Je sentais le sommeil me quitter petit à petit. Mes yeux s'ouvrent doucement, je sens d'ores et déjà la présence chaleureuse et réconfortante de Milo près de moi. En le voyant là déjà éveillé, un léger sourire se dessine sur mon visage. Je viens déposer un doux baiser sur ses lèvres pour le saluer comme il se devait de bon matin. Milo pose délicatement le bout de ses doigts sur mon épaule dénudée, caressant délicatement ma peau. Ce genre de sensation au réveil était tout simplement exquise. Je me délectais de ces tendres caresses et de ce réveil tout en douceur. Milo brisé le silence pour évoquer la soirée de la veille. Plus particulièrement sur ce qui s'était passé entre nous à la salle de bain. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres en repensant à ce moment d'ailleurs. Mais en sentant pleinement l'habitation de Milo dans sa voix je me doute que la suite de ses paroles ne va pas s'avérer être amusante ni même forcément joyeuse. Je suis attentive alors à la suite de ses mots. Le pilote de ligne m'avoue alors avoir eu un petit problème avec le préservatif et de cela il ne s'en était rendu compte qu'après. « Oh... » J'étais surprise, je ne m'attendais pas à ce genre de révélation. Bon cela pouvait bien évidemment arriver à tout le monde. Et tant mieux que Milo s'en soit aperçu même après. Je ne lui en voulais aucunement. Le jeune homme me demande alors, comme pour se rassurer immédiatement, si j'utilisais bien un autre moyen de contraception. Nous n’en avions jamais réellement discuter puisque de toute manière à chaque fois nous nous protégions.  Sa question résonne en moi, je prends le temps de la réflexion quelques secondes. Non pas que j'ignorais la réponse bien évidemment mais je venais de me rendre compte de quelque chose à mon tour. « Oui... » mais ma voix trahissait un non dit. « Mais… étant donné qu’on se protège toujours depuis le début je… enfin il se peut que je n’ai pas dû faire très attention comme je le faisais habituellement... »   avouai-je à mon tour sur le ton de la confession. « Tu es certain qu’il y a eu un problème ? » demandai-je, si ça se trouve ce n’était pas le cas. Dans sa tournure de phrase, il ne semblait pas sûr de lui quant à un réel incident.

Ce matin, alors que la chambre est baignée d'une lumière douce annonçant le début d'un nouveau jour, je suis saisi par une réflexion qui pèse lourdement sur mon esprit. La conversation que nous venons d'avoir n'est sûrement pas celle que l'on imagine idéale au réveil. Pourtant, la sincérité et la nécessité de ces échanges transcendent le cadre habituel des matinées paisibles. Par le passé, ma vie a été marquée par des aventures fugaces, des liaisons passionnées mais éphémères, dont les souvenirs s'estompent comme des étoiles au lever du jour.  L'idée qu'à cause de ces aventures passées, je pourrais, même involontairement, mettre en péril sa santé ou son bien-être, me hante. Si jamais, par malchance, je lui avais transmis ne serait-ce qu'un simple rhume, sans en être conscient, l'idée même me serait insupportable. Cette simple pensée qui me remplit de remords anticipés. « Je ne suis pas totalement certain... Mais il est essentiel de partager avec toi cette possibilité, aussi minime soit-elle. » Mon regard plonge dans le sien, cherchant à y transmettre toute l'honnêteté et le sérieux de mes intentions. « Ce n'est peut-être rien, une fausse alerte, mais par respect pour toi, je ne pouvais pas ne pas en parler.  » Je lui offre un sourire doux, empreint d'un amour profond, espérant apaiser l'éventuelle inquiétude que mes paroles pourraient susciter. Je poursuis, ma main cherchant la sienne, un geste de connexion et de réconfort. « Peut-être que je ne m’inquiète pour rien, mais je préfère que nous soyons prudents. Si tu le juges nécessaire, nous pouvons prendre des mesures, consulter ensemble, juste pour être sûrs. » Cette proposition que je la formule avec toute la considération du monde et le respect qui lui est dû.

Après avoir partagé mes inquiétudes et mon engagement envers notre sécurité, je prends un moment pour respirer profondément, appréciant la force tranquille que procure la présence de Cassia à mes côtés. Elle m'écoute avec une attention pleine, ses yeux reflétant une compréhension et une profondeur d'esprit qui ne cessent de m'émerveiller. « Et puisque nous évoquons tout ceci… Souhaites-tu continuer à utiliser le préservatif comme notre principal moyen de contraception ? » Je lui offre un sourire rassurant, souhitant souligner que cette conversation est un espace sûr pour l'expression de ses désirs et préoccupations, sans jugement ni pression. « Peu importe ta préférence, je veux que tu saches que je suis là pour te soutenir. Je ne veux pas que tu portes à toi toute seule le poids d’un moyen de contraception… Si c’est trop lourd pour toi la pilule, nous pouvons continuer à utiliser un préservatif. »

Dans le silence attentif qui suit ma question, je perçois l'importance de préciser davantage ma pensée, soucieux de m'assurer que Cassia comprenne bien la profondeur de mon engagement envers son bien-être et son autonomie. « Je veux aussi que tu saches… » je continue, la sincérité teintant chaque mot, « …que je ne souhaite en aucun cas te forcer à prendre la pilule ou à recourir à un autre moyen contraceptif qui pourrait avoir des effets indésirables sur toi. Nous pouvons explorer d'autres méthodes, consulter un professionnel si nécessaire, et trouver ensemble la solution qui nous convient le mieux. » Ma main serre doucement la sienne, un geste d'assurance. « La décision nous appartient, et elle doit respecter ton corps et tes choix. Je suis pleinement conscient que certains moyens de contraception peuvent avoir des répercussions sur la santé, l'humeur ou le bien-être général, et je ne voudrais jamais que tu te sentes obligée de supporter cela pour nous. » Je laisse mes mots flotter entre nous, leur donnant l'espace pour être pleinement entendus et considérés. Mon regard plonge dans le sien, cherchant à y lire ses pensées et ses sentiments. « Ta santé et ton bonheur sont ma priorité. Peu importe la méthode que nous choisissons, je veux m'assurer qu'elle te convienne et que tu te sentes à l'aise et en sécurité. Si cela signifie continuer à utiliser uniquement des préservatifs, ou explorer d'autres options non invasives, je suis prêt à te soutenir dans ce choix. »

Alors que je venais tout juste de quitter mon sommeil, Milo ne tarde pas à venir me confier un petit incident qui aurait eu lieu hier soir lorsque nous étions à la salle de bain. J’avais bel et bien un moyen de contraception que je prenais depuis des années et des années mais je venais de me rendre compte que depuis que nous avions entamé notre relation, je n’avais pas forcément fais très attention dans la prise de ce contraceptif en question. Étant donné que nous utilisions toujours des préservatifs j’avais sans vraiment le vouloir été moins assidue. J’étais donc moi aussi totalement transparente envers Milo quant à ce détail qui avait malgré tout, toute son importance. Avant toute chose, je demande à Milo s’il est certain qu’un problème était survenu. Le pilote de ligne m’avoue ne pas en être certain mais il lui était essentiel de partager malgré tout cette information avec moi. « Oui je comprends... Et je t’en remercie. » Et je lui en était très reconnaissante d’ailleurs. Ma main se faufile dans la sienne, entremêlant mes doigts aux siens. Milo souhaitait jouer la carte de la prudence à tout prix et je le comprenais. Je comprends aussi que la question d’un éventuel accident qui pourrait chambouler nos vie n’était pas uniquement le seul incident potentiel à être pris en compte. Milo, avec es nombreuses aventures se posait sans doute beaucoup de question aussi. « On peut le faire oui. Mais… tu t’es toujours protégé dans le passé n’est-ce pas ? » demandai-je afin de nous rassurer tous les deux. Et puis connaissait Milo il avait déjà aussi sans doute dû faire des testes de dépistages.

Milo en profite pour évoquer un tout autre sujet, bien que nous restions dans le même domaine. Il me pose une question à laquelle j’avais déjà plus ou moins réfléchis. A croire qu’il lisait dans mes pensées. Un léger sourire aux lèvres je réponds « Je pense que l’on pourrait arrêter, non ? J’ai toute confiance en toi… Alors si tu souhaites arrêter je suis d’accord... A moins que tu penses que ce ne soit trop tôt ?» Mes paroles étaient plus que sincères. Outre le fait que ne plus utiliser de préservatifs serait bien plus pratique et bien moins coûteux, je pense que nous avions tous les deux montrer que nous prenions notre relation très au sérieux au point de passer cette étape là d’un commun accord. Je trouve cela très touchant de voir que Milo s’inquiétait et s’intéressait à mon bien être vis à vis de tout cela. « La pilule ne me dérange pas pour le moment, je t’assure. Il faut juste que je reprenne un bon rythme si on décide d’arrêter les préservatifs... » Mais cela, j’en avais eu l’habitude pendant des années et je m’en étais toujours accommoder. Les paroles de Milo me touchent très profondément. « Je te remercie infiniment de te soucier ainsi de moi... » je viens déposer un tendre baiser sur ses lèvres avant de poursuivre « Pour le moment, je te propose de continuer mon moyen de contraception habituel et sur le long terme nous pourrons réfléchir ensemble à une solution qui pourrait mieux convenir. Qu’en penses-tu ? » Bien que je supportais assez bien la poilue il y avait que je le veuille ou non des effets secondaires.

Dans cet instant, assis à côté de Cassia, les premières lueurs du jour baignant la pièce d'une lumière douce et réconfortante, je me sens envahi par un panel de réflexions complexes et profondes. La perspective de modifier un aspect aussi fondamental de notre intimité que l'utilisation du préservatif mène mon esprit dans un labyrinthe de questionnements et de considérations, engendrant une véritable tempête sous le calme apparent de mon extérieur. Chaque pensée, chaque possibilité évoquée se heurte à un mélange d'émotions et de logique, tissant un réseau dense d'interrogations internes. D'un côté, il y a la confiance absolue que je porte à Cassia. De l'autre, une prudence innée se fait entendre. Ce n'est pas seulement un débat intérieur entre la tête et le cœur, mais un véritable équilibre entre l'amour profond que je ressens pour elle et la responsabilité que j'embrasse. J’ai pleinement confiance en Cassia. Mais qu’en est il de moi ? La lumière du jour qui s'intensifie semble refléter la clarté que je cherche désespérément dans ce tourbillon de pensées. Je me retrouve à naviguer dans des eaux inconnues, où chaque vague d'interrogation apporte son lot d'incertitudes mais aussi de possibilités. « Oui, je me suis toujours protégé… » Ma réponse à sa question, bien que factuelle, est chargée d'une multitude de sous-entendus. Le soulagement teinté d'humour à l'idée d'éviter une prolifération de « mini Milo » dans le monde masque à peine les profondeurs de mon incertitude. Ce n'est pas tant la fidélité qui me préoccupe – ma dévotion à Cassia est totale – mais plutôt l'ampleur des conséquences que pourraient entraîner un changement aussi radical dans notre intimité. « Je ne veux vraiment pas que tu te sentes obligée de prendre la pilule pour nous, Cassia » Je réitère avec une emphase renouvelée, cherchant à imprégner chaque mot de l'authenticité et de la gravité qu'ils portent.

Ces mots, bien que prononcés avec conviction, flottent un moment dans l'espace entre nous, témoins de ma lutte intérieure. « Je pense… Je ne sais pas… » Ma voix trahit l'indécision, le conflit entre mes pensées et mes émotions. La réalité est que mon cœur connaît sa propre vérité, un écho clair et puissant de ce que je ressens vraiment. Pourtant, le chemin de cette vérité à mes lèvres semble jonché d'obstacles, de craintes de mal faire, de mal dire, de ne pas être à la hauteur de l'importance de ce moment. Chaque pause, chaque hésitation, révèle la tension entre mon désir de communiquer ouvertement et la peur de ne pas trouver les mots justes qui sauraient honorer la complexité de nos sentiments et de nos choix.
L'idée de ne plus utiliser de préservatif avec Cassia m'est insupportable non pas à cause d'un manque de confiance envers elle, mais en raison de la prise de conscience des nombreuses implications que cela pourrait avoir.

La question s'échappe de mes lèvres, teintée d'une inquiétude discrète mais palpable, reflétant la complexité des émotions qui traversent mon esprit. « J'imagine que tu as fait des tests depuis…Andrew… » Ma voix porte plus qu'une simple interrogation; elle est chargée d'une multitude de non-dits, d'une compréhension profonde des implications que les actions d'Andrew ont eues sur Cassia, pas seulement émotionnellement, mais potentiellement aussi sur sa santé. Il est vrai que, dans le passé, Andrew n'a pas mesuré l'impact de ses actions, ne s'est pas retenu de tromper Cassia, laissant derrière lui un sillage de douleur et de trahison. Je suis conscient que l'évocation de cette période sombre peut raviver des blessures anciennes, mais ma priorité reste invariablement son bien-être. Mon intention n'est pas de réveiller des fantômes du passé, mais de m'assurer qu’elle soit la femme la plus heureuse et épanouie. « Je veux bien t’accompagner chez le gynécologue » dis-je, un sourire en coin révélant mon intention de dédramatiser la situation, tout en maintenant une porte ouverte pour un soutien sincère. Cette offre, bien que formulée sur le ton de la plaisanterie, porte en elle une vérité indéniable : ma volonté d'être là pour Cassia, dans les moments sérieux comme dans ceux plus légers.

