Ville de Mexico. La simple idée de passer du temps avec Elliott, et ce au soleil, t'a mis de bonne humeur. À partir du moment où vous avez eu cet échange de messages, ton sourire ne t'a pas quittée une seule seconde. La Rose confiante que tu étais adolescente a clairement repris le dessus, loin de celle influencée par la présence obscurcissante d'Arno, qui avait bien failli t'ôter toute la volonté du monde a faire des efforts. Avec Elliott, les choses sont différentes. Bien sûr, tu doutes sans cesse. Parce qu'il y a Charlie et que, malgré tout ce qu'il te dit, t'as la sensation qu'il ne fait pas son deuil, parfois même celle d'être une remplaçante dans sa vie. Bien sûr, tu sais que tu n'aurais probablement été que son plan B si elle avait toujours été de ce monde, et tu le comprends. Le grand amour, ça ne se vit réellement qu'une seule fois. Mais ça te fait douter, sans doute autant que ça te fait du mal quand tu réalises qu'il est davantage celui de ta vie à mesure que passent les jours. Mais soit.

On n'est pas là pour parler de ça, pas vrai ? Alors dans cette optique de vous changer les idées et d'enfin faire le plein de vitamines D, tu n'as pas hésité à te jeter sur la première promotion pour des billets direction la ville de Mexico, où le Pitchfork Music Festival CDMX 2024 battrait son plein sur la moitié de la semaine, décalant un peu tes congés par rapport à ce que tu avais vu avec ton patron, après en avoir discuté avec ton amoureux.

À peine sortis de l'avion - parce qu'à ton grand damn tu n'as pas trouvé de billets pour un autre type de transport, toi qui essaies de faire de l'écologie une priorité vu tout ce que tu produits en carbone par ton travail - tu n'as pas tardé à sauter dans ton maillot de bain direction la plage à proximité de l'hôtel où vous logiez, suppliant presque Elliott de te rejoindre. Lui, dans une optique totalement normale considérant l'heure à laquelle vous vous étiez levé pour monter dans l'avion, semblait davantage avoir envie de dormir. Tu réalises que tu arrives quand même à lui tirer un sourire.

- Allez mon amour, accompagne-moi. S'il te plaîîîîîîît ?

@Elliott S. Collins

T’as bien cru que t’allais la perdre, ce jour là. Tu t’es senti con, seul, et surtout, terriblement injuste. Si seulement Rose savait ce que tu ressentais à son égard. Si seulement elle comprenait que, malgré ce que tu n’arrives pas à traverser, elle a malgré tout marqué ton existence plus que de raison : jusqu’ici, tu n’aurais pas été capable de choisir entre une blonde et l’ombre de Charlie. Pour Rose, t’as réussi à le faire, plus ou moins bien, mais tout de même.
Remis de vos émotions, t’as été ravi qu’elle prenne la décision de ce week-end. Vous carapater loin de tout, voilà qui te semble être le meilleur des projets. Valise faite à l’arrache, t’as qu’une seule envie lorsque vous arrivez : te taper ta meilleure sieste… D’ailleurs, tu commences à t’installer confortablement dans ton canapé histoire de. Mais Rose semble en avoir décidé autrement. Totalement surexcitée, t’as l’impression de voir une enfant devant ses cadeaux de Noël… Mais en plus beau, et qui te donne de bonnes raisons de te lever. Tu ricanes et t’étires « c’est bon, j’arrive, j’arrive ! » tu lui adresses un clin d’oeil en retirant ton t-shirt pour toi aussi enfiler à la hâte ton short de bain. Enfin à la hâte… facile à dire, pour un mec qui, trois secondes avant commençait à partir dans un pays lointain. Une fois prêt, ta serviette sur l’épaule, tu enfiles tes tongs et arrives vers elle, moqueur « bon, alors ? On y va ?? depuis le temps que je t’attends ! » tu éclates de rire et dépose un baiser sur sa joue « t’as eu une bête d’idée mon coeur. Merci ! Ça va être giga cool! » de toutes façons, t’es pas trop difficile : il suffit que Rose soit dans les parages pour que, rapidement, tout devienne magique.

