Tes projets pour ce soir ? mettre les petits plats dans les grands. Après la nuit que vous aviez passé dans les bras l'un de l'autre, tu avais finalement eu l'apparition, l'évidence même : non, il ne s'agirait finalement pas d'un cinéma: peut-être valait-il mieux que vous fassiez une pause sur la fiction quelques temps. A la place, tu avais proposé à Rose de venir dîner chez toi. Mais tu ne savais pas rester en place: une soirée "tranquille" avec toi ? Bon, ok, ça existait, mais tu n'étais pas le plus calme de ta bande. Parfois d'ailleurs, tu te réfreinais, t'avais peur que ton hyperactivité latente ne la fasse fuir. Mais ce soir, t'avais envie de bouger. De célébrer avec elle. Célébrer quoi ? comme si y'avait des raisons d'être heureux, tiens ! célébrer l'amour, la nature, la vie... peu importait du moment que c'était avec elle. Tu n'avais pas encore parlé de tout ça a Roman. Pourtant, nul doute que le sujet viendrait sur le tapis: t'avais manqué de faire casser la gueule à la pièce que vous jouiez pour ses beaux yeux et ça en valait la peine. Mais il ne comprendrait pas. Impossible pour toi, pour l'instant, de lui dire tout ce qu'il refuserait d'entendre. Charlie avait été aussi importante pour vous deux, pour des raisons différentes, et si tu t'en étais voulu de tourner la page, the 'Man would kill you. Tu verrais ça plus tard. Pour l'instant, tu terminais les derniers préparatifs de la première partie de votre soirée. La seconde ? T'en avais la clé dans la poche de ton manteau: deux billets pour une soirée patins à roulettes sur le thème des années 90. Sans doute un peu kitch, mais vous aviez déjà essayé de danser sur des patins, vous ? Toi, non. Et t'étais convaincu que ça allait être marrant. Espérons que Rose serait de cet avis elle aussi !

T’étais nerveux comme rarement tu l’avais été. En même temps, tu n’avais pas pris la peine de faire de rendez-vous avec l’une ou l’autre de tes conquêtes depuis… depuis quand déjà ? Charlie. Encore et toujours Charlie, c’en serait presque lassant, cette rengaine dans laquelle pourtant, vous vous étiez enfermés, Roman et toi depuis maintenant six ans. si loin et pourtant, si frais dans vos mémoires. Le choc, la perte de celle qui importait plus que tout au monde pour vous deux. La promesse que tu t’étais faite de ne plus jamais tomber amoureux – quel intérêt, dès lors, de faire un ou l’autre de ces putains de dates à la con dont tu n’avais définitivement plus les codes ? Toi, ton truc, c’était de charmer. Rapidement, proprement, mais surtout, faire dans l’instantané. L’éphémère. On boit, on danse, on rit, on s’enlace, on s’embrasse et on se dit adieu au point du jour. Pas d’enjeu.

Pas d’enjeu jusqu’à ce soir là. Rose venait de t’avouer ses sentiments, réciproques aux tiens ; et pour la première fois de ta vie, t’avais l’envie que ça marche. Pas seulement pour une nuit, pas comme avec cette blonde dont tu avais oublié le nom, malgré les mois passés ensemble : Laure ? Peut-être. Dans ton coeur, elle resterait le pansement dont tu avais eu besoin dans un instant de faiblesse.