Le silence qui suit semble suspendu, un interstice entre l'incertitude et la complicité, jusqu'à ce que l'idée surgisse, accompagnée d'un éclat. « Hmm… Je sais. J’ai trouvé ! » L'inspiration me frappe avec une soudaineté comique, mes doigts claquant dans un geste théâtral. « Je vais me castrer, ou alors je fais grève de sexe ! Qu’est-ce que tu préfères comme solution ? » Mon ton est empreint d'une fausse gravité, jouant la carte de l'absurde pour dessiner un sourire sur ses lèvres, pour transformer l'air chargé en un moment de connivence et de rire partagé. La proposition extravagante est, bien sûr, une hyperbole, un moyen d’alléger cette conversation lourde de conséquence.

En me réveillant il y a quelques minutes, je ne pensais pas aborder des sujets de conversations aussi sérieux. Mais soit. Avec Milo nous nous étions toujours tout dit, cette habitude avait pérennisée depuis que notre relation avait évolué. Je comprenais les questionnements et les appréhensions de Milo quant à ce potentiel incident de hier soir. Pour le rassurer, ou plutôt nous rassurer je lui avais demandé s’il s’était toujours protégé auparavant, bien que je me doutais déjà de la réponse qu’il allait me donner. Et sans surprise, le pilote de ligne me confirme que oui il s’était toujours bien protégé dans le passé. Sa préoccupation quant à ma prise de contraceptif est assez touchante. « Je ne me sens pas obligé, Milo. Je te le promets... » dis-je d’une voix douce et rassurante. La question en suspens était la suivante : devions nous continuer à utiliser des préservatifs ? Pour ma part, j’étais prête à arrêter leur utilisation. Mais apparemment c’était tout autre chose pour Milo. Cela pouvait sans nul doute surprendre. Mais il avait sans doute ses raisons. Je le sentais hésitant sur le sujet, sur sa réponse. Milo quant à lui me pose une question à son tour. Sa question est légitime surtout après ma relation avec Andrew. Ce dernier avait été infidèle à plusieurs reprises, s’était-il protégé ? Oui selon ses dires mais après notre rupture j’avais bien évidemment voulu m’en assurer moi même en allait faire un teste de dépistage. « Oui bien sûr… Tous les tests étaient négatifs. » dis-je pour ne rien lui cacher. Fort heureusement, car si en plus d’être infidèle Andrew m’avait transmis une quelconque infections je crois que j’aurais réagi de manière très virulente. Le remarque de Milo sur l’idée de m’accompagner chez le gynécologue me fait doucement sourire. Et puis le pilote de ligne décide de plaisanter un peu. « Inutile d’aller jusqu’à le stérilisation tu ne crois pas ? » dis-je amusée avant de reprendre « L’abstinence ? H’m… je pense pouvoir dire que cette solution ne nous conviendrait pas... » dis-je amusée malgré tout.

Me redressant légèrement, je redeviens un peu plus sérieuse « Je vois bien que tu es hésitant… Si tu ne souhaites pas arrêter l’utilisation des préservatifs maintenant, je comprends… On peut attendre encore un peu. Nous avons le temps... » dis-je d’une voix rassurante.  « C'est bien den avoir parlé, et au moins tu sais à présent ce que j'en pense déjà... » Je ne voulais pas que Milo se sente forcé à quoi que ce soit, mais au moins nous en avions parlé et nous connaissions à présent l'avis de l'autre sur ce sujet.

Dans la confusion qui règne dans mon esprit, les mots me viennent difficilement. Face à Cassia, je me sens désemparé, comme si les réponses habituellement à portée de main m'échappaient désormais. « Je ne sais pas trop…Je dois bien t’avouer que je suis un peu perdu… » L'aveu de mon désarroi est difficile, mais nécessaire, une tentative d'exprimer l'ouragan émotionnel qui me déchire de l'intérieur. « Je… Je crois que je vais me préparer et sortir faire un tour. » Cette idée, bien qu'évasive, est une bouffée d'oxygène, un fil auquel je me raccroche dans la tempête. La solitude de la marche, l'isolement volontaire parmi la foule indifférente des passants, a toujours été mon refuge, mon sanctuaire personnel où je pouvais dénouer les fils emmêlés de mes pensées, où je pouvais respirer librement, loin du poids des attentes et des responsabilités. Aujourd’hui, cette nécessité de prendre du recul, de m'immerger dans le silence de mes réflexions, semble encore plus impérieuse.

L'esprit encore embrumé par la densité de notre conversation, je me sens comme enveloppé dans une brume d'incertitudes et d'émotions contradictoires. Cette perturbation intérieure me pousse à chercher un semblant de clarté, un geste aussi banal que prendre une douche s'impose comme une échappatoire momentanée, une tentative de laver mes tourments autant que la sueur de mon corps. L'eau froide en cascade sur ma peau agit comme un choc, un rappel crispant que les épreuves de la vie ne se dissolvent pas simplement sous un flot d'eau. Néanmoins, le rituel de la douche offre un instant de répit, un lieu où le bruit de l'eau courante se substitue temporairement aux questions tournoyantes dans ma tête. Une fois sorti, drapé dans une serviette, l'esprit légèrement plus léger mais toujours en proie à des pensées agitées, je retourne dans la chambre, déterminé à m'habiller, à reprendre la journée, à faire face. C'est alors que l'incident survient. En ouvrant l'armoire, mon geste mal assuré me trahit ; la porte m'échappe presque, mon équilibre vacille dangereusement, et dans un mouvement désespéré pour me rattraper, ma main heurte la table de chevet de Cassia.

Le bruit sourd de l'impact résonne dans la chambre comme le coup de gong d'un destin inévitable. La table de chevet bascule, emportant dans sa chute le téléphone de Cassia qui, malchanceux dans son vol, vient s'écraser contre le sol. Le constat est sans appel : l'écran affiche désormais un éclat, un sillon indélébile qui témoigne de ma maladresse, de mon trouble. Cet accident, bien que mineur dans le grand ordre des choses, semble symboliser l'état de désarroi dans lequel m'a plongé notre échange précédent. L'éclat sur l'écran du téléphone de Cassia est comme le reflet matériel de l'impact de nos discussions sur mon état mental, une manifestation physique de ma perturbation intérieure. Je reste là, debout, contemplant le désordre que j'ai causé, une culpabilité supplémentaire s'ajoutant au poids déjà conséquent qui pèse sur mes épaules. Avec un soupir, je me penche pour ramasser les débris de la chute, chaque geste étant un pas vers l'acceptation de ma vulnérabilité et l'engagement à réparer, autant que possible, les dommages causés, tant matériels qu'émotionnels.

L'embarras s'empare de moi alors que je lutte pour trouver les mots justes, pour exprimer à Cassia à quel point je regrette l'accident malencontreux avec son téléphone. « Je…Je suis désolé…Je vais… » mais la phrase se perd, s'effiloche avant même de trouver sa conclusion. Comment pourrais-je réparer l'irréparable, surtout avec mes compétences en bricolage qui laisseraient à désirer même dans les situations les moins critiques ? Tandis que je m'active à me préparer, à m'habiller, il y a en moi une précipitation, une volonté de remettre de l'ordre, non seulement dans la chambre, mais aussi dans les petites failles que cet incident a pu creuser entre nous. Chaque geste pour ranger, chaque mouvement pour effacer les traces de ma maladresse semble chargé d'une intention de réconciliation, même s'il ne peut effacer complètement le fait accompli.

Avant de franchir le seuil de la porte, je me tourne vers Cassia. Il y a tant de choses que je voudrais dire, tant d'excuses que je voudrais formuler, mais les mots semblent insuffisants pour exprimer la profondeur de mon regret. Alors, je m'approche et dépose sur ses lèvres un baiser empreint de tendresse, une promesse muette que malgré les imperfections, mon affection pour elle reste inébranlable. « Tu as besoin de quelque chose ? Si ce n’est d’un nouveau téléphone… » Je tente de plaisanter, cherchant à insuffler un peu de légèreté dans l'atmosphère tendue, tout en reconnaissant la gravité de mon erreur. Mon sourire est teinté d'une tristesse sincère, un aveu que, malgré ma maladresse, je suis prêt à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour rectifier le tir, pour panser les petites plaies de notre quotidien.

Bien que cette conversation n’étais pas attendue de si bon matin, elle avait malgré tout une grande part d’importance. C’était, malgré son coté intime, une conversation qui avait toute son importance et donc sa place au sein de notre relation qui évoluait de jour en jour. Milo connaissait à présent mon point de vue quant à l’utilisation des préservatifs et à la prise d’un contraceptif de mon côté. C’était donc une bonne chose. Toutefois, je pouvais aisément sentir une certaine hésitation palpable du côté de Milo concernant tout cela. J’avais donc voulu le rassurer, je ne voulais l’obliger à rien et puis nous n’étions pas non pus dans l’obligation de prendre une décision tout de suite. Nous avions le temps, comme je venais de lui dire ou plutôt de lui redire. Milo m’avoue être un peu perdu. Cet aveu ne m’étonne pas, je pouvais percevoir son état d’esprit à travers son regard. Et Milo m’annonce vouloir se préparer pour sortir faire un tour. Cela me rappelait une conversation que nous avions eu il y a quelques temps déjà et qui avait également poussé le pilote de ligne à sortir, seul. Je comprenais que c’était son moyen à lui de se retrouver, de mettre de l’ordre dans ses idées. « D’accord... » dis-je simplement, lui adressant un léger sourire. Et j’acceptais cela.

Milo se lève alors en premier du lit se dirigeant sans attendre à la salle de bain. Je reste quant à moi encore un peu au lit, profitant de la douceur et de la chaleur de la couette. Mais consciente que je ne pouvais pas rester au lit toute la journée, je trouve enfin le courage de quitter ce lit douillet. J’enfile ma nuisette pour me couvrir un minimum avant de me diriger vers la cuisine pour faire chauffer de l’eau afin de me préparer une tasse de thé. Ma préparation est soudainement interrompue lorsque j’entends un bruit sourd venant de la chambre. Surprise, je me dirige instinctivement sur le seuil de la pièce en question. Milo est là, vêtu simplement d’une serviette, et ma table de chevet est renversé comme tout ce qui était posé dessus, soit une petite lampe, un livre et mon téléphone. « Tout va bien !? » demandai-je surprise mais avec une légère once d’inquiétude également. Milo semble soudainement penaud, mon téléphone portable dans les mains il s’excuse. Je m’approche alors de lui et constate que l’écran est un peu abîmé. « Tu ne vas rien faire du tout… Ce n’est rien. Je t’assure… Il fonctionne encore, c’est le principal. » dis-je simplement. Mon téléphone était loin d’être très récent et puis l’éclat sur l’écran n’allait en rien déranger la fonctionnalité de l’appareil. Je donne un rapide coup de main à Milo pour remettre en place la table de chevet avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Je le laisse ensuite s’habiller, quant à moi je retourne à la cuisine afin de terminer la préparation de ma tasse de thé.

Milo sort de al chambre, prêt à aller faire un tour. Je m’approche de lui. Je suis rassurée malgré tout de voir que même si il avait ce besoin incontrôlable de d’isoler un peu il avait aussi ce besoin de proximité avec moi. Je prolonge tendrement le baiser qu’il m’offre. Un léger rire émane de ma bouche quand il me demande si j’avais besoin de quelque chose hormis un nouveau téléphone. « Je n’ai besoin de rien. Et surtout pas d’un nouveau téléphone… D’accord ? Ce n’est pas la première fois qu’il tombe par terre. Je t’assure que ce n’est pas grave... » dis-je d’une voix plus que sérieuse. Je dépose un baiser furtif sur ses lèvres. « J’ai juste besoin que tu reviennes… assez rapidement... » dis-je un sourire aux lèvres amusée, sous entendant qu’il allait bien vite me manquer. Après avoir échangé un dernier baiser, Milo finit par quitter l’appartement, me laissant alors seule pour un petit moment.

Cassia semble deviner chacune de mes pensées. Sa capacité à devancer mes pensées, à répondre à mes inquiétudes avant même que je les exprime pleinement, m'émerveille et m'amuse à chaque fois. Lorsqu'elle intercepte mon intention de réparer le tort causé à son téléphone, elle me stoppe net. Sa réaction me tire un sourire amusé, presque admiratif. « Tu ne vas rien faire du tout… Ce n’est rien. Je t’assure… Il fonctionne encore, c’est le principal, » dit-elle, et dans ses yeux, je devine l'éclat malicieux de qui connaît déjà la réponse à la question non posée. Cassia ne changera jamais. Sa générosité d'esprit, son inébranlable positivité, même face aux petites catastrophes du quotidien, me rappellent sans cesse pourquoi je me sens si bien à ses côtés. Alors que je me rapproche pour l'embrasser, elle insiste à nouveau, dans un élan de pragmatisme mêlé d'affection : « Je n’ai besoin de rien. Et surtout pas d’un nouveau téléphone… D’accord ? » Cette remarque me renvoie à un épisode précédent, où, dans un excès de zèle similaire, j'avais remplacé son aspirateur simplement parce qu'elle était atteinte du début d’une migraine. « Tu n'as pas besoin d'un nouvel aspirateur ? » lançais-je en retour, jouant le jeu de notre petite comédie quotidienne, tout en glissant ma veste. Nos lèvres se retrouvent, se caressent et s’adonnent l’une à l’autre, une promesse muette de toujours trouver notre chemin l'un vers l'autre, peu importe les détours. « Tu sais très bien que…Je reviendrai toujours m’éteindre dans tes bras ! » murmurais-je, reprenant cette phrase que j'ai si souvent répétée avant de devoir m'envoler loin d'elle.

