Ca y est, on est enfin samedi. LE samedi, celui ou Frankie doit venir nous voir pour qu'on discute un peu des cours de dessin qu'elle va donner à Meghan. Bien évidemment, je n'ai rien dit à ma fille, déjà parce que je trouve ça bien plus mignon de lui faire la surprise, elle qui me tend depuis mercredi pour savoir quand est ce que la bleuet va venir la voir, mais aussi... j'ai un peu honte de l'avouer en fait, mais c'est surtout pour qu'elle reste un peu plus calme et qu'elle ne me retourne pas l'appartement sous le coup de l’excitation. C'est qu'elle en serait bien capable ma petite pile électrique.
Ce matin, je me suis donc levé un peu plus tôt pour faire un bon coup de ménage, et pour ranger un peu le salon qui est resté en plan après notre partie de monopoly d'hier soir. Meg a découvert ce jeu à l'école et a bien trop vite compris le principe de faire payer les joueurs qui s'arrêtent sur les terrains qui lui appartiennent, elle ne veut jouer qu'à ça depuis et du coup on a veillé assez tard. Ce n'est pas plus mal, elle a fait une belle grasse matinée et j'ai eu le temps de tout remettre en ordre, même de profiter d'un café devant un épisode d'une série. Ce qui m'arrange, parce que même si je suis bien plus à l'aise chez moi qu'au travail, je sens quand même un peu de stress monter en moi à l'idée que la jeune femme vienne nous voir. Elle me déstabilise, encore plus quand je repense à nos échanges par SMS. Alors je ne dis pas non à pouvoir me vider un peu la tête.
Il n'est maintenant pas bien loin de 15 heures, la vaisselle est faite et je me dis qu’il serait temps de préparer la pâte à crêpe pour le goûter. En plus, ça m'occupera et m'évitera de tourner en rond, comme je le fais depuis vingt minutes. Je vais donc me pencher par-dessus le dossier du canapé pour aller demander un petit coup de main à ma princesse, je trouve ça important de lui apprendre quelques bases de cuisine et même si elle n'a que huit ans, c'est quelque chose qu'elle aime faire en général.
- Hey ma puce, j'ai comme une envie de faire des crêpes pour le goûter, tu m'aides ?
Elle se redresse sur le sofa à la vitesse de l'éclair, des étoiles dans les yeux, et se met à sautiller sur place.
- DES CREEEEEEEEPES ! Oui ! Au nutella ?
Je ris de la voir toujours si enjouée quand il s'agit de manger des desserts à base de chocolat. Elle adore ça et je suis bien obligé de planquer le pot de pâte à tartiner hors de sa portée sinon elle serait bien capable d'aller en manger à la cuillère dès que j'ai le dos tourné. Pour la taquiner, je fais semblant de réfléchir un peu.
- Hum... tu crois qu'on en a ? Je ne suis pas certain, moi...
- Mais siiiiiii dans le placard du haut !
- Oui tu as raison, bon bah si tu m'aides à les faire et si tu es sage, on va dire que ça sera mérité.
Il n'en fallait pas plus pour que ma petite tornade bondisse dans la cuisine à la recherche du grand saladier que j'utilise pour préparer la pâte et qu'elle se hisse sur le tabouret de bar pour être à la bonne hauteur. J'ai mis un peu de musique sur la chaîne Hi-Fi après avoir éteint la télévision et suis allé rejoindre ma fille. On a passé une bonne partie de l'après-midi à cuisiner, et à rigoler. Surtout quand Meg a posé le paquet de farine un peu fort sur la table et qu'un épais nuage blanc s'en est échappé pour atterrir sur son visage. Je me suis peut-être un peu moqué d'elle, et en représailles, j'ai moi aussi eu droit à de jolies marques de doigts pleines de farine sur la joue. On va dire que je l'ai cherché.
L'étape suivante, c'est de faire cuire les crêpes, je fais très attention et répète à Meghan que la poêle est très très chaude et qu'il ne faut pas la toucher pour ne pas se brûler. Elle est beaucoup trop mignonne quand elle se concentre en tirant la langue sur le côté pour essayer de bien étaler la pâte partout. Bien-sûr je tiens la poêle avec elle pour lui montrer le bon geste et pour l'aider, mais elle veut essayer toute seule, c'est l'âge, que voulez-vous. Il y a quelques loupés sur les premières, mais à force d'essayer elles sont de plus en plus belles. On peut être fiers de nous, on commence à en avoir une belle quantité ! Je vois que 16 h approche, et je me dis que la Britanique ne devrait plus tarder, et quand je vois ma fille, le bout du nez couvert de farine, je me dis qu'elle devrait aller se passer un petit coup de gant.
- Tu devrais aller te rincer un peu le visage, tu as de la farine partout, il n'y en a plus beaucoup à faire je vais terminer. Va te débarbouiller.
- Il en reste encore. Mais il y en a déjà plein ! On va jamais tout manger !
Elle est perspicace, la petite... elle a remarqué qu'il y en a bien plus que ce qu'on fait d'habitude. Je souris en lui ébouriffant un peu les cheveux.
- T'en fais pas, on se débrouillera ! Aller hop dans la salle de bain, jeune fille !
- Hé ! Ne me décoiffe pas !
