Depuis que tu es de retour à Fall River, ta vie ne connaît que le chaos. Tu es finalement partie, puis tu es revenue quand ton entreprise a décidé de te muter à Boston de façon définitive. Faire le trajet tous les jours vers ton job, c'est pas vraiment de tout repos et même, on peut dire que tu n'aimes pas ça du tout. Mais ce n'est pas non plus comme si tu avais le choix. Au lieu de ça, tu occupes ton temps libre à chercher de quoi aider Mazikeen.

Les accusations qui pèsent sur elles semblent légitimes, mais toi, tu as toujours été persuadée et même convaincue de son innocence. C'est comme ça que, profitant d'être de retour à Fall River, qui se trouve être un endroit que vous connaissiez toutes les deux, tu l'as aidée à se cacher dans une chambre de motel et ce sous une fausse identité. Tu es peut-être une simple hackeuse, mais grâce à Washington, tu as les contacts qu'il te faut et tu ne t'en plains pas. Bien évidemment, le tout n'a pas été simple car son signalement a été diffusé dans ce qui semblerait être tout le pays : de Washington à Fall River, les états semblent un à un savoir à quoi ressemble la grande traitresse Mazikeen Chamberlain. Et pourtant, cette ville est juste ce qu'il lui fallait : le désordre qui règne en ville semble être une distraction suffisante aux forces de polices pour qu'ils ne prêtent pas plus attention à la jeune femme.

Ce jour-là, tu prends ton habitude d'aller la retrouver au motel. Tu sais que Charles, son neveu, est le seul autre que toi à connaître l'emplacement de Maze et à venir régulièrement, tu t'es donc assuré qu'il ne serait pas là pour la voir : le moins il en sait, le mieux c'est. Tu n'es peut-être pas dans les forces de police, mais tu imagines bien que ce n'est pas plus mal s'il n'est pas davantage complice avant que Maze ne soit innocentée. Tu tapes quelques coups à la porte de la chambre de celle-ci, lui signalant par ceux-ci qu'il s'agit bien de toi : comme un code secret, elle a pris l'habitude à ce que cette façon de toquer t'identifie clairement. Quand elle t'ouvre, tu ne te fais pas prier pour t'engouffrer.

- Salut Maze. J'ai des nouvelles. Et, encore ! C'est presque un euphémisme sachant que tu as finalement réussi à craquer la base de données du FBI et que tu es sur le point de pirater l'ordinateur de la personne qui a voulu la faire tomber.

La tasse de café toujours en main, ton regard fixait l’extérieur de Fall River. Tu avais choisi ta chambre d’hôtel en fonction de la vue, tout était calculé dans le moindre détail. Comment aurait-il pu en être autrement ? Avec toutes les personnes qui étaient à tes trousses, il valait mieux que tout soit prévu parfaitement. La fenêtre donnée sur la rue principale, ce qui te permettait de voir ce qu’il s’y passait, mais surtout, de pouvoir réagir rapidement si ceux que tu fuyais s’engouffraient dans l’établissement. À cet instant précis, ce n’est pourtant pas de la surveillance que tu fais. Le regard complètement perdu, tu pensais à tous ces derniers événements qui avaient chamboulé ta vie du jour au lendemain. Tu ne comprenais toujours pas comment tu en étais arrivée là, comment cette institution dans laquelle tu avais tant confiance et pour laquelle tu travaillais d’arrache-pied avait pu faire de toi l’ennemi public numéro un. Tu ne comprenais pas comment ils étaient arrivés à faire croire aux personnes qui te connaissaient et t’appréciaient, qu’en réalité, tu étais un monstre. C’est sur les doigts d’une main que tu pouvais compter ceux qui ne doutaient pas de toi et qui étaient persuadés de ton innocence. Et le plus triste dans cette histoire, c’est que ton mari n’en faisait pas partie. Pour le meilleur et le pire hein…

On t’a forcé à sortir de tes pensées lorsque tu entends la porte frapper et pas n’importe comment. Tu ne bougeais pas de ton emplacement, prête à déguerpir au plus vite selon un plan établi à l’avance, tant que la totalité du code n’était pas donnée. Silence radio durant quelques secondes et lorsque tu sais qu’il s’agit de Rose, tu t’empresses d’ouvrir la porte et de la refermer aussitôt, une fois la brune à l’intérieur. « Rose ». Tu étais contente de la revoir, une amie de longue date que tu portais toujours dans ton cœur. Elle était digne de confiance et une fois encore, elle te l’avait prouvé en acceptant sans hésitation de t’aider, alors même qu’elle prenait des risques. « Dis-moi qu’elles sont bonnes tes nouvelles Rose, je crois que je vais devenir folle dans cette chambre ». C’était vrai, tu n’en pouvais plus, tout ce que tu voulais, c’était sortir te balader ouvertement et humer l’air frais de la ville sans avoir peur que l’on te reconnaisse. Mais tu savais que pour le moment ce n’était qu’une rêve irréalisable. Alors tu suppliais presque ton amie du regard dans l’espoir que vous ayez enfin un peu avancé dans cette histoire. Tout ce dont tu avais besoin se trouvait dans tes fichiers restés à ton bureau que seule elle pouvait récupérer.

