Mon retour dans le tumulte et l'effervescence de New York, surnommée affectueusement la Grosse Pomme, s'accompagne d'une vague de nostalgie douce-amère. Alors que l'avion fend les cieux, je me laisse envelopper par le panorama urbain qui se déploie en contrebas, où les gratte-ciels semblent danser avec les nuages, ces derniers formant une mer cotonneuse qui se mouve au gré des courants aériens. Pendant ces longues heures de vol, destinées à parfaire ma formation, mon esprit ne peut s'empêcher de vagabonder vers des souvenirs plus doux, plus personnels. Je repense à mon dernier week-end passé avec Cassia, et cette pensée crée une bulle de quiétude autour de moi, imperméable même au brouhaha incessant de mes collègues.

La voix de Clyde, un ami et collègue, perce ma bulle de rêverie avec une facilité déconcertante. Son ton enjoué attire mon attention, alors qu'il prend place face à moi, un sourire espiègle aux lèvres. « Alors, ce week-end ? J'ai bien fait de te pousser à te rendre à cette soirée, non ? » Son intérêt pour ma vie privée ne se dément jamais, surtout quand il s'agit de Cassia. « Comment va-t-elle, après... tu sais, toute cette histoire avec Andrew ? Et vous deux, vous en êtes où exactement ? » L'inquiétude sincère dans sa question contraste avec son ton habituellement taquin. Je peine à trouver les mots justes pour décrire la complexité de ma relation avec Cassia. « Cassia va mieux, je t’en remercie. Elle reprend même bientôt le travail ! » commençai-je, tentant d'éviter la profondeur de sa deuxième question. Avant même que je puisse articuler une réponse complète, Clyde me coupe avec une familiarité qui nous est propre. « Tu ne sais pas où vous en êtes ? C’est cela et moi je suis le Pape ! Tu demandes à ne pas travailler le week-end pour pouvoir être avec elle. Tu reviens dès que tu le peux à Fall River. Tu penses tout le temps à elle. Tu regardes régulièrement ton téléphone en espérant avoir de ses nouvelles. » Clyde énumère avec une précision déroutante les signes indéniables de ma profonde affection pour Cassia avant de poursuivre. « J’oublie quelque chose ? » demande-t-il d’un ton plus qu’ironique. « Hmm, oui…Cassia m’accompagnera samedi soir pour l’anniversaire de la compagnie. » affirmais-je non sans un petit sourire fier. Immédiatement il rétorque d’un ton à mi-chemin entre la surprise et l’amusement « Rien que cela ! A quand la demande en mariage ? » Son rire, plein de sous-entendus, résonne dans l'espace confiné de notre cabine d'équipage.

La tournure de notre conversation prend une direction imprévue dès l'instant où Lou, non seulement une collègue mais également une figure de mon passé plus intime, se joint avec enthousiasme à notre discussion. Sa curiosité piquée et son intervention tombent à un moment où le sujet semble flotter dans l'air, captivant l'attention collective. Cependant, c'est l'annonce d'un changement soudain dans notre planning de vol qui vient saisir mon attention, projetant une ombre sur mes anticipations et désirs les plus chers. Là où mon cœur battait à l'idée de retrouver plus tôt que prévu avec Cassia, une réalité incontournable se dessine : nos retrouvailles devront patienter face à ces nouvelles obligations professionnelles. Cette révélation, bien qu'amère, vient rappeler l'impitoyable nature de notre métier où le temps et la distance dictent souvent les termes de nos vies personnelles, imposant des séparations non désirées et des retrouvailles reportées. La promesse d'un retour anticipé auprès de Cassia se dissout dans cette réalité, laissant place à une forme de résignation teintée de tristesse. Mon esprit, initialement envahi par l'excitation et l'anticipation d'un moment de retrouvailles chaleureuses, doit désormais naviguer les eaux plus froides de la patience et de l'attente.

Lou perçoit instantanément ma déception, une ombre qui traverse mon visage sans que je tente de la masquer. Mon expression ouverte, reflet fidèle de mes sentiments intérieurs, ne laisse place à aucun doute quant à la nature de mes émotions. « Je crois qu’il faut vraiment que l’on prenne ce café, Milo. Nous avons beaucoup de choses à nous dire ! Et beaucoup de temps à rattraper ! » L'invitation de Lou, teintée d'une familiarité d'autrefois, se manifeste par un sourire suggestif et un effleurement délicat de mon genou. Ce geste, écho d'un passé révolu, aurait autrefois signifié le prélude à une nouvelle aventure. Cependant, le Milo d'aujourd'hui n'est plus celui qu'elle a connu. Mon sourire, en réponse au sien, est empreint de courtoisie et de retenue, une barrière invisible érigée entre le passé et le présent, entre ce qui fut et ce qui est désormais.

Alors que les journées s'étirent et que la fatigue creuse ses marques un peu plus profondément chaque jour, je suis par moments rattrapé par d'anciennes douleurs au bas du dos, vestiges douloureux de mon passé et rappel constant des risques de mon métier. Malgré les assurances de mon médecin, une inquiétude latente me serre le cœur, me rappelant la fragilité de l'existence et les cicatrices, physiques et émotionnelles, laissées par l'accident. Ainsi, où chaque journée est une lutte contre la douleur et le souvenir, j'ai finalement trouvé un moment pour prendre ce café tant mentionné avec Lou. Notre conversation, initialement légère, glisse progressivement vers des sujets plus personnels. Avec une ouverture inattendue, je me trouve à lui confier que je ne suis plus cet homme libre d'attaches, que j'ai trouvé en Cassia une présence qui occupe toutes mes pensées, tous mes désirs d'avenir. La réaction de Lou, un sourire empreint de compréhension dissipe les nuages d'ambiguïté qui auraient pu planer sur notre relation.

Tout au long de la semaine, j'ai mobilisé tous mes efforts et usé de chaque stratagème à ma disposition dans l'espoir d'éviter ce vol de longue durée. L'idée même de devoir annoncer à Cassia ce nouveau contretemps me pesait lourdement sur le cœur, au point que je repoussais le moment de lui en parler, espérant jusqu'au dernier instant qu'une solution miracle se présenterait. Mais ce soir, le poids de l'inévitable m'accable ; il n'y a plus d'échappatoire. Le moment est venu d'affronter la réalité et de la prévenir que nos retrouvailles tant attendues devront encore attendre. L'anxiété serre ma poitrine, mélange amer d'appréhension et de tristesse, alors que je compose son numéro, envisageant déjà sa déception. A cette heure avancée, Cassia est probablement absorbée par ses obligations professionnelles, son dévouement étant l'un des traits que j'admire le plus chez elle. Dès qu'elle décroche, la familiarité réconfortante de sa voix enveloppe mes sens, un baume temporaire sur la plaie béante de ma culpabilité. « Je suis désolé… Je ne vais pas pouvoir rentrer ce soir… », j'avoue d'une voix étreinte par l'émotion, sentant déjà le poids de ces mots entre nous. C'est à ce moment précis que Lou, avec un timing désastreux, décide d'interférer, sa voix suave tranchant l'air avec une légèreté qui contraste cruellement avec la gravité de ma conversation. « Miloooooo… Tu me rejoins ? Tu viens ? » Son appel, imprégné d'une familiarité inappropriée pour l'instant, résonne de manière presque théâtrale. Surpris et agacé par son intrusion, je lui adresse un geste las, une invitation silencieuse à chercher ailleurs son audience, désireux de clore cet intermède gênant et de me concentrer pleinement sur Cassia.

Les jours sans voir Milo étaient toujours aussi difficiles. Il me manquait. Le plus pénible c’était de savoir qu’il y avait tant de kilomètres qui nous séparaient. Fort heureusement, le travail occupait une bonne partie de mes journées. J’avais repris le travail en ce début de semaine. La reprise s’était d’ailleurs très bien déroulée. J’étais heureuse de reprendre mon activité et de revoir les collègues avec qui je m’entendais bien. Toutefois, mes pensées revenaient sans cesse sur le jeune pilote de ligne. En pleine discussion sur un banc devant l’hôpital avec Anna, mon téléphone se met à sonner. Je sors l’appareil de ma poche et un large sourire apparaît sur mon visage. « Vu ton expression, ça ne peut être que Milo... » dit elle en riant légèrement. Avec un simple regard je lui confirme qu’elle avait raison. Je n’attends pas une seconde de plus et décroche rapidement. Après quelques rapides et brefs banalités, Milo m’annonce ne pas pouvoir rentrer ce soir. Face à cette nouvelle, mon myocarde se serre instinctivement. Moi qui attendais le moment de son retour si impatiemment, je me voyais même déjà dans ses bras, je sentais d’ores et déjà ses lèvres contre les miennes. J’étais incroyablement déçue. Cela pouvait sans nul doute se voir sur l’expression de mon visage. Malgré tout je tentais de donner le change au téléphone « Oh, vraiment !? Rien de grave j’espère… ? » demandai-je  un peu inquiète malgré tout. Mais cette inquiétude se dissipe assez vite quand j’entends une voix féminine derrière lui. Une voix féminine, une voix suave, qui s’adressait clairement à Milo et qui l’invitait à le rejoindre. Instinctivement mes sourcils se froncent. Il n’était pas seul. Je ne pouvais que me demander qui était cette femme à ses côtés et ce qu’elle lui voulait. « Je vois… Est-ce que tu penses que la soirée de samedi soir est compromise aussi ? » demandai-je  par curiosité mais aussi pour me renseigner. J'étais déjà profondément déçue de cette nouvelle, alors si une seconde arrivait j'aurais sans doute beaucoup de mal à cacher ma déception.

Tous un tas de questionnements me traversaient l’esprit à cet instant. Pourtant je savais que je pouvais avoir confiance en lui. Mais en entendant la voix de cette femme je repensai à cette fameuse Lou, à ses messages ainsi qu’à sa photographie. Et puis, le fait que Milo m’avait avoué à demi mots qu’il comptait bel et bien la revoir ne me rassurait pas. La déception et l’inquiétude provoquait réellement un très mauvais mélange en moi. Anna, qui était face à moi, ne me quittait pas du regard et avait bien compris que quelque chose n’allait pas. « Je... je ne vais pas te retenir trop longtemps. J'ai entendu quelqu'un, tu as l'air occupé... » dis-je en essayant d'en savoir un peu plus sur le lieu où il se trouvait en me passant cet appel téléphonique et en essayant d'en savoir plus sur l'identité de la personne à côté de lui. Je n'avais pas posé de questions directes volontairement, je ne voulais pas passer pour une femme jalouse ou qui manquait cruellement de confiance envers les autres femmes et envers elle même.

La tristesse s'infiltre dans ma voix, l'alourdissant d'un chagrin profond qui va bien au-delà de la simple contrariété. L'idée de devoir annoncer à Cassia que nos retrouvailles tant attendues doivent être reportées m'est insupportable. J'avais tellement fantasmé sur notre réveil : la vision de Cassia, paisible et endormie, que j'aurais contemplée au lever du jour, en savourant le calme et la sérénité de l'aube ensemble. J'avais prévu de la taquiner doucement, de lui murmurer à l'oreille combien les jours passés loin d'elle m'avaient semblé vides, comment chaque moment sans ses baisers me paraissait interminable. Ces pensées, autrefois sources de douces anticipations, se transforment maintenant en un cruel rappel de ce qui ne sera pas. La mélancolie infuse chaque syllabe qui s'échappe de mes lèvres, teintant mes mots d'une tristesse profonde, presque tangible. « Non…Tout va bien. Enfin…Presque… » J'essaie de masquer l'ampleur de ma déception, mais elle s'insinue dans ma voix, un voile sombre qui enveloppe notre conversation. Mon cœur se serre à l'idée de ne pas pouvoir être à ses côtés, une douleur aiguë qui se matérialise à mesure que les mots se fraient un chemin à travers le silence. «… J’aimerais être près de toi », lui confiais-je, le regard fixé sur un avion qui s'élance dans le ciel, ses ailes tranchant l'horizon en direction de Fall River, notre havre de paix momentanément hors de portée. La mention de samedi déclenche en moi une réaction presque viscérale. Jusqu'à cet instant précis, mon esprit était tellement englouti dans le désarroi causé par l'absence forcée de ce soir que la perspective de la soirée à venir m'avait complètement échappé. La proximité avec Cassia, habituellement une évidence, s'était transformée en un luxe inatteignable, rendant chaque plan futur incertain et douloureusement distant. « Pour samedi… », commençai-je, ma voix trahissant une pointe d'hésitation, une réticence à admettre la réalité de la situation. L'idée même de continuer sans elle, de devoir naviguer les heures et les jours jusqu'à un hypothétique moment où nos chemins pourraient de nouveau se croiser, me remplit d'une amertume indescriptible. «… Je ne pense pas. Je n’espère pas surtout. », j'articule finalement, chaque mot pesé par la gravité de ce que leur signification implique pour nous. C'est une confession déguisée, un aveu que sans sa présence, chaque événement, chaque célébration perd de sa couleur, de sa valeur.

Et pendant que je lutte avec ces aveux, Lou, dans son monde, continue de jouer son rôle, inconsciente ou indifférente à la tempête d'émotions qui m'assaille. Ses actions, habituellement anodines ou même divertissantes, me semblent à cet instant dérisoires, voire irritantes. Sa présence dans le décor de cet instant si intime et si déchirant ne fait qu'exacerber le contraste entre la légèreté de ses intentions et la profondeur de mon désespoir. Mon cœur et mon esprit sont avec Cassia, suspendus dans un entre-deux fait de souvenirs et d'espoirs, loin des distractions et des singeries. Ma réponse se teinte d'une froideur involontaire alors que je fixe Lou, cette perturbation inattendue à un moment déjà chargé d'émotion. « C’est rien. Personne d’intéressant », je lâche, mes yeux plantés dans les siens, espérant qu'elle saisira l'urgence et le sérieux de la situation. Puis, me tournant à nouveau vers l'appel, la voix empreinte de regret, je murmure : « Je suis désolé, Cassia. » Les mots semblent suspendus dans l'air, lourds de non-dits et de déceptions. Notre conversation touche à sa fin, mais l'écho de cette nouvelle réalité continue de résonner en moi. Chaque scénario que j'avais imaginé, chaque moment de tendresse que j'avais envisagé avec Cassia dans les jours à venir, s'évapore comme un rêve au petit matin, me laissant seul avec le spectre de notre séparation prolongée. Le poids de cette réalité s'abat sur moi avec une force inattendue, soulignant non seulement la tristesse de ne pas pouvoir la voir ce soir, mais également le chagrin profond causé par l'effondrement de tous ces petits projets et ces rêves que nous avions tissés ensemble, désormais différés par les circonstances.

« Mais c’est qu’il est amoureux ce petit Milo ! C’est trop mignon ! » L'atmosphère se charge d'une légèreté moqueuse lorsque Lou, avec une familiarité espiègle, s'exclame sur mon état avant de pincer affectueusement ma joue, un geste qui, loin de me réconforter, ne fait qu'accentuer mon irritation. Son intervention, typique de son caractère facétieux, me pousse à réagir avec une froideur inhabituelle : « Arrête. » Mon ton, clairement sans appel, semble pourtant glisser sur elle comme l'eau sur les plumes d'un canard, jusqu'à ce que Clyde, dans un rôle de médiateur qu'il endosse avec une aisance naturelle, tente de désamorcer la situation avec un brin d'humour : « Tu ne veux pas aller embêter quelqu'un d'autre ? » Sa présence, à la fois réconfortante et complice, me rappelle que je ne suis pas le seul à subir les caprices du planning. « Toi aussi tu es cloué, ici ? » lui demandais-je en le regardant. « Tu sais ô combien j'apprécie être d'astreinte, » me confie-t-il, partageant mon désarroi face à cette perspective d'une soirée entière réduite à l'attente inactive jusqu'au lendemain. Notre résignation commune est interrompue par la sonnerie de mon téléphone, un espoir fugace naissant à l'idée que ce soit Cassia, avant de s'évanouir aussitôt le prénom d'Anna apparaissant sur l'écran. Malgré ma surprise, je décroche, une pointe d'inquiétude perçant ma voix alors que je la presse de questions sur Cassia.