Elle part en direction du lavabo en riant pendant que je termine la belle pile de crêpes bien chaudes. Ça sent bon et je dois avouer que ça m'a bien ouvert l'appétit. Très vite elle revient vers moi, toute contente d'avoir réussi à attacher ses cheveux toute seule. Elle allait commencer à parler, mais a été soudainement interrompu par la sonnette qui retentit dans l'entrée. Elle se tourne vers moi en levant un sourcil.
- C'est qui ?
- Je ne sais pas, moi ? Et si tu allais ouvrir pour voir ?
Elle va donc à la porte. Je prends une grande inspiration et souffle longuement pour tenter de faire fuir cette boule qui vient de se créer dans mon estomac. Allez Josh ça va bien se passer, y' a pas de raison, elle est super sympa. J'ai juste le temps de passer un coup d'éponge sur le plan de travail avant de l'entendre crier.
- FRANKIE !
Je la vois se jeter dans les bras de la bleuet qui n'a même pas eu le temps de franchir la porte d'entrée. Je m'essuie rapidement le visage avec un torchon, en espérant qu'il ne me reste pas de farine sur la tronche, et je viens saluer la jeune femme à mon tour.
- Salut Frankie, entre, tu tombes à pic, on vient de terminer les crêpes.
Je mets quelques petites secondes avant de venir saluer mon invité, un peu stressé à l'idée de lui parler, même si dans le fond j'en ai très envie. Je la regarde tendrement prendre ma fille dans ses bras pour répondre à son étreinte. C'est étrange comme sensation, vraiment... parce que j'adore voir ma fille aussi heureuse de voir celle qu'elle considère comme son amie et j'ai une totale confiance en Frankie, même si on ne se connaît pas vraiment finalement… Je ne saurais pas trop l’expliquer. Mais ce qui me fait le plus bizarre, c'est que pendant une seconde je me mets à jalouser ma princesse de réussir à prendre si facilement les gens dans ses bras.
Je suis mille lieux d'être comme mon meilleur ami. Lui, il est tactile, il a le dialogue facile, il est doué avec les gens. Moi, c'est tout le contraire, finalement. Incapable d’aligner deux mots auprès d'inconnus, j'en arrive même à bégayer quand quelqu'un me demande son chemin, c'est catastrophique. C'est bien grâce à Tyler que j'ai pu connaître au moins quelques années ce que c'est qu'une vie de couple. Il avait remarqué que Leïa me plaisait, et pas seulement parce qu'elle était gentille avec nous. Sans Tyler, qui m'a allégrement poussé vers elle, jamais j'aurais osé l'embrasser lors de cette soirée. Alors ce n'est vraiment pas pour tout de suite que je vais réussir à initier un contact quelconque avec la belle demoiselle. Même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque, et que je la trouve vraiment très belle aujourd'hui.
Je finis tout de même par m'avancer dans l'entrée et par saluer la jeune femme qui est en train de déposer un baiser sur la joue de Meghan. Elle avance un peu plus et me salue à son tour, me demandant si elle peut poser ses affaires. Je m'empresse de lui désigner le porte manteau de l'entrée pour sa veste et comme elle enlève ses chaussures, je lui montre aussi les paires de chaussons que je garde pour les inviter, une vieille habitude donnée par mon meilleur ami encore une fois. J'en possède deux tailles une plus petite et une plus grande, pour Leïa et Tyler en général, j'ai rarement d'autres visiteurs et Hélios lui vient avec ses pantoufles vu qu'il habite à côté. Pour une fois, elles vont servir à quelqu'un d'autre.
- Oh oui bien-sûr, fais comme chez toi. Tu peux mettre tes affaires sur le port manteau ou sur le meuble, et si tu préfères, tu peux emprunter une des paires de chaussons, elles sont là pour ça.
Elle a à peine le temps de glisser ses pieds dedans que déjà ma mini pile électrique entraîne la bleuet par la main pour lui faire découvrir notre chez nous. Elle lui montre le salon, le grand bac dans lequel elle range tous ses Lego, notre collection de DVD qui comporte bien plus de Disney qu'autre chose, le grand carnet de dessins que je lui ai acheté l'autre jour pour qu'elle puisse s’entraîner à refaire des arbres... puis elle l’entraîne plus loin, pour lui montrer ou est la salle de bains et les toilettes et puis elle désigne nos chambres pour finir la visite express.
Je finis par intercepter ma fille avant qu'elle ne se décide à lui montrer l'intérieur des-dites chambres, elle irait jusqu'à lui faire un tour des placards si je ne l'arrête pas de suite et ça risquerait de devenir un peu gênant pour tout le monde. J'attrape la main de ma fille et m'accroupi pour être à sa hauteur.
- Hep princesse, on a dit quoi déjà ? On laisse les gens respirer quand ils arrivent à la maison, pas la peine de lui sauter dessus comme ça.
- Désolé papa, pardon Frankie... mais je suis trop trop contente que tu sois là !
Je ris un peu de la réaction de ma fille puis me redresse vers Frankie, osant enfin la regarder dans les yeux.
- Je suis désolé, mais si je la laisse faire tu en as pour deux ou trois heures, avec tout un tas d'anecdotes que seule elle a retenu et que je suis certain que tu entendras au moins deux ou trois fois.
