J’avais toujours apporté beaucoup d’importance à l’honnêteté. Encore plus au sein d’une relation qui dépassait la simple amitié. Le fait que Milo ait ressenti ce besoin de me parler de son entrevu avec Sarah me touchait énormément. Et à mon tour, je me devais d’être la plus honnête possible envers lui. Et cette honnêteté passait par une révélation. J’avouais donc à Milo que je l’avais vu hier soir avec Sarah et que cette dernière était une amie d’Anna, je continue alors mes brèves explications sur ce qui s’était déroulé ensuite. Il n’était pas question que je cache quoi que ce soit à Milo. Toutefois, je ne pouvais m’empêcher d’appréhender une mauvaise réaction de sa part. Dans un premier temps, le pilote de ligne semble surpris. Mais bien vite je comprends que tout cela n’était qu’une façade. Le visage de Milo s’adoucit avant de rire légèrement annonçant que tout allait pour le mieux. Je prolonge tendrement le baiser qu’il offre tout en resserrant mon étreinte, soulagée. Milo me questionne quant à mes craintes. Il m’embrasse à nouveau. « Tu le sais bien... » dis-je en faisait une petite moue. Nous en avions en effet déjà parlé un peu. « Elles concernent principalement ton exclusivité à mon égard... » finis-je par dire finalement. Mais avec ce que j’avais vu et entendu hier soir, je pense que mes craintes n’étaient plus fondées. « Enfin, je devrais peut-être dire qu’elles concernaient ton exclusivité... » Oui, après hier soir mes craintes étaient devenues infimes. J’avais toute confiance en Milo. Hier soir, il avait bien prouvé que j'étais la seule qui comptait à ses yeux.

Le pilote de ligne n’est pas étonné d’une telle mascarade venant de la part d’Anna. Milo me questionne en suite sur ce que j’avais pu pensé en le voyant refuser les avances de Sarah. Je prolonge tendrement le baiser qu’il m’offre à nouveau. « J’ai pensé que j’avais raison de te faire confiance. Et que je savais que tu arriverais à changer... » Mon regard se plonge dans le sien « Te voir refuser ses avances m’a comblé de bonheur… Tu n’imagines pas à quel point... » dis-je en venant effleure mes lèvres contre les siennes avant de venir l’embrasser avec une douce passion. Mes paroles étaient plus que sincères et remplie d'émotions.

« L'exclusivité… » Le mot roule sur ma langue, résonnant dans l'air entre nous avec une gravité nouvelle. C'est un concept que j'ai longtemps contemplé de loin, presque avec une certaine méfiance, comme une terre étrangère dont j'ignorais les contours et les promesses. Mais à côté de Cassia, ce terme prend une couleur différente, teintée d'émotions et de significations que je n'avais jamais envisagées auparavant. La tentation de m'éloigner, de retrouver une familiarité dans la distance, me titille un instant, une vieille habitude née de la peur de l'engagement total. Est-ce ainsi que se définit une relation classique ? L'exclusivité dans sa forme la plus pure, une promesse de se donner entièrement à l'autre, sans partage, sans détour ? Un simple acquiescement, un mouvement de tête vient confirmer ma compréhension, bien que l'ombre de l'appréhension plane encore au-dessus de moi. L'exclusivité, ce pacte silencieux entre deux âmes qui choisissent de se lier l'une à l'autre, m'inspire une crainte doublée d'une étrange excitation.

La conscience du poids de mes actions, de leur impact sur le bonheur de Cassia, me pèse lourdement sur le cœur. Son aveu, celui que la situation de la veille l'a comblée, résonne en moi avec une intensité surprenante, éveillant un mélange complexe d'émotions. C'est une joie pure de savoir qu'elle se sent ainsi, mais en même temps, un sentiment de peur insidieuse commence à prendre racine dans les profondeurs de mon être, une peur que je m'efforce de camoufler derrière un masque de sérénité. Nos lèvres se rencontrent dans un baiser qui se veut rassurant, un geste d'affection qui cherche à masquer le tumulte intérieur qui me consume. Je m'écarte doucement, mes yeux plongés dans les siens, cherchant peut-être inconsciemment à y trouver un signe, une raison qui justifierait de repousser cette peur, de l'affronter plutôt que de la fuir. « Je vais te préparer un petit déjeuner et… » Ma voix s'effiloche dans l'air, suspendue à un et qui semble porter tout le poids de mon incertitude. Et quoi, en effet ? La suite de ma phrase reste en suspens, comme si prononcer ces mots tout haut pourrait solidifier une réalité que je ne suis pas tout à fait prêt à affronter. L'idée de fuir, de m'éloigner sous un prétexte banal, m'effleure l'esprit, une solution de facilité qui tente mon cœur chancelant.

L’évocation de mon retour imminent sur New-York me fournit le motif parfait, une excuse tangible derrière laquelle me réfugier. C'est un motif classique, certes, mais qui dans le contexte actuel, se drape d'une urgence nouvelle, d'une nécessité de prendre du recul, de respirer, de réfléchir.  Pourtant, au fond de moi, je sais que cette distance, cet éloignement physique, n'est qu'une tentative vaine de mettre en pause les questions qui tournent en boucle dans mon esprit, les doutes qui s'insinuent entre les certitudes. Ce n'est pas le bonheur de Cassia que je crains de gâcher par ma seule présence, mais plutôt l'idée terrifiante que mon incapacité à affronter mes propres peurs, à m'engager pleinement, ne finisse par éroder la confiance et l'amour qui nous lient. Alors que je me détourne, l'intention de préparer le petit déjeuner servant de façade à mon besoin de répit, une part de moi se rebelle contre cette fuite, cette facilité.