« Allô Milo ? Oui c’est Anna. » A peine achève-t-elle sa phrase que je la coupe. « Il y a un problème ? Comment va Cassia ?! » Ma vive réaction amuse Clyde qui dissimule non sans difficulté son sourire amusé. « Non pas du tout enfin… Bon tu ne lui répètes pas mais nous avons eu une grosse journée aujourd’hui, un peu pénible pour tout te dire. On a eu un patient plus que casse-pied et pour couronner le tout je crois qu’Erin s’est amusé à la narguer. » Anna, avec cette verve qui la caractérise, ne tarde pas à plonger dans les détails d'une journée éprouvante, partageant les péripéties et les tensions accumulées, un tableau vivant de l'atmosphère parfois électrique de leur lieu de travail. Sa révélation sur l'attitude d'Erin, ajoutant de l'huile sur le feu d'une journée déjà chargée, peint un portrait d'une Cassia à la fois combative et vulnérable, oscillant entre la détermination professionnelle et le poids de la déception personnelle. « Cassia se faisait une joie de te retrouver mais… Enfin elle m'a tout expliqué. Elle est rentrée chez elle, mais je t'avoue qu'elle semblait triste et un peu retournée. » Ces mots, bien qu'exprimés avec une décontraction typique d'Anna, révèlent une facette de son amitié avec Cassia : celle d'une confidente attentive, un rôle qu'elle endosse avec une sincérité touchante, transcendant les simples commérages pour se muer en un véritable soutien émotionnel. La préoccupation d'Anna, sous ses airs de commérage amical, souligne une amitié profonde entre elle et Cassia.

L'appel se termine, laissant derrière lui un silence lourd de préoccupations. Mes doigts tambourinent contre l'accoudoir du fauteuil, trahissant mon état de nervosité croissante. La jambe croisée, je tente en vain de camoufler l'agitation qui m'envahit. Les révélations d'Anna ont semé en moi un sentiment d'inquiétude profonde pour Cassia, exacerbé par la frustration de me savoir immobilisé dans cet espace confiné, loin d'elle. « Tout va bien ? Si tu veux de nouveau casser la figure à Andrew, je dois pouvoir trouver un ou deux sacs en jute ! » La voix de Clyde perce mes pensées tumultueuses, teintée d'une sincère préoccupation. Par son humour, il tente de d’alléger la situation déjà pesante. Je me hâte de lui dévoiler les contours de la situation, remarquant du coin de l'œil son geste distrait jouant avec son alliance, symbole de ses propres attaches. C'est à ce moment précis qu'une interruption imprévue survient, captant l'attention de tous. Une assistante de direction, figure rarement vue sans une annonce importante à faire, fait irruption avec une nouvelle qui suspend le temps : une erreur dans le planning libère quatre d'entre nous de l'astreinte. Ses mots agissent comme un coup de départ, déclenchant une ruée presque comique vers elle, chaque pilote espérant saisir cette opportunité inattendue de liberté.

À peine l'assistante de direction termine-t-elle son annonce sur l'erreur de planning, que l'atmosphère se charge d'une énergie fébrile. La pièce s'anime d'une énergie chaotique, les voix s'élèvent en un tumulte de disputes et de plaidoyers passionnés, chacun défendant sa cause avec une vigueur renouvelée. Je refuse de laisser s'échapper cette chance de rejoindre Cassia. Mes pensées, encore embrouillées par la conversation avec Anna, trouvent soudain un nouveau point d'ancrage. L'opportunité de quitter cet endroit et de retrouver Cassia plus tôt que prévu illumine mon esprit d'un espoir renouvelé. Mon cœur bat à tout rompre, non pas de nervosité cette fois, mais d'une détermination farouche. Je m'approche de l'assistante avec un mélange calculé de confiance et de charme discret. Mon sourire, ni trop large pour paraître forcé, ni trop timide pour sembler hésitant, trouve l'équilibre parfait pour capter son attention. « Excusez-moi, » ma voix, douce mais ferme, coupe à travers le brouhaha des autres pilotes, manifestant leur désir d'être l'un des quatre heureux élus. « Je comprends qu'il doit être difficile de choisir parmi nous tous, » je continue, gardant mon regard fixé dans le sien, transmettant à la fois compréhension et empathie. « Mais mon collègue et moi-même avons des engagements qui dépassent nos obligations professionnelles, engagements qui impactent profondément nos vies personnelles. » Clyde, à mes côtés, hoche la tête, appuyant mes propos d'un regard sincère en continuant de jouer nerveusement avec son alliance. Je sens son hésitation et décide de jouer le tout pour le tout, laissant mon regard exprimer toute l'intensité de mon besoin sans pour autant verser dans la supplication. C'est un équilibre délicat à maintenir, celui de se montrer convaincant sans excéder les bornes de la décence. « Nous serions profondément reconnaissants de votre compréhension. » Mon ton, mes gestes, tout est calculé pour projeter l'image d'un homme à la fois déterminé et respectueux, conscient de l'importance de sa demande mais jamais outrepassant. L'assistante de direction, visiblement touchée par notre plaidoirie, marque une pause, considérant notre requête avec une gravité qui me donne espoir. « Heureusement que Cassia ne me voit pas, j’ai presque l’impression de me prostituer », me dis-je intérieurement, mi-amusé, mi-embarrassé par l'étendue de mes efforts pour gagner cette échappatoire, flirtant avec les limites de ma dignité. Après un moment qui me semble une éternité, elle esquisse un sourire, une lueur de sympathie dans les yeux. « D'accord, vous deux, vous pouvez partir. »

Un soupir de soulagement m'échappe, tandis que je la remercie avec une gratitude qui dépasse de loin le simple cadre professionnel. En cet instant, je réalise l'ampleur de ce que j'ai fait, flirtant dangereusement avec les limites de ma propre éthique, tout cela dans le but ultime de retrouver Cassia. Le sentiment de victoire est doux-amer, teinté du secret espoir que Cassia comprendrait et pardonnerait cet écart, sachant que chaque acte, chaque mot prononcé, était guidé par  la volonté de réduire chaque seconde nous séparant.

Clyde et moi nous faufilons hors de la salle encore vibrante des discussions animées, nous frayant un chemin vers la liberté tant convoitée. Alors que nous marchons, l'air de la soirée commence à peine à se rafraîchir, signe de l'heure tardive qui s'est insidieusement installée. « Tu es vraiment incorrigible ! Tu ne peux pas t’empêcher de séduire n’importe quelle femme ! » me lance Clyde, un sourire amusé éclairant son visage, trahissant à la fois son soulagement et sa moquerie affectueuse. « Pour une fois que mes charmes ne servent pas uniquement mes propres intérêts ! » je riposte, laissant transparaître une pointe de complicité dans ma voix, bien conscient de l'ironie de la situation. Nous partageons un rire, un moment de légèreté qui contraste avec l'intensité de l'instant précédent.

Toutefois, notre soulagement se heurte rapidement à la réalité pragmatique de notre situation : il est désormais trop tard pour espérer un vol vers Fall River. Le constat est sans appel, et une résignation teintée d'impatience s'installe entre nous. Nous n'avons d'autre choix que d'emprunter la route, s'engageant dans un périple nocturne de trois heures à travers les paysages endormis qui nous séparent de notre destination. La perspective de ce long voyage en voiture, bien loin de l'efficacité et de la rapidité d'un vol, pourrait décourager plus d'un. Pourtant, dans notre cas, elle est teintée d'une urgence et d'une nécessité qui transcendent les désagréments de la route. Chaque kilomètre parcouru nous rapproche de Fall River, et plus important encore, de ceux qui occupent nos pensées et nos cœurs. La décision prise, Clyde et moi nous dirigeons vers le parking où notre fidèle compagne de route, une berline un peu usée par les années mais fiable, nous attend. La nuit est tombée, enveloppant la ville dans un voile de tranquillité ponctué çà et là par les lumières vacillantes des réverbères. Nous embarquons, l'atmosphère chargée d'une anticipation silencieuse, chacun perdu dans ses pensées, la mienne tournant inévitablement autour de Cassia et de l'urgence de la retrouver.

Dès que le moteur s'éveille à la vie, une onde de détermination nous saisit. Clyde prend le volant pour la première moitié du voyage, les rues désertes de la ville s'effaçant rapidement derrière nous à mesure que nous nous lançons sur l'autoroute, le ruban d'asphalte s'étendant devant nous tel un chemin prometteur vers le réconfort de l'être aimé. La nuit sur la route est un tableau en mouvement constant, les phares de notre véhicule découpant un chemin à travers l'obscurité, éclairant brièvement les arbres et les panneaux de signalisation comme des spectres fugaces. Les conversations entre Clyde et moi oscillent entre des échanges légers, tentatives de briser la monotonie du voyage, et des silences contemplatifs, où chacun se retrouve immergé dans ses réflexions personnelles.

À mi-chemin, nous marquons un arrêt dans une station-service isolée, l'unique oasis de lumière dans l'étendue sombre de la nuit. L'air frais de la nuit se mêle à l'odeur d'essence, un contraste saisissant avec l'atmosphère confinée de la voiture. C'est mon tour de prendre le volant, et tandis que Clyde s'octroie un moment de repos, je reprends la route, la solitude de l'heure et le bourdonnement constant du moteur forgeant un espace de méditation inattendu. La route vers Fall River devient une réflexion introspective, où le désir de retrouver Cassia se mêle à une appréciation renouvelée pour les petites choses que la vie offre - un voyage imprévu, la compagnie d'un ami fidèle, et la promesse d'un retour à ce qui compte vraiment.

Finalement, les premières lueurs de l'aube commencent à percer l'horizon, annonçant notre arrivée imminente. Fall River se profile à l'horizon, ses contours familiers se dessinant progressivement dans la lumière naissante. La fatigue du voyage s'efface devant l'excitation de l'arrivée, chaque kilomètre nous rapprochant de nos foyers, de nos êtres chers. Lorsque nous franchissons enfin les limites de la ville, un sentiment de plénitude nous envahit. Cette route, bien plus qu'un simple trajet, a été une traversée vers ce qui importe le plus. Et tandis que nous nous dirigeons vers nos destinations respectives, un silence confortable s'installe entre nous, une reconnaissance mutuelle de l'expérience partagée, un voyage qui, dans son essence, nous a rapprochés de notre essence.

Après le voyage épuisant mais empli d'anticipation, me voilà enfin devant la porte de l'appartement de Cassia, le silence de l'aube enveloppant le monde extérieur d'une quiétude presque sacrée. La clé tourne dans la serrure avec un cliquetis discret, et je pénètre dans son appartement.

Le noir enveloppant de l'appartement semble me saluer, familier et réconfortant. Je me déplace à pas de loup, guidé par la lumière bleutée de la ville qui filtre à travers les rideaux, m'épargnant ainsi de trébucher dans l'obscurité. Chaque geste est mesuré, chaque pas calculé pour ne pas perturber le sommeil paisible de Cassia, cette tranquillité que je désire tant rejoindre sans la brusquer.

Arrivé dans la chambre, je me tiens un moment sur le seuil, observant sa silhouette paisible sous les draps, un tableau vivant de sérénité. La tentation de la réveiller pour voir ses yeux s'ouvrir sur moi est forte, mais je résiste, cherchant à prolonger ce moment de calme pour elle. Doucement, je me débarrasse de mon uniforme de pilote, symbole des dernières heures de séparation, le laissant tomber sur la chaise dans un murmure de tissu.

En boxer, je me sens déjà plus proche d'elle, de nous. L'air frais de la chambre contraste avec la chaleur qui s'échappe des draps alors que je soulève délicatement le bord pour m'y glisser. L'espace entre nous se comble au moment où je me rapproche d'elle, me glissant naturellement dans son dos, mon corps s’accolant contre le sien dans une étreinte silencieuse. Ma main trouve la sienne sous les draps, nos doigts s'entrelaçant avec une facilité qui trahit de l'intimité partagée, qui, malgré le temps et la distance, reste indéfectible. Mon souffle se fait plus léger, mes lèvres effleurant doucement l'arrière de son cou dans un baiser à peine perceptible, un salut muet à notre retrouvaille. Là, dans l'obscurité apaisante de sa chambre, le monde extérieur s'efface, laissant place à un univers où seul compte l'instant présent, le battement de nos cœurs synchronisés et la douceur de son souffle qui m'indique qu'elle est toujours plongée dans ses rêves. Je ferme les yeux, un sentiment de plénitude m'envahissant, sachant que quand elle se réveillera, je serai la première chose qu'elle verra, signe que, peu importe les obstacles, nous trouverons toujours notre chemin l'un vers l'autre.

La déception se lisait aisément sur mon visage. Malgré tout, je tentais coûte que coûte de ne rien laisser paraître au téléphone. Je me demandai bien quelle était la raison qui empêchait Milo de revenir ce soir en ville comme convenu. J’essayai malgré tout d’en savoir plus sur le lieu où il se trouvait et avec qui il se trouvait surtout. Mais Milo restait très vague. Et quant à l’identité de la personne il le fut encore plus. « D’accord... » Le pilote de ligne s’excuse pour ce contre temps « Ce n’est pas grave. Et ce n’est pas ta faute... » dis-je pour tenter de minimiser la déception. Nous échangeons encore quelques brèves paroles avant de raccrocher. Une fois la conversation téléphonique terminée, je range mon téléphone dans ma poche. Le cœur lourd de savoir que nos retrouvailles étaient retardées mais aussi d’avoir entendu cette voix de femme aux côté de Milo. Ce n’est pas tant qu’il soit en compagnie d’une femme qui me dérangeait, c’était la manière dont cette inconnue l’avait appelé. « Alors, tu en fais une tête... » Mon regard se pose sur Anna « Finalement, Milo ne peut pas rentrer ce soir... » Pour me consoler Anna vient poser délicatement sa main sur mon bras « Je comprends ta déception, mais il revient malgré tout vendredi, c’est mieux que rien, non ? » J’acquiesce en silence. « Toi, tu ne me dis pas tout... » Anna me connaissait parfaitement bien. « Il y avait une femme à côte de lui, elle l’appelait, elle lui demandait de la rejoindre... » Ma collègue et amie n’attends pas une seconde pour me réconforter « Cassy, ne t’inquiètes pas c’était sans doute une collègue…. » Je n’étais pas si optimiste qu’elle. Alors qu’on reprenait le chemin du hall d’entrée pour reprendre notre service je décidai de lui parler de cette fameuse Lou. Anne comprenait ainsi mieux ma réaction et mes inquiétudes. Pour autant elle ne cessait de me rappeler que je pouvais avoir une pleine confiance en Milo. Elle avait sans doute raison, malgré tout je ne cessait d’imaginer Milo et Lou autour d’un café. Me demandant bien de quoi il pouvait parler. Et pour couronner le tout, la journée fut très longue et très pénible. Nous étions clairement déborder et en sous effectif. Et Erin, qui allait bientôt quitter à l’hôpital, décidait clairement d’en faire le moins possible. Sans oublier ces petites remarques incessante sur elle et Milo. Elle n’était clairement pas passer à autre chose.