Tu as beau te plaindre, tu n'es pas la plus à plaindre dans tout ça. Parce que ton entreprise te laisse quelques jours de télétravail tout de même. Et parce que, toi, tu sais très bien que tu peux sortir de là quand tu le veux. Personne ne te poursuis. Personne ne veut ta peau. Et ce n'est pas le cas de Maze. Parce que derrière tout ce coup monté, toi, tu vois surtout le moyen de détruire une carrière et une vie. Ce que tu entends par vouloir sa peau, à vrai dire. Parce que, plus, tu n'es pas capable de l'envisager. Malgré tous tes défauts, tu restes un peu trop pure pour pouvoir penser à une telle chose.

Une fois qu'elle t'a laissée entrer, tu déballes ton ordinateur de ton sac et tu mets tes lunettes sur ton nez. Tu es prête à lui montrer toutes les preuves que tu as déjà récolté, prête à lui parler de celles que tu t'apprêtes à dénicher. Mais d'abord, tu attends qu'elle te donne l'opportunité de. Parce que tout ton bidule pour l'aider, c'est avant tout des données cryptées, des encodages qui ne permettent pas de remonter ni jusqu'à elle, ni jusqu'à toi. Et t'es plutôt douée, dans ton genre. Tu t'installes, fais tes branchements et t'assure que ta connexion est bien cryptée et sécurisée.

- Oui, elles sont bonnes. Tu vas être contente de ce que j'ai trouvé ! Et tu n'as pas chômé, c'est le moins qu'on puisse dire. Tu l'incites à venir t'asseoir à côté de toi pour qu'elle observe ce que tu fais sur ton ordinateur. Tu sais qu'elle ne comprendra pas tout, mais il y a forcément des choses qu'elle va reconnaître, non ? J'ai réussi à entrer dans la base de données du FBI. Pour l'instant, ma connexion est passée inaperçue. J'essaie de pirater l'ordinateur de la personne responsable de ce qu'il t'arrive, mais ça me demande un peu plus d'efforts, il faut croire que tout a été prévu à l'avance. Mais déjà j'ai trouvé tout un paquet de documents qui, je pense, devrait invalider cette chasse à l'homme. Regarde un peu.

L’espoir que tout rentrera un jour dans l’ordre. L’espoir que ton innocence sera prouvée. L’espoir que tu puisses te balader dans les rues de la ville sereinement, sans t’inquiéter du regard de qui que ce soit. La liberté, en somme. Toutes ces choses auxquelles tu n’as plus accès depuis de nombreuses semaines. Il est vrai que tu as tenu le coup jusqu’à présent, davantage pour Charles que pour toi-même. Non, plus le temps passe, plus tu perds espoir. À faire la maline parce que tu as pu t’échapper de justesse des mains de tes bourreaux, tu t’es retrouvée vite prise au piège, coincée entre 4 murs. Fall River qui est là où tu as grandi, que tu connais par cœur même, cette ville que tu aimes tant a fini par te dégoûter. Tu as l’impression d’étouffer, raison pour laquelle tu en attends beaucoup de la venue de Rose. Ton cœur manque un battement lorsqu’elle te confirme qu’elle t’apporte de bonnes nouvelles. « Sérieusement ? Dis-moi tout, je t’écoute ». Et tu n’y vas pas de main morte puisque tu lui apportes toute ton attention à présent alors que tu prends place à ses côtés.

Les yeux rivés sur l’écran, c’est d’abord un défilement de données incompréhensibles à tes yeux qui se présente. Si tu peux te vanter d’être un excellent agent, presque irréprochable même, tu n’y connais pas pour autant grand chose en données informatiques ou cryptées. Mais à mesure que les secondes passent, les choses deviennent de plus en plus familière. « T’es un génie, Rose. Un véritable génie, j’y crois pas !! ». Le soulagement, c’était ce qu’on peut entendre dans le de ta voix qui est devenue plus mélodieuse. Tu as enfin l’impression de tenir quelque chose, la première fois depuis tellement de mois… « Je ne pense pas que l’agent Carter laissera des traces sur son ordinateur, et même si c’était le cas, le Directeur aura fait le nettoyage depuis longtemps. Avec mon arrestation… Ils ne prendront pas de risques aussi stupides ». Tu t’en doutes et surtout, tu les connais depuis le temps maintenant. « Je vais devoir te demander quelque chose, Rose. Mais ça ne va pas te plaire, tu risques vraiment beaucoup sur ce coup et… Je ne t’obliges à rien, tu peux légitimement refuser » que tu lui lances d’une voix tendre. Parce que tu sais pertinemment où se trouve la clé de ta cellule, mais ce ne sera pas chose aisée. Déjà que finir par ouvrir des fichiers du FBI est complexe, mais ce n’est rien comparé à ce que tu t’apprêtes à lui demander. « L’avocat général. Il est a la tête du Ministère de la Justice et c’est lui qui tire les ficelles de toute cette histoire. J’ai monté un dossier avec toutes les preuves et je suis persuadée qu’ils sont tombés dessus. Je n’ai qu’une chance sur deux mais… Si ce dossier existe toujours Rose, c’est lui qui le détient à coup sûr ». Non pas que tu veuilles lui faire peur, mais tu te dois de l’informer que tu cours derrière un gros poisson. Le risque est déjà bien présent avec le FBI, mais s’attaquer au ministère de la Justice… C’est clairement autre chose. « Il détient un cyber coffre à la Bank of America, s’il n’a pas détruit le dossier, il doit s’y trouver, c’est sûr » que tu poursuis en lui faisant comprendre indirectement là où tu voudrais en venir sans lui mettre une quelconque pression. Il est hors de question pour toi d’entraîner tes proches dans cette descente aux enfers et même si tu souhaites te sauver, ce ne sera pas aux dépens de ceux que tu aimes. « Je voudrais juste savoir s’il y est. Sinon… Je devais devoir me rendre à Washington et le chercher moi-même ». D’autant que tu sais exactement où le trouver s’il ne devait pas être dans ce coffre.