Je nous redirige donc vers la cuisine, où Meg a bien trop hâte de montrer ses efforts culinaires à l'illustratrice. Elle a visiblement retenu que nous allions faire des crêpes, puisque je la vois sortir de son sac un joli pot de confiture. Elle me donne le pot, un grand sourire illuminant son visage et je ne peux pas m'empêcher de lui rendre la même expression, ni de m'entendre penser qu'elle est vraiment belle comme ça. Je bafouille une petite réponse, d'un ton mal assuré.
- Ho merci, c'est vraiment gentil tu n'étais pas obligé.
Si je pensais être rouge, c'était avant de la sentir poser son doigt sur ma joue en riant. Là, je pense que je viens de créer une nouvelle couleur de peau, à cause de son simple contact... mais pourquoi elle me met dans des états comme ça ? J'ai l'impression de ne plus rien être capable de faire quand elles s'approchent trop près de moi... non pas que j'en sois véritablement capable en temps normal... mais d'habitude je sais me mettre en retrait quand on entre trop dans ma bulle sans y être invités. Là, c'est... différent, presque comme si dans le fond ça ne me dérangeait pas qu'elle m'approche autant. Je m'entends à peine répondre, comme si j'étais déjà loin, en vraiment trouver mes mots.
- Ho heu... on a peut-être...
- Papa s'est moqué de moi parce que j'avais de la farine partout, alors je me suis vengé ! Et même que j'ai gagné !
Heureusement que je peux compter sur ma fille pour me remettre sur le droit chemin et m'aider à garder les pieds sur terre. Je me ressaisis et ris avec les deux jeunes femmes, oui, c'est vrai que je l'ai bien cherché sur ce coup là. Je prends un torchon sur le plan de travail et me suis la joue avec un peu d'eau.
- Tu aurais pu me dire quand même que j'avais encore des traces, moi j'avais oublié !
Et voilà ma fille qui repart dans un fou-rire incontrôlable et communicatif, heureusement pour moi que ça n'était que de la farine, sinon j'en aurais eu pour la soirée... quoique, telle que je la connais elle va vouloir appeler Tyler pour tout lui raconter dès ce soir, je ne suis pas sorti du sable en fait, il va encore avoir de quoi me charrier.
- C'est bon, là ? Je n'ai plus rien ?
Je demande à la belle bleuet pour être certain d'être débarrassé de tout résidu de cette bataille perdue, avant de me retourner vers le plan de travail pour sortir de quoi agrémenter les crêpes ainsi que des verres pour tout le monde. Je dépose le plat de crêpe sur l’îlot central de ma cuisine autour duquel il y a des chaises hautes. Je dis à Frankie.
- Installe-toi ne t'en fais pas, qu'est-ce que tu veux boire ? Thé ? Café ? Jus de fruit ? Sirop à l'eau ?
Je vais pour ma part me faire couler un grand café, j'en bois bien trop c'est une catastrophe... c'est le problème quand on est barista, on a tout le temps envie de se faire des bons cafés... j'ai donc très vite investi dans une bonne machine à la maison.
Frankie semble être tout aussi excité que ma fille pendant qu'elles visitent l'appartement toutes les deux, elles se sont bien trouvées visiblement. Je suis content de voir un adulte aussi compréhensif avec ma fille, il faut croire que je lui ai légué toute l'exubérance et le bavardage que je n'utilise pas, et croyez-moi que je ne compte plus le nombre de grandes personnes qui trouvent Meghan mignonne cinq petites minutes puis font tout ce qu'ils peuvent pour l'éloigner pour souffler un peu, loin de la tornade qu'est ma princesse. Alors voir cette jeune femme tout aussi souriante et intéressée parce que ma fille raconte, ça me fait sourire, beaucoup même. Elle est vraiment touchante... et encore plus belle quand elle sourit comme ça.
Je rougis tout seul en m'entendant penser ainsi de la bleuet et interviens rapidement quand je comprends que Meg s’apprête à ouvrir la porte de ma chambre pour lui montrer ma collection de kalimba. Wow ! J'ai pas rangé ma piaule et il se trouve que sur mon lit se trouve encore tout un tas de vêtements emplis... oui j'ai mis un certain temps avant de décider quoi porter aujourd'hui et peut-être que j'ai essayé de TOUT assortir... elle est toujours très bien habillée, je me suis senti obligé de faire un effort, alors il est hors de question que Frankie ait en visuel un tas de t-shirts et de caleçons en vrac. Et hop, petit rappel à l'ordre pour ma poupée qui me sert sa bouille renfrognée et on se remet en route vers la cuisine. J'écoute Frankie qui rassure sa nouvelle copine et m'explique pourquoi ça ne la gêne pas vraiment de faire face à autant d’enthousiasme.
- Vraiment ? Je comprends un peu mieux pourquoi vous vous entendez si bien alors. Je réfléchis deux secondes, une connerie venant de me traverser l'esprit. Me dis pas que toi aussi tu adores mettre la musique à fond pour sauter partout et à faire des parties twister jusqu'à t’écrouler au sol ?
Je jette un petit regard un peu moqueur à ma fille qui relève la tête vers moi, parfaitement indignée et me tire la langue. Puis... je vois un petit éclair passer dans ses yeux.
- C'est pas gentil de se moquer papa ! En plus c'est toi qui l'a dit ! Elle fait semblant de réfléchir. Comme punition... tu vas devoir... faire une partie de twister avec moi ce soir ! NA !