Il était vingt-heure passé quand j’entrai dans les vestiaires pour me changer et récupérer mes affaires. Anna me suis de près. « Qu’est-ce que tu vas faire ce soir ? Tu sais, avec Jay on voulait aller se manger un morceau en ville, tu es la bienvenue ... » Je rassemble mes affaires de mon côté, la proposition d’Anna me touche. Elle savait que j’étais déçue de l’absence de Milo et que par conséquent je serai seule ce soir.  « C’est adorable Anna, mais là je ne rêve que d’une bonne douche et de mon lit... » Je lui adresse un léger sourire avant de la saluer chaleureusement et de quitter l’hôpital. En rentrant chez moi, je prends immédiatement la direction de la salle de bain pour m’octroyer le bonheur d’une bonne douche chaude. Une fois fait, je n’ai même pas le courage de manger quoi que ce soit, je décide de me glisser sous la couette. Je regarde mon téléphone espérant un message ou une quelconque nouvelle de Milo, mais rien. Je me plonge dans un livre un petit moment avant d’abdiquer contre le sommeil.  

Plongée dans les bras de Morphée, un sommeil de plomb prend possession de moi. Durant ce lourd sommeil j’ai malgré tout la très agréable sensation de sentir Milo contre moi. Sans doute un doux rêve influencé par mes envies. Les douces sensations sont là, mais mon subconscient indique clairement à mon cerveau que le pilote de ligne était à des centaines de kilomètres de là. Et que donc, sa présence à mes côtés était impossible. Pourtant, lorsque le sommeil me quitte petit à petit et que mes yeux s’ouvrent, j’ai l’immense surprise de constater que Milo était dans le lit. J’étais très surprise, j’avais même du mal à croire ce que je voyais. Mais pourtant Milo était bel et bien là. L'envie de lui sauter dessus me vint en tête, toutefois, en réfléchissant quelques secondes je me rendis compte qu'il avait du arriver très tard voir même très tôt au cours de la nuit. Il valait mieux donc le laisser dormir. Je me place alors contre lui, profitant de sa présence réconfortante et le laissant terminer sa nuit.

La fin de la nuit enveloppe le monde d'une étoffe de tranquillité, où le temps lui-même semble retenir son souffle. La semaine qui vient de s'écouler a pesé lourdement sur mes épaules, une accumulation de journées de formation intensive et d'innombrables heures passées à dompter les cieux, chacune d'elles siphonnant un peu plus de mon énergie, jusqu'à ne laisser derrière elle qu'une fatigue profonde et omniprésente.
L'astreinte surprise, survenue comme un coup de grâce à mes plans minutieusement élaborés de retrouvailles avec Cassia, a failli sceller mon sort, me condamnant à passer encore quelques précieux jours loin d'elle. Pourtant, dans un revirement inespéré, le destin a semblé jouer en ma faveur : une erreur dans le planning, une faille dans laquelle Clyde et moi avons plongé sans hésiter, utilisant un soupçon de persuasion et, je l'admets, un brin de charme, pour nous libérer des contraintes de notre engagement professionnel et mettre le cap sur Fall River.

Le trajet de trois heures en voiture depuis New York, bien que fatigant, a été porté par une impulsion de liberté et l'urgence de retrouver Cassia. Chaque kilomètre parcouru était un pas de plus vers elle, chaque panneau routier franchi un compte à rebours vers ce moment de réunion tant attendu. Et maintenant, alors que je me trouve ici, l'épuisement de cette semaine éprouvante et du voyage en voiture s'abat sur moi avec la force d'une tempête. Pourtant, à mesure que je me glisse dans les draps, sentant la chaleur et la présence réconfortante de Cassia à mes côtés, un sentiment de plénitude m'envahit. Dans cette intimité, blotti contre elle, que je sens enfin le poids du monde s'alléger sur mes épaules. Les battements de mon cœur ralentissent, tandis que le sommeil m'entraîne dans ses profondeurs accueillantes. Ici, dans la douceur de sa chambre, entouré par l'aura apaisante de Cassia, je trouve mon refuge. Malgré la fatigue qui imprègne chacune de mes cellules, c'est une fatigue empreinte de satisfaction, celle qui précède un repos bien mérité, dans les bras de la femme que j’aime. Dans ce lieu suspendu hors du temps, je m'abandonne au sommeil, laissant derrière moi les épreuves de la semaine pour plonger dans un repos mérité, bercé par la présence de Cassia, la promesse d'un demain partagé illuminant mes rêves.

Au cœur de la nuit, ou du petit matin – le temps semble si intemporel lorsque je suis près d’elle -, alors que le sommeil m'enveloppe de son voile réconfortant, un instant de pure sincérité émerge de l'ombre de mon inconscient. Sans que je ne prenne pleinement conscience de cet acte, mes lèvres s'entrouvrent légèrement pour laisser s'échapper un murmure, doux et délicat, mais imbu d'une vérité qui transcende le simple son. « Je t'aime » Ces mots, prononcés à peine plus fort qu'une respiration, portent en eux la quintessence de mes sentiments, une déclaration d'amour authentique et inaltérée par les complexités de l'esprit conscient. Ce murmure, bien que presque inaudible, résonne avec la clarté d'une cloche dans le silence de notre chambre, un aveu spontané qui trouve son chemin à travers les couches de sommeil et de rêve.

Peut-être que ces mots se perdent dans le calme de la nuit, peut-être qu'ils atteignent Cassia, dormant paisiblement à mes côtés, ou peut-être qu'ils sont simplement absorbés par l'atmosphère chargée d'amour de notre cocon. Quelle que soit leur destination, ce murmure expriment à eux seuls l’amour que je lui porte. Un amour qui, même dans l'état le plus vulnérable du sommeil, trouve le moyen de s'exprimer.

Dans l'obscurité apaisante, je me retrouve à me tourner et me retourner dans les draps, cherchant inconsciemment le confort ultime qui semble insaisissable. Ce n'est qu'après plusieurs ajustements, guidé par une force instinctive, que je trouve enfin la position parfaite : près de Cassia. C'est là, dans cette proximité choisie, que je me sens véritablement à ma place. L'essence de son parfum, mélange subtil et envoûtant, imprègne l'air, agissant comme un baume sur mon âme agitée. Chaque inspiration me permet d'absorber un peu plus de son essence, me rapprochant d'elle non seulement physiquement, mais aussi spirituellement. Son souffle, doux et rythmique, frôle ma peau, une caresse aérienne qui apaise les dernières résistances de mon esprit, m'invitant à un lâcher-prise total.

Même ses petits ronflements, signes discrets de son abandon au monde des rêves, ajoutent à la tendresse du moment. Ils sont la preuve vivante de sa présence à mes côtés, de sa vulnérabilité partagée, et j'en viens à chérir ces manifestations de son sommeil profond, aussi minimes soient-elles. Chaque petit bruit, chaque mouvement, est une note dans la symphonie de notre nuit partagée, une musique si douce qu'elle ne pourrait exister qu'entre ces quatre murs.

Alors que j’étais plongée dans mes songes les plus lointains, je pouvais ressentir la délicieuse sensation d’être dans les bras de Milo. J’avais même la sensation de sentir la douceur et la chaleur de son corps. Nombreuses sont les fois où, pensant que toutes ces sensations étaient réelles, j’avais voulu ouvrir les yeux et vérifier de moi même. Malheureusement, la fatigue était bien trop présente et prenait encore largement le dessus sur un potentiel réveil. Alors que mes yeux venaient de s’ouvrir doucement, annonçant ainsi la fin de mon cycle de sommeil, je sentis rapidement une présence dans le lit. Quelle surprise de voir Milo endormi à mes côtés. Mon premier réflexe fut de penser que j’étais en train de rêver. Mais non, il n’en était rien. Milo était bel et bien là, endormi profondément. Sa présence me remplissait d’une immense joie. Si bien que l’envie de lui sauter dessus pour lui montrer ô combien j’étais heureuse de le voir ici à mes côtés. Tout comme j’étais impatience de lui demander des explications quant à son arrivée impromptue en plein milieu de la nuit. Toutefois, je prends rapidement conscience de la nuit qu’il avait du passer. Je décide donc de le laisser continuer paisiblement sa nuit.

Souhaitant rester près de lui pour profiter de sa présence, bien qu’il soit endormi, je m’empare de mon livre de chevet. Je m’installe paisiblement à ses côtés et commence ma lecture. Je ne voulais en aucun cas quitter le lit et rompre cette proximité. Plongée dans ma lecture matinale, je pose régulièrement mon regard sur Milo qui dormait sereinement. Parfois, le pilote de ligne bougeait quelque peu et marmonnait quelques mots incompréhensibles. Cela me faisait d’ailleurs sourire. Mais soudainement, quelques mots sortirent à nouveau de la bouche de Milo. Des mots très compréhensibles cette fois-ci. « Je t’aime ». Le rythme de mon myocarde accéléra brusquement à l’entente de ces quelques mots. Bien qu’heureuse de les entendre je ressentais malgré tout une légère gêne vis à vis de Milo qui les avait prononcé contre son gré. Cette révélation inopinée et secrète me rassurant davantage quant à notre relation. Je savais bien évidemment que Milo avait des sentiments pour moi mais entendre ces trois petits mots était une sensation indescriptible. « Moi aussi... » chuchotai-je d’une voix à peine audible telle une douce confession. Je dépose alors un très délicat baiser sur sa joue, à peine ressenti pour ne pas le réveiller.  

Dans l'écrin tranquille de la matinée, là où la nuit se retire lentement pour laisser place à la première lumière du jour, je traverse la frontière floue entre le sommeil et l'éveil. Les rayons du soleil, joueurs et persistants, tentent de percer les voiles des rideaux, dessinant des motifs lumineux sur les murs de la chambre. Cette incursion de lumière, timide mais déterminée, apporte avec elle la promesse d'un nouveau départ, même si mon esprit, encore engourdi par les douceurs de la nuit, semble réticent à abandonner le confort douillet des draps. C'est un moment suspendu, un instant où le temps lui-même semble ralentir sa course, me permettant de savourer la transition en douceur de l'obscurité vers la clarté naissante. Chaque souffle, chaque battement de cœur me rapproche un peu plus de la pleine conscience, mais une part de moi demeure accrochée aux derniers filaments de rêve, réticente à quitter le sanctuaire paisible que représentent les bras de Morphée.

La résistance au réveil est presque palpable, un mélange de nostalgie pour le monde onirique que je dois quitter et d'anticipation pour la journée qui commence à se dévoiler. Dans ce moment de flottement, où la réalité et les songes semblent coexister, je ressens une étrange mélancolie pour les rêves inachevés, ceux que le jour naissant dissipe sans ménagement. Pourtant, cette lutte intérieure entre le désir de rester enveloppé dans le cocon du sommeil et la curiosité pour ce que le jour apportera est tempérée par la douceur ambiante de la chambre baignée de lumière. C'est une lutte douce-amère, car même dans mon hésitation à émerger, je suis conscient de la beauté de l'instant, de ce seuil fragile entre la nuit et le jour où tout semble possible.

Alors que je me laisse finalement glisser vers l'éveil, c'est avec une appréciation renouvelée pour ces transitions quotidiennes, ces petits rituels qui marquent le passage de l'obscurité à la lumière, du sommeil à la conscience. Cette lueur timide mais croissante que je trouve finalement la force de laisser derrière moi les vestiges du sommeil, accueillant à bras ouverts les promesses et les mystères que le jour a en réserve. La transition de l'obscurité enveloppante de la nuit à la lumière naissante du jour est un processus lent, teinté d'une certaine réticence. Mes paupières semblent peser des tonnes, alourdies par les rêves encore en cours, par ces histoires inachevées qui tissent la trame de mon univers onirique. Elles se battent contre l'impulsion naturelle de s'éveiller, réticentes à abandonner la douce étreinte de la quiétude nocturne pour se confronter à la lumière crue et aux défis du jour nouveau.

Au sein de cet entre-deux, ma conscience semble flotter, un navire dérivant sur les dernières vagues du sommeil qui s'effacent peu à peu. Ces filaments d'endormissement, ténus et fragiles, se dissolvent lentement dans l'air matinal, me forçant à quitter le confort douillet des rêves pour une réalité plus tangible. Celle-ci, bien que réelle et pleine de possibilités, apparaît soudain moins accueillante comparée à la liberté sans limites et à la paix trouvées dans les profondeurs du sommeil. C'est une lutte intérieure, un tiraillement entre le désir de rester lové dans ce cocon de rêves et la nécessité inévitable de se réveiller. Chaque seconde passée dans cet état liminal est un rappel de la beauté pure et simple de l'inconscience, où chaque souci se dissipe et où chaque moment est un potentiel infini de tranquillité. Pourtant, la réalité m'appelle, ses mains invisibles tirant doucement mais fermement sur mon âme somnolente, me rappelant qu'un nouveau jour attend, avec ses promesses et ses mystères à découvrir.

Je lutte pour retenir les derniers échos de ce sommeil profond, cette étreinte cotonneuse et protectrice dans laquelle Morphée m'a tenu toute la nuit. Chaque effort pour m'extirper de cette douce captivité est une bataille, un affrontement silencieux entre le désir de prolonger ces instants de paix absolue et la réalité incontournable qui m'attend au-delà des paupières encore closes. À chaque mouvement, chaque tentative de m'éveiller et de me libérer de l'emprise du dieu des rêves, je ressens une résistance, comme si chaque fibre de mon être était imprégnée de cette lassitude douceâtre, refusant de quitter le confort de l'inconscience. C'est un combat intime, un dialogue intérieur tourmenté où une part de moi-même, encore bercée par les souvenirs flous des rêves, aspire à rester enveloppée dans cette tranquillité, nichée entre les voiles du sommeil et les premières lueurs de l'aube.

Pourtant, une autre part, plus lucide, reconnaît l'appel du jour qui se lève. Cette voix intérieure me rappelle les responsabilités qui m'attendent, les joies et peut-être les défis du monde éveillé. Elle sait qu'il est temps de laisser derrière moi les doux murmures de la nuit pour embrasser la lumière du jour, pour reprendre ma place dans le flux incessant de la vie. Ainsi, je me trouve déchiré, oscillant entre le désir de me replier dans les profondeurs réconfortantes du sommeil et l'impératif de m'élever, de me reconnecter avec le rythme du monde extérieur. Ce va-et-vient émotionnel trahit le passage délicat de la nuit au jour, un périple personnel qui se joue chaque matin dans l'intimité de mon esprit, avant même que mes yeux ne s'ouvrent pour saluer le nouveau jour.

Au final, c'est la douce certitude de Cassia à mes côtés qui fait pencher la balance en faveur de l'éveil. L'idée de me réveiller à ses côtés, de partager même le silence le plus banal de cette matinée, devient le phare qui guide mon esprit à travers le brouillard du sommeil. Mon corps, encore engourdi par le poids du repos et imprégné de la tranquillité de la nuit, résonne avec cette bataille intérieure. Chaque tentative pour me libérer des douces chaînes du sommeil et m'arracher à la couche est un effort conscient, comme si je naviguais de la quiétude d'une mer paisible vers les eaux plus tumultueuses de la réalité diurne. Lorsque finalement mes paupières se soulèvent, cédant à la lumière filtrante du jour, c'est avec une sensation mêlée de résignation et d'une agréable anticipation. Cassia, absorbée dans la lecture de son livre, m'accueille dans le monde éveillé. Son image, empreinte de paix et de concentration, illumine instantanément la pièce, transformant ce moment en quelque chose d'extraordinairement précieux. Bien que la séparation d'avec le royaume de Morphée ait été teintée de réticence, c'est la perspective de ces instants de complicité, de ces matinées paisibles partagées, qui confère à ce passage de la nuit au jour une valeur inestimable.