Pour aider Mazikeen tu es prête à tout. Pas parce qu'elle t'a un jour pris la main dans le sac et t'a sauvée. Non. Même si, oui, ça joue. Plus parce qu'elle est devenue une véritable amie au fil des ans et que tu ne supportes pas l'injustice. A l'origine, c'est ce pour quoi se battait le groupe de hackers que tu as rejoint au MIT. Aussi, c'est avec beaucoup de fierté que tu lui montres tout ce que tu as trouvé. Tu as déjà stocké les données récupérées et tu es prête à tout pour prouver à ton amie que tout ira bien, qu'elle va pouvoir retrouver le chemin de la maison.

- Je sais que ce n'est pas grand chose et pas suffisamment pour pleinement prouver ton innocence et le complot autour de tout ça, mais crois-moi c'est déjà énorme. Tu pourrais retourner auprès de ton fils et de ton mari. Oh, tu sais que Charles n'est pas son fils, mais vu comme elle le protège, pour toi, c'est la même chose. Et elle sait très bien que tu le nommes comme ça tout le temps peu importe ses contres-indications. Si tout va bien, dans quelques heures, j'aurais suffisamment trouvé d'informations pour pouvoir monter un dossier. Mais... Je ne peux pas me permettre de les amener aux forces de l'ordre vu ce que j'ai en fait piraté... Et je ne peux pas non plus te laisser les amener toi... La vérité c'est que tu as déjà un plan pour remédier à tout ça. Et tu ne comptes pas chômer ou lésiner sur les moyens.

Tu ricanes en entendant Mazikeen.

- Tu serais surprise de savoir ce que les gens ne font pas sur leur ordinateur, par fierté ou par stupidité. Et vu ce que j'ai trouvé, je peux t'affirmer qu'ils font partie de la catégories stupides orgueilleux. Après, certes, il n'y aura pas tout ce que tu cherches...

Tu lâches ton clavier et lèves les yeux vers elle alors que, jusque là, ils étaient rivés sur ton écran. Tu l'écoutes attentivement et, finalement, tu acquiesces.

- Oui bien sûr. Tu regardes ta montre. Je peux essayer. Mais les cyber coffres sont beaucoup plus sécurisés que la base de données du FBI et leur pare-feu. J'ai accédé plus facilement à leurs fichiers que je ne pensais mais ça va encore prendre quelques heures pour infiltrer la Bank of America Et pour le coup, ta connexion sera beaucoup plus vite repérée. Mais une fois que j'aurais accédé à leurs systèmes je ne pense pas avoir plus de quinze minutes pour récupérer ce qu'il me faut avant d'être détectée...

Si proche du but et si loin en même temps, tu as l’impression que tu ne vas jamais t’en sortir. Puis, il suffit que tu penses à Charles pour te motiver à nouveau. Tu dois réussir, tu n’as pas le choix. Si tu ne le fais pas pour toi, c’est surtout pour lui. Il mérite de vivre la vie qu’il entend, loin de toutes ces rumeurs, critiques et « on dit » qui ne devrait même pas effleurer ses tympans. Mais maintenant que tu n’as absolument pas le choix, tu dois te battre jusqu’au bout pour montrer que tu as patte blanche dans ce dossier et que tu es victime d’un complot bien moche. Puis, la colère prend le dessus petit à petit et tu nourris cet esprit vengeur en toi. Ils doivent payer. Tous. Pour t’avoir ôté tant de choses, à toi, ta famille… Et même peut être ton mariage. « Non, Rose, tu m’apportes tellement plus que des documents. C’est de l’espoir que tu me sers là, des mois que nous ne trouvions rien. Les portes s’ouvrent enfin, merci ! » Tu ne la remercieras jamais assez pour tout ce qu’elle fait pour toi et les risques qu’elle a pris et prend toujours dans ton intérêt. Tu savais que tu pouvais compter sur elle et elle ne t’avait pas déçue, au contraire, elle te donnait des éléments importants dans les mains, assez pour que tu redoubles soudainement d’énergie, voulant à tout prix arriver au bout de cette histoire.