Notre conversation matinale résonne en moi, une mélodie douce-amère qui trouble mon esprit à mesure que je m'éloigne de son appartement. Il y a dans cet échange matinal quelque chose d'inachevé, une question en suspens qui laisse mon cœur en quête d'une réponse, d'un apaisement. Habituellement, c'est dans l'immensité des cieux, parmi les nuages et au-delà de l'horizon, que je trouve refuge et clarté. L'altitude offre une perspective unique, un détachement littéral du monde terrestre et de ses complexités. Mais aujourd'hui, mon âme aspire à une évasion différente, une quête de paix plus ancrée, plus tangible. La marche, cet acte fondamental et pourtant si profond, devient mon exutoire, mon chemin vers la compréhension. Je choisis de me perdre dans les rues de la ville, de suivre les sentiers du parc voisin, là où le sol ferme sous mes pieds me rappelle ma connexion avec le monde, avec moi-même. Chaque pas est une tentative de synchronisation avec mes pensées, un rythme qui tente d'harmoniser les émotions tumultueuses qui m'habitent.

Il y a une simplicité méditative dans la marche, un retour aux fondamentaux qui, paradoxalement, ouvre la porte à des réflexions complexes. L'air frais contre ma peau, les sons de la ville qui s'éveille, les couleurs du jour naissant, tout contribue à m'ancre dans l'instant présent, tout en me permettant de plonger dans les méandres de mes pensées. Cette fois, mon évasion ne se trouve pas dans le défi de la gravité, mais dans l'acceptation du poids de mes pas sur la terre. Je réalise que, parfois, c'est en se rapprochant du sol, en ressentant sa stabilité et sa permanence, que l'on peut mieux contempler le ciel et tout ce qu'il représente. Alors que je continue à avancer, chaque pas me semble un peu moins lourd, chaque respiration un peu plus profonde. Les échos de notre conversation se transforment lentement, passant de perturbateurs à catalyseurs de réflexion. À chaque enjambée, je sens les poids s'alléger sur mes épaules, les préoccupations se dissiper dans l'air frais qui caresse mon visage. La solitude choisie de ces promenades est loin d'être un fardeau ; elle est ma compagne fidèle, m'offrant l'opportunité précieuse de me recentrer avec moi-même, de plonger dans les profondeurs de mon être pour y puiser des réponses aux questions qui m'habitent.

Il y a, dans le simple fait de marcher sans destination précise, un plaisir indescriptible. C'est la liberté à l'état pur, la liberté de suivre mes pensées là où elles veulent m'emmener, sans contrainte ni attente. Chaque pas est une exploration, non seulement des rues et des paysages qui s'offrent à mes yeux, mais aussi de mes propres idées, de mes sentiments, un voyage intérieur où je me découvre et me redécouvre. Les bruits de la ville, le murmure du vent, le chant lointain d'un oiseau, tout prend une dimension nouvelle, enrichissant mon expérience de la marche d'une bande sonore naturelle qui stimule mes sens et nourrit mon âme. C'est dans ces moments, bercé par la symphonie subtile de la nature et de la vie urbaine, que je trouve souvent la clarté tant recherchée, des éclairs d'inspiration qui illuminent les zones d'ombre de mon esprit. Marcher seul, c'est aussi apprendre à apprécier sa propre compagnie, à être à l'aise avec le silence, à écouter le dialogue intérieur qui, trop souvent, est étouffé par le bruit du monde extérieur. C'est un exercice d'auto-réflexion et de méditation en mouvement, un rituel qui me fortifie, me clarifie et m'inspire.

Je m'aventure en ville, poussé par un désir de réparation, une quête pour effacer, si possible, l'incident malheureux du téléphone de Cassia. Les rues, animées par la routine quotidienne des passants, me semblent aujourd'hui un théâtre d'introspection, chaque pas me rapprochant de mon objectif : trouver le parfait remplaçant pour le téléphone endommagé de Cassia. Je franchis le seuil du premier magasin de téléphones que je trouve, mes yeux balayant rapidement l'étendue de gadgets technologiques qui s'offre à moi. Les étagères brillent sous les lumières vives du magasin, chaque appareil promettant innovation et connexion. Un vendeur, avec un sourire commercial plaqué sur le visage, s'approche, prêt à guider ma quête avec des arguments de vente rodés. Pourtant, malgré sa diligence et la variété d'options présentées, aucun modèle ne semble adéquat. Chaque téléphone que je prends en main me laisse perplexe, incapable de susciter en moi la certitude qu'il s'agit du bon choix pour Cassia. Est-ce le poids de la responsabilité de choisir pour elle qui m'inhibe ? Ou bien la crainte de ne pas parvenir à égaler l'attachement qu'elle avait pour son ancien compagnon numérique ?

Les modèles les plus récents, avec leurs fonctionnalités avancées et leurs designs épurés, ne parviennent pas à me convaincre. Il y a quelque chose d'impersonnel dans ces objets si personnels, une distance entre la technologie froide et les souvenirs chaleureux que Cassia associait peut-être à son téléphone perdu. Comment choisir pour elle, sans risquer de me tromper, sans connaître ses préférences spécifiques, ses habitudes, ses attentes ? Finalement, après avoir tourné et retourné plusieurs appareils entre mes mains, après avoir écouté les conseils du vendeur dont les paroles me semblent de plus en plus étrangères, je me résous à quitter le magasin, l'esprit encore plus embrouillé qu'à mon arrivée. Déçu mais non découragé, je me promets de continuer ma recherche. Peut-être que le prochain magasin, ou celui d'après, abritera le téléphone qui, sans pouvoir effacer l'incident, pourra au moins témoigner de mon engagement à rectifier ma maladresse de ce matin.

Poussé par un mélange d'espoir renouvelé et de détermination, je me dirige vers un autre magasin, cette fois il s’agit d’une enseigne davantage connue : Apple. Les produits de la marque, réputés pour leur design élégant et leur interface intuitive, me semblent être une option prometteuse pour remplacer l'appareil endommagé. À peine ai-je franchi le seuil du magasin, baigné dans la lumière blanche et épurée caractéristique de ces boutiques, qu'une vendeuse s'approche de moi avec un sourire accueillant. Sa démarche est assurée, et elle engage la conversation avec une aisance qui, je dois l'admettre, flirte avec la séduction. Ses compliments sur mon choix de vêtements et ses regards appuyés semblent indiquer une intention qui dépasse la simple courtoisie professionnelle. Pourtant, mon esprit est entièrement occupé par ma mission, et il ne me faut que quelques instants pour réaliser l'ambiguïté de la situation. « En fait, je cherche un téléphone pour ma femme » précisai-je, espérant clarifier mes intentions et recentrer la conversation sur l'objectif de ma visite. La mention de Cassia comme raison de ma présence ici agit comme un révélateur, modifiant instantanément l'attitude de la vendeuse.

Son sourire se transforme, perdant une part de son entrain initial, et elle adopte une posture plus professionnelle, voire distante. Les flatteries cessent, laissant place à un échange strictement centré sur les produits. Elle me guide à travers les différents modèles d'iPhone exposés, me fournissant des informations techniques avec une efficacité renouvelée, mais dénuée désormais de toute tentative de charme personnel. Tandis que nous discutons des options et des fonctionnalités, je me sens quelque peu soulagé de cette transition vers un terrain plus neutre. Mon esprit peut se concentrer sur la tâche à accomplir : sélectionner un téléphone qui, je l'espère, plaira à Cassia et servira de modeste pansement à l'incident malencontreux.

Finalement, grâce à l'aide devenue plus pragmatique de la vendeuse, je parviens à faire un choix éclairé, optant pour un modèle qui me semble allier esthétique et fonctionnalité, un compagnon numérique digne de l'importance que Cassia représente pour moi. Malgré le démarrage inattendu de cette interaction, je quitte le magasin avec un sentiment d'accomplissement, portant dans mes mains un symbole tangible de mon engagement à prendre soin de Cassia, dans les petits gestes comme dans les grands. Avec le nouvel iPhone soigneusement emballé sous le bras, je quitte le magasin Apple, le cœur un peu plus léger. La journée, malgré ses aléas et ses moments de doute, semble prendre un tournant plus doux, plus prometteur.

C'est alors, au moment où je m'engage dans le flot des passants sur le trottoir animé, que le hasard, ou peut-être le destin, place Lou sur mon chemin. Sa présence inattendue dans le paysage urbain, comme un rappel de mon autre vie, celle du travail et des relations tissées dans les airs, m'arrête net. Elle porte un sourire surpris mais chaleureux en me voyant, et après un bref échange de salutations, l'idée d'un café partagé surgit naturellement.

Nous trouvons un petit café à l'angle de la rue, un endroit tranquille où le bruit de la ville semble s'atténuer, laissant place à la possibilité d'une conversation sans hâte. Alors que nous nous installons à une table à l'écart, commandant deux cafés auprès du serveur, je sens une certaine appréhension se dissiper. Lou a toujours eu cette capacité à mettre les gens à l'aise, avec sa facilité de conversation et son intérêt sincère pour les autres. « Bon… Tu me la présentes quand Cassia ? » me demande-t-elle non sans une pointe de vif intérêt. « Avec ce qui s’est produit hier soir… Tu crois vraiment que c’est une bonne idée ? » lui rétorquais-je en insinuant que j’avais parfaitement compris son petit jeu.  « Je la teste. Je prends soin de toi, mon chou ! » Son affirmation, livrée avec un mélange de légèreté et de sérieux, me fait sourire malgré moi. Lou a toujours eu ce don pour naviguer entre l'humour et la profondeur, une qualité que j'ai toujours admirée chez elle. « Et je dois dire qu’elle a passé le test haut la main ! » ajoute-t-elle, un brin de fierté dans la voix, comme si Cassia avait réussi un examen important dans notre histoire.. Cependant, c'est sa question directe, « Tu l'aimes ? », qui installe un silence lourd de sens entre nous. Le poids de la question m'oblige à m'arrêter, à réfléchir. Je me retrouve face à une introspection inattendue, le regard plongé dans mon café, cherchant une réponse que mon cœur connaît déjà, mais que mes lèvres hésitent à prononcer. Avant que je ne trouve les mots, Lou reprend, évoquant ses propres regrets, « Ne fais pas comme moi, Milo… Je m’en veux chaque jour, si tu savais, si… » Sa voix se brise un peu, révélant une vulnérabilité rare chez elle. Immédiatement, je la coupe, posant ma main sur la sienne dans un geste de soutien. Ce contact semble lui offrir un réconfort instantané. Ne dit on pas que l'amitié offre un espace de pardon et de compréhension.

Lou me regarde alors avec un sourire réconfortant, une étincelle de gratitude dans les yeux pour cette interruption bienvenue. Sa capacité à se reprendre, à trouver la force de sourire malgré les souvenirs douloureux, me rappelle pourquoi nous sommes encore amis, malgré tout. Le temps file à une telle vitesse que je m’empresse de finir ma tasse de café afin de finir mes achats. Lou m’embrasse sur la joue en me promettant de venir me voir à New-York. Alors que nous quittons le café, l'écho de notre échange m'accompagne, un rappel poignant que la vie est trop courte pour laisser les non-dits s'accumuler, que chaque moment est précieux.

Après ce café, un sentiment renouvelé d'action et d'affection pour Cassia guide mes pas. La première escale est une pharmacie discrète, où je me procure une nouvelle boîte de préservatifs. Cet achat, bien que simple et routinier, se charge d'une signification profonde dans le contexte de notre conversation matinale. Poussé par une impulsion de rendre cette journée spéciale pour elle, je me dirige ensuite vers une bijouterie. Mon cœur bat un peu plus fort alors que je franchis le seuil, cherchant le présent qui saura capturer l'essence de mes sentiments. Après quelques hésitations, je choisis un petit bijou délicat, une chaîne en argent ornée d'un pendentif simple mais élégant. La troisième étape de mon périple me mène à une librairie chaleureuse, ses étagères débordant d'histoires et de connaissances. Je flâne entre les rayons, à la recherche d'un livre qui parlerait à Cassia, qui l'emmènerait dans un monde de mots et d'idées. Finalement, je trouve un roman dont le récit d'amour intemporel résonne avec notre propre histoire, un livre que j'imagine la captiver, la faire rêver. En quittant la librairie, l'image de Cassia souriant à la vue de ces présents me remplit de joie. Mais il me reste encore à capturer la beauté éphémère de l'instant. Je me dirige donc vers le fleuriste le plus proche, où je commande un bouquet de lys, les fleurs préférées de Cassia. Leurs pétales blancs et purs symbolisent la fraîcheur et la sincérité de nos sentiments, un geste d'admiration pour sa beauté et sa force. Ma dernière halte est la pâtisserie, où l'arôme sucré des délices fait danser mes sens. Je choisis avec soin une tartelette aux fraises et une tablette au chocolat à la framboise, deux gourmandises dont Cassia adore presque autant qu’elle raffole de moi.

