tu avais emprunté le chemin du Pink Bean Coffee, l’endroit parfait pour te ressourcer rapidement. Tu te garais et te dépêchais d’entrer dans le local qui laissait un doux parfum de café traîner dans l’air. Une petite file s’était formée, mais pas assez pour t’inquiéter et tu te plaçais comme troisième personne à servir. Regardant - trop - souvent ta montre, tu passais enfin commande de ton café noir légèrement sucré. Quelques minutes plus tard, tu tenais ton graal dans les mains. Regardant une dernière fois ta montre, tu faisais les gros yeux, tu devais vraiment y aller. Mais la vie en avait décidé autrement. À peine le temps de remercier la serveuse que tu te retournais rapidement et brusquement, prête à t’envoler pour le journal. Mais c’était sans compter ta maladresse et ton manque d’inattention puisque tu venais de renverser la moitié de ta boisson chaude sur le sol, sans manquer de faire gicler des gouttes sur la personne que tu venais de percuter. « Oh mon dieu, je suis tellement désolée ! Vous allez bien ? ». Plus inquiète pour la personne que tu venais potentiellement de brûler, tu cherchais rapidement des serviettes en papier en libre-service sur le comptoir pour essuyer le bras de ta victime, honteuse de t’être tant dépêché.

Comme tous les matins quand il finis sa garde de nuit, ce qui n'arrive qu'une fois toutes les deux semaines sinon tous les mois, Noan décide de se poser tranquillement au Pink Bean Coffee avant de rentrer chez lui pour se reposer. Après une nuit à surveiller la réserve, il sait très bien qu'il ne pourra pas trouver le sommeil avant un moment. C'est pourquoi il n'a pas lésiné sur son choix de boisson et qu'il a préféré opter pour un café. Il se pose à l'une des rares petites tables dans le coin pour en profiter. Les gens ne sont pas encore arrivés en masse, l'heure de pointe n'est pas encore arrivée. Mais elle ne saurait tarder. Alors, Noan en profite pour boire goulûment sa boisson chaude, accompagnée d'un petit muffin en guise de plaisir.

Le temps qu'il finisse, il ne s'en est pas rendu compte, mais le café est bien plus rempli, laissant une file d'attente plus grande que ce à quoi il se serait attendu. Il se lève, amène ses déchets à la poubelle et se retourne en espérant se diriger vers la sortie... Mais il dût faire un mouvement trop brusque puisqu'il percute une jeune femme qui renverse son café au sol, ce qui l'éclabousse légèrement. « C'est moi qui suis désolée... ne vous en faites pas, tout va bien, oui. Et vous ? » Il la regarde l'air inquiet. Elle n'a pas l'air d'être des plus sereines et il s'en voudrait s'il était responsable de toute cette préoccupation qui se lit sur son visage.

Tu n’aurais pas eu à faire face à une telle situation si tu t’étais réveillée plus tôt ce matin. Toujours à courir partout à la dernière minute. Tu sais pertinemment que la pression ne te réussit pas et qu’à un moment donné, tu fais des gaffes. Mais rien n’y fait, tu continues dans ta lancée comme à chaque fois. C’est devenu tellement une habitude que tu ne sais pas comment faire autrement. Jusque-là, ce mode de vie ne te posait pas de problème, mais là, il s’agissait de quelqu’un d’autre. Savoir que tu as potentiellement blessé une personne te met en rogne, te presser pour ne pas être en retard au travail n’est pas plus important que la sécurité de ta victime. Tu lèves d’ailleurs enfin les yeux vers cette personne lorsque tu lui présentes ton tas de serviettes en papier. Tu as l’impression soudainement de passer pour une folle tellement sa voix est calme et détendu. « Oui, oui, pas de dégâts de mon côté. Je m’inquiète d’avantage pour vous, je viens de potentiellement renverser mon café chaud sur vous ». Et tu n’as pas besoin d’avoir fait vingt ans d’études pour savoir que le café chaud, ça brûle, ce qui peut engendrer de graves blessures. Même si tu n’as pas peur de te mettre dans des situations risquées par amour pour ton travail, cela ne fait pas de toi une personne insensible à la douleur des autres, encore moins lorsque tu en es l’auteur. « Ça m’apprendra à vouloir faire vite pour arriver à l’heure au travail, je vous offre quelque chose pour me faire pardonner ? ». Tant pis pour le travail, ça attendra. Tu peux toujours appeler et trouver une excuse pour expliquer ton retard. Tu ne peux pas te permettre de partir comme si de rien n’était maintenant, surtout que tu n’en as pas envie, ce serait impoli, tout ce que tu n’es pas. Et puis il faut le dire, ce ne sont pas tous les matins que tu as des accidents avec des garçons aussi mignons.