Appliqué comme jamais sur ta recette, tu fredonnais les tubes rétros, à la limite du kitch de Salt-N-Pepa que tu avais lancé sur Spotify : les années 90 ? Ton enfance, tes plaisirs coupables que certains auraient sans doute jugé très fort. Mais toi, tu t’en fous. T’es plus sur Terre, complètement absorbé par l’idée que Rose, dans quelques instants serait là. Tu terminais ton plat et un sourire nigaud aux lèvres, tu vins lui ouvrir ; déposant un baiser sur ses lèvres pour la saluer, puis tu te décalais pour la laisser entrer « grand chef ? Avant de dire ça… il faut goûter ! On s’croirait presque dans top Chef. » tu lui adressais un clin d’oeil amusé avant de l’inviter à s’installer « tu veux boire quelque chose ? J’ai … Préparé un cocktail si ça te dit ! » avouais-tu, toujours un peu stressé, comme si tu passais l’un de ces castings que t’imposait ton agent, comme si t’allais passer une intéro de maths : l’horreur

Les mots de Roman tournaient et retournaient dans ta tête à mesure que le temps passait. Tu mesurais que tu avais joué avec ta carrière, mais aussi avec la sienne. En lui demandant d’être ton agent, t’avais, consciemment ou non, scellé vos deux destins pour le meilleur… mais surtout pour le pire. Tu t’en voulais. T’avais promis que tout allait rentrer dans l’ordre, tu te tiendrais à carreaux pendant quelques temps, voilà tout. C’était ce que tu faisais à chaque fois, incapable que t’étais de te cadrer réellement : tu avais beau te plaindre, détester les réprimandes, Roman était ton garde fou. Tu ne le remercierais jamais assez, d’ailleurs d’avoir, un jour, eu l’inconscience de bien vouloir remplir ce rôle… pour toi. T’avais pas le droit de jouer au connard avec lui. Mais t’aurais voulu – tellement voulu qu’il comprenne. Peut-être pas qu’il apprécie ta belle ; c’était visiblement trop demander, mais qu’il ait au moins le bon goût d’accepter. Mais tu savais combien c’était difficile : longtemps, tu t’étais refusé à Rose, malheureux comme une pierre à l’idée de remplacer Charlie. Si les séances avec ta psy et un énorme travail sur toi encore à l’heure actuelle t’avaient permis de t’abandonner, comment pouvais-tu en vouloir au français qui maudissait l’éventualité d’une relation ? Comment pouvais-tu lui en vouloir de détester l’idée de voir sa sœur disparaître à tout jamais de ton souvenir ? S’il savait que c’était impossible, peut-être que cela serait moins douloureux. Mais Roman avait la tête dure. Tu soupirais, chassant comme tu pouvais cet échange houleux de tes pensées, lorsque Rose frappa à ta porte.

Un sourire idiot sur le visage, tu t’étais empressé d’aller lui ouvrir, stressé comme jamais à l’idée de ce rendez-vous. Qui était le crétin qui avait inventé de telles traditions à la con ? Quand vous étiez ensemble, tout était simple, doux, pourquoi ces traditions venaient tout compliquer ? Tu embrassais ta belle, ton bras s’enroulant doucement autour de sa taille, tu finis par te tranquilliser un tant soit peu en entendant ses paroles. Bon dieu, comment faisait-elle, pour avoir l’effet sur toi de trois xanax mélangés à de l’alcool? Peu à peu, tes épaules redescendaient, ton dos se redressait, témoins de ton corps qui laissait tomber cette putain de pression monstrueuse que tu étais parvenu à te mettre seul. « désolé. Ca m’a toujours rendu nerveux, tout ça. Mais… j’pourrais tout encaisser, tant que j’suis avec toi. » Paroles de lover ? Un peu. Mais pourtant, t’étais loin de dire des choses que tu ne pensais pas.Tu déposais un baiser sur sa joue et l’invitais à t’attendre quelques instants au salon, le temps pour toi d’aller chercher l’apéritif, préparé sur un plateau. Une fois de retour, tu posais les deux cocktails et de quoi grignoter sur la table basse et levais ton verre « à notre premier… ‘vrai’ rencard ? » amusé, tu lui adressais un clin d’oeil et fis tinter ton verre contre le sien