Dès mon retour chez Cassia, les bras chargés des trésors accumulés au fil de mes errances, je me sens presque comme un équilibriste, jonglant avec soin entre les différentes formes et tailles de mes acquisitions. Le présent de la bijouterie, ce petit bijou choisi avec tant de soin et d'affection, repose en sécurité dans la poche intérieure de ma veste, son emplacement secret assurant une surprise pour plus tard, un moment privilégié que j'attends avec impatience de partager avec Cassia, ainsi que son nouveau téléphone. Après tout, elle m’a bien précisé qu’il était inutile de changer son téléphone malgré ma maladresse de ce matin.

L'acte de franchir le seuil de sa porte, tout en veillant à ne pas endommager les cadeaux délicatement sélectionnés pour elle, se transforme en une sorte de numéro d’équilibriste précaire. Chaque pas est mesuré, chaque mouvement calculé pour éviter une catastrophe potentielle. Les lys, avec leur grâce fragile, exigent une attention particulière, tandis que la boîte contenant la tartelette et la tartelette de framboise repose dans un équilibre précaire sur le sommet de mon petit tas de trésors. Je navigue à travers l'espace, esquivant les obstacles avec une concentration digne d'un artiste de cirque. Enfin en sécurité à l'intérieur, je dépose avec un soupir de soulagement les présents sur la table du salon. Les fleurs, les livres, les gourmandises, le téléphone et le bijou encore cachés, attendent le moment propice pour révéler leurs significations pleine et entière.

L'instant est presque comique, moi, debout au milieu du salon, admirant l'assemblage de mes efforts du jour, ressentant une satisfaction profonde mêlée d'une légère appréhension. Comment Cassia réagira-t-elle à ce débordement d'affection ? L'idée de lui offrir le bijou plus tard ajoute une couche d'anticipation excitante à l'ensemble de la scène.

Nous avions chacun notre manière de réagir face à une situation où à une conversation plus ou moins délicate. Milo lui, dans ce genre de moment où les doutes s’immisçaient dans ses songes les plus profonds, appréciait trouver refuge lors d'une promenade en solitaire. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Et cela ne sera sans doute pas la dernière. Mais soit, je comprenais et j'acceptais. Le pilote de ligne s'était donc apprêté pour sortir. Avant qu'il ne franchisse le pas de la porte d'entrée j'avais tout de même eu le droit à un autre revoir digne de ce nom accompagné de quelques baisers. Je rassure une dernière fois Milo concernant l'état de mon téléphone portable. Je n'étais pas une personne matérialiste. Mon téléphone avait déjà quelques années derrière lui, et puis même si l'écran était légèrement abîmé, le plus important pour moi était qu'il fonctionne. Cette chute involontaire de l'appareil cellulaire était vraiment peu importante à mes yeux. J’insiste donc sur le fait que je n’avais besoin de rien, sauf de de son retour, si possible rapide. Milo plaisante en me demandant si je n’avais pas non plus besoin d’un nouvel aspirateur « Très amusant... » dis-je en l’observant enfiler sa veste, un large sourire aux lèvres. Avant de quitter l’appartement, Milo me rassure sur le fait qu’il reviendrai toujours dans mes bras. « Je sais... A tout à l’heure.» dis-je avant de lui voler un dernier baiser et de le laisser partir.

Une fois seule dans l'appartement, je m'installe sur le canapé après avoir mis un fond de musique qui résonnait doucement dans la pièce. Je prends le temps de boire ma tasse de thé matinale avant de m'octroyer un petit moment à la salle de bain. Après avoir passé un bon petit moment sous l'eau chaude de la douche, je sors afin de m'habiller et de m'apprêter pour le reste de la journée. J’en profite pour faire un peu de rangement et passer l’aspirateur. Ce simple geste me fait d’ailleurs sourire. Impossible de ne pas penser à Milo en utilisant l’appareil incroyablement silencieux. Le rangement est rapide, j’avais été peu présente cette semaine à cause du travail. Une fois terminée,  une idée me vient en tête. C’était bientôt l’anniversaire de Milo et j’avais en tête de lui offrir un présent. Je m’installe donc sur mon ordinateur portable dans ma chambre pour naviguer sur internet afin de me donner une idée précise de ce que je pouvais faire.

Je suis interrompue en entendant la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer. Je quitte donc les différentes pages internet ouvertes, efface l’historique et range mon ordinateur rapidement. Je rejoins le salon. Je viens lui voler un baiser « Ca va mieux ? » lui demandai-je soucieuse de son bien être. Et en posant mon regard sur la table du salon je ne peux que constater que, comme toujours, Milo est revenu avec un magnifique bouquet de fleurs et un paquet venant d’une pâtisserie. « Tu sais, si tu continues ainsi je vais vraiment m’habituer à recevoir des fleurs et des pâtisseries tous les week-ends... » dis-je amusée. « Le bouquet est magnifique mais tu n’aurais pas dû... » Je remarque également que sur la table se trouve un livre. Un sourire en coin apparaît en prenant l’objet dans les mains pour y découvrir la première et la quatrième de couverture. Mon regard se pose sur Milo. Un regard de reconnaissance, un regard mi réprobateur également. Je repose le livre doucement sur la table avant de m’approcher de Milo « Merci beaucoup, c’est adorable. Mais c’est trop... » dis-je presque gênée. Je dépose un doux baiser sur ses lèvres. « Je vais finir par t'interdire de sortir seul... Ou alors de t'interdire de sortir avec ta carte bancaire...  » dis-je pour plaisanter un peu.

Cassia me regarde, ses yeux emplis d'une douceur inébranlable, sa présence seule suffisant à apaiser le tumulte de mes pensées. Elle possède cette capacité innée de ressentir les vagues sous-jacentes de mes émotions, une empathie qui enveloppe mon âme d'une chaleur réconfortante. « Tu es là… C’est ce qui m’importe le plus » répondais-je en franchissant l'espace qui nous sépare pour me tenir tout près d'elle. La différence de taille entre nous, source d'amusement tendre et récurrent, ajoute une note de légèreté à notre rencontre, un rappel des petits détails qui enrichissent notre amour au quotidien. Elle incline la tête pour mieux me regarder, ses yeux brillants d'une lueur espiègle et curieuse. Le geste familier de caresser doucement sa joue avec le revers de mon pouce se fait naturellement, comme si chaque petite interaction était une danse que nous connaissions par cœur, un langage silencieux de tendresse et de proximité. Puis, avec une pointe d'humour qui lui est propre, Cassia fait allusion aux fleurs et aux pâtisseries, ces petites attentions que je prends plaisir à lui offrir chaque weekend. Sa remarque fait naître un sourire sur mes lèvres, car elle met en lumière une tradition qui s'est installée entre nous, presque sans que nous nous en rendions compte. Mon ton taquin et mon regard feint d'innocence dessinent une scène de complicité entre nous. Cassia, toujours attentive aux nuances de notre échange, capte immédiatement le jeu auquel je me prête. « Un bouquet de fleur ? Des pâtisseries ? Je ne vois absolument à quoi tu fais allusion… Tu vois un bouquet de fleurs quelque part ? » La question, posée avec un air de déni jovial, suspend momentanément la réalité de notre rituel, invitant Cassia à entrer dans la danse de cette petite comédie domestique. Mon regard, malgré mes tentatives de dissimulation, trahit rapidement la présence du bouquet soigneusement choisi, et des pâtisseries délicatement disposées, témoins de ces gestes d'affection répétés. « Oh ceci… Ce n’est rien, juste une petite attention pour te souvenir de moi cette semaine…lorsque je serai loin de toi » Mon commentaire, livré avec une pointe de légèreté, cache mal la profondeur de mon intention, l'espoir que ces petites attentions ensoleillent ses jours en mon absence.

L'espièglerie dans l'air, Cassia joue le jeu, ses yeux pétillants de malice alors qu'elle feint l'étonnement face à mes présents. « C’est trop ? » Son interrogation, empreinte d'une douce ironie, ne fait qu'amplifier le sentiment de complicité qui nous unit. La pensée de ce que je cache encore dans ma veste, ce petit secret qui attend son moment, ajoute une couche d'excitation à l'instant. Quelle serait sa réaction si elle savait dès à présent ce que j’ai acheté ce matin ? Cette anticipation me remplit d'une joie discrète, un plaisir en attente de partage. Je la regarde feuilleter le livre, son intérêt manifeste pour la couverture et les premières pages m'enchante. Le geste tendre de replacer une mèche rebelle derrière son oreille est un moment de proximité qui enrichit, sans un mot, la profonde affection que je lui porte. L'idée qu'elle se plongera dans ces pages lors de mes absences, que ce livre lui tiendra compagnie, me rend à la fois mélancolique et reconnaissant pour tous les efforts que je fournis, pour elle, pour nous. La légèreté revient avec ma taquinerie, « Mais bien sûr… Essayer un peu Mademoiselle Henderson de m’empêcher de sortir avec ma carte bancaire… Je serais curieux de voir l’agilité d’un chaton ! » Mon défi, prononcé avec un sourire joueur, la fait rire, et je la soulève avec facilité pour la poser sur la table du salon, nos rires se mêlant dans l'air de son appartement.

Maintenant, face à elle, mes mains posées de part et d’autre de ses cuisses, je l’observe l’air provocateur. « Un petit chaton très agile alors ! » lançais-je, avant de la chatouiller légèrement, provoquant une cascade de rires joyeux qui emplissent la pièce. Ses éclats de rire sont ma mélodie préférée, une symphonie qui réchauffe mon cœur et dissipe les derniers nuages de ma perturbation matinale. La réponse de Cassia à mes chatouilles est immédiate, ses rires cristallins remplissant la pièce d'une atmosphère légère et joyeuse. « Je t’invite ce soir… Inutile de me contrarier, sinon je continue ma douce torture ! » la menaçais-je entre deux baisers, mes paroles à mi-chemin entre la promesse et le danger ludique. L'idée de passer une soirée en tête-à-tête, dans un cadre nouveau et prometteur, ajoute une étincelle d'anticipation à notre journée. « J’ai trouvé un petit restaurant italien… » Avant de poursuivre « Tes lasagnes restent quand même les meilleures ! » m’empressais-je d'ajouter, non sans une pointe de sincérité.

Milo venait de revenir de sa petite promenade en solitaire. Je m’empresse de lui demander si il allait bien, étant soucieuse de savoir si ce petit moment en solitaire lui avait été bénéfique ou non. Sa réponse n’est pas très explicite mais je connais assez bien Milo pour savoir qu’insister ne servirait à rien. Rapidement, je constate que le jeune pilote de ligne n’est pas revenu les mains, vides. Comme toujours. Un magnifique bouquets de lys trône sur la table, tout comme une boite venant d’une pâtisserie. Et un livre était également posé à côté de ces deux autres présents. Me rapprochant de Milo, je viens me perdre dans ses bras. Je le remercie sincèrement pour ces touchants cadeaux. Milo feinte l’innocence avant de me dire que ce n’était pas grand-chose, juste une petite attention pour que je me souvienne de lui cette semaine quand il serait loin de moi. « H’m… c’est adorable. Mais tu sais, je penses toujours à toi la semaine, chaque jour… même sans fleurs, pâtisserie et livre... Même si l’idée de penser à toi chaque soir quand je serais au lit en feuilletant ce livre m’enchante beaucoup...» dis-je tantôt amusée tantôt sérieuse. Bien que les attentions de Milo me touchent profondément, je lui dis que c’était bien trop. Je me sentais presque gênée. Je le taquine alors en suggérant l’idée de lui interdire de sortir avec sa carte bancaire. Milo s’en moque, il se joue de moi. « Tu serais surpris de voir de quoi est capable ce chaton... » dis-je en me désignant du doigt.

Et sur ces mots, Milo vient me soulever pour me déposer délicatement sur la table du salon. Ses chatouilles provoquent alors instantanément des éclats de rires. Puis Milo redevient plus sérieux en m’annonçant qu’il m’invitait à dîner ce soir. J’allais protester mais Milo qui me connaît par cœur m’empêche de le faire me menaçant de continuer ses chatouilles. « D’accord, d’accord... » dis-je en levant les mains en guise d’abdication. Milo m’annonce avoir trouvé un restaurant italien « Oh, super ! » dis-je plein d’enthousiasme. Ce qu’ajoute le jeune homme à propose de mes lasagnes me fait plaisir « Merci du compliment… C'est toujours un plaisir de cuisiner pour toi tu sais... » dis-je en souriant légèrement. D'ailleurs, j'essayais toujours lors de ces venus ici de lui cuisiner de bons plats qu'il appréciait.

L'air de défi que Cassia arbore, mi-sérieux mi-joueur, pique ma curiosité et alimente le jeu entre nous. Sa posture, pointant du doigt vers elle-même comme pour indiquer qu'elle est une source inépuisable de surprises, ne fait qu'ajouter à mon envie de découvrir jusqu'où elle peut aller dans cette espièglerie. « Ah oui ? Et que dois-je faire pour être surpris par ce petit chaton ? » je la provoque, un sourire en coin, entrant pleinement dans son jeu. Son acceptation de la défaite, lorsqu'elle lève les bras en un geste d'innocence, m'offre l'opportunité parfaite pour la chatouiller sous les aisselles, une tactique bien rodée entre nous pour susciter des rires et des échappatoires joyeuses. « Je dois faire ceci ? » demandais-je, avant d'intensifier le jeu, « Ou cela ? » mes lèvres trouvant les siennes dans un baiser doux et prolongé, une tendre pause dans notre combat ludique. « Tu cuisines comme un chef ! Même si je sais que ton rêve c’est de voir mes abdos disparaître sous une petite couche de graisse ! » lançais-je en touchant mon ventre en feignant l'alarme. L'accusation est légère, un commentaire amusé sur notre amour partagé pour la bonne nourriture et les plaisirs qu'elle sait si bien préparer. C'est une reconnaissance taquine de ses talents culinaires, et peut-être, de mon appréciation un peu trop enthousiaste pour ses délicieux plats.

