In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Une bonne grosse journée de merde aujourd'hui quand même... Ce matin, je me lève, en retard sinon ce n'est pas drôle... plus de café... bon, j'en fais couler le temps d'aller prendre ma douche... plus d'eau chaude... Je démarre mon van... je crève un pneu... J'arrive au boulot, mon fournisseur est passé avant que j'ouvre, puisque j'étais en retard... donc il repassera cet aprem... je vous jure le karma s'abat sur moi ! Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Et pour ne rien arranger... les gars étaient déjà partis taffer et je n'arrive pas à mettre de crème sur mon nouveau tatouage dans mon dos... le coup y' a pas de problème, mais je ne suis pas assez souple pour le milieu du dos, donc ça me démange, mais de fouuuuuuuuuuu. Et il ne faut surtout pas gratter... Kaleb me tuerait.

La matinée se finit et je ferme la porte d'entrée le temps de prendre ma pause dej, et vais m'acheter un sandwich au poulet à la boulangerie d'à côté. Je mange rapidement et retourne à mon poste, je veux ouvrir de bonnes heures pour pouvoir assurer la livraison cette fois ci, je paierai un café au livreur pour me faire pardonner, il est déjà bien assez gentil d'avoir accepté de repasser plus tard.

Alors que j'étais en train de fouiller sur mon site fournisseur pour me tenir informé des nouveautés, la porte d'entrée s'ouvre, je lève la tête en espérant voir ce fameux livreur mais... la voix qui me parvient n'est clairement pas la sienne.

- Salut Jiiiiiiiiiiiiiim !

OH MON DIEU. Pitier... tout mais pas elle... la blonde là, heu Laura, je crois ? Elle me prend la tête depuis des semaines. Elle à du stalker l'Insta du groupe et peut être qu'elle a pu tomber sur celui de la boutique... depuis elle passe au moins deux fois par semaine, juste pour "discuter".

Elle m'a par deux fois déjà suggéré de passer plus de temps ensemble dans l'arrière-boutique... ce que bien évidemment j'ai refusé ! Déjà, elle n'est pas du tout mon genre. Et elle est d'un sans gène qui me rend fou, et pas dans le bon sens tu termes. La voilà qui s'approche de moi, et qu'elle me tape la bise en s'appuyant des deux mains sur le bureau.

- Comment tu vas aujourd'hui ? Moi je vais trop bien, je ressors de chez l'esthéticienne, j'ai douillé comme ce n'est pas possible, vraiment l'épilation, c'est un enfer ! Mais bon, il faut souffrir pour être belle hein !

Tout en disant ça elle se penche en avant, me laissant une vue bien dégagée sur son décolté. Je n'y glisse même pas un œil, il y a bien un moment ou elle va comprendre que je m'en fous d'elle non ?

- Ouai salut Laura, si tu l'dit... est ce que je peux faire quelque chose pour toi ?

Ou est-ce que tu vas encore rester pendant huit plombs juste pour me casser les couilles ? Nan, parce que je veux bien être gentil et lui servir mes meilleurs sourires commerciaux... Elle n'a jamais rien acheté... juste elle papote et gêne mes clients.

Alors qu'elle me déblatère tout un tas de conneries sur sa séance d'épilation du maillot... je retiens un haut le cœur en imaginant ça... ça doit faire un mal de chien, il est vrai, mais je ne veux pas avoir ce genre d'images en tête moi, elle attrape un tabouret et s'assoit dessus... merde elle a prévu de rester.

La porte s'ouvre de nouveau et le livreur entre. Mon sauveur ! J'interromps la blonde qui n'a toujours pas fini de raconter sa vie et vais réceptionner ma livraison tout en parlant avec le livreur.

- Raaaaah je m'excuse tellement, merci d'avoir accepté de repasser, j'ai eu que des galères ce matin, impossible d'arriver à l'heure au boulot.

Le livreur me dit que ce n'est pas grave, et me fait singer le bon de livraison.

- Pour me faire pardonner, je peux t'offrir un café ?

Il regarde par-dessus mon épaule et me désigne la jeune femme qui recoiffe dans la vitrine... Il dit que je suis en bonne compagnie, me fait un clin d'œil lourd de sous-entendu et me dit qu'il ne va pas me déranger plus longtemps... Mais non ! Putain, dérange moi !! ! je ne veux pas rester seul avec elle !

Pourquoi je ne la dégage pas ? Bien... on a déjà eu pas mal de soucis avec le groupe, si je la vire un peu trop sèchement, rien ne dit qu'elle ne va pas raconter des saloperies sur nous sur les réseaux, et on n'a pas besoin de ça du tout. Donc je prends sur moi et continue de refuser toutes ces avances. Je regarde le chauffeur s'en aller, avec beaucoup de tristesse et une pointe de désespoir.

Je sens des mains se poser dans mon dos, haaaa putain non, pas sur les tatouages tout frais ! Ah la conne ! Je me dégage rapidement sur le côté.

- Ouai, heu... du coup, heu... t'es venue ici pour quelque chose en particulier ?

-  Bah pour te voir grand bêta ! Tu sais, j'aimerais beaucoup qu'on sorte un peu tous les deux un de ces soir... ça te dirais ?

NON ! .... Je tousse dans ma main pour masquer ma gêne, je déteste éconduire les gens commes ça... mais là c'est pas possible.

- Tu sais, j'ai un emploi du temps très chargé... je ne pense pas que ça sera possible. Et puis j'ai pas mal de boulot là, donc je ne vais pas pouvoir rester parler avec toi...

Et la voilà repartie dans son délire, elle n'a même pas écouté ma réponse qu'elle est déjà entrain de regarder s'il y a des films au ciné prochainement... A l'aide... je vais la buter ! Oh, mais ! Attends, j'ai une idée !

J'attrape mon portable, on en a parlé avec Astoria l'autre jour !J'ouvre la conversation Messenger où elle me dit que la prochaine fois, je peux la "sextoter" en cas de besoin. Un petit sourire en coin apparaît sur mes lèvres en relisant ce message, et je me sens instantanément mieux.

Zut Laura a vu mon sourire et croit que c'est pour elle... J'envoie un message à Jellybean, un émoji aubergine suivi d'une pêche... je saute quelques lignes et ajoute un "ALED !"Elle comprendra tout de suite, j'en suis sûr !

Par pitié, ma jolie, fais vite... je ne vais pas la supporter encore longtemps.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Je jette un nouveau coup d'œil à mon téléphone, un petit émoji Ambulance apparaît, et je remercie ma petite brune de se déplacer pour me sauver... Laura me pompe toute mon énergie, j'en ai ras le bol.

Un client est venu prendre du matériel de nettoyage pour sa guitare, je lui conseille deux ou trois trucs sur l'entretien de son petit bébé. Nous nous rapprochons de la caisse pour passer au paiement et l'autre blondasse qui m'attend devant refuse de bouger pour laisser payer mon client. Je l'attrape par le bras pour la déplacer légèrement, même si j'ai très envie de l'encastrer dans le mur... retiens-toi Jim.. T'es au boulot... retiens-toi.

- Tu permets ? Y' a des gens qui attendent. Et surtout casse-toi, putain ! Je me retiens de lui hurler.

Je procède à l'encaissement et mon client repart, visiblement content de ses achats, mais surtout content de ne plus voir le regard assassin de la blonde... elle va faire couler mon commerce cette cruche !

- Ecoute, euh... Laura... Ça serait cool que tu arrêtes de venir ici, c'est mon lieu de travai...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle se penche en avant sur la table et se rapproche dangereusement de moi. Je recule rapidement sur ma chaise. Elle fait une petite moue déçue et ce remet à me parer des films au ciné cette semaine tout en jouant de plus en plus avec son décolleté. Meuf j'en ait rien à foutre !

Alors que je tente de me concentrer sur mes commandes et de trouver une façon correcte de lui faire comprendre qu'il faut qu'elle parte, autre que de lui coller mon point dans sa face, j'entends la porte s'ouvrir.

Mon regard sur pose, sur la magnifique petite brune qui vient d'entrer... et tout le reste autour d'elle disparaît. Putain, Astoria... Je la détaille de la tête au pied et j'ai du mal à garder ma mâchoire fermée, elle est incroyable. Je sors de mes pensées quand elle s'approche en me disant être désolée du retard, ne t'en fais pas ma belle, tu es toute excusée. Avec un grand sourire, je lui réponds.

- Hey Jellybean ! Y' a pas de soucis, ne t'en fais pas.

Bon la suite par contre je n'étais clairement pas prêt, elle s'assoit sur mes genoux et glisse ses bras autour de mon cou. Je me contiens le plus possible pour ne pas rougir et garder contenance. Quand elle lâche le "tu m'as manqué chaton", je plante. Chaton, le retour du surnom... Zepp avait raison, alors ? Non, non... arrête Jim, elle essaie juste de faire dégager la blondasse en face de moi. Je décide d'ailleurs de jouer le jeu. Je glisse un bras autour de sa taille et pose mon autre main sur son genou. Je glisse un bisou sur sa joue et lui réponds

- Toi aussi, tu m'as manqué, ma jolie.

Alors qu'elle demande à Laura si elle veut une photo, elle devient pâle. Putain elle ferme enfin sa gueule, c'est jouissif ! Elle balbutie quelques excuses et s'en va sans demander son reste. Je suis tellement soulagé, vous n'avez pas idée !

Astoria éclate de rire en étant toujours sur mes genoux, et je me sens super bien. On se moque un peu de la blonde qui vient de sortir en trombe d'ici.

- Encore un coup de génie de mademoiselle Talis !

Elle rapproche encore un peu plus de moi,  rigolant et me disant que j'avais de la chance. Ah ça oui, j'en ai de la chance. Ce qui me surprend par contre, c'est qu'elle ne semble pas plus perturbée que ça de la distance qui se réduit entre nous. Moi j'en suis tout retourné, je suis très certainement plus rouge encore que les flammes de l'enfer. Mes mains toujours sur elle, j'ose à peine bouger pour ne pas faire de boulettes. Mon cerveau plante encore plus quand je vois son collier... un ras de cou en deux morceaux de cuir relié par un anneau en forme de tête de chat. Les mots de Zepp me reviennent encore une fois en tête. Raaaaa, mais pourquoi je lui ai montré ces messages déjà ? Je suis encore plus largué maintenant.