Je trouvais cela très appréciable et libérateur de pouvoir parler sans gêne et sans crainte. Ce matin, nous avions fait part tous les deux d’une grande honnêteté l’un envers l’autre. Et je ne pouvais pas nier que j’étais en partie soulagée d’avoir échangé sur cette soirée de la veille avec Milo. Bien que notre relation ne soit pas officielle ni étiquetée d’une quelconque manière, ce que j’avais pu voir hier soir m’avait immensément soulagée. Et cela m’avait également conforté dans l’idée que je pouvais avoir entièrement confiance en Milo.

Nous échangeons un dernier baiser avant que Milo ne s’écarte doucement avant de m’annoncer qu’il allait me préparer un petit déjeuner. Et… Le pilote de ligne laisse sa phrase en suspens. Je lui laisse quelques secondes mais j’avais la sensation que Milo ne comptait pas terminer sa phrase. « Et quoi ? » demandai-je un peu amusée dans un premier temps. Je me lèvre à mon tour du lit, uniquement vêtue de la chemise de Milo. En voyant ce dernier quelque peu perplexe, je crains d’avoir été trop loin dans mes paroles. Je savais ô combien il avait du mal avec ce terme d’exclusivité. Peut-être que je n’aurais pas du en parler. Ma main attrape la sienne, « Milo, tu sais que nous avons le temps, n’est-ce pas ? Je te l’ai dit je ne peux pas qu’on précipite les choses ni te brusquer... » J’avais ressenti le besoin de lui dire à nouveau, pensant que son air soudainement pensif venait de cette conversation toute récente. A moins que cela était dû à tout autre chose ? Milo avait toujours eu sa part de secrets, une petit jardin secret qu’il gardait bien pour lui. J’amène sa main à mes lèvres pour déposer un furtif baiser dans la paume de cette dernière « Je vais t’aider à préparer le petit déjeuner. » proposai-je en remettant rapidement le lit en état avant de songer à quitter la pièce.

Certains regards ont le pouvoir de transformer, de déplacer des montagnes d'incertitudes en un instant. Le regard de Cassia fait partie de ceux-là, porteur d'une chaleur et d'une assurance qui, pour un temps, semblent dissiper mes appréhensions. Ses mots me bercent dans une sécurité éphémère, une bulle de réconfort au sein de laquelle je me permets de relâcher ma garde. Cependant, cette tranquillité d'esprit est fugace, bientôt assiégée par un retour de craintes insidieuses, une marée montante d'angoisse à l'idée de ce que l'avenir nous réserve. « Me brusquer… » Je répète ses mots avec un sourire espiègle, tentant de maintenir une légèreté dans notre échange. « Tu ne crois pas qu’il soit un peu trop tard pour cela ? » La question s'envole, portée par un ton qui se veut badin, mais sous-tendue d'une vérité plus profonde. Notre première étreinte, ce premier baiser partagé, a été le catalyseur d'un bouleversement dont l'ampleur me dépasse encore. Depuis cet instant, ma vie a pris une direction inattendue, un tourbillon d'émotions et de changements qui, bien que déroutant, m'a ouvert à une réalité plus vibrante, plus intense. Au fond de moi, une voix me murmure que, peut-être, tout était écrit depuis le début.

Le baiser que Cassia dépose sur ma main, doux et rassurant, est une ancre dans le tumulte de mes pensées. Ensemble, nous nous attelons à la tâche domestique de refaire le lit, un acte quotidien qui, dans sa simplicité, renforce notre complicité. Puis, m'approchant d'elle par derrière, je l'enlace, mes lèvres trouvant le chemin de son cou dans un geste tendre, une affirmation silencieuse de mes sentiments. « Tu sais que je suis incapable de te résister ? » La question, bien que rhétorique, est chargée d'une confession voilée, l'aveu d'une vulnérabilité. « Tu dis que nous avons le temps… Mais je sais que tu ne m’attendras pas éternellement. Un jour tu en auras assez d'attendre que je sois prêt... Je le sais déjà... » Ces mots, lâchés alors que nous rompons notre étreinte pour nous diriger vers la cuisine, portent en eux le poids de mes inquiétudes, l'écho de ma peur la plus profonde. Ce n'est pas tant l'idée d'attendre qui m'effraie, mais plutôt celle de la perdre.

Dans le silence de la cuisine, où le seul son est celui de l'eau frémissante versée délicatement sur les feuilles de thé, je me trouve confronté à mes propres pensées, à l'incertitude qui me taraude. Préparer le thé de Cassia est un geste presque méditatif, une tentative de trouver la paix dans le rituel, mais aussi un moyen de repousser, ne serait-ce que pour quelques instants, les questions qui assiègent mon esprit. « Attention, il est brûlant. » Mon avertissement, prononcé en posant sa tasse sur le plan de travail, rompt brièvement le silence qui s'est installé entre nous. « Tu veux que je te prépare quelque chose en particulier ? » Ma question, bien que formulée avec légèreté, cache une nervosité croissante quant à la direction que prend notre conversation, ou plutôt son absence.

Au fond de moi, je sens la présence obsédante de cette notion d'exclusivité, un concept avec lequel je lutte intérieurement. L'approche imminente de mon départ pour New-York ne fait qu'exacerber cette tension, cette peur latente de l'inconnu qui accompagne l'idée de m'engager pleinement, exclusivement, avec Cassia. Ma nature, ma tendance à flirter, à chercher la compagnie éphémère d'une nouvelle conquête, se heurte à la réalité d'un sentiment profond et inébranlable que j'éprouve pour elle. Cassia a réussi là où d'autres ont échoué ; elle m'a montré le chemin vers une relation stable, une intimité qui dépasse l'attrait de la nouveauté.