Ta tête fourmille de souvenirs. Ceux, récents, de Roman te réprimandant, assurant que Rose n’était pas pour toi, qu’elle avait une mauvaise influence et ce genre de débilités. Ceux, plus anciens, de Charlie, de vos débuts à… sa fin, que tu aurais espéré la plus tardive possible. Mais la vie avait visiblement un sens de l’humour qui n’appartenait qu’à elle. Tu reportais ton attention sur ta brune, te forçant à sourire, souriant bien plus naturellement lorsque tu réalisais : votre premier rendez-vous. Le vrai. « habillés », qui plus est, ajoutait Rose, ce qui eut le don de t’arracher un rire « on va éviter que ce soit bizarre, à l’avenir ! » tu lui adressais un clin d’oeil et déposais tes lèvres sur les siennes : si vous pouviez éviter de retomber dans ces vieilles réactions stupides ? Oh, ouais, il fallait le faire. Tu n’avais aucune intention de revivre une engueulade avec Rose. Surtout comme celle-là. Sa tête contre la sienne, tu fermais les yeux et souriais, ta main partant à la recherche de la sienne que tu agrippais rapidement, hésitant. Ta journée ??? Ta journée. Une engueulade avec ton agent/meilleur pote, une crise existentielle et… un mal de crâne, causé par le sommeil lourd que tu t’étais tapé, avant que Roman ne vienne te casser les oreilles. « C’est toujours trop long, sans toi. » avais-tu lancé, déposant un baiser sur sa joue. Mais tu ne savais pas ce que tu étais censé dire. Du théâtre ? Non. Tu n’avais pas eu de nouvelles, t’avais d’ailleurs cru que tout était arrangé, jusqu’à ce qu’il ne vienne te faire la leçon. « j’ai eu une visite de Roman. C’est... mon agent, maintenant. Ne t’en fais pas. Tout est sous contrôle ! » avais-tu conclu, tentant d’arrondir les angles : tu ne voulais pas l’inquiéter, mais tu ne voulais pas lui mentir non plus… Tu t’arrangeais comme tu pouvais.

A la réponse de ta brune, t’avais souri, amusé, avant de hocher la tête, ton front se collant doucement contre le sien « ça n’aura plus à l’être. Jamais. En fait, ça n’aurait jamais du l’être. » tu lui adressais un clin d’œil amusé, et déposais un baiser sur sa joue. Ta main caressait tendrement son dos, touché par ses mots. Tout à coup, tout s’envolait. Ces mots cinglants, douloureux quand bien même tu avais montré le contraire à Roman. La peur de le perdre, lui, ton meilleur pote, ton pilier, ton frère ; mais t’avais aussi pris conscience que ta carrière pouvait s’arrêter là, comme ça, du jour au lendemain. Enfin : tu t’en étais souvenu. Dans le fond, t’avais jamais perdu ça de vue. Loin du type qui gagne subitement en popularité, t’étais conscient que tu pouvais tout perdre aussi vite que ce que tu avais gagné. Jusqu’hier soir, où tu t’étais senti pousser des ailes. Tant pis pour ta carrière, tant pis pour ta scène, tant pis pour… peu importait pourquoi, tu n’avais que Rose, toujours Rose à l’esprit, celle qui te faisait battre le cœur à en éclater, celle qui t’avait rappelé ce que c’était de se sentir vivant. Alors oui, t’avais fait une entorse à ton propre règlement mais t’étais pas pour autant déterminé à tout lâcher, malgré les insinuations de Romain. Bon dieu, qu’il était agaçant, quand il se la jouait drama king !