Elle remarque mon malaise, puis la distance entre nous deux, et commence à se décomposer. Je la sens hésiter, comme si elle voulait se lever, mais en même temps... Je n'ai pas envie qu'elle bouge. Alors comme pour briser ce silence plus que gênant et la retenir auprès de moi, je glisse mes deux bras autour de sa taille, l'attire tout contre moi et pose mon front contre son oreille.

- T'es ma sauveuse Jellybean, je ne sais pas comment j'aurais réussi à me débarrasser de cette sangsue sans toi ! Merci.

Je parle de façon théâtrale pour la faire rire, ce qui semble fonctionner et bon sang qu'est-ce que j'aime son rire. On reste comme ça quelques instants, je sens la tension redescendre, en tout cas de mon côté. Je relâche mon étreinte et lui rend toutes ses libertés de mouvement.

- Est-ce que tu veux manger quelque chose ? Ce sauvetage de chaton en détresse mérite au moins un beignet ! Dis-je en désignant du menton la boulangerie en face de ma boutique.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Elle m'avait prévenu qu'elle attaquerait au mollet, de mon point de vue, elle lui a plutôt sauté à la gorge, enfin dans le cas présent, c'est plutôt à la mienne qu'elle a sauté, et ce n'est clairement pas pour me déplaire.

- Je vais vraiment finir par t'embaucher comme garde du corps, tu sais ?

Je ris tout seul à l'idée de voir Jellybean en tenue d'agent de sécurité, même si je ne doute absolument pas de ses capacités à foutre les gens dehors, elle ce petit regard qui tue et cette rage dans la voie quand elle s'y met. Bon pas sûr que les gens la prennent au sérieux aux premiers abords, mais il y fort à parier qu'elle se ferait respecter.

Elle se lève et quitte mes jambes, je la laisse s'éloigner à contrecœur. Elle est presque plus grande que moi dans cette positon et ça me fait rire, pour une fois, c'est elle qui me regarde de haut. Je lui propose donc d'aller chercher à manger et son regard s'illumine instantanément. A noter pour même, ne jamais promettre de sucre à Astoria. Ou alors surtout ne pas oublier d'en prendre ensuite. Je me lève à mon tour et mets mon portefeuille dans la poche arrière de mon jeans.

Je lui cède la boutique quelques minutes, je lui fais confiance, elle va gérer et puis y' a pas grand monde aujourd'hui, elle ne devrait pas avoir de difficultés. Je sors rapidement et cours dans la boulangerie juste en face. Il y a deux personnes devant moi ce qui me laisse le temps de replonger dans mes pensées. Je n'y avais pas songé plus tôt, mais dire que je suis déjà pris, ça marcherait pour envoyer balader gentiment les groupies un peu trop collantes. Mes pensées vagabondent et repense à tout à l'heure. J'avais planté complètement sur sa gorge, ce collier avait fini par me donner des idées, qui ne doivent réellement rester que des idées d'ailleurs. Mes yeux avaient glissé sur ses lèvres, et bon sang j'ai bien cru que j'allais encore l'embrasser, ou alors, c'est elle qui a failli m'embrasser ? Je ne sais pas, c'est aller si vite.

La voix de la boulangère me réveille, elle me demande poliment ce que veut. Merde, je n'ai pas réfléchi... Heu, on a dit des beignets...

- Je vais vous prendre les beignets qu'il vous reste.

Je regarde rapidement, il en reste quartes à la cannelle, deux à la framboise et deux au chocolat et trois au caramel.  Ouai... j'abuse peut-être un peu... ceux à la cannelle aurait suffi, mais... elle m'a pris par surprise ok ? Je paie de retourne rapidement dans ma boutique. Bah, on va pas mourir de faim, écoutez ! Au pire, il y en aura pour après le cours ou même pour le petit dej de demain matin.

Astoria a les yeux fixés sur l'écran de mon PC, qu'est-ce qu'elle regarde ? Pour annoncer ma présence, je fais sonner la cloche en haut et m'annonce avec cette grande boîte pleine de sucre. Astoria se moque de moi, assez ouvertement d'ailleurs en me disant que j'ai dévalisé la boutique

- Ne te moque pas... j'ai paniqué ! J'ai tout pris. Disons qu'au moins on mourra pas faim ?

Nous rigolons tous les deux, et j'ouvre la boîte de beignets pendant qu'elle sort une bouteille de son sac. Je prends un beignet et le lui tend, le choix est très vite fait. Un à la cannelle. Elle me sourit de toutes ses dents et je lui pique sa bouteille d'eau pour en boire une gorgée que j'ai failli recracher quand elle me sort un truc du genre "tu es tellement l'homme idéal". WOW, comment ça, homme idéal ?  Je n'ai pas le temps de réagir qu'elle s'assoit et me tend une serviette en disant qu'au moins je ne me tâcherai pas et que je ne pourrais pas dire que c'est elle qui veut me déshabiller. Je n'arrive pas à savoir si elle me chauffe ou si elle me taquine... c'est si... ambiguë ? Pour ne pas trop détoner, je continue sur la même veine.

- Ca c'est ce que tu dis maintenant... mais je sais parfaitement que tu en rêves la nuit !

Et alors ne me demandez pas pourquoi... Je n'ai pas compris moi-même, mais la seule chose que j'ai trouvée à faire c'est d'aller mordre dans son beignet alors qu'elle allait le manger. Je lui en vole une bouchée et recule en rigolant en faisant attention à ne pas me tâcher. Pour changer de sujet, je me rassois sur ma chaise tout en prenant un autre beignet dans la boîte, je laisse ceux à la cannelle à Jellybean, elle les adore et j'en prends un au caramel. J'allume l'écran de l'ordi et tombe sur des photos... oh ! C'est celle du shooting qu'on a fait la dernière fois avec les gars !

- Ah, c'est donc ça que tu regardais ! Tu veux voir les photos en avant-premières ?

Elle s'approche de moi pour voir sur l'écran alors que je fais défiler toutes les photos les unes après les autres. Mais c'est qu'on n'est pas trop mal ! Pour une fois que j'arrive à me trouver potable sur une photo où je ne fais pas le con. La dernière est justement une photo de moi ou je suis très près de l'objectif, la bouche ouverte et les cheveux en pagaille, elle rend bien, j'en suis content !

Astoria ne parle pas, mais elle a des étoiles dans les yeux. Ca doit lui faire tout drôle de voir son frère comme ça, il est déjà très bel homme de base, mais là il est carrément badass.

- Tu veux que je te transfère les photos ? Tant que tu ne les mets pas sur les réseaux avant nous, ça ne posera pas de problème et puis on doit au moins ça à notre fan numéro un !

Je lui transfère le mail au complet, et quand je me retourne vers elle, je vois qu'elle a sorti son appareil photo, je la regarde interloquer, avant de comprendre qu'elle aussi veut jouer les photographes, je fais l'andouille en mimant une duckface moche, digne de la blondasse qu'elle a fait fuir tout à l'heure. Elle éclate de rire et je lui prends le téléphone des mains, comprenant que quelque chose m'échappe. En voyant la photo, je joue le gars outré, je ne m'attendais pas du tout à ça.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

"Bah et toi, t'en rêve pas peut-être !?", cette phrase résonne dans ma tête quelques instants...

Oh Mon Dieu ! Les images de mon rêve de la semaine dernière me reviennent, elle assise à califourchon sur mes jambes, en train de me virer mon haut, se jetant sur moi pour m'embrasser à pleine bouche... Moi qui lui enlève son t-shirt pour aller lui mordre le cou en laissant mes mains se balader sur son corps, ses ongles dans mon dos... Et on va se calmer tout de suite, ce n'est vraiment pas le bon moment du tout ! Je secoue la tête de droite à gauche pour chasser ses pensées peu catholiques. Putain, Jim, arrête ! Elle te charrie, c'est tout, respire un bon coup et surtout calme toi avant que ton état émotionnel ne commence à se voir.

Mais...On est d'accord, elle n'a pas démenti non plus... Est-ce que ? Zepp avait raison finalement ? Je fais quoi ? Je continue ? Je stoppe tout ? Je soupirais. Et puis merde... foutue pour foutu.

- Tous les soirs, ma belle.  Je surenchéris avec un clin d'œil tout en mordant dans son beignet.

Je ris un peu de son embarras, mais c'est surtout pour cacher le mien. On est aussi rouges l'un que l'autre. Je fonds un peu plus en la voyant bouger ses cheveux sur l'autre côté de son visage, dégageant un peu plus la partie de son cou que je rêve d'embrasser. En la regardant faire, je passe ma langue sur mes piercings. Et je recentre très vite mon attention sur mon ordi, maudissant toutes ces voix dans ma tête. Mais bordel taisez-vous ! Je ne suis pas un animal, je ne lui sauterai pas dessus.

Je la taquine sur les photos qu'elle regardait, c'est vrai qu'on est quand même classe dessus. Je les lui montre et l'écoute s'extasier sur nous. J'arrive même presque à me trouver beau sur les photos quand elle décrit combien la lumière fait ressortir mes yeux... Jusqu'à ce qu'elle lâche un "P' tain trop sexy !" Je deviens encore plus rouge que précédemment en réalisant que c'est une photo de moi.Comment ça, trop sexy ? JE... Quoi ? Astoria me trouve trop sexy ? Si mon cerveau était un ordi, il écrirait Error 404... Je me racle la gorge et lance.

- Heu... merci, je crois ?

Elle rit quelques secondes et me parle de toutes les autres photos, de son frère et de nos amis, qui je dois bien l'avouer sont tous plus canons les uns que les autres. Ce shooting est magique, on est tous incroyables dessus, ce photographe a vraiment l'œil. Mais je remarque bien que ses yeux ne quittent pas la dernière photo qui est restée ouverte sur l'écran.

- T'es trop mignonne, merci. Je lui désigne la photo à l'écran. D'un côté ta réaction me rassure, je n'ai pas l'habitude de faire ce genre de photo, je n'étais pas si a l'aise que ça... Je me mords la lèvre et hésite à ajouter. Mais vu ta réaction... je vais peut-être en faire plus des comme ça ? Je lui fais un petit sourire en coin.

Elle finit par me parler de son groupe de théâtre.

- Je suis certain que tu es la sorcière la plus canon de tout Fall River. Il faudra que tu me dises quand est ta prochaine représentation, j'ai bien envie de venir t'applaudir la prochaine fois.