La journée se déroule lentement, chaque moment teinté par les résonances de ma conversation avec Lou. Ses mots, ses conseils, et surtout, sa capacité à me pousser doucement vers une réflexion plus profonde sur ma relation avec Cassia, ont laissé une empreinte indélébile sur mon esprit. Alors que Cassia vaque à ses occupations, je me retrouve face à mon ordinateur, ouvrant la voie à une session de travail nécessaire pour mettre à jour quelques dossiers. L'écran lumineux devant moi capte toute mon attention, mais mon esprit vagabonde encore, naviguant entre les pensées de Cassia, les souvenirs du café avec Lou, et la pile de travail personnel qui m'attend. Chaque clic, chaque frappe sur le clavier, est ponctué par des pauses, des instants où mon regard se perd au-delà de l'écran, capturé par la contemplation de notre quotidien partagé. Le silence de la pièce est seulement interrompu par le son monotone du clavier et le bruit lointain de la vie urbaine filtrant à travers la fenêtre entrouverte. C'est dans cette bulle de concentration que je m'efforce de canaliser mon énergie et mon attention sur les tâches à accomplir, conscient de l'importance de rester productif, même lorsque le cœur est ailleurs.

Alors que la lumière du jour commence à s'estomper, donnant place à la douceur enveloppante du crépuscule, je me tourne vers Cassia, qui est confortablement installée dans le coin de son canapé d’angle, plongée dans la lecture. Une question me taraude depuis un moment, une information essentielle. « Cassia… » je commence, hésitant un instant, capturant son attention. Elle lève les yeux de son livre, son regard curieux se posant sur moi, une lueur d'interrogation dans ses yeux. « Je me demandais... Pourrais-tu me rappeler la date et le lieu exact de ta naissance ? »

Milo avait toujours été très attentionnée, mais les présents qu’il prenait sans nul doute plaisir à m’offrir, me gênait malgré tout quelque peu. Je les appréciais beaucoup, mais je n’avais jamais été une personne matérialiste qui aimait qu’on lui offre sans cesse des cadeaux. La simple présence de Milo me suffisait amplement à me rendre heureuse. Je plaisante doucement alors en suggérant à Milo de lui interdire de sortir avec un quelconque moyen de paiement. Bien évidemment, il ne me prend pas réellement au sérieux me comparant une fois de plus à un chaton. Il me met au défi, me chatouille une fois de plus. Le choix entre cette petite torture ou alors un tendre baiser est très vite trouvé. Je prolonge le baiser de Milo « H’m… comme cela, c’est beaucoup mieux. » dis-je avant de lui voler un baiser à mon tour. Le pilote de ligne continue ses compliments sur ma manière de cuisiner, cela me flatte beaucoup. Et cela avait aussi beaucoup d’importance pour moi. Sa remarque quant à une potentielle disparition de ses abdominaux me fait sourire « Mais bien sûr… Avec tout le sport sur tu fais ? Ce jour n’est pas prêt d’arriver... » dis-je le plus sérieusement du monde.

Les heures passent. Je m’occupe des tâches habituelles que j’ai à faire. Je prends aussi le temps de cuisiner le déjeuner du midi. Milo ayant du travail, je lui laisse le temps et le calme dont il a besoin. Quant à moi, je m’installe confortablement dans le coin du canapé d’angle trônant dans le salon afin de me plonger dans un livre. La voix de Milo m’extirpe de ma lecture. A l’entente de mon nom je lève les yeux de mon livre pour les poser sur Milo. « Oui ? » Le jeune pilote de ligne semble quelque peu hésitant. Il finit par me demander de lui rappeler la date et le lieu exact de ma naissance. Mes yeux se froncent légèrement. Je suis plus que surprise par une telle demande. « Le trente avril mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix. Dans une clinique privée à Berkley... » dis-je intriguée par le soudain questionnement de Milo. « Pourquoi cette question ? » demandai-je curieuse de savoir ce qui pouvait bien le pousser à me demander ce genre d’informations, qu’ils connaissait déjà d’ailleurs.

Cassia semble surprise, mais répond néanmoins à ma question. « Le trente avril mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix à Berkeley… » répétais-je à sa suite en inscrivant ces précieuses informations sur un document. Je termine rapidement ce que j’étais en train de faire avant de l’envoyer à la personne concernée. Puis je referme mon ordinateur et rejoins Cassia sur son canapé d’angle. Je sens tout le poids de sa curiosité. Sa question quant à savoir pourquoi je lui demandais une telle information renforce ce sentiment. J’inspire profondément en posant ma main sur la sienne. Je recherche une raison crédible sans lui révéler vraiment ce qui taraude mon esprit. « C’est pour déposer une demande de mariage à la Mairie voyons ! » Ses yeux s'écarquillent brièvement avant de réaliser l'espièglerie dans ma voix, le sourire qui se dessine sur mes lèvres trahissant le jeu auquel je me livre.

La légèreté de ma réponse est intentionnelle, un voile délicat posé sur les véritables raisons de ma demande, qui demeurent cachées, nichées dans le recoin de mon esprit. « Ne t’inquiète pas…Tu sais bien que je prévois absolument tout. Même les faire-part ! » Je continue sur ma lancée, renforçant le caractère ludique de notre échange. « Je peux même planifier notre voyage de noce ! J’avais pensé à l’Antarctique. J’ai toujours apprécié les pingouins ! Ou alors… L’Alaska, qu’en penses-tu ? » Cassia est frileuse. Je le sais très bien puisque je me délaisse toujours de ma veste lorsque nous nous promenons. Si bien que cela m’amuse grandement d’en jouer. Sa sensibilité au froid, un trait de son caractère que je connais bien, rend la proposition d'autant plus taquine, un clin d'œil à nos différences et à la manière dont elles enrichissent notre relation. « J’ai toujours apprécié les pingouins ! Ou alors… L’Alaska, qu’en penses-tu ? » Je laisse ma suggestion flotter dans l'air, observant sa réaction, un sourire malicieux plaqué sur mon visage. « Tu préférerais peut-être quelque chose de plus chaud, alors ? Mes bras ? » répondais-je en m’allongeant sur son canapé, ma tête reposant sur ses genoux.

Mon regard se perd dans la douceur du moment présent, tandis que la lumière du crépuscule joue dans les cheveux de Cassia, créant autour d'elle une aura presque irréelle. Chaque fois que je la regarde ainsi, un sentiment de plénitude m'envahit, un sentiment si profond qu'il défie les mots. La proximité du lundi, cependant, jette une ombre sur cette sérénité, le rappel de mon départ imminent pour New York pesant lourdement sur mon cœur. « Je n’ai pas envie de partir lundi… J’ai envie de rester ici, à Fall River, avec toi… » Les mots glissent entre nous, empreints d'une vulnérabilité que je ne montre pas souvent, un aveu de mon désir de prolonger ces instants de bonheur partagé. Toutefois, même dans l'adversité de la distance, je cherche des moyens de créer des ponts entre nos mondes. L'idée d'une activité spéciale lors de sa prochaine visite à New York m’enchante, une lueur d'anticipation dans le flux de mes pensées. « J’ai une petite idée d’activité lorsque tu viendras à New-York » lui annonçais-je, espérant alléger le poids de mon départ avec la promesse de moments futurs à chérir. Ma main trouve la sienne, et je dépose un baiser tendre sur le dos de sa main, un geste d'affection et d'engagement. « Mais je ne dirais rien de plus, c’est une surprise. Je peux simplement te dire qu’une belle robe est de mise Mademoiselle Henderson ! » L'indice est lâché avec un sourire complice, semant en elle la curiosité et peut-être un frisson d'excitation. Cet indice sur la nécessité d'une belle robe n'est pas anodin ; il laisse entrevoir la nature exceptionnelle de l'activité prévue, un moment que j'espère inoubliable, une étincelle d'émerveillement dans le quotidien. « D’ailleurs, cela me fait penser que…J’ai oublié d’acheter quelque chose ce matin ! » ajoutais-je en me redressant. 

Je ne peux qu’être surprise et intriguée par la question posée par Milo. Il connaissait déjà les éléments de réponses, alors pourquoi vouloir en être si certain ? J’observe le pilote de ligne continuer à taper sur son ordinateur ayant du mal à comprendre  quoi il en retournait. Milo ferme finalement rapidement son ordinateur après avoir obtenue l’information désirée et vient me rejoindre sur le canapé. A mon tour, je lui avais posé une question, la raison de sa demande qui semblait si particulière à l’instant présent. Milo me réponds qu’il avait besoin de informations pour déposer une demande de mariage à la mairie. Mon regard trahi mon incompréhension, je connais Milo et je vois son sourire espiègle sur son visage. « Très amusant monsieur Davis... » Et Milo continue son petit jeu pour sans nul doute détourner mon attention, en évoquant même les faire-part et notre voyage de noce. Il évoque l’Antarctique ou l’Alaska. « J’en pense que ce sera sans moi...Et que les pingouins ne tiendront compagnie... » dis-je amusée par ses propos. Destinations bien trop froides pour moi. Milo prend alors place sur le canapé correctement en venant s’allonger dessus, posant sa tête sur mes genoux, tout en me demandant si je préférais une destination plus chaude comme ses bras. « Ce serait en effet beaucoup mieux... » dis-je en continuant à rentrer dans son petit jeu.

Je dépose mon livre sur le côté, et passe délicatement le bout de mes doigts dans les cheveux de Milo. Ce dernier évoque son futur retour à New-York et son envie de rester à Fall River avec moi. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres, un sourire un peu maussade. « Et moi je n’ai pas envie de te voir partir lundi non plus, encore... » J’avais hâte qu’il revienne en ville définitivement. Je tentai de me consoler malgré tout en me disant que dès le week-end prochain nus serons à nouveau réunis, à New-York cette fois-ci. D’ailleurs Milo avait déjà une activité en tête « Ah oui ? Une belle robe… D’accord, c’est noté monsieur Davis. » dis-je en souriant de plus belle. Je me demandais bien évidemment de quoi il pouvait s’agir mais je savais pertinemment que Milo ne me dirait rien de plus. Le jeune homme se redresse en se rendant soudainement compte qu’il avait oublié d’acheter quelque chose ce matin. Je fronce légèrement les sourcils « Qu’est-ce que tu as oublié ? On peut peut-être y aller tout à l’heure avant d’aller au restaurant... » proposai-je pour remédier au problème, ne sachant pas du tout ce qu’il avait en tête.

La décision de m'éloigner, même brièvement, de la chaleur de son regard et de la proximité réconfortante de sa présence est difficile. Chaque seconde passée loin de Cassia semble un précieux moment perdu. Pourtant, l'idée espiègle que Cassia propose me pousse à sortir de cette bulle de confort, à embrasser l'instantanéité de la vie, à courir après une petite aventure, aussi brève soit-elle. Ma résolution flanche devant l'envie de lui offrir ce petit plus, cette étincelle d'imprévu qui peut rendre notre soirée encore plus spéciale. « Je n’en n’ai pas pour longtemps, un petit quart d’heure si je cours vite ! » Les mots sortent avec une assurance que je cherche à me convaincre moi-même, alors que je saisis ma veste dans un geste résolu. « Et promis le reste de la soirée, je ne suis rien qu’à toi ! » La porte se referme derrière moi avec un claquement léger, et je me lance dans la fraîcheur de cette fin de journée. Mes pas résonnent sur le trottoir, chaque foulée me rapprochant de mon objectif, et bien que l'effort me coupe le souffle, l'excitation de la surprise pour Cassia me donne des ailes. Les rues défilent, le temps s'écoule, et ma détermination ne fléchit pas.

Un quart d'heure plus tard, je franchis à nouveau le seuil de son appartement, légèrement essoufflé mais le cœur empli de victoire. « Tu vois… Un quart d'heure tout pile ! » La fierté dans ma voix est palpable alors que je reprends mon souffle, mes yeux cherchant les siens pour y lire une réaction. La rapidité de mon retour est une promesse tenue, un petit exploit personnel pour enrichir notre soirée de cette étincelle de spontanéité.