« Je l’espère, Rose, vraiment. Ma vie d’avant me manque tellement… ». L’idée de pouvoir sortir avec Charles, de le savoir plus serein dans son quotidien et de voir ton nom remis sur selle… Toutes ces choses pour lesquelles tu te bats encore aujourd’hui, alors même que tu as de bonnes raisons de vouloir baisser les bras. Mais tu n’es pas seule, tu es entourée des piliers de ta vie et tu leur dois au moins ça. « Tu as raison, il faut que l’on arrive à mener les autorités sur ce dossier sans passer par nous, ce serait trop risqué et facile de nous retrouver ». Tu te frottes le menton délicatement et tes yeux fixe cet écran sans vraiment lire ce qui s’y déroule. Pourtant, de nombreuses informations défilent dans ta tête, tu dois trouver un plan pour mener la police sur la piste, sans qu’ils ne puissent vous localiser, auquel cas les choses se compliqueraient. Le temps que les éléments soient étudiés, ils te mettraient à nouveau derrière les barreaux et tous ceux qu’ils considéreraient comme des complices également.

« Je ne sais pas vers qui me tourner à l’agence, je ne leur fais pas confiance » que tu lui lances. Bien sûr que tu avais pensé à certains de tes collègues, mais c’était bien trop risqué encore une fois. Puis… Un nom particulier et familier te vient en tête, mais ton estomac qui se ressert t’empêche de prononcer son nom devant Rose. Oui, la personne idéale à même de transmettre l’information serait Ezra. Mais encore faut-il qu’il soit de ton côté, ce que tu ne peux garantir. Alors tu changes d’avis et ne mentionnes même pas l’idée. « J’en suis ravie, j’ai besoin d’idiots pour prouver qu’on s’est joué de moi alors ça tombe bien » que tu lâches beaucoup plus enjouée que tout à l’heure. Rose avait réussi à supprimer beaucoup de tes doutes et tu reprenais du poil de la bête, voulant à tout prix t’en sortir. « Merci Rose, je ne saurais jamais comment te remercier, sans toi je n’en serais pas là aujourd’hui ». Tu écoutes ensuite attentivement ses explications et tu ne veux pas en louper une miette, chaque détail ayant son importance. « Dis-moi ce que je peux faire » c’est tout ce que tu peux lui dire après ce service qu’elle te rend. D’autant que tu ne t’y connais pas du tout en informatique, tu ne seras donc d’aucune aide jusqu’à ce qu’elle accède au fameux coffre.

Tu sais que Mazikeen est une battante. Bon nombre de personnes dans son cas ou dans un cas similaire aurait simplement pris le temps de baisser les bras, de cesser de croire en tout ça. Et Maze, pourtant, est toujours là, prête à ne rien lâcher, à ne pas avouer une culpabilité inventée pour être tranquille, lâchée par les fédéraux, au fin fond d'une prison d'État.

- C'est le moins que je puisse faire. Tu m'as évité la prison tellement de fois, ça me paraît normal de te rendre la pareille si tu es en mauvaise posture. À bien des égards, si votre relation n'a pas bien démarré, Maze a été un ange gardien pour toi et tu en as bien conscience. Je le comprends. Mais c'est pour bientôt, tu verras ! Tu as confiance dans tes recherches et tu as la sensation d'être à très peu de choses d'avoir le fin mot de l'histoire. Déjà, cependant, ton travail, prêt à être fuité partout sur le net par ton bon vouloir, fera peut-être rouvrir une enquête. Tu me connais, je trouverai un moyen de passer inaperçue sur la toile en laissant tout ça anonymement.

Tu y réfléchis encore et encore, mais tu n'as pas de brillante idée pour la sortir de là autrement, à vrai dire... à moins que... Tant que je suis dans leur système, je peux vérifier ceux qui paraissent les plus fiables pour leur transmettre ? Tu serais surprise de savoir comme un historique de navigation peut définir une personne. Tu lui souris tendrement. Tu te fais la promesse de la sortir de là même si, pour toi, ça veut dire aller simple. Je ne serai pas non plus là sans toi, tu le sais très bien. Tu prends un air pensif. Il faut que je réfléchisse à la manière de procéder mais je pense que vérifier le chronomètre pourrait déjà être pas mal, qu'en penses-tu ?

Tu es impressionnée par les talents de Rose. Si c’était loin d’être gagné lorsque tu l’as rencontré, les choses ont bien changé depuis et tu sais que tu peux compter sur elle à n’importe quel moment. Quand tu penses qu’elle n’était pas loin de la case prison au départ et qu’aujourd’hui, tu risques de t’en sortir grâce à elle… Tu te dis que les choses sont vraiment bien faites et tu es enthousiaste à l’idée que peut-être, c’était bientôt la fin de ces années de calvaire. « Et tu vas sûrement m’éviter de finir derrière les barreaux aussi ». L’idée te donne des frissons, non pas parce que tu penses à ta situation, non. Tu t’en fiches à vrai dire de passer de l’autre côté. Ce qui t’agace, c’est qu’il n’y a pas de raison qui justifierait que tu sois à présente une criminelle. Tu ne pouvais pas te laisser faire alors qu’il y a Charles et ta famille. Quelle réputation leur aurais-tu laissée après ça ? Bien que cette dernière fût bien entachée, mais tu comptais bien rectifier le tir et donner tort à tous ceux qui ne te croyaient pas. « Je te fais confiance ! Je n’arrive pas à rester en place, même si je devrais d’abord attendre le résultat final ». Tu souris tristement, parce que ce n’est effectivement pas la première fois que tu as l’impression d’être sur une bonne piste, mais plus d’une fois, tu étais déçue. « Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Du café éventuellement ? ». Tu as envie d’être un minimum utile alors que tu as l’impression que Rose s’occupe de tout, mais lui laisser une telle responsabilité n’est pas tout à fait satisfaisante à tes yeux.

