Vendredi soir.
Vêtue d’une robe courte à fine bretelle de couleur bleu nuit, je pénètre dans un bar de la ville qui avait été tout spécialement privatisé pour l’anniversaire d’une collègue. Il y avait déjà pas mal de monde. Toutes des têtes connues ou presque. Les convives déjà présentes discutaient, riaient et certains dansaient même déjà alors que d’autre étaient au bar, en attente d’un verre. A peine arrivée, je dépose le cadeau que j’avais apporté sur la table préparée à cet effet. Au loin j’aperçois Anna, je me faufile donc au milieu de la foule pour aller la rejoindre. « Cassy, je suis contente de te voir. Comment vas-tu ? Et ton épaule ? » me demande t-elle. « Ça va mieux, merci. Et pour mon épaule… c’est un peu plus long que ce que je pensais mais c'est en bonne voie. » Je portais encore régulièrement l’écharpe pour une guérison optimale. Il m’arrivait parfois de la retirer surtout le matin mais quand arrivait la fin de journée les douleurs se réveillaient. « Je ne vois pas Milo. Tu ne m’as pas dit qu’il t’accompagnait ? » Mon cœur se serrer à cette question. Je fais une légère moue « Disons que… les plans ont changé… On a eu un désaccord hier au téléphone et on a préféré annuler la soirée… Mais finalement, je n’avais pas envie de rester seule chez moi alors je suis venue quand même. » Nous avions en effet eu un désaccord assez important la veille au téléphone au sujet d’Andrew. J’avais avoué à Milo que j’avais bien réfléchi et que je ne souhaitais pas porter plainte contre lui. J’avais sans doute la meilleure raison du monde : lui. Je ne voulais pas prendre le risque qu’Andrew par vengeance ou pure méchanceté décide de porter plainte à son tour contre Milo à cause de leur très violente altercation. « Oh mince, je suis désolée. Mais tu as bien fait d’être venue, ça va te changer les idées » me dit Anna d’un sourire rassurant. Ma collègue et amie avait sans doute raison mais malgré le fait que Milo soit absent, il occupait toutes mes pensées. Il me manquait et je n’aimais pas nous savoir en désaccord. C’était tellement en complète contradiction avec nos derniers moments partagés ensemble. Je n’avais pas eu de nouvelle de puis hier. Je ne savais même pas si son avion avait atterrit ou même si il était monté à bord. Anna m’incite à profiter de la soirée. Dans le fond elle n’avait pas tort, je n’avais toujours pas repris le travail alors voir autant de monde me ferait sans doute beaucoup de bien. La jeune femme prend d’ailleurs ma main pour m’emmener jusqu’au bar afin de commander un verre.

La tension dans l'air est palpable, même à travers la distance qui me sépare de Cassia. Le tumulte de la ville semble s'effacer, laissant place à l'écho de notre dispute par téléphone, un flot d'émotions qui me secoue profondément. La question de la plainte contre Andrew, que Cassia refuse obstinément de déposer, est devenue un point de friction majeur. Depuis mon appartement temporaire à New-York, je me sens impuissant, frustré par son refus, par sa détermination à ne pas poursuivre légalement celui qui lui a causé tant de douleur. « Cassia, tu ne comprends pas... Il ne peut pas s'en sortir comme ça. C’est grave ce qu’il s’est produit et surtout impardonnable ! » J'avais plaidé avec urgence, ma voix se mêlant au bourdonnement constant de la ville en arrière-plan. Mais son refus est ancré dans une peur tangible : celle qu'Andrew, en représailles à notre altercation musclée, décide de me poursuivre en justice. « Je ne veux pas que tu souffres... Pas devant un tribunal, surtout pas alors que tu es loin, à New-York » avait-elle répondu, sa voix tremblante mais sa décision inébranlable. Cassia, dans son désir de me protéger, même à des centaines de kilomètres de distance, reste ferme dans sa décision de ne pas engager de poursuites judiciaires, craignant les conséquences légales que cela pourrait entraîner pour moi.

Le lendemain de notre dispute, un voile d'inquiétude et de réflexion enveloppe mon esprit, assombrissant même les rues animées de New-York de sa lourde présence. Ce soir, un événement attendu m'invite à franchir de nouveau les portes de Fall River : l'anniversaire d'une collègue de Cassia. L'idée même de cette célébration, dans le sillage de nos mots durs et de notre conversation tendue, me rend réticent, presque réfractaire à l'idée de quitter mon refuge new-yorkais. Pourtant, au plus profond de moi, une flamme d'espoir persiste, alimentée par le désir ardent de voir Cassia, de réparer ce qui peut encore l'être entre nous. Perdu dans le tourbillon de mes pensées, je me retrouve à observer les avions décoller un à un, chacun emportant avec lui des histoires, des retrouvailles, des adieux. C'est alors que Clyde, avec cette perspicacité qui le caractérise, brise le silence de ma contemplation. « C’est le dernier avion de la journée pour Fall River, après il sera trop tard ! » Son ton, suffisamment élevé pour traverser les remparts de mes hésitations, porte en lui un message clair, un appel à l'action qui résonne avec une urgence inattendue. Je relève les yeux vers lui, un soupire s'échappant de mes lèvres alors qu'un sourire désabusé tente de percer ma morosité. « C’est bon, j’ai compris le message… Je viens. Au pire, tu m’offriras l’asile sur ton canapé ! » lui lançais-je, mi-sérieux, mi-amusé par sa capacité à me pousser à l'action. L'ironie de la situation, moi, le pilote, m'installant cette fois en tant que passager, n'échappe pas à mon esprit. C'est une inversion des rôles qui souligne l'importance de ce voyage, un trajet qui, je l'espère, me mènera non seulement vers Fall River, mais vers une réconciliation avec Cassia.

Lorsque je mets le pied à l'aéroport de Fall River, un frisson d'anticipation me parcourt. Mes yeux balayent machinalement la foule, cherchant la silhouette familière de Cassia parmi les visages anonymes. Il n'y a aucune trace d'elle, ce qui, au fond de moi, ne me surprend guère. Après tout, notre point de rendez-vous était l'anniversaire de sa collègue, pas l'aéroport. Mais l'espoir, aussi infime soit-il, avait nourri un désir secret de la voir m'accueillir. « Vas-y… Si tu n’y vas pas tu vas me dire qu’elle te manque tout le week-end… » La voix de Clyde, à la fois moqueuse et bienveillante, me tire de mes rêveries. La tape amicale qu'il m'administre dans le dos est à la fois un encouragement et un rappel de la réalité : il est temps d'affronter la situation. C'est avec une pointe de douleur que je reconnais la vérité dans ses paroles. Sans sa présence à cette soirée, l'absence de Cassia deviendrait une ombre pesante sur mes jours.

Résigné, mais poussé par une force intérieure que je peine à nommer, je m'engage vers le premier taxi en vue, lui communiquant l'adresse de la fête avec une assurance que je suis loin de ressentir. Tandis que le véhicule s'éloigne de l'aéroport, empruntant les artères de Fall River, une myriade de questions assaillent mon esprit. Cassia sera-t-elle là, malgré notre décision initiale d'annuler notre participation à la suite de notre dispute ? Sera-t-elle surprise, voire contrariée, de me voir débarquer sans prévenir ? Le paysage défile, chaque rue me rapprochant un peu plus de la réponse, et de Cassia. Notre dernier échange téléphonique, marqué par des mots tranchants et des cœurs blessés, n'offre aucune garantie sur l'accueil qui m'attend. La perspective de la retrouver, dans le cadre festif mais potentiellement tendu de cette soirée, fait battre mon cœur d'une appréhension mêlée d'espoir. Je réalise, alors que le taxi approche de sa destination. En sortant du véhicule, je prends une profonde inspiration, me préparant à affronter ce qui m'attend.

En me tenant devant l'entrée du bar, déjà animé par les rires et la musique, l'atmosphère festive semble en contradiction avec le tumulte intérieur qui m'anime. Je me fraye un chemin à travers la foule, les sens en alerte, à la recherche de Cassia parmi les invités. Mon regard scrute chaque visage, espérant y trouver le sien, mais elle reste introuvable. Résigné, un sentiment d'isolement m'envahit alors que je m'approche du bar, commandant une boisson alcoolisée dans l'espoir de tempérer l'amertume de ma déception.

A ce moment précis qu'une présence se fait sentir à mes côtés. Une jeune femme, dont la beauté et le charme semblent taillés sur mesure pour attirer mon attention, s'approche du bar. Elle est indéniablement belle, avec un sourire qui semble promettre des histoires et des aventures, exactement le genre de femme qui aurait captivé mon intérêt dans un autre contexte.

Installée au bar avec Anna, nous discutions sereinement tout en sirotant un cocktail. La soirée se déroulait très bien pour le moment, les convives étaient tous très contents et la bonne ambiance était au rendez-vous. Cela me faisait un bien fou de pouvoir sortir un peu. Ces derniers jours, mis à part me reposer et faire quelques séances de natation pour aider la rééducation de ma clavicule je n’avais pas vu grand monde. Et le désaccord que j’avais eu avec Milo la veille ne cessait de divaguer dans mon esprit. Cela me faisait mal au cœur qu’il ne comprenne pas la raison pour laquelle je ne voulais pas porter plainte contre Andrew. Je ne voulais absolument pas risque que la situation se retourne contre lui, je ne le supporterais pas. Savoir qu’une plainte serait portée à son égard, l’imaginer se justifier au sein d’un tribunal. Non c’était tout simplement inconcevable.

Une trentaine de minutes plus tard, Anne me fait remarquer la présence de Milo. Je suis plus que surprise. Je ne m’attendais absolument pas à le voir ici ce soir. Le pilote de ligne fait rapidement le tour de l’établissement mais ne semble pas m’avoir vu. Il se dirige alors dans un coin du bar. Anna suggère alors une idée assez particulière. Suite à nos nombreuses conversations, elle connaît mes craintes quant à l’exclusivité de la part de Milo. Le sujet avait été évoqué avec ce dernier, mais depuis nous n’avions pas réellement reparler. Mon amie propose alors de tester Milo. Je trouve l’idée assez radicale et n’approuve pas vraiment le fait de lui tendre un piège mais Anna insiste. Je n’ai pas vraiment mon mot à dire, elle s’en va alors voir une amie à elle. Je l’observe lui parler et montrer Milo de son index afin de préciser sa cible. Bon sang, mais dans quoi on était en train de s’engager exactement ? Anna revient vers moi, un léger sourire satisfait sur les lèvres « Au moins, on sera fixé … Et tu auras enfin ta réponse sur ton exclusivité... » dit-elle en observant son amie de loin. Je laisse échapper un léger soupire, pensant que cette idée n'était pas forcément la meilleure qu'elle avait eu. Mais à présent, il était trop tard pour faire marche arrière.

La dénommée Sarah s’approche alors de Milo. Elle prend place à ses côtés au bar. « Bonsoir... » dit-elle un large sourire aguicheur sur les lèvres. « Je ne crois pas vous avoir déjà vu. Vous ne travaillez pas à l’hôpital, je me trompe ? » Elle pose sa main délicatement sur son bras « Un bel homme comme vous, je l’aurai déjà remarqué depuis longtemps.. » ajoute t-elle. « Moi c’est Sarah, et vous ? » demande l'amie d'Anna. De loin, elle semblait parfaitement rentrer dans le rôle qu'on lui avait donné. Malgré tout, une once d'appréhension s'emparait de moi. C'était vraiment une très jolie femme, et la tenue moulante qu'elle portait attirait l'œil de tous les hommes présentes à cette soirée.

La jeune femme qui s'est approchée du bar m'aborde avec une assurance et un charme qui me sont très familiers. Ce genre d'interaction, loin d'être une nouveauté pour moi, réveille des souvenirs de soirées similaires, de rencontres éphémères. Pourtant, ce soir, il y a une nuance de mélancolie dans cette familiarité. Je l'observe attentivement, observant les détails de son visage expressif et la façon dont sa robe moulante épouse ses formes, capturant sans effort l'attention des hommes alentour. L'un d'entre eux, encouragé par son allure, tente sa chance, s'avançant avec une confiance peut-être un peu présomptueuse. Mais elle, sans se laisser distraire, maintient son attention rivée sur moi, écartant poliment mais fermement son prétendant. C'est flatteur, d'une certaine manière, d'être ainsi distingué, et je ne peux nier la petite étincelle de vanité que son intérêt fait naître en moi.

Elle me complimente sur mon apparence, ses mots teintés d'une admiration sincère qui, sans doute allume en moi une flamme de désir, de conquête. Pourtant, alors que je l'écoute, un sentiment inattendu de distance s'installe en moi. Là où j'aurais autrefois plongé tête première dans le jeu de la séduction, je me trouve maintenant à apprécier le geste pour ce qu'il est : un compliment flatteur. « Votre regard ne vous a pas trompé » je réponds, ma voix teintée d'une légère ironie tandis que mon verre atteint mes lèvres. Ce soir, je suis déterminé à ne pas laisser l'alcool m'emmener au-delà des limites de la raison, me rappelant avec une certaine gêne la dernière fois où Cassia a dû me récupérer dans un état lamentable. Un scénario que je m'engage à ne pas répéter.