Elle me tire la langue de plus belle et me voilà pris au piège à mon tour... j'allais la contredire rapidement, non pas que je sois parfaitement empoté, mais la souplesse n'est pas mon fort. Mais... Meghan a été plus rapide que moi.
- Frankie ! Tu joueras avec nous ? Dit ouiiiiiiiiiiiii …
Et en plus elle lui fait ses grands yeux de chaton perdu qui feraient craquer la terre entière. Je suis foutu... FOU-TU ! Et voilà que maintenant je vire totalement au rouge à cause des traces de farines que j'avais totalement oubliées sur ma joue. Bah bravo Joshua, c'est glamour ça... pffff je nettoie tout ça bien vite et tente de calmer les battements de mon cœur qui se sont emballés quand elle m'a touché. C'était juste un doigt sur la joue, mais je m'y attendais tellement pas que ça m'a déclenché un énorme frisson.
Pour me remettre de mes émotions, me voilà à servir le goûter, m'occuper les mains m'aide à moins penser et à ne surtout pas faire de bourdes supplémentaires. Je propose différentes boissons à mon invitée et j'ai un petit sourire en coins quand elle me demande de réaliser un des plus grands clichés du monde. Je sors ma boîte à thé et regarde ce qui pourrait convenir à la britannique, alors, exit tous les thé aromatisés, pareil pour les tisanes... à j'ai trouvé ! Ça sera parfait ! Meg quand à elle me réclame un verre de jus de fraise, je mets la bouilloire à chauffer sur la bonne température pour thé, lance ma machine à café pour un double bien corsé et apporte son verre à ma fille. Frankie semble planté un peu sur ma machine à café.
- Haha oui peut-être, je bois beaucoup de café donc j'avais envie d'une bonne machine... bon ok, la vraie raison c'est que ça m'a pas mal servi pour m’entraîner pour le boulot. Elle est assez similaire à celles qu'on a au Starbucks et comme ça j'ai su faire la plupart des boissons avant même de commencer à les proposer au magasin. Je m'en sers aussi pour faire des tests quand on nous propose de créer des nouveautés sur certains mois.
Je retourne préparer le thé, dans une jolie tasse à motif coloré, je le fais infuser juste le temps qu'il faut. Pendant ce temps, je vois que Frankie quitte la table pour venir prendre son dessin que j'ai affiché sur mon frigo. Je m'en souviens bien de ce jour-là. C'était pas la grande forme pour moi et je faisais au mieux pour bosser avec entrain, et d'un coup, elle est venue, me tendant ce dessin de moi, derrière le comptoir avec un sourire que je ne me connaissais pas... ça m'a profondément touché, surtout venant d'une inconnue. Même si elle a toujours été très souriante et polie dans le café, je m'étais dit que je devais paraître très insignifiant à quelqu'un d'aussi énergique. Le dessin est vraiment beau, et i à la base il était posé sur mon bureau, Meg a tenu à le mettre là parce qu'elle l'adore. Je rougis en comprenant les mots de la belle.
- Pas si incroyable que ça je pense, mais... merci... et oui, Meg est fan de ce dessin, alors je l'ai mis ici... et je dois avouer que je l'aime beaucoup aussi. Merci encore, sans le savoir tu as refait ma journée ce jours-là.
Puis mes yeux se posent sur une écriture au dos.
- Attends... c'est quoi ? Je viens attraper le dessin pour mieux voir... enfin, c'est plutôt la main de Frankie que j'attrape sans le faire exprès. Mais... oh le boulet... je comprends mieux pour l'autre jour... j'avais jamais fait attention que j'avais déjà... ton nom et... ton... numéro...
A mesure que je parle, je me rends compte de ce que ça signifie, son numéro derrière le dessin est plus qu'explicite, mes doigts posés sur ceux de la bleuet, son regard qui croise le mien. Mon cœur loupe un battement et je ne sais plus où me mettre... que ferais Tyler là tout de suite ? Ouais non, je n'oserais jamais agir comme Tyler, ce n'est pas une bonne idée... pas du tout même. Mais wow... alors... elle voulait vraiment apprendre à me connaître ? Je laisse retomber ma main, plus rouge que jamais... y'a un moment où je vais être capable d'être d'une autre couleur qu'écarlate aujourd'hui, où comment ça se passe ? Je m’écarte doucement et baragouine une petite excuse.
- Oh heu... désolé... vraiment je te jure que je n'avais pas vu du tout... je.. heu... enfin... j'aurais dû le voir avant... j'aurais... enfin … Désolé.
Ouais tu veux dire quoi par là Josh ? Que tu l'aurais rappeler ? Que tu lui aurais proposé un rencard ? Pfff même si l'idée est loin de me repousser... jamais j'aurais eu le cran de le faire... et pourtant... elle aurait accepter ? Mon Dieu, où est-ce que je mets les pieds ? Le bip de mon téléphone retentit, me sortant de ce moment gênant, le thé est infusé. Je me concentre sur ça pour reprendre le souffle que je retenais malgré moi face à elle. J'ajoute un peu de lait, et un sucre, oui c'est ça, pile un sucre, ce qu'elle a demandé. Je souffle un très grand coup avant de me retourner de nouveau vers les filles qui sont au comptoir, prêtes à en découdre avec les crêpes.