« Fais ce que tu sais faire de mieux ! » que tu lui réponds sans hésitation. Rose est une experte dans le domaine et tu sais qu’elle ne fera rien pour te mettre en danger, sinon, jamais elle ne serait à tes côtés à cet instant précis. « A vos ordres mon capitaine ! » que tu lances pour détendre l’atmosphère, mais sérieusement néanmoins. Pour avoir déjà travaillé avec des experts de l’informatique dans tes nombreux dossiers, tu en sais juste un minimum pour savoir que le temps est une donnée sacrée, surtout pour localiser les malfrats. Tu prends cela très à cœur, cette fois-ci, c’est toi qui es de l’autre côté et qui dois tout faire pour qu’ils ne sachent pas où tu te trouves. « De quoi combien de temps, tu as besoin ? ». Les yeux rivés sur ta montre, tu n’attends qu’un signe de ton amie pour suivre les secondes à la trace.

Pour Mazikeen, tu ferais n'importe quoi. Elle t'a sortie d'un très mauvais pas et, si tu peux lui rendre ce qu'elle t'a donné, à savoir la liberté, tu n'hésiterais pas. Quitte à te retrouver de nouveau toi-même en mauvaise posture. Tu sais les risques que tu prends et tu sais que ça peut se retourner contre toi avec une facilité déconcertante. C'est pour ça que ça traine. Pour éviter de lever tous les pointeurs vers toi.

- C'est l'idée. Reste plus qu'à réussir. Et c'est ton but depuis deux ans, presque trois maintenant, alors qu'elle t'a contactée pour tout remettre "à neuf" dans sa vie. Tu es de retour à Fall River aussi un peu pour elle, même si tu comptes y rester, n'ayant plus rien qui t'attend à Washington.

- Fais-moi confiance,  Maze. Le résultat final sera sûrement positif pour toi, que je réussisse mon coup ou non. Tout ce que je viens de trouver déjà ? Une véritable mine d'or. Il faudrait être stupide, ou de mèche dans leur petit plan pourri pour ne pas voir de quoi il en retourne. Au fur et à mesure, le dossier s'épaissit. Et avec Maître Oliveira pour vous aider, tu es certaine que le cas de Maze sera plié en quelques semaines, peut-être même juste quelques jours. Moins encore si tu réussis. Tu secoues la tête négativement. Si tu te mets à boire, tu vas devoir te couper dans ton élan pour aller aux toilettes. Et tu n'as pas de temps à perdre.

Tu lui souris, sans pour autant perdre ta concentration. Je te dis ça dans deux minutes. Les lignes de codes s'alignent les unes après les autres et tu les lis le plus vite possible pendant que tu tapes. Autant aller le plus vite possible. Et finalement... Quand je te dis go, tu comptes cinq minutes maximum, d'accord ? Leur pare-feu a des sécurités, j'aurais probablement moins de temps que je ne le pensais pour agir, je préfère ne pas prendre de risque si je dépasse. Tu auras peut-être dix minutes au lieu de quinze. Peut-être moins. Alors autant s'efforcer de faire le mieux possible. Maintenant, Maze.

Allais-tu enfin goûter à la liberté, la vraie ? Respirer à pleins poumons sans t'inquiéter des conséquences de tes faits et gestes ? Te promener ouvertement en public en présence de ta famille sans craindre pour ta vie ou la leur ? Allais-tu enfin arrêter de t'inquiéter et de te débarrasser de cette impression d'étouffer chaque jour qui passe ? Tu as hâte, trop hâte, même. Tu ne supportes plus cette chambre d'hôtel et tes ballades nocturnes qui t’éloignent un peu plus de ta vie d'avant. Tu penses déjà à tout ce que tu comptes faire une fois innocentée, toutes ces choses ordinaires qui ont pris de la valeur une fois que tu en étais privée. « À l'heure actuelle, tu es l'une des seules en qui j'ai confiance, tu peux en être certaine ». Cette mauvaise aventure t'a aidé d'une certaine manière, à y voir plus clair dans ton entourage. Beaucoup de ceux sur qui tu pensais pouvoir compter n'étaient en réalité pas fiables. Tu as perdu beaucoup d'estime en pas mal de personnes que tu appréciais énormément et tu ne voulais même pas ouvrir le sujet d'Ezra et de cette déception qui te prend toujours autant aux tripes. « Je n'ai pas le droit à l'erreur, un faux pas de ma part et ce sera terminé. Il est hors de question que tu sois mêlée à cette histoire en cas d'échec. Rose, tu dois fuir si je me fais prendre ». L'air sérieux, tu attends qu'elle acquiesce et qu'elle te promette que ce sera ce bon choix qu'elle fera. Il est évident que si vous vous retrouvez toutes les deux derrière les barreaux, tu n'auras plus aucune chance de t'en sortir. Ça, plus le fait qu'il ne t'est pas supportable d'envisager l'idée qu'elle puisse courir ce risque à cause de toi. Tu ne lui as pas évité la case prison pour qu'elle tombe directement dedans à la première occasion. « Même Maître Oliveira ne pourra rien pour nous si on s'y trouve ensemble » que tu ajoutes, comme pour argumenter davantage ta demande.