Pourtant, en cet instant, alors que je lui sers son thé, je choisis de taire mes doutes, de mettre en sourdine les questions sur Erin et tout ce qui pourrait troubler la quiétude de ce moment. C'est un acte de lâcheté, peut-être, ou une tentative maladroite de protéger ce que nous avons construit jusqu'ici. Mais au plus profond de moi, je sais que cette stratégie ne pourra être que temporaire. Les questions non posées, les conversations éludées ne font que retarder l'inévitable affrontement avec mes propres peurs, avec la réalité.

Conscience que cette notion d’exclusivité était encore difficile pour Milo, je m’étais empressée de le rassurer en rappelant une conversation que nous avions eu il y a quelques temps déjà. Je ne voulais en aucun cas le brusquer Toutefois, j’avais la sensation que cela était déjà fait. Et la question de Milo le confirme bel et bien. Sur le moment je m’en veux même d’avoir évoqué mes craintes, encore une fois. Sans doute aurai-je mieux faire de ne pas répondre à la question de Milo, ou alors de rester évasive. « Ce n’est pas ce que je voulais... » dis-je dans un léger souffle comme pour m’excuser de lui avoir donné cette sensation de précipitation.

Avant de quitter la chambre je m’affaire à refaire le lit correctement. Un moyen sans nul doute aussi de détourner la conversation et le regard. Milo, toujours volontaire pour m’aider, me donner un coup de main pour que cette tâche ménagère bien que légère soit encore plus rapide. Et quand le pilote de ligne s’approche de moi par derrière, m’enlace et que ses lèvres viennent déposer un baiser dans mon cou, c’est tout mon corps qui frissonne face à cette exquise douceur. Sa question rhétorique me fait d’abord sourire. Mais ce qu’ajoute Milo ensuite l’estompe petit à petit. Le jeune homme souligne le fait que même si je répétais que nous avions le temps, il savait que je ne l’attendrais pas éternellement. Milo craignait sans doute qu’un jour j’en ai assez d’attendre. C’est là que je compris que le chemin serait sans doute encore long, très long. Milo ne devait sans doute absolument pas se sentir prêt à s’engager pleinement. « Tu ne peux pas en être certain... » dis-je simplement. Comment savait-il déjà que je ne l’attendrait pas indéfiniment ? Difficile à dire quand on ignorait l’étendue de mes sentiments pour lui.

Une fois à la cuisine, Milo s’attarde à faire chauffer de l’eau pour préparer du thé. Je prends place à la cuisine, attendant que cette boisson chaude si réconfortante à mon goût soit prête. Milo dépose la tasse de thé devant moi m’alertant quant à la température de ce dernier. « Merci beaucoup » Le jeune homme me demande ensuite si je souhaitais qu’il me prépare quelque chose en particulier. Son attention laisse échapper un léger sourire « Non merci, un thé fait amplement l’affaire. C’est parfait... » dis-je le plus sincèrement du monde.

Alors que je m'affaire à nettoyer le plan de travail, mon esprit est en proie à une lutte interne, une bataille entre le désir de transparence et la peur de ce que cette vérité pourrait engendrer entre Cassia et moi. Chaque mouvement est calculé, chaque geste un peu trop méticuleux, tout cela dans l'espoir dérisoire de retarder l'inévitable. Je m'emploie à éviter son regard, sachant pertinemment que les yeux de Cassia sont comme un miroir de l'âme, capables de révéler les non-dits, de sonder les profondeurs de mes incertitudes.

Une fois la cuisine rendue à son état impeccable, un semblant de courage se fraye un chemin à travers mes hésitations. Il est temps de reprendre notre conversation, de faire face à ce qui doit être dit, même si chaque mot me coûte. « Tu n’y es pour rien, Cassia. C’est moi… Juste moi. Je… » Les mots sortent de ma bouche, maladroits et incomplets, un aveu en demi-teinte de mes propres failles. « Comment as-tu fait pour pouvoir être dans des relations stables, Cassia ? » La question me brûle les lèvres alors que je prends place face à elle, cherchant dans son expérience la clé qui me manque, cette sagesse relationnelle qui semble m'échapper. « Tu sais moi… Enfin les relations sérieuses, ce… Enfin tu me connais. » Mon aveu est teinté d'une vulnérabilité rare, un aveu que, dans le domaine des sentiments durables.

Je ris jaune en pensant que le nombre de mes relations sérieuses pourrait se compter sur les doigts d'une main, voire la moitié d'une main. C'est un constat qui, dans d'autres circonstances, aurait pu m'amuser. Mais face à Cassia, face à la possibilité d'une vie partagée fondée sur l'engagement et la confiance, ce constat devient un gouffre, une source d'angoisse quant à ma capacité à être l'homme qu'elle mérite, à lui offrir la stabilité et la profondeur d'affection qu'elle incarne si naturellement.

Rétrospectivement ma vie sentimentale, les relations stables apparaissent comme des oasis éphémères dans un désert d'engagements fugaces. Chacune de ces rares expériences, si on peut les nommer ainsi, tient plus de l'exception que de la règle. Pourtant, ces liaisons, aussi sincères qu'elles aient pu être dans l'instant, se comptent sur les doigts d'une main, voire sur la moitié d'une main. Ce n'est pas tant le nombre de ces relations qui pèse sur moi, mais plutôt ce qu'elles révèlent de mon incapacité à maintenir, à nourrir ces liens dans la durée. Comme des feuilles portées par le vent d'automne, elles ont glissé de mes doigts, laissant derrière elles un mélange de mélancolie et de résignation, une acceptation tacite que peut-être, je n'étais pas fait pour l'amour durable, pour ces histoires qui résistent aux tempêtes, qui se fortifient avec le temps.