Je finis par lui envoyer le mail avec toutes les photos, et elle s'improvise photographe à son tour, prend des selfies avec nous deux, avant et de me prendre en photo, sur la première, je ne comprends pas bien ce qui m'arrive donc ma tête doit être approximatif, mais je fais ma meilleure tête de cul, littéralement, sur la deuxième. Elle éclate de rire.

Je lui prends le téléphone des mains et regarde ma tête. Elle a osé, le filtre petit chat trop mignon d'Instagram c'est juste ridicule ! J'explose de rire, et lui demande de me les envoyer, c'est si drôle je suis fan !

- Celle-là va finir sur Instagram! C'est beaucoup trop drôle !

J'attrape un autre beignet tout en postant la photo sur mon réseau. Jellybean me dispute à moitié en me disant de virer la boîte de devant elle.

- Roooo arrête !  Je la regarde de haut en bas. Tu t'es vu ? Tu peux y aller, t'as de la marge.

Nous rions en mangeant notre beignet, et Jellybean m'invite à rester manger chez elle ce soir. C'est cool, hélios sera là en plus du coup, donc il y aura sans doute bien moins de sous-entendus. Ca me tente bien, ça fait une éternité que je n'ai pas mangé indien !

- Carrément, je vais juste prévenir les gars de ne pas m'attendre alors.

J'envoie un SMS sur la conversation de la colocation et je regarde l'heure, bon, il me reste 30 minutes avant de fermer. Je vais m'atteler à faire un brin de ménage et à tout remettre en ordre.

- Allez plus qu'une petite demi-heure et on se sauve, tu veux faire la fermeture avec moi ?

Astoria dit qu'elle va m'aider, elle attrape un plumeau et commence à mettre un petit coup de propre sur les étagères pendant que je sors jeter les cartons recyclables dans la ruelle. Quand je reviens, j'en profite pour bien fermer la porte de derrière et pour ranger la réserve. Je reviens dans la boutique principale et vois la petite brune en équilibre sur la pointe des pieds pour atteindre le haut d'une étagère. Même pour moi elle est haute celle-ci. Pour l'aider, je m'approche d'elle, m'accroupi et passe mes bras autour de ses cuisses, comme pour l'asseoir sur mon épaule gauche. Je la soulève du sol et me redresse de toute ma hauteur. Pour la taquiner, je fais semblant de souffler comme si elle était lourde... C'est faux bien sûr... elle est plus légère que la batterie de Zepp.

-Ooooouch, effectivement t'aurais peut-être pas dû prendre un deuxième beignet !  J'éclate de rire alors qu'elle me menace avec le plumeau. Alors la vue est belle de là-haut ?

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Je sens bien qu'elle n'est pas si à l'aise que ça, assise sur mon épaule pour mieux voir le haut de l'étagère. Au moins là, elle peut bien nettoyer le dessus et cet endroit n'aura sans doute jamais été aussi propre. Je rebondis sur sa remarque vis-à-vis de ma taille.

- Ça j'en sais rien du tout, j'ai toujours été grand. Je pourrais peut-être te retrouver des photos de classe, y en a quelques-unes au collège ou j'étais plus grand que mes profs, c'est assez drôle à voir.

Je rigole tout seul en repensant a cette époque, ce n'était pas forcément la plus glorieuse pour moi, mais je faisais suffisamment peur aux autres pour que leur attaque reste verbale, le seul qui s'en est pris a moi physiquement l'a payé cher. Je rends les coups que je prends, je suis comme ça.

Elle râle un peu quand je la taquine, mais c'est de bonne guerre. Je me décide à la relâcher. Et une fois les deux pieds sur la terre ferme, je me dit que peut être elle a pu mal prendre ma petite blague... malgré son air de vieux pirate qui me fait rire, je lui ébouriffe les cheveux en préfère ajouter.

- Tu sais que je rigolais, hein ? T'es toute légère ! Je pense même que je pourrais te soulever à une main !

Bon allez arrête de faire des phrases à double sens comme ça Jim, tu te mets des images étranges en tête tout seul ! Tu t'enfonces plus qu'autre chose. Heureusement pour moi, elle ne semble pas remarquer et me demande si elle peut faire autre chose.

- Eh bien, vu l'heure tu peux prendre tes affaires et te diriger vers la sortie, je ferme la grille et te conduis jusqu'à notre carrosse pour ce soir !

Je ferme tout derrière moi, allume l'alarme et baisse la grille. Puis l'attrape Jellybean par l'épaule et nous partons vers mon van qui attend bien sagement quelques mètres plus loin. La route passe vite, et Astoria s'amuse beaucoup à me lire toutes les bêtises que les gens répondent sous ma photo sur Instagram et ça me fait rire aussi.

Une fois arrivé devant le loft, je me gare pile devant, j'ai vraiment de la chance parce qu'il y a toujours de la place le lundi, comme si les gens avaient compris que je venais toutes les semaines. On remarque Mamie geignarde qui fait son petit tour de quartier habituel, et la voilà qui me regarde encore de travers... a on ne la refera pas la vieille, je lui fais mon plus grand sourire et un petit signe de main, j'essaie d'être de bonne foi pour lui prouver que je ne vais pas aller l'assassiner dans la nuit. Visiblement ça ne sert pas à grand chose, mais  au moins je n'ai rien à me reprocher.

On éclate de rire en entrant dans le bâtiment, et Astoria en remet une couche en me disant que si ça se trouve, elle me kiffe en vrai ! Pour rire, je me retourne et fais semblant de partir retrouver la grand-mère ?

- Pardon ? Il fallait me le dire plus tôt ! Je fonce la chercher pour la retourner sur le capot de ma bagnole ! J'éclate de rire et Astoria me tape sur le bras d'un air dépité. Quoi ? Je sais que ne fais pas dans la gérontophilie d'habitude, mais que veux tu, j'aime les nouvelles expériences !

On rigole tous les deux de plus belle, puis je trouve ça bien trop tentant d'ajouter

- En vrai, je comprends mieux ces regards de travers, elle juste ultra jalouse de toi. En même temps elle a de quoi, vous ne jouez pas dans la même catégorie.

On entre dans l'appartement, Astoria va chercher ses affaires et me dit de faire comme chez moi, je pose mes fesses dans le canapé, je sors les quelques affaires quand j'avais prévu pour le cours de ce soir, et en me penchant en avant, je sens le tissu de mon t-shirt qui glisse sur mon dos. Et putain, ça recommence à me gratter fort. Bordel de merde, je n'y pensais plus, c'était peut-être le seul côté positif de la visite de Laura, elle m'a tellement saoulé que j'en ai oublié mes démangeaisons et ensuite, Astoria a pris  le relais en me changeant les idées d'une façon bien plus agréable... Mais voilà, ici je me sens super bien, alors plus de soucis en tête et forcement, ça me gratte !

Je tente de soulager la démangeaison en décollant mon t-shirt et j'essaie de trouver une position qui me permettrait de zapper ce détail... mais rien n'y fait. C'est à ce moment qu'Astoria réapparaît, et se moque de moi. Bon elle n'a pas tort, je dois avoir l'air encore plus débile que d'habitude.

- C'est ça,  une folle envie de danser ce soir effectivement, mais comme j'ai deux pieds gauches ça ressemblera sans doute à rien !

Je tente de secouer un peu mes épaules et elle rit encore plus fort.

- Mais ne te moque pas, bon sang ! La vérité c'est que mon dos me démange de fou ! Je me suis levé en retard ce matin, donc Maia et Zepp étaient déjà partis, personne n'a pu m'aider à hydrater mon tatouage, et je ne suis pas assez souple pour le faire tout seul... donc ça gratte, et il ne faut pas gratter... mais c'est horrible.

Elle rit encore plus fort, et s'approche pour s'installer sur le canapé à côté de moi. En posant mon sac par terre, je vois mon pot de hustle butter qui tombe à terre, cette crème tatouage est une pépite et je ne pensais pas l'avoir prise avec moi ce matin... Vous pensez que je vais trop loin si je lui demande de soulager ma douleur... Je regarde Jellybean avec un regard suppliant.

- Est-ce que... tu... accepterais de me rendre un énorme service ?  Je lui tends le pot de crème. Si tu ne veux pas y' a pas de problème, hein, au pire je souffrirai en silence et je demanderais à Hélios quand il rentrera.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Elle m'arrache le pot de crème des mains à toute vitesse, et m'ordonne de me retourner. Je dissimule un grand sourire en m'exécutant, me tournant dos à elle, et je remonte lentement mon t-shirt le passant par-dessus ma tête pour le poser sur le canapé, je sens que je ne vais pas le remettre de sitôt. Elle me dit que la délivrance va arriver. Je suis très partagé... même si j'en meurs d'envie, je sens que ça va pas être de la tarte de ne pas craquer.

Je la sens poser quelques noisettes de crème ça et là sur mon dos, puis je sens ses mains sur moi... Oh putain, mes muscles se tendent sous son contact, je ferme les yeux pour essayer de rester concentré, mais je ne vous cache pas que c'est compliqué. Je finis par m'abandonner à son contact, profitant de cet instant que j'ai maintes fois rêvé, penchant la tête en avant et étirant mon dos de façon à profiter un peu plus de ses caresses, heu, de son massage ! Oui, c'est ça ! Non parce que clairement là ça ne gratte plus du tout, vraiment plus, mais je n'ai pas envie que ça s'arrête. Elle a les mains froides, et vous allez trouver ça étrange, mais c'est super agréable, en tout cas sur la peau fraîchement tatouée ça soulage vraiment. La sensation de ses doigts frais qui courent sur ma peau me déclenche des frissons tout le long de ma colonne vertébrale et je n'arrive pas à les contenir. Un soupir un peu sonore m'échappe et je me maudis... trouve un truc à dire putain !

- T'as les mains froides, c'est ultra-agréable.

Mais non putain, un truc intelligent pour une fois, pas ça ! C'est encore plus gênant qu'avant... Putain je suis foutue, dès qu'elle me touche je ne suis plus capable de réfléchir Bordel, mais pourquoi je lui ai demandé ça moi, je suis en train de me torturer moi-même la. Ahhhhh, mais pourquoi il faut toujours que je dise des trucs con comme ça, moi... Comme si elle m'avait entendu, elle lance une nouvelle plaisanterie sur le fait que je fais tout pour finir torse nu. Mon cerveau n'est plus là... je m'entends répondre à mon insu.

- Ose me dire que ça te dérange !