Je m'éveille progressivement, remontant à la surface de la conscience avec la lenteur d'une brume se dissipant au soleil levant. Je prends le temps de m'étirer, écartant les bras et pliant les jambes dans un mouvement fluide, imitant sans le vouloir la grâce paresseuse d'un chat qui s'éveille de sa sieste. Un bâillement s'échappe, large et incontrôlable, rompant le silence de la chambre avec une note d'humanité toute simple.Mon visage se tourne vers Cassia, je l'observe avec des yeux encore voilés par les dernières ombres du sommeil. Un sourire amusé et légèrement narquois se dessine sur mes lèvres alors que je lui lance, d'une voix teintée de malice encore assoupie : « Vous ressemblez à une personne que je connais, mais… Je peine à m’en souvenir. » Je prolonge le moment, savourant la douceur de cet instant suspendu entre le rêve et la réalité. « Je crois que j’ai besoin d’un petit rappel » ajoutais-je, laissant transparaître dans ma voix une pointe de taquinerie, tout en quémandant un baiser matinal pour sceller définitivement mon retour dans le monde éveillé.

Le sentiment de bonheur qui m'envahit en ouvrant les yeux et en découvrant Cassia à mes côtés est indescriptible. C'est une joie profonde, celle qui naît non seulement de la simple présence de l'être aimé, mais aussi de la conscience des obstacles surmontés pour partager ce moment. La satisfaction d'avoir déjoué les contraintes de mon emploi du temps chargé, de m'être extrait des exigences professionnelles et personnelles, me remplit d'un sentiment d'accomplissement. Je repense aux cent quatre-vingt-seize miles parcourus pour arriver jusqu'à elle, chaque mile un témoignage de ma détermination. Ce voyage, loin d'être une corvée, a été une quête, une affirmation de mes priorités et de l'importance que Cassia occupe dans ma vie.

 Après avoir entendu ces fameux trois petits mots sortir de la bouche de Milo, il était difficile pour moi de rester concentrée sur ma lecture. Même si le pilote de ligne n’était pas conscient d’avoir prononcé ces mots, cela n’enlevait absolument rien au bonheur que j’avais ressenti en les entendant sortir de sa bouche. Bien évidemment l’émotion aurait été décuplé si Milo ‘avait prononcé ses mots de vives voix et consciemment. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser que cela était de bonne augure pour la suite de notre relation. Ma lecture matinale est saccadée, mes yeux se posent tantôt sur les pages tantôt sur Milo encore endormi. Mes esprit lui était tantôt concentré sur ce que je lis tantôt focalisé sur les mots de Milo. Je n’avais qu’une hâte c’est que le pilote de ligne se réveille.

Un petit moment plus tard, Milo commence doucement à sortir de son sommeil. Je le laisse faire à son rythme, et quand ses yeux s'ouvrent enfin il laisse échapper un petit commentaire espiègle. « Ah oui ? Un petit rappel, vraiment ? » Je pose mon livre sur la table de chevet et je viens me glisser contre lui. Mes lèvres viennent trouver les siennes rapidement pour un premier baiser, puis un second. « Est ce que ce genre de rappel convient-il ? » demandais je faussement sérieuse. Je me doutais bien évidemment déjà de la réponse. Mais comme à notre habitude, nous rentrions dans ce petit jeu de séduction sans fin. « C'est amusant car vous ressemblez également à une personne que je connais. Un homme, à qui je tiens énormément...Je me demande comment cela est possible car il m'a dit pas plus tard que hier ne pas pouvoir être présent aujourd'hui... » J’étais en effet toujours très étonnée et intriguée par sa présence ici. Je m’étais même demandé à un moment donné si son appel d’hier n’était pas un canular pour me provoquer une sorte d’ascenseur émotionnel. Mais cette idée s’était rapidement dissipé. Milo aimait certes beaucoup plaisanter mais je ne le voyais pas se jouer de la distance qui nous séparait, pas de cette manière en tout cas. Et puis hier au téléphone il semblait réellement embêtée vis à vis de la situation et il avait l’air très sincère. Bien que quelques questions restaient encore en suspens. « Je pense que vous avez des choses à me raconter monsieur Davis... » dis-je en souriant légèrement. J’étais en effet curieuse de savoir pourquoi hier il m’avait annoncé ne pas pouvoir rentrer comme convenu alors que ce matin il était dans mon lit.

Rien ne saurait égaler la douceur de se réveiller lentement, glissant hors des bras puissants du sommeil, pour se retrouver face à face avec Cassia. Dès l'instant où mes yeux embrumés rencontrent les siens, un frisson de bonheur traverse mon être. Je me surprends à mordiller ma lèvre inférieure, captivé par sa beauté qui, dans la lumière matinale filtrant à travers les rideaux, semble encore plus éclatante. Il y a quelque chose d'intemporel dans son allure, une beauté qui dépasse l'esthétique pour toucher quelque chose de profond en moi. Son corps, son esprit, sa présence tout entière, m'évoquent un sentiment de plénitude et d'admiration sans cesse renouvelé. Je l'observe poser son livre avec une grâce naturelle sur la table de chevet, un geste simple mais chargé de l'intimité de notre vie partagée. Alors qu'elle se penche vers moi, chaque mouvement est empreint d'une douceur infinie, comme si l'espace même entre nous était chargé d'une électricité tendre. Ses lèvres trouvent les miennes dans un premier baiser doux, suivi d'un second.

Sa question muette, portée par ces baisers, quant à leur efficacité à raviver ma mémoire, m'arrache un sourire matinal, empli de la chaleur du moment. « Hmm… J’ai bien peur que cet infime rappel ne soit pas suffisant… » répondais-je avec une pointe de malice dans la voix, jouant le jeu de l'amnésie affectueuse. Je me redresse légèrement, ses lèvres m’appartiennent de nouveau dans un un baiser volé, avant de me laisser retomber sur l'oreiller, baigné dans la lumière dorée du matin. Ce jeu taquin, cette séduction intemporelle, cet échange de tendresse et d'humour, demeurent le reflet de la complicité qui nous lient. Chaque geste, chaque mot échangé, tisse le tissu riche et complexe de notre relation. « Ah bon ? Vous trouvez que je ressemble à cet homme ? » Je poursuis, feignant l'interrogation, savourant chaque instant de cette danse verbale. « Vous en êtes certaine, Mademoiselle Henderson ? Qui est cet homme ? » Ma curiosité feinte est une invitation à poursuivre notre petit jeu de séduction, un jeu sans fin qui tisse la toile de notre complicité quotidienne. Cette légèreté, cette joie partagée dans l'absurde et l'affectueux, c'est ce pour quoi je donnerais tout pour ne jamais perdre. « Mais… Que fais-je ici ? » Je continue, un étonnement feint dans la voix, mes yeux balayant la chambre comme si je découvrais pour la première fois l'espace intime qui nous entoure. « Je pensais m’endormir à New-York… Et je me réveille dans votre lit ? Je suis terriblement confus, Mademoiselle Henderson… » L'acte est poussé jusqu'au bout, chaque parole, chaque regard, chargé d'une tendresse sous-jacente et d'un désir de maintenir ce moment de légèreté entre nous.

Je me redresse encore une fois, réduisant l'espace entre nos visages jusqu'à ce que je puisse sentir son souffle se mêler au mien, un contact invisible mais électrique. « J’ai beaucoup de choses à vous dire, Mademoiselle Henderson, mais… » Les mots s'arrêtent là, suspendus dans l'air chargé entre nous. D'un mouvement fluide, presque naturel, nous nous retrouvons encore plus proches, l'un contre l'autre. Je la surplombe désormais, conscient de chaque battement de mon cœur, de la chaleur de son corps contre le mien. Mes yeux, captifs des siens, glissent inexorablement vers ses lèvres, cet appel silencieux qui promet tant. Dans cet instant suspendu, notre jeu de séduction atteint son apogée, une préface silencieuse aux mots non-dits, aux confessions qui ne demandent qu'à être partagées dans l'intimité de notre relation. « …Je crois que je dois me faire pardonner pour hier soir » murmurais-je doucement, laissant transparaître une touche de regret dans ma voix. La veille, malgré tous mes efforts et mes désirs, des circonstances indépendantes de ma volonté m'avaient retenu loin d'elle, loin de nous et de ces moments précieux que nous chérissons tant. « Je t’ai promis de toujours revenir m’éteindre dans tes bras. » lui rappelais-je en l’embrassant tendrement. Les intempéries de l'existence, qu'elles prennent la forme de tempêtes furieuses, de tornades destructrices ou de simples erreurs de planning, semblent dérisoires face à ma volonté. Ces défis, bien que parfois ardus, ne font qu'accroître ma détermination à surmonter chaque distance, chaque séparation, pour retrouver la chaleur rassurante de ses bras.

Milo était à présent réveillé. Je sentais en moins une pointe d'excitation de le savoir réellement ici et enfin réveillé. En réponse à sa volonté de rappel, je viens déposer un premier baiser sur les lèvres de Milo. Puis un second. Bien évidemment, cela ne lui était pas suffisant. « Cela m'aurait étonné... » dis-je en riant légèrement face a la réaction du jeune homme. Rapidement, je fais comprendre à Milo, de manière amusante et tendre, que j'étais vraiment très surprise de le voir ici ce matin. Sans mentionner notre échange téléphonique d'hier, mais de cela il devait s'en douter. « Oui, j'en suis certaine... Un très vieil ami à moi. Ou devrais-je dire un ami proche de moi. Mais vraiment, vraiment, vraiment très proche... » dis-je en insistant bien sûr le mot "vraiment" avec une pointe d'humour et d'espièglerie. Nous n’avions toujours pas définie notre relation, il est vrai que parfois c’était assez compliqué de définir ce que représentait l’autre pour nous. Milo joue la carte de l'innocence et de l'incompréhension. Le jeune homme l'avoue avoir en effet beaucoup de choses à me dire. Mais avant toute chose, il vient me surplomber dans un mouvement simple et fluide, parfaitement contrôlé. Ses lèvres se posent sur les miennes. Je prolonge tendrement ce baiser alors que mes mains viennent se retrouver derrière son cou. Après ce doux baiser, Milo vient s'excuser, mettant en avant une promesse qu'il m'avait faite jadis. « Tu n'as pas à t'excuser. Je connais les aléas de ton métier... » Dont l'un était bien évidement les astreintes, engendrant alors des imprévus de dernière minutes. Nous partageons un énième baiser. L'une de mes mains remonte le long de sa joue pour caresser tendrement cette dernière. « Je suis vraiment folle de joie que tu sois ici. Toutefois, j'aimerais comprendre ce soudain retournement de situation... Hier, tu m’annonces ne pas pouvoir rentré comme prévu et finalement si... » dis-je un léger sourire aux lèvres même si mont ton trahissait ma curiosité et mon incompréhension. « Que s’est-il passé ? » finis-je par demander clairement afin de tenter de comprendre tous ces chamboulements inattendus.

La joie qui émane de Cassia, brillant clairement dans la profondeur de ses yeux, est un spectacle dont je ne me lasserai jamais. C'est une lumière vive, un témoignage éloquent de son bonheur, si pur et si contagieux qu'il efface instantanément toute trace de fatigue ou de doute en moi. Cette évidence, lisible dans son regard, confirme sans le moindre doute que chaque effort, chaque sacrifice en vaut la peine. Mon audace, mon petit manège avec l'assistante de direction pour nous libérer des contraintes du travail, tout cela semble dérisoire comparé à la récompense de la voir ainsi épanouie. Je n’éprouve aucun regret concernant ces trois longues heures de conduite à travers l'obscurité enveloppante de la nuit. Chaque kilomètre parcouru était une promesse, un pas de plus vers ce moment de retrouvailles, un engagement renouvelé envers Cassia. La fatigue des yeux luttant contre le sommeil, la tension des mains crispées sur le volant, tout s'évapore devant l'éclat de son sourire, la chaleur de son accueil.

Mon dévouement pour Cassia ne connaît aucune limite. Je suis prêt à braver les tempêtes les plus violentes, à traverser les épreuves les plus ardentes, car je sais sue je la retrouverai. Rien ne saurait m'arrêter, aucun obstacle ne peut me dissuader. Peu importe les sacrifices requis, ils sont infimes en comparaison de la richesse de nos échanges, de la profondeur de notre complicité. Pour Cassia, pour nous, je suis prêt à braver le monde entier. Elle représente la raison pour laquelle chaque effort en vaut la peine.

La réflexion ludique de Cassia concernant son ami « très proche, vraiment très proche », provoque un sourire amusé et complice. J'aime cette dimension de notre relation, cette capacité à jouer avec les mots et les sentiments, dans un ballet de séduction qui ne cesse de raviver la flamme entre nous. Il est clair dans l'esprit de chacun que notre appartenance mutuelle est indéniable, ancrée dans une certitude profonde et partagée. « Très proche ? Proche comme ceci ? » rétorquai-je, laissant mes lèvres effleurer les siennes dans un geste tendre, explorant les contours familiers de son sourire avec une douceur renouvelée. « Ou plutôt comme cela ? » ajoutai-je, intensifiant le contact, nos lèvres se retrouvant dans un baiser empreint d'une affection profonde, une réaffirmation de notre intimité.

Ce jeu de séduction, cette danse éternelle entre nos âmes, est d'une beauté sans pareille. Pouvoir se séduire et s'embrasser à nouveau, avec la fraîcheur des premiers jours et la profondeur de l'attachement qui a mûri avec le temps, est un trésor que je chéris plus que tout. C'est un rappel que, malgré la connaissance parfaite que nous avons l'un de l'autre, il reste toujours de la place pour la surprise, pour l'émerveillement, pour la découverte.

« Une simple erreur de planning… » ma voix se fait légère, presque espiègle, en réponse à la curiosité palpable de Cassia. Je choisis délibérément de passer sous silence l'interaction avec l'assistante de direction, sachant que les détails de cette petite manipulation pourraient semer un vent d'inquiétude inutile dans son esprit. Après tout, le résultat importe plus que les moyens, du moins dans ce cas précis. « Promis, je n’ai pris personne en otage pour te rejoindre » ajoutai-je en injectant une dose d'humour dans notre conversation. Cette légèreté, cet échange taquin, c'est notre manière à nous de naviguer à travers les complexités du quotidien, une bulle de légèreté dans un océan parfois tumultueux. « Tu sais que tu es adorable lorsque tu dors ? » je continue, laissant mon regard s'adoucir alors que je me remémore l'image de Cassia plongée dans le sommeil. « J’avais très envie de t’embrasser mais je n’ai pas osé te réveiller. » L'aveu, teinté d'une sincérité touchante, est suivi d'un baiser, une promesse silencieuse que chaque moment passé à ses côtés est précieux, que chaque occasion de lui témoigner mon amour est une bénédiction.