Chaque tentative, chaque incursion dans le monde de l'engagement sérieux a été pour moi une leçon, parfois dure, souvent précieuse. J'ai appris sur moi-même, sur mes peurs, sur mes désirs. J'ai découvert mes propres failles, mes réticences à m'ouvrir pleinement, à me laisser vulnérable face à l'autre. Et avec chaque fin, avec chaque séparation, je me suis un peu plus convaincu que peut-être, l'amour pérenne n'était pas dans les cartes que le destin m'avait distribuées.

Une fois ma tasse de thé en mains, un léger silence s’installe entre nous. Je ne suis pas dupe, j’ai conscience sur ce silence est engendré à nos paroles récentes qui avaient été échangé dans la chambre. Mon regard ne quitte pas Milo qui s’affaire à nettoyer le plan de travail déjà très propre. Je le connais, il a cet air songeur sur son visage. Finalement, Milo se décide à briser ce silence. Il prend la parole pour me dire que je n’y étais pour rien, que ça venait de lui. Sans pour autant terminer sa phrase, comme si il cherchait ses mots pour réussir à exprimer ce qu’il ressentait réellement tout au fond de lui. Mon regard ne le quitte pas une seule seconde, l’incitant sans nul doute à poursuivre sur sa lancée. Le pilote de ligne de termine pas sa phrase, toutefois il enchaîne avec une question me concernant. Une question qui, je dois bien l’avouer, me prend un peu au dépourvu. Mon regard perplexe, le suit alors qu’il s’installe en face de moi. « Je ne crois pas qu’il existe une manière de faire… C’est juste que… quand je me sens bien avec quelqu’un, j’ai simplement envie de rester, de partager, d’aimer, d’apprendre, de construire... » Une relation saine pouvait s’avérer être en effet très enrichissante. « J’ai sans doute été aidé malgré tout par ma volonté de toujours vouloir avoir un point d’ancrage... » ajoutai-je dans une douce confession.  « On va dire que ça fait sans doute parti de mon caractère...» Nous étions tous bien différents. Chacun ayant ses propres valeurs, son propre caractère. Milo se confie sur ses relations sérieuses, ne voulant pas trop donner de détails mais il n’avait pas besoin de le faire. Oui je savais. Oui je le connaissais. « Je sais Milo, je sais... » dis-je pour qu’il ne se sente pas obliger d’en dire d’avantage, surtout si ce genre de confessions le rendaient mal à l’aise. C'est étonnant que l'on s'entendent si bien depuis toutes ces nombreuses années, alors que nous pouvions parfois avoir une vision complètement différente pour certaines choses.

Dans la quiétude de notre espace partagé, mon acquiescement silencieux semble suspendre le temps, un simple hochement de tête lourd de non-dits et de révélations muettes. Cassia, qui partage mon quotidien depuis si longtemps, connaît les contours et les ombres de mon cœur mieux que quiconque. Elle sait, sans que j'aie besoin de le dire, que les relations durables et moi avons toujours semblé naviguer sur des eaux tumultueuses, rarement en harmonie, souvent à contre-courant. La vérité, celle qui pèse sur mes épaules comme un fardeau invisible, c'est la peur viscérale de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à combler Cassia de bonheur, à lui offrir le monde de joie et de contentement qu'elle mérite tant. Cette appréhension s'enracine profondément en moi, une ivraie parmi les fleurs de nos moments partagés, menaçant de les étouffer avant qu'elles n'aient pleinement éclos. « Je vais m’aérer la tête. Tu as besoin de quelque chose ? » Ma question, émise dans un souffle, est une échappatoire, un moyen de m'éloigner de l'intensité de ce moment, de cette conversation qui me dévoile, me rend vulnérable. Le « ou de quelqu’un » qui suit en silence dans mon esprit est un aveu que je ne peux me résoudre à formuler à voix haute, une reconnaissance de mes propres limites, de mes peurs.

Cette fois-ci, contrairement à notre rituel habituel, je ne dépose pas de baiser sur les lèvres de Cassia avant de partir. Au lieu de cela, je me contente d'un regard, un échange muet qui transporte avec lui toute la complexité de mes sentiments, tout le tumulte de mon être. En enfilant ma veste, je sens le poids de ce moment, un poids qui semble marquer un tournant, une prise de conscience aiguë de ce que signifie vraiment aimer quelqu'un : la peur de ne pas suffire. Alors que je franchis le seuil, l'air frais du dehors m'accueille, un contraste bienvenu avec la chaleur de notre foyer. Mais même dans cette tentative de m'éloigner, de trouver un peu d'air et de clarté, je sais au fond de moi que toutes les réponses que je cherche, tous les apaisements dont j'ai besoin, se trouvent non pas dans la fuite, mais dans le courage de faire face à ces peurs, de les partager avec Cassia.

L'air frais me caresse le visage tandis que je déambule sans but précis dans les rues encore calmes de la ville. La liberté momentanée de ne pas avoir de destination fixe est un soulagement, un espace pour respirer, pour réfléchir loin de la pression des derniers événements qui ont, sans prévenir, secoué les fondations de ma vie. C'est dans ce mouvement, cette fuite temporaire du confort et de la sécurité de l'appartement de Cassia, que je cherche désespérément un peu de clarté, un signe me guidant vers la réponse à mes tourments intérieurs.