Après mon retour précipité, l'idée d'une douche rapide se présente comme une nécessité, mais aussi comme une opportunité de prolonger ce jeu de séduction commencé dès le pas de la porte. « Bon… Je vais prendre une douche et je ne suis rien qu’à toi ! » L'annonce est à la fois une promesse et une prélude à plus d'intimité, ponctuée par un dernier baiser échangé, doux et chargé d'anticipation. Sous ses yeux, je saisis l'ourlet de mon polo, la matière douce entre mes doigts. Le mouvement est lent, intentionnellement mesuré, chaque seconde étirée pour capter et retenir son attention. Avec une assurance qui frôle l'audace, je commence à retirer mon polo, révélant peu à peu la peau en dessous. Le tissu glisse, accentuant l'aspect théâtral de l'action, une danse silencieuse entre le voile et la révélation. La lumière du crépuscule qui s'infiltre à travers les fenêtres caresse les contours de mon torse dévoilé, jouant sur les ombres et les lumières, ajoutant une dimension presque artistique à ce moment d'intimité. L'air semble vibrer autour de nous, chaque respiration un peu plus chargée que la précédente. Le polo cède, laissant mon haut du corps à découvert. Un frisson d'anticipation me parcourt l'échine, conscient du pouvoir de cet échange visuel, de ce jeu de séduction où chaque geste, chaque regard, construit l'intensité de notre connexion. Je m'approche d'elle, réduisant la distance qui nous sépare, et je l'embrasse tendrement, un avant-goût du partage à venir. « Tu sais… Nous avons encore du temps devant nous avant de dîner… » Les mots s'échappent avec une légèreté calculée, laissant entrevoir des possibilités qui étendent bien au-delà de la simple préparation pour le repas du soir.

Je me dirige vers la salle de bain, laissant délibérément la porte entreouverte derrière moi, un signal discret mais évident de mon désir de sa présence à mes côtés. L'eau chaude commence à couler, enveloppant la pièce d'une brume tiède et accueillante, le murmure de l'eau une mélodie invitante. La vapeur s'élève, floutant légèrement les contours de la pièce, créant un cocon d'intimité où le quotidien s'estompe au profit d'une connexion plus sensuelle, plus immédiate.

Alors que nous étions installés sur le canapé, Milo évoque une idée pour une prochaine sortie lors de ma venue à New-York. Tenue correcte exigée, je note donc d’emmener une belle robe pour le week-end prochain. Soudainement, Milo se redresse du canapé annonçant avoir oublié d’acheter quelque chose lors de sa balade de ce matin. Je me demandais bien ce qu’il avait pu oublier, je propose donc naturellement de prendre le temps de remédier à la situation en partant un peu plus tôt tout à l’heure avant d’aller dîner. Milo ne répond pas à ma question, une fois de plus, et se contente de m’indiquer qu’il n’en n’avait pas pour longtemps, seulement un petit quart d’heure si il se dépêchait. Le pilote de ligne se lève et enfile rapidement sa veste en me promettant qu’ensuite, pour le reste de la soirée il ne serait rien qu’à moi. Je le regarde se préparer, un peu perplexe « D’accord...A tout de suite alors. » dis-je en le laissant partir, me demandant bien ce qui pouvait avoir autant d’importance.

Et quinze minutes plus tard, Milo franchit à nouveau le pas de la porte. Légèrement essoufflé et un air satisfait sur le visage de ne pas avoir dépassé le timing prévu. « Oui je vois ça... » dis-je un peu amusée. En effet sa petite course improvisée n’avait pas été longue. Je suis d’autant plus intriguée que je ne vois aucun objet dans les mains de Milo. Qu’avait-il donc acheté ou fait lors de ces quinze minutes ? Mon interrogation est interrompue lorsque Milo annonce vouloir prendre une douche. Elle l’est d’autant plus quand le jeune homme commence à retirer délicatement son polo devant moi. Son geste théâtralisé ne me laisse bien évidemment pas indifférente. Je l’observe faire tout comme j’observe ensuite son torse magnifiquement dessiné et à présent dénudé. Un torse sur lequel j’avais instantanément envie de poser mes mains dessus, tout comme mes lèvres. Milo m’annonce très clairement que nous avions encore du temps avant de dîner. Sans dire un mot de plus, il se dirige à la salle de bain. Je souris, et ne tarde pas à me lever du canapé. La porte de la salle de bain était resté ouverte, bien en évidence. Je pénètre alors dans la pièce déjà bien embrumée par la chaleur de l’eau. Je me déshabille avant de venir rejoindre Milo sous la douche « Très subtile votre invitation monsieur Davis... » dis-je amusée en passant mes bras autour de lui alors que mes lèvres viennent trouver rapidement les siennes. « Dis moi, quelle est cette course qui urgeait tant ...? » lui demandai-je d'une voix douce. Je trouvais cela en effet étrange qu'il ne m'en dise pas plus. Et je n,'avais rien vu quand il était revenu.

Les embruns de chaleur qui s'échappent de l'eau frémissante de la salle de bain forment un contraste saisissant avec la froideur lisse du miroir et des carreaux de la cabine de douche. Un voile de buée se déploie dans l'air, créant une atmosphère presque mystique, un sanctuaire loin du monde extérieur. Au milieu de cette brume doucement iridescente, la silhouette de Cassia s’échancre, une vision presque onirique. Elle s'avance avec la grâce d'une danseuse, laissant derrière elle ses vêtements, comme une métamorphose. Ses mains trouvent ma nuque avec une familiarité rassurante, et nos lèvres se rencontrent dans un baiser doux, tendre, un échange tellement naturel qu'il semble presque nécessaire. Un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres lorsqu'elle m'interroge sur cette prétendue urgence qui me pressait tant peu avant. Je joue l'innocence, un jeu subtil entre ce qui est dit et ce qui est tu, qui ajoute une dimension ludique à notre interaction. « Une urgence ? » je répète, ma voix teintée d'une feinte confusion, un sourire en coin dévoilant mon amusement face à ma propre comédie. « Tu devrais savoir que l'appel de l'aventure m'est irrésistible, même si, pour cette fois, elle n'était que dans la rue d'à côté. » Je me rapproche d'elle, capturant son regard avec le mien, instaurant entre nous un moment suspendu, chargé d'un mystère non résolu. « Disons simplement que je voulais que tout soit parfait pour notre soirée. Rien de plus. » Ma voix baisse, un murmure presque, une invitation à la confiance sans dévoiler tous mes secrets. Je maintiens ce jeu de l'innocence, savourant la légèreté et l'intimité de ce moment, notre bulle isolée du reste du monde. Dans cet échange, chaque geste, chaque mot semble plus chargé de sens, tissant entre Cassia et moi un lien indéfectible, un secret partagé dans le creux de cet univers que nous avons momentanément créé loin des regards indiscrets.

Le regard de Cassia, empreint d'une curiosité piquante, continue de me sonder, insistant, cherchant à percer le voile du mystère que j'ai malicieusement drapé autour de nous. Face à cette insistance douce mais ferme, je finis par céder, mais à ma façon, en enveloppant ma révélation d’une nouvelle énigme. « L'urgence... Cette urgence ? » je répète, laissant ma voix flotter entre sérieux et jeu, tout en la soulevant délicatement, comme pour la porter dans un autre monde, le nôtre. Instinctivement, elle répond à ce ballet silencieux, ses jambes s'enroulant autour de ma taille avec une aisance qui témoigne de notre complicité. Nos lèvres s'engagent dans une danse sensuelle, les miennes s'égarant, explorant la douceur de son cou, tandis que la buée autour de nous semble intensifier l'intimité de notre échange. Nous nous offrons l'un à l'autre avec une urgence qui n'a rien à voir avec le prétexte que j'ai inventé, mais qui est bien réelle dans le désir et l'affection que nous partageons. Ses caresses, explorant mon dos, mes épaules, invitent à une découverte plus profonde, son corps réclamant chaque toucher, chaque frisson partagé. Les gémissements qui s'échappent de nos lèvres, les murmures enchevêtrés dans l'humidité chaude de la salle de bain, sont les témoins de notre plaisir, de cet apogée vers lequel nous nous dirigeons inexorablement. L'air, lourd de promesses et d'envie, semble vibrer autour de nous, chaque souffle, chaque caresse, amplifiant la chaleur qui nous enveloppe. C'est un moment suspendu dans le temps, où plus rien n'existe en dehors de l'espace que nous occupons, de cette salle de bain devenue sanctuaire de notre passion. Dans cette danse des corps et des âmes, nous trouvons un langage commun, une expression de nos désirs les plus intimes, une fusion qui va au-delà des mots, jusqu'au paroxysme qui nous enveloppe, nous unit, avant de doucement, tendrement, nous relâcher dans l'étreinte sécurisante de l'après, le cœur battant, l'âme apaisée, et le mystère initial transformé en un souvenir partagé, un secret encore plus doux.

Le sourire qui illumine mon visage, alors que nous quittons ensemble l'embrun chaud de la douche, est le reflet pur du plaisir et du bonheur que je trouve dans la présence de Cassia. C'est dans ces moments, intimes et partagés, que je me sens véritablement comblé. Je l'observe à travers le miroir embué, la voyant s'apprêter, alors que discrètement, je me glisse derrière elle. Une faim nouvelle, une gourmandise presque enfantine pour son être m'envahit à nouveau. À peine le temps de reprendre notre souffle, et déjà, je désire plus, plus d'elle, de nous. Mes lèvres trouvent refuge contre sa nuque, traçant des sentiers de désir sur sa peau encore humide. « Je crois que vous me rendez insatiable, Mademoiselle Henderson... » je murmure, ma voix basse se mêlant à l'air chargé de vapeur d'eau. Ma main, avec une tendresse exploratrice, glisse depuis la chute de ses reins, remontant doucement le long de son dos, dessinant des promesses non dites, des invitations silencieuses. « Nous allons être en retard... » j'annonce, laissant entendre une fausse préoccupation, comme si l'idée de me séparer d'elle, même pour un instant, était envisageable. Cette annonce se veut un avertissement, mais nos corps et nos âmes ont déjà choisi. Une fois de plus, nous nous abandonnons l'un à l'autre, dans un élan qui dépasse la raison, le temps, et les obligations. C'est un ballet de sensations, un dialogue sans mots où chaque toucher, chaque souffle partagé raconte une histoire plus profonde que celles inscrites dans les livres. Notre retard devient un témoignage silencieux de notre passion, une preuve de notre incapacité à résister à l'attraction magnétique qui nous lie.

Après une éternité partagée dans l'intimité de la salle de bain, où chaque moment semblait suspendu hors du temps, nous parvenons finalement à nous extraire de ce cocon pour entamer les préparatifs nécessaires à notre sortie. Tandis que Cassia apporte les dernières touches à sa tenue, je m'assure discrètement de placer deux de mes acquisitions récentes dans les profondeurs de ma veste. Un petit sourire espiègle danse au coin de mes lèvres, un sourire que je pourrais trahir si je ne le masquais pas habilement derrière un voile de désir et d'anticipation pour la soirée qui nous attend. « Si ton objectif c'est de ne jamais quitter cet appartement... » je souffle légèrement, mon regard caressant la silhouette de Cassia. Je me rapproche d'elle, l'air de rien, la complicité de notre relation rendant chaque geste familier et chargé d'intentions. « Je suis ton homme » j'ajoute, un ton mi-joueur, mi-sérieux teintant ma voix, soulignant ma volonté de rester à ses côtés, peu importe les circonstances. La tenue que Cassia a choisie pour la soirée est à couper le souffle. Elle incarne l'élégance même, une beauté naturelle sublimée par un choix vestimentaire impeccable qui ne manquerait pas de faire tourner les têtes. Chaque détail de sa tenue a été pensé pour mettre en valeur sa grâce et sa féminité, un équilibre parfait entre sophistication et simplicité. Elle se tient là, radieuse, une vision qui ferait envier n'importe quelle femme et capterait l'attention de n'importe quel homme.

Alors que Milo venait de rentrer de cette fameuse course mystère, il ôte rapidement son polo avant de m’annoncer vouloir prendre une douche. Il m’invite clairement ensuite à venir le rejoindre sous cette dernière. Je ne me fais pas prier, comment lui résister ? Je ne pouvais définitivement pas. La porte de la salle de bain encore ouverte, je me faufile dans la pièce avant de me déshabiller rapidement et devenir me glisser sous la douche à mon tour. Mes bras passent instinctivement autour de son corps alors que mes lèvres viennent se poser sur les siennes. Son invitation avait été des plus limpides. Près de lui, je ne peux m’empêcher de le questionner quant à cette urgente course. Milo feinte l’innocence, étrangement je m’attendais exactement à ce genre de réponse. Le pilote de ligne ajoute tout de même qu’il souhaitait simplement que tout soit parfait pour notre soirée. Cela ne m’en disait guère plus. « Quel cachottier... » dis-je tantôt amusée tantôt sérieuse. Mon regard ne quitte pas le sien, car malgré tout j’espère qu’il cède et m’en dise plus. Mais en vain, Milo détourne clairement l’attention en me soulevant avec une facilité déconcertante. Mes jambes s’enroulent autour de sa taille et nos lèvres ne tardent pas à se trouver pour ne plus se quitter. Puis, ce fut au tour de nos corps de s’unir avec passion, tendresse et amour.

Après s’est complètement abandonné l’un à l’autre, nous quittons la douche afin de nous sécher et de nous apprêter pour la soirée. Et alors que je venais d’enfiler mes sous vêtements, Milo se glisse derrière moi, ses lèvres se posant tendrement dans ma nuque. Je frissonne sous ce doux contact qui refaisait naître un désir incroyable en moi. « C’est ce que je constate... » dis-je en fermant les yeux de temps à autre face à ses baisers. Puis ce sont ses mains qui glissent dans mon dos. « C’est certain... » dis-je à la remarque concernant un retard éventuel, non même certain. Retard ou pas, nos corps savent ce qu’ils veulent, notre désir aussi. Pour la seconde fois, nos corps entament alors un ballet des plus sensuels nous menant tout droit vers un plaisir inépuisable.