Je balaye de nouveau la salle à la recherche de Cassia. Malheureusement elle ne semble pas présente, à mon grand regret. Le sourire de Sarah attise ma curiosité. « Votre œil aussi aiguisé serait-il en mesure de deviner quel métier j'exerce ? Un petit indice… Je ne suis pas kinésithérapeute, mais mes mains sont extrêmement compétentes… » Les mots coulent de ma bouche avec une facilité qui trahit mon habitude de la séduction, un terrain sur lequel je suis le maître. Pourtant, même en me laissant aller à ce jeu de flirt, je sens une ligne intérieure que je me refuse à franchir. L'intérêt manifeste de cette inconnue, son charme évident, tout cela ne fait que souligner la transformation qui s'opère en moi. L'attrait de la séduction, de l'interaction superficielle, perd de son éclat face à la profondeur de ce que je ressens pour Cassia. C'est auprès d'elle que je désire être, c'est elle qui occupe mes pensées, même en ce moment où une autre tente de capter mon attention. « Si vous réussissez à trouver mon métier, je vous donnerai volontiers mon prénom. »  Ce soir, alors que je joue distraitement au jeu de la séduction. L'intérêt de cette femme, bien qu'elle soit séduisante et manifestement intéressée, ne saurait rivaliser avec la certitude inébranlable qui s'est installée au creux de moi : c'est Cassia que je veux, c'est à ses côtés que je trouve ma place. « Je suis étonné qu’aucun homme ne vous ai accompagné ce soir, une femme aussi charmante que vous ne peut pas décemment pas être célibataire. » Est-ce un moyen de savoir si elle est libre ? Oui. Je suis certain qu’elle ne tardera pas à me retourner la question. Réponse que j’ai déjà formulée et répétée intérieurement.

Dans le tumulte de cette soirée, alors que la musique bat son plein et que les rires fusent autour de moi, je me retrouve tiraillé entre deux forces intérieures. D'un côté, la fidélité et l'amour que je porte à Cassia pèsent lourdement sur ma conscience, la rendant omniprésente dans mon esprit malgré son absence physique. Mes yeux, bien qu'occupés par la conversation en cours, dérivent involontairement à travers la salle, espérant contre toute attente apercevoir sa silhouette parmi la foule. Cette partie de moi, guidée par l'honneur et l'attachement profond que je ressens pour elle, m'implore de rester fidèle.
Cependant, une autre voix, plus insidieuse, se fait entendre, jouant sur les cordes de la tentation et de l'impulsivité. Comme un diablotin espiègle, elle murmure des rationalisations au creux de mon oreille, suggérant que Cassia n'en saura rien, que ce qui n'est pas su ne peut pas blesser. Cette voix me pousse à envisager l'éphémère, à ignorer les conséquences de mes actions, me rappelant une époque où la séduction et le désir guidaient mes pas sans souci du lendemain.

La bataille intérieure est ardente, chaque voix tirant avec force dans des directions opposées. D'une part, l'appel à l'intégrité et à la fidélité envers Cassia, de l'autre, la tentation de succomber à un moment de plaisir fugace, justifié par l'illusion de l'anonymat et de l'impunité. C'est un moment de vérité, une épreuve de caractère qui définit non seulement ma relation avec Cassia, mais aussi l'homme que je choisis d'être.

De loin et toujours aux côtés d’Anna, j’observe la scène de loin. Sarah semble être très familière avec Milo, elle jouait apparemment très bien le rôle que lui avait donné Anna. J’étais presque impuissante face à ce qui se déroulait devant nos yeux. Dans le fond, je craignais que tout ceci soit une mauvaise idée. Après avoir accosté le pilote de ligne, Sarah continue sa conversation avec lui. La jeune femme s’était présenté et avait en retour de mandé le nom au jeune homme. Ce que Milo lui répondit la fit sourire de bon cœur.  « Oh, vraiment ? Des mains compétentes, cela m’intéresse beaucoup. C’est si rare de nos jours... » répond Sarah la voix plein de sous-entendus. « Voyons cela de plus près... » ajoute t-elle en prenant le verre de Milo pour le décaler un peu, puis elle attrape ses mains dans les siennes pour les examiner tout en les frôlant légèrement. « Elles sont sans doute compétences mais aussi impeccables. On élimine donc les métiers trop manuels… » Sarah réfléchit quelques secondes. « Je dirais que vous êtes sans doute qualifié pour manœuvrer des machines ou appareils peu communs... » dit-elle peu sûre d’elle. La jeune femme craignait qu’un échec ne mette fin trop rapidement à la conversation avec Milo. C’est pour cela qu’elle ajouta « Dites moi au moins si je brûle… L’indice que vous m’avez donné est faible. Mes efforts méritent bien une récompense... » dit-elle en faisant signe au barman engagé pour la soirée de lui servir un verre. Dans un autre contexte elle aurait demandé au jeune homme de lui en payer un, mais étant donné que nous étions à une soirée organisée, les boissons et victuailles étaient gratuites.


Milo s’étonne que la jeune femme ne soit pas accompagné pour cette soirée. Sarah sourit de bon cœur. « Oh, une femme charmante ? Merci du compliment...J’apprécie beaucoup. » puis elle se décide à répondre à l’interrogation du pilote de ligne « Les relations longues durées ce n’est pas vraiment ce que je préfère… Le célibat à ses bon côtés, vous ne pensez pas ? » Question piège, Sarah était parfaitement dans le rôle qu’on lui avait confié. « D’ailleurs, je ne vois personne à votre bras. J’ai l’impression que c’est mon jour de chance... » lui confie t-elle. Bien évidemment Sarah savait parfaitement que Milo n’était pas célibataire. Enfin pas tout à fait de manière officielle car notre relation était somme toute des plus particulières.

Sarah repousse mon verre. Ses doigts se saisissent de mes mains. Le bout de ses doigts glisse le long des miens. C’est étrange mais il est vrai qu’il est très plaisant de se faire aborder par une si jolie femme. Je pourrais presque y prendre goût. Dans d’autres circonstances, sans aucun doute. « Vous brulez… Mais qu’est ce que je peux bien manœuvrer ? Il est vrai que jamais personne ne s’en est plaint… » Sarah demande un nouveau verre au barman. Sa manière de s’adresser à lui ne laisserai aucun homme indifférent. J’imagine que c’est le genre de femme aux prouesses charnelles innomées. Celles qui vous laisse un souvenir des plus marquants. « Un indice ? Hmm… Mes mains peuvent vous envoyer tout droit au septième ciel… » Phrase à double sens ? Bien évidemment que oui. Est-ce que je flirte quelque peu ? Certainement.

Alors que nous sommes plongés dans une conversation légère et pleine de taquineries, je sens mon attention être attirée par Sarah. Son charme émane de chacun de ses gestes, de chacune de ses paroles. Son sourire étincelant semble illuminer la pièce, et je me retrouve hypnotisé par la lueur malicieuse dans ses yeux. Les doux effleurements de ses doigts le long des miens éveillent en moi des frissons délicieux. Malgré moi, je me laisse emporter par cette atmosphère enivrante, me laissant submerger par les émotions tumultueuses qui s'éveillent en moi en sa présence. Je suis tenté de me laisser emporter par ce jeu de séduction, de me perdre dans le tourbillon de plaisirs éphémères qu'elle semble promettre. Son regard pétillant et ses paroles suggestives éveillent en moi un désir ardent, une envie irrésistible de me laisser aller à la tentation. Pourtant, malgré l'attrait puissant qu'elle exerce sur moi, une partie de mon esprit reste ancrée dans la réalité. Je ne peux m'empêcher de penser à Cassia, à notre relation et à la promesse que je lui ai faite d'être fidèle. C'est comme si une voix intérieure, celle de ma conscience, me rappelait sans cesse les limites à ne pas franchir, les engagements à ne pas trahir.

Alors que Sarah commande un nouveau verre d'une voix envoûtante, je sens mon cœur battre plus fort dans ma poitrine. Son allure sûre et séduisante réveille en moi des désirs enfouis, des fantasmes inavoués. Pourtant, malgré l'attrait irrésistible de cette tentation, je me retiens. Je refuse de céder à la facilité, de sacrifier la profondeur de notre relation pour un plaisir passager.  Le jeu de séduction s'intensifie entre Sarah et moi, alimenté par nos regards complices et nos échanges taquins. Son sourire éclatant révèle une aura de confiance en elle, une assurance qui me captive davantage à chaque instant. Pourtant, au fond de moi, je ne peux m'empêcher de penser à Cassia.

Les paroles de Sarah, teintées d'une pointe de subtilité, me font réaliser l'importance de la relation que j'entretiens avec Cassia. Oui, le charme du célibat peut être séduisant, mais il ne peut rivaliser avec la richesse et la plénitude que procure le partage de la vie avec l'être aimé. C'est dans ces moments de complicité, de tendresse et de partage que se trouve le véritable bonheur. En dépit de cette prise de conscience, je me retrouve pris au piège de la tentation, attiré par l'éclat captivant de Sarah. Ses mots suggestifs et son attitude séduisante me poussent à me rapprocher d'elle, à lui révéler une confidence qui éveille en moi un sentiment de culpabilité mêlé à l'excitation de l'interdit. Dans un élan de sincérité mêlée de désir, je me penche légèrement vers elle, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Le trouble qui s'empare de moi est indéniable, mais au fond de mon cœur, je sais que je dois rester fidèle à Cassia, préserver notre relation et ne pas succomber aux charmes éphémères de la tentation.

Le sourire qui se dessine sur le visage de Sarah en réponse à mon compliment illumine son visage d'une lueur particulière, faisant ressortir la perfection de sa dentition, qui évoque étrangement celle de Cassia. « Il est vrai que le charme du célibat demeure des plus appréciables…Mais celui de partager la vie de la personne que l’on aime, l’est plus. » Lorsque je glisse subtilement le message que je ne suis pas célibataire, mais sans pour autant expliciter la nature exacte de ma relation avec Cassia, je sens une tension délicieuse s'installer entre nous. Mes mots sont à la fois une invitation et un mystère, laissant entrevoir un peu de ma vie sans tout révéler. « En effet je ne suis pas accompagné ce soir… Je pensais retrouver… » Retrouver qui ? Mon amie ? Ma maîtresse ? Ma femme ? A cet instant précis les mots me manquent pour décrire la relation que j’entretiens avec Mademoiselle Henderson. « ...Quelqu'un » Retrouver quelqu'un, sonne vague et insatisfaisant, mais je ne trouve pas les mots pour décrire la complexité de ma relation avec Cassia. Alors, dans un élan de courage mêlé d'excitation, je décide de prendre les devants, de mener la danse.

En me rapprochant légèrement d'elle, je sens mon cœur battre un peu plus vite. La proximité de son corps, la chaleur de sa présence, tout cela éveille en moi un désir irrépressible. « Vous comme moi savez ce qui va se produire… » Ma voix est douce, teintée d'une pointe de séduction et de promesse. « Je vais vous offrir un dernier verre et une dernière occasion de me séduire avant que je ne prenne congé de vous. » Sarah est-elle une femme de défi ? C’est ce que nous verrons. « Mon cœur est déjà pris et… » Je me rapproche un peu plus d’elle afin de frôler le creux de son oreille. « …Inaccessible »

Assister à cette scène de loin était insoutenable. C’était d’autant plus frustrant que nous n’entendions absolument rien de ce que Milo et Sarah étaient en train de se dire. Mon myocarde battait anormalement vite. J’avais confiance en Milo, toutefois j’appréhendais malgré tout qu’il succombe au charme de Sarah. Une chose est certaine : Sarah jouait parfaitement son rôle. Sans doute un peu trop, c’est la réflexion que je me fis en la voyant prendre les mains de Milo dans les siennes. Ce simple geste me fit un pincement au cœur. Ses mains étaient miennes. Ses mains je les voyais et les sentais encore parcourir tous mon corps. Ses mains me manquaient. Je regrettais soudainement de ne pas avoir retenu Anna dans cette folle idée de tester Milo. J’aurais simplement dû aller vers lui, m’excuser, l’embrasser et profiter de cette soirée avec lui.

De loin, Sarah et Milo semblait être de plus en plus proche. Le jeune homme finit par lancer un ultime indice concernant sa profession. Le regard de Sarah s’illumine, heureuse d’avoir trouvé mais aussi très surprise « Vous êtes pilote !? » Ce n’est pas tous les jours qu’on pouvait croiser un homme exerçant cette profession. « Impressionnant… » souffle t-elle. « Dommage que vous ne portiez pas votre uniforme, je vous aurai sans doute déjà proposé de me raccompagner chez moi... » dit-elle avec malice et espièglerie. Malgré tout Milo se lance dans quelques confidences qui surprennent quelque peu Sarah. Ce qu’il ajoute lui arrache un léger sourire. Cela ne l’amuse pas tellement mais dans le fond la jeune femme devait être heureuse pour Cassia de voir que Milo ne se laissait pas si facilement embarquée dans une histoire dans lendemain. « Oh… Je vois… Mais ce ‘’quelqu’un’’ dont vous parlez ne semble pas être ici ce soir...Peut-être pourrai-je prendre sa place ? Le temps d’une nuit… Elle n’en saura rien... » finit par proposer Sarah.