Dans cette douce étreinte, je profitai pleinement de ce moment. Ce moment tant attendu depuis des jours et des jours et qui je pensais, allait être retardé. Fort heureusement, il n’en était rien. J’étais vraiment très heureuse que Milo soit là. C’était une belle surprise pour débuter la journée. Toutefois, je me posais beaucoup de questions quant à ces revirement de situation très soudain. Milo se joue de ma remarque quant à notre proximité. Ses lèvres effleurent les miennes dans un premier temps avant de finir par m’embrasser de manière beaucoup plus passionnée « Plutôt comme cela... » dis-je en souriant de bon cœur, approuvant ainsi cette manière d’être très proche que j’avais évoqué quelques secondes auparavant. Afin de mettre un terme à toutes mes interrogations, Milo fini par m’avouer qu’il y avait eu une simple erreur de planning. Une explication brève mais très claire. Etait-ce nécessaire d’en demander davantage ? Je ne pensais pas. « Le plus important, c’est que tu sois là. » dis-je simplement alors que l’une de mes mains vient se glisser dans ses cheveux. Un léger rire émane de ma bouche quand Milo me promets qu’il n’avait pris personne en otage « Me voilà pleinement rassurée... » Milo et son humour en toute circonstance, je ne m’en lasserai jamais.

Je me délectai de cette douce et agréable sensation de sentir le corps de Milo contre le mien, de pouvoir enfin embrasser à nouveau ses lèvres et de le toucher de mes propres mains. Je sors de mes pensées quand Milo m’indique être adorable quand je dormais. « Seulement quand je dors ? » demandai-je avec un air faussement déçue sur le visage mais avec un sourire espiègle sur le visage. Le pilote de ligne m’avoue avoir voulu m’embrasser mais qu’il n’avait pas osé me réveiller. « Tu aurais dû, je ne t’en aurais absolument pas voulu... » puis il me revient en tête ce moment où s’était moi qui était réveillée et lui qui dormait encore « Je dois t’avouer que quand je t’ai vu près de moi, je n’ai pas osé t’embrasser non plus de peur de te réveiller… Je pense que la nuit a été courte... » Je savais qu’à défaut de venir en avion, Milo avait du prendre la route, comme il l’avait déjà fait auparavant, sans doute accompagné de son collègue et ami Clyde. « Je suis vraiment très heureuse que tu sois là. Tu m’as beaucoup manqué... » avouai-je le plus sincèrement du monde. Sa présence me faisait presque oublié l’affreuse et interminable journée de la veille. « Tu sais que tu parles un peu en dormant ? » demandai-je le regard espiègle et amusé « Ne t’en fais pas, rien de compromettant et rien de très compréhensible... » dis-je afin de le rassurer. Le but n’était pas de le mettre mal à l’aise, je préférais donc minimiser l’acte et les paroles. Un demi mensonge pour le protéger de ses propres sentiments.

Alors que la douceur de la matinée enveloppe la chambre de sa lumière apaisante, je me retrouve plongé dans les souvenirs tumultueux de la veille, une série de péripéties et d'ingéniosité déployées dans le seul but de retrouver Cassia. Ces réminiscences font naître sur mes lèvres un sourire matinal, signe extérieur des émotions tumultueuses qui m'animaient. « Tu ne croirais jamais tout ce que j'ai dû inventer pour arriver jusqu'à toi » je commence, mon regard plongé dans le sien, capturant son attention. « Hier, j'ai dû jouer les stratèges, rivalisant d'astuces et d'ingéniosité pour déjouer les obstacles que le destin semblait prendre un malin plaisir à placer sur mon chemin. » Je lui raconte comment, face à l'annonce inattendue d'une astreinte qui menaçait de nous séparer encore une nuit de plus, j'ai dû user de toute mon habileté pour convaincre l'assistante de direction qu'une erreur s'était glissée dans le planning. Le récit de cette soirée se poursuit, dévoilant comment, une fois libéré des contraintes professionnelles, je me suis lancé dans un voyage nocturne à travers les ténèbres, défiant la fatigue et la lassitude. « Les trois heures de route m'ont semblé à la fois éternelles et fugaces, car chaque minute qui passait me rapprochait un peu plus de toi. » Je lui confesse également les moments de doute, quand la solitude de la route et le silence de la nuit semblaient conspirer pour éroder ma détermination. « Mais à chaque fois, l'image de ton sourire, l'anticipation de ton étreinte, étaient suffisants pour dissiper mes hésitations et raviver la flamme de ma volonté. » Mon récit se poursuit, mes lèvres retrouvent fugacement les siennes. « Et maintenant, me retrouver ici, à tes côtés, rend toutes ces péripéties non seulement supportables mais incroyablement précieuses. » Je conclue mon récit en laissant mes mots flotter dans l'air, un témoignage du voyage intérieur et extérieur que j'ai entrepris pour être avec elle.

La remarque de Cassia, teintée d'une subtile imitation de ma propre manière de m'exprimer, illumine notre conversation d'une touche d'humour et de complicité. Cela me fait sourire, réalisant à quel point nos personnalités et nos manières de communiquer se sont entremêlées au fil du temps. « La nuit a été courte… Mais pas aussi longue qu’une nuit sans toi » je lui réponds doucement, la vérité de ces mots résonnant profondément en moi. Chaque baiser que je dépose sur ses lèvres est une affirmation de cette réalité, une promesse de toujours chercher le chemin du retour vers elle, peu importe les obstacles. « Ah oui, je parle en dormant ? Et qu’est-ce que je dis ? » je poursuis, curieux de découvrir les secrets nocturnes que mon inconscient aurait pu révéler. Chaque nouveau baiser que je lui vole, chaque contact de nos lèvres, est une quête de réponses, une exploration ludique de notre intimité. « Je dis ceci ? » je murmure, laissant mes lèvres se frayer un chemin vers son cou, chaque baiser déposé étant à la fois une question et une réponse, un jeu entre ce que je pourrais dire et ce que mes gestes expriment.

Mes baisers descendent tendrement le long de sa poitrine, une exploration sensuelle qui parle plus que les mots eux-mêmes. C'est une danse entre l'amour et la séduction, où chaque geste, chaque frôlement de peau contre peau, est une déclaration. Dans cette intimité partagée, où les mots se mêlent aux gestes, où les confidences nocturnes se traduisent en caresses diurnes, nous découvrons une nouvelle facette de notre relation, un nouveau langage d'amour et de désir.

À mesure que la matinée s'éveille autour de nous, les premiers rayons du soleil viennent doucement caresser notre refuge, nous invitant à quitter le doux royaume de Morphée pour explorer les territoires plus tangibles de notre amour. Dans cet échange de tendresse, nos baisers deviennent le langage par lequel nos désirs se communiquent, chaque effleurement, chaque étreinte nous rapprochant encore davantage.

L'intimité que nous partageons se transforme, nos gestes et nos souffles s'entremêlant dans une danse sensuelle qui réclame avec insistance la découverte de l'autre, de son corps, de son âme. Les baisers de Cassia, empreints d'une promesse non dite, éveillent en moi un désir profond, une envie de connaître chaque parcelle de son être, de lui offrir la même plénitude qu'elle m'apporte. Le plaisir que nous nous offrons mutuellement augmente progressivement, chaque caresse, chaque mouvement devenant une exploration de ce qui nous unit. C'est une symphonie de sensations, où chaque note jouée par nos corps en harmonie ajoute à la mélodie de notre passion. Lorsque les gémissements de Cassia atteignent mes oreilles, ils sont la plus belle des musiques, déclenchant en moi un sentiment de satisfaction profonde et exquise. C'est le témoignage audible de notre connexion, de l'intensité de l'instant partagé. Dans cette étreinte, dans cet abandon à l'autre, nous trouvons un bonheur sans égal, une affirmation de notre amour et de notre désir mutuel. Ce moment d'intimité, loin de n'être qu'une parenthèse dans le cours de notre journée. Alors que nos souffles se calment et que nos cœurs retrouvent un rythme plus paisible, un sentiment de plénitude nous enveloppe. Nous sommes ici, ensemble, plus forts et plus proches que jamais.

Dans cette chambre, sur ce lit, allongés l'un contre l'autre Milo me surplombe. Le jeune pilote de ligne se met alors à raconter toutes les péripéties qu'ils avait vécu ou plutôt subi la veille. Une astreinte imposée au dernier moment, une erreur dans le planning. Mais finalement Milo avait réussi à déjouer les obstacles du destin pour revenir à Fall River en temps et en heure. Enfin presque. Milo évoque ensuite son trajet sur la route. Trois longueurs heures. Fort heureusement il n'était pas seule. Cela m'avait d'ailleurs toujours rassuré de savoir que Clyde était avec lui lors de ses allers retours routiers. J'écoute avec grande attention le récit de Milo me rendent davantage compte tout ce qu'il était capable de faire pour moi. « Je te remercie du fond du cœur pour tout ce que tu fais pour moi, pour nous ... » J'étais pleinement consciente que depuis que notre relation avait évolué Milo faisait énormément de concession pour que nous puissions nous voir aussi souvent que nous le souhaitions.

Profitant de ces douces retrouvailles matinales, je ne peux m'empêcher d'indiquer à Milo que cela pouvait lui arriver apparemment de parler en dormant. Ce dernier semble quelque peu intrigué par ma révélation. Bien évidemment il m'en demande davantage. Je souris amusée. Mais il n'était pas question que je lui avoue toute la vérité. Je savais que Milo avait du mal avec ses sentiments. Il était tout simplement hors de question que je lui dise qu'il avait dit m'aimer dans son sommeil. Ce serait le rendre vulnérable face à ses propres sentiments. « Oui... Désolé, cela doit rester top secret, entre ton subconscient et moi ... Mais rassure toi, je suis encore là c'est donc bon signe... » dis je pour plaisanter un peu. Notre douce étreinte se transforme petit à petit en un désir incontrôlable de retrouver le corps de l'autre. Nos baisers se font plus passionnés, nos mains parcourant le corps de l'autre avec désir et envie. Rapidement, mes mains viennent baisser le boxer de Milo afin de pouvoir le retrouver dans la plus grande intimité qu'il soit. Les mains du pilote de ligne quant à elle remonte le long de ma nuisette avant que nos deux corps se fassent plus qu'un. Une danse douce' sensuelle et ardente commence entre nos deux corps, entre nos deux âmes. Nous nous abandonnons totalement l'un à l'autre avant d'atteindre quasiment à l'unisson le paroxysme du plaisir.

Reprenant doucement notre souffle, nos corps restent blottis l'un contre l'autre. Mon visage vient se nicher au creux du cou de Milo déposant de tendre baiser sur sa peau, prolongeant ainsi un contact entre nous. Finalement, il n'y avait peut-être pas que Milo qui était insatiable.

Dans l'atmosphère chargée d'intimité de sa chambre, un sourire espiègle naît sur mes lèvres alors que je reprends mon souffle, chaque fibre de mon être encore vibrant des échos de notre passion. Cassia, avec une douceur qui contraste avec l'intensité de nos échanges précédents, laisse ses lèvres tracer des chemins ardents contre la peau de mon cou, chaque baiser ravivant le feu que je pensais temporairement apaisé. « Je ne sais pas qui est le plus insatiable de nous deux… » ma voix teintée d'un mélange de surprise et d'admiration face à l'inépuisable désir qui nous anime. L'énergie entre nous est palpable, un courant électrique qui refuse de s'atténuer, et sa proximité, sa chaleur, ses baisers, tout concourt à raviver ma propre ardeur. « Tu sais que si tu continues de m’embrasser de la sorte, je ne réponds plus de rien et nous allons passer le reste de la journée dans la chambre… » avouais-je, mon regard plongé dans le sien, brillant d'un désir renouvelé et d'une promesse de plaisirs encore inexplorés. Son sourire en réponse à mes mots est une invitation silencieuse, une affirmation que l'idée de se perdre l'un dans l'autre pour les heures à venir n'est pas pour lui déplaire. Dans ses yeux, je lis un écho de mon propre désir, une lueur de défiance et de complicité qui ne fait qu'attiser davantage ma passion. Cette tension délicieuse, ce jeu de séduction continu entre nous, est le reflet de notre connexion profonde. Chaque geste, chaque baiser, chaque frôlement devient un dialogue sans mots, une exploration de l'infini paysage de notre désir mutuel. La perspective de passer la journée entière enlacés, redécouvrant avec avidité chaque parcelle de nos êtres, est à la fois une menace et une promesse, une tentation à laquelle il devient de plus en plus difficile de résister.

Allongés l'un à côté de l'autre, nous reprenons notre souffle, enveloppés dans la douceur d'une matinée qui a su garder le secret de notre amour. Les draps froissés autour de nous portent les traces de notre étreinte, témoignage silencieux d'un moment partagé où les cœurs, les corps et les âmes se sont intimement unis. Le sentiment de plénitude qui nous emplit est aussi vaste que le ciel lui-même, une harmonie parfaite entre deux êtres qui se sont retrouvés après une semaine de séparation. Une semaine l'un sans l'autre, une éternité faite de moments où l'absence de l'autre pèse comme un voile de mélancolie sur chaque geste du quotidien. C'est long, trop long. Chaque jour passé loin l'un de l'autre s’est apparenté à un rappel constant de l'importance de notre relation, de la force de notre lien. Et maintenant, dans le calme qui suit l'orage passionné de nos retrouvailles, il y a une douce satisfaction, un bonheur pur d'être enfin ensemble. Nous partageons des sourires, des regards qui disent plus que les mots ne pourraient jamais exprimer. Il y a dans l'air une légèreté, une joie tranquille d'avoir franchi une fois de plus la distance, de s'être retrouvés malgré les obstacles. Nos mains se cherchent, s'entrelacent, un geste simple mais d'une profonde signification, une promesse muette de toujours trouver le chemin du retour vers l'autre. « Une semaine, c'est long sans toi » murmurai-je, la voix empreinte d'une émotion palpable. Cassia se tourne vers moi, ses yeux brillants d'un éclat qui réchauffe mon âme.

« Tu sais... Anna m’a appelé hier soir » je commence, ma voix douce se mêlant au silence paisible de la chambre. Mes doigts glissent avec tendresse sur l'épaule dénudée de Cassia, un geste délicat qui cherche à apaiser, à rassurer. « Elle m’a brièvement raconté que vous aviez passé une mauvaise journée et ta tristesse en apprenant que je ne pourrais pas rentrer. Et… Pour Erin aussi. » L'aveu est doux, un partage d'une confidence reçue, une fenêtre ouverte sur ses émotions en mon absence. Je marque une pause, laissant le poids de mes paroles flotter entre nous, avant de continuer. « Ma priorité, c’est toi. Cela a toujours été toi… » Ces mots, empreints d'une profonde vérité, sont une affirmation de l'importance capitale qu'elle occupe dans ma vie. Ils sont le reflet d'un engagement inébranlable, une promesse qui va bien au-delà des mots.

Il est vrai que, malgré les aléas de ma vie, les flirts sans lendemain et les distractions passagères, Cassia a toujours occupé une place à part. Chaque fois qu'elle m'a appelé, la voix teintée de la moindre détresse à cause de sa relation avec Andrew ou toute autre peine, j'ai su que rien d'autre n'importait. Mon monde s'arrêtait, et mon seul objectif devenait de la rejoindre, de lui apporter le réconfort dont elle avait besoin. « À chaque fois que tu as eu besoin de moi, j'ai tout laissé tomber pour être à tes côtés. Peu importe les circonstances, peu importe le reste. Il n'y a que toi... » je poursuis, cherchant son regard pour y ancrer la sincérité de mes mots. C'est une confession, un aveu de l'attraction gravitationnelle qu'elle exerce sur moi, de l’emprise qu’elle possède.