S'il a pensé rentrer chez lui rapidement, supposément gagner par la fatigue d'une garde de nuit mensuel, son corps incapable de supporter ces écarts si peu réguliers que s'y habituer est une corvée, Noan réalise bien vite qu'il n'aura pas cette possibilité tout de suite. Et puis le café ça réveille bien, même quand on se le prend dessus plutôt que le boire, il faut croire. Contrairement à cette fille que cet incident a complètement paniqué, Noan est serein. Il n'aura qu'à changer de t-shirt, ce qu'il comptait faire dans tous les cas. La voir s'agiter avec tout un tas de serviettes en papier le fait sourire. « Non non, tout va bien, vraiment. » Par chance, son t-shirt ne lui a pas collé à la peau ce qui l'empêche d'être réellement brûler, si ce n'est pour les éclaboussures. « C'est si gentiment proposé, comment refuser ?! Mais n'etiez-vous pas pressée ? »

Après tout, si lui a fait preuve d'inattention alors qu'il n'était absolument pas pressé de rentrer chez lui elle devait être pressée au vu du bond en arrière qu'elle a fait lorsque le café s'est renversé sur Noan. Il lui adresse un petit sourire. Ce n'est pas grave non plus si elle n'a pas le temps, puis c'est plutôt à lui de lui racheter un café, il a fini son repas en ce qui le concerne.

Décidément, cette journée débute mal. Entre ton retard et l’incident qui vient de se dérouler sous tes yeux, tu as tout ce qu’il te faut pour comprendre que tu aurais dû rester sous ta couette. Malgré tout, tu préfères ne pas te démoraliser, la journée n’est pas terminée après tout. Lorsque tu comprends que l’inconnu n’est pas blessé, tu souffles de soulagement, plus de peur que de mal heureusement. Tu n’imagines pas ce qui aurait pu se passer si ta boisson chaude avait fait plus de dégâts. « Me voilà rassurée, encore désolé ». que tu te confonds encore excuses. Tu te sens assez bête et tu culpabilises encore malgré tout, ce qui te pousse à lui proposer une nouvelle boisson à tes frais, c’est la moindre des choses après ce qui venait de se passer. « Je l’étais oui, mais nous avons tous les deux constaté que me dépêcher n’était pas une réussite. Et je me sentirais vraiment mieux si vous me laissiez me rattraper ». Tu es ravie de savoir qu’il accepte et tu t’estimes heureuse, dans ton petit malheur, d’être tombée sur une personne si compréhensive que lui. Clairement, tu connaissais assez Fall River pour savoir que tout le monde n’aurait pas réagi aussi calmement que lui. « Est-ce qu’on laisse les formalités de côté ? Moi, c’est Nevaeh ». Parce que tu te rends compte à présent que ça sonne un peu étrange à ton oreille de le vouvoyer alors que vous ne deviez pas avoir tant de différence d’âge que cela. Mais la politesse veut que tu obtiennes l’aval de ton partenaire de discussion avant de le tutoyer. Dans l’attente de sa réponse, tu t’approches à nouveau du comptoir et demandes à ce que vos boissons soient renouvelées.