Voir Milo se pencher vers Sarah de cette manière me pinçait le cœur. Et que dire en le voyant venir lui murmurer quelque chose au creux de son oreille ? Mais bon sang, que pouvait-il bien se dire ? Je laisse échapper un léger sourire « C’était une mauvaise idée Anna... » dis-je le cœur lourd. « Attends, on ne sait pas ce qu’ils sont en train de se dire…Les apparences sont parfois trompeuses... » me réponds la jeune femme. A croire qu'Anna était beaucoup plus optimiste que moi.

Le sourire taquin de Sarah à l'évocation de ma profession de pilote de ligne m'amuse, et je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de fierté en partageant cette information avec elle. Il y a quelque chose de particulier dans le fait de voir son visage s'illuminer d'une surprise agréable, comme si j'avais dévoilé un petit secret intime entre nous. Son commentaire ludique sur mon uniforme vient ajouter une touche d'espièglerie à notre conversation, et je lui rends son sourire avec complicité, sentant une connexion naissante entre nous, alimentée par cette complicité et ce jeu de séduction. L'uniforme de pilote a toujours été bien plus qu'une simple tenue de travail pour moi. Il a été un symbole de pouvoir et d'aventure, un vêtement chargé d'histoires et de souvenirs qui évoque les vastes horizons et les voyages sans fin. Mais au-delà de son aspect fonctionnel, il a également revêtu une dimension sensuelle, devenant un accessoire de séduction qui éveillait la curiosité et l'intérêt des autres.

Cet uniforme m'a ouvert bien des portes, bien des cœurs, et a été le prétexte à des jeux sensuels et des moments d'intimité inoubliables. Les mains qui s'aventuraient à le défaire étaient souvent attirées par la promesse de découvertes intimes, comme si l'uniforme lui-même était chargé de mystère et de désir. Il incarnait l'aventure, la virilité, mais aussi un certain charme mystérieux qui captivait l'imagination de ceux qui le voyaient. Ainsi, à chaque fois que je portais cet uniforme, je savais que j'incarnais quelque chose de plus grand que moi-même, quelque chose qui suscitait l'admiration et l'attraction. Et aujourd'hui, alors que je me trouve dans ce bar privatisé, je vois dans les yeux de Sarah cette même fascination, cette même attirance pour cet uniforme qui, plus qu'un simple vêtement, est devenu le symbole de mes aventures et de mes désirs les plus profonds.

Dans le regard complice de Sarah, je vois une lueur de curiosité et d'intérêt, et je me sens presque tenté de lui dévoiler tous les secrets que cet uniforme a pu renfermer par le passé. Mais pour l'instant, je me contente de savourer ce moment d'échange et de séduction. « Vous aussi vous fantasmez sur les uniformes ? Intéressant… » L'intonation espiègle de Sarah résonne dans l'air, provoquant un sourire taquin sur mes lèvres alors que je porte le verre à mes lèvres. La réminiscence de Cassia me frappe soudain, son absence se faisant sentir dans l'atmosphère chaleureuse du bar privatisé. Un frisson de désir m'envahit alors que je cherche instinctivement son regard parmi la foule, mais en vain. « Malheureusement, elle ne semble pas présente… » Ma voix se teinte d'une légère mélancolie, comme si son absence avait laissé un vide tangible dans cet endroit autrefois vibrant d'énergie.

Pourtant, malgré son absence physique, je ressens sa présence, son essence qui flotte dans l'air, dans chaque coin de ce lieu imprégné de nos souvenirs partagés. « Elle n'en saura rien, c'est certain… » répétais-je à sa suite. Un ton audacieux se glisse dans mes mots, mais au plus profond de mon être, je sais que son intuition perce les apparences. « Mais moi oui… Et... même si elle n'est pas ici… » Un geste spontané accompagne mes paroles, ma main se saisit doucement de la sienne, pour la déposer instinctivement sur mon cœur, comme pour souligner que son influence demeure ancrée en moi, où que je sois, quoi que je fasse. « J’aime ma femme, Sarah. » lui avouais-je en reculant. Les mots s'échappent de mes lèvres avec une sincérité évidente, bien que le contexte puisse sembler inapproprié. Le regard de Sarah, brillant d'une lueur espiègle, se fige alors que mes paroles résonnent dans l'atmosphère chargée du bar. Une légère hésitation s'installe, comme si mes mots avaient suspendu le temps autour de nous. Pourtant, malgré la surprise qui se dessine sur son visage, je ne peux m'empêcher de me sentir soulagé d'avoir enfin exprimé cette vérité, aussi inattendue soit-elle. Car au fond de moi, au-delà de toute séduction ou flirt, il y a Cassia, toujours présente dans mes pensées, dans mon cœur. En reculant légèrement, je prends conscience de la distance qui s'est créée entre nous, une distance nécessaire pour marquer la frontière entre la tentation et la loyauté. Car aussi séduisante que soit Sarah, aussi tentants puissent être ses sourires et ses gestes, mon cœur appartient à une autre, à celle qui illumine ma vie de sa présence et de son amour inconditionnel.

Comme disait Anna, les apparences sont parfois trompeuses. J’avais confiance en Milo mais le simple fait de le voir agir avec Sarah et de ne pas avoir la moindre idée de ce qui se disait me frustrait au plus au point. Sans oublier, que cela alimentait mes appréhensions. Cette petite voix qui me disait qu’un jour il se lasserait de moi ou qu’il trouverait bien mieux. J’avais peur que ce moment soit déjà arrivé. Que ce moment ça soit ce soir. Et le fait qu’on se soit un peu disputé la veille n’arrangeait absolument rien à la situation. Je continue, impuissante, à assister à cette scène. Me retournant de temps en temps quand le regard de Milo semblait scruter la foule autour de lui. Je me demandais bien si il cherchait ma présence ou au contraire, cherchait-il à confirmer mon absence afin de laisser libre court à ses désirs.

Sarah se met à rire de bon cœur quand Milo lui demande si elle aussi fantasme sur les uniformes. « Les uniformes font de l’effet à tout le monde vous savez... » dit elle un sourire suspendu à ses lèvres. Milo confirme que Cassia ne semble pas être présente à la soirée, tout comme il confirme que si quelque chose se passait entre lui et Sarah elle n’en saurait rien. Mais lui si. Le pilote de ligne ajoute ensuite que même si sa dulcinée n’est pas physiquement présente dans cette salle immense, elle est présente malgré tout dans son cœur. « Très bien… Elle est très chanceuse... » Ses mots sont accompagnés d’un geste symbolique. Le jeune homme s’écarte, s’éloigne. Elle sait que la partie est terminée à présent. « Je vais vous laisser. Mais avant… Est-ce que j’ai le droit de connaître votre nom ? Après tout, même si vous m’avez aidé, j’ai trouvé le métier que vous exercez... » dit-elle. Elle n’avait pas réussi à faire craquer Milo mais elle voulait au moins avec la sensation d’une petite victoire en obtenant son nom avant de regagner la soirée de son côté.

J’avais les yeux rivés sur Milo et Sarah et lorsque Milo vient porter la main de la jeune femme à son cœur, c’est le mien qui s’effrite en miettes. « Oh ben ça alors... » souffle Anna qui assistait à la même scène que moi. Je me retourne, ne pouvant pas supporter de continuer à regarder cette scène. « J’ai besoin de prendre l’air. » dis-je en posant mon verre et en prenant la direction de la sortie en me faufilant dans la foule. Anna me suit de près. Une fois dehors je viens prendre appui contre une petite murette présente sur le parking. Alors que nous échangeons un long regard avec Anna, Sarah arrive vers nous. Je n’avais absolument pas envie de lui parler, surtout après ce que je venais de voir.  « Vous en faites une tête les filles... » nous dit-elle surprise. « Sarah, ce n’est pas amusant… On était peut-être loin mais on a tout vu... » Cette dernière se met à rire légèrement « Ce n’est pas ce que vous croyez… Cassia, ton Milo il est fidèle. Et il n’y a que toi qui compte pour lui. Ce n’est pas faute d’avoir été très explicite sur mes intentions, je lui ai même proposé de passer la nuit avec… Il a décliné la proposition car je cite … ‘’il aime sa femme’’… » Mon regard s’illumine. Non il pétille de bonheur à ce moment là. Milo m’avait vraiment nommé ainsi ? Il avait réellement prononcé ces mots ? Un large sourire se dessine sur mon visage. Sarah nous raconte alors quelque peu en détails la conversation échangé avec Milo, ainsi que son geste qui m’avait fait pensé au pire. « Merci beaucoup Sarah d’avoir voulu jouer le jeu, je t’en dois une... » dit Anna en laissant partir son amie. « Alors, rassurée ? » me demande t-elle ensuite. « Tu n’imagines pas à quel point... » dis-je encore sur mon petit nuage. « Et alors !? Qu’est-ce que tu attends pour aller le rejoindre ? » Je souris amusée, « Tu as raison, je vais aller le voir. A tout à l’heure » dis-je en prenant la direction de l’entrée du bar.


De nouveau à l’intérieur de la pièce immense, je cherche instinctivement Milo des yeux. Mon premier réflexe est de regarder au bar, mais il n’y était plus. Je tente alors de faire le tour des lieux pour aller à sa rencontrer, espérant de tout cœur qu’il ne quitte pas la soirée sans que je puisse le voir. Alors que je marchais tranquillement, je me fais légèrement bousculée. Je grimace, la personne venait de percuter, sans doute sans le vouloir, mon épaule encore en écharpe. « Vous ne pouvez pas faire attention... » dis-je un peu agacée. Je lève les yeux, il s’agissait d’un homme. « Toutes mes excuses… Puis-je me faire pardonner ? » me demande t-il en me tendant son verre à moitié entamé. « Non merci... » dis-je pour décliner son offre. Je me retourne alors pour continuer mon chemin, mais l’homme en question se place devant moi me barrant la route. « Allez…Alors vient danser avec moi. » me propose t-il en prenant ma main dans la sienne. Sans attendre une seconde, je retire immédiatement ma main de la sienne. « J’ai dit non. » Ce dernier soupire et je peux constaté, presque avec dégoût qu’il devait être déjà bien alcoolisé. Je me décale légèrement pour passer à côté de lui, mais à nouveau il se place devant moi « Ce n’est pas parce que tu es mignonne que tu dois te faire désirer... » Mon regard se durcit « Je ne me fais pas désirer. Je cherche quelqu’un et là vous me gêner... » Je réitère un essaie pour passer à ses côtés mais une fois encore il décide de continuer son petit jeu qui n'amusait que lui en m'empêchant de passer.

Les paroles de Sarah résonnent dans l'air, et je sens un doux réconfort m'envahir alors qu'elle évoque la chance de Cassia de m'avoir à ses côtés. Son affirmation m'apaise, comme si elle reconnaissait la valeur de notre relation, même dans ce contexte de flirt et de séduction. Pourtant, lorsque je m'éloigne légèrement, nous comprenons tous les deux que le jeu est terminé. Ce soir, je refuse de succomber à la tentation, de trahir la confiance et l'amour que je porte à Cassia. L'allusion de Sarah à ma profession de pilote de ligne m'amuse, mais je reste ferme dans ma résolution. Certes elle a réussi à le trouver, non un petit coup de pouce de ma part. « Mon nom… Je suis certaine que vous saurez le trouver également. Quand nous nous reverrons à l’hôpital, vous pourrez me révéler si vous avez trouvé mon nom. » Je termine mon verre avant de me lancer. « Je suis une énigme qui vous transporte dans l'antiquité. Une sculpture gracieuse, dans toute sa beauté. Mes bras sont absents, mais mon charme est intact. Dans le regard de l'artiste, mon histoire est intacte. Née sur l'île de la Grèce, dans les temps reculés. Dans un lieu où la légende et l'histoire sont entrelacées. Mon nom est lié à celui de cet endroit. Trouvez-le, et vous découvrirez mon prénom, faites-le savoir. Je suis une énigme, une beauté éternelle à dévoiler. Mon prénom est un mystère, à vous de le révéler. » Cette énigme plane dans l’athmosphère. Je lis, je devine son regard pétillant ainsi que son regard aventureux auxquels j’ai refusé de céder.  

Alors que la soirée battait son plein, un mélange vibrant de rires et de musique emplissant l'air, je me sentais isolé, presque étranger au milieu de cette euphorie collective. Sarah se fond dans la foule, me laissant seul avec mes pensées tourbillonnantes. Mon esprit, tel un navire en pleine tempête, était entièrement captivé par l'absence de Cassia. Sa non-présence transformait chaque seconde en une éternité, faisant naître en moi un mélange toxique de doute et d'appréhension. Peut-être avait-elle changé d'avis, me laissant ici, accroché à l'espoir d'un message qui ne viendrait jamais. Mon téléphone, muet, semblait se moquer de mon attente désespérée. Sur le point de me résigner à quitter ce lieu devenu soudainement étouffant, je décidai de m'accorder une ultime tentative, scrutant la mer de visages à la recherche de celui de Cassia, espérant contre toute attente qu'elle apparaisse, tel un phare dans la nuit.