Concentrée, tu ne lâches pas ta montre du regard, prête à bondir pour compter le temps. Cette mesure qui fille sans crier gare et qui ne s'arrête pour personne. À cet instant, c'était la chose la plus importante à vos yeux alors que ton avenir en dépendait. « Compte sur moi, je suis prête » que tu lui réponds, toujours sans quitter du regard les aiguilles qui tournent lentement. Ton rythme cardiaque augmente à mesure que les secondes passent, ton corps commence à ressentir l'urgence et l'importance de la situation. Cette dose d'adrénaline qui parcourt chaque partie de ton corps, comme si tu étais en mission... Comme avant. « C'est parti ! ». Appliquée sur ta tâche, ton regard glisse en parfait accord avec les secondes qui défilent bien trop vite à ton goût. Tu ne dévies pas ton regard pour observer Rose, de peur de perdre le fil, de toute façon, ce n'est pas comme si tu y comprenais grand-chose au hackage. « 4 minutes 50 ». Tu as l'impression que c'est toi qui es dans le feu de l'action et tu ressens la pression que dois ressentir ton amie alors que tu entends les cliquetis de ses doigts qui tapent sur le clavier et de la souris qui s'active frénétiquement. Bien entendu, lui donner le temps restant n'est pas là pour lui mettre encore plus la pression, mais pour l'informer du temps qui lui reste avant que la sécurité ne l'engloutisse. Les minutes défilent et le silence devient pesant. Ton cœur ne cesse de cogner contre ta poitrine alors que tu t'approches tellement du but. « 30 secondes ». Tu sais que Rose est capable de beaucoup et tu te prépares mentalement dans l'hypothèse où elle ne devait pas y arriver. Après tout, tu lui en demandais vraiment beaucoup et ce n'était pas n'importe quel ordinateur qu'elle devait atteindre. Le délai passé, tu fermes les yeux en te mordillant les lèvres fermement, tu n'oses pas regarder Rose, son visage reflétant sûrement le résultat et ça te fait peur.

Tu es prête à tout pour Maze, oui. Mais tu as l'impression, à mesure que les lignes de codes s'affichent sur ton terminal, que plus rien ne va. Tu ignores si c'est juste une impression ou si c'est autre chose, mais il semble que quelqu'un de plus fort que toi s'est efforcé de cacher des documents. Tu n'es peut-être pas plus forte, mais tu es plus rusée cependant. Et tu as les bons atouts. Dont Maze. Tu secoues la tête.

- Non. On va trouver une solution. Tu continues à taper plus vite que d'ordinaire, comme si ta vie en dépendait. Alors que ce n'est pas de ta vie dont il s'agit.

- Tu oublies que je suis douée, Maze. C'en est presque vexant, tu sais. Tu lui adresses un sourire entendu, sans pour autant dévier tes yeux de ton écran. Ah. Si seulement tu avais tes deux écrans supplémentaires que tu as d'ordinaire au minimum... mais il faut faire sans, ça aurait été trop louche de venir avec tout ton matos ici.

Le compte à rebours est lancé. Tes lignes de code s'affolent et tu as l'impression de faire sauter des verrous à mesure que tu avances et ça te soulage. Cependant, à mesure que les secondes passent, tu réalises que tu prends du retard... Les relances de Maze ne te déconcentrent pas pour autant, mais elles te font réaliser ta prise de retard.

Une minute trente... Une minute... Quarante-cinq secondes... Quarante secondes. Lorsqu'elle t'annonce qu'il ne t'en reste plus que trente, tu reprends ta respiration, comme si tu avais été en apnée jusque là. Plus que quinze secondes... Et ton sourire s'affiche. Ton retard rattrapé tu as réussi à récupérer tout ce dont tu avais besoin. Profitant des quinze secondes restantes, tu récupères sur une clé USB ce dont tu as besoin, effaces les traces de ton passage, fermes la connexion et efface toute trace d'effraction sur ton ordinateur.

Mais tu n'es pas pleinement victorieuse alors que tu observes les fichiers sur ton ordinateur.

- J'aurais aimé te dire que je n'ai que des bonnes nouvelles, mais malgré les deux très bonnes que j'ai à te confier, il y en a une un peu moins bonne... Le côté positif, c'est que 1) j'ai récupéré tout ce dont j'avais besoin et 2) j'ai les preuves nécessaires à fournir...

La moins bonne nouvelle, elle, est plutôt mauvaise, cela dit.

Ton rythme cardiaque s'accélère à mesure que le temps file, trop vite à ton goût d'ailleurs. Non pas que tu ne souhaites pas à approcher la liberté, mais tu préfères le faire tranquillement, la hâte n'entraînant que les erreurs selon ta pensée. Tu ne doutes pas non plus de Rose et encore moins de ses capacités qui t'ont menées jusqu'à aujourd'hui, mais tu sais de par ton expérience, que les choses peuvent très vite dégénérer, alors tu attends patiemment que le décompte se termine alors que ta poitrine est sur le point d'exploser.  « Plus que douée même, mais je ne veux pas que tu tombes par ma faute, ce n'est pas pour ça que tu es à mes côtés aujourd'hui ». Tu lui souris tendrement, toi qui n'est pas vraiment à l'aise lorsqu'il s'agit d'exprimer tes sentiments. Ce n'est pas vraiment ton truc il faut le dire, mais l'amour que tu ressens pour tes proches se ressent quand même dans tes gestes et dans cette manière que tu as de vouloir tant les protéger.