Lui, il n'est pas pressé. S'il est question de rentrer, se changer et mettre son t-shirt au lave-linges, ça n'est pas grave. Mais vus la mine de la jeune femme, elle est réveillée depuis quelques minutes sinon quelques heures avant. Sa journée ne fais que commencer. « Vraiment, zéro inquiétude, d'accord ? tout va pour le mieux en ce qui me concerne. » Si ce n'est la fatigue. Elle, elle n'a pas l'air d'être dans ce cas de figures. « Tant que cela ne vous apporte aucune contrariété ni aucune conséquence d'avoir davantage de retard... Je me doute que si vous êtiez si pressée, ce n'était pas parce que vous aviez de l'avance. » Il lui sourit. il connaît ça. Quand il enchaînait les jobs, il était toujours en retard au bout d'un moment.

Il acquiesce. « Et moi Noan. » Il lui sourit pendant qu'ils s'approchent du comptoir pour recommander. « Alors, du coup, Nevaeh... tu allais au travail comme ça ? » Ça l'amuse, bien sûr. D'autant qu'il sait que c'est très certainement un oui.

Tu te sens ridicule et ça ne pouvait pas tomber au pire moment, même si tu n’es pas surprise. Il faut dire que tu as toujours été maladroite et ajouté à cela ta volonté de te dépêcher pour ne pas être en retard et c’était la recette parfaite pour qu’un accident de ce genre arrive. Tu ris déjà à l’avance en sachant pertinemment que Beatriz allait être dans le même état une fois que tu lui auras tout raconté. « Très bien, je vous fais confiance » même si clairement ton inquiétude ne s’est pas encore totalement dissipée. T’as toujours été comme ça, laissant le doute planer au-dessus de ta tête jusqu’à ce que tu sois certaine que tout va bien. Mais tu sais que dans ce genre d’hypothèses, les brûlures ne se font pas attendre et l’inconnu l’aurait su tout de suite s’il avait effectivement été touché, ce qui ne semble pas être le cas en l’occurrence. « Non, du tout, le boulot attendra ne vous en faites pas » que tu lui réponds en souriant pour lui montrer que vraiment, ça ne te dérange pas et ne te pose aucun problème. D’autant qu’encore une fois, ça va t’aider à te sentir mieux pour continuer ta journée sereinement, bien qu’elle ait débuté en étant chaotique. « Enchantée Noan, même si je ne te cache pas que dans d’autres circonstances, ça aurait pu être plus sympa ». Tu te mets à rire doucement en t’appuyant sur le comptoir pour converser avec Noan. D’autant que tu as l’impression de l’avoir déjà croisé en ville, en tout cas, il te semblait familier. « C’est ça, je travaille pour la Taunton Gazette et… disons que le réveil a été compliqué ce matin. Enfin, rien que tu n’aies pas déjà constaté » que tu poursuis toujours le sourire aux lèvres, rappelant encore ta gaffe. « Et toi ? Tu viens souvent dans le coin ? Je suis presque sûre que ce n’est pas la première fois qu’on se croise ». Qui sait, peut-être que c’est le cas et que leur chemin se sont déjà chevauchés en ville.

Elle n'a pas l'air d'être méchante, Nevaeh. Il apprécie presque cette rencontre, cet entre deux alors qu'elle aurait pu l'ébouillanter avec son café. Avec la fatigue, il n'aurait pas dû être si calme avec elle, mais pour une fois, Noan est en paix avec lui-même et n'a pas envie de se prendre la tête, pas de bon matin alors qu'un bon sommeil l'attend après autant d'heures à travailler. Son sourire s'agrandit en l'entendant dire qu'elle lui fait confiance. Tant mieux. Il l'aurait mal pris, le sens inverse. « Très bien si vous le dites. N'hésitez pas à tout mettre sur mon dos si besoin, je fais un parfait alibi, il paraît. » Et c'est vrai. Quand il a fallu couvrir Ilian, c'est lui qui s'est contenté d'un alibi, dernièrement. Cette réalité est bien triste, mais l'accident ne lui a pas toujours apporté la leçon qu'il aurait dû apprendre. « Il faut bien un peu de tout pour se rencontrer. Sinon, on finit chacun de notre côté sans jamais découvrir de nouvelles personnes. » Et Nevaeh, en plus d'être une nouvelle personne semble en être une intéressante. Bien qu'il n'ait qu'Adèle en tête, difficile de ne pas remarquer son adorable sourire.