C'est alors qu'une voix, étrangement discordante dans cet océan de sons festifs, capta mon attention. Une voix grave, chargée d'une arrogance palpable, se détachait du brouhaha ambiant. Poussé par un instinct protecteur, je me frayais un chemin à travers la foule, guidé par cette intonation qui détonnait. Lorsqu’enfin j'arrivai à la source de cette dissonance, le spectacle qui s'offrit à moi me glaça le sang : un homme, dont la stature imposante était mise en valeur par une attitude de prédation, harcelait une jeune femme visiblement mal à l'aise. Ses tentatives lourdes et insistantes pour l'attirer dans une danse non consentie étaient un affront à sa dignité. Mes poings se serrèrent, la colère bouillonnant en moi à la vue de cet homme qui, par son comportement grossier et son mépris des limites personnelles, incarnait l'antithèse du respect. Instinctivement je pense à Andrew et à son comportement abject envers Cassia.

Sans un instant d'hésitation, je m’avance, porté par un mélange de rage et de détermination. « Votre mère ne vous a-t-elle donc jamais enseigné que lorsqu’une femme dit « non » cela signifie « non » ? » Ma voix, bien que ferme, trahissait mon indignation face à cet affront. Ce n'est qu'alors que je réalisai que la victime de cet importun n'était autre que Cassia. Mon cœur s'emballa, la protection de Cassia devenant mon unique préoccupation. L'homme, manifestement éméché, se tourne vers moi un regard où l'intelligence semblait avoir déserté, sa réponse empestant l'alcool autant que le mépris. « Et toi, t'es qui pour parler ? Tire-toi… Elle est à moi ! » Son rire, aussi désagréable qu'une fausse note dans une symphonie, ne fait qu'attiser ma colère. « C'est ma femme, et je te conseille de t'éclipser avant que les choses ne se gâtent sérieusement pour toi. » Malgré mes paroles, l'homme persista, déversant un torrent d'insultes incohérentes, son arrogance le rendant sourd à la raison. « C’est le dernier avertissement. Même ta mère ne pourra pas te reconnaître. » Ma voix, empreinte d'une promesse non voilée de représailles, résonna comme un ultime avertissement, signifiant clairement que toute poursuite de son comportement grossier aurait des conséquences immédiates et douloureuses. Mon seul but désormais était de protéger Cassia, peu importe les mesures à prendre contre cet individu qui confondait la vulgarité avec la virilité.

Malgré la tension palpable dans l'air, l'homme, animé d'une témérité que seule l'ivresse pouvait expliquer, persiste dans son entreprise déplacée. Sa main, lourde et indésirable, s’avance avec une assurance injustifiée vers Cassia, franchissant une frontière invisible mais sacrée. L'atmosphère, déjà électrique, se charge d'une intensité redoublée à cet instant précis. Mon cœur s’accélère, non pas par peur, mais par une rage protectrice envers Cassia. Avant même que l'homme ne puisse réaliser l'ampleur de son erreur, je m’interpose entre lui et Cassia, repoussant fermement sa main avec une force contrôlée. « Je t’ai dit de la laisser tranquille » articulais-je, ma voix basse et menaçante, portant toute la gravité de mon avertissement. L'homme, surpris par ma soudaine intervention, vacille légèrement, déséquilibré non seulement par mon geste mais aussi par l'alcool qui coule dans ses veines. Il me fixe, ses yeux cherchant à me défier, mais il y a une hésitation, une prise de conscience peut-être de la gravité de sa situation. « Tu vas le regretter, petit » crache-t-il avec dédain, bien que sa voix trahisse une note d'incertitude. Je me tiens là, inébranlable, mon regard verrouillé sur le sien, démontrant par ma posture et mon attitude que je n'étais pas intimidé. « La seule chose que je regretterai, c'est de ne pas t'avoir défiguré plus tôt ! » rétorquais-je, ma détermination claire comme de l'eau de roche. L'homme, après un moment d'hésitation où il semble peser ses options, choisit finalement la retraite, marmonnant quelques obscénités avant de disparaître dans la foule. Alors que son ombre s’avanouit, un soupir de soulagement collectif se fit entendre, comme si la tension accumulée se dissipait enfin, laissant place à une atmosphère un peu plus légère.

Je me tourne vers Cassia, mes yeux sondant les siens pour y déceler tout signe de détresse résiduelle. « Ça va ? » demandais-je, ma voix empreinte d'une douceur protectrice.

Sarah venait de tout nous raconter. Leur conversation, les paroles échangés, ses propositions des plus explicites faites à Milo. Mais tout ce que j’avais retenu, c’était que Milo avait décliné toute offre venant de la part de Sarah. Il n’avait pas cédé à la tentation. Il m’aimait. J’étais sa femme. Je n’avais donc pas attendu une seule seconde avant de retourner dans le bar pour aller à sa rencontre. Ma plus grande crainte maintenant étant qu’il décide de quitter la soirée pensant que je n’étais pas présente. Malheureusement ma recherche fut interrompu par un convive, alcoolisé et très insistant. Après avoir décliné sa proposition de partager un verre avec lui et de danser avec lui, ce dernier continuait à insister et refusait de me laisser passer. Son comportement commençait à m’agacer. Puis soudainement, une voix vient à ma rescousse. Une voix plus que familière puisqu’il s’agissait de celle de Milo. Mon cœur s’emballe, il s’affole quand enfin je le vois. Il n’était donc pas partis, pas encore. Une dialogue commence alors entre le pilote de ligne et le convive un peu trop éméché. La voix de Milo est grave et ferme. Malgré la situation très tendue, je ne peux m’empêcher de sentir une vague de joie immense quand je l’entends dire de sa propre bouche que j’étais sa femme.  La tension monte encore d’un cran quand l’homme ivre tente de poser sa main sur moi, sans doute pour m’obliger à rester à ses côtés. Milo le repousse alors violemment. Et des mots durs sont à nouveau échangés. L’homme éméché ne devait sans doute pas se rendre compte de ce qui était en train de se passer. Il était presque euphorique, sans doute un des effets de sa trop grande consommation d’alcool. « Milo, laisse le… Allons y... » dis-je pour essayer de le résonner et ne pas que la situation dégénère. Mais finalement, après une ultime menace, le convive décider de rebrousser chemin. Je suis soulagée que leur échange ne soit pas allé plus loin.

Une fois l’homme parti, Milo se tourne vers moi. « Oui ça va... » Un sourire se dessine sur mon visage. « Si tu savais comme je suis heureuse de te voir… Je pensais que tu ne viendrais pas... » dis-je non sans cacher mon soulagement. Ma main droite vient se poser délicatement sur sa joue, caressant tendrement cette dernière. Je me hisse sur la pointe des pieds pour venir déposer un doux baiser sur ses lèvres. « Viens, suis moi... » dis-je en attrapant sa main de ma main valide. Je me met en marche alors jusqu’au fond de la salle ou des petites tables basses accompagné de petite banquettes étaient installés. Inutile de rester planter là-bas au milieu de cette foule, nous serions bien mieux ici. Je prends place sur des banquettes, laissant Milo s’installer à côté de moi. Mon regard se pose sur le pilote de ligne « Merci d’être venu... » dis-je le plus sincèrement du monde.

La vue de Cassia illumine instantanément la pièce. Je ne peux réprimer un sourire, un geste aussi instinctif qu'une respiration, alors que mes yeux parcourent discrètement son visage et sa silhouette, cherchant à s'assurer qu'elle est vraiment en sécurité, que les ombres de son passé récent ne l'ont pas de nouveau enveloppée dans leur étreinte sombre. L'éphémère baiser qu'elle me vole, bien trop court à mon goût, laisse une trace de manque sur mes lèvres, une promesse silencieuse de ce qui pourrait être si seulement le temps et les circonstances nous le permettaient. L'écharpe enroulée autour de son cou, un rappel tangible de sa vulnérabilité, ne fait qu'accentuer mon désir de la protéger, de l'envelopper dans une étreinte où elle pourrait oublier, ne serait-ce qu'un instant, les épreuves traversées. Alors qu'elle me guide vers un coin plus isolé de la salle, sa main dans la mienne est un lien électrique, un fil conducteur de nos émotions partagées. Nous prenons place, et je me retrouve à sourire, peut-être de façon un peu idiote, complètement captivé par sa présence. Ce n'est définitivement ni le lieu ni le moment pour raviver les cendres d'une dispute oubliée, pour troubler la tranquillité de nos retrouvailles avec des mots inutiles. L'instant se veut une célébration silencieuse de notre résilience, de notre capacité à trouver de la lumière même dans les moments les plus sombres. « Je dois bien t’avouer que… Je suis venu uniquement pour toi, pas pour ta collègue. » Ma confession se brise dans un rire, un son qui semble libérer une partie du poids que nous avons tous deux portés. Je me laisse emporter par l'amusement en pensant au cadeau soigneusement sélectionné pour sa collègue, un geste d'affection et de reconnaissance pour son soutien à Cassia. « J’ai hâte que tu découvres ce que je lui ai trouvé ! » ajoutais-je, l'anticipation illuminant mes paroles. Ce que j'ai choisi est loin d'être conventionnel, bien au-delà d'un simple bouquet de fleurs ou d'un bijou fantaisie. « Promis ce n’est pas une bague, ni une demande ne mariage ! » je ne peux pas m’empêcher de la taquiner, juste un peu. Cassia demeure trop craquante lorsqu’elle est jalouse.

Assis côte à côte avec Cassia, une vérité simple mais profonde se dessine dans mon esprit. Le présent que j'ai apporté pour sa collègue, bien pensé et avec affection, pâlit en comparaison avec le véritable cadeau que représente notre temps partagé. La chaleur de sa présence, le son de sa voix, la douceur de son sourire - tout cela crée un moment si riche et si plein qu'il en devient un trésor inestimable. « Je suis heureux de te voir… J’ai cru que tu ne viendrais pas. Je t’ai cherché et… » Les mots se perdent dans l'air, incomplets, alors que mes lèvres trouvent les siennes dans un baiser qui scelle nos retrouvailles. Un soupir de soulagement s'échappe de moi, un murmure dans l'espace entre nous. « Ah… Là ça va mieux. » L'aveu s'échappe doucement alors que ma main trouve la sienne, un geste de connexion, d'affirmation que tout est enfin comme il se doit.

Mon regard glisse alors sur elle, admirant la façon dont la lumière joue sur les contours de sa silhouette, accentuée par cette petite robe à bretelles qui lui sied à merveille. « J’aime beaucoup cette petite robe à bretelle… » Mes mots sont un compliment murmuré, une reconnaissance de sa beauté et de l'effort qu'elle a mis dans son apparence ce soir. Je me penche alors, mon souffle chaud contre le creux de son oreille, un frisson partagé dans notre intimité retrouvée. « Je préfère davantage ce qu’il y a en dessous » lâchais-je, avec une innocence feinte qui masque à peine le double sens de mes mots. Ce n'est pas seulement une allusion à sa tenue, mais une affirmation plus profonde de mon désir pour elle, pour tout ce qu'elle est, au-delà de ce que le regard peut saisir.

Malgré cette déplaisante rencontre et altercation avec ce convive trop éméché, j’étais ravie et soulagée  d’enfin retrouver Milo. A ce moment précis, plus rien d’autre ne comptait, plus rien n’avait d’importance. Excepté lui. Prenant sa main dans la mienne, je nous emmène alors au fond de l’immense salle, afin de nous installer un peu plus confortablement et d’avoir un peu plus d’intimité afin de discuter, de se retrouver. A présent seuls, ou presque, je ne peux m’empêcher de lui dire ô combien je suis heureuse qu’il soit venu. Milo m’avoue être venu uniquement pour moi. Un sourire amusé s’affiche sur mes lèvres quand le jeune homme évoque le cadeau qui l’avait apporté avec lui ce soir. Il tente faussement de me rassurer en précisant que ce n’était pas une bague, ni une demande en mariage. « Je l’espère bien... » dis-je alors que mon regard est toujours plongé dans le sien. « Et puis, apparemment… je suis déjà ta femme... » dis-je en faisant référence à ce qu’il avait dit tout à l’heure à cet imbécile trop alcoolisé.

Milo aussi semblait heureux de me voir. Apparemment nous nous étions cherchés tous les deux. Le plus important était, qu’à présent, nous nous étions enfin retrouvés. Après avoir échangé un tendre baiser, Milo me complimente quant à ma tenue. « Merci beaucoup... » dis-je flattée que ma tenue lui plaise. J’avais toujours accordé beaucoup d’importance à ce genre de détails, qui pour moi n’en était pas d’ailleurs. Le pilote de ligne s’approche de moi, venant m’avouer au creux de mon oreille qu’il préférais davantage ce qui se trouvait en dessous de ma robe. Je ris de bon cœur. « H’m… et bien, si tu es sage, tu auras sans doute l’occasion de voir ce qui se cache en dessous. Et bien plus encore... » dis-je d’un air envieux. Je me rapproche davantage de Milo, ma main toujours dans la sienne, mes lèvres viennent trouver les siennes, pour un long et doux baiser. Mon visage reculant très légèrement, mes lèvres frôlant encore les siennes, « Tu sais que c'est très plaisant, de t'entendre dire que je suis ta femme... » soufflai-je dans un doux aveu. Je crois que jamais je ne pourrais me lasser d'entendre ces mots.