Tu souriais, caressant sa joue de ton pouce, hochant silencieusement la tête, un peu gêné : tu ne te souvenais plus de lui avoir parlé de tout ça ; comme si c’était un truc naturel, de parler à la personne la plus importante pour toi de ton second pilier. Mais il allait falloir que tu arrêtes de boire, ou du moins pas autant, jeez ! Comment t’avais fait pour oublier un truc pareil ?! « c’est pas important. Tout va bien, c’est réglé. T’as pas à t’en faire ! » tu lui avais adressé un clin d’oeil bienveillant, serrant doucement sa main dans la tienne. Tu voyais bien que quelque chose clochait.   « hey… Tout va bien, hein ? Roman est juste une immense drama queen en manque permanent d’attention. Il a fait sa diva. On a mangé des pâtes. Il est grognon, le ventre vide. » tu réprimais un rire et te lovais contre elle, prenant une nouvelle gorgée de ton verre, espérant l’avoir rassurée autant que tu le pouvais.

Tu esquisses un sourire amusé lorsqu’elle te répond. Tu échappes un léger rire, avant de lancer dans un sourire taquin « Belle… et intelligente. J’ai vraiment de la chance de t’avoir, ma fleur ! » tu lui adressais un clin d’oeil malicieux : la méga dalle ? Tu l’avais, c’était le moins qu’on puisse dire. Tu rougis légèrement à son aveu. Toi aussi, il te suffisait d’un moment passé avec elle pour que tes craintes, ta mauvaise humeur ou tes incertitudes ne disparaissent. Elle était là, avec toi, c’était tout ce dont tu avais besoin. « pour être honnête...moi aussi, j’attends ça avec impatience. Tu n’imagines même pas comme j’ai compté les heures jusqu’à ce soir. » tu lui adressais un clin d’oeil et déposais un baiser affectueux sur sa main avant de te lever et de récupérer vos assiettes que tu ramenais aussitôt. Tu regrettais de n’avoir pas été capable de lui cuisiner un vrai truc, autre que des pâtes, mais tu savais déjà les cuisiner sans te planter, c’était déjà pas mal. « c’est pas du trois étoiles, mais… promis. La prochaine fois, je saurai t’étonner ! » comment ? T’en avais aucune idée, mais Rose méritait le meilleur. Amusé, tu te demandais si tes pâtes seraient au niveau de celles du père de Rose. T’en avais des souvenirs particulièrement frais, en tête. Ce qui avait d’ailleurs sans doute conduit ton choix qui coulait de source. « bon app’ ma fleur ! » sourire aux lèvres, tu attrapais ton verre et hasardais, histoire d’enterrer définitivement le sujet Roman qui n’en était même pas vraiment un pour toi : t’avais l’habitude des raleries de ton compère de toujours « t’as fait quoi de ta journée ? » un sujet qui, pour toi, valait mille fois plus la peine.

L’ascenseur émotionnel en était presque ridicule. Tu passais d’un état stable, de ceux qui faisaient de toi un type random, ni en colère, ni survolté à un état d’implosion émotionnelle tellement forte que t’avais aucune idée de quoi faire de tout ça. Et tout ça en quelques mots. « j’ai eu hâte de te retrouver ». Le genre que tu peux balancer à ta sœur, à Romain… à ton chat, même. Mais ils n’avaient pas le même effet, lorsque c’était elle qui les prononçaient. Là, t’avais l’impression de manquer d’air tant ton coeur grossissait dans ta poitrine, rempli d’un sentiment étrange, que t’avais pas ressenti depuis un bail. La plénitude ? Le pouvoir incroyable de l’amitié et de l’amour tout droit sorti d’un épisode des bisounours ou de my little poney ? Tu ne l’avouerais pas de peur de la faire fuir mais c’était exactement de ça, qu’il s’agissait. Tu mordillais ta lèvre inférieure, un sourire nigaud sur le visage. Nom de dieu, tout chez toi transpirait la niaiserie, c’en était quasiment affligeant. Pourtant, tu gardais aussi visible que possible ta poker face. Plus habitué à ressentir tout ça, tu te sentais quasiment handicapé par tes propres émotions qui t’assaillaient de part en part act natural, Collins. Act. Fucking natural tu parles, ouais, t’étais aussi naturel qu’un goéland mazouté en plein mois d’août : c’est majestueux, mais ça colle. Ri-di-cule. Un peu désarçonné par ta chimie interne, t’avais fini par te taire et faire ce que tu savais faire de mieux : l’écouter, amusé par son aveu. Si vous étiez tous les deux les cuistots les plus pétés de Fall River, vous étiez mal barrés. M’enfin. Ca risquait d’être marrant, les tentatives bidons de recettes improvisées. A condition d’avoir une bonne assurance maladie… du moins, tu ne savais pas pour elle, mais t’avais fait tellement de trucs douteux par flemme de descendre à l’épicerie, que ton estomac était désormais à toute épreuve. C’est comestible ? C’est le principal. Tel est ton crédo. Tu hochais la tête en souriant : maintenant qu’elle en parlait, tu regrettais presque de n’avoir pas pris le temps de te poser, depuis que Roman était parti. Mais c’était pour la bonne cause : tu voulais que tout soit putain de parfait. « j’suis content que ça te plaise. J’ai… suivi l’une des innombrables recettes de ton père. » tu te mis à rire « du coup… si j’comprends bien l’impro culinaire, c’est de génération en génération chez vous, c’est ça ? » tu ricanais et lui adressais un clin d’oeil moqueur, puis attrapais ton verre, duquel tu prélevais une gorgée.