- Et voilà, un Darjeeling avec son nuage de lait et un sucre pas plus. J'espère que je n'ai pas perdu la main, je t'avoue que je ne bois pas souvent de thé.
Je m'assois à mon tour avec mon café et commence à servir des crêpes pour tout le monde. Heureusement c'est Meg qui fait la conversation, elle a même accepté de goûter la marmelade de Frankie à ramener, ce qui est un miracle. Comme pour beaucoup d'enfants, elle n'est pas très fruitée... et c'est d'autant plus exceptionnel qu'elle me réclame une deuxième crêpe à la groseille.
- Et bien tu vois, c'est que très bons les fruits ma puce !
Je lui donne sa crêpe avant de souffler à la bleuet.
- Merci, tu n'imagine pas le mal que j'ai à lui faire goûter de nouveau fruits.
Nous rions tous les deux et finissons même par retrouver une conversation plus calme grâce à ma princesse qui nous détourne de cette gêne ambiante qui planait sur nous en racontant toute sa semaine à l'école. Puis... Meg nous fait du grand Meg.
- Papaaaaaaaaaaa, on peut jouer un peu maintenant ? Tu dois jouer au twister avec moi et Frankie t'a pas le choix !
Elle se met à sautiller partout dans le salon sans même que j'ai eu le temps de répliquer quoi que ce soit. Je m'avoue vaincu, nous discuterons dessins quand Meg sera plus fatiguée puisqu'elle a déjà commencé à déballer le jeu.
Il... Il fait chaud, non ? Très chaud même... oh merde, alors Tyler avait raison sur toute la ligne... la façon dont la bleuet agit avec moi, c'est réellement de la drague. Ne lui répétez JAMAIS que j'ai pensé ça, ça serait la fin du peu de tranquillité qu'il me reste. Je le connais cet andouille depuis le temps, il ne me lâcherait plus. Bon je dis ça, mais clairement il recevra un message de ma part ce soir même pour qu'on fasse le point, j'ai besoin de son aide pour y voir plus clair. Je ne sais plus comment agir et c'est absolument terrible, pourquoi faut que ça m'arrive... et le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne me laisse pas indifférent non plus...
Mais même si je lui plais physiquement, on est tellement opposées, elle s'ennuierait bien trop avec moi, je suis bien trop banal. Et puis c'est bien beau tout ça, mais est-ce que moi je serais prêt à tenter une nouvelle histoire ? J'en sais rien. Si tout était si simple avec Leïa, c'est en partie parce qu'on se connaissait déjà très bien, et parce que nos caractères étaient similaires. J'étais suffisamment à l'aise avec elle pour tenter le coup. Mais après tout, ça s'est fini tout aussi naturellement que ça avait commencé. On s'est réellement aimés, c'est certain, mais ça n'a pas duré. Alors j'en sais rien, et si au final c'était mieux d'être avec quelqu'un de très différents ? Ce genre de pensées me font flipper, je ne sais même pas si j'aurais envie d'avoir de nouveau quelqu'un dans ma vie... je suis paumé.
On se regarde dans les yeux, elle me sourit et c'est à peine si j'arrive à comprendre ce qu'elle me dit. J'ai l'impression qu'une connexion a pété dans mon cerveau et qu'il refuse d'enregistrer ce qu'il vient de se passer... Elle était déçue que je ne l'ai pas appelé ? Vraiment ? Et bordel, pourquoi est-ce que je la trouve aussi belle à cet instant précis ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'on aurait pu s'embrasser là tout de suite ? Est-ce que les choses auraient été différentes si Meg n'avait pas été dans la même pièce que nous à ce moment même ? Et puis justement, ma fille dans tout ça... est-ce que ça serait vraiment très sérieux si j'en venais à craquer pour sa prof de dessin. Ça serait mal non ? Attends... Est-ce que je craque pour elle ? Purée, pourquoi je pense à ça maintenant moi ?
Y'a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi. Oui, dès la première fois où elle est entrée au café, elle m'a intrigué. J'ai souvent eu du mal à soutenir son regard ou encore à lui répondre sans bafouiller, mais ça c'est uniquement parce qu'elle m'impressionne. J'y peux rien, je suis un grand timide, assez renfermé... Si Tyler ne me forçait pas à sortir, je passerais sans doute ma vie sur mon ordi. Alors évidemment, en plus d'être vraiment belle, elle avait le don de me mettre mal à l'aise avec sa facilité à aller vers les autres, à parler de tout et de rien avec son petit accent si mignon, à rire à gorge déployée avec mes collègues... Tout s'embrouille dans ma tête, j'ai du mal à rester concentré. Je ne sais plus quoi dire et, heureusement pour moi, mon téléphone m'indique que le thé a fini d'infuser, je détourne le regard, gêné comme jamais, confus mais peut-être étrangement flatté. Je me détourne et parle à voix basse, sans vraiment faire attention à ce que je dis.
- Oui, heureusement... Je suis désolé... Je t'aurais envoyé un message bien plus tôt si j'avais compris... enfin... Je... j'suis un boulet.