L'esquisse d'un sourire se forme sur mes lèvres, un sourire qui se nourrit de la malice et de l'admiration, alors que Cassia évoque avec légèreté ma réplique cinglante à l'égard de ce dragueur alcoolique de dimanche. C’est l’une de ces soirées où l'ambiance se prête autant aux rires qu'aux confidences imprévues. Et, dans l'élan d'un moment où les barrières tombent et où le cœur parle avant la raison, j’ai laissé échapper ces mots avec une spontanéité déconcertante. Elle a compris chaque nuance, chaque vibration de sincérité dans ma voix, même si prononcées plus rapidement que la musique qui emplissait l'espace entre nous. J’ai certainement parlé trop vite, entraîné par l'urgence d'un sentiment trop grand pour être contenu. Mais la vérité de mes propos demeurait inébranlable, un phare dans le tumulte de nos vies entremêlées. Décrire Cassia simplement comme une amie ou une petite-amie ne rendrait jamais justice à la place qu'elle occupe dans mon univers. À mes yeux, elle est bien plus que cela ; elle est ma femme. Ce terme, lourd de promesses et d'engagements, semble être le seul capable de capturer l'essence de ce que je ressens pour elle, même si les conventions sociales et les formalités légales n'ont pas encore scellé notre union. Et pire encore, notre relation flotte dans cet espace indéfini, où les mots pour la décrire n'ont jamais été pleinement posés, où les étiquettes semblent trop réductrices pour encapsuler la complexité de notre lien. Nous n'avons pas besoin de mots pour comprendre la profondeur de ce que nous partageons, pourtant, l'absence de ces mots crée une sorte de liberté, mais aussi une vulnérabilité.

La tenue de Cassia ce soir a le pouvoir de suspendre le temps, de capter toute mon attention. Il y a quelque chose dans sa façon d'être, dans le choix de ses vêtements, qui transcende la simple beauté pour toucher à l'extraordinaire. Peut-être est-ce l'aura de confiance qu'elle dégage ou la manière dont la lumière joue avec les contours de sa silhouette, la rendant encore plus magnétique. Je la trouve toujours captivante, mais ce soir, elle incarne une splendeur à couper le souffle. Mon appréciation pour elle s'intensifie, un sentiment exacerbé peut-être par la jalousie naissante que j'ai ressentie lorsque cette autre femme a tenté de me séduire, ou par la rage sourde contre cet importun qui a osé troubler Cassia. « Mais je suis toujours sage, Mademoiselle Henderson… Ne me dites pas que vous en doutez ? » Ma question se teinte d'une fausse innocence, un jeu entre nous qui cache mal la profondeur de mes sentiments. Nos lèvres se retrouvent dans un baiser qui scelle nos retrouvailles, un geste qui parle plus que les mots, affirmant notre connexion indéniable.

Cependant, un poids repose sur ma conscience, une ombre à peine perceptible dans notre échange lumineux. « Il faudra que je te parle tout à l’heure, rien d’inquiétant, mais je ne veux rien te cacher. » Les mots glissent entre nous, une promesse de transparence. Je fais référence à Sarah, conscient que la vérité, même dans ses nuances les plus délicates, est le fondement sur lequel nous bâtissons notre relation. Je refuse de laisser le moindre secret, la moindre tentation non avouée, s'immiscer entre nous. Ce n'est pas tant l'acte de parler de Sarah qui importe, mais ce qu'il symbolise : un engagement inébranlable envers l'honnêteté, une volonté de maintenir notre relation à l'abri des non-dits et des omissions. Confier à Cassia de cet épisode n'est pas un fardeau, mais un acte d'amour, une preuve que je tiens plus à notre vérité partagée qu'à l'illusion d'une perfection.

Le jeu de mots et les sourires échangés entre Cassia et moi tissent une complicité joyeuse où chaque pas semble nous rapprocher encore davantage. Lorsqu'elle me révèle, avec cette lueur de contentement dans les yeux, combien elle trouve plaisant d'être considérée comme ma femme, un frisson de bonheur discret traverse mon être. Sa réaction déclenche en moi un sourire amusé, presque malicieux, alors que je feins l'ignorance avec une légèreté taquine. « Ah oui ? J’ai dit cela ? Tu es bien certaine ? » Ma question, teintée d'une fausseté évidente, flotte entre nous, un papillon dans l'air du soir. « Je crois que je ne m’en souviens plus » Je continue, mon regard plongé dans le sien, cherchant à y lire toutes les nuances de ses sentiments. Cette prétendue amnésie n'est qu'un prétexte, un jeu d'esprit destiné à prolonger cet instant de légèreté, à repousser les ombres du quotidien qui menacent parfois de s'immiscer entre nous. « Il va me falloir une petite piqure de rappel » ajoutais-je, laissant ma voix glisser vers un murmure, un fil d'argent reliant nos deux âmes dans cet espace rempli de promesses non dites. L'air se charge d'une tension douce, anticipative, alors que je propose « Je crois qu’un baiser de votre part pourrait y remédier ! »

Depuis que j’avais enfin retrouvé Milo, mon sourire ne quittait plus mes lèvres. J’avais déjà oublié le début de soirée que l’on pouvait aisément qualifier de chaotique. Maintenant, tout ce qui comptait c’était que nous étions à nouveaux réunis. Milo, comme à son habitude, ne tard pas à plaisanter sur le contenu du cadeau qu’il avait apporté ce soir. Je me demandais bien qu’elle idée il avait pu avoir. Et pour ce qui est du fait de ne pas envisager de demander ma collègue et amie en mariage, je fais semblant d’être rassurée en lui rappelant alors que j’étais apparemment déjà sa femme. Reprenant ainsi les mots qu’ils avait lui même prononcé tout à l’heure. Flattée que ma tenue plaise à Milo et que ce dernier pense déjà à en voir davantage, je lui fais alors une douce promesse sous condition. La réponse du jeune homme me fait sourire de bon cœur « Non, je n’oserai pas... » Et un baiser vient sceller nos lèvres, tout comme il scelle cette promesse non dite que la soirée n’était pas prête de se terminer et que nos retrouvailles seraient sans doute célébrer dans la plus grande des intimités. Le pilote de ligne reprend son sérieux en m’annonçant qu’il souhaitait me parler un peu plus tard. Il me rassurer immédiatement et anticipe une potentielle question de ma part en me précisant qu’il ne s’agissait de rien d’inquiétant mais qu’il souhaitait tout e même en parler avec moi. « D’accord, sans problème. » dis-je un peu perplexe. Puis l’idée qui veuille me parler de sa discussion avec Sarah me vient en tête. Si c’était cela qu’il avait en tête, alors sa sincérité était au-delà de toutes mes espérances.

Encore quelque peu troublée par les doux mots de Milo, je lui fait part ô combien j’avais apprécier l’entendre m’appeler ainsi. D’un air malicieux, Milo décide de jouer l’innocent sous toute couture. « J’en suis bien certaine... » Milo suggère une petite piqûre de rappel. La solution est toute trouvée : un baiser de ma part afin de lui faire trouver la mémoire. « Je pense que c’est faisable... » dis-je en faisant mine de réfléchir quelques secondes. Puis mon visage s’approche à nouveau du sien, mes lèvres viennent tout d’abord à peine effleurer les siennes, jouant un peu avec ses nerfs. Puis elles finissent enfin par se poser sur les siennes, entamant alors un doux ballet sensuel entre elles. Le baiser terminé, mon visage reste collé au sien, « Dis le encore une fois... » dis-je dans un léger murmure. Oui j’avais encore envie de l’entendre m’appeler sa femme. Dans cet atmosphère complètement différente de tout à l'heure. Juste entre lui et moi.

Le baiser que Cassia m'offre est une échappatoire, un univers où seules nos âmes semblent exister, flottant dans un espace intemporel où le reste du monde s'estompe jusqu'à devenir un lointain murmure. Ses lèvres trouvent les miennes avec une douceur exquise, une tendresse qui semble murmurer les secrets de l'univers à travers le simple contact de nos bouches. Le souffle délicat qui effleure mon visage porte avec lui une demande, un souhait pour que je lui murmure ces mots doux qui sont le reflet de nos cœurs entrelacés. Dans cet instant, je me sens pleinement à elle, incapable de lui refuser quoi que ce soit – ni les mots qu'elle désire entendre, ni l'amour inconditionnel que je lui porte. « Tu es… » je commence, laissant la promesse de ces mots suspendue dans l'air, un prélude à une déclaration qui se veut aussi vaste et profonde que l'océan. Mais avant que je puisse laisser l'océan de mes sentiments se déverser, une interruption soudaine nous ramène à la réalité avec une abrupte insistance. La voix qui annonce l'heure d'ouvrir les cadeaux agit comme un rappel des troupes, une intrusion dans notre bulle d'intimité qui me laisse plus que frustré. Cet élan brisé, cette interruption de notre moment partagé, m'arrache un soupir de déception. Pourtant, dans ce court laps de temps, je cherche à offrir à Cassia un maigre lot de consolation – un dernier baiser, une promesse silencieuse que ce moment inachevé trouvera sa conclusion, que les mots restés en suspens trouveront leur chemin vers elle.

Nous nous levons alors, main dans la main, pour rejoindre les autres, laissant derrière nous l'écho de notre moment volé. Mais dans ce geste simple, dans le contact de nos mains, réside une promesse muette : celle de retrouver cet espace, de poursuivre ce dialogue interrompu. Car, malgré l'interruption, je sais que ce que j'avais à dire, ce que mon cœur brûle de partager, trouvera son moment, son espace pour s'épanouir pleinement. En attendant, chaque pas vers la foule est un pas fait ensemble, renforçant le lien invisible qui nous unit, un fil d'or tissé à travers les interruptions de la vie, portant en lui la certitude que les moments volés seront toujours retrouvés, toujours chéris.

En pénétrant davantage dans la pièce, mon regard balaye l'espace, capturant brièvement les visages familiers et les nouveaux venus avec une égale mesure d'intérêt et de détachement. Un salut silencieux est échangé avec Anna, nos yeux se croisant dans une reconnaissance mutuelle avant que mon attention ne soit attirée ailleurs, vers une figure bien plus significative en cet instant. Sarah se détache du reste, une présence inattendue qui pèse sur mes épaules avec le poids d'une conversation encore en suspens. À côté d'elle, Cassia reste heureusement inconsciente de la tension sous-jacente, un détail pour lequel je suis à la fois reconnaissant et anxieux. La promesse de révéler les événements récents à Cassia pend entre nous, un secret que je garde pour un moment plus approprié, loin des regards indiscrets et des oreilles attentives. Ce n’est ni le lieu, ni le moment pour de telles révélations. L'atmosphère festive et l'agitation générale ne se prêtent pas à des confessions qui exigent intimité et calme.

Mon attention se détourne alors des implications de la présence de Sarah pour se concentrer sur Cassia et son bien-être. « Excuse-moi, tu peux me céder ta chaise, s’il te plaît. » Ma voix, douce mais ferme, s'adresse à un inconnu, un invité qui se trouve être le détenteur temporaire de ce qui deviendra le siège de Cassia. Mon geste n'est pas seulement une question de courtoisie mais une nécessité, compte tenu de l'état de Cassia qui, pour des raisons non explicitées, ne devrait pas rester debout. Lorsque la chaise est cédée, je me tourne vers Cassia avec un sourire tendre, l'appelant d'une voix qui porte juste assez pour être entendue par Sarah. « Mon Cœur ? » L'utilisation délibérée de ce terme d'affection, prononcé assez fort pour que Sarah puisse l'entendre, sert de déclaration silencieuse. Je désigne la chaise de la tête, invitant Cassia à prendre place, un geste protecteur et prévenant qui souligne mon souci constant pour son confort et son bien-être.

Je me glisse discrètement derrière Cassia, ma présence une assurance silencieuse dans son dos. L'une de mes mains trouve sa place sur son épaule, un geste tendre et protecteur, tandis que je m'agenouille derrière elle, réduisant notre monde à cet espace partagé, intime et clos. La proximité nous enveloppe, crée un cocon invisible autour de nous, dans lequel nos murmures peuvent se tisser librement, loin de l'agitation environnante. « Tu sais ce que je lui ai offert ? » commençais-je, ma voix basse, portant à peine plus qu'un souffle, une vibration d'air chargée d'humour et de confidence. Mon sourire complice est caché à la vue de tous, sauf à Cassia, à qui il est entièrement destiné. « Un cours de cuisine… » je continue, laissant l'information s'installer entre nous, un cadeau qui, au premier abord, pourrait sembler banal, mais qui, dans notre contexte, est chargé d'une ironie mordante. « La dernière fois j’ai été malade toute la nuit avec son horrible plat… » soufflais-je discrètement, un aveu qui se veut à la fois une critique légère et une plaisanterie partagée. Ce souvenir, bien que désagréable sur le moment, se transforme maintenant en une anecdote amusante, une de ces histoires que l'on raconte avec un rire dans la voix, reconnaissant la maladresse culinaire de l'autre comme un défaut charmant, plutôt qu'une faute impardonnable.

Milo semblait vouloir avoir une mémoire bien sélective. Mais la solution pour l’aider était aussi simple qu’agréable. Alors, mes lèvres avaient rapidement trouvé les siennes pour échanger un voluptueux baiser. Et après ce baiser, j’avais fais une demande toute somme particulière au jeune homme. Je voulais, encore une fois, l’entendre m’appeler par ce doux nom qu’il avait prononcé tout à l’heure. Ses mots, en plus de me rassurer, touchait mon cœur d’une manière dont personne n’avait su le faire avant lui. Milo s’apprête alors à céder à ma demande, mais nous sommes soudainement interrompu par une voix annonçant l’ouverture des cadeaux. Cette annonce, bien que normale vu les circonstances de la soirée, nous extirpe de manière somme toute un peu brutale malgré tout de notre petite bulle d’intimité. Nous nous levons alors et c’est main dans la main que nous nous approchons de l’emplacement spécialement dédié à l’ouverture des cadeaux.