Devant une agence immobilière, je m'arrête, mes yeux se perdant machinalement sur les annonces affichées derrière la vitrine. Les images de maisons aux jardins verdoyants, aux pièces baignées de lumière, esquissent des rêves de stabilité, de futur partagé. À mes côtés, un couple s'arrête, leur conversation remplie d'espoir et de projets pour leur nid d'amour me parvient. L'homme, dans un geste tendre, pose sa main sur le ventre arrondi de sa compagne, une promesse silencieuse d'un avenir ensemble, d'une famille en devenir. Leur bonheur, si simple et pourtant si profond, me frappe avec la force d'une révélation. Je les observe, un sourire naissant sur mes lèvres, un sourire qui cache une pointe de mélancolie, une envie presque étrangère de ce genre de futur. Je me demande, avec un pincement au cœur, si je suis capable d'offrir à Cassia ce tableau de vie idyllique : une maison remplie de rires, un compagnon à quatre pattes courant dans le jardin, le bonheur d'une famille grandissante.

Cette question, aussi effrayante qu'elle puisse être, soulève en moi des doutes profonds sur ma capacité à m'engager, à construire avec Cassia un avenir à la mesure de ses rêves, de ses désirs. L'idée de la décevoir, de ne pas être à la hauteur des attentes d'une vie partagée, m'assaille

Je sais que l’idée de l’engagement effrayait au plus haut point Milo. Je le savais bien avant que notre relation évolue. Je n’avais malheureusement pas de réponse claire et précise à lui donner sur la manière de faire pour pouvoir s’engager dans une relation sérieuse. C’était ma façon d’être, ma façon de faire. J’avais toujours aimé me donner corps et âme dans ce genre de relation. C’était dans ma nature,, tout simplement.  Et pourtant j’aurais vraiment aimé pouvoir lui apporter une réponse miracle. Milo m’écoute et se contente simplement de hocher la tête. Il m’annonce ensuite vouloir aller s’aérer la tête. Me demandant au passage si j’avais besoin de quelque chose. Incroyable, alors même que l’atmosphère était disons quelque peu tendue, Milo trouvait malgré tout le moyen de vouloir prendre soin de moi, de faire en sorte que je ne manque de rien. « Non, merci... » dis-je tout simplement en le laissant prendre la direction de la porte d’entrée. L’envie de répondre « Je n’ai besoin de que toi » me brûlait les lèvres, mais à quoi bon. Nous n’échangeons pas de baiser mais un long regard qui voulait en dire long.

Une fois seule dans l’appartement je me rend compte du poids important, de l’impact qu’avait eu cette discussion. J’avais le cœur lourd de savoir que Milo avait ressenti ce besoin de partir afin d’être un peu seul pour réfléchir à la situation. Mais je respectai son choix. Je termine ma tasse de thé puis je me dirige à la salle de bain afin de prendre une douche. Durant ce moment de détente, Milo ne quitte pas mes pensées. Je ne cessais de me demander où est-ce qu’il avait bien pu aller et si il comptait s’absenter longtemps. Peu importe, je lui laisserai le temps qu’il faut. Une fois ma douche terminée, j’enroule mon corps dans une serviette et me dirige dans la chambre pour y sortir des vêtements. Je sors rapidement de mon armoire des sous-vêtements, une paire de collant et une robe toute simple. Une tenue simple et décontractée qui passait partout. Je m’affaire à faire un peu de rangement rapide dans l’appartement. Le silence me pesait quelque peu, alors je décide de mettre un fond de musique. Cela avait tendance à m’apaiser. Je décide ensuite de me lancer dans une tâche ménagère dont j'avais une sainte horreur : le linge. Avec mes journées à rallonge la semaine j'avais tendance à remettre ça au week-end. Je lance donc une machine, et me mets à plier le linge déjà sec. Je prends soin de plier les quelques vêtements que Milo laissait parfois ici, les déposant sur le lit, faisant de même avec les miens.

La durée de ma promenade solitaire reste floue, le temps semblant se dissoudre dans le flot de mes réflexions. Cependant, c'est comme si, malgré mes doutes et mes questionnements, une boussole intérieure me guidait inéluctablement vers Cassia, vers le refuge de sa présence où mes tourments semblent trouver écho et apaisement. La décision de m'arrêter dans une pâtisserie sur le chemin du retour est presque automatique, un geste qui, bien que petit en apparence, est chargé d'intention et d'affection. Sélectionner ces gourmandises, les tartelettes aux fraises et aux framboises que je sais être ses favorites, est ma manière silencieuse de lui dire qu'elle est toujours présente dans mon esprit, que chaque pensée, chaque décision, me ramène à elle. Mais mon geste ne s'arrête pas là ; poussé par un élan presque incontrôlable, je fais également l'acquisition d'un bouquet de roses rouges, choisissant avec soin chaque fleur pour qu'elle symbolise la profondeur et la complexité de mes sentiments

En franchissant le seuil de son appartement, les notes d'une mélodie douce s'élèvent à ma rencontre, créant une atmosphère accueillante qui enveloppe l'espace de chaleur et de familiarité. Je dépose les gâteaux sur la table de la cuisine, à côté des roses aux couleurs vives, un simple témoignage de mon passage en ville, mais aussi une preuve tangible de mon affection pour elle. Je me dirige ensuite vers sa chambre, m'appuyant nonchalamment contre le montant de la porte, et l'observe en silence. Elle est là, absorbée par sa musique, perdue dans un monde qui lui est propre. Mon regard capte chaque détail, la manière dont la lumière joue dans ses cheveux, la sérénité de son expression, le mouvement gracieux de ses mains. Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres, un sourire qui traduit non seulement mon amusement devant la scène, mais aussi un profond sentiment de contentement.