« Tu veux qu’on parle d’Erin ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? » ma question se veut douce, attentive, empreinte d'une volonté de comprendre sans juger. Je sais que le sujet peut être délicat, Erin étant à la fois une ombre de mon passé et une présence dans la vie quotidienne de Cassia, leur collégialité au travail tissant un lien inévitable entre nous trois. Je m'installe plus confortablement, mon corps se tournant vers Cassia pour lui offrir toute mon attention. Il est important pour moi qu'elle sache qu'elle peut tout me dire, que rien de ce qui concerne Erin - cette ancienne conquête éphémère devenue par la suite une simple collègue dans son environnement professionnel - ne saurait ébranler la solidité de notre relation. « Je sais que ma relation passée avec Erin peut rendre les choses un peu compliquées, surtout qu'elle travaille avec toi. » Je prends une profonde inspiration, cherchant les mots justes pour exprimer à la fois ma conscience de la situation et mon engagement envers Cassia. « Si elle a dit ou fait quelque chose qui t’a blessée, sache que je suis là. Nous pouvons en parler, mettre les choses à plat. Promis elle ne finira pas dans le même état qu’Andrew. »

Je veux que Cassia comprenne que, même si Erin fait partie de mon passé, elle, Cassia, est mon présent et mon futur. Que les histoires éphémères d'hier n'ont pas de poids face à ce que nous construisons ensemble. « Mon histoire avec Erin est terminée depuis longtemps, et rien de ce qu’elle pourrait dire ou faire ne change quoi que ce soit entre nous. » Ma main trouve la sienne, un geste de soutien et d'assurance. « Je veux que tu te sentes libre de m’exprimer tout ce qui te préoccupes, surtout quand cela concerne des personnes de mon passé. » Ces mots, je les prononce avec toute la sincérité et l'amour que je ressens pour elle, espérant apaiser ses inquiétudes.

C’était plus fort que moi, quand Milo était à mes côtés je ressentais un besoin incontrôlable d’être contre lui, de sentir ma peau contre la sienne, de sentir ses lèvres contre les miennes. Sa remarque concernant la plus insatiable de nous deux me fait doucement rire. « Je me le demande... » dis-je pour plaisanter à mon tour. Milo me met ensuite en garde sur mes baisers, ces derniers risquaient sans doute de nous faire passer une bonne partie de la journée ici. « H’m… ce ne serait pas une si mauvaise idée que ça... » dis-je en déposer un ultime baiser sur ses lèvres. D’ailleurs cela faisait écho à une parole que Erin m’avait dit la veille. Mais rapidement le souvenir de ma discussion avec la jeune femme est estompé par les paroles de Milo. « Trop long même… Il me tarde vraiment que tu puisses réaménager à Fall River... » avouai-je le plus sincèrement du monde.

Milo se lance ensuite dans une confidence. Anna l’avait appelé hier soir. Ma collègue et grande amie lui avait apparemment parlé de mon état d’esprit de la veille, de cette journée interminable et catastrophique que nous avions passé. « Oh... » dis-je un peu étonnée. A aucun moment je n’avais soupçonné Anna d’avoir appelé Milo derrière mon dos. Sans doute dans le but de me rassurer, Milo m’affirme que sa priorité c’était moi. J’avais pleinement conscience que les exemples étaient nombreux. « Je sais. Et je ne t’en remercierai jamais assez... Anna n'aurait pas du t'appeler... La journée a été épouvantable certes, mais ça ne justifie pas tous ce que tu as dû faire... » Depuis toujours, bien que je mettais un point d’honneur à être indépendante à tout point de vue le fait de savoir que Milo était là, tout près si besoin, m’avait toujours rassuré et aidé à avancer dans la vie. Le pilote de ligne me demande si je souhaite parler d’Erin, de notre échange de la veille. « Je sais que c’est terminé entre vous. Contrairement à elle… Elle semble toujours espérer que tu changes d’avis. » Elle le faisait clairement comprendre à qui voulait bien l’entendre. J’hésitai malgré tout pendant quelques longues secondes. Etait-ce vraiment utile, bénéfique de lui raconter mon échange plus que houleux avec Erin ? Allongé sur le flanc, face à Milo je me décide malgré tout à parler  « Elle m’a dit qu’elle était certaine que tu prenais moins de plaisir avec moi qu’avec elle. Que physiquement, je n’avais pas ce qu’il fallait et que tôt ou tard tu finirais par retourner près d’elle car tu allais bientôt commencer à t’ennuyer avec moi et que je ne suis pas capable de te rendre heureux. » J’osais à peine regarder Milo lors de ces aveux. « Et, elle ne cessait de sire que sexuellement c’était incroyable. Que vous pouviez passer des heures à… enfin tu vois. Et qu’un jour tu lui a même dit que tu n’avais jamais pris autant de plaisir avec quelqu’un d’autre et que si ça continuait ainsi tu allais vouloir l’épouser... » Je n’avais pas tout dit. Une fois lancée, il était difficile d’arrêter Erin. « Je voudrais juste savoir si c'était vraiment si bien avec elle ? Si spécial ? » finis-je par demander par curiosité dans un premier temps. Etait-ce Erin qui exagérait ou y avait-il eu quelque chose de particulier ? « Mieux… ? » osai-je demander à demi mots.

La distance qui s'étend entre nous depuis de longs mois pèse lourdement sur mon cœur, chaque jour qui passe rendant son absence plus difficile à supporter. L'idée de réaménager à Fall River, de réduire cet espace qui nous sépare, est une lueur d'espoir dans mon quotidien, mais l'incertitude quant au moment où cela pourra se concrétiser ajoute une couche d'angoisse à mon attente. Le temps, loin de Cassia, s'étire en une suite interminable de moments où son absence est aussi palpable que l'air que je respire. La proximité géographique, mesurable en une petite heure et demie de vol ou trois heures de route, semble dérisoire sur le papier, mais dans la réalité de nos vies, cette distance se transforme en un gouffre. Chaque kilomètre qui nous sépare est une barrière qui me coupe d'elle, de sa présence, de son sourire, de sa voix qui a le pouvoir d'apaiser toutes mes tempêtes intérieures. Ce n'est pas tant la distance physique qui m'accable, mais plutôt l'éloignement émotionnel qu'elle impose. L'impossibilité de partager les petits moments du quotidien, les joies simples ou les peines soudaines, crée un vide que les appels téléphoniques ou les messages ne peuvent entièrement combler. Chaque conversation manquée, chaque sourire non partagé, s'accumule en un sentiment d'éloignement qui semble grandir, transformant chaque jour sans Cassia en une petite éternité.

L'attente du jour où je pourrai de nouveau réaménager à Fall River, à ses côtés, est teintée d'une douce amertume. C'est la promesse d'un futur où la distance ne sera plus qu'un souvenir, mais c'est aussi un rappel constant de l'obstacle qui nous sépare encore. Je me surprends à rêver de notre réunion, à imaginer le moment où la distance se réduira à un simple pas de porte à franchir pour la retrouver. Pourtant, au milieu de cette attente et de cette distance, je trouve une source de force dans l'amour que je lui porte. Cet amour, résilient et inébranlable, guide mes jours, me rappelant qu'aucune distance ne peut véritablement nous séparer. Malgré l'impression d'éternité que crée notre éloignement, je sais au plus profond de moi que chaque instant passé loin l'un de l'autre est un pas de plus vers le jour où nous ne ferons plus qu'un, sans distance pour nous diviser. « Je te manque beaucoup ? » La question s'échappe de mes lèvres, mi-rhétorique, mi-curieuse, cachant derrière sa légèreté une vraie demande de réconfort, un besoin de savoir que l'absence est aussi pesante pour elle que pour moi. « Tu sais ce que je fais lorsque tu me manques ? » je continue, cherchant son regard alors que ma main trouve la sienne, l'enveloppant d'une douceur réconfortante. Mes lèvres rencontrent le dos de sa main dans un baiser tendre, une promesse silencieuse d'affection et de présence malgré la distance. « Quand tu me manques, je pose la main sur mon cœur et je ferme les yeux. Car je sais que c’est le seul endroit où tu existes toujours » je murmure, guidant doucement sa main jusqu'à mon cœur. Je veux qu'elle ressente sa cadence, chaque battement résonnant comme un écho de notre connexion, une preuve tangible de l'espace qu'elle occupe en moi. « Même dans les moments les plus sombres, quand le manque semble insurmontable, je me rappelle de toi, de nous, et je trouve la force de sourire. Parce que je sais que, peu importe la distance, nous sommes ensemble » je confie, les mots coulant avec une sincérité brute, un aveu de la profondeur de mes sentiments. « Et toi, que fais-tu quand je te manque ? » je demande, curieux de connaître sa propre manière de combler le vide de mon absence, de partager cet instant de vie, cette façon personnelle de garder vivante la flamme de notre relation malgré tout.

La réaction de Cassia, teintée d'une pointe de regret pour avoir involontairement causé du tracas, fait naître en moi un sourire doux, empreint de compréhension. Elle pense qu'Anna n'aurait pas dû me prévenir, souhaitant épargner la moindre perturbation dans mon emploi du temps déjà chargé. Mais elle ignore à quel point j'apprécie ce geste d'Anna, à quel point ce simple appel a changé le cours de ma journée, voire de ma semaine. « Anna a bien fait de me prévenir… Je préfère le savoir et tout faire, déplacer des montagnes pour venir plutôt que de te laisser toute seule » je confesse avec sincérité. Dans mon esprit, je me promets d'offrir un café à Anna la prochaine fois que nos chemins se croiseront, un petit geste de gratitude pour avoir agi comme le lien entre Cassia et moi dans un moment de besoin. La gratitude que je ressens envers Anna est profonde, car son appel a agi comme un rappel de ce qui compte réellement pour moi. « Je préfère savoir ce qui se passe dans ta vie, partager tes peines comme tes joies, plutôt que de rester dans l'ignorance. Ta tristesse est la mienne, tout comme ton bonheur est le mien » je poursuis, cherchant à communiquer la profondeur de mon engagement envers Cassia. Je serre sa main dans la mienne un peu plus fort, un geste silencieux qui scelle ma promesse. « Aucune distance, aucun obstacle ne me tiendra éloigné de toi quand tu as besoin de moi. Je traverserai n'importe quelle épreuve pour être à tes côtés. »

L'écoute des mots malveillants prononcés par Erin à l'égard de Cassia fait bouillir mon sang. J'avais promis à Cassia qu'elle ne subirait jamais le sort d'Andrew, mais face à ces provocations, ma patience s'amenuise dangereusement. Mon esprit s'embrase à l'idée qu'Erin puisse délibérément chercher à blesser Cassia, à semer le doute dans son esprit avec des comparaisons toxiques et des insinuations cruelles. Je me concentre sur Cassia, captant chaque mot, chaque nuance de tristesse dans sa voix. Son aveu, ses doutes exprimés avec tant de vulnérabilité, me transpercent le cœur. Voir ses yeux fuir les miens, témoins de la douleur que ces paroles lui ont infligée, me rend à la fois furieux contre Erin et désespérément soucieux de réparer les conséquences de ses propos. « Elle m’a dit qu’elle était certaine que tu prenais moins de plaisir avec moi qu’avec elle. Que physiquement, je n’avais pas ce qu’il fallait et que tôt ou tard tu finirais par retourner près d’elle car tu allais bientôt commencer à t’ennuyer avec moi et que je ne suis pas capable de te rendre heureux. » Les mots d'Erin, répétés par Cassia, sonnent faux dans mes oreilles, une distorsion grotesque de la réalité. Je ressens un besoin impérieux de rectifier cette vision erronée, de rassurer Cassia.

Lorsque Cassia poursuit, révélant les vantardises d'Erin sur notre passé sexuel et une prétendue promesse de mariage, je sens la colère mêlée d'un profond dégoût. « Et, elle ne cessait de dire que sexuellement c'était incroyable. Que vous pouviez passer des heures à… enfin tu vois. Et qu’un jour tu lui as même dit que tu n’avais jamais pris autant de plaisir avec quelqu’un d’autre et que si ça continuait ainsi tu allais vouloir l’épouser... » La manipulation d'Erin, ses tentatives de semer la zizanie, me renforcent dans ma détermination à protéger Cassia de ces toxiques intrusions. Face à la question poignante de Cassia, « Je voudrais juste savoir si c'était vraiment si bien avec elle ? Si spécial ? … Mieux ? », je comprends l'ampleur de la blessure infligée à son cœur. Je prends ses mains dans les miennes, cherchant son regard pour y ancrer chaque mot de ma réponse. Je la regarde droit dans les yeux, cherchant à y déceler toute l'incertitude, la douleur que les mots d'Erin ont pu y semer. « Tu crois vraiment chacune de ses paroles ? Tu crois que je suis capable d’épouser une autre femme que toi ? Tu crois que j’éprouvais plus de plaisir avec elle, que je n’en n’éprouve avec toi ? » Ces questions, prononcées avec une gravité mesurée, sont le prélude à un aveu bien plus profond, une clarification nécessaire pour dissiper les ombres du doute.

Je prends une profonde inspiration, conscient de l'importance cruciale de mes prochains mots. « Il y a quelque chose qu’Erin ne possède pas et ne possédera jamais, car il t’appartient : mon cœur. » Cet aveu vient du plus profond de moi, une vérité inébranlable qui transcende toute comparaison physique ou moment de plaisir éphémère. « Avec Erin, j'étais peut-être plus libertin. Les pratiques demeuraient différentes… Mais avec toi, Cassia, c'est différent. » Je marque une pause, laissant ces mots imprégner l'espace entre nous, conscient que chaque syllabe porte en elle le poids de mon engagement, de mon choix. « Avec toi, je trouve quelque chose de bien plus précieux que le plaisir que je n'ai jamais ressenti avec qui que ce soit d'autre. Avec toi, chaque moment partagé, chaque étreinte, chaque baiser, est empreint d'une signification qui va bien au-delà du physique. » Je prends sa main dans la mienne, y déposant un baiser tendre, un symbole de l'amour pur et indéfectible que je lui porte. « Erin peut avoir eu une part de mon passé, mais c'est avec toi que je vois mon avenir. C'est toi qui possèdes mon cœur, et rien ni personne ne pourra jamais changer cela. » Ces mots, je les prononce avec toute la force de conviction dont je suis capable, espérant qu'ils serviront de baume sur les blessures infligées par les mensonges et les manipulations.

Bien que le ton soit léger, je n’avais pu m’empêcher d’avouer à Milo que j’avais hâte qu’il reviennent vivre à Fall River. Son départ pour New-York avait été un véritable coup dur. Petit à petit, nous nous y étions fait, plus ou moins. Nous n’avions pas eu le choix. Mais depuis quelques temps et surtout depuis que le jeune homme m’avait avoué que son retour se ferait plus vite que prévu j’étais devenue un peu plus impatiente quant à son retour. Milo me demande si il me manque beaucoup. Mon regard se pose sur le sien « Oui ». Une réponse simple mais sincère. Le pilote de ligne s’adonne alors à une douce confession quant à ses habitudes lorsqu’il pensait à moi et que je lui manquais. Ma main dans la sienne, mes yeux sont suspendus à ses lèvres. Les paroles de Milo sont des plus touchantes. Un sourire sur les lèvres, j’imagine la scène attendrissante que Milo me décrit « Peu importe la distance... » répétai-je comme pour affirmer ses dires. Bien qu’émue par le récit de Milo, je réponds à sa question « Quand tu me manques, je viens généralement m’installer sur le canapé ou sur le lit, je ferme les yeux et j’imagine que tu es là, à côté de moi. Je m’imagine poser mes lèvres contre les tiennes, je m’imagine venir me blottir contre toi… Parfois, j’écoute à nouveau le dernier message que tu m’as laissé pour entendre ta voix... » avouai-je sans gêne. C’est d’ailleurs ce que j’avais fait hier soir. Une fois allongé dans le lit, j’avais écouté quelques anciens messages de Milo avant de m’endormir. « Et il m’arrive aussi de porter une de tes chemises... » dis-je sur un ton un peu plus léger.