Bah oui Jim, c'est une super bonne idée ça ! Mets bien les pieds dans le plat en la cherchant... t'es pas assez rouge comme ça encore. Je n'ose plus bouger, sentant uniquement ma peau se tendre et frissonner sous ses mains, puis elle termine, et je ne sais pas si je dois être heureux que ça s'arrête avant que je ne dérape, ou si je dois me sentir triste de ne plus sentir ses doigts fins sur mon dos. Elle me dit que je suis sauvé, et elle a sans doute raison. Je prends une bonne inspiration et me tourne face à elle, assis en tailleur pour la remercier.

- Merci beaucoup, tu resteras à tout jamais ma sauveuse ! Par deux fois aujourd'hui tu as empêché ma mort, je t'en serais éternellement reconnaissant.

Je mime une courbette, qui n'en est vraiment pas une parce que je suis toujours assis sur le canapé. Mais ça aura au moins l'avantage de détendre l'atmosphère, qui devenait un peu trop tendue à mon goût. Et ces atmosphères se retends instantanément lorsqu'elle me propose de venir appliquer le reste de crème qu'elle a sur les mains sur ma gorge. Il faut savoir que je suis très, très, très sensible sur cette zone de mon corps. Tous mes ex vous le diront, si vous voulez me faire partir au quart de tour, attrapez-moi par la gorge ou embrassez-moi le cou. Encore une fois, j'ai paniqué... et j'ai dit.

- Oh ouais va y, ça ne lui fera pas de mal.

Et j'ai levé la tête... mais putain, je suis trop con ! Bon allez va y Jellybean, éclate-toi... Ce n'est pas comme si je crevais déjà d'envie de t'embrasser. Je me penche un peu pour ne pas être trop haut pour elle. Ces doigts effleurent ma gorge, un peu comme si elle avait peur de me toucher, c'est encore pire que si elle y allait franchement, tous les poils de corps se hérissent et je dois résister extrêmement fort pour ne pas lui sauter dessus là tout de suite sur ce canapé. Je coince mes mains entre mes jambes, serrant un peu mes chevilles pour tenter de rester maître de moi-même. J'attrape l'anneau de mon labret droit entre mes dents et joue avec pour ne pas trop réfléchir à ce qui se passe actuellement. Mes yeux se perdent dans son regard qui m'ensorcelle, pour m'empêcher de fixer ses lèvres qui semblent m'appeler. Je vous l'avais bien dit, le cou c'est mon point faible.

Je n'arrive pas à déterminer si ce moment passe vite ou non... dans ma tête, il a duré mille ans. Pour terminer, elle souffle un "Parfait". Je n'ai aucune idée de comment je dois le prendre, mais l'idée qu'elle puisse dire ça en parlant de moi m'achève. Je me redresse rapidement pour, encore une fois, cacher ma gêne et détourne un peu le regard...

- C'est vrai qu'il est beau ce tatouage, Kal s'est encore surpassé.

Joli rattrapage, ça change de d'habitude. Astoria se lève et part se laver les mains dans sa salle de bain.

- Pas de soucis, je t'attends.

Parfait, ça va me laisser quelques minutes pour me remettre les idées en place. Je me lève et me dirige vers l'évier de la cuisine. J'ouvre le robinet d'eau froide et me mets un peu d'eau glacée sur le visage. C'est une très bonne idée ça, je sens que je suis déjà moins rouge. Je bois quelques gorgées à même le robinet et me redresse pour m'essuyer la bouche avec les mains et les mains sur mon jean.

J'ai une furieuse envie d'aller fumer... mais j'ai la flemme de descendre... et en plus il s'est mis à pleuvoir. Je décide de demander en criant si ça ne la gêne pas si je me colle à la fenêtre... Je l'ai déjà fait lors de soirées ici, mais je préfère redemander.

- Astoria !  Est-ce que je peux fumer à la fenêtre du salon ?

Je l'entends hurler un oui de loin, alors j'ouvre en grand cette immense fenêtre, laissant entrer un air rafraîchi par la pluie et allume l'objet de ma demande en faisant attention à bien recracher la fumée dehors.

Quand la petite brune revient, je suis toujours accoudé à la fenêtre, dos à elle. Elle m'interpelle me demandant quelle est la leçon du jour, tout en s'installant dans le canapé, sa guitare posée sur ses genoux. Je remarque d'ailleurs que sa jupe remonte beaucoup sur ses jambes... j'en viens à me demander si elle ne le fait pas express en fait... elle va me rendre encore plus fou que je ne le suis déjà... Je termine ma cigarette en quelques bouffées salvatrices qui m'aideront à tenir la soirée, puis je me tourne vers elle. Je remets le masque du prof, redevenant bien plus sérieux que précédemment.

- Eh bien je pensais qu'on pourrait commencer par revoir les différents accords et comment les arranger ensemble, puis travailler sur ta composition. Tu as beaucoup de bonnes idées et je pense que ça peut être vraiment génial avec les choix de rythmiques. Si tu en as envie, bien sûr. Tu arrives déjà à composer au piano, donc je pense que tu en es capable.

Et c'est comme ça que nous avons passé tout le cours, à écrire, faire des tests et chanter. Je lui expliquais quelques séries qui pourraient fonctionner, et elle en apportait d'autres auxquelles je n'avais pas pensé. On fonctionne assez bien ensemble, du moins sur le plan musical je peux l'affirmer. On se complète.

Ce moment était encore une fois génial. Bien moins gênant que ce qui a pu se passer précédemment. C'est une façon différente d'être proche, mais elle est tout aussi agréable. Notre cour s'arrête lorsque nous entendons la clef d'Hélios dans la serrure. Il entre les bras chargés de nourriture et nous salut. Ce n'est qu'en voyant son regard interrogateur que je remarque que je n'ai pas remis mon t-shirt.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Hélios ne semble pas me tenir rigueur de ma tenue plus que ça, il a l'habitude après tout, je suis rarement couvert sur scène, j'ai trop chaud et je ne comprends pas l'intérêt de mettre un t-shirt qui va finir de toute façon trempé de sueur...  Et puis bon, c'est un mec, ça ne devrait pas le choquer plus que ça. Quoique, c'est sans doute le fait que je sois aussi proche de sa sœur ce moment même qui doit le plus le gêner.  Il nous salue et me fait une petite remarque sur mon tatouage « Salut ! Sympa ton tattoo Jim ! Il est balèze ! », je lui réponds en lui donnant une accolade.

- Hé, le twin ! Merci, j'ai dérouillé bien comme il faut, mais il en valait la peine !

Puis il se dirige vers Astoria pour la prendre dans ses bras avec un air possessif, me regardant presque comme s'il me mettait au défi de la toucher, bon, c'est sans doute mon cerveau qui déraille ça, à voir des signes où il n'y en a pas, mais... si tu savais ce qui me passe dans la tête Hélios... tu me tuerais.

J'aide Jellybean à ranger ses affaires et remets les miennes dans mon sac, sans oublier de ranger aussi le pot de crème à tatouage que je ne verrais plus tout à fait aussi innocemment maintenant. Nous déballons la nourriture sur la table basse et pendant qu'Astoria part ranger ses affaires dans sa chambre, Hélios et moi cherchons quelque chose à regarder en mangeant. Quand la petite brune revient dans le salon, elle s'installe à l'autre bout du canapé, son frère nous séparant. Je dois bien me l'avouer, d'un côté ça m'arrange. Non pas que je n'aime pas être seul avec Astoria, bien au contraire, mais c'est peut-être le plus grand risque pour ma vie.

Nous nous arrêtons sur une série comique, que nous regardons à peine puisque ma cadette raconte à son jumeau comment elle m'a sauvé des griffes de cette groupie qui refuse de comprendre qu'il ne se passera rien.

- Mais je te jure mec, elle est tarée cette meuf... je n'ai pas arrêté de la repousser, de lui qu'elle ne m'intéresse pas, rien à faire elle ne me lâche pas. Je crus que j'allais l'assommer tellement elle m'a saoulé ! Heureusement qu'Astoria n'était pas loin, j'aurais fini en prison sinon. Et ça aurait été dommage, sa tête quand tu t'es assise sur mes genoux, je n’ai jamais autant galéré à me retenir de rire, c'était priceless !

Hélios ris avec nous de cette mésaventure avant de comprendre de quelle nana on parlait.

- Mais oui, c'est elle, la blonde qui a l'air d'être fâchée avec le tissu. Je ris en repensant à ces tenues de plus en plus courtes… qui avaient sur moi l'effet complètement inverse de ce qu'elle voulait. Pis tu peux être sûr qu'elle va revenir... je vais finir par lui dire que je suis casé, même si je n'aime pas mentir, au moins elle me foutra la paix.

Nos conversations vont bon train et le sujet de la météo revient sur le devant. C'est vrai qu'il pleut depuis un moment maintenant et ça n'a pas l'air de vouloir s'arrêter. La petite brune fait une remarque sur le fait que c'est bientôt la fin de l'été. Ce qui me donne un immense sourire, la chaleur, c'est pas mon truc, et après l'été vient l'automne. J'adore cette saison, il fait encore bon, mais c'est plus supportable et en plus c'est la saison d'Halloween !

- Owi ! C'est bientôt Halloween ! Les jumeaux me regardent avec un sourcil levé. Maiiiiiis si  ! C'est bientôt Halloween, je vous dis ! Je vais pouvoir ressortir toutes les déco à la coloc ' !

C'est ma fête préférée et ce bien indépendamment du fait que ça soit aussi mon anniversaire. Ca c'est plus un prétexte pour organiser une grosse fête, mais Halloween j'adore. On se déguise, on joue à se faire peur... tout ce que j'aime.

- Bref, j'ai trop hâte !

je ressemble actuellement à un enfant le soir de Noël, ce qui fait visiblement beaucoup rire mes hôtes. La pluie continue de tomber et ne semble pas se calmer. Hélios regarde la météo sur son portable, et me prévient qu'un orage risque de tomber cette nuit, et que je ferais mieux d'attendre que cette averse se calme si je ne veux pas me prendre de coups de parapluie de la voisine. Sage décision Hélios comme toujours.

- Ouai, je vais attendre. Elle a des délires trop chelous, même pour moi, la mamie geignarde.

Astoria et moi éclatons de rire sous l'œil médusé de son jumeau qui ne comprend pas l'origine de notre hilarité. Sa sœur lui explique notre déduction de tout à l'heure... il est désespéré, et nous dit qu'un jour on aura de sérieux problèmes avec elle. Il part faire la vaisselle, dépité.