Ma promenade solitaire n'a peut-être pas dissipé le nuage de questions qui flottait dans mon esprit, mais le sentiment qui m'envahit en retrouvant Cassia est d'une clarté sans équivoque. Là, devant moi, elle est absorbée dans l'acte ordinaire de plier le linge, et pourtant, cette scène du quotidien me touche d'une manière inattendue. Il y a dans ses gestes, dans sa concentration sur cette tâche ménagère, quelque chose d'incroyablement rassurant, même si les mots pour décrire ces émotions me font défaut. « Je crois qu’il n’y a que toi que je pourrais admirer en train de plier et ranger du linge un samedi matin. » Ma remarque, oscillant entre sérieux et taquinerie, rompt le silence de la pièce alors que je m'avance vers elle. Doucement, je lui retire le linge des mains, un geste espiègle qui sert d'excuse pour m'approcher, pour effleurer le quotidien qu'elle construit.

La découverte de son nouvel ensemble de lingerie, une surprise inattendue qui attire mon regard, m'arrache un commentaire amusé. « Tiens, je ne les connaissais pas ceux-là ! » Mon commentaire se perd dans l'écho d'un baiser, une réponse instinctive à l'attraction qui nous lie, un désir toujours renouvelé à chaque instant partagé. « Cendrillon avait elle aussi un Prince Charmant, me semble-t-il ? » Je poursuis, jouant le rôle que j'imagine être le mien dans ce conte de fées moderne, tout en rangeant ma veste, prêt à m'immerger dans son univers, dans ces gestes simples qui composent le tissu de notre vie commune. « Comment va ton épaule ? Tu veux que je t’applique de la pommade ? » La préoccupation pour son bien-être, renforcée par la disparition de son écharpe, me pousse à proposer ce petit soin, une autre manière de prendre soin d'elle, de me rendre utile, de me fondre dans son quotidien. « Je crois qu’il y a un petit quelque chose pour toi sur la table de la cuisine… » Je lui murmure avec un air faussement innocent, insufflant une note de mystère dans l'atmosphère déjà douce de notre matinée. Ce « petit quelque chose », gourmandises et fleurs choisies avec soin, est mon hommage silencieux à tout ce qu'elle représente pour moi, une tentative de matérialiser l'indicible, de dire sans mots ce que mon cœur ressent. Peut-être, en participant à ces moments simples de son quotidien, en offrant ces petits gestes d'affection, trouverai-je les réponses que je cherche sur la nature d'une relation stable et durable.

Je comprenais et je respectais l’envie de Milo de se retrouver un peu seul, de s’aérer l’esprit. Toutefois, sa présence me manquait. Surtout au vue de la situation. J’avais regardé mon téléphone portable à plusieurs reprises, au cas où. Mais pas de nouvelles. Je continuai donc, tout en fredonnant les musiques qui défilaient dans l’appartement, à m’attarder sur la tâche ménagère que j’avais décidé à entreprendre. Les gestes étaient répétitifs, plier, ranger, plier, ranger. A défaut d’une séance de rééducation à la piscine ça faisait amplement l’affaire pour faire travailler mon épaule aujourd’hui. Je sors de mes pensées en entendant la voix de Milo. Sa remarque me fait sourire. « Je ne t’avais pas entendu rentrer... » dis-je dans un léger souffle en sentant une once de soulagement et de contentement à le voir à nouveau ici. Milo s’approche de moi, me retirant le linge que j’avais dans les mains. Son œil est attiré par les morceaux de tissus. Un léger rire émane de me bouche quand le jeune homme souligne le fait qu’il ne connaissait pas ces sous-vêtements là. « A vrai dire, c’est une toute nouvelle acquisition. J’ai d’ailleurs pensé à toi lors de cet achat... » dis-je sur le ton de la confession. Mes paroles étaient vraies. En voyant cet ensemble des plus plaisants je m’étais aussi imaginer le faire découvrir à Milo.

Les lèvres de Milo viennent se poser sur les miennes. Un geste simple mais rassurant. Sa remarque quant à Cendrillon et son prince charmant me fait esquisser un léger sourire « C’est bien vrai... » dis-je simplement en l’observant ranger sa veste avec soin. Le pilote de ligne me questionne quant à mon épaule, il me propose même d’appliquer de la pommade dessus. Cette simple proposition a le don de faire battre mon myocarde plus vite. Chaque geste, chaque petites attentions de sa part me faisait fondre. Comment pouvait-il penser ne pas être à la hauteur ? « Ça va… Tu vois je peux me passer de l’écharpe maintenant. » J’ajoute ensuite « C’est gentil mais ça devrait aller, peut-être ce soir. Si jamais... » Si jamais je forçais un peu trop durant la journée et que la douleur se réveillait. Milo attise ma curiosité en m’annonçant qu’un petit quelque chose m’attendait sur la table de la cuisine. Je fronce légèrement les sourcils, mi intriguée, mi amusée. « Ah oui ? Que de mystère… Allons voir... » dis-je en faisant quelques pas en direction de la porte, incitant Milo à me suivre. Nous nous dirigeons donc tous les deux dans la pièce en question. Un large sourire apparaît sur mon visage en voyant le bouquet de roses. « Milo… Elles sont magnifiques. Merci beaucoup. » je viens prendre le bouquet délicatement en mains pour venir humer leur doux parfum. J’aperçois alors une boite en carton venant d’une pâtisserie. Je lance un regard à Milo avant de venir ouvrir la boite et d’y découvrir des petites douceurs. L’attention est d’autant plus belle et touchante en voyant que ces dernières étaient recouvertes de fraises ou de framboises. Mes fruits préférés. « C’est adorable, vraiment... » dis-je sincèrement touchée par ses présents. Je viens déposer un tendre baiser sur ses lèvres, encadrant délicatement son visage de mes deux mains. « Merci... » dis-je à nouveau la voix pleine de gratitude. Je me détache de lui afin de sortir un vase afin de le remplir d’eau pour ensuite y plonger le bouquet de roses. Quant à la petite boite de pâtisseries, je ne peux m’empêcher de venir prendre un quartier de fraise entre mes doigts pour le porter à ma bouche. « H’m… c’est tellement délicieux. » dis-je en venant prendre un second quartier de fraise mais que je viens approcher des lèvres de Milo cette fois-ci « Tu devrais goûter... » lui conseillai-je avant qu'il ne vienne prendre le morceau de fruit.