Bah oui, c'est bien ça mon gars, c'est facile de dire que tu aurais saisi cette perche alors que tu sais très bien que tu aurais passé une heure devant ton portable à hésité à lui envoyer un simple " Salut, comment tu vas ? " Quand je vous dis que je ne suis pas dégourdis, j'me connais par cœur. Ce n'est pas que je ne m'intéresse pas aux femmes, c'est plus que les relations humaines, c'est compliqué pour moi. J'ai toujours beaucoup de mal à interagir normalement avec les gens autour de moi, encore plus si ce sont des gens qui montrent un quelconque intérêt envers moi. Alors les femmes... je vous en parle même pas. Je suis bien trop timide pour oser les approcher, même quand certaines me plaisent, sans oublier que j'ai une fille, ça en refroidirait pas mal. Je revois encore mon frère d'une autre mère m'inscrire sur des applis de rencontres, ça n'a jamais rien donné... j'ai tout désinstallé bien vite. Pendant un temps, il a même réussi à me faire douter de moi en me disant que si ça trouve c'est un mec qu'il me faudrait, mais il m'a raconté quelques unes de ses frasques avec Jim et c'est un NON définitif. Ça ne m'attire pas, mais alors pas du tout.
Bon, aller, on arrête de partir en vrille tout seul dans sa tête et on se concentre sur le moment présent ! Les crêpes sont bonnes, la marmelade de groseille toute autant, et je suis sur le cul d'entendre ma fille m'en réclamer une deuxième, elle qui ne jure que par le chocolat habituellement. Je fais part de mon étonnement à Frankie, parce qu'habituellement Meghan ne mange aucun fruit, à part les fraises et les pommes. La bleuet propose à ma princesse de lui faire une salade de fruits et voilà ma fille qui lui fait un grand sourire.
- OUIIIIIII je suis sûre que ça sera très bon ! J'aime pas trop les oranges mais je veux bien goûter le reste. Et en plus ça veut dire que tu reviendras à la maison !
Si le dépit avait un visage, ça serait sans doute le mien en ce moment même... C'est une trahison de haut vol sur ce coup-là. Et dire que je me casse la tête à lui inventer tout un tas de desserts pour lui faire goûter de nouvelles choses, et voilà que la belle britannique n'a eu qu'à claquer des doigts pour qu'elle lui en réclame. Ce n'est pas juste. Mais d'un autre côté je ne vais rien ajouter. Si Frankie arrive à lui donner goût aux fruits, ça m'aidera. Inutile de braquer ma fille là-dessus. Fille qui a d'ailleurs bien vite fait de changer de sujet puisqu'elle se met à installer le tapis de jeu, bien motivée à nous faire jouer au twister avec elle.
-Non effectivement, on est coincés. Je préfère te prévenir, je ne suis pas très doué pour ce genre de truc.
Et la preuve arrive très vite, Meg nous donne les directives, pieds gauche en rouge, main droite en vert, main gauche jaune... oh non voilà que je dois me mettre presque en pompe, très instable, je vous ai dit que je ne suis pas souple ? Bah je ne pousse pas non plus à la salle, donc c'est pas facile de tenir longtemps comme ça. Je lève mon pied pour le déplacer, et m'effondre sur ma fille. Évidemment je fais attention à ne pas l'écraser. Elle éclate de rire et se moque de moi, je me joins à elle, et nous recommençons les parties. Frankie n'a pas l'air très assurée non plus, mais elle tombe bien moins souvent que moi. On se retrouve rapidement dans une position étrange, je finis par me retrouver en équilibre en pont, avec Frankie qui tente de passer son bras par-dessus mon torse pour aller chercher ce foutu rond bleu.
Elle glisse et tombe sur moi. De surprise, je me laisse tombé au sol également. Wow, elle est près, un peu comme tout à l'heure en fait, mais étrangement je crois que j'aime bien qu'elle soit aussi proche de moi. Je me sens bien en ce moment. Ma fille est hilare, je ne l'avais pas vue aussi heureuse depuis Noël quand son parrain lui a offert une console. Frankie a un sourire qui me fait fondre totalement et je crois bien ne jamais m'être senti autant à ma place dans mon propre appartement. Cette ambiance me fait du bien. Mon sourire se transforme petit à petit en un fou-rire quand je réalise la position dans laquelle nous sommes, la bleuet et moi-même. Je n'arrive même plus à être gêné, je crois, j'ai épuisé mon stock pour aujourd'hui. Alors autant rire de bon cœur avec elles, profiter de ce petit moment de bonheur même si je n'ai absolument aucune idée de ce qu'il adviendra par la suite. J'arrive à articuler entre deux rires.
- T'en fais pas, ce... c'est rien, ça fait partie du jeu.
Habituellement je ne suis pas tactile du tout, mais là, ça va... je n'ai pourtant pas mis d'alcool dans mon café... ou alors c'est juste mon cerveau qui a grillé, ça doit être ça. Ça expliquerait pourquoi je trouve presque ça agréable de sentir la jeune femme vautrée sur moi. Elle est légère, et ses cheveux sentent bons, je peux vous le dire maintenant qu'ils ne sont qu'à quelques centimètres de mon nez. Elle se redresse doucement, s'appuyant un peu sur mon torse au passage, puis me tend la main pour m'aider à me relever à mon tour. Ça y est, c'est certain, je débloque complètement, comment je le sais ? Non seulement, sa main sur ma poitrine a fait courir un courant électrique qui m'a retourné l'estomac, mais en plus, je suis presque déçu qu'elle ne soit plus assise sur moi... Je secoue la tête de tous les côtés, il faut vraiment que je me remette les neurones en places. Encore une fois c'est Meg qui me sauve de mes pensées de travers.