L’ouverture des cadeaux débutent, je reste attentive à la scène quand soudain la voix de Milo me sort de mes songes. C’était certes sa voix, mais je ne pouvais être que surprise de la manière dont il m’avait appelé. Mon cœur. J’étais son cœur. Je me retourne, quelque peu surprise mais souriante. D’un léger signe il m’indique de m’asseoir sur la chaise à présent libre. Je fais quelques pas pour m’approcher de cette dernière. Mon regard est reconnaissant. Je dépose un doux baiser sur ses lèvres. Si nous avions été seuls je lui aurais sans doute déjà sauté au cou, euphorique à l’idée qu’il puisse me considéré comme sa femme et maintenant...son cœur. Ce sera pour plus tard. « Tu n’étais pas obligé, je pouvais rester debout... » dis-je en prenant place sur le siège vacant. Milo se glisse derrière moi, une de ses mains se plaçant sur mon épaule. Animée par un sentiment de pur bonheur et d’amour, je viens poser ma main sur la sienne, refusant catégoriquement de rompre tout contact physique avec lui. Milo vient alors dans un léger murmure m’avertir de ce qui l’avait offert à la principale concernée. Mon visage se tourne vers Milo, un sourire amusé aux lèvres surtout suite à ses révélations. « Tu es incorrigible... » dis-je en murmurant, malgré tout très amusée par son présent. Le déballage des cadeaux continue. La reine de la soirée ne manquait pas bien évidemment de remercier chaque personne individuellement. Des bijoux, des livres, un cours de cuisine, les cadeaux étaient vraiment variés. Pour ma part je lui avais offert un bon pour un massage, histoire qu’elle puisse s’octroyer un moment de détente rien qu’à elle.

Une fois l’ouverture des cadeaux, l’ensemble des convive est invité à retourner s’amuser, danser, boire et manger. Je me lève alors de ma chaise. Ma main, retrouve celle de Milo dans un geste naturel. « Ton cadeau semble plutôt avoir été apprécié... » dis-je en souriant légèrement avant de venir l’embrasser tendrement. « Hey les amoureux ! Il y a des hôtels pour ça... » la voix d’Anna, rieuse, me sort de mes songes. Sans pour autant détourner mon attention de Milo je fais comprendre à Anna d’un geste de la main, d’aller embêter quelqu’un d’autre. Et une fois notre baiser terminé, « Viens, allons prendre un verre. » dis-je en me dirigeant avec Milo vers le bar.

Une fois sur place, nous commandons deux verres. Anna et Sarah passent à côté de nous, non sans se faire voir. Anna s’approche de moi « Alors, la soirée se passe comme tu veux mon cœur ? » dit-elle en venant déposer une bise rapide sur ma joue. Elle avait bien insister sur ses deux derniers mots regardant Milo avec insistance. C'était une plaisanterie de bon cœur, je connaissais Anna et je savais qu'elle était ravie de ce que je pouvais vivre avec Milo. D'ailleurs, à peine arrivée, à peine taquiné, elle était déjà reparties avec Sarah.

L'espièglerie de Cassia, sa réaction au cadeau que j'ai choisi d'offrir, déclenche en moi une vague de gaieté. Sa constatation que je suis, et resterai, incorrigible me tire un sourire fier. C'est vrai, après tout. Aucun effort de persuasion, aucun argument, aucune critique ne pourrait me changer. Je chéris cette part de moi qui sait trouver l'humour même dans les situations les plus désespérées, qui parvient à transformer les petits désastres en anecdotes croustillantes. Ma démarche, offrant un cours de cuisine comme cadeau, pourrait sembler généreuse, voire attentionnée, à quiconque n'est pas au courant de l'histoire complète. Néanmoins, derrière ce geste se cache un souvenir bien moins reluisant, une soirée qui s'est terminée dans les affres d'une indigestion mémorable. Mon estomac se tord encore à la simple évocation de ce plat catastrophique, une création culinaire qui avait ambitionné de charmer les papilles mais qui s'était avérée être un véritable cauchemar gastronomique. La maladresse culinaire de la principale intéressée avait transformé notre dîner en une épreuve de survie, me laissant avec des maux de ventre tenaces et une nuit d'agitation à me demander si j'avais flirté avec une intoxication alimentaire.

L'effervescence de l'ouverture des cadeaux retombe lentement, laissant place à un murmure de conversations satisfaites et de rires partagés. Cassia et moi, nous retrouvons dans ce tourbillon de festivités, un îlot de calme dans la tempête. Elle mentionne combien mon cadeau semble avoir été apprécié. Si seulement elle connaissait la véritable histoire derrière ce geste, pensé avec une touche d'ironie personnelle. Mon esprit s'amuse de cette petite conspiration solitaire, un sourire intérieur qui est rapidement effacé par la douceur de son baiser. Tout amusement, toute pensée fugace s'évanouit sous le poids de ce moment partagé, laissant une trace indélébile de contentement. J’ai à peine le temps de répondre que les lèvres de Cassia ébauchent les miennes. C'est alors que la voix d'Anna perce l'air, sa remarque teintée d'humour vient taquiner notre bulle d'intimité. « Hey les amoureux ! Il y a des hôtels pour ça... » Elle est amusée, et comment lui en vouloir ? Son intervention, loin de nous embarrasser, ajoute une touche de légèreté à l'instant. C'est le genre de camaraderie qui tisse les liens d'une soirée mémorable, où chaque moment est une histoire à raconter. Le commentaire d'Anna ne fait qu'accentuer la joie de ces retrouvailles avec Cassia. Le plaisir de sa compagnie, de son rire, de sa présence à mes côtés, surpasse de loin les petites piques amicales. « J’ai très envie de toi… » lui murmurais-je à voix basse avant qu’elle ne m’entraîne en direction du bar.

En nous approchant du bar, les lumières tamisées et les verres qui s'entrechoquent créent une mélodie de fond pour nos échanges. Chaque pas nous éloigne de l'interruption amicale et nous rapproche d'un nouveau chapitre de la soirée, un chapitre où les boissons fraîches et les conversations à cœur ouvert promettent de tisser des souvenirs durables.
Alors que Cassia prend l'initiative de commander deux verres pour nous, la fluidité de l'instant est interrompue, presque chorégraphiée, par l'approche d'Anna. Je n'ai que le temps de me retourner, captant cette scène à la périphérie de mon attention, lorsque je la vois se pencher vers Cassia. Leur échange, bref mais chargé d'une intimité non dissimulée, me frappe par son intensité. Anna dépose un baiser tendre sur les joues de Cassia, accompagné d'une phrase, « mon cœur », qui flotte jusqu'à moi, portée par le tumulte ambiant de la soirée. Cette déclaration, à la fois douce et provocante, sème en moi un tourbillon de questions et d'émotions, soulignant une complexité dans leur relation dont je n'étais peut-être pas pleinement conscient.

Dans ce tourbillon de pensées, mon attention est brusquement attirée par une autre figure, celle du gros lard à l'allure épaisse que j'avais déjà remarqué plus tôt dans la soirée. Sa présence, moins marquée par l'alcool que précédemment, ne le rend pas moins imposant ni moins inquiétant. Il s'avance vers nous avec une détermination qui me met instantanément en alerte. La tranquillité de la soirée semble suspendue à cet instant, où chaque mouvement, chaque regard pourrait déclencher un enchaînement d'événements imprévisibles. Je reste sur mes gardes, mon corps tendu non pas par la peur, mais par la résolution. La protection de Cassia, dans ce moment comme dans tous les autres, devient mon instinct primordial. Je suis prêt à intervenir, à mettre un terme à toute tentative d'intrusion ou de désagrément qui pourrait perturber sa tranquillité.

L’ouverture des cadeaux avaient été un moment assez sympathique et assez riche en émotions également. Les cadeaux avaient été nombreux et surtout très variés. Une fois terminé, j’avais proposé à Milo d’aller prendre un verre tous les deux. Bien qu’il commençait tout de même à se faire tard, je voulais encore profiter un peu de la soirée avant de rentrer. Et alors que l'ensemble des convives s'éparpillaient au quatre coin de l'immense salle, je restai là face à Milo. Sa main dans la mienne, mes lèvres contre les siennes. Rien ni personne ne pouvait me détourner de Milo, même pas la petite remarque amusée et amusante d'Anna qui venait de passer à côté de nous. Je décidai alors d'aller prendre ce dernier verre, entraînant Milo avec moi bien évidemment. Ce dernier, dans notre marche légère pour rejoindre le bar me murmure qu'il avait très envie de moi. Cet aveu me fait un effet immédiat. « Un seul verre. Et promis, nous rentrerons juste après... » Dis-je la voix remplie de douces promesses et aventures à venir.

Une fois arrivés à hauteur du bar je prends l'initiative de commander deux verres. C'est là qu'Anna se montre à nouveau et vient gentiment nous taquiner Milo et moi. Elle insiste bien sur la manière dont le pilote de ligne m'avait appelé tout à l'heure. Cela me fait rire de bon cœur. Anna nous taquinait mais c'était sa manière à elle de me montrer, ou plutôt même de nous montrer à Milo et à moi, qu'elle était heureuse de nous voir ensemble et surtout de voir que tout se passait à merveille entre nous. Une fois partie, mon regard se pose à nouveau sur Milo « Je dois avouer que j'aime tout particulièrement les surnoms que tu peux me donner ce soir ... » Mon regard pétille de bonheur et de malice en disant cela. C’est comme si, ce soir, et malgré notre conversation téléphonique de la veille, nous passions une étape supplémentaire dans notre relation « sans étiquette ». Une relation que nous étions seulement tous les deux à comprendre pleinement.

A travers ce jeu de séduction subtil auquel nous nous adonnons, comme si nous explorions encore les contours de notre relation, je trouve une vitalité, un frisson qui me parcourt l'échine, rendant chaque instant passé à ses côtés encore plus précieux que le précédent. Lorsque Cassia évoque, avec cette lueur malicieuse dans les yeux, les deux appellations que j'ai utilisées pour la désigner ce soir – ma femme, pour le monde extérieur, et mon cœur, juste pour nous –, je ne peux retenir un sourire fier et amusé. Je sens bien qu'elle savoure ces mots, peut-être même un peu trop. Alors, je ne résiste pas à l'envie de la taquiner davantage. « Prenez garde, Mademoiselle Henderson, vous pourriez bien finir par ne plus pouvoir vous passer de ces douceurs ! » Ma voix, oscillant entre sérieux feint et amusement, danse autour d'elle, effleurant son cœur avec légèreté. Que j'aime voir son visage s'illuminer de bonheur et de contentement ! Pour rien au monde je n'aurais choisi de rester à New York, pas même pour le frisson du vol, quelques heures supplémentaires dans les airs. Non, chaque moment loin d'elle me semble désormais un temps perdu, et chaque retrouvaille, un trésor.

Dans l'atmosphère électrique de la soirée, je m'approche discrètement de Cassia, l'air de rien, mais avec une intention bien précise. Chaque fois que nos regards se croisent, je sens cette étincelle, ce frisson qui parcourt tout mon corps. « J'ai très envie de toi... Surtout quand tu me regardes avec ce petit air coquin », je lui murmure à l'oreille, ma voix est si basse qu'elle pourrait se confondre avec la musique environnante. Je laisse mon doigt glisser doucement sur son épaule dénudée, frôlant sa peau de manière à peine perceptible, mais suffisamment suggestive pour évoquer la promesse de moments plus intimes à venir. Au même moment qu'Anna, avec sa joie de vivre habituelle et son insatiable curiosité, fait son apparition, interrompant notre moment d'intimité naissante. « Bon Milo, tu m'excuses, mais il faut que l'on discute entre femmes ! » lance-t-elle, un large sourire illuminant son visage. Son entrain est contagieux, et malgré la légère déception de devoir me séparer de Cassia, je ne peux m'empêcher de sourire à son initiative. Il est évident, même pour le moins observateur, que derrière cette demande se cache une envie de complicité féminine, peut-être même de confidences sur les événements de la soirée. Je laisse échapper un rire amusé et, dans un geste tendre, dépose un dernier baiser sur les lèvres de Cassia, un baiser qui se veut rassurant et empreint de promesses. « Je ne suis pas loin. » Puis, je m'éloigne, me frayant un chemin à travers la foule dense, m'assurant de garder une distance respectueuse pour leur offrir l'intimité nécessaire, tout en restant suffisamment proche. Mon regard balaye discrètement l'assistance, vigilant, particulièrement attentif à un certain individu à l'allure imposante qui avait attiré mon attention plus tôt. Je ne peux m'empêcher de jouer le protecteur, veillant sur Cassia et Anna depuis mon poste d'observation discret, prêt à intervenir au moindre signe.