Les réminiscences de notre conversation précédente flottent encore dans l'air, comme des fantômes du passé récent, témoignant des complexités et des vulnérabilités que nous avons partagées. Malgré cela, je trouve que mon attention se porte irrémédiablement vers le bien-être de Cassia, une préoccupation qui transcende les doutes et les incertitudes. Je suis conscient de ne pas être l'homme parfait, de ne peut-être pas toujours me montrer à la hauteur de tout ce qu'elle incarne, mais l'éclat de son sourire agit comme une ancre, me ramenant sans cesse à l'importance de l'instant présent, à la valeur inestimable de notre connexion.

« Une toute nouvelle acquisition ? Voyez-vous cela ! Et quand comptes-tu me les faire découvrir ? » Ma question, teintée d'un humour léger et d'une innocence feinte, cherche à alléger l'atmosphère, à insuffler une note de légèreté dans le fil de notre échange. Il y a dans cette interaction un jeu subtil, un équilibre entre la taquinerie et la sincérité, qui définit tant de nos moments partagés. « J’apprécie beaucoup les efforts que tu fais, Cassia. Tu fais tout pour me séduire chaque jour, non ? » Cet aveu, simple mais profond, est ma manière de reconnaître tout ce qu'elle apporte à notre relation, tous ces petits gestes, ces attentions, qui tissent la trame de notre quotidien. Lorsqu'elle mentionne la possibilité de lui appliquer de la pommade sur son épaule meurtrie ce soir, si le besoin s'en fait ressentir, c'est une invitation que j'accueille avec gratitude, un moment de tendresse à venir que j'anticipe déjà avec une certaine douceur. « Si tu souffres trop, tu me promets de remettre ton écharpe ? » Ma question, qui se veut plus une affirmation qu'une véritable interrogation, traduit mon souci constant pour sa santé, pour son confort. Ce n'est pas tant une demande de permission qu'une expression de ma volonté de veiller sur elle, de m'assurer qu'elle ne néglige pas son bien-être pour une quelconque raison.

De retour dans la cuisine, la scène devant moi est un tableau de pure joie et d'intimité partagée. Cassia, enveloppée dans la douce lumière du matin, s'approche des roses avec une curiosité enfantine, humant leur parfum délicat comme si elle s'éveillait à la beauté du monde pour la première fois. Son enchantement devant ces simples fleurs me touche profondément, rappelant à quel point les gestes les plus modestes peuvent parfois être les plus significatifs. Lorsqu'elle découvre les gâteaux, son sourire s'élargit, illuminant son visage d'une joie sincère qui fait écho en moi. Ce sourire, c'est comme un rayon de soleil perçant les nuages de mes incertitudes, un rappel puissant de l'importance de ces moments de partage. Notre baiser, bref mais empreint d'une tendresse véritable.

La gourmandise l'emporte un instant sur l'affection, alors qu'elle savoure un quartier de fraise, une appréciation silencieuse pour la saveur sucrée du fruit. Lorsqu'elle m'offre à mon tour de goûter, nos lèvres se frôlent dans un geste intime, un échange simple mais chargé de significations. Ma remarque « Pas aussi délicieux que toi… », accompagnée d'un baiser volé, est une tentative légère de flirter, de lui montrer mon affection de manière ludique, même dans un moment empli d'une gravité sous-jacente. « Je suis désolé pour tout à l’heure… » Les mots me viennent avec une sincérité désarmante, un aveu de ma vulnérabilité, de mes luttes intérieures. « … Des fois j’ai des doutes. Pas sur ce que je ressens pour toi, Cassia. » Il est crucial pour moi de dissiper tout malentendu, de clarifier que mes sentiments pour elle sont inébranlables, la seule certitude dans un océan de questionnements. « J’ai des doutes sur moi… Je ne sais pas si je serais à la hauteur. » L'aveu de mon arrêt devant l'agence immobilière, de ma contemplation d'un couple se projetant dans un avenir commun, est un moment de confession, une ouverture sur mes craintes les plus profondes. « Sincèrement je ne sais pas si je pourrais t’apporter tout ce que tu mérites, tout ce dont tu as besoin… Je… Je n’ai pas envie de te priver du bonheur, Cassia… » Ces mots, bien que prononcés à voix haute, sont accompagnés d'une lutte intérieure, un dialogue silencieux avec moi-même sur ma capacité à être l'homme qu'elle mérite, à lui offrir le bonheur qu'elle incarne si naturellement.