La petite brune se rapproche de moi instantanément, presque comme si mon poids suffisait à enfoncer suffisamment le canapé pour la faire glisser vers moi. Et elle me parle de ce concert que nous avions fait il y a 6 ans... ça remonte à loin, tout ça maintenant. C'est vrai qu'on avait bien ri tous ensemble ce jour-là, on s'était donné encore plus à fond, et plus on était mouillés plus on se déchirait pour garder notre public. Je me souviens d'avoir glissé à deux ou trois reprises sur scène et d'avoir fait une bataille d'eau avec Heath, on s'amusait à s'envoyer de l'eau à la gueule avec nos cheveux en plein Headbang. A cette pensée ma main se glisse sur ma clavicule gauche, là où est gravé le nom de Heath en lettres gothiques. C'est un temps révolu, mais qui restera toujours une des parts les plus importantes de ma vie.

Elle finit par dire que je ressemblais à un petit chaton mouillé sous la pluie, ça me fait rire. Il faut vraiment qu'elle arrête de m'appeler comme ça parce que je vais m'y faire bien trop rapidement à ce surnom... d'habitude je ne suis pas trop surnom guimauve comme ça... mais c'est elle, et je crois que je ne suis plus capable de lui refuser quoi que ce soit.

- Ouais. Je chasse un micro larmes qui commençait à pointer le bout de son nez. Fin, c'est un peu un miracle que le chat de gouttière n'ait pas fini chez le véto avec une fracture, vu les gamelles que je me suis prises ! Nous rigolons. C'était un super concert, on a rarement autant rigolé. J'espère qu'on en aura d'autres des comme ça. Je donnerais chère pour faire chier Maia de la même façon que j'avais pu emmerder mes frères.

Notre conversation glisse tout comme la pluie, et nous parlons de tout et de rien, jusqu'au moment où elle me propose de regarder une série pour passer le temps jusqu'à ce que la pluie s'arrête.

- Carrément ! On a parlé d'Halloween en ça me fait penser, t'as déjà vu American Horror story ? La dernière saison est incroyable !

Je lui laisse le choix de mettre ce qu'elle souhaite, si elle préfère quelque chose de plus calme. Puis je me tourne vers la cuisine, où il n'y a plus personne. Bah merde, il est passé où, le twin ?

- Genre, ton frère nous a lâchement abandonnés ! Sans prévenir, en plus ?

Je ris et me tourne vers la TV en entendant le son particulier de Netflix où la petite brune a lancé ma série préférée. J'ai hâte du lui faire découvrir la saison une, nous nous calons dans le canapé et je lui explique les quelques faits intéressants que je connais ça et là sur la saison. Je sais que ça l'aide à avoir moins peur.  Je suis vraiment à fond dedans, oubliant même que je suis toujours torse nu quand je passe bras autour de ses épaules pour la rassurer en l'attirant à moi. Merde... j'espère que je n'ai pas tout foutu en l'air, je n'ose pas bouger et lui laisse la possibilité de s'échapper si elle en ressent le besoin.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

J'éclate de rire quand Hélios nous raconte qu'il s'est pris un coup de sein en plastique à notre concert et les images de la scène me viennent en tête. Le pauvre, ça a dû être horrible et je prie intérieurement pour que ça ne m'arrive jamais. Maintenant je comprends mieux pourquoi elle voulait absolument que je plonge les yeux dans son décolleté. Je n'avais pas remarqué qu'ils étaient faux, ça a dû lui coûter cher. Mais manque de bol pour elle, je m'en bats les steaks !

- Effectivement, c'est une chance que tu ne sois pas borgne du coup. Ca ne t'a pas fait trop mal ? Genre, est-ce que ça a fait un bruit comme un ballon de plage ?

Je me moque gentiment d'Hélios, et leur dit que je flippe qu'elle revienne, et je sais qu'elle va le faire. Pffffff la flamme de la revoir, vraiment. Et le twin se fout de moi en me disant qu'au pire si je dis que je suis casé, Astoria est dispo si je veux en rajouter une couche... Mon Dieu... Hélios, mais ferme là ! Reste zen Jim, respire, tout va bien se passer.

- Bah si je lui dis que je suis casé, avec le numéro de cet aprèm, il y a fort à parier qu'elle pense qu'on est ensemble ! J'espère que ça ne te dérange pas ?

Ouai c'est nul comme perche okay ? mais c'est une façon détournée, enfin je l'espère en tout cas, de savoir si... éventuellement... ouais nan Jim, c'est con, elle va juste croire que tu te soucie d'elle pour qu'elle ne se fasse pas emmerder lors des concerts. Comme je me serais inquiété pour n'importe qui d'autre. Mais pas elle, déjà elle est capable de se défendre seule et la première personne qui la touche, j'en fais une affaire personnelle.

J'allais commencer à m'énerver toute seule dans ma tête sur de potentielles personnes, qui pourraient éventuellement venir s'en prendre à MON hypothétique petite brunette. Ladite brunette change de sujet en parlant météo, et je saute sur l'occasion pour me sortir cette pensée de la tête. Je m'enthousiasme sur Halloween ! La meilleure fête du monde, je ne veux rien savoir !J'ai beaucoup trop hâte, tous les ans, j'organise une grosse fête avec tous mes proches et c'est toujours une des meilleures soirées de l'année, enfin, pour ceux qui s'en souviennent.

Astoria me fait sourire quand elle dit que c'est son jour préféré de l'année, j'ai bien compris que malgré ce qu'elle m'a dit lors de notre premier cours de guitare, ce qui fait peur n'est pas vraiment son truc, mais ça me touche beaucoup qu'elle fasse l'effort de s'intéresser à mon univers. C'est sans doute ça qui m'a fait flancher, elle s'intéresse à qui je suis, pas juste à ce que je représente.

- Mouais, avoue tu dis ça surtout parce que tu adores aller réclamer des bonbons chez tout le monde.  

Ouai c'est un truc pour les enfants, mais on a gardé une part de tradition en continuant d'aller déambuler en ville sur la première partie de la soirée. Ca fait du bien à tout le monde de ne pas se prendre au sérieux au moins une nuit par an, et on peut faire les andouilles autant qu'on le veut, personne ne nous dit rien.

- Deux mois, ça va passer vite non ? Je souris, impatient, comme toujours.

Les discussions ont tourné et Hélios est parti faire la vaisselle, nous laissant tous les deux sur le canapé. Et nos pensées dévient vers Heath. Il me manque cet idiot... chaque jour un peu plus. Plein de souvenirs me reviennent en tête, des bons, mais aussi des mauvais. Je sais bien que je n'y suis pour rien dans son overdose, mais une part de moi reste persuadé que j'aurais pu faire plus, que j'aurais dû être encore plus présent pour lui-même s'il me repoussait... comme je l'ai été par la suite pour Zepp. Je sors de mes pensées glauques quand je sens la main de Jellybean se poser sur la mienne, sur ma clavicule. Instinctivement je referme mes doigts sur les siens, son contact me fait du bien. Elle me rassure, disant qu'elle croit en nous et qu'on va tout déchirer.

- C'est tout ce que je nous souhaite. J'ai envie qu'il soit fier de nous de la haut.

Jamais je ne t'oublierai, mon frère. Jamais .

Bon l'ambiance est niquée, et pas dans le sens qui fait plaisir. Je me mets une gifle mentale pour ne pas fondre en larmes comme un crétin et propose ma série préférée à Jellybean. Je la sens hésitante, mais elle se décide à la lancer après avoir constaté que son frère était parti en appel visio avec Zeppelin.

La série se lance et je suis trop content de lui présenter un peu plus mon univers. Je lui parle des anecdotes de tournage, de la maison qui existe vraiment et que j'adorerais aller visiter un jour, des acteurs qui sont géniaux... Cette série est une pépite. Mais je la sens un peu trop stressée encore, comme à mon habitude je glisse un bras par-dessus ses épaules et l'attire à moi. S'il y avait une connerie à ne pas faire, c'était celle-là.

Bon point positif, elle ne fuit pas en courant. Mais je ne m'attendais certainement pas à ce qu'elle se cale aussi bien sur moi. Sa tête, posée sur mon torse, son souffle chaud sur ma peau, son bras qui passe par-dessus mon ventre pour venir poser sa main juste au-dessus de ma hanches, dessinant de petits cercles du bout des doigts. Le mélange de tout ça me donne des frissons jusque dans le coup, et je dois fournir tous les efforts du monde pour rester concentré sur l'épisode en cours.

Mon cœur bas très fort dans ma poitrine, j'en viens à me demander si ça n'est pas gênant pour elle. Je glisse mes bras autour d'elle et commence à caresser doucement son dos, mais par-dessus son t-shirt hein ! Je vous vois, bande de vicelards. Je resserre un peu plus mon étreinte autour d'elle à chacun de ces sursauts comme pour la protéger.

Aucun de nous deux ne parle, comme si nous ne voulions pas briser cet instant magique. Enfin, personne, jusqu'à ce qu'elle dise qu'elle n'aime pas du tout le père, et qu'elle veut qu'il meure. Je ris doucement et souffle à son oreille.

- Si je te le dis, ça enlèvera tout le côté jouissif de la scène.

Ce fait à peine avoué se fait rapidement éclipsé par ledit père qui se tape une nana bien plus jeune que lui, trompant sa femme qui l'attend patiemment. Je sens Astoria se redresser un peu pour me regarder dans les yeux, et elle me pose un question à laquelle je ne me serais jamais attendue. Je réfléchis quelques secondes, puis réponds franchement, parce que de toute façon, je n'aime pas le mensonge.

- Jamais. C'est quelque chose que je ne comprends pas. Je prends quelques secondes de pause avant de continuer. Tu le sais sans doute, je n'ai pas eu beaucoup de relations sérieuses, alors oui je suis allé voir à droite à gauche, mais rien n'était établi avec personne, et nous savions tous comment ça se passerait. Par contre, les rares fois où j'ai été amoureux... bah en fait personne d'autre n'existe plus autour de celle ou celui qui tient mon cœur. C'est peut-être pour ça que j'ai du mal à le confier d'ailleurs. Un cours blanc s'installe avant que je reprenne. Je suppose qu'après le coup que l'autre enfoiré t'a fait, tu es peut-être un peu dans le même cas. Je te l'ai déjà dit ce jour-là, mais il ne se rend pas compte de la chance qu'il a eu de t'avoir. Il ne te méritait pas.