- Papa... j'ai soif, je peux avoir de l'eau ?
J'acquiesce et j'allais partir vers la cuisine quand je vois le regard de Frankie qui tend à me faire flancher encore plus. Elle essaie de m'amadouer avec le même regard que ma fille. Mon fou-rire revient encore plus fort qu'avant.
- Eh bien, vous vous êtes bien trouvées toutes les deux, j'ai compris deux verres d'eau pour les demoiselles.
Je retourne dans la cuisine en les laissant discuter toutes les deux. Je prépare les verres et j'ai à peine le temps de revenir au salon que je constate que Meghan s'est endormie. Affalée sur Frankie comme pour lui faire un câlin. Déjà ? Je jette un coup d'œil à l'horloge... comment ça, il est déjà 18 h 30 ? On a joué si longtemps que ça ? Je n'ai pas vu le temps passer du tout. Je tends son verre à Frankie et bois finalement celui que j'avais pris pour Meg.
- Tu veux que je la mette dans son lit ? Elle est collante quand elle s'y met. Elle adore faire des câlins.
Moi ça ne dérange pas parce que j'adore que ma fille me fasse des câlins, mais bien que je ne pense pas la jeune femme gênée par les contactes physiques, je préfère lui demander. Je me dis qu'on pourrait profiter de ce temps de calme pour enfin discuter de ce pourquoi la jeune femme est venue ici en premier lieu, les cours de dessins.
- Bon, maintenant que la tempête Meg est calmée, est-ce que tu serais toujours partante pour les cours de dessins ? Une samedi sur deux ça me paraît déjà pas mal pour commencer, enfin, si c'est possible pour toi bien sûr. Tu... tu as une idée du tarif que tu prendrais ? J'avoue que j'ai trouvé un peu de tout et n'importe quoi comme ordre de prix sur le net.
- Oui, elle a tendance à s'endormir bien vite, c'est tout ou rien avec elle, mais c'est tout ce qui fait son charme.
Parce que oui, à mes yeux Meghan est parfaite, entière, elle ne joue pas un rôle comme peuvent parfois le faire ses copines pour plaire à tout le monde. Elle est elle-même à chaque instant et je voudrais que ça change pour rien au monde, que ça plaise aux autres ou non. Alors je regarde la bleuet caresser doucement le dos de ma fille avec une certaine tendresse. Elle non plus n'est pas dérangée du tout par ma princesse et je trouve ce tableau particulièrement touchant. Meg est du genre hyper sociable, à très vite se lier d'amitié avec les autres enfants et adultes aussi visiblement, et en prime, elle est tactile, à toujours vouloir faire des câlins aux gens qu'elle apprécie. J'ai donc l'habitude de la voir faire un bisou sur la joue de ses copines d'école ou encore de sauter dans les bras de son parrain pour lui réclamer une étreinte. Mais là... qu'elle se soit endormie aussi vite sur Frankie, ça me fait un tout autre effet.
Elles sont incroyablement mignonnes toutes les deux, comme ça, ça me fait fondre. De voir la jeune femme aussi douce avec ma fille qui lui rend bien... j'y peux rien, ça touche mon cœur de papa. Je n'avais pas vu ma fille aussi à l'aise avec une grande personne depuis très longtemps et ça fait s'introduire tout un tas de questions dans ma petite caboche. Ma fille aussi heureuse dans les bras de cette femme, est-ce que ça serait un signe ? Je sens que mon cœur s'emballe un peu plus encore quand la belle artiste relève les yeux vers moi pour me dire qu'elle aime beaucoup les câlins, elle aussi.
- Elle sera bien mieux là-bas, oui, je l'emmène au calme pour sa sieste... on va dire qu'elle a le droit à un petit temps avant de manger, une chance qu'il n'y ait pas d'école demain.
Après ce geste mignon de la part de Frankie envers ma fille, ce baiser déposé sur son front, je prends Meg dans mes bras et la porte jusqu'à sa chambre. Je sens le regard de la jeune femme dans mon dos, elle me fixe, je le sais, et ça me fait rougir, encore une fois. Pourquoi est-ce qu'il faut que je sois aussi timide ? Sans rire, quand je vois Tyler, tout a l'air tellement plus simple dans ce domaine pour lui. Il est à l'aise, arrive à jouer le jeu quand on flirte avec lui, il sait comment répondre et comment rire avec les autres. Moi ça me paraît incompréhensible. Déjà j'ai du mal à comprendre si les gens me draguent réellement ou si c'est juste de l'humour... mais une fois que je le sais, je perds tous mes moyens, je panique et je fais l'autruche.
Sauf que là c'est un peu différent. Je ne peux simplement pas ne plus pas revoir et passer à autre chose, déjà parce qu'elle vs donne des cours de dessins à Meg, qu'elles s'entendent bien et que ma fille a bien trop envie d'apprendre le dessin, ça me crèverait le cœur de lui faire un coup bas comme ça. Et puis... et puis en plus je n'ai pas envie de ne plus la voir. Je crois bien qu'elle me plaît, du moins, j'aime discuter avec elle, j'aime son regard sur les choses et son énergie, même si elle est à mille lieux de la mienne. Sauf que je n'arrive pas à soutenir son regard plus de deux minutes et que je perds mes mots face à elle... pffff je ne suis pas sorti du sable je crois... Et puis bon... Est-ce que je serais capable de vivre une nouvelle relation ? Est-ce que je me sentirais assez à l'aise avec cette idée ? J'en sais rien... et comment Meghan le prendrait ? Ouai nan elle, je pense qu'elle serait contente... quoi que, elle serait capable de râler parce que je ferais des câlins à quelqu'un d'autre qu'elle... et voilà que je m'imagine entrain de faire un câlin à la bleuet maintenant... mon dieu je hais mon foutu cerveau. Je dépose ma fille dans son lit et replace ses oreilles et doudous.