L'océan, ça ne t'attire pas toujours énormément. Bien sûr, avec la chaleur et la promesse d'une eau presque thermale qui ne te ferait pas frissonner un brin, tu n'as rien contre, c'est un fait. Mais tu peux t'en passer. Pour autant, prise d'une subite envie d'aller plonger et de profiter de la chaleur de l'endroit en compagnie de ton amoureux, tu fais preuve de tes propres exceptions.

Un sourire sur les lèvres, tu apprécies la réponse d'Elliott, à peine consciente que tu le sors de sa torpeur pour potentiellement tester de l'eau si froide qu'elle vous réveillerait tous les deux plus que nécessaire après votre petite virée en avion.

- Super, glisses-tu, joueuse, en l'entendant céder. Parce que, oui, tu l'as vu fermer l'oeil, au moins un peu, mais est-ce que cela te fait réellement culpabiliser ? La vérité, c'est bien que non.

Tu ne l'attends pas particulièrement longtemps, mais suffisamment pour que, lorsqu'il arrive, tu lances un bâillement si grand que t'as l'impression de te décocher la mâchoire. Il le remarque et sa vanne te fait fermer la bouche dans un petit rire.

- Pas du tout dans l'excès, hein, affirmes-tu en profitant de ses lèvres sur ta joue pour glisser tes doigts entre les siens. Si tu le dis. Je n'ai fait que l'initier, mais l'important c'est ce qu'on en fera. Tu niches ta tête contre son épaule. Essayons de faire ça bien.

Il n'y a nulle part au monde où tu voudrais être sans Elliott. Assertion stupide et complètement niaise, mais si vraie. Avant ça, il était juste un de tes plus proches amis, un de ceux que tu recroisais de temps à autre quand la vie vous remettait vos chemins dans la même direction. Désormais, il est peut-être l'une, sinon la, des personnes les plus importantes de ta vie. Vous vivez quasiment ensemble, l'avantage d'être tellement voisins que vos deux appartements sont collés l'un à l'autre - la vie s'évertue quand même plutôt bien à vous donner la même direction, il faut dire - et passez le plus clair de votre temps libre tous les deux. Non, tu n'aurais rien changé. Sauf peut-être ton incertitude quant à Charlie et ce qui ressemble vraiment beaucoup à de la jalousie en ce qui la concerne.

Tu lui adresses un regard entendu. T'as compris l'ironie de sa phrase mais "lui, dans l'excès ? TOU-JOURS !"

Tu pinces les lèvres quand il mentionne votre première escapade. En tant que couple, c'est vrai. Pourtant, tu ne peux pas t'empêcher de penser à cet aller-retour à Washington qui était on ne peut plus étrange et dont tu espères pouvoir débarrasser ta mémoire au plus vite. Dans cette optique, espérant que cette escapade puisse éclipser la première, tu lui adresses un sourire et hoches la tête.

- C'est vrai, lui concèdes-tu en essayant tant bien que mal de ne pas penser à Washington. Ton sourire s'agrandit un peu plus. Bienvenue au Mexique, en même temps. C'est pas ultra loin, même si un peu de Fall River, mais tu es toujours étonnée par les conditions climatiques. Il suffit de voir la météo de la Floride à la télévision tous les jours pour comprendre que le Mexique ne peut pas être plus froid en étant plus au sud.

Et enfin, il lâche les mots magiques. Toi, t'es prête depuis un bout de temps, et tu n'attends qu'un oui depuis tout à l'heure. Alors ça te fait pouffer.

- Bien entendu, tu sais que je n'attends que ça. Ça et lambiner au soleil pour potentiellement donner un teint doré à ta peau, qui ne demande que ça après les froids jours d'hiver de votre petite ville du Massachusetts.