Je nous sens tous les deux dans le besoin d'un nouveau câlin à cet instant-là, alors pour être plus confortablement installé, j'allonge mes jambes dans le canapé et replace Jellybean dans mes bras comme précédemment. Nous restons un moment comme ça, comme pour soulager nos peines de cœur à tous les deux.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Elle me confirme ce que je pensais, on est tous les deux dans le même cas. Ce qui explique certainement notre situation plus qu'ambiguë, en fait. Peut-être que dans le fond, on a tous les deux envie de plus, mais on ne sait pas si c'est une bonne idée. Très honnêtement, j'en doute. Même si croyez-moi, putain j'en crève d'envie. J'ai surtout bien trop peur de la briser. Ou peut être, de me briser aussi.

Si jamais ça ne marchait pas, si jamais on perdait tout ce qu'on avait... je pense que je ne m'en remettrais pas. Et j'aurais bien trop peur qu'elle aussi. Je me chie dessus, en fait. Si le problème était seulement sa famille ou la mienne... j'enverrais tout balader sans hésitation. Mais là, c'est elle qui est en jeu. Et je refuse d'être la source de son malheur.

Je l'attire à moi dans un nouveau câlin, on finit presque allongé l'un sur l'autre, j'ai besoin de savoir qu'elle va bien, besoin de la sentir contre moi. Je referme mes bras sur elle alors qu'elle glisse un de ses bras autour de moi. Je passe une main dans son dos et l'autre dans ses cheveux que je caresse lentement. On est tous les deux un peu cassés et j'espère que ce moment lui fera autant de bien qu'à moi.

Je sens qu'elle se détend et se place de façon plus confortable pour elle, son oreille contre mon cœur qui bat comme un fou dans ma poitrine. Je frissonne en la sentant dessiner les contours de mon tatouage. Cette maison hantée que j'adore, nouvelle preuve de mon obsession pour Halloween. Je ferme les yeux et pose mon nez dans ses cheveux. Ils sentent incroyablement bon, et je pourrais largement m'endormir comme ça, en souvenir du premier cours que je lui ai donné. C'était une des nuits où j'avais le mieux dormi depuis très longtemps.

Elle brise ce moment hors du temps et ce qu'elle me dit me perd complètement. Je ne sais plus quoi penser, je ne sais plus quoi dire. Mon cerveau plante complètement, mon cœur rate un battement et je crois sentir une larme s'écrouler sur ma poitrine. Oh non Jelly, ne pleure pas s'il te plaît... délicatement je passe mes doigts sous son menton pour relever sa tête, mon pouce essuie la marque de sa larme sous son œil et je lui souris tendrement.

- Ca me touche énormément Astoria, tu imagines pas à quel point. Tu es très importante à mes yeux et ça me fait énormément de bien d'entendre ça de ta bouche.

Je luttes, ses lèvres ne sont qu'à quelques centimètres des miennes et je dois réprimer cette envie de l'embrasser, il ne faut pas. Pas maintenant, en tout cas. Elle dit que jamais elle ne me trahirait, à moi de lui prouver que je ne le ferai pas non plus.

Pour occulter cette pensée, je me penche vers elle et dépose un baiser sur sa joue presque à la commissure de ses lèvres. Ce n'est pas vraiment l'endroit que je visais, mais tant pis. J'espère qu'elle comprend à quel point je tiens à elle, sans pourtant oser aller plus loin que ça. Je ne sais pas si j'aurais le courage de franchir cette barrière un jour, je lui laisse le choix de le faire ou non, je ne veux pas prendre le risque de la forcer à quoi que ce soit.

Je repose ma tête sur l'accoudoir du canapé en soupirant et serre Jellybean plus fort encore contre moi. Son regard me rend fou. Je ne sais plus où me mettre. Je crois que je viens juste de réaliser que j'ai failli l'embrasser, alors que je me le refuse depuis des mois. Putain Jim t'es trop con, ça y est elle ne va plus jamais te parler.

Le rouge me monte aux joues et je me reconcentre sur l'épisode sans pour autant lâcher celle qui hante mes nuits. Je la sens s'abandonner dans mes bras, me serrant contre elle. Aucun de nous ne bouge, aucun de nous ne parle. On reste juste là comme ça, et je me sens bien, je n'ai pas envie que ça se finisse, mais il va bien le falloir.

L'épisode se termine. Et il pleut toujours autant, voire plus. Je me décide à bouger un peu, me redressent sur les coudes tout en gardant une main dans les cheveux de la petite brune. On a l'air très con comme ça et je ne sais absolument pas où j'en suis.

- Est-ce tu veux que je rentre chez moi ? Je peux te laisser si tu veux. Tu as l'air épuisé.

Je me redresse et regarde vers la fenêtre. C'est à ce moment-là qu'un énorme éclair traverse le ciel. Et merde... je vais en chier pour rentrer, moi. Je regarde Astoria avec un peu de panique dans les yeux. J'ai un peu peur de ne pas réussir à atteindre la coloc ', avec ma chance ma bagnole va prendre la foudre, et je vais réellement griller les plombs.

Je replace ses cheveux derrière son oreille avec un sourire tendre et un peu gêné. Puis je vais m'allumer une autre cigarette à la fenêtre. Je vais en avoir besoin.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Astoria sursaute quand un éclair illumine la ville, j'ai souvenir qu'elle avait peur des orages quand elle était plus jeune, à tels points que parfois Ache organisait des répétitions improvisées dans le garage pour cacher les bruits de tonnerre avec ceux de nos instruments. Je ne savais pas, par contre, que cette frayeur l'avait suivi jusqu'à maintenant.

Elle glisse sa main dans ses cheveux, mais certaines mèches rebelles refusent de prendre le pli et de se ranger à côté de leurs semblables. Je passe doucement ma main sur sa joue pour replacer les fautives derrière son oreille. Ce geste, pourtant si intime, me paraît tellement naturel avec elle.

Elle détourne ses beaux yeux bleus de moi et semble inquiète quand elle regarde par la fenêtre. Elle me demande si je suis sûr de vouloir partir maintenant. Je me lève et vais vers la fenêtre, ouais je vais peut être attendre un peu en fait, je suis pas certain que mon vieux van tienne la route jusqu'à chez moi sous tout cette eau. Je m'allume une cigarette et m'accoude à la fenêtre.

- Tu as peut-être raison, j'ai l'impression que c'est de pire en pire.

Elle me propose de rester dormir ici.

- Tu as sans doute raison, juste le temps de traverser la rue et je serais trempé. On sait bien que les chats n'aiment pas l'eau. Nous rillons tous les deux. Mais je ne veux pas vous déranger, faudrait pas que ça devienne une habitude.

Astoria est près de moi, profitant de l'air frais qui s'engouffre par la fenêtre. Je fais bien attention à ne pas l'enfumer avec mon tabac. Un nouvel éclair traverse le ciel, elle se rapproche de moi et j'ai comme l'impression qu'elle compte les secondes avant d'entendre le crac significatif du coup de tonnerre. L'orage est proche, a tout cassé un ou deux kilomètres de nous. Elle lâche un petit gémissement de peur et ma main se met à chercher la sienne, j'ai envie de serrer ses doigts contre les miens pour la rassurer, et comme si elle lisait dans mes pensées, elle vient glisser sa main dans la mienne.

Nous sursautons quand nous entendons Hélios entrer à toute vitesse dans le salon, il n'est pas beaucoup plus habillé de moi. Je me dégage de la main de Jellybean, à contre cœur, mais son frère ne semble pas très enclin à nous laisser côte à côte ce soir. Il passe un bras réconfortant autour de sa sœur,  et même si je suis rassuré de voir qu'elle est entre de bonne main avec son jumeau, une micro pointe de jalousie naît dans mon cœur. Elle aurait été tout aussi bien dans mes bras. Bref, je vous l'avais dit que je suis foutu non ?

Il me surprend en me disant de rester dormir ici ce soir, cette fois si au moins il est au courant que je reste, et sa jumelle surenchérit de façon théâtrale en disant qu'elle ne veut pas qu'on la laisse seule.

- Ne t'en fais pas, on reste là. Merci de me laisser squatter votre canapé.

Elle s'éclipse et nous laisse seuls dans le salon son frère et moi en disant qu'elle revient. Hélios et moi restons comme deux idiots. Je finis ma cigarette et jette le mégot dans mon cendrier de poche. Je me tourne vers Hélios qui ne semble pas trop savoir ce que sa sœur est partie faire.

- On est d'accord qu'elle va jamais réussir à dormir tout de suite ?

Il hoche la tête et me confirme à quel point elle a peur des orages. Effectivement, on va sans doute rester éveillé un moment pour lui changer les idées.

- Et si on préparait du chocolat chaud ? Avec un peu de cannelle, elle adore ça. Je lui désigne la cuisine et lui demande. Je peux ?

Hélios me fait un signe de tête, me donnant son autorisation et je me mets aux fourneaux. Je mets une casserole sur les plaques de cuisson que j'allume, mets quelques barres de chocolat dedans avec un tout petit peu de lait et je fais très attention à ne pas me brûler. J'ouvre quelques placards à la recherche de cannelle et je ris quand j'ouvre le bon placard, je sais qu'Astoria est fan de cannelle, mais bon sang, elle en a tout un stock. J'en ajoute donc une bonne dose au chocolat fondu et commence à ajouter du lait. C'est une recette complètement à l'œil, mais c'est celle que me faisait ma mère quand j'étais petit. C'est le meilleur chocolat chaud du monde. J'ajoute quelques cuillères de sucre et termine ma préparation, j'ai ai sans doute fait un peu trop pour trois mais bon, je vous l'ai dit, c'est à l'œil.

Astoria revient à ce moment-là, elle s'est changée. Elle a mis le t-shirt que je lui ai donné. Un immense sourire se dessine sur mes lèvres alors que je remplis trois mugs de chocolat chauds. Elle dépose un oreiller sur le canapé en me disant que ça sera bien plus confortable comme ça. Elle est parfaite, cette femme.

- Merci beaucoup !

Elle enchaîne en nous demandant qui veut jouer aux cartes. Hélios éclate de rire en disant qu'elle veut nous plumer.

- C'est de la triche si tu comptes les cartes ! Je fait semblant d'être outré ! Bon, je suis d'accord pour jouer, mais seulement si on fait un poker classique ! Sur un strip, on serait bien trop désavantagé avec ton frère.