Le sujet concernant Erin était soudainement moins jovial. Le portrait qu’Erin avait dressé de Milo était étonnement assez différent du Milo que je connaissais. Du moins j’en avais l’impression. Je n’avais pas de doute sur les sentiments qu’il portait à mon égard, toutefois j’appréhendais malgré tout qu’il finisse un jour de se lasser de moi. Le fait que Erin et moi soyons assez différente tant sur le plan physique que comportemental me faisait me questionner beaucoup également. La base de notre relation était l’honnêteté alors j’avais décidé malgré tout d’évoquer plus ou moins en détails l’échange de la veille que j’avais eu avec Erin. Milo soutient la décision qu’Anna avait prise quant à son coup de téléphone passé à mon insu. « Je comprends. Et je t’en remercie infiniment. J’ai voulu t’en parler au téléphone mais tu avais l’air très occupé et tu n’étais pas seul, ce n’était pas vraiment le moment idéal… » J’avais conscience que sa formation était intense et puis il n’était pas seul alors évoquer ce genre de détails sachant qu’il y avait du monde au tour de lui n’était pas une bonne idée de toute manière. Concernant le sujet délicat d’Erin, Milo me conforte dans l’idée que son cœur n’appartenait qu’à moi. Le pilote de ligne m’avoue qu’intimement c’était effectivement différent avec Erin. Mais il me rassure en m’avouant qu’avec moi il trouvait quelque chose de bien plus précieux que le simple plaisir. Les paroles de Milo me rassurent. « D’accord… Mais Milo, promets moi de rester, d’être toi même avec moi… Je ne veux en aucun cas que tu te modères à cause de moi. Je veux qu’on soit tous les deux épanouis dans cette relation... » dis-je en toute sincérité. C'était important pour moi qu'il le sache.

L'aveu de Cassia, révélant comment elle comble le vide de mon absence, résonne profondément en moi, ébranlant chaque fibre de mon être. L'imaginer seule, cherchant du réconfort dans le souvenir de notre proximité, s'enveloppant dans l'essence de ma présence à travers des gestes simples mais incroyablement intimes, me touche au-delà des mots. Qu'elle s'installe sur le canapé ou dans notre lit, qu'elle ferme les yeux pour se transporter à mes côtés, qu'elle écoute mes messages vocaux juste pour capturer l'écho de ma voix ou qu'elle s'enroule dans l'une de mes chemises comme pour s'imbiber de mon odeur, chaque détail de sa confession m'atteint avec une force inattendue. Je suis peut-être un homme, mais cela ne me rend pas insensible, surtout pas quand il s'agit de Cassia, de sa peine et de la solitude qu'elle endure en mon absence. « Je ne savais pas… Je suis désolé… » les mots s'échappent, chargés d'une émotion brute et d'un regret profond. Je suis désolé pour la distance, un espace physique et émotionnel que je nous ai imposé. Je suis désolé pour le désarroi, pour chaque au revoir qui lui arrache un morceau de cœur, pour chaque départ qui sème le trouble dans son esprit. Je suis désolé pour la tristesse qui s'empare d'elle en mon absence, une marée montante de solitude et de manque qui la submerge jusqu'à mon retour.

Chaque fois que je prends les commandes de l'avion, que je m'élève au-dessus des nuages, il y a un rituel que je garde précieusement pour moi, un geste intime et rempli de nostalgie que je n'ai jamais partagé jusqu'à aujourd'hui. Cassia, assise à mes côtés, me regarde avec curiosité, ses yeux pétillants d'intérêt pour cette confidence que je m'apprête à lui faire. « Quand tu me manques, et que je suis là-haut, seul dans le cockpit, face à l'immensité du ciel, j'ai pris l'habitude de parler à travers les nuages, comme si chaque mot pouvait traverser les distances et te parvenir directement » je commence, un peu hésitant, mais encouragé par son regard attentif. « Je te raconte ma journée, les villes que je survole, les formations nuageuses que je rencontre... » Je lui explique comment, à une certaine altitude, là où le monde semble s'ouvrir en grand sous les ailes de l'avion, je choisis un nuage en particulier, un qui me semble assez doux, assez accueillant pour porter mes pensées vers elle. « J'imagine que ce nuage voyage jusqu'à toi, qu'il va se poser près de la fenêtre où tu te trouves, pour que tu puisses entendre tout ce que je te dis. » Un sourire timide se dessine sur mes lèvres alors que je poursuis « Et juste avant de revenir sur terre, je touche mon insigne, trois fois, avec une tendresse particulière, comme pour qu'il porte trois mots non prononcés directement vers toi. » Dans l'incertitude de chaque jour qui passe, une vérité immuable réside au fond de mon cœur : la vie, avec ses aléas et ses mystères, ne nous offre aucune garantie sur le lendemain.  Je ne souhaite pas partir, pas sans lui avoir dit « je t’aime ».

La demande de Cassia, si simple et pourtant si profonde, éveille en moi une multitude d'émotions. Elle cherche à s'assurer que notre relation soit vécu dans sa plus pure expression, sans barrières ni freins, un souhait qui me touche profondément. Parfois, je me demande si elle mesure véritablement l'ampleur de l'amour que je lui porte, la façon dont elle illumine chaque recoin de mon existence. J'aimerais, ne serait-ce qu'un moment, lui donner la possibilité de voir à travers mes yeux, pour qu'elle comprenne combien elle est essentielle à mon bonheur, combien chaque moment à ses côtés est un trésor. « Je te le promets… Sauf… » Mes mots commencent à s'échapper, porteurs d'une vérité que j'ai longtemps gardée enfouie. Il y a une nuance dans ma voix, un presque silence qui préfigure une révélation plus profonde. « … Je ne modérerai jamais les sentiments que j'éprouve pour toi Cassia… » Je peux voir dans ses yeux, à la lueur qui s’y reflète, qu'elle comprend la portée de mes mots.

Les paroles, les confessions échangées étaient vraiment des plus attendrissantes. Et dans le fond, cela me rassurait quelque peu de savoir que le manque se faisait aussi ressentir du côté de Milo. J’appréhendais que cette difficulté à gérer la distance n’était due qu’à moi. Apparemment il n’en était rien. Nous avions tous les deux nos petites habitudes pour faire face à ce manque. Et je trouvais cela très touchant de se livrer ainsi. Contre toute attente, Milo s’excuse. « Tu n’as pas à t’excuser Milo… Et puis ce n’est que provisoire. » dis-je pour tenter de rester optimiste malgré tout. Nous continuons à nous confier l’un à l’autre. Milo me relate avec les petits habitudes qu’il a quand il est en plain vol. Mon regard ne le quitte pas d’une seule seconde, attentive au moindre mot qui sort de sa bouche. A travers son récit, je ne pouvais m’empêcher de l’imaginer dans le cockpit de l’avion qu’il dirigeait, l’imaginer parler de sa journée. Mais ce qui me surprend le plus, ce qui sans doute venait de m’humidifier mes yeux était cette dernière révélation quant à ce rituel qu’il avait avant d’atterrir. « Et juste avant de revenir sur terre, je touche mon insigne, trois fois, avec une tendresse particulière, comme pour qu'il porte trois mots non prononcés directement vers toi. » Trois fois, trois mots. Je t’aime. Mon cœur se serre face à cette révélation. « Milo... » dis-je la gorgée nouée et le regard humide. Ma main vient alors se poser délicatement sur sa joue la caressant tendrement, mes lèvres viennent se déposer sur les siennes pour l’embrasser passionnément, amoureusement. « Je te remercie de m’avoir dit tout cela, je sais que ça n’est pas toujours facile pour toi de te confier ainsi... » Mon regard se plonge dans le sien. J’avais tellement envie de lui dire haut et fort que je l’aimais, que mon cœur ne battait que pour lui, qu’à cause de lui. Mais c’était sans doute trop tôt, je ne voulais pas prendre le risque de le brusquer ou de le mettre mal à l’aise. « J’ai tellement hâte que tu reviennes ici... » soufflai-je légèrement la voie remplis d’émotion.

Les mots de Milo concernant Erin m’avaient beaucoup rassuré. Toutefois, une petite crainte persistait tout au fond de moi. Le pilote de ligne m’avait avoué être plus libertin avec Erin, la crainte qu’il se contienne avec moi m’était insupportable. Je voulais que l’on soit tous les deux pleinement épanouis dans notre relation. Milo est attentif à ma demande et accède à ma promesse. Il émet simplement une condition. Cette dernière ne fait qu’élargir le sourire déjà présent sur mes lèvres. « Je trouve que c’est un excellent compromis... » dis-je en lui volant un baiser au passage.

A chaque fois que le destin nous accorde le luxe d'un weekend partagé, les heures s'envolent avec une agilité que je ne cesse de sous-estimer. Le temps semble jouer avec nous, un espiègle qui accélère le rythme dès que nous nous retrouvons, transformant les heures en minutes, et les minutes en secondes précieuses. C'est un tourbillon joyeux et mélancolique, car même si ces moments ensemble sont source d'une joie immense, leur fugacité me laisse toujours avec le désir d'en saisir davantage. Je me fais un point d'honneur à m'impliquer dans les activités quotidiennes de Cassia, partageant les tâches ménagères pour alléger son fardeau. Il n'est pas question pour moi de rester les bras croisés pendant qu'elle s'affaire, même dans les plus humbles obligations. Que ce soit pour ranger, nettoyer, ou simplement organiser le désordre de la semaine, je prends part à chaque corvée avec une énergie renouvelée. Je ne veux pas qu'elle s'épuise dans la routine du ménage, je ne veux pas que ses épaules portent seules le poids des responsabilités quotidiennes. Alors je m'efforce, avec un zèle et une attention qui, je l'espère, lui montrent à quel point je suis investi dans notre relation, dans le souci de son bien-être. Je l'aide du mieux que je peux, non pas parce que je le dois, mais parce que je le veux, parce que le bonheur de Cassia est mon ultime priorité. Dans cet échange de services et de sourires, dans ce ballet de petites attentions, je découvre la vérité intime de ce que signifie partager une vie.  Même si la journée s'écoule trop vite, je me réjouis de chaque seconde passée à ses côtés, de chaque effort commun qui rend notre temps ensemble non seulement agréable, mais significatif.

Le crépuscule s'étend doucement sur Fall River, drapant la ville d'une lumière dorée qui s'infiltre à travers la fenêtre du salon. C'est dans cet éclat de fin de journée que je m'arrête un instant pour observer le soleil s'abaisser à l'horizon, colorant le ciel de teintes chaudes et apaisantes, pendant que nous nous apprêtons pour la soirée. La tranquillité de ce moment semble en parfaite harmonie avec l'anticipation qui monte en nous. J’ajuste le pantalon de mon costume, sa coupe impeccable épousant mes jambes avec une précision qui souligne la musculature acquise à travers des années d'entraînement et de discipline. Mon reflet me renvoie l'image d'un homme qui pourrait rivaliser avec n’importe qui, une stature imposante et une présence qui ne manque pas de confiance. Mon torse, encore nu, porte l'histoire de mes efforts physiques, chaque ligne et chaque muscle sculpté avec détermination. Je me tiens là, un peu détaché de toute vanité, simplement conscient de l'effet que ma présence peut engendrer. La sérénité de quelqu'un qui connaît sa propre valeur sans arrogance. Le pantalon est juste le début de mon allure pour la soirée, une promesse silencieuse de l'élégance à venir une fois que j'aurai enfilé ma chemise.

Puis, délaissant la vue majestueuse, je me dirige vers la chambre où Cassia se prépare. Je me trouve là, silencieusement appuyé contre l'encadrement de la porte, saisi par le tableau qui s'offre à moi. La lumière tamisée de la pièce embrasse les courbes de Cassia, sa silhouette se dessinant avec une élégance saisissante contre le mur, son ombre comme une alliée qui révèle subtilement sa forme envoûtante. Un frisson me parcourt tandis que je me mords la lèvre inférieure, un geste incontrôlé face à l'effet qu'elle a sur moi. Je l'observe dans un silence religieux, ne voulant rien perturber de l'instant. Toute l'intensité de ce que je ressens pour elle semble se concentrer dans ce regard que je ne peux détourner. Je suis fou d'elle, de chaque mouvement qu'elle fait, de la manière dont elle incarne une grâce et une sensualité sans effort. Je suis ivre de sa présence, du pouvoir qu'elle détient sur mes sens, de l'affection qui déborde de mon cœur à l'idée de la vie que nous partageons.

Cassia se tient devant moi, sa silhouette se détachant avec grâce dans une tenue qui allie l'élégance à l'audace. Le noir de la lingerie en dentelle contraste avec la pâleur de sa peau, dessinant des arabesques délicates qui captivent le regard. La finesse de la dentelle, parsemée de motifs floraux, souligne sa beauté naturelle et la rend irrésistiblement séduisante. Les contours de la tenue épousent chaque courbe avec une précision artistique, témoignant d'un goût impeccable et d'un sens de la mode raffiné. Elle se prépare pour la soirée d'anniversaire de ma compagnie aérienne, un événement où elle sera sans aucun doute l'étoile de la soirée. Les détails de la lingerie, des bretelles aux ourlets des bas, évoquent une époque de glamour intemporel. Cassia, consciente de l'effet saisissant qu'elle produit, affiche une confiance qui lui sied à merveille, prête à capturer l'admiration de tous, y compris la mienne, qui la regarde avec une fierté palpable.

Je me glisse doucement vers elle, me déplaçant avec une intention délibérée à travers l'espace de la chambre baignée dans l'orange doux du crépuscule. Nos regards se rencontrent dans le reflet du miroir, un jeu de miroirs où son image et la mienne se superposent dans un parfait tableau d'intimité. Mes lèvres trouvent délicatement le chemin de son épaule, la peau exposée accueillant le tendre baiser que j'y dépose. Je ferme les yeux un instant, me laissant emporter par l'arôme délicat qui émane d'elle, une fragrance qui m'est désormais aussi essentielle que l'air que je respire. « Et si nous pimentions un peu cette soirée ? » je murmure à son oreille, ma voix chargée d'une promesse de délices à venir. L'énoncer comme sage serait effectivement un euphémisme ; une faim inassouvie habite en moi, un désir incessant alimenté par chaque parcelle de son être. Je suis fou de sa silhouette, de son esprit, de la passion qui nous consume à chaque étreinte.

