Il aimerait croire que ce n’est pas volontaire et que le sort s’acharne sur eux en les empêchant de trouver un créneau, mais il n’est pas si dupe. Arrivé sur le parking de l’hôpital, il n’est plus question pour Austin de reculer et c’est d’un pas décidé qu’il entre dans le bâtiment. Il y a trop longtemps que Jules refuse ses invitations, trop longtemps qu’elle écourte leurs appels en prétextant la surcharge de travail et tout cela, depuis qu’elle y est retournée. Il n’était pas forcément optimiste à l’idée qu’elle retourne si vite à l’hôpital, un milieu aussi stressant n’est pas le meilleur des remèdes contre le stress post-traumatique.. et même s’il lit en elle comme dans un livre ouvert, il s’est tu malgré tout. Il lui a laissé l’espace qu’elle désirait pour ne pas l’étouffer et il n’a jamais abordé le sujet sérieusement, pour ne pas l’effrayer. Il voulait rester son refuge, comme avant et il espérait qu’ainsi elle finisse par s’ouvrir naturellement à lui. Ce n’est pas arrivé. Pire désormais, elle le fuit comme si elle craignait qu’il ne décèle sa fragilité ou du moins, c’est ainsi qu’il interprète les choses et c’est une des raisons qui l’amène ici aujourd’hui. L’autre étant que sa meilleure amie lui manque affreusement… ses sourires, ses rires ou encore les récits de ses journées.. Il y a comme une couche de glace qui s’est formée autour de la jeune femme depuis l'accident et il espère réussir à la faire fondre ce soir, pour éviter de devoir la briser.
Il connaît le chemin jusqu’au service de cardiologie et lorsqu’il arrive au bon étage, il s’empresse de rejoindre le bureau de l’accueil sur lequel il se penche, un peu trop. Armé d’un sourire, il demande après le docteur Sloane et un coup d'œil à sa montre lui indique qu’il est presque à l’heure, à dix minutes près – de retard. Il remercie encore Lidye de lui avoir donné l’emploi du temps de son amie, les horaires d’un chirurgien étant tout sauf conventionnels et il ne voulait pas risquer de l’importuner après une nuit de garde. Après tout, il est venu sans prévenir et c’est là tout l’intérêt de son plan. Son regard se perd dans les couloirs lorsqu’on le questionne sur les raisons de sa présence vis-à-vis de Sloane, mais il n’a pas le temps de répondre qu’il aperçoit sa silhouette devant les ascenseurs. Et le temps s’arrête, le sourire se fige quand l’espace d’un instant, il hésite. Elle semble épuisée et à la fois si tranquille comme si elle était en paix, apaisée. Une jolie façade renfermant en son cœur, des souvenirs qu’il aimerait effacer… une douleur qu’il voudrait estomper. Les portes d’ascenseurs s’ouvrent et tel un électrochoc, Austin se réveille pour se précipiter vers la belle rouquine.
« Juliette Sloane ! » s’écrie-t-il derrière elle, peu avant de la rejoindre pour lui faire face. Il ne prononce que rarement son prénom ainsi, si ce n'est dans ce genre de moments un peu plus sérieux. « Enfin, je te tiens. » On pourrait croire que rien ne l’ébranle tant son sourire reste grand, mais il dirait que c’est instinctif en la présence de Jules. Il a les yeux qui brillent d’affection et le cœur qui frétille, rayonnant malgré le voile d’inquiétude qui ternit son visage. Malgré les sentiments qu’il étouffe au plus profond de son âme, mais qu’en aucun cas il ignore. Il devrait, pourtant. « Tu vas bien ? » Il préfère lui laisser le temps de réaliser sa présence avant de lui imposer quoi que ce soit, alors il commence par les banalités. Il laisse son affection le contrôler une fois de plus, une fois de trop, quand ses mains viennent frôler les joues de son amie pour glisser sur ses épaules et s'y loger.