Hélios et moi éclatons de rire ensemble pendant que j'apporte les tasses de chocolat chaud à table, et tout ça sans en renverser ou me tâcher. Ce qui relève du miracle croyez-moi. Je ne peux pas m'empêcher de me souvenir de la pique que m'a lancée la petite brune la dernière fois. Je m'approche d'elle et chuchote.

- Tu vois, en fait ce n'est pas moi qui me tâche tout le temps pour me dessaper, ce sont les t-shirts qui font que je me tache. Pas de haut, pas de taches .

Je hausse les épaules en rigolant, et nous, nous installons à table pour une petite partie de poker... Ouais, je suis nul ! Mais je vous jure que j'essaie

- Je vous préviens, je ne suis pas certain de m'en sortir, ça fait longtemps que je n'ai pas joué et je ne suis pas doué.

On va tenter de ne pas perdre toutes les parties, hein... allez, Jim, tu peux le faire !

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Le twin me fait tiquer. Comment ça "je plains son futur mec", et surtout c'est quoi ce regard qui me lance là ? Mec t'es en train de me larguer complètement. A un moment j'ai l'impression que t'as envie de m'étriper et deux minutes après c'est limite si tu ne me jettes pas dans les bras de sœur. Et bon sang, comme j'aimerais que ça soit possible. Tout ce que je suis capable d'affirmer pour le moment, c'est qu'il se trompe.

- Nan mec, tu te goures, tu penses ça parce que c'est ta sœur, c'est normal, mais je te jure que son futur mec aura énormément de chances d'être avec elle.

Je le pense sincèrement, et pas seulement parce que je souhaite du profond de mon âme être ce prochain gars. Bref, je prépare les chocolats chauds dans la cuisine en attendant que Jellybean revienne avec nous. Et c'est ce qu'elle fait.

Je la détaille de la tête aux pieds, lui donner mon t-shirt, c'était vraiment la meilleure idée que j'aurais pu avoir. Il lui va vraiment bien, et je ne peux pas m'empêcher de trouver ça ultra sexy. Bon, les chocolats chauds ! Ils ne vont pas se servir tout seul.

JB propose un poker et Hélios me dit qu'elle compte les cartes. Super, j'ai aucune chances ! Attends, quoi ? Ils se sont fait virer d'où ?

- Attends, pardon, quoi ? Vous vous êtes fait virer d'un casino ? Ah ouais d'accord, bon bah au moins je sais que je ne vais rien parier hein.

Je n'arrive pas à m'empêcher de blaguer sur le fait que si on part sur un strip-poker on serait dans la merde avec son frère, étant donné qu'on n'a déjà pas grand chose sur le dos. Et que la miss a un bon niveau de jeux visiblement. Elle enchaîne en disant qu'elle peut nous prêter des vêtements pour qu'on soit à égalité tous ensemble.

- Mouais dit surtout que tu veux nous laisser de l'avance en fait.

On rigole tous les deux et j'apporte les tasses à table pendant qu'Hélios part chercher le matériel pour jouer. Je profite de l'absence du jeune homme pour glisser une remarque sur le lien entre ma maladresse et mon t-shirt à la brunette. Elle me dit que je peux lui refiler mes t-shirts quand je veux, Vas falloir que je méfie moi, c'est un coup à ce que je perde la moitié de ma garde-robe, mais bon, je dois être un peu maso parce que ça ne me dérangerait absolument pas.

Elle me montre ledit t-shirt devenu une robe et me met un coup d'épaule en riant. Je la taquine en glissant à son oreille.

- T'es bien plus canon que moi dedans, prends tous ceux que tu veux.

Je lui glisse un clin d'œil et m'installe dans le canapé, Astoria se met à côté de moi, et Hélios se retrouve presque en face de moi.

Je les regarde un peu dépité en me rappelant qu'en général je ne suis pas bon au jeu de cartes, et que visiblement je n'ai aucune chance. Hélios se moque de moi et s'en suis un échange que je ne comprends pas bien. Je n'ai absolument aucune foutue idée de qui est ce mec, mais je tente de noter son nom dans ma tête histoire de voir un peu qui c'est sur le net. D'après les dires d'hélios, c'est un champion de poker, ça méritera sans doute plus amples recherches.

Je sors de mes pensées quand Astoria commence à distribuer les cartes, et qu'elle les fait toutes tombées. J'éclate de rire et la charrie un peu, pour une fois que ce n'est pas moi qui casse tout.

- Ah bah, alors ? On passe trop de temps ensemble et je déteins sur toi ? Je tape mon poing dans ma main. Où alors tu es devenue tellement jalouse de mon incroyable maladresse que tu essaies de m'imiter !  

Tout en me moquant gentiment d'elle, je me penche en avant pour l'aider à ramasser les quelques cartes qui me sont tombées entre mes jambes. Je m'arrête net quand je sens sa main se poser sur ma cuisse. Je n'ai pas l'impression qu'elle se rend compte d'où est sa main en ce moment même, vers l'intérieur de ma cuisse, bien trop près d'une zone très sensible de n'importe quel corps humain.

Je vire complètement au rouge quand je la regarde se pencher encore et que ça prise sur le haut de ma jambe se resserre. Oh, bordel, il fait chaud là ! Je n'ose même pas relever la tête de peur de rencontrer le regard d'Hélios. C'est extrêmement gênant et en même temps, ça pourrait me donner quelques idées. Instinctivement, j'attrape l'anneau droit de mon piercing entre mes dents et le serre-fort pour rester concentré. Wow, elle se relève et semble réaliser. Elle finit par rapidement enlever sa main et elle se cache le visage dans ses cheveux et j'aurais adoré pouvoir faire comme si de rien n'était.

Je m'assois en tailleur dans le canapé pour être plus à l'aise et prie très fortement pour qu'aucune réaction physique, autre que mon rougissement intempestif, ne devienne visible. Heureusement pour moi, je sais à peu près me contrôler. Je respire un bon coup et arrive à reprendre contenance rapidement. Je sens les yeux d'Hélios sur moi et me confronte enfin à lui. Il est perplexe et semble même s'excuser du regard. Je lui fais signe que ce n'est rien, et lance une petite boutade à Astoria, ça aurait trop bizarre que je ne le fasse pas.

- Ah cette fois-ci tu ne peux pas me sortir que tu visais le pop-corn. Je lui tire la langue comme un gamin avant de désigner son frère d'un signe de tête. C'est pas sympa pour Hélios, tu pourrais au moins attendre qu'il soit parti se coucher.

Je ne tiens plus et j'explose de rire, je vois bien que son jumeau ne va pas se retenir longtemps. Astoria tente de changer de sujet et distribue les cartes pendant que le twin donne les jetons. Nous enchaînons quelque partie et, comme je pouvais m'y attendre, je n'en gagne pas une seule. Heureusement qu'on n'a pas joué à l'autre version. Astoria gagne les deux premières haut la main. Hélios gagne la troisième et je perds lamentablement tous  mes jetons sur la dernière.

Je ne peux pas m'empêcher de rire quand Jellybean ramasse tous mes jetons avec un grand sourire satisfait.

- Bah heureusement qu'on joue avec des jetons, j'aurais fini à poil.

Je me lève pour les laisser jouer la dernière partie et profite d'avoir perdu pour aller fumer ma dernière cigarette de la soirée. Je les regarde jouer de loin et tente de comprendre comment fait la jeune femme pour gagner à chaque fois. Ca me dépasse. Elle est bien trop intelligente, ça en ferait presque peur. Je rebondis sur le commentaire d'Hélios qui dit qu'elle pourrait leur payer un tour du monde si elle le voulait.

- C'est clair, je comprends mieux pourquoi ils vous ont dégagé du casino, tu aurais tout plumé. Ils auraient dû fermer.

Cette soirée est surprenante. Dans le bon sens du terme, j'entends. On s'amuse beaucoup et ne voyons pas le temps passer. J'ai l'impression que l'orage dehors s'éloigne pour n'être presque plus audible. Pour que la brunette ne s'en rende pas compte, je connecte mon téléphone à l'enceinte Bluetooth qui est à côté de la télévision et je passe quelques classiques du rock, comme ceux que nous jouions autrefois  pour s'entraîner. Je recrache ma dernière bouffée de tabac et monte le son plus fort. Hélios me fait signe que la voisine pourrait nous entendre. Je lève mon majeur dans la direction de son appartement et dis.

- Si mamie geignard a un problème, qu'elle vienne me le dire en face. Je fais tous les efforts du monde pour être sympa avec elle, elle ne va pas commencer à nous les briser pour une soirée ou on fait un peu de bruits.

Ma petite brune préférée approuve, et pour nous amuser encore plus je lui attrape la main, la mets debout face à moi et la fais tourner sur elle-même pour l'entraîner dans une danse approximative. Nous n'entendons plus l'orage du tout, seulement nos rires.

In this hell, you are my paradise

-feat Astoria Talis

Ce moment était... extrêmement gênant. Je bénis la présence d'Hélios autour de la table basse. Qui sait comment j'aurais réagi si nous n'avions été que tous les deux. Pour tenter de calmer le jeu, je taquine la jolie brune à ma droite en lui rappelant qu'elle m'a déjà fait le coup du pop-corn. Je vais vraiment finir par croire qu'elle le fait exprès.

En croisant le regard du blond face à moi, je devine qu'elle ne lui en a pas parlé. Alors j'en rajoute une couche, quitte à s'enfoncer, autant y aller à fond. Je lui sous-entends que si elle veut me toucher comme ça, il vaut mieux attendre que son jumeau soit parti se coucher. Elle me dit de me taire en plaquant sa main sur ma bouche, je ne peux me retenir d'éclater de rire quand elle me dit que je suis bête et qu'elle a honte.

- Jamais ! Je dégage ma bouche de sous sa main. J'assume tout à fait ma stupidité, moi madame ! Puis je redeviens sérieux quelques minutes. Non ne t'en fais pas, ce n'est pas grave, ça aurait pu être bien pire si ta main avait atterri plus à gauche.

Nos parties de cartes se passent, je perds lamentablement. Astoria me rétorque qu'elle m'aurait laissé mes chaussettes si on avait joué à l'autre version de ce jeu. Mon dieu, est-ce qu'elle se rend compte d'à quel point c'est tendancieux ce qu'elle vient de dire ? Je plains mon pauvre subconscient qui va très certainement me faire payer cette situation dans les nuits à venir.