Le verre froid dans ma main, je me retrouve soudain face à une jeune femme, une totale inconnue, qui, sous l'effet de l'alcool manifestement, prétend me connaître intimement. Sa déclaration me prend au dépourvu, et je m'empresse de clarifier la situation avec une pointe d'irritation : nous ne nous sommes jamais rencontrés, et l'idée même que nous aurions partagé un quelconque moment intime est absurde, d'autant plus qu'elle ne correspond pas du tout à mon style de femme. C'est alors qu'une voix familière interrompt cette étrange interaction. « Et moi, tu me reconnais ? » La surprise me fige sur place. Erin... Comment ai-je pu ne pas la remarquer plus tôt ? Elle est là, présente à cette soirée, rappelant à ma mémoire les liaisons passées, des moments éphémères partagés, désormais révolus. La fin de notre relation n'a jamais été officiellement acceptée de sa part, laissant un flou quant à ses sentiments actuels. Mon seul souhait est qu'elle ne cause aucun tracas à Cassia, surtout maintenant qu'elle s'apprête à reprendre son travail à l'hôpital. « Erin... Tu es une femme inoubliable » je réponds, non sans une dose d'ironie, tentant de désamorcer la tension potentielle de cette rencontre impromptue. « Autant que toi, mon chou... » Elle réplique, laissant sa main effleurer ma joue dans un geste provocateur. Son familiarité me met mal à l'aise, et instinctivement, je recule, cherchant à mettre fin à ce contact non désiré. « Qu'est-ce que tu me veux ? » je l'interroge, ma voix trahissant une pointe d'agacement.« Oh mais je suis simplement venue te saluer, mon cœur » elle rétorque, appuyant sur les mots avec une ironie mordante. Il semble que ma manière d'appeler Cassia plus tôt dans la soirée n'est pas passée inaperçue, attirant l'attention non seulement d'Erin, mais également d'Anna et de Sarah. La tension est palpable dans l'air, presque tangible, alors qu'Erin se tient devant moi, une expression étrangement calme sur le visage, contrastant avec la gravité de ses paroles. « Je suis désolée pour la dernière fois. Je n’aurais pas dû envoyer à Cassia cette vidéo. C’est vrai que cela a dû lui faire un choc de te voir dans les bras d’une autre » elle prononce ces mots sans la moindre trace de remords, comme si l'aveu d'une faute pouvait être dénué de toute forme de repentir véritable. Son détachement m'irrite, révélant un fossé d'incompréhension entre nos perspectives.

Sa confession suivante m'atteint avec une force inattendue, un mélange de surprise et de frustration. « J’ai envie qu’on reprenne là où nous nous en étions arrêtés Milo. Tu me manques. Je suis certaine que Cassia ne te donne pas autant de plaisir que moi, je sais exactement ce que tu aimes… Rappelle toi du plaisir que je te procurais lorsque nous étions ensemble ! » Il y a dans sa voix une sincérité troublante, mais le souvenir de ses actions, de la douleur qu'elle a infligée, non seulement à moi mais surtout à Cassia, éclipse tout vestige d'affection que j'aurais pu ressentir pour elle. Je prends une profonde inspiration, cherchant à canaliser mon agitation en mots mesurés, tout en maintenant la fermeté nécessaire pour qu'il n'y ait aucune équivoque. « Je t’ai dit que c’était fini, Erin. Tu as dépassé les limites de ma patience, pour rester très courtois. Alors nous allons gentiment en rester là. » Chaque mot est pesé, porteur d'une décision irrévocable.

La situation exige de moi une clarté absolue, une résolution sans faille. Le passé avec Erin, quelle que soit la complexité de nos interactions, doit rester derrière nous. La priorité, désormais, c'est le présent, et plus précisément, mon engagement envers Cassia. La douleur et la confusion que l'acte impulsif d'Erin a provoquées ne sont pas des éléments que je souhaite réintroduire dans ma vie.

Face à Erin, je ressens un mélange de détermination et d'apaisement. Les mots coulent de ma bouche avec une clarté cristalline, reflétant une vérité que j'ai longtemps méditée. « Il n’y avait aucun engagement. Tu ne me dois rien et je ne te dois rien. Juste des relations charnelles éphémères. Ce sont là les seuls souvenirs que tu auras de notre pseudo-relation. » Ces paroles, loin d'être cruelles, sont simplement réalistes, dessinant la ligne nette d'une conclusion inévitable. Avant qu'elle ne puisse réagir, avant qu'elle ne tente de m'envelopper à nouveau dans le tourbillon de ses arguments et de ses émotions, je l'interromps. C'est un geste de clôture, un adieu à ce qui fut et ne sera plus. Mon salut est respectueux, mais ferme, marquant la fin d'une conversation et, symboliquement, la fin d'une ère tumultueuse entre nous.

Puis, conscient de l'importance de marquer une transition, pas seulement entre nous mais aussi dans nos vies respectives, j'ajoute : « Je viendrais quand même pour ton pot de départ. Je n’ai pas oublié que tu dois bientôt être mutée. » Cette déclaration, loin d'être une ouverture à la réconciliation, est plutôt un adieu, l'acceptation que nos chemins se séparent définitivement, chacun poursuivant sa route vers des horizons nouveaux. En évoquant sa mutation, je reconnais un tournant dans la vie d'Erin, un changement significatif qui, je l'espère, lui apportera croissance et épanouissement loin de la complexité de ce que nous avons vécu. C'est une façon de lui souhaiter le meilleur, malgré tout, une marque de maturité qui reconnaît que la fin de notre relation est aussi le début d'autre chose pour elle.

Je quitte Erin et ses remords derrière moi, mon esprit et mon cœur tout entiers tournés vers Cassia. Alors que je cherche des yeux sa silhouette dans la foule, un frisson d'anticipation me parcourt. Mais mon élan est brutalement interrompu par une scène qui attire mon attention. L’individu imposant rencontré précédemment, s'approche dangereusement de Cassia et d'Anna. Sans hésitation, je me fraye un chemin à travers la foule, poussé par une urgence soudaine. Ce que je vois ensuite me glace le sang. Alors que le barman est occupé ailleurs, l'homme en question se permet de verser un liquide suspect dans les verres destinés à Cassia et Anna. Mon instinct me hurle d'agir immédiatement, tandis que je les vois, inconscientes du danger, s'apprêter à boire. Les secondes sont comptées. Avec une détermination farouche, je me précipite à leur secours, arrivant juste à temps pour leur arracher les verres des mains. « Arrêtez ! » Ma voix tonne avec autorité, alors que je hume le contenu des verres, confirmant mes soupçons : ce n'est pas juste de l'alcool. Sans une seconde d'hésitation, je jette le liquide au visage de cet homme indigne « Je t’ai déjà dit de la laisser tranquille. »

Face à son regard ahuri, son tee-shirt désormais trempé, il tente une réplique maladroite, s'essuyant le visage avec une grossièreté qui trahit son embarras. Sa tentative de me repousser violemment se solde par un échec lamentable. Il se trouve face à un adversaire de taille : contrairement à lui, je ne suis pas une proie facile. Mon entraînement et ma stature me donnent un avantage indéniable dans ce genre de confrontation. Dans cet instant, tout mon être est focalisé sur la protection de Cassia, faisant fi de la tension et du chaos ambiant. « Si tu es venu prendre ta raclée du soir, je suis ton homme. » lançais-je d’un ton provocateur, prêt à le rendre aussi inapte qu’Andrew.

A présent installés au bar, je venais de commander deux verres. La soirée était déjà bien avancée. Et bien que l’envie de rentrer chez moi avec Milo était très présente, j’avais voulu prendre un dernier verre et profiter un peu de cette soirée en sa compagnie. Une soirée qui, bien qu’elle avait mal commencée, se déroulait maintenant merveilleusement bien. Là, aux côté de Milo je me sentais heureuse, je me sentais à ma place et même légitime d’être à ses côtés. Et surtout d’être la seule et l’unique. Je ne nie pas le fait de beaucoup apprécier les surnoms avec lesquels Milo m’avait nommé ce soir. Et sa réponse me fait sourire « Mais je ne demande que ça... » Ne plus me passer de ces douceurs ? Sans problème. Milo finit par s’approcher de moi,  il me murmure alors à quel point il avait envie de moi, d’autant plus quand je le regardais avec insistance, ce qui passait en effet sans doute pour un air coquin. Je frissonne de par ses mots mais aussi en sentant son doigt glisser doucement sur mon épaule dénudée. Mon regard se plonge dans le sien, je mordille légèrement ma lèvre inférieure « H’m… tu vas finir par me faire regretter d’avoir voulu rester pour prendre un dernier verre... » Mes mots signifiaient que moi aussi j’avais une réelle envie de lui. Le chemin jusqu’à mon appartement allait me paraître une éternité.

Et Anna, qui n’avait pas été bien loin, revient soudainement nous interrompre prétextant devoir avoir une conversation avec moi. Une discussion entre femmes.  Une once de déception s’empara de moi à l’idée de voir Milo s’éloigner mais je savais qu’il ne serait pas loin. D’ailleurs, il me le confirme. Alors après un dernier baiser, le pilote de ligne s’éloigne doucement. Anna s’assure que Milo est assez loin pour se mettre à parler « Vous êtes tellement mignons tous les deux... Un vrai petit couple ! » dit-elle sur son propre petit nuage. « Anna… Je t’ai déjà expliqué, on est pas en couple, pas officiellement... » Mon amie lève les yeux au ciel amusé « Oh, alors vous êtes le plus beau des ‘’non-couple’’ que je connaisse... » dit-elle en imitant des guillemets avec ses doigts. « Sérieusement Cassia, il  t’a appelé ‘’sa femme’’ et te surnomme ‘’son cœur’’… Il vous faut quoi de plus pour vous rendre compte que vous êtes bel et bien un couple ? » Je souris, malgré tout amusée par ses remarques « Je t’ai déjà tout expliqué… On préfère prendre notre temps et ne pas trop s’attarder à étiqueter notre relation. On est bien ainsi, c’est ce qui compte le plus... ». Je jette d’ailleurs un regard vers Milo et je le vois discuter avec Erin. Mais étrangement, je ne crains rien. J’ai toute confiance en Milo. « Elle est vraiment obstinée... » J’esquisse un léger sourire tout en haussant légèrement les épaules « Peu importe, j’ai confiance en Milo et puis Erin va bientôt partir... » Erin serait donc bientôt définitivement une histoire ancienne.

Nos deux verres arrivent enfin, je prend l’un des deux et tend le second à Anna. Nous trinquons alors en souriant de bon cœur. Et alors que le verre s’approche de mes lèvres, Milo arrive précipitamment en nous demandant d’arrêter. Surprise du ton employé, nos regardons Milo avec un air d’incompréhension totale sur nos visages. « Milo, qu’est-ce qui se passe ? » Le pilote de ligne nous prends les verres de main et hume le contenu de ces derniers. Il se retourne alors et lance le contenu du verre sur le visage d’un homme. Je le reconnaissais, c’était celui qui avait cru amusant de me contrarier tout à l’heure. Milo se poste face à l’individu qui ne semble pas vouloir se laisser faire, mais Milo, avec sa carrure imposante, résiste. Il tente une ultime fois de repousser Milo de toutes ses forces. Je ne souhaitais en aucun cas que la situation dégénère. Milo entre dans une colère noire. La dernière fois que je l’avais vu ainsi c’était à cause d’Andrew. Cela ne rappelait pas de très bons souvenirs d’ailleurs, bien au contraire. Je n’hésite pas une seconde, et me poste devant Milo. Ma main valide se posant délicatement sur son visage pour tenter de l’apaiser. « Milo, s’il te plaît regarde moi. Écoute moi... » Je m’assure d’avoir capté l’attention de mon adonis « Laisse le… S'il te plait...  » Je n’avais pas envie qu’il se batte encore une fois. La voix d’Anna qui avait encore son verre dans les mains semble surprise, ahurie même. « Sérieusement, tu as mis un truc dans nos verres ? Mais faut être malade pour faire une telle chose ! » dit-elle en s’adressant à l’homme encore un peu trop éméché. C’est alors que le compagnon d’Anna s’approche d’elle puis se poste au coté de Milo « Tu devrais partir. » dit-il à l’homme alcoolisé, d’un ton ferme voir autoritaire.

La colère bouillonne en moi, une tempête furieuse qui menace de tout emporter sur son passage. Chaque battement de mon cœur résonne comme un tambour de guerre, alimentant ma fureur à l'image de cet homme, ce prédateur, versant son poison dans les verres de Cassia et d'Anna. L'idée même de ce qui aurait pu arriver si je n'étais pas intervenu à temps me hante, transformant mon indignation en un brasier ardent, prêt à consumer toute rationalité. Alors que cet individu se plaint, poussé par le compagnon d'Anna à quitter les lieux, je sens une lutte intérieure déchirante. La présence de Cassia, si proche, agit comme le seul ancrage me retenant de le précipiter vers une fin méritée. Sa main, délicate et rassurante, se pose sur ma joue, un geste de paix dans le tumulte de ma colère. Elle cherche mon regard, ses yeux plongés dans les miens, tentant de briser la tempête qui fait rage en moi. Ses mots m'atteignent comme à travers un voile, ma rage rendant leurs échos presque inaudibles.