Sujet: Re: I could be there for you ((Jules)) Sam 30 Avr 2022 - 13:45
(( I could be there for you ))
Hors de question Sloane, rentre chez toi, je ne veux pas te voir dans cet hôpital pendant 48 heures. Les mots font mal, mais ils sont là et tu ne peux pas lutter contre eux. Tu as tenté de pousser davantage tes limites en souhaitant enchaînant une troisième garde, mais les sourcils froncés et le ton autoritaire de ta supérieure te font comprendre qu’aucune négociation n’est possible. Tu ne te risquerais pas à lui tenir tête, déjà parce que tu es une personne qui le sens des responsabilités, parce qu’elle peut avoir des problèmes si les règles de l’hôpital ne sont pas respectées, mais aussi parce que tu ne veux pas aller à son encontre, elle que tu admires et qui t’a tant appris jusqu’à présent. Au-delà d’être ta cheffe de service, elle était également celle qui t’a vu évoluer depuis que tu as mis un pied dans cet établissement pour la première fois. Non, tu ne risqueras pas de la mettre dans l’embarras, et ce, même si tu te sens de pouvoir encore travailler. Faux. Ce n’est qu’une impression dans ta tête qui te pousse à croire que c’est possible, que tes jambes ne commencent pas à trembler à force d’être restée si longtemps debout ou que ton estomac ne se tord pas de ne contenir rien d’autre que du café. Non, Jules, ça ne va pas. Tu ne vas pas bien. Ça t’écorche de te rendre à l’évidence, mais tu balaies ces pensées d’un revers de main, indifférente face au chaos que sont tes émotions.
Tu soupires. Longuement. Tu sais que tu n’as pas le choix, alors tu bats en retraite et tu hoches la tête sans dire un mot de plus avant de lui tourner le dos et de te rendre jusqu’aux vestiaires pour récupérer tes affaires. Épuisée, tu as décidé d’écourter le temps que tu aurais passé à te changer. Tu préfères partir et te mettre à l’aise une fois la douche prise à la maison. L’idée de sentir l’eau chaude couler sur tes muscles endoloris te fait rêver, mais tu sais aussi que tu vas y retrouver Lidye. Ta meilleure amie. Ta famille. Mais aussi l’une de tes faiblesses. Tu sais que tu vas devoir arborer un grand sourire, pester faussement contre ta journée de travail et trouver une excuse pour ta si longue absence. Tout, sauf lui dire à quel point cet accident et ses conséquences ont eu un effet incontrôlable sur toi. Tu traînes des pieds en te rendant vers l’ascenseur pour tenter de retarder la comédie que tu allais devoir jouer et pousse le bouton dans l’attente que les portes en métal ne s’ouvrent devant toi. Les secondes défilent, mais tu as l’impression que ce sont des heures, alors tu fermes les yeux pour canaliser ta frustration et inspires lentement jusqu’à ce que le bruit sourd des portes ne te ramène à toi.
Tu n'as pas le temps de mettre un pied dans l’habitacle que tu entends ton nom, non loin et pas des moindres ! Rare sont les personnes qui l’appellent par son nom complet, mais ce n’est pas pour autant que tu es étonnée : Austin. Tu n’as pas besoin de le voir pour le reconnaître par sa voix si familière. T’es heureuse de le voir là, comme si tu avais besoin à ce moment précis que l’on t’attrape, qu’une voix chaude te réconforte et qu’un visage dont tu connais chaque trait parfaitement se montre à toi. Mais tu es fatiguée, Jules. Tu as l’impression de ne plus avoir la force de jouer ce rôle qui te demande tant d’énergie. Tu veux en finir, arrêter de faire semblant et juste crier haut et fort que tes pensées sont en vrac, que tu n’arrives pas à remonter la pente et que… tu as peur. Mais au lieu de ça, tu prends à nouveau sur toi, étires tes lèvres en faisant face à ton meilleur ami. « Austin ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » que tu lui demandes tendrement en serrant davantage les lanières de ton sac à dos. « Tu me cherchais ? ». Cela te semble évident, mais tu préfères feindre l’ignorance parce que tu n’as pas la force de lui expliquer pourquoi tu raccourcis vos appels ou déclines ses invitations de ces dernières semaines, prétextant une surcharge de travail. Tu ne demandes que ça toi, travailler pour t’occuper l’esprit, mais les choses ne se déroulent pas toujours comme tu le voudrais. Tu plonges tes yeux dans les siens et te sens coupable face à l’affection qui s’en dégage. Il n’a rien fait de mal, lui, il veut juste être ton ami et être à tes côtés. C’est toi le monstre qui le repousse sans cesse et qui s’exclut de tout continuellement. « Je vais bien et toi ? Je suis impressionnée Monsieur Wright, vous n’avez pas l’air désemparé et complètement perdu dans cet hôpital ! ». Honteusement, tu tentes d’attirer son attention directement sur un autre sujet, parce que tu n’aimes pas ça, Jules, lui mentir t’arrache le cœur alors qu’il est si sincère avec toi depuis le début. Mais tu ne veux pas qu’il s’inquiète ou qu’il soit impacté par ton mal-être. Alors tu uses de l’humour pour passer la pommade plus aisément.
She's the type of person to look you right in the eye when she lies but not one to look in the eye when her heart is involved. it’s not that she’s faint of heart, she’d just rather it stop than skip a beat because she’s not one for feeling weak.