Tu ne bouges pas, sauf pour informer ton amie du temps qu'il lui reste pour créer un miracle, comme si ton agitation allait changer quoi que ce soit. Le stress te noue l'estomac et tu dissimules difficilement le tremblement de tes mains. Tu l'observes faire, comme l'experte qu'elle est à tes yeux. Tu ne comprends pas grand chose de ces lignes de code qui défilent sous tes yeux, mais tu sais qu'elle oui et ça te suffit. Lorsque tu la vois sourire, tu es quelque peu soulagée, ça ne peut qu'annoncer quelque chose de bien. Tu as confirmation lorsqu'elle enfonce la clé usb dans l'appareil et tu comprends rapidement qu'elle effectue une copie des documents qu'elle a potentiellement récupéré. PAs de doute sur le fait que tu ne t'es pas trompée : Rose avait réussi !

Pourtant, tu t'attends à ce que quelque chose se passe. Ton instinct qui te dit que c'est bien trop facile pour que tu puisses t'en sortir de la sorte. Lorsque Rose se tourne vers toi pour t'annoncer qu'elle a une bonne et une mauvaise nouvelle, tu te mordilles la lèvre inférieure, prête à accuser le coup. Tu la laisses continuer, ne pouvant cacher ta joie de savoir que tu avais enfin quelque chose entre les mains pour prouver ton innocence. Peu importe ce qui va se passer ensuite, tu peux enfin enlever ces tâches immondes de ton nom et clarifier les choses. Tes lèvres s'étirent, laissant place à un sourire éclatant, celui que tu n'as pas eu depuis plusieurs années déjà. Tien que de penser à la joie que Charles allait ressentir en l'apprenant... « Rien ne pourra gâcher mon plaisir actuel, on a réussi Rose, TU as réussi, je suis libre ! ».

Tu as encore du mal à le réaliser et commences à faire les cents pas dans la pièce, réfléchissant déjà à la suite. Et puis, tu réalises instantanément, si Rose t'indique qu'il y a aussi une mauvaise nouvelle, ce n'est pas pour rien. Tu le sentais, en plus. Tu t'arrêtes dans ta petite course, te tournes vers elle et d'un air sérieux, reprend la conversation. « Ils m'ont localisé ». Ça sort presque tout seule tellement c'est évident à tes yeux, tu savais pertinemment que ça n'allait pas être aussi facile.

Tu hausses les épaules. Pour Mazikeen, tu prendrais des risques insensés. Il n'y a pas beaucoup de monde pour qui tu ferais ça et ils se compte sur le doigt d'une seule main. Bon, d'accord, une seule main et un pouce, mais tu peux d'ores et déjà mettre tes parents sur le même doigt. Maze, Jane, tes parents et une paire de jumeaux, tes plus vieux amis dans le coin, que tu n'as pas encore revus.

- Si ça te permet d'être libre... Puis quelque part, je le fais pour la bonne cause. Alors si je tombe en faisant ce qui est juste, je m'en fiche. Ou pas, à vrai dire. Parce que Jane ne te pardonnerait pas. Tes parents non plus. Mais tant pis. T'as déjà si souvent frôlé la case prison qu'y mettre les pieds pour de bon ne serait qu'une simple formalité de plus.

Ton coeur s'accélère alors que filent les secondes, mais au prix d'un immense effort de ta part tu y parviens. Tu as enfin tout ce qu'il faut pour aider Mazikeen. Bien sûr, tu as conscience que tes preuves n'ont pas réelle valeur légale dans l'immédiat. Mais t'es prête à faire tout ce qui est en ton pouvoir pour ça. Et tu lâcheras pas l'affaire, tenace que tu es.

Tu secoues la tête pour exprimer la négation.

- Non. Ils ne m'ont pas tracée jusqu'ici. Je suis une pro, quand même. Enfin, je crois. Mais je suis intraçable. Au lieu de quoi tu retournes ton écran pour lui montrer ce que tu as vu. La prime pour son arrestation a grimpé très haut. Plus même que certains criminels de guerre extrêmement recherchés. Le site sur lequel j'ai trouvé l'info indique qu'ils se fichent bien pas mal de t'arrêter vivante... ou pas. Tu déglutis avec difficulté. Maze... il n'y a que si tu te rends en prouvant ta bonne fois que tu seras en sécurité... Après tout, vous êtes à Fall River. Et les chasseurs de prime, c'est probablement pas ce qu'il manque ici, même si c'était déjà le cas à Washington.

Tu le sais bien, que Rose serait capable de faire bien pire, rien que pour toi. Ça te fait chaud au cœur en réalité, de te dire que tu as pu t'entourer de personnes de confiance, assez en tout cas pour qu'elles puissent se mettre en danger rien que pour toi, pour ta liberté, pour ta vie. T'es reconnaissante, t'oublieras jamais ce qu'elles font toutes pour toi et particulièrement Rose. Gamine imprudente que tu as eue dans tes filets, gamin au regard si doux que tu n'as pas pu t'empêcher de passer l'éponge. Ton instinct, Maze, ton instinct est une merveille. Ça veut pas dire pour autant que t'aimerais qu'elle se fasse prendre, ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais à vrai dire. « Pas moi Rose, moi je m'en fiche pas. M'aider pour retrouver ma liberté ok, mais pas au prix de la tienne. On va s'en sortir ensemble ». Hors de question qu'il en soit autrement, tu feras tout pour la sauver la première d'en tous les cas, quitte à te sacrifier toi.