Notre occupation de la salle de bain fut beaucoup, beaucoup plus longue que prévue. Il était à présent temps de réellement se dépêcher. J’enfile donc une paire de collant et une robe. Je me sèche rapidement les cheveux avant de venir mettre une légère touche de maquillage. Une fois prête, je rejoins Milo dans le salon. Sa remarque me fait sourire « C’est bon à savoir... » dis-je en venant l’embrasser tendrement. Mais nous nous ressaisissons et nous quittons l’appartement pour nous rendre au restaurant italien que Milo avait repéré. Le trajet pour s’y rendre n’est pas très long. Une fois arrivés dans l’établissement, un serveur vient nous accueillir et nous placer à notre table. L’établissement était très chaleureux. Un mélange d’authenticité à l’italienne et de modernité apportant une touche vraiment original. Les tables étaient toutes magnifiquement dressés, chaque détail étant très bien pensé. Le même serveur qui nous avait placé vient nous apporter les cartes et nous demande ce que nous souhaitions boire. Pour ma part je commande un verre de prosecco et laisse Milo choisir ce qu'il souhaite boire avant que le serveur ne reparte à une autre table. « C'est très chaleureux, j'aime beaucoup l'ambiance. C'est un très bon choix pour une soirée en tête à tête... » dis-je en déposant ma main sur la sienne.

Après avoir quitté l'intimité de notre appartement, Cassia et moi nous dirigeons vers un petit restaurant italien niché au cœur de la ville, un endroit qui, malgré son emplacement central, semble transporter ses visiteurs directement en Italie dès le seuil franchi. L'enseigne, discrète mais élégante, est illuminée par une lumière douce, invitant les passants à découvrir les trésors cachés de la cuisine italienne. En franchissant la porte, nous sommes accueillis par une atmosphère chaleureuse qui fusionne harmonieusement tradition et modernité. Les murs, ornés de photos en noir et blanc de paysages italiens et de scènes de vie quotidienne, côtoient un éclairage subtil et moderne qui met en valeur l'authenticité des matériaux : bois vieilli, pierre brute, et touches de cuivre. Le restaurant réussit l'exploit de marier le charme rustique des trattorias familiales avec une élégance contemporaine, créant ainsi un cadre à la fois intime et accueillant. Les tables, dressées avec soin, portent des nappes blanches impeccables et des couverts qui brillent sous la lumière tamisée. Au centre, de petites bougies ajoutent une touche romantique à l'ensemble. La disposition des lieux invite à la convivialité tout en garantissant une certaine intimité aux convives. L'air est embaumé des arômes alléchants de la cuisine italienne authentique : tomates mûries au soleil, basilic frais, huile d'olive de qualité supérieure, et une promesse de plats préparés avec passion et savoir-faire. Le menu, un parfait équilibre entre les classiques indémodables et des créations originales, témoigne de la richesse et de la diversité de la cuisine italienne. Chaque plat est conçu pour offrir une expérience gustative unique, mêlant les saveurs traditionnelles à des touches inventives. Le personnel, accueillant et attentif, incarne l'hospitalité italienne, se montrant toujours prêt à recommander un plat ou un vin pour accompagner le repas. Le service est impeccable, reflétant l'engagement du restaurant à offrir une expérience mémorable à chaque visiteur.

Chaque instant passé avec Cassia est une source intarissable de joie pour moi. Au fil du temps, j'ai appris à décrypter ses goûts, ses envies, à anticiper ce qui pourrait allumer dans ses yeux cette étincelle particulière de bonheur. Si la semaine passée, nous avions exploré les délices subtils d'un restaurant japonais, choisissant de naviguer entre sushis délicatement confectionnés et sashimis d'une fraîcheur exquise, ce soir, c'est l'âme chaleureuse de l'Italie que j'ai décidé de lui offrir, à travers ce restaurant italien qui marie avec brio tradition et touches contemporaines.

Dès notre arrivée, Cassia se laisse séduire par l'atmosphère enveloppante du lieu, commandant un verre de prosecco qui reflète la lumière tamisée de notre table. Moi, je choisis un sgroppino, cocktail italien par excellence, léger et rafraîchissant, parfait préambule à notre repas. Lorsque le serveur, avec un professionnalisme teinté d'une cordiale hospitalité, prend note de nos choix, je sens déjà que la soirée promet d'être mémorable. Alors que l'effervescence du restaurant bourdonne autour de nous, que Cassia se tourne vers moi, ses yeux pétillants d'appréciation pour le cadre et l'ambiance que nous partageons. « C'est très chaleureux, j'aime beaucoup l'ambiance. C'est un très bon choix pour une soirée en tête à tête... » me confie-t-elle, une sincérité douce dans la voix qui réchauffe mon cœur. Sa main trouve la mienne sur la table, un geste tendre et intime qui scelle notre connexion.

Un sourire de satisfaction s'étire sur mes lèvres, récompense silencieuse pour avoir su choisir un lieu qui lui parle, qui nous parle. La soirée s'annonce sous les meilleurs auspices, entre bulles de prosecco et fraîcheur du sgroppino, dans un lieu qui, bien que situé au cœur de la ville, nous transporte loin, au-delà des murs, dans un espace où seul compte l'instant présent. Et dans cet instant, tout ce qui importe, c'est le bonheur de Cassia, la chaleur de sa main dans la mienne, et la promesse tacite d'innombrables autres moments partagés, tout aussi parfaits.

Je prends une profonde inspiration, laissant la chaleur de ce moment remplir mes poumons, et doucement, je me sépare de la douce étreinte de sa main pour plonger la mienne dans la poche de ma veste. Mon cœur bat un peu plus fort, animé par une anticipation joyeuse. Devant elle, je dépose délicatement une petite boîte rectangulaire, simple mais prometteuse. L'air est chargé d'expectative, d'une curiosité piquante qui scintille dans les yeux de Cassia. Ce soir, je me sens d'humeur taquine, joueur, un brin espiègle. La boîte, source de mystère, ne renferme pas de bijou étincelant ni de promesse scellée de velours. Non, à l'intérieur, elle abrite un simple téléphone pour enfant, d'un rose éclatant, orné de licornes fantaisistes, un objet inattendu qui contraste avec la sophistication de notre soirée. Au fond de la boîte, presque caché, repose un message rédigé de ma main, témoignage de mon humour tendre : « Je suis plus résistant que ton téléphone actuel. » Je la regarde, un sourire amusé ourlant mes lèvres, tandis que Cassia, intriguée, se lance dans le déballage du petit paquet. Mon geste, en apparence léger, est chargé de sens, une allusion moqueuse à ma maladresse de ce matin, victime de maintes chutes et incidents.

L'attente, alors qu'elle découvre le contenu, est un moment suspendu, un fil tendu entre la surprise et la révélation. Je guette sa réaction, espérant y voir se refléter le mélange de surprise, d'amusement, peut-être même d'affection que j'ai cherché à évoquer avec ce cadeau insolite.

Le restaurant italien sélectionné par Milo était vraiment une très bonne surprise. L’établissement mêlait authenticité et modernité avec brio. L’ambiance était des plus chaleureuse et insufflait une atmosphère très romantique. Un choix parfait pour une soirée en tête à tête. Je complimentai donc le pilote de ligne quant à son choix alors que ma main avait trouvé naturellement la sienne sur la table. Milo semblait satisfait de lui, il le pouvait. Puis sa main quitte la table et donc la mienne pour venir se glisser dans une des poche. Milo en sort une boite rectangulaire qu’il dépose sur la table, devant moi. Je comprends que ce que contient cette boites est pour moi. Mon regard, interrogateur se pose sur le jeune homme. « Milo... » dis-je comme pour le sermonné sur cet achat qu’il avait fait. Sans nul doute ce matin d’ailleurs. En voyant la forme de la petite boite on imagine aisément qu'elle pouvait contenir un bijoux. Une autre idée me vient tout de suite en tête en repensant au petit incident de ce matin avec mon téléphone. Mais pourtant je lui avais bien dit qu'il était inutile ne serait-ce que de songer à m'en racheter un. Je prend le paquet en main et le déballe délicatement. Je suis plus que surprise en y trouvant un téléphone. Mais pas n’importe quel téléphone. Un téléphone pour enfant d’un rose qui ne peux pas passer inaperçu orné de licornes. Un large sourire se dessine sur mon visage. Je prends le jouet en question dans les mains et c’est là que je vois le petit mot écrit de la main de Milo au fond de la boite.  Je suis plus résistant que ton téléphone actuel. » Un léger rire émane de ma bouche face à cette petite farce orchestrée par Milo. « Je vois que tu as choisi le dernier modèle... » dis-je en entrant dans son petit jeu pour plaisanter à mon tour. « Tu es vraiment incorrigible... » dis-je un large sourire aux lèvres. Je me penche légèrement pour venir lui voler un baiser « Tout cadeau mérite remerciements... » dis-je avec un sourire espiègle suspendu à mon visage.

Cassia, avec une délicatesse presque cérémonieuse, déballe le cadeau que j'ai soigneusement choisi pour elle. À la vue du téléphone enfantin, elle prononce mon prénom, Milo, d'une manière qui oscille entre l'amusement et la fausse réprobation, une intonation spéciale qu'elle réserve pour ces moments où je la surprends ou la taquine. À l'intérieur, je peine à contenir mon amusement, savourant la perfection de sa réaction. « Effectivement, c'est le dernier modèle. Le meilleur d'ailleurs ! » Je me lance dans cette plaisanterie avec un air de sérieux feint, avant que nos lèvres ne se rencontrent dans un baiser rapide, scellant cet instant de complicité ludique. Puis, passant à la phase suivante de ma surprise, je saisis délicatement son véritable téléphone portable. « Tu peux le déverrouiller s'il te plaît ? » je lui demande, avec un sourire en coin. « Promis, je ne regarderai rien de confidentiel ! » J'ajoute cette précision, mi-sérieux mi-amusé, pour la rassurer, bien que notre confiance mutuelle soit telle que la question de la confidentialité entre nous se pose à peine. Cette demande a moins pour but d'explorer ses secrets que de préparer le terrain pour la véritable surprise que je lui ai réservée.

Alors que notre conversation dansait légèrement sur les vagues de souvenirs partagés et de rires complices, le serveur s'approcha de notre table avec une discrétion élégante, portant sur un plateau argenté nos apéritifs soigneusement sélectionnés. L'air se charge d'une anticipation renouvelée à son approche, comme si le simple acte de servir l'apéritif marquait le début officiel de notre soirée ensemble. Avec une grâce professionnelle, il dépose devant Cassia son verre de prosecco, les bulles dansantes captant la lumière tamisée du restaurant et reflétant une constellation de petites étoiles éphémères. Mon sgroppino m'attendait, son mélange de limoncello et de sorbet au citron présentant une promesse rafraîchissante, un avant-goût de la cuisine délicate et riche en saveurs qui nous attendait. Le serveur, avec un sourire poli et une inclinaison discrète de la tête, nous souhaita de savourer notre apéritif. Son geste, empreint de la cordialité et de l'efficacité qui caractérisaient le service du restaurant, ajoutait une couche supplémentaire de bien-être à notre expérience. Il se retira ensuite avec une fluidité qui respectait l'intimité de notre table, nous laissant immergés dans l'atmosphère romantique et chaleureuse qui enveloppait chaque coin de ce lieu magique.

Je lève mon verre dans un geste d'invitation silencieuse, et nos verres s'entrechoquèrent doucement, un tintement délicat qui scellait notre soirée dans une bulle de bonheur partagé. « À nous » murmurais-je, un sourire éclatant illuminant mon visage. Ce simple toast, chargé d'émotion et de promesses non dites, était le reflet parfait de l'instant : une célébration de l'instant présent, de notre lien, et de toutes les merveilles encore à découvrir au fil de la soirée. Alors que nous portons nos verres à nos lèvres, le goût pétillant du prosecco pour Cassia, et la fraîcheur acidulée du sgroppino pour moi, s'élèvent comme une ode à la joie simple mais profonde de partager un repas avec quelqu'un que l'on aime.

Alors que Milo venait de déposer une petite boîte rectangulaire sur la table, je comprends rapidement qu'il avait décidé de m'offrir un autre présent. Un autre présent en plus du magnifique bouquet de lys, des pâtisseries dégustées un peu plus tôt dans la journée et du livre très prometteur qu'il m'avait offert ce matin. L'idée qu'il ait put décider de m'offrir un nouveau téléphone après le petit incident de ce matin me traverse l'esprit. Mais avant de le sermonner sur ce potentiel achat je décide d'ores et déjà d'ouvrir la boîte. Ce qui suit est très risible. En ouvrant le paquet je découvre certes un téléphone mais un téléphone d'enfant rose décoré d'une multitude de licorne. Le geste de Milo m'amuse beaucoup. Je décide même de plaisanter avec lui en entrant dans son petit jeu, le remerciant même pour ce geste. « Mais je n'en doute pas. Je vais faire des envieuses ... » dis-je pour continuer sur ce ton de la plaisanterie. Milo me demande ensuite de dérouiller mon téléphone portable. Je suis un peu surprise de sa demande mais je décide de m’exécuter. Et quand Milo me promet de ne pas regarder, je souris un peu amusée par sa remarque « Tu peux, je n’ai rien à te cacher... » dis-je certes légèrement amusée mais aussi très sincère dans mes paroles. Je tape alors le code qui permet de déverrouiller le téléphone. Une série de chiffres qui ne sont en rien choisi au hasard puisqu’il s’agissait de la date d’anniversaire de Milo. La mienne serait bien évidemment trop évidente pour un code confidentiel. Cela me rappelle alors un jour où Andrew avait lourdement insisté pour savoir ce que représentait ces chiffres. Toutefois, je n’avais jamais céder pour lui donner une quelconque explication.