- Tu veux me faire garder mes chaussettes ? Mais jamais enfin ! C'est honteux ! Je joue les choqués, essayant de tourner cette phrase en dérision. Déjà ce n'est absolument pas glamour et clairement, c'est le premier truc qui dégage dans ce genre de jeu, bon, sauf quand t'as un fétichiste des pieds en face, mais ça, c'est une autre histoire !

Je quitte le canapé pour la fenêtre qui m'appelle. C'est bon, Jim, t'as sorti ton quottât de conneries pour la soirée. Je m'accoude pour sentir l'air frais sur mon visage et allume ma dernière cigarette que je fume en regardant les jumeaux jouer leur dernière partie. Oui je pense que c'est la dernière, je sens bien que le blond en a marre et a déjà rendu les armes face à sa sœur. Ils me font rire tous les deux à se taquiner comme ça. Je comprends pour leur entourage les surnommant parfois le vieux couple, mais de mon point de vue ça va bien au-delà de ça. C'est un peu comme si un seul être s'était finalement séparé en deux avec de voir le jour. C'est assez beau à voir. D'aussi loin que je me souvienne ils ont toujours été très proches, mais plus les années passent plus ils semblent se lier, aujourd'hui ils partagent quasiment tout.

Leur parti arrive à sa fin et je mets un peu de musique pour finir de camoufler l'orage. Je monte le son et commence à chanter par-dessus la musique, rapidement suivie par Astoria, qui d'ailleurs me fait beaucoup rire en suggérant que mamie geingarde faisait des pogo quand elle était plus jeune, et que c'est certainement comme ça qu'elle a eu sa prothèse de hanches.

- J'en parlerai aux gars, avec un peu de chance, on va pouvoir faire notre prochain concert dans la cour du bâtiment ! Sa lui enlèvera peut être le balais qu'elle à dans le cul !

Astoria fait un bisou sur la joue de son frère pour le rassurer. Je jette mon mégot à présent éteint et m'approche des jumeaux, je tends la main à Astoria comme pour l'inviter à danser.

- Bon, ça ne sera pas une Salsa, mais de toute façon je ne sais pas danser !

Elle attrape ma main et je la fais tourner sur elle-même une ou deux fois avant qu'on ne se mette à faire les andouilles, bougeant dans tous les sens, chantant et riant comme des fous. Je tends la main à Hélios pour l'inciter à nous rejoindre, il n'a pas bougé du canapé et nous regarde mis amusé mis dépité. Il refuse de nous rejoindre en faisant de grands gestes devant lui, je n'insiste pas, il est plutôt du genre timide le petit. Ca sœur et moi nous défoulons encore un bon moment.

Nous sommes épuisés ! Jellybean va nous chercher un verre d'eau à la cuisine et nous nous affalons dans le canapé. Moi, dans l'angle, jambes étendues et la jolie demoiselle à côté de moi. Son frère est resté de l'autre côté du canapé. Les jumeaux font référence à l'orage et je souris, oh oui, merci l'orage.

- C'était une super soirée.

Je soufflais ma réponse avec un grand sourire attendri. Les twins se mettent à bâiller et Jellybean se laisse tomber sur le canapé, posant les pieds sur les jambes de son frère, mais elle est trop petite pour que sa tête se pose les miennes. Elle me regarde et me sort que je l'ai épuisée. Mes yeux s'ouvrent en grand, je regarde Hélios et lève les mains en signe d'innocence, puis rebaisse les yeux sur la jeune femme qui visiblement n'a encore une fois pas entendu ce qu'elle vient de dire... Putain si Hélios n'était pas là, j'en aurais joué, lui répondant que la nuit venait à peine de commencer.

- Je n'ai rien fait, je le jure ! Jellybean il faudra que tu arrêtes lâcher des dingueries comme ça. Ca porte bien trop à confusion.

Pour lui faire comprendre que ça me fait rire plus qu'autre chose je lui fais une petite pichenette sur bout du nez, tout en lui servant un sourire moqueur.

Hélios se moque de sa sœur en me disant que sa frangine va très certainement s'endormir rapidement et me fait allègrement comprendre qu'il me refile le bébé. Elle lui montre son majeur, les yeux déjà fermés, visiblement il la connaît bien. Elle l'imite pour se moquer de lui, comme le ferait des enfants, c'est beaucoup trop mignon. Elle me cherche de sa main, je fais attention à ne pas me prendre un doigt dans l'œil, mais ça va, sa main se pose sur le haut de mon torse, alors qu'elle cherche mon visage du bout des doigts. Elle me demande de ne pas l'abandonner en me disant que les chatons de gouttière, c'est loyal. Je pose ma main sur la sienne pour la soutenir.

- Promis je ne t'abandonnerais jamais.

J'en serais bien incapable de toute façon. Le grand blond pousse les jambes de sa sœur et se lève pour aller dormir, et me dit que si Astoria ronfle j'ai le droit de la balancer par terre.

- Mais quel frère indigne ! Si elle ronfle, je viens la coucher dans ton lit !

Je lui tire la langue et il me signe ce qu'il m'avait dit plus tôt "Tu vois, je t'avais prévenu : son futur mec va en chier ! Aller bonne nuit ! " il me fait un clin d'œil et commence à partir, j'attire son attention et lui réponds en signant aussi. De toute façon Astoria a les yeux fermés, donc elle ne le voit pas

- Oh arrête, elle est géniale Jellybean. Je vais finir par croire que tu es jaloux. Aller bonne nuit, sale gosse.

Il quitte le salon et je sens Jellybean sombrer complètement. Elle me dit que c'est trop bien que je sois resté et je ne peux qu'approuver, qu'est-ce que j'aimerais que toutes mes soirées ressemblent à  ça.

- C'est clair, je suis très content d'être resté aussi. Il faudrait qu'on fasse ça plus souvent.

Elle glisse sa main sur ma joue et effleure mes lèvres. J'attrape sa main à la volée et dépose un baiser sur ses doigts. Je la sens partir.

- Tu t'endors, ma jolie ?

Je l'entends me baragouiner quelque chose que je n'entends pas. Je ris à moitié en la regardant s'endormir. Ma main vient se poser dans ses cheveux pour les dégager de son visage. Je ne sais pas si elle m'entend encore ou si elle est déjà loin, mais je lui parle quand même tout en lui papouillant les cheveux.

- Qu'est-ce que je vais bien faire de toi maintenant, hein ? Je ne vais pas te laisser dormir ici alors que tu as un grand lit rien qu'à toi à côté.

Je glisse doucement un bras sous ses épaules et la redresse un peu plus contre moi, veillant à bien caler sa tête contre mon torse pour ne pas lui faire mal. Je passe mon autre bras sous ses jambes et me lève en portant la petite brune comme une princesse. Je me dirige doucement vers sa chambre en prenant toutes les précautions du monde pour ne pas tomber avec elle dans les bras.

Arrivé devant sa chambre, j'appuie sur la poignée avec mon coude et fais très attention pour ne pas la cogner contre la porte. J'attends quelques secondes le temps que mes yeux s'habituent à l'obscurité même si la lumière du couloir me permet de me repérer. Je n'étais encore jamais entré dans sa chambre. C'est immense ! Sa chambre fait facilement deux fois la taille de la mienne.

J'observe un peu la pièce, il y a une grande guirlande pleine de photo au-dessus de son lit. Je reconnais sa famille sur la plupart, des photos d'elle et son frère quand ils étaient jeunes, d'autres de son groupe de théâtre, quelques-unes des Scarlet Zombies en concert ou en répète, y en a même certaines de moi que je n'avais encore jamais vu... et au milieu, il y a les quelques photos de la soirée à la fête foraine de la dernière fois. On a eu la même idée visiblement, les mêmes photos sont affichées à côté de mon bureau. Je remarque également plein de peluches un peu partout, dont celle qu'on a gagnées ensemble aux machines à pince, ça me fait sourire.

Je m'approche de son lit et la dépose doucement sur ses draps, j'allais me redresser, mais je la sens s'agripper à mon bras. Je souris et m'accroupi à côté de son lit pour être à sa hauteur. Elle est mignonne quand elle dort, on pourrait presque croire qu'elle est calme comme ça. Cette pensée me fait rire, Astoria est une pile électrique, toujours à faire douze mille choses en même temps. Je me penche vers elle et chuchote à son oreille.

- Ne t'en fais, je te l'ai dit je ne t'abandonnerai jamais, ton grand chat de gouttière va juste aller dormir dans le canapé. Je sens sa main se détendre et j'entends sa respiration ralentir, je pense qu'elle s'est complètement endormie. Je soupire et l'observe quelques minutes. Tout ce que j'ai pu te dire ce soir est vrai, tu n'imagines pas à quel point je tiens à toi et j'espère avoir un jour la chance de pouvoir te l'avouer sans risquer de te perdre. Bonne nuit, Jellybean.

Je glisse ma main dans ses cheveux et me permet de déposer un baiser sur sa tempe, je détache sa main de mon bras et me relève le plus doucement possible pour ne pas la réveiller. Enfin j'essaie, je suis fatigué moi aussi, en je manque de me ramasser la tronche au sol, n'ayant pas vu le tapis par terre. Je me rattrape à la porte et vérifie que je n'ai rien cassé du tout. C'est bon, pas de dégâts en vue, et JB dors toujours comme un bébé.

Je ferme la porte de sa chambre et retourne vers le canapé. J'éteins la lumière, enlève mon jean dont la ceinture commence à me faire mal. Je le pose sur mon sac et fais le tour pour m'allonger sur le canapé.

- Aïe !

Je tente de crier en sourdine, je viens juste de m'éclater la jambe contre le coin de la table. Bordel de merde, quelle idée à la con j'ai eu de faire ça dans le noir. A tous les coups j'aurai un nouveau bleu demain matin... en général, on ne les voit pas trop entre deux tatouages, donc ce n'est pas trop grave.

Je m'affale à plat ventre dans le canapé, les bras sous l'oreiller gentiment prêtés par une jolie petite brune, j'ai à peine le temps de poser la tête dessus que je me sens partir. En m'endormant je me dis que je vais encore me faire charrier par Zepp demain matin, mais que ça en veut bien le coup. Je lui enverrai quelques messages au réveil. En attendant, je laisse mon subconscient me torturer avec des rêves qui en resteront encore trop longtemps à mon goût.