Des papillons dans le ventre, dans la gorge, même, parfois dans la tête, lorsque la simple évocation mentale de ta belle t’empêchait de te concentrer sur ces choses qu’on appelait communément « responsabilités ». Comme tu détestais ce mot, toi qui ne l’avais jamais été, responsable, pas même pour un sou. Paradoxal, lorsque l’on savait que pour Rose, t’aurais été prêt à te ranger, devenir le gars le plus sérieux de tout Fall River, ou du moins, tu essayerais. Tu savais pertinemment qu’à trop chasser le naturel, il revenait au galop, et toutes ces conneries. Alors non, tu ne resterais pas aussi ennuyant qu’un contrôleur des impôts, mais si elle te le demandait, tu te mettrais du plomb dans le crâne avec autant de ferveur que lorsque c’était Romain, qui te remettait sur les rails.

A sa plaisanterie, t’as souri, amusé et lui avais adressé un clin d’oeil « Plus qu’une inspiration : une raison de t’impressionner ! » tu réprimais un rire et secouais la tête « l’impro culinaire, je lui laisse volontiers : je suis bien meilleur improvisateur sur les planches qu’avec une planche à découper. J’avais trop peur de t’empoisonner. » tu lui adressais un clin d’oeil amusé et l’observais. Elle n’avait qu’à peine touché à son assiette, venais-tu d’invoquer le malin ? Tu grimaçais « ma Rose, t’es sûre que tout va bien … ? Tu n’as presque rien avalé… Y’a un souci ? » qu’elle te traite de piètre cuisinier ? Tu n’en avais pas grand-chose à faire, tant qu’elle avait de quoi palier à la faim éventuelle. Tu mordillais ta lèvre inférieure, inquiet et attrapais sa main, cette fois-ci incapable de masquer ton inquiétude face à la brune qui te faisait monter le coeur au bord des yeux.

Tu l’aimes tellement, ta Rose, que tu voudrais lui montrer à travers tout ce que tu touches. Ça a commencé avec ton monologue, sur scène, et puis ce coup de folie qui t’avait pris, assez fou pour céder à l’envie de la rejoindre en pleine représentation. Tu sais que c’était du grand n’importe quoi, que Roman avait eu raison mais tu ne regrettais pas une seule seconde ce choix taré. A tes yeux, c’est encore pas assez. Tu veux la régaler autant qu’elle le fait à ton égard, et ce par les moindres aspects de vos vies. Le repas, donc, était une suite logique. Sa main sur ta joue, tu souris et l’attrapes, y déposant un baiser « aucun risque. Tu m’impressionnes tous les jours mon amour ! » que tu lances dans un clin d’oeil. Tu te trouves niais, tu n’as pas l’habitude de tout ça et te dis que si Roman te voyait… non. Il ne faut surtout pas. Du moins pas tout de suite. Il n’est pas prêt, tu le sais. La moindre marque d’affection envers quelqu’un d’autre que Charlie le boufferait. C’est pas le moment. Alors en attendant de pourvoir passer de bons moments avec celle que tu aimes et ton meilleur ami, tu te contentes de ces moments hors du temps, passés rien que vous deux. Et dans le fond, ce n’est pas pour te déplaire.

