flashback w/  @Ivy Clarke  

Épuisée, c’est quand même avec excitation qu’Adèle regardait l’heure et comprenait que sa journée de travail était enfin terminée. Elle avait pris du retard en raison de la charge de travail qu’elle avait ces derniers temps, mais ce n’était pas quelque chose qui la dérangeait réellement. Avec le beau temps qu’offrait l’été à Fall River, les animations se voulaient plus nombreuses et elle prenait toujours autant de plaisir de s’y investir pour que tout se déroule parfaitement. Son travail l’aidait également à penser à autre chose et à se changer les idées. Il fallait dire que sa vie était devenue un véritable bazar et son cœur en vrac lui mettait des bâtons dans les roues. Mais peu importait, aujourd’hui était un grand jour puisqu’elle allait retrouver Ivy, sa meilleure amie. Une amitié de longue distance qui n’empêchait pas que les filles soient aussi proches qu’elles l’étaient.

Une fois ses affaires en sa possession, Adèle quittait l’hôtel pour prendre la direction du Pop’s Chock’Lit Shoppe qui ne se trouvait pas très loin puisque son lieu de travail était déjà à l’extérieur de la ville. Une dizaine de minutes plus tard, elle se garait dans le parking de l’établissement en cherchant déjà la blonde du regard à travers la vitrine. Une fois entrée, elle se dirigeait vers sa meilleure amie qui semblait avoir l’esprit ailleurs, ce qu’elle pouvait aisément comprendre au vu des récents événements. Bien qu’elle n’avait pas tous les détails en tête, Adèle était consciente qu’Ivy vivait quelque chose de douloureux et elle voulait être présente à ses côtés du mieux qu’elle le pouvait. Elle s’approchait de son amie et d’une voix douce pour ne pas l’effrayer, elle la saluait en tendant les bras vers la jeune femme. « Et moi donc, j’ai l’impression que ça fait une éternité ! ». Adèle constatait que leur étreinte durait et elle ne s’écartait pas de la blonde pour la serrer d’autant plus et tentait de lui faire comprendre qu’elle était bien là à présent. « Je ne pensais qu’à ce moment toute la journée, je te jure, je ne sais pas comment j’ai fait pour tenir ! ».

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Heureuse d'être aux côtés de son amie, Adèle imaginait déjà toutes les choses que les filles allaient pouvoir faire maintenant qu'Ivy était en ville. Elle avait grandement besoin de se changer les idées en ce moment et il était évident que de se focaliser sur des sorties et activités allaient être d'une grande aide. Mais tout cela allait être discuté bien plus tard, Adèle préférant se concentrer sur la blonde qui ne semblait définitivement pas dans son assiette, même si elle constatait qu'elle était ravie d'être en sa compagnie. « Dis moi tout ! Comment tu vas ? Tu as pu t'installer comme tu le voulais ? ». Peut être un peu trop excitée, Adèle voulait tout savoir de l'arrivée de son amie et il fallait dire qu'elle culpabilisait de ne pas avoir pu être là pour l'aider à s'installer comme elle l'aurait voulu.

Adèle en profitait pour s'asseoir face à son amie et elle déposait ses affaires à ses côtés pour être tranquille. « Tu sais déjà ce que tu veux prendre ? ». Elle s'emparait de la carte alors même qu'elle connaissait la connaissait par coeur, par habitude disons. Au bout de quelques secondes, son regard se pose sur un milkshake à la vanille et elle se décidait à opter pour ce choix. Posant la carte, Adèle observait Ivy et il ne lui fallait pas plus longtemps pour prendre les mains de son amies dans les siennes. « Tout va bien Ivy ? ». La jeune femme ne voulait pas mettre son amie dans l'embarras ou la mettre mal à l'aise, mais elle ne pouvait pas non plus ignorer cette impression qu'elle avait à son sujet. C'était comme si Ivy avait envie de se confier à elle sur quelque chose d'important, mais qu'elle n'osait pas se lancer puisqu'elles venaient à peine de se retrouver. Mais ce n'était qu'une formalité aux yeux d'Adèle, tout ce qu'elle voulait, c'était être là pour sa meilleure amie, d'autant plus maintenant qu'elles étaient proches physiquement.