Puis le serveur revient discrètement à notre table, déposant nos apéritifs devant nous. Discrétion et efficacité semblait les maîtres mots du personnel de l’établissement. Je me saisis alors de mon verre et trinque délicatement avec Milo. « A nous... » répétai-je le regard pétillant de bonheur. Le bonheur d'être ici et de découvrir cet établissement, le bonheur de partager un énième souvenir avec Milo, le bonheur d'être en sa présence tout simplement. Après avoir trinqué, je porte délicatement le verre à mes lèvres afin de boire une légère gorgée de prosecco. La soirée s'annonçait prometteuse.

De tous les plaisirs terrestres que je puisse connaître, aucun d’entre eux ne surpasse celui de partager un instant, aussi fugace soit-il, avec Cassia. Chaque instant volé au flux incessants du Maître du Temps, qui, malgré leur fuite, semble s’arrêter pour nous. Mon esprit, souvent préoccupé par les responsabilités et les distances, trouve une quiétude inattendue à l'idée de la surprise que j'ai méticuleusement préparée pour elle. Lundi, juste avant que je ne reprenne les cieux, direction New York, je compte dévoiler ce petit secret. L'anticipation de ce moment, de sa réaction, fait naître sur mes lèvres un sourire spontané, une expression de bonheur anticipé qui ne me quitte pas. Je me plais à imaginer son visage s'illuminant de surprise, la commissure de ses lèvres se soulevant dans un sourire qui me réchauffe le cœur, même à des milliers de kilomètres de distance. Ses yeux, reflets de son âme joyeuse et espiègle, s'écarquilleront légèrement, une lueur de curiosité et d'émerveillement dansant dans son regard. Ce sont ces petits détails, ces subtiles expressions de son visage que j'ai appris à connaître et à chérir, qui rendent chaque moment passé avec elle infiniment plus précieux. Lorsqu'elle découvrira ce que j'ai préparé, je sais que le temps s'immobilisera une fois de plus pour nous.

« Je suis certain que tu feras des envieuses lundi matin…Anna va beaucoup te jalouser ! Quant à Erin, elle fera un arrêt cardiaque ! » ajoutais-je en plaisantant, une lueur taquine dans le regard. L'image de Cassia troquant son téléphone professionnel et sophistiqué contre un téléphone pour enfant, d'un rose éclatant et décoré de licornes multicolores, danse dans mon esprit. Je peux déjà visualiser les réactions diverses de ses collègues, un mélange de surprise, d'incrédulité, peut-être même d'admiration devant un tel geste de désinvolture joyeuse. Anna, toujours si soucieuse de l'image et de l'apparence, pourrait peiner à cacher son amusement derrière un voile de jalousie feinte. Erin, quant à elle, si prompte à réagir de manière excessive, pourrait bien feindre l'indignation, sa main sur le cœur, avant de se laisser gagner par l'éclat de rire moqueur que provoque une telle fantaisie.

Je regarde Cassia avec une attention particulière, une pointe d'anticipation dans le regard, tandis qu'elle déverrouille son téléphone à ma demande. Sans vraiment l'intention de le faire, mes yeux glissent malgré eux vers l'écran lorsqu'elle entre son code. Malgré ma position inversée, un sourire éclaire mon visage en réalisant qu'elle utilise ma date de naissance comme code. C'est un geste si simple, et pourtant, il me remplit d'une chaleur incommensurable, un bonheur qui semble gonfler en moi, débordant. « Rien à cacher ? » je répète après elle, un écho taquin dans ma voix. « C'est ce que nous allons voir ! » Je m'empresse alors de naviguer vers sa galerie photo, poussé par une curiosité mêlée d'affection.

Sans grande surprise, mais avec un sentiment renouvelé de tendresse, je découvre un album portant mon prénom. Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres alors que je feuillette rapidement les images. Certaines remontent à plusieurs années, des fragments de nos vies entremêlées capturés dans la lumière et les ombres des photographies. L'une d'elles retient particulièrement mon attention : Cassia le jour de sa remise de diplôme. Le temps a beau avoir passé, sa beauté demeure intemporelle. « Tu te souviens de ce soir là ? » lui demandais-je, montrant la photo empreinte de nostalgie. L'émotion teinte ma voix, un mélange de fierté et de tendresse. « J'étais très fier de toi... » Ces mots, bien que prononcés dans le passé, portent en eux une vérité éternelle. Je m'empresse d'ajouter, souhaitant la rassurer « Je le suis toujours… » Je continue d'explorer les souvenirs capturés dans la galerie de Cassia, chaque photo me plonge un peu plus dans notre histoire commune, une mosaïque d'instants partagés qui dessine le contour de notre relation.

Je fais défiler les images, comme on tournerait les pages d'un livre précieux, et m'arrête sur une photographie particulièrement intime, un témoignage tangible d'une soirée qui marque un tournant dans notre histoire. « Et celle-ci ? » demandais-je, un sourire nostalgique aux lèvres, en lui montrant cette image, un fragment cristallisé de notre complicité. La photographie, prise dans un éclat de rire et de spontanéité, nous montre un peu éméchés, nos visages rapprochés, capturant le moment précis où nos lèvres se sont trouvées pour la première fois. Cette soirée qui reste gravée dans ma mémoire avec une clarté étonnante. Nous avions, en effet, un peu trop joué avec les verres, laissant l'alcool desserrer les liens de la retenue, nous menant à un baiser imprévu, mais révélateur.
Le lendemain, nos amis, entre taquineries et sourires entendus, ne cessaient de nous dire que nous formions un beau couple. À l'époque, nous balayions leurs commentaires avec une dénégation amusée, insistant sur le fait que nous n'étions que des amis, rien de plus. C'était notre mantra, une ligne de défense contre l'évidence de nos sentiments refoulés au plus profond de nous même, une tentative de garder intacte la simplicité de notre relation d'amitié. Pourtant, dans cette photo, dans ce souvenir, réside une vérité que ni le temps ni nos dénégations n'ont pu altérer. Aujourd'hui, il s'avère qu'ils avaient raison.

Alors que je continue à feuilleter la galerie de souvenirs de Cassia, je suis soudainement surpris par la découverte d'une photo récente, une image que je n'avais jamais vue auparavant et qui semble avoir été prise hier matin. Sur l'écran, je me découvre, endormi, un visage empreint de sérénité malgré les trois heures de route qui m'avaient mené depuis New-York jusque dans la douceur de son appartement. Cette image capturée à mon insu, un instantané de vulnérabilité, me tire un sourire attendri. « Tiens donc, Mademoiselle Henderson ! Rien à cacher ? » dis-je, un brin de malice dans la voix, en lui montrant cette preuve inattendue de son « méfait ». Ma question, teintée d'humour, s'accompagne d'un regard faussement accusateur, comme si je jouais le rôle d'un détective découvrant une piste cruciale. « Pourriez-vous m’en dire un peu plus sur cet homme ? Qui est-il ? Et pourquoi est-il dans votre lit ? » Je poursuis, adoptant la posture d'un inspecteur de police, intrigué par ce mystérieux personnage capturé dans l'intimité de notre chambre. « Qui est-il pour vous ? Et pourquoi est-il à moitié nu ? Que me cachez-vous, Mademoiselle Henderson ? » Ces questions, formulées sur le ton de la plaisanterie, accentue notre complicité déjà présente depuis tant d’année.

L'instant d'après, mue par un élan de curiosité taquine et un brin provocateur, je décide de naviguer sur internet, puis de faire un détour par l'un des réseaux sociaux d'Erin. « Ah, je le savais que ton téléphone avait un problème ! Ce n’est pas normal que tu puisses accéder à ceci ! » je proclame, un sourire en coin. Je lui montre alors une photographie d'Erin, ajoutant une couche d'humour à notre soirée déjà emplie de légèreté. « Heureusement que chaque problème possède sa solution ! » Sur ces mots, je plonge la main dans la poche de ma veste pour en sortir le véritable présent : le dernier modèle d'iPhone, un bijou de technologie aux capacités étendues et aux caractéristiques époustouflantes. À ce cadeau, j'ajoute une touche personnelle, un petit mot écrit de ma main, déposé avec soin sur le paquet : « Je sais…Tu vas grogner, mais tu es si mignonne lorsque tu râles… » Je m'installe confortablement, un observateur attentif, guettant chaque émotion qui traverse le visage de Cassia. Mon geste, lent et délibéré, de porter mon verre à mes lèvres, est ponctué d'un sourire de satisfaction, une marque de confiance dans le cadeau que je viens de lui offrir. Ce matin, avec une résolution ferme, elle m'avait assuré qu'elle n'avait absolument pas besoin d'un nouveau téléphone, malgré l'incident fâcheux qui avait laissé une marque indélébile sur son écran, fruit de ma maladresse. Pourtant, la pensée de la laisser continuer avec un appareil endommagé me pesait ; il m'était tout simplement inconcevable de ne pas intervenir.

A la demande de Milo je déverrouille mon téléphone portable, sans me cacher. Le pilote de ligne pouvait bien voir les chiffres qui composaient mon code, cela ne me dérangeait absolument pas. La confiance était omniprésente dans notre relation, j'avais confiance en Milo et il pouvait bien évidemment avoir confiance en moi. Ce dernier s'empare donc du téléphone et commence à naviguer dans la galerie photos. Il s'attarde sur une photo datant de quelques années maintenant. Une photo qui avait été prise le jour de ma remise de diplôme. Un sourire nostalgique apparaît sur mon visage. « Oui, je m’en souviens très bien même... » Ce qu'ajouter Milo sur le fait d'avoir été fier de moi et de l'être toujours me rempli d'une joie immense que je peine à cacher. « Il doit y avoir aussi des photos de ta remise de diplôme ... » A laquelle j'avais bien évidemment assisté à l'époque. Milo continue de faire défiler les images devant ses yeux et une autre image attitre particulièrement son attention. Une photo de nous, très jeune, beaucoup plus jeune, lors d’une fin de soirée assez arrosée. Sur cette photo nos lèvres se touchent. Pour la première fois. L’euphorie de la soirée, notre bien être, notre complicité et l’alcool nous avait poussé à nous laisser clairement aller. Un geste, qui nous ne le savions pas encore à l’époque, était révélateur déjà. Mon sourire s’agrandit à la vue de cette photographie « Oui… Quelle soirée… Je me souviens aussi qu’on avait été assez mal à l’aise le lendemain et qu’on avait dû se justifier un bon moment auprès de nos amis... » Je m’en rappelais comme si c’était hier d’ailleurs.  Milo continue à regarder les photos défiler puis il semble surpris ou du moins faussement surpris par une photo. Sur le coup je me demandais bien ce qui me valait ce ton si interrogateur puis quand je comprends à quoi fait référence Milo je ris légèrement « Oh cet homme là !? Et bien, très étrangement je me suis endormie seule dans mon lit le soir et le lendemain matin crois moi ou non, un homme presque nu était là endormi à côté de moi... » dis-je en commençant mon petit récit sur le ton de l’innocence et de la plaisanterie. « Il était très mignon alors je l’ai laissé terminé sa nuit… Et on ne se quitte pas une minute depuis son arrivé. Cela doit t’en dire long sur ce que j’éprouve pour lui... » dis-je en posant mon regard dans le sien. Je redeviens un peu plus sérieuse « Comme je ne voulais pas te réveiller, j’ai décidé de garder un petit souvenir de cette belle surprise... » Encore un parmi tant d’autres, mais peu importe. J’avais voulu immortaliser ce moment.

Milo continues sa navigation sur internet cette fois-ci, il trouve une photo d’Erin. Il annonce que ce n’était pas normal que j’ai accès à de telles images. Fort heureusement chaque problème avec sa solution. Je le regarde, intriguée par ses paroles et je le vois glisser à nouveau sa main dans sa poche. Un autre présent pour moi, mais cette fois-ci ce n’était pas un jouet. Il s’agissait d’un véritable téléphone portable, le dernier modèle d’iPhone, accompagné d’un petit mot de sa part. Je reste sans voix quelques secondes. Son mot m’arrache malgré tout un petit sourire. « Milo... » dis-je en prenant le téléphone dans les mains « Tu me connais, oui je vais râler. Je t’avais dis que mon téléphone était encore fonctionnel… Tu n’étais pas obligé... » mon regard se pose sur lui. Ma voix est malgré tout très douce. « Je te remercie infiniment mais… c’est beaucoup trop... » J’avais connaissance des prix très élevés de ce genre d’appareils. Je m’approche alors légèrement de lui et vient déposer un doux baiser sur ses lèvres. Mon regard se plonge dans le sien, on pouvait sans doute y lire toute la gratitude et l'émotion palpable que je ressentais au fond de moi. Je lui chuchote alors un énième merci que lui seul pouvait entendre.