Mais t’as le coeur qui se déchire, lorsqu’elle t’explique la raison de son appétit de moineau. Tu te sens responsable, forcément, comment faire autrement alors que vous vous êtes abîmés ? Tu sais que tu n’es pas le seul responsable, mais tu aurais aimé avoir géré les choses différemment. Même si au final les choses s’étaient arrangées, tu ne voulais pas de ces dommages sur elle, sur ce que t’as de plus cher. Tu hoches la tête et te lèves, attrapant le plat « Mais… tout va bien maintenant. Ma Rose… On est ensemble… je suis là. T’as plus à t’inquiéter. T’es en sécurité et j’ai plus aucune intention de bouger. Pas sans toi. » tu lui adresses un sourire compatissant, t’essayes, tant bien que mal de cacher ton inquiétude et glisses un baiser dans son cou, à la volée, lorsque tu passes derrière elle pour mettre le plat dans ton frigo. Puis tu reviens quelques secondes plus tard « t’as quand même un peu de place pour le dessert, ou tu déclares forfait ? » que tu lances, dans un regard plein de malice. Si elle décline, tu n’en feras pas une maladie. Et puis, le tiramisu, plus ça pose plus c’est bon !

Tu ne sais pas d’où ça vient. Tu ne sais pas pourquoi ni comment, avec Rose, tu as toujours pu être toi-même. Parce qu’elle ne te juge pas. Peut-être aussi, parce qu’elle t’écoute, rit avec toi et pas de toi, du moins jamais sans que ça ne soit blessant. Tu ne sais pas si c’est ça qu’on appelle le respect, t’es juste reconnaissant envers la jeune femme, qui te traite comme tu traites les gens – comme tu aimerais être traité, en somme. A sa grimace agacée, tu ricanes et lui tires la langue, puis tu hausses les épaules « C’est pas grave, ça. Y’a pas besoin que tu sois dans la lumière pour que tu m’impressionnes ! » tu lui adresses un clin d’oeil et passes une main dans son dos, inquiet. Tu t’en veux que ça en soit arrivé là, surtout pour un truc aussi stupide, quand on y pense : se rendre malade parce que vous vous aimiez ? Faut quand même que vous soyez bien atteints, tous les deux ! Peut-être une preuve que vous êtes faits l’un pour l’autre, ne dit-on pas que qui se ressemble s’assemble ? Tu passes ta main sur son épaule, et tu lances, d’une voix basse « hey… tu me promets de ne plus jamais te rendre malade comme ça pour nous ? Je m’en veux, tu sais … ? J’suis là pour prendre soin de toi et te soutenir. Pas pour te casser. Ne l’oublies pas... » tu déposes un baiser sur son front, un peu pensif. Tu établis déjà cent plans pour l’aider à retrouver l’appétit. Bingo. Ca commence par un dessert, et ça te va très bien ! Tu hoches la tête « ça me va ! Je n’ai plus vraiment faim, pour être honnête. Qu’est ce qu’on ferait pas par gourmandise ! » tu ris légèrement et vas chercher deux assiettes, dans lesquelles tu mets une moitié de part de tiramisu « ça te dit qu’on aille se poser ? » que tu dis en désignant ton canapé d’un signe de tête, sans lâcher tes assiettes.