Là n'est pas la question de toute façon, la victoire qui n'était qu'un doux mirage, tu arrives enfin à la palper du bout des doigts. Tu arrives à l'imaginer comme une possibilité réelle, ce n'est plus qu'un simple souhait, une envie, un désir, non, tes efforts acharnés et ceux qu'ils nommeraient tes complices. Une rude route que vous avez décidé de prendre pour une chose essentielle au bout, cette chose qui va marquer la fin de cette course-poursuite réfrénée : ta liberté. T'as hâte, Mazikeen, t'as tellement hâte. De prendre ce téléphone, d'appeler Charles, le premier que tu as envie d'entendre, de voir, de serrer dans tes bras, le premier pour tout, depuis presque toujours. Plaisir qui se mêle au soulagement lorsque la brune t'annonce qu'elle n'a pas été tracée, non pas que tu doutes de ses capacités encore une fois, mais c'est un jeu que tu joues depuis plusieurs années avec des experts, on parle quand même du FBI, ils sont capables de tout, tu le sais. Cette peur viscérale qui s'évanouit à mesure que les secondes défilent, cette joie qui reprend sa place initiale, le coin de tes lippes qui s'étirent un peu plus. T'as envie de hurler de joie tellement t'es heureuse.

Euphorie de courte durée, l'écran qui se tourne, la vérité exposée, les poings qui se serrent en même temps que les dents. Occasion donnée aux plus vils de détruire ta vie avant même que tu ne la récupères. Charles. Tes pensées se tournent à nouveau vers lui, comme toujours, en premier. Et s'ils s'en prenaient à lui pour t'atteindre toi ? Ils le feraient, tu n'en doutes pas une seule seconde. « J'ai tout fait pour éviter ça Rose, je sais pas s'ils m'écouteront ». Tu hésites, tes connexions cérébrales en ébullition, tu pèses le pour et le contre, tu tournes l'idée dans tous les sens, les avantages, les conséquences, ce que tu gagnes dans l'histoire, ce que tu y perds et l'évidence te saute finalement aux yeux. « J'vais le faire, je vais me rendre ». Intérieurement, tu t'excuses, fort, très fort, même. Pardon Charles, pardon. Tu lui as promis que tu ferais tout pour ne jamais finir derrière les barreaux, jusqu'à ce que ce scénario se joue sous tes yeux, jusqu'à ce que la vie t'oblige à briser cette promesse qui t'a lié au gamin. Ce téléphone que tu fixes en te mordillant la lèvre inférieure, que tu ne veux plus toucher maintenant que tu sais que tu dois l'appeler pour lui annoncer autre chose, cette nouvelle qui te terrifie jusqu'aux os. Comment lui dire, oui, comment lui dire que tu vas devoir t'éloigner de lui davantage ?

T'as absolument rien à perdre. T'as la sensation que Maze est ta seule alliée. Bien entendu, tu as Jane, et c'est peut-être là ce que tu as de plus cher à perdre. Mais Maze compte tout autant. Prendre des risques pour l'aider c'est prendre des risques pour les bonnes raisons. Et pour ça tu es prête à tout risquer.

- Ne t'en fais pas, je m'en sortirai. Je m'en sors toujours, tu sais bien. Après tout, alors qu'elle allait t'arrêter, n'a-t-elle pas fait de toi son indic plutôt ?

Ça te rend ouf. Ça te rend ouf parce que tu sais très bien que tu étais à côté de trois fois rien pour réussir et pour la sortir de là. Mais même les meilleures situations impliquent parfois des sacrifices. Dont, semblerait-il, tu ne fais pas partie, du moins pour l'instant. Pas pour le moment, toi, tu n'as pas été identifiée. Mais, toi, tu n'es pas impliquée dans une affaire pour laquelle on te recherche depuis tant d'années désormais.

Ton estomac se tourne dans tous les sens. Tu sais bien qu'elle dit ça pour te rassurer, sauf que ça ne marche pas; T'es bien loin du compte, rassurée de rien du tout, inquiète que le pire n'arrive plus vite que vous ne l'auriez prévu.

- Ils ne t'écouteront peut-être pas, mais tu seras plus à l'abri, déjà. Et si tu te rends, c'est quand même un acte dans leur sens. Te plier à ce qu'ils pensent être la justice. Mais l'heure n'est pas au débat. Pour le reste, on avisera plus tard. Quand elle cède, ta réaction est immédiate. Tu te lèves, laisse ton ordinateur de côté et te rue pour l'enlacer. Ça va bien se passer, d'accord ? Et puis, je suis là. Je te laisse pas tomber, on va te sortir de là. Tu t'écartes pour la regarder un instant. Tu la connais assez pour imaginer ce qu'il peut y avoir dans sa tête. J'irai voir ton neveu. Je lui expliquerai absolument tout, d'accord ?