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Adèle était tellement ravie de revoir Ivy après tout ce temps qu'elle n'avait pas tout de suite remarqué sa retenue. Et maintenant qu'elle l'observait davantage, elle comprenait que tout n'était pas comme d'habitude. Puis, elle avait l'air d'insinuer qu'elle voulait repartir au plus vite, ou du moins, que ça ne la dérangerait pas. Les kilomètres avaient-ils eu des effets sur leur relation ? Elle ne savait pas trop, non, ce n'était pas l'impression qu'elle avait eu en discutant presque quotidiennement avec la blonde, mais elle ne pouvait plus ignorer ce qu'elle venait de comprendre. « Tu ne restes pas longtemps à Fall River ? ». La question était bien trop tentante et elle voulait en connaître la réponse, elle qui était si enjouée à l'idée de la retrouver enfin. Peut être qu'Adèle s'était trompée et qu'elle avait mal compris les intentions d'Ivy, c'était aussi une possibilité.

« Je commande pour toutes les deux ? Il y a un nouveau milkshake que je meurs de vouloir essayer ». Bien sûr qu'Adèle avait entendu le long soupire d'Ivy, bien sûr que ça l'inquiétait, mais elle préférait garder le même ton enthousiaste pour ne pas lui faire défaut. Elle ne pouvait s'empêcher de croire que la blonde avait un souci avec elle ou juste qu'elle se rendait compte que d'être proche physiquement était moins bien que de lui parler à travers des messages. « D'accord ». Son estomac se tort, plus le temps le passait, plus tout devenait évident : quelque chose clochait. Bien loin du compte, Adèle restait quelques secondes silencieuse suite à l'annonce d'Ivy. Elle qui s'était fait tout un film dans sa tête n'avait jamais imaginé qu'en réalité, elle souffrait. « Oh mon Dieu Ivy... ». Il n'en fallait pas plus pour que la demoiselle se lève et prenne place aux côtés de son amie en lui prenant la main. Elle aurait préféré la prendre dans ses bras et l'enlacer fort, mais ce n'était peut être pas ce qu'elle voulait pour le moment. « Je suis tellement désolée pour ton frère, je ne peux qu'imaginer à quel point c'est douloureux. Si je peux faire quoique ce soit... Je suis là ».

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La blonde accusait le coup comme elle le pouvait, déçue de cette réponse, même si elle s'y attendait quelque peu. Elle s'en voulait à elle-même de s'être dupée toute seule, persuadée qu'Ivy allait rester dans le coin plus longtemps que prévu. Tant pis, ce n'était pas si grave, elle allait s'y faire et respecter le choix de son amie quoiqu'il arrivait. « Oui je comprends, tu dois être habituée à ne plus être avec eux au quotidien en plus, ce n'est jamais facile de revenir. Et si t'en as besoin, tu sais que tu peux venir souffler chez moi, Miles adorerait te voir ». Prénom qui lui donnait envie de grimacer après le comportement changeant de son partenaire de vie, mais ce n'était ni le lieu, ni le moment d'ouvrir ce sujet brûlant. Adèle ne voulait pas accaparer la conversation, voulant tout savoir sur son amie enfin de retour en ville.

« C'est vrai que les choses changent en un battement de cils, on ne s'en rend pas forcément compte en vivant ici, mais pour les revenants, ça doit être presque un nouveau lieu. Je m'occupe des boissons alors ». Une carte qu'elle zieutait encore quelques secondes avant de la poser sur la table, signe d'alarme pour une serveuse qui prenait leur commande avant de s'éloigner. Elle hésitait toujours, ne sachant si le moment était propice pour insister un peu plus et partager ses impressions avec Ivy. La jeune Marlow connaissait assez son amie pour desceller en elle ce mal être qu'elle percevait sans grande difficulté. Mouvement de recule lorsqu'elle posait son dos contre le siège confortable, sans ne jamais quitter la blonde du regard. Elle ne s'était définitivement pas trompée, du moins, pas sur la tristesse évidente de son amie, bien qu'elle était persuadée d'être la raison de ce malaise. Le pouce qui caresse doucement le dos de sa main, elle laissait le temps à Ivy de reprendre ses esprits et de réfléchir aux informations qu'elle allait s'autoriser à lui donner. « Je comprends mieux pourquoi vous vous êtes tous réunis, je m'étais posée la question je dois l'avouer ». Interrogation qu'elle avait gardé pour elle parce que ça n'avait pas forcément son importance. « C'est déjà assez difficile d'accepter le départ d'un être cher et de vivre le manque au quotidien, alors l'annoncer à d'autres... Ne t'excuse pas Ivy, tu n'as rien fait de mal ». Elle aimerait pouvoir faire plus et apaiser la douleur qu'elle imagine être terrible de son amie, mais impuissante, tout ce qu'elle continuait de faire, c'était de tapoter la main de la blonde en guise de réconfort.