« Pour la taunton, hu ? Wah, ça ne doit pas être un piece of cake tous les jours ! » Son sourire s'agrandit. « Régulièrement après le travail, oui. Surtout quand je travaille de nuit. »

Tu ne peux t’empêcher de rire lorsque Noan se dévoue pour être un parfait alibi au besoin. Si seulement Asher était un peu plus détendu et drôle comme lui… Passons, tu n’as pas envie de penser à lui alors que vous êtes en froid depuis l’incident qui a failli te coûter la vie. Tu aimerais lui faire comprendre que malgré les risques dont tu as conscience, tu aimes ton boulot et tu es prête à te dévouer corps et âme pour ce dernier. Tout ce qui lui importe, c’est ta sécurité, ce qui aurait pu être adorable dans d’autres circonstances. Mais là, tu sais que c’est uniquement parce que le policier ne te veut pas dans ses pattes, ce qui a le don de t’agacer sévèrement. « Parfait alibi hein ? Ne me dis pas ça, ça pourrait m’être très utile » que tu lui lances sur un ton humoristique. Bien entendu jamais, tu n’utiliserais de citoyen pour fouiner un peu plus dans tes dossiers, ce serait prendre un trop grand risque juste pour un bout de papier. Ça te fait rire intérieurement, c’est exactement ce qu’Asher n’arrête pas de te dire. « C’est si vrai ! Tu ne serais pas un écrivain torturé par hasard ? ». Il avait ce don de dire des choses si réelles et de manière si poétique que la question se posait vraiment. Cette rencontre fortuite t’avait mise de bonne humeur, tu appréciais beaucoup de discuter avec le jeune homme qui était plutôt réceptif à la conversation. « Non en effet, mais j’adore ce que je fais et c’est ce qui compte le plus pour moi ». Un peu trop passionnée par ton travail peut-être ? Tu ne voulais pas qu’il pense que tu étais une accro, même si c’était le cas. « Ah, j’en étais sûre ! Il a donc fallu que je fasse une gaffe pour qu’on se parle enfin » que tu lui réponds en souriant. Tu savais que tu l’avais déjà croisé plus d’une fois, décidément, tu avais bonne mémoire. « Ce n’est pas trop épuisant de bosser de nuit ? J’espère qu’ils te payent bien ! ».

La douceur et la fraîcheur de Nevaeh dans sa façon d'être alors qu'elle a failli le cramer avec son café lui fait du bien. Tout dans la ville de Noan ne semble être que peine, dispute, prise de bec. Du drame comme il s'en passerait bien, alors, pour une fois, même si ça commençait mal, il préfères se laisser porter dans cette dicussions sans trop de se poser de questions. « On dit que je suis plutôt utile et serviable, fais-toi plaisir comme ça. Mets moi tout sur le dos, même s'il le faut. Je suis coriaces. » Sa question le fait éclater de rire. Lui qui n'as pas réellement de vocations et qui fait le premier travail pour lequel on a bien voulu le payer après avoir enchaîné tout un tas de petits boulots... « J'aimerais bien, mais je n'ai pas ce talent. Ni le temps d'écrire, d'ailleurs. » Avec ses emplois du temps, difficile de pouvoir se poser et écrire quand chaque fois qu'il rentre chez lui, il est plus fatigué qu'autre chose et essaie de dormir comme il le peux, surtout quand il finit une longue garde en pleine matinée.