- On n'est pas sortis du sable, princesse... j'ai aucune idée de ce qu'il va se passer... mais je te remercie quand même d'avoir quand même provoqué le destin... on verra bien où tout ça mène.
Je caresse un peu ses cheveux puis je me dis qu'il est temps de retourner dans le salon, Frankie va s'impatienter et je ne veux pas la laisser planté comme ça. Hop, quelques pas et me revoilà près de la belle jeune femme. Très près même puisque je m'installe juste à ses côtés dans mon canapé. Pour éviter une certaine gène, je lance directement la discussion, après tout je lui avais proposé de passer pour qu'on parle des cours, et au final on a tout fait sauf ça. Et on peut dire que je suis très content de la réponse de Frankie, même si je ne m'attendais absolument pas à la fin de sa phrase et que je vire une fois de plus au rouge... je vais finir par croire que c'est une couleur qu'elle adore sur moi parce que j'ai l'impression de ne pas avoir changé de couleur depuis son arrivée. Aller Josh... trouve un truc à dire... sois pas con... montre-lui que t'es pas indifférent parce que sinon ça va tout foutre en l'air.
- C'est une super nouvelle, elle sera contente. Et puis... je... euh... on, on peut dire que sa professeure est tout autant dans le thème.
Ok Josh, juste ferme là... c'était pas fou. Je crois que je suis encore plus rouge qu'avant. Si c'est possible, je détourne le regard et je ne sais absolument plus où me mettre. Heureusement qu'elle rebondit vite sur le côté tarif de ses fameux cours, je me raccroche à ça pour calmer un peu mon rythme cardiaque qui a visiblement cru que la tecktonik était de nouveau à la mode... c'est un miracle qu'elle ne l'entende pas d'ailleurs. Mais ce qui m'a vraiment sorti de mon état de gêne, c'est quand elle m'a dit qu'elle ne comptait pas me faire payer. Hors de question. Je relève immédiatement la tête vers elle.
- Non, je ne peux pas ne pas te payer, tout travail mérite salaire et...
Je n'ai pas vraiment le temps de finir ma phrase, elle ajoute quelque chose sur le fait de payer par des repas ou des sorties... c'est moi ou... ça sonne presque comme une demande de rencard ? Ou alors, c'est moi qui voudrais que ça en devienne un ? Oh. Mon. Dieu. J'ai grillé un fusible, ça y est, mon cerveau en ne répond plus. Je m'entends vaguement lui répondre sans réaliser ce que je dis.
- Euh, oui pourquoi pas... si tu préfères comme ça... ça ne me dérangerait pas. Mais t'es sûre que ça te conviendrait ?
Attends, je viens d'accepter ce que j'ai interprété comme étant une demande de rendez-vous ? Bah merde... là c'est Tyler qui ne va pas me croire. Mais genre... ça veut dire quoi ? Je lui propose qu'on se voit un soir pour aller au resto ? Genre juste tous les deux ? Ça serait pas trop bizarre ? Où j'emmène Meg ? Nan, ça serait encore plus bizarre... Oh merde, je suis encore paumé, je ne sais pas quoi faire... oh ! Sinon... peut-être que je peux lui proposer de rester dîner avec nous après les cours ? Si on reste dans le cadre de mon chez moi, déjà je me sentirais plus à l'aise et plus en contrôle, ça me permet de ne pas faire n'importe quoi parce que je sais que Meg sera là, et ça nous permettra de mieux nous connaître avant de peut-être envisager un vrai resto ?
- Si tu veux... il paraît que je cuisine pas trop mal, je peux te proposer de rester partager le repas avec nous après les cours pour le moment ? Enfin, si ça t'intéresse. Ça nous permettra peut-être de faire un peu plus connaissance... d'ailleurs... Je marque une petite pause... est-ce que je lui propose ? Megh sera contente, et puis j'aime bien sa compagnie. Si ça te dit ce soir, je comptais faire des crêpes salées, et il y en a largement assez pour trois alors... tu peux rester avec nous ?
Wow, j'ai réussi à dire tout ça sans bégayer ! Et mieux que ça, tout en la regardant droit dans les yeux, sans flancher et sans la quitter des yeux. Et bon sang, je n'avais jamais vraiment fait attention, mais ils sont magnifiques. De beaux yeux noisette, allant d'une belle brun doré au vert, légèrement différents selon la lumière qui s'y reflète. Je ne sais pas trop ce que je lis dans ses yeux, mais j'ai l'impression de m'y perdre un peu, comme si elle m'aspirait à travers son regard. Je lui souris, peut-être un peu bêtement d'ailleurs, je ne sais plus quoi dire ni quoi faire mais une petite part de moi se met à jalouser ma fille qui a pu la prendre dans ses bras tout à l'heure.
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