Cassia, avec une douceur infinie, me demande de lâcher prise, de laisser cet homme, de fixer mes yeux uniquement sur elle. Chaque fibre de mon être se tend, ma mâchoire se serre jusqu'à la douleur, les muscles de mon visage se crispent dans un effort surhumain pour contenir l'explosion imminente. Mon poing reste fermement serré, comme s'il pouvait à lui seul exprimer l'intensité de ma colère et mon désir de justice.L'idée de cet acte ignoble, cette violation de la confiance et de la sécurité, ravive en moi une flamme sombre. Dans cet instant, je ne ressens ni pitié ni clémence. La pensée de ce qu'il a failli faire subir à Cassia me consume. Dieu pardonne, mais pas moi ce mantra tourne dans mon esprit, un rappel constant de la frontière que je suis prêt à franchir pour ceux que j'aime.

Cependant, c'est le regard de Cassia, empli d'une inquiétude teintée d'amour, qui me rappelle qui je suis et ce qui est réellement important. Sa présence, son toucher, sont les seules forces capables de tempérer la tempête en moi. Dans ses yeux, je trouve la force de reprendre le contrôle, de canaliser cette colère non pas en violence, mais en une détermination inébranlable de protéger, de veiller sur notre avenir commun. La rage demeure, un feu couvant sous la cendre, mais c'est l'amour, finalement, qui guide ma main vers la paix, plutôt que vers le conflit.

Dans l'air électrique de la soirée, une voix se détache, tranchante et inattendue. Erin. Son nom résonne dans ma tête comme un écho indésirable, ajoutant une couche de complexité à un moment déjà saturé d'émotions. « Vas-y Milo !! » Son cri perce le tumulte environnant, une incitation dangereuse, presque jubilatoire, à franchir le point de non-retour. Sa voix, chargée d'une excitation perverse, semble vouloir me pousser à l'irréparable, à céder à cette rage primitive qui bouillonne en moi.

Erin, dans son étrange jeu de provocation, semble trouver un malin plaisir à me voir au bord de l'explosion. Elle me pousse délibérément à bout, ses encouragements sonnant presque comme des acclamations dans l'arène d'un combat où elle serait spectatrice. Son comportement, loin d'apaiser ma tempête intérieure, ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu. « Tu es plus sexy lorsque tu t’énerves ! » hurle-t-elle, un verre à la main, sa voix se frayant un chemin à travers le chaos ambiant, exacerbant encore ma frustration. « Et encore tu ne l’as pas vu au lit… » confie-t-elle à l’une de ses amies.

Cette phrase, criée avec une exubérance déplacée, révèle une fascination malsaine pour le spectacle de ma colère. Erin, dans son insouciance ou peut-être sa recherche d'attention, ne semble pas comprendre l'ampleur de la situation, ni le danger de ses encouragements. Sa remarque, loin d'être un compliment, sonne comme une dérision, un défi lancé à ma maîtrise de soi. Elle se délecte visiblement de cette tension, de ce conflit, trouvant dans ma colère une forme de divertissement, ignorant complètement les enjeux réels et les conséquences potentielles de ses paroles.

La soirée continuait de se dérouler merveilleusement bien. En pleine conversation amicale avec Anna, alors que nous venions de trinquer ensemble, Milo arrive précipitamment vers nous en nous ordonnant d’arrêter et de ne pas boire le contenu de nos verres. Bien vite, nous comprenons. Nous comprenons que nous venions de passer, fort heureusement, à côté d’un acte de trahison. Que serait-il arrivé si nous avions bu toutes les deux le contenu de notre verre respectif ? Je n’osais à peine l’imaginer. Jay le copain d’Anna ordonne d’une voix ferme à individu alcoolisé de quitter les lieux.  Quant à moi, je tente d’apaiser Milo. De capter son attention, afin de l’apaiser et de canaliser sa colère pour ne pas qu’il cède à cette dernière en se lançant dans une autre altercation.

Et alors que Milo semble vouloir la paix plutôt que la guerre, la voix d’Erin se fait entendre non loin de nous. Cette dernière ne trouve rien de mieux que d’encourager Milo, non pas à laisser couler mais au contraire à se battre. Si je décide d’ignorer sa première remarque je ne peux décidément pas le faire pour la deuxième. En plus d’anéantir tous mes efforts pour canaliser la rage de Milo, cette dernière faisait ouvertement comprendre à qui pouvait l’entendre qu’elle le trouvait à son goût. « Erin, la ferme tu veux bien !? » dis-je en lui lançant un regard noir. Mais ma collègue ne s’arrête pas en si bon chemin. Elle ajoute, certes dans un timbre de voix plus bas, mais audible pour ma part que Milo était encore plus sexy au lit. Cette remarque me touche, elle me blesse même. Me rappelant que Milo avait eu une liaison avec elle. Une liaison dont elle se vantait à chaque fois qu’elle en avait l’occasion. « Et si tu changeais de discours pour une fois ? Cela doit au moins faire la troisième fois de la soirée que tu dis ça d'un homme... » dis-je de manière virulente. Mes paroles sous entendaient parfaitement qu'Erin était une véritable prédatrice avec les hommes et qu'elle enchainait les relations sans aucun scrupule. Qu'elle apprécie ou non mon sous entendu je m'en fichais. Elle m'avait cherché, elle m'avait trouvé.

Je me rapproche davantage de Milo, prenant sa main dans la mienne. « Laisse, il n’en vaut pas la peine. Vraiment pas… Reprenons la soirée, notre soirée... S'il te plait, pour moi...» dis-je d’une voix douce à son égard. Je n'avais pas envie d'être le témoin d'une violente bagarre incluant Milo, ni voir sur son corps les stigmates d'une telle altercation. Pas encore.

Le regard que Cassia lance à Erin est chargé d'une intensité électrique, un mélange de frustration et de désapprobation qui semble vouloir transpercer l'air. Erin, dans son élan provocateur, continue de m'inciter à l'affrontement, trouvant un plaisir malsain dans l'idée de me voir perdre le contrôle. À l'opposé, Cassia, avec une patience et une sagesse qui lui sont propres, tente de m'apaiser, de me rappeler que céder à la colère n'est pas la solution. La tension entre leur deux approches est palpable, chaque parole d'Erin attisant davantage les flammes de mon irritation, tandis que Cassia, par sa seule présence, agit comme un baume sur mes nerfs à vif. La dernière provocation d'Erin ne laisse personne indifférent, surtout pas Cassia, dont la réaction face à cette escalade verbale est un mélange de dégoût et d'inquiétude. Je me retrouve déchiré entre l'envie de mettre cet homme, dont le comportement frôle l'indéfendable, à sa place, et le désir de ne pas décevoir Cassia. Sa demande réitérée de laisser tomber, de ne pas accorder à cet individu l'importance qu'il cherche désespérément à obtenir, résonne profondément en moi. Lorsqu'elle saisit ma main, son contact agit comme une ancre, me ramenant à la raison, calmant la tempête qui fait rage en moi.

C'est sa présence, son influence, qui me permet de commencer à redescendre en pression. Parce que c'est elle. Parce que son opinion, son bien-être, pèse plus lourd dans la balance que n'importe quelle provocation extérieure. Lorsqu'elle me demande de laisser cet homme, de ne pas réagir avec violence, un doux sourire vient naturellement adoucir mes traits tendus. « Uniquement pour toi… » Ces mots s'échappent de mes lèvres, un murmure qui scelle ma décision de tourner le dos à la confrontation.

Mais alors que je m'apprête à me détourner, à laisser derrière moi cet incident désagréable, les commentaires méprisants de l'homme, insinuant ma faiblesse et ma dépendance envers Cassia, ravivent les braises de ma colère. C'en est trop. Un regard échangé avec Jay, mon complice dans cet instant de tension, confirme que nous partageons le même sentiment. Anna, de son côté, tente de calmer les esprits, mais il est désormais clair que la situation requiert une intervention plus directe. Sans un mot, Jay et moi nous coordonnons, saisissant l'importun chacun par un bras, et avec une détermination silencieuse, nous nous frayons un chemin à travers la foule. Notre marche est résolue, chaque pas nous rapprochant de la sortie, où nous lui administrons un dernier message clair sous forme de coups de pied, un adieu sans cérémonie à son comportement inacceptable. En nous essuyant les mains, un geste symbolique marquant la fin de cet épisode désagréable, nous ressentons tous deux une sorte de soulagement, mêlé à l'espoir que cette leçon sera suffisante pour décourager de futurs comportements similaires.

Alors que je me hâte de retrouver Cassia, le cœur alourdi par les récents événements, une ombre familière s'immisce dans mon champ de vision. Erin, avec une démarche empreinte de défi, s'avance vers Cassia. Ses mots, empoisonnés de rancœur, se déversent avec une facilité déconcertante. « J’ai bien dit à Milo que tu ne pourrais pas le rendre heureux, la preuve. Tu le castres. Il n’est plus lui-même. Je ne l’ai jamais vu obéir à quelqu’un et toi, il t’écoute… » Chaque syllabe prononcée par Erin est une flèche empoisonnée, visant non seulement à blesser Cassia mais aussi à semer le doute quant à la nature de notre relation. Mon pas se fait plus pressant, mon cœur bat à tout rompre alors que j'assiste, impuissant, à cette attaque verbale. Mais je refuse de laisser Erin poursuivre son assaut sans réplique. Avec une détermination renforcée par l'amour et la loyauté que je porte à Cassia, je m'interpose, un rempart entre la malveillance d'Erin et la douceur de Cassia. « Erin ça suffit ! Je suis très heureux avec Cassia et ça... Tu ne pourras pas me le retirer ! Ni l'effacer ! » Mes mots sont fermes, tranchants, une déclaration sans équivoque de mon bonheur et de mon engagement envers Cassia, indépendamment de l'opinion d'Erin ou de quiconque. Sans attendre de réponse, sans accorder à Erin le pouvoir de nuire davantage à ce moment, je me tourne vers Cassia. Son visage, reflet de tant d'émotions, me rappelle instantanément pourquoi chaque épreuve vaut la peine d'être surmontée, pourquoi chaque choix menant à elle est le bon. « On y va, mon Cœur ? » Ma voix, teintée d'une tendresse inébranlable, cherche à la rassurer.

La situation était soudainement devenue très tendue. Une forte tension était omniprésente entre Milo et l’individu mal attentionné. Alors que je tentai d’apaiser Milo, le persuader de ne pas entrer dans une échauffourée risquant ainsi de se blesser et de blesser autrui, Erin décide d’envenimer la situation avec des commentaires inopportuns. Dans un premier temps, je tentai d’ignorer ses remarques mais ce fut au-delà de mes forces. Tout en lui lançant un regard noir, je lui demandai de se taire et en même temps de changer un peu son discours. Toute la soirée elle avait dû complimenter de nombreux hommes qui étaient passé dans son lit. Et là, elle le faisait à l’égard de Milo et devant moi. Sans nul doute dans l’objectif de me blesser. C’était réussi. Finalement, Milo semble vouloir m’écouter et ne pas céder à la colère. Pour moi. « Merci... » soufflai-je légèrement, d’un air soulagé. Malheureusement l’individu éméché se permet de manière très méprisante le refus de Milo quant au fait se se battre. Le pilote de ligne change de direction, échangeant un regard à Jay au passage. Les deux hommes saisissent alors l’individu et se frayent un chemin jusqu’à la sortie. J’allai protester mais apparemment l’objectif était avant tout de le sortir de cette salle. Anna me lance un regard rassurant. Les convives qui avaient été interpelé par cet incident retourne alors aux festivités. Tous sauf une. Erin. La jeune femme s’avance vers moi, sûre d’elle. Elle commence alors à déverser son venin sur moi, encore. Ses mots me blessent, ses mots m’horripilent même. « De quoi je me mêle !? Et si tu allais voir ailleurs ? Tu n’as rien d’autre à faire ? Il y a bien un ou deux hommes présents ici que tu n’as pas encore mis dans ton lit... » dis-je en faisant quelques pas vers elle. Si Erin pensant m’intimider, elle se trompait. Oui j’étais blessé mais pas question de le lui montrer. Et si elle voulait que je lui montre de quoi j’étais capable, je le ferai. Même avec une épaule blessée. « Non mais attends, tu insinues que je suis une fille facile !? » Je reste inébranlable devant elle  « Finalement, tu es plus futée que tu n'y parait...  » dis-je d'une voix glaciale. Milo arrive et s’interpose entre nous deux. Le pilote de ligne réprimande Erin. Et sans doute dans le but de mettre un terme à cette joute verbale, Milo propose qu’on s’en aille. La manière dont il s’adresse à moi m’apaise un peu, me donne du baume au cœur. « Oui, je te suis... » dis-je en me postant à ses côté, non sans lancer un dernier regard à Erin.

Après avoir salué brièvement Anna et Jay, nous quittons alors l’établissement pour rejoindre le parking, main dans la main. Je reste silencieuse. Je tentai d’encaisser tant bien que mal les paroles d’Erin. Une fois arrivés près de ma voiture, je sors les clés du véhicule de mon sac à main. Je m’empresse également de retirer mon écharpe. Je ne pouvais pas conduire avec, mais cela n’était pas gênant. J’étais venue seule tout à l’heure et je reconduisais depuis quelques jours sans problème. Je sans le regard de Milo sur moi. Interrogateur et sans doute réprobateur également. « Ça va, je peux conduire. Je t’assure... » Je portais de moins en moins souvent l'écharpe, seulement pour me soulager après une longue journée. J'étais apte à nous véhiculer.