« C'est l'essentiel, oui! » Il n'en dit pas plus. Ill aime son travail mais de là à le définir comme quelque chose qu'il adore... Tu lui adresses un petit sourire. « J'imagine que jusque là, tu n'avais pas le temps et moi j'étais trop fatigué, peut-être ? » Puis, jusque là, aucun imprévus en vue. Mais ça, c'était avant. « Un peu, mais quand on a besoin d'argent et d'être mieux payé qu'en journée, le choix s'arrête vite. »

Embêtée d'être en retard au travail plus tôt, tu es ravie de faire cette petite pause matinale pour prendre le temps de discuter avec Noan. Tu sais désormais que tu l'as bien déjà croisé à plusieurs reprises ici même et tu es contente de pouvoir enfin engager la conversation avec lui. « J'en prends note ! Je sais où te trouver maintenant » que tu lui réponds en riant. Comme quoi, il ne faut pas beaucoup pour faire des rencontres et celle-ci te plaisait beaucoup. « Je suis sûre que tu te sous-estimes, si tu écris comme tu parles, ça doit être quelque chose ! En tout cas si jamais l'idée te vient, compte moi parmi tes lectrices un poil groupie ». Une sensation étrange te parcoure, tu as l'impression de discuter avec un ami de longue date, alors même que c'est la première fois de ton existence que tu lui adresses la parole. « Je comprends, les factures ne se payent pas toutes seules après tout ». Tu te doutes que la situation semble compliqué pour lui, alors tu n'insistes pas davantage à ce sujet.  « Je ne t'ai même pas demandé où est-ce que tu travailles !  » Complètement dans ta lancée, tu es déterminée à en savoir plus que Noan, quelque chose te pousse à croire que vous alliez devenir de bons amis et cette idée t'enjoue plus que de raison. Tu n'as pas forcément le temps de sortir et de faire de nouvelles rencontres ces derniers temps. Encore moins depuis le dernier incident et un Asher constamment sur ton dos pour savoir ce que tu fais et où tu es. Alors ces quelques paroles banales échangées avec Noan te font du bien, comme si tu prenais une bouffé d'air frais.

Il ris légèrement en réalisant que Nevaeh suivait un peu trop bien ses idées. Elle a l'air vraiment sympa et Noan ne serait pas contre s'en faire une amie, lui qui ne compte les siens que sur la moitié d'une seule main. « Exactement. Alors fais-toi plaisir pour en mettre le plus possible sur mon dos ! » Il sourit, un peu gêné par le compliment de la demoiselles. Car Noan ne se voit pas comme un gars talentueux. La seule chose qu'il sait faire marcher avec un peu d'artistique, c'est sa guitare, qui sort des sons pas toujours terribles quand il s'y met, et quand il a vraiment le temps. « Tu serais déçue, vraiment. »

Elle a l'air de le comprendre et il est contents de ne pas avoir à s'expliquer plus que ça. Pour une fois qu'on ne le jugent pas pour ses choix. Il ricane. « Je suis garde forestier à la réserve. C'est pas ce qui paient le mieux mais ça aide à ne pas accumuler des factures. Puis j'adore la nature, donc c'est l'endroit idéal pour travailler. »

Tu ne peux t'empêcher de rire en entendant la réponse de Noan, il fallait dire qu'il avait un humour qui te plaisais beaucoup. « Si seulement j'avais choisi la voie de la criminalité, ça aurait pu m'être utile » que tu lui lances, toujours en riant. Ton stress avait complètement disparu et tu te détends pour la première fois de la journée. « Eh bien il ne te manque plus qu'à me faire lire, je jugerais en conséquence ». Ça te semble fou de lui dire toutes ces choses alors que tu viens à peine de faire sa rencontre. Le courant passe vraiment bien entre vous et tu espères que votre conversation ne s'arrêtera pas là.