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Tout s'expliquait à présent, les pièces du puzzle gagnaient chacune leur place pour peindre cette image limpide qui justifier tous ses questionnements. Adèle n'était pas vraiment doué pour réconforter les gens, savoir quoi dire, quels mots utiliser ou quoi faire... Pas vraiment un domaine d'expertise. Mais elle ne pouvait et ne voulait pas ignorer la peine de son amie, celle qu'elle a descellé sur le visage d'Ivy un moment déjà. « On s'y habitude vite en réalité, la ville est chaleureuse. Peut être qu'avec un peu de temps, tu n'auras plus envie de partir ». Hypothèse lancée au hasard, mais elle restait sincère, Fall River avait été d'un réconfort inexplicable lorsqu'elle n'allait pas toujours bien et se savoir "à la maison", dans ce cocon doux et chaud faisait vraiment du bien. Ce n'était surement pas suffisant pour éponger la douleur qu'Ivy ressentait, mais la blonde ne doutait pas qu'être ici allait finir par lui faire du bien, même si cela voulait dire partir à nouveau pour Londres par la suite.

« Je suis vraiment heureuse de te voir, Ivy ». Elle aimerait vraiment faire plus, dire plus, mais ce n'était pas nouveau qu'Adèle n'était pas douée avec les mots. Son amie le savait aussi et elle ne lui en tiendrais pas rigueur. Et même si elle se sentait perdue et impuissante face au mal être d'Ivy, Adèle voulait être présente, porter même un peu de ce poids qui alourdissait ses épaules. Juste qu'elle sache qu'elle était là et qu'il ne lui fallait qu'un signe pour qu'elle rapplique. « J'aurais préféré que tu sois là pour d'autres raisons bien sûr... Prend le temps qu'il te faut, je serais là à chaque fois que tu en auras besoin ». Tout comme Ivy l'avait été pour elle lorsqu'elle ne se sentait plus d'affronter chaque jour après Noan. Ce n'était que lui rendre la pareille, condition tacite de leur belle amitié qu'il était aisé d'exécuter avec elle. La serveuse vient rompre l'intensité de leur conversation pour déposer la commande passée plus tôt devant elle, mais Adèle ne la voit pas, bien trop préoccupée par son amie. « Ça ira oui, le temps jouera son rôle, mais ça ne veut pas dire que tu dois tout garder pour toi. Si tu as besoin d'hurler jusqu'à ce que ton cœur explose, je l'endroit parfait en ville pour ça ». Touche d'humour sur fond de vérité, elle connaissait réellement l'endroit parfait pour cela et il suffisait qu'elle lui dise "oui" pour l'emmener tout de suite.

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Peut-être qu'Adèle allait trop vite en besogne, peut-être qu'elle rêvassait de ce moment précieux où Ivy lui annoncerait vouloir rester en ville pour s'y installer définitivement en vain, oui, peut-être... Mais cela n'était que la preuve de ce lien qui les unissait et qui était toujours aussi solide et ce, même si la distance s'imposait entre elles. "Loin des yeux, loin du coeur" expression lourde de sens qui ne s'appliquait aucunement pour elles, Adèle retrouvait son amie à chaque fois comme si elle l'avait quitté la veille. Différent cette fois, ce goût amer dans la bouche dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. Jamais elle ne pourrait prétendre comprendre sa douleur, sa perte ou ce manque qui s’accrochait à ses tripes. Pourtant, elle voudrait faire plus, juste un peu plus pour lui ôter une infime part de sa peine et porter la souffrance à deux.

