LENNONDRA ⊹ anywhere, anytime

De longues semaines sans réponse. Des mois, même. Ça t’a fait du mal de te dire que Lennon a eu besoin de faire le point, toi le plus loin possible de ses pattes. Pourtant, tu as respecté, tout simplement. Parce que, quand c’était toi qui devais digérer cette information, tu as eu tout le temps que tu voulais à détester tes parents pour cette vérité. Le choc a été dur à passer, d’autant que tu as appris de la même façon que tu étais une enfant illégitime et que ta mère était - ou avait été, t’as jamais vraiment su où se trouvait la relation de tes parents actuellement sur le spectre du « divorcés » à « en couple » en passant par « c’est trop compliqué mon reuf ».

T’en as parlé à Waël jusqu’à tard quand t’as reçu le message de Lennon qui, enfin, te proposait de la retrouver, le lendemain, en ville, pour discuter de tout ça. Tu ne sais pas trop où te positionner et ton meilleur ami a tenté tant bien que mal de te rassurer et de te dire que tout se passerait bien. T’en doutes pas, mais tu ne peux pas t’empêcher de t’inquiéter pour autant.

Alors, le jour J, c’est dans une tension palpable liée à une fébrile surexcitation à l’idée d’enfin pouvoir reparler à ta soeur, que tu t’es préparée et t’es rendue sur place. Maintenant que vous vous faites face l’une à l’autre, par contre, tu te sens un peu gênée, fuyant légèrement son regard, tout en essayant de te donner une contenance en regardant un point fixe, derrière elle, pour ne pas avoir l’air d’être complètement désarçonnée, ce que tu es pourtant.

- Je… Débuts mal assurés, c’est un peu nul, mais bon, tu continues avec beaucoup plus de confiance. Je suis contente que tu m’aies rappelée.

@Lennon Hawks

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▎ Your age : 32 yo (13.02.1992)

(( anywhere, anytime ))

Débuts difficiles, l'impression de t'engouffrer davantage dans ce cauchemar qui hante ton quotidien. L'ombre de Monsieur Hawks n'est jamais très loin et ce, même si physiquement, il est à des kilomètres de toi. He did it again que tu penses encore aujourd'hui alors que tu déposes ton portable à tes côtés. Message envoyé, voilà déjà plusieurs jours que tu penses à l'envoyer. Écrire, effacer, modifier, rectifier, supprimer, réécrire. Tu n'arrivais pas à trouver les bons mots pour revenir dans la vie de ta... sœur. Aussi incroyable que cela te paraît toujours, il n'empêche que la vérité est là : tu n'es pas la seule fille de ton père. Tu as mis beaucoup de temps avant de comprendre tes émotions face à ce nouveau chamboulement, mais les dernières semaines t'ont permises d'y voir plus clair, de prendre du recul et surtout, de savoir ce que tu souhaitais faire de cette information.

La conclusion finissait toujours pas être la même : ce n'est pas de sa faute. Tu ne peux pas la blâmer pour quelque chose dont elle n'a aucune responsabilité. Encore moins avec toute l'aide qu'elle t'a apporté et qui t'a permise d'aller si loin dans ce flou entourant le décès de ta douce mère. Tu ne la connais pas et pourtant, tu sais que vous êtes non seulement liées par le sang, mais visiblement aussi par cette haine de votre père. Au-delà de toutes ces raisons, c'est surtout parce que tu n'as pas été capable de tourner la page. Du temps, tu en avais besoin pour te remettre les idées en place, mais ce même temps s'était écoulé assez pour te redonner le goût de lui écrire. Tu veux la revoir. Tu veux en savoir plus sur elle. Pas parce que tu te méfies, pas parce que la situation t'inquiètes, mais parce que tu as réellement envie de connaître celle qui est venue jusqu'à toi.

Alors tu te tortilles, mal à l'aise, sur cette chaise et tortures ta lèvre inférieure maintenant qu'elle te fait fasse. Tu es celle qui lui a demandé de te rejoindre et pourtant, tu as du mal à lancer la conversation, jusqu'à ce qu'elle prenne les devants et t’ôte un poids des épaules. Tu ne peux t'empêcher de sourire à pleines dents, persuadée qu'elle te tiendrait rigueur d'avoir mis autant de temps avant de la contacter. "Moi aussi. Je suis contente de te voir". Mots sincères que tu n'aurais jamais envisagés quelques semaines en amont. "Pardon, pour le temps que ça m'a pris. Et Merci d'être venue jusqu'à moi" que tu ajoutes en lui souriant tendrement. L'impression que ton rythme cardiaque ralenti, que tes muscles se détendent, finalement, tu te rends compte que tu t'es mise la pression toute seule. "Je ne sais même pas par où commencer, mais j'aimerais beaucoup apprendre à te connaître, toi et ton histoire". Pas sûr qu'Alejandra veuille tout partager de sa vie avec toi, mais ça vaut le coup d'essayer. Qui est cette demi-sœur sortie de nul part ? Tu n'en sais rien, mais ton instinct te pousse à croire que c'est une bonne personne.

FT @Alejandra Murillo - Code by Midnight shadow

when i walk in a room i can make the whole place shimmer
J'avais jamais vu de nuit aussi calme. je la regarde enchaîner les cigarettes, ses larmes coulent en silence on entend toujours les cigales. on se blesserait même avec zéro mot, pourtant aucun mur sur cette terre ne pourrait étouffer le cri de nos phéromones.

L’attente t’a parue interminable, douloureuse, même. Lennon étant ta soeur, tu aurais adoré pouvoir passer le plus de temps possible avec elle dès que la vérité est sortie de tes lèvres. Mais tu n’en as pas eu l’occasion et tu ne lui en veux pas. En vérité, avec le recul, il aurait sans doute été très étrange qu’elle te considère tout de suite comme sa soeur. Des années de mensonges de vos parents, votre père, surtout, puisque ta mère n’a menti qu’à toi, logiquement, c’est toujours dur à accepter.

Face à elle, tu as la sensation qu’on t’offre le monde que tu n’as pas pu avoir en tant qu’enfant unique. Sans doute a-t-elle eu le même toute sa vie, d’ailleurs. Tu crèves d’envie d’en savoir davantage que les informations que t’as chopées un peu malgré toi. T’es pas assez douée en informatique pour avoir à ta disposition toute sa vie, mais connaître son identité t’a permis d’en savoir un peu plus sur elle. Son métier, pour commencer. Sa meilleure amie. Ses anciens colocs. Mais tu ne peux pas décemment lui dire que tu l’as stalkée. Sans doute un simple besoin d’en savoir plus quand elle te paraissait hors de portée, tu sais pas. Tu aurais dû être en mesure de te contenter de vos quelques échanges quand il était question de faire tomber votre père.

Ses paroles te font l’effet d’un liquide chaud et réconfortant et te tirent un sourire. Elle est contente de te voir elle aussi. Tu n’as besoin de rien d’autre pour être heureuse ; tu peux clairement mourir en paix, désormais. Tu secoues la tête.

- Non, c’est normal. Je ne m’attendais pas à ce que tu m’accueilles les bras ouverts dès ma bombe lancée… Tu l’aurais espéré, mais tu ne t’y es jamais sincèrement attendu. Tu hoches la tête, lâchant un muet « c’est normal ». Tu lui souris. Bien entendu. Tu veux savoir quoi ?

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