Voir Milo à nouveau présent dans mon appartement me remplissait d’un bonheur indescriptible. Le pilote de ligne semblait un peu moins songeur, à croire que cette petite promenade en solitaire lui avait fait un réel bien. Toujours taquin, il remarque bien vite ne jamais avoir vu les sous-vêtements qu’il avait sous les yeux. J’avoue alors que j’avais acquis ces dernier tout récemment et tout spécialement pour lui. Sa question suivant me fait rire de bon cœur « H’m… très prochainement. » dis-je sans en dire davantage. Milo m’avoue ensuite apprécier les efforts que je faisais pour lui, pour nous. Le jeune homme n’était pas dupe, il se doutait que j’avais grandement envie de le séduire et le surprendre quotidiennement. « Disons que c’est ma manière à moi d’essayer de te surprendre, de te faire plaisir… Et puis, tu sais… moi et le shopping, c’est une grande histoire d’amour... » dis-je pour plaisanter un peu à mon tour. Le ton redevient un peu plus sérieux lorsque nous évoquons brièvement mon épaule. Bien que j’appréciai sa proposition, je la déclinai du moins pour ce matin. Le jeune homme me demande de lui promettre de remettre mon écharpe si besoin. « Oui, je te le promets... » dis-je sincèrement pour rassurer Milo.

De retour à la cuisine, je contemple avec joie les présents ramenés par Milo. Après l’avoir remercié je m’affaire à placer les fleurs dans un vase. Et puis, la gourmandise prend le dessus un court instant. Je ne peux m’empêcher de goûter à une des pâtisseries. Je propose alors à Milo de goûter à son tour. Sa réponse me fait sourire, et son baiser volé me rempli de joie. Je pensais que nous allions tout bonnement poursuivre le cours de la matinée mais finalement Milo s’excuse pour tout à l’heure. Il continue sur sa lancée en m’avouant avoir des doutes. Non pas sur ses sentiments mais sur tout autre chose. Milo doutait de lui, de sa capacité à être à la hauteur. Il m’avoue ne pas savoir si il pourrait ou non m’apporter tout ce dont je méritais. Il m’avoue ne pas vouloir me priver du bonheur. « Je crois que… tu es ancré dans un dénis incroyable... » Et cela me pinçait le cœur de voir que Milo pouvait autant douter de lui. « Tu ne te rends absolument pas compte du bonheur quotidien que tu peux m’apporter n’est-ce pas ? » Ma question, rhétorique, soulignait bien le fait que Milo ne se rendait pas compte que chaque mot, chaque geste, chaque attention de sa part me comblait déjà d’un bonheur immense. « Je ne sais pas ce qui peut se passer exactement là dedans... » dis-je en venant caresser tendrement ses tempes avec mes mains, désignant ainsi son esprit. « Mais, je voudrais que tu saches que malgré ce que tu peux penser… Tu es une personne extraordinaire. Je ne sais pas ce que tu as dans la tête exactement mais tout ce que je peux te dire c’est qu’à l’heure actuelle tu me rends… heureuse. Vraiment... » Je n’avais pas d’autre mots. « Je t’assure qu’avec toi je me sens…comblée, chanceuse et importante… Jamais, auparavant, je n’avais ressenti cela... » dis-je dans un aveu qui impliquait ce que j’avais pu vivre dans mes relations précédentes et particulièrement dans ma relation avec Andrew. « S'il te plait, cesse de penser que tu n'es pas à la hauteur... » Car c'était bien évidemment tout le contraire.

En me confiant à Cassia, j'étais plongé dans un abîme d'incertitude, sans véritable attente quant à sa réaction. Mon besoin de partager avec elle mes tourments internes n'était pas guidé par une recherche de réponses, mais plutôt par une quête de compréhension, une tentative de mettre à nu les doutes qui assombrissaient mon esprit. Ma préoccupation principale n'était pas tant ma capacité à séduire – un domaine où, je dois l'admettre, j'avais acquis une certaine maîtrise –, mais plutôt ma capacité à lui offrir le bonheur durable qu'elle méritait si ardemment. La perspective de la priver de ce bonheur, de ne pas être à la hauteur de ses attentes et de ses besoins, me hantait.

Sa question, qui me semblait presque rhétorique, résonnait dans ma tête comme le reflet de mes propres dénis. Bien sûr, je n'avais pas pleinement conscience de l'impact réel que je pouvais avoir sur sa vie, de ce que je pouvais lui apporter qui fût différent de ce qu'elle avait connu auparavant. Dans mes moments de réflexion, je me demandais : en quoi étais-je spécial ? Qu'est-ce qui me distinguait réellement des ombres de son passé ? Ma stratégie, si l'on pouvait l'appeler ainsi, se résumait à des efforts pour maintenir notre connexion vivante – des visites fréquentes, des attentions soigneusement choisies, des sorties sortant de l'ordinaire – mais rien qui, à mes yeux, ne relevait de l'extraordinaire. Face à l'ampleur de ces interrogations, ma seule réponse fut un haussement d'épaules, un geste d'impuissance qui traduisait mon incapacité à verbaliser l'ensemble de mes craintes et de mes espoirs. Ce geste, simple en apparence, était lourd de significations non dites, un aveu tacite de mes luttes intérieures, de ma quête pour trouver ma place dans la vie de Cassia d'une manière qui soit à la fois significative et durable.

La caresse de Cassia sur ma tempe, douce et rassurante. Son geste, simple mais empreint d'une profonde tendresse, éveille en moi un sourire timide, une lueur d'affection dans le tumulte de mes incertitudes. Ses paroles, lorsqu