« Bien sûr, encore une fois, prend le temps qu'il te faut. Et si tu as besoin de t'échapper de temps en temps, ma porte est grande ouverte, je ne pense pas avoir besoin de te le dire ». Un appel ou quelques mots à travers un message suffisent pour qu'Adèle l'accueille à bras ouverts dans son cocon, ce qu'elle pouvait d'ailleurs se permettre à présent. Ne pas insister, rappeler sa présence au besoin et l'écouter pleinement, c'est tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment, incapable et impuissante pour le reste.  « Je l'imagine très bien, je suis sûre que ça fait super longtemps que ce milkshake te fait de l’œil ». L'esprit qui se connectait directement à ses souvenirs et à ses longues conversations avec la blonde sur leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets. Deux adolescentes devenues des jeunes femmes  qui grandissent et murissent à l'unisson. « Tu dois laisser du temps au temps. Je sais que c'est très cliché de dire ça, mais chaque chose en son temps. Tu as ce qu'il faut pour te relever de cette épreuve, mais tu dois accepter la situation et faire le deuil avant toute chose, ce qui est loin d'être facile, d'où la nécessité de prendre ton temps, rien ne presse ». Adèle ne savait même pas si ses paroles étaient les bonnes choses à dire, mais quelque part, si c'était elle qui se retrouvait dans une situation similaire, elle aimerait entendre ces mots qu'elle trouvait réconfortants et apaisants à la fois.

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« Me voilà rassurée ! Tu passes vraiment quand tu veux, j'ai toute la place du monde ». Proposition sincère qu'Adèle est prête à mettre en place de suite. Elle se disait que cela permettrait à Ivy de se changer les idées et de peut-être penser à autre chose. Plus aisé à dire qu'à faire, c'était une évidence, mais Adèle était prête à mettre les moyens en place pour accueillir son amie chez elle et lui donner un moment de répit, du moins, le temps de quelques heures ou nuit. Elle s'imaginait déjà toutes les sucreries et autres aliments néfastes pour la santé d'ordinaire, qui jonchent le sol, un film à l'eau de rose classique et deux femmes habillées de pyjamas colorés mais confortables, installées n'importe comment au milieu de son salon, maudissant le personnage féminin de la comédie romantique pour les choix grotesques qu'elle ferait dans le scénario. Ce n'était rien de bien original, mais ce sont ces simplicités qu'Adèle aimait par dessus tout et avec la distance, elle n'avait pas la possibilité de vivre ces soirées entre filles avec Ivy très souvent. L'autre avantage, c'est qu'au moins, Ivy ne serait pas entouré de choses qui lui rappellent son frère : pas de parents, pas de fratrie, pas d'affaires à Peter qui traînent, pas de vue sur les photos de famille, sur son écharpe qui devait toujours traîner sur le porte manteau...

« N'est-il pas incroyable ? D'accord, ce n'est qu'un milk-shake, mais jamais tu n'en boiras un similaire ailleurs, ils sont incroyables ici ! ». Maintenant qu'elle en avait vanté les mérites, Adèle s'empressait de coincer la paille entre ses lèvres pour en boire le contenu. Le liquide épais et sucré qui lui glace d'abord la langue, avant de l'apaiser avec sa saveur vanille, exactement comme elle l'aimait.
Injuste, le mot était choisi à la perfection pour ce genre de cas. Injuste, parce qu'il ne méritait pas de s'envoler si tôt, si jeune. Injuste parce qu'il n'avait pas eu le temps nécessaire pour vivre toutes les expériences qu'est supposées proposer la vie. Injuste parce qu'il devait encore aimer, découvrir, pleurer, rire, crier et toutes ces choses qu'il n'était plus en mesure de faire à présent. Injuste, parce qu'il laissait des cœurs meurtris derrières lui. Adèle ne pouvait qu'imaginer la douleur, l'incompréhension et le manque que pouvait ressentir son amie, personne ne pouvait le comprendre si ce n'était ceux qui vivaient exactement la même chose. Elle espérait intérieurement que les Clarke allaient avoir la force nécessaire pour surmonter cette terrible épreuve et qu'ils se soutiendraient coûte que coûte.  « Et c'est tout à fait normal tu sais, il s'agit de ton frère, ce n'est pas n'importe qui ». Adèle ne pourrait jamais prétendre savoir ce que vit son amie, elle qui est une enfant unique et qui n'a - pour le moment en tout cas - jamais connu la perte d'un être cher. La perte, la déchirure, la douleur sont des choses qu'elle a bien connues, bien vécues, qu'elle supportait même encore aujourd'hui, mais cela n'avait jamais de lien avec la mort. Elle avait perdu Noan, il lui avait déchiré le cœur et cette douleur était toujours présente au plus profond de son être, mais toutes ces choses n'avaient strictement rien à voir avec la perte définitive d'un être cher, raison pour laquelle cette situation lui semblait délicate, la jeune Marlow ne sachant comme soutenir davantage Ivy.