Délicatement, je retire de la poche de mon pantalon un objet de notre complicité secrète, mon dernier achat fait dans un écrin discret où les plaisirs sont roi. Je le tiens devant elle, mon regard luisant d'un éclat espiègle et innocent. Je connais bien les contours de nos limites partagées, respectant chaque mot non-dit, chaque hésitation. Si Cassia choisit de décliner, je m'y plierai sans la moindre résistance, notre complicité demeurante intacte. Mais si elle accueille ma proposition avec cet éclat de curiosité dans ses yeux, alors je lui promets une soirée plus que mémorable. Une soirée où les pulsations de la musique ne rivaliseront qu'avec les battements de nos cœurs enflammés, où le frisson de l'anticipation précédera le vertige de la jouissance. Avec elle, chaque occasion se transforme en une aventure, et ce soir, je veux lui offrir un univers où le plaisir se tisse dans l'infini de nos désirs.

Avec Milo, je prenais pleinement conscience de ce qu’était une relation saine. La discussion matinale que nous venions d’avoir en était encore une preuve irréfutable. Cela m’avait finalement fait beaucoup de bien d’évoquer mon échange houleux de la veille avec Erin, comme cela m’avait fait du bien d’entendre les paroles réconfortantes de Milo. Et j’étais également rassurée de savoir que le fait de gérer la distance qui nous séparait depuis plusieurs mois n’était pas difficile uniquement pour moi. La présence de Milo tout comme nos échanges avaient réussis à estomper la tristesse et le mal-être qui tous deux, m’avaient rongé la veille.

La journée passait, comme à chaque retour de Milo, bien trop vite. Après avoir flâné un peu au lit, nous avions partagé un petit déjeuner en tête à tête. Le reste de la journée fut relativement tranquille, nous nous étions occupé de quelques tâches ménagères auxquelles Milo avait grandement insisté pour m’aider. Fort heureusement ces tâches ménagères furent rapidement derrière nous, laissant ainsi le champ libre pour profiter de la journée de manière plus détendue. Le crépuscule s'était installé sur Fall River. Doucement mais sûrement Milo et moi étions en train de nous préparer pour nous rendre à la soirée célébrant l'anniversaire de la compagnie aérienne pour qui il travaillait. Après m'être coiffée et maquillée pour l'occasion, je m'étais ensuite rendue dans la chambre pour enfiler la robe que j'avais sortie un peu plus tôt dans la journée. Robe que Milo l'avait offerte lors d'une séance shopping. Une séance shopping mémorable. Rien qu'en n'y repensant, un léger sourire de dessinait instinctivement sur les lèvres. J'enfile un ensemble de sous vêtements noir et fleuri en dentelle, spécialement sélectionné pour la soirée et qui je savais, s'accorderait parfaitement avec la robe . Milo me rejoint dans la chambre. Nos regards se croisent dans le miroir devant lequel je me trouvais. Il se glisse contre moi, déposant un baiser sur mon épaule. Je me tourne pour lui faire face. Je constate, pour mon plus grand plaisir, qu'il n'est pas totalement prêt lui non plus. Son torse étant visible et accessible. Milo me pose alors une question des plus surprenante à mon oreille. Mon regard sur lui, « Pimenter la soirée ? Et comment ? » Demandais je perplexe mais surtout très intriguée. J'observe Milo sortir une petite boîte de la poche de son pantalon. Je ne peux cacher ma surprise devant le petit objet qu’il dévoile. Quand avait-il acheté cela ? Depuis quand cette idée lui trottait-elle dans la tête ? Tout un tas de questions me traversaient l’esprit. « Oh... » soufflai-je surprise mais un peu amusée. Mon regard se pose à nouveau sur Milo « Tu veux réellement essayer ça ce soir ? Je… je ne sais pas si c’est la soirée appropriée pour... » dis-je peu sûre de moi dans un premier temps. J’appréhendais déjà quelque peu de m’y rendre, voulant absolument faire bonne impression. Cela ajoutait clairement un challenge supplémentaire. Mais je repensais à nos paroles de ce matin, je ne voulais pas que Milo se modère avec moi, surtout dans ce domaine là. Finalement, un léger sourire naît sur mes lèvres « Oh et puis mince, après tout… C’est d’accord. Pimentons cette soirée. Je te fais confiance.» dis-je en plongeant mon regard dans celui de Milo, un léger sourire aux lèvres. Après tout, pourquoi ne pas essayer. Et j'avais toute confiance en Milo pour l'utilisation de ce gadget. Cela pimenterait en effet la soirée, et dans le fond j'avais même hâte d'y être.

Dans le reflet du miroir, je devine aisément l'hésitation dans les yeux de Cassia, une lueur d'interrogation qui se mêle à la surprise. Je comprends sa réticence : l'idée de pimenter notre soirée d'une touche aussi audacieuse n'est pas anodine, surtout avant un événement tel que l'anniversaire de ma compagnie aérienne. Mais après tout, n'est-ce pas l'essence même de notre relation ? L'imprévu, l'audace, le frisson de l'inattendu. Je m'approche d'elle, posant doucement ma main sur sa taille dans un geste de soutien. « Je comprends, Cassia » je murmure près de son oreille, veillant à ce que ma voix soit empreinte de douceur et de compréhension. « L'excitation de la nouveauté peut être grisante, mais elle ne doit jamais éclipser notre complicité et surtout…ton consentement. »Je retire l'objet de mon geste audacieux, le rangeant avec précaution dans ma poche, m'assurant que mes actions parlent aussi clairement que mes mots. « Ce n'est qu'une suggestion, rien de plus » je continue, plongeant mon regard sur le sien dans le miroir, affirmant ainsi mon respect pour ses sentiments et son bien-être. Je suis prêt à attendre, à lui donner tout le temps dont elle a besoin pour réfléchir à cette proposition osée, ou à l'oublier complètement si tel est son désir. Je ne suis pas, et ne serai jamais, cet homme de son passé, cet Andrew ou qui que ce soit d'autre qui pourrait avoir usé de manipulation pour parvenir à ses fins.

Je me tiens là, devant elle, non pas comme un écho des ombres de son passé, mais comme la promesse d'un présent et d'un futur construits sur le respect et l'authenticité. Le souvenir d'Andrew, ou de tout autre qui aurait pu, par de sournoises manipulations, tenter de fléchir sa volonté à leur avantage, me remplit d'une résolution ferme. J’ai conscience que Cassia porte avec elle les cicatrices laissées par ceux qui ont abusé de la confiance, ceux qui ont tissé des toiles de fausses promesses et de pressions dissimulées. Mon regard se pose sur elle avec la détermination d'un homme qui s'engage à rompre avec ces pratiques déloyales. « Je ne te forcerai jamais à quoi que ce soit. » Ma posture, ouverte et franche, mon regard, dénué de toute ruse, tout en moi veut lui communiquer cette vérité inaltérable : je suis ici pour son bonheur, pas un manipulateur de ses choix. « Je te respecte trop, Cassia, pour te pousser dans une direction qui n'est pas celle que tu as décidé » je continue, ma voix teintée d'un respect qui transcende les mots. Cassia se détourne dans ma direction. Je m'approche d'elle, doucement, et prends ses mains dans les miennes, les enveloppant de chaleur et de sécurité. « Je te promets, Cassia, qu'aucun désir, aucune curiosité, aucun moment d'éphémère passionnel ne vaudra jamais le prix de ton bien-être. »

Dans l'intimité du moment, nos yeux se rencontrent, porteurs d'une multitude de non-dits et d'émotions partagées. Avec une tendresse réfléchie, le revers de mon pouce dessine doucement les contours de sa joue, un geste simple mais chargé d'affection. L'acceptation de Cassia, soulignée par la confiance qu'elle place en moi, éveille une chaleur au creux de mon être. Son accord, teinté d'une confiance inébranlable, me remplit d'un sentiment profond de responsabilité et d'admiration. Un sourire spontané illumine mon visage, un reflet de la joie pure que procure notre connexion. Mes lèvres trouvent les siennes dans un baiser empreint de promesses et de douceur. « Je te promets que tu ne le regretteras pas… » Ces mots, murmurés avec sincérité, scellent notre accord silencieux, une promesse de respecter et de chérir la confiance qu'elle m’offre.

Scène intime:

La proposition de Milo était surprenante. J’aurais sans doute accepter dans aucune hésitation si nous ne devions pas nous rendre à une soirée. Une soirée à laquelle il me tenais vraiment à cœur de faire la meilleure impression possible, pour Milo. J’hésite, je me demande réellement si le moment est opportun pour s’amuser ainsi. Milo remarque et semble comprendre ma légère réticence. Il ne souhaite en aucun cas me forcer la main et me rassure en me disant que cela n’était qu’une suggestion, rien de plus. Sa manière de réagir face à mon doute est touchante. Le pilote de ligne n’insiste pas et range l’objet en question dans sa poche. Milo me réaffirme qu’il ne me forcerait jamais à faire quelque chose que je ne souhaitais pas faire. « Je le sais... » dis-je touchée par sa réaction. Là où Andrew lui m’aurait déblatérer tout un tas de reproches, ou pire encore, Milo lui comprenait mon choix. Mais finalement, l’envie d’essayer, l’envie de pimenter la soirée restait présente dans mon esprit. Mon non n’était pas catégorique, ni dans mes mots ni dans mon esprit. Et puis, notre conversation de ce matin me revint en tête. Je savais que je pouvais faire confiance à Milo, peu importe les circonstances. Je décide donc d’accepter de pimenter la soirée, souhaitant relever ce petit défi mais aussi combler Milo. Ce dernier, ravi de mon acceptation, vient embrasser mes lèvres. Un baiser auquel je réponds tendrement. Milo me promet que je ne le regretterai pas. Un sourire se dessine sur mes lèvres « Si tu le dis, alors je te fais entièrement confiance.» dis-je le plus sincèrement du monde.

scène intime:

Alors que je détaille le visage de Cassia, cherchant à y lire le moindre indice sur son état d'esprit, son assurance me calme et dissipe mes inquiétudes. Nos lèvres s'effleurent dans un geste tendre, baiser dans lequel je pourrai très rapidement me perdre. C'est alors qu'elle me rappelle, avec une logique teintée d'urgence, que nous devrions finir de nous préparer si nous ne voulons pas accuser un retard regrettable. Elle a raison, bien sûr. L'attraction magnétique entre nous a ce pouvoir de distordre le temps, de rendre les minutes aussi insaisissables que des grains de sable entre les doigts. Reluctant mais conscient de la nécessité, je m'éloigne d'elle avec un dernier baiser, emportant avec moi la chaleur de son contact. Il est temps de revêtir mon uniforme de pilote, ce costume qui me transforme, qui m'assigne un rôle et des responsabilités au-delà de tout. Pour l'instant, seul mon pantalon est en place, suspendu autour de mes hanches, rappelant que je suis encore à mi-chemin de ma transformation. Je me dirige vers l'armoire pour récupérer le reste de mon uniforme. La veste, soigneusement rangée, attend d'être enfilée, de compléter cette métamorphose du compagnon au professionnel. Chaque pièce de l'uniforme, des épaulettes à la casquette, est chargée de significations, évoquant à la fois l'autorité et la confiance que les passagers placent en moi. Je glisse mes bras dans les manches de la veste, ajustant le tissu sur mes épaules. L'insigne de ma compagnie aérienne, symbole de mon engagement et de ma passion pour le vol, brille modestement sous la lumière. L'uniforme en place, je me sens prêt, non seulement à affronter les défis du ciel mais également à représenter dignement la compagnie lors de cette soirée anniversaire. Un dernier regard dans le miroir pour m'assurer que tout est en ordre, et je suis de retour auprès de Cassia, prêt à partir. Ce rituel de préparation, aussi routinier soit-il, est chargé d'un sentiment de renouveau. Chaque fois que j'enfile cet uniforme, je suis rappelé à l'ordre du jour, mais aussi à l'extraordinaire chance que j'ai de vivre ces moments avec Cassia, de partager avec elle une vie pleine de promesses et de découvertes.

Alors que la soirée commence à peine à dévoiler ses promesses, je retrouve Cassia dans l'intimité de notre espace partagé, prête à dévoiler le choix de sa tenue pour la soirée. Lorsque mes yeux se posent sur elle, un instant de pure admiration me saisit. La robe que nous avions choisie ensemble lors d'une de nos escapades se drape autour d'elle avec une grâce inattendue, comme si chaque fibre du tissu avait été conçue pour épouser ses formes, pour mettre en lumière sa beauté naturelle. Cette robe, dont je me rappelle avoir l’avoir validé, prend une tout autre dimension sur elle. Elle la magnifie, soulignant son élégance innée, la façon dont son décolleté joue avec la lumière, capturant chaque regard. Je reste un moment suspendu, incapable de détacher mes yeux d'elle, redécouvrant non seulement la robe mais la femme qui la porte avec tant d'assurance. « Je crois que tu vas faire des jalouses ce soir… » je murmure, ma voix teintée d'émerveillement. Mon approche est lente, presque révérencieuse, comme si je craignais de briser l'enchantement du moment. Je me glisse derrière elle, enveloppant doucement sa silhouette de mes bras, me permettant de sentir la douceur du tissu sous mes doigts. Je dépose un baiser délicat sur son épaule dénudée, signe de mon affection profonde et de mon admiration sans bornes. « Je suis fou de vous Mademoiselle Henderson… » lui avouais-je en activant sur le premier niveau le piment de notre soirée, juste pour qu’elle comprenne l’effet que cela lui produira. « Oups… » soufflais-je avant de l’arrêter. « Je crois que nous allons beaucoup nous amuser ce soir. »

Enfin prêts, nous quittons l'appartement de Cassia, l'excitation de la soirée qui nous attend palpable dans l'air. Cassia se mouvoir dans une vision de beauté, la robe que nous avions choisie ensemble moulant son corps d'une manière qui rend difficile de poser le regard ailleurs. Chaque pas qu'elle fait irradie une élégance et une confiance qui me rendent incroyablement fier de l'avoir à mes côtés. Nous descendons les marches de son immeuble, nos pas résonnant dans l'escalier vide, comme un prélude à la soirée qui s'annonce mémorable. À l'extérieur, ma voiture nous attend. C'est une touche plus personnelle pour cette soirée spéciale. Une fois à l’intérieur, je me détourne en direction de Cassia l’air tout sauf innocent. « Je ne te quitte pas des yeux ce soir… » Puis comme si de rien n’était, je réactive le premier niveau de son petit jouet.

La soirée commence dès que nous nous installons dans ma voiture, le moteur ronronnant doucement alors que nous quittons le calme de la rue résidentielle pour nous plonger dans le flot plus vif de la circulation urbaine. La route jusqu'à l'hôtel particulier se transforme en une véritable toile vivante, chaque rue et chaque avenue s'illuminant sous nos yeux dans une danse de lumières et de couleurs. C'est comme si la ville elle-même s'était parée de ses plus beaux atours pour célébrer notre passage, les lumières des lampadaires et des enseignes filant à nos côtés, éphémères et brillantes comme des comètes égarées dans le ciel nocturne. Je sens les doigts de Cassia se serrer autour des miens à intervalles irréguliers, un geste que j'interprète comme une manifestation de son excitation mêlée d'une pointe de nervosité. Mon sourire amusé se fait plus large alors que je la taquine doucement, cherchant à apaiser son esprit avec une légèreté affectueuse. « Tout va bien ? » je lance, feignant l'innocence pure alors que le feu rouge nous force à une pause momentanée. Cassia me retourne un sourire, un mélange de complicité et d'assurance qui me réchauffe le cœur. Sa réponse, même non verbalisée, est claire dans l'éclat de ses yeux : tout va bien, tant que nous sommes ensemble. Le feu passe au vert, et nous reprenons notre route, notre voyage nocturne nous menant inexorablement vers l'hôtel particulier et la célébration qui nous attend.