« Ça m'a l'air sympa ! Je me suis toujours dit que j'irais y faire un tour, mais une chose venant après l'autre, tu penses bien que ça ne s'est jamais fait au final ». Plus intriguée par ton travail et ses affaires que tu cumules sans relâche. Tu sais qu'un jour ou l'autre tu devras te ménager et lever un peu le pied, mais pour le moment ça ne fait pas partie de tes projets.  « Ça pourra peut être se faire maintenant, si t'es partant pour que je te rendes visite à l'occasion » Un peu osé comme proposition selon toi, mais ta proposition est sincère et tu souhaites réellement garder contact avec Noan. Voilà longtemps que tu n'avais pas tant apprécier discuter de tout et rien avec une personne. Et puis, faire de nouvelles rencontres était ce qu'il te fallait pour sortir de ton quotidien quelque peu chaotique.

«  Malheureusement pour toi. Mais ça m’arrange, je n’ai pas envie d’avoir affaire avec la police, dans tous les cas. » Noan connaît bien les services de police. Adolescent, il s’y est frotté une ou deux fois. Puis Ilian l’a protégé, et c’en était finie de ses bêtises. Sauf que son petit frère a été entraîné par ce mode de vie et a continué. Alors les Chase ont été habitués à ce qu’on soupçonne Ilian à tout bout de champs, pour tous. Il s’efforce de ricaner gentiment. « On en reparles le jour où je trouve un peu de temps pour faire autre chose que manger et dormir en dehors du travail ? »

Il hausse les épaules, pas certain de partager son avis. « Pas toujours non. Surtout quand tu travaille et que les gens font n’importes quoi. » Il acquiesce cependant, radouci par la proposition de la jolie brune. « Oui, bien sûr. Ça me distraira un peu de la gueule de ravis de la crèches de mes collègues. Je te jure à force ça devient insupportable de les voir sourire pour rien. » Surtout Miles, bien sûr.

« Je t'avoue que je m'en passerais bien également, je les côtoies assez dans le cadre du travail, je n'ai pas besoin de plus » que tu admets sur le ton de l'humour. Tu adores ton travail - plus que de raison d'ailleurs - mais l'idée de passer de l'autre côté et de te retrouver derrière les barreaux ne t'enchante pas vraiment. Quoique... éventuellement pour en rédiger un article, mais Levi te pousserait par la fenêtre de ton bureau si tu te lançais dans une telle idée. Ton stress avait complètement disparu et tu te détends pour la première fois de la journée. « Ton mode de vie me plaît, tu sais où se trouvent les priorités de la vie » que tu lui réponds en riant. Manger et dormir, que demande le peuple ?

« Ouais, j'imagine bien, il y a forcément de mauvais côtés aussi malheureusement... Quand je passerais, je te promets de te montrer l'expression de visage la plus maussade qui existe, comme ça, pas de sourire inutile ». Tu arrives facilement à te mettre à sa place à vrai dire, certains de tes collègues sont de véritables cadeaux empoisonnés et tu te passerais bien de les croiser. « Qu'est-ce que tu veux boire d'ailleurs, je tiens à me racheter pour la bourde de tout à l'heure ». Tu es tellement focalisée sur cette nouvelle rencontre que tu en as oublié ta maladresse et ton souhait de lui racheter sa boisson que tu as ruiné.

Il soupire et sourit. «  Pas besoin de travailler avec eux pour les côtoyer dans le coin. » Et pourtant, il travaille aussi avec eux, parfois. Quand être garde forestier ne suffit pas à dissuader les gens de mettre le feu ou la pagaille à la réserve. Il ricane à son presque compliment. « Crois-moi, mon modes de vie n'est pas le plus agréable pour prendre du temps pour soi. » En même temps, Noan n'a que ses congés pour vraiment y penser.

Avant même qu'il pense à le faire lui-même, sa tête acquiesces seule aux parole de Nevaeh..  « Malheureusement. La plus maussade possible ? » Il rigole fort à cette phrase., radouci par la proposition de la jolie brune. « Je suis sûr que le sourire te va mieux qu'une vilaine tête maussades. » Elle a même pas besoin de sourire pour être jolie. Mais il préférerait ne pas avoir à assister à sa têtes maussade. Il est sûr que ça doit être quelque chose à éviter. « Un jus de fruit ira très bien. »

Il n'a pas tort et tu le sais d'autant plus que le taux de criminalité à Fall River ne s'arrange pas avec le temps. Même s'il ne semble rien se passer de "gros" aux yeux de tous, tu ne doutes pas une seule seconde que les criminels et délinquants continuent de sévir en ville. Asher s'en plaint régulièrement, qu'il ne prendra pas sa retraite de si tôt, mais dans 50 ans. « Le rêve américain hein » que tu lances en faisant preuve de sarcasme au vu de la situation actuelle de la ville, tu ne sais même plus quand était la dernière fois que les habitants ont pu être pleinement sereins. « C'est ça d'être bosseur, je ne peux que te comprendre. On aura assez de temps pour se reposer plus tard » que tu lui réponds, toujours avec humour, ce n'était sûrement pas toi qui allais juger, toi, l'accro du boulot qui se pose à peine pour manger.

Tu ne peux t'empêcher de rire directement aux propos tenus par Noan, décidément, tu n'avais pas eu une conversation si agréable avec quelqu'un depuis une éternité. « Doué pour complimenter en plus, est-ce qu'il y a quelque chose que tu ne sais pas faire ? ». Tu sens que le courant passe vraiment bien entre vous et ça ne peut que te ravir et te changer les idées.  « Un jus de fruits, ce sera ! ». Tu te diriges vers le comptoir qui s'est vidé de tout client à présent et passe commande pour un jus de fruits et un nouveau café, le tiens ayant été ruiné durant "l'accident". Tu profites de ce moment pour envoyer un message à ton collègue et l'informer que tu serais en télétravaille pour la journée, abandonnant l'idée de te ruer au journal. Les boissons payées et le récépissé récupéré, tu tends le gobelet vers Noan en lui souriant.

Ses yeux roules à la réflexion de Nevaeh. C'est vrai. Tout ça paraît si débile, quand on y pense, ancré dans des traditions qui sont pas forcément les plus idéales. « Tu parles. » S'il ne connaît pas exactement ses origines, Noan sait qu'il n'est pas américain à 100%. Pourtant, le rêve américain, il en a rêvé des années durant et a toujours espéré que ça lui apporte quelque chose. Excepté des horaires de boulot supplémentaires et de la galères quand il s'est brouillé avec ses parents... rien. Alors il comprend, Noan, parce que même lui, il est fatigué de ce combat sans fin pour une vie qu'il n'arrive pas à obtenir. « C'est vrai. Cheers to that » Après tout, Noan ne sait pas lever le pied même s'il s'en plaint parfois. C'est une vraie caractéristique certains apprécient alors que lui aimerait juste pouvoir, de temps en temps, dire stop et ne pas continuer. Mais il se sentirais trop mal si c'était le cas, martyr de ses faux espoirs.

Difficile de contrôler le pourpre qui lui monte aux joues. « Plus que tu ne le crois » Comme se faire pardonner par Adèle... Quand elle revient avec leurs commandes, il lui sourit, presque heureux de passer du temps à se faire une nouvelle ami. « Merci beaucoup. »

Le rêve américain, concept que tu trouves absurde, mais qui ne cesse d'exister comme cette vieille chanson qui reste en tête et dont on n'arrive pas à se débarrasser. « Cheers aussi à notre rencontre, même si je te propose qu'on fête ça autour d'un autre verre à l'occasion » que tu lui proposes, préférant fêter l'occasion avec quelque chose de plus fort qu'un simple café. Ce n'est pas tous les jours que tu peux sortir boire un coup et il faut dire qu'en ce moment, tu en as besoin.

« Ouuuh, on dirait qu'il y a une histoire derrière tout ça ? ». Ta curiosité prend à nouveau le dessus, tu dois l'avouer, mais tu ne peux t'empêcher de penser que c'est une fille qui le pousse à dire cela. « Non pas que tu sois obligé de la partager avec moi ». Tu préfères préciser pour ne pas le brusquer et surtout passer pour une folle qui s'imposait dans la vie des autres. Surtout que si tu as raison et qu'il y a bien une demoiselle derrière ses paroles, rien ne te garantis qu'il s'agit d'une belle et heureuse histoire et tu ne veux pas que des mauvais souvenirs remontent à la surface par ta faute et le blesse.

Il as du mal à retenir un ricanement. Il l'aime déjà bien Nevaeh, elle change du genre de filles qu'il croise à la réserve. Elle as pas l'air d'avoir froid aux yeux non plus. « Je prend. Ça me donnera une raison pour refuser du travail supplémentaire » La sensation qu'elle vit des journées aussi denses que les siennes, Noan s'imagine déjà avec une amie pour critiqué tout ça et râlé de cette absence de temps libre et de lâcher prises.

Un sourire triste naît sur son visage. Elle sembles avoir le don de comprendre ce qu'il lui passe par la tête. Clairement le genres d'amie qu'il aimerait bien avoir, même s'il a peur de se faire insistant : le courant passe bien, cela dit, et la jolie brune a quelque chose d'apaisant qu'il ne saurait pas identifier. Alors il lance un rire dans un souffle. « Et quelle histoire ! » Ses yeux rivés sur sa vaisselle autour de laquelle il a ses mains viscéralement posées et changeantes, il a du mal à les relever vers elle. « C'est surtout que j'ai pas envie de t'ennuyer avec une histoire d'amour de plus dans ce monde qui est vouée à mal finir. »

Tu ne peux pas nier que le voir accepter ta proposition te met en joie et tu as déjà hâte de pouvoir le revoir autour d'un verre. D'ailleurs, pour être sûre que cela puisse se faire, tu prends ton téléphone en main et entres dans tes contacts pour ajouter un nouveau avant de le tendre à Noan. « Si tu veux bien me donner ton numéro, promis ce n'est pas une technique de drague miteuse » que tu lui dis en riant, ce n'est qu'une garantie pour que tu puisses le contacter aisément une fois que vos chemins se sépareront d'ici.

Te voilà bien intriguée comme il le fait, ton âme de journaliste qui a déjà envie de connaître les moindres détails, mais tu t'abstiens, voyant le sourire triste qui se dessine sur ses lèvres. « Vouée à finir mal ? Donc ce n'est pas encore fini ». Il est évident que tu ne vas pas l'embêter avec ça, tu viens à peine de faire sa connaissance, tu ne veux pas déjà le faire fuir. « Je suis une très bonne oreille tu sais, mais si tu penses être trop sobre pour m'en dire plus, on peut attendre ce fameux verre ». Certaines histoires sont-elles vouées à mal finir ?  Tu ne sais pas, mais l'idée te donne des frissons et t'effraye plus que tu ne veux l'admettre.

Noan as du mal à retenir un nouveau ricanement. Elle a l'air gentille, Nevaeh. Et s'il n'y avait pas eu Adèle dans son coeur et dans sa tête, peut-être même qu'il aurait réussi à mettre sa timidité au placard pour la draguer un peu. Mais non. « Aussi flattant que ce serait, mon coeur est pris. Mais si ce n'est pas de la drague, tiens. » Et il sort son téléphone pour qu'elle entre son numéro et qu'il puisse ensuite lui envoyer un messages.

Cette fois-ci, même son sourire est là, c'est plus par politesse qu'autre chose. Parce qu'il s'en veut et qu'il se blâme intérieurement. « Techniquement, si. Mais elle peut finir encore plus mal. » Il suffit de voir le sourire suffisant sur les lèvres de Miles pour envisager des scénarios catastrophes. Tous ou presque ferait finir Noan là où il a bien failli se trouver ado : en prison. Finalement, son sourire revient au galop, réellement animé, cette fois-ci. « Je ne refuserai pas une excuse pour être moins sobre en racontant tout ça. »