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Rien ne pouvait réduire la peine d'Ivy à cet instant précis et pour cause, ce qu'elle vivait était difficile et Adèle ne pouvait qu'imaginer une infime partie de ce qu'elle traversait. Elle ne sait pas si c'est une question de de chance ou non, mais étant donné qu'elle était fille unique, il lui était impossible de connaître la proximité et l'amour d'un frère ou d'une sœur. Du moins, pas une personne avec qui elle aurait partagé des liens de sang, ce qui, à ses yeux, n'étaient pas nécessaire pour être considéré comme de la famille. Ne serait-ce que sa relation avec Ivy : elle était une personne si importante dans sa vie qu'elle n'avait pas besoin d'en dire davantage, Ivy était une véritable sœur à ses yeux et ce, même si elles ne portaient pas le même nom de famille ou le même ADN. Quant bien même, ce n'était pas comparable a tout ce qu'elle avait vécu avec Peter. Adèle ne pouvait finalement rien faire d'autre qu'être présente et à l'écoute pour son amie, ce qu'elle comptait faire bien entendu.

« Moi, c'est toi qui m'a manqué ». Petite tactique pour reprendre ses mots alors qu'elle parlait de la boisson. Ivy était perdue, triste et blessée à cause de ce qu'elle vivait alors la blonde se disait que lui rappelait qu'elle était aimée pouvait apporter un petit coup de pouce et lui remonter ne serait-ce qu'un peu le moral. « Bien sûr que j'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances... Mais je suis vraiment heureuse de te revoir et de te savoir ici ». Elle lui adressait un sourire délivré avec tendresse pour lui faire comprendre à quel point elle était sincère.

« Bien sûr que non Ivy. Et même si c'était le cas, personne n'a le droit de dire quoique ce soit à ce propos, pas même moi ». En réalité, Adèle pouvait tout à fait comprendre le point de vue de son amie, mais même si elle était en désaccord avec elle à ce propos - ce qui n'est pas le cas - elle ne se serait jamais permise de dire quelque chose. « Tu as le droit de vivre et de penser ce tragique événement de la manière qui te semble la plus juste. Personne ne ressent exactement la même chose que toi à cet instant précis et personne ne peut te dire comment ou quand gérer la chose. C'est quelque chose de très difficile à vivre et je ne laisserais personne te faire croire le contraire ». Adèle serait même prête à se bagarrer avec sa fratrie s'il le fallait, elle n'hésiterait pas une seule seconde pour prendre la défense de son amie. Que le premier qui ose lui dire quelque chose se ramène, elle allait s'en occuper sans problème ! « Je ne me permettrais jamais de dire que je peux comprendre ce que tu vies, parce que c'est faux et que ta douleur est propre à toi et votre vécu avec Peter. Ça vaut pour tous les autres et même ta famille. Je suis prête à sortir les poings pour leur faire comprendre s'il le faut ! ». Nouvelle touche d'humeur qu'elle glissait à la suite en mimant le geste et fronçant les sourcils pour se donner l'image d'une femme prête à se battre alors qu'elle savait pertinemment qu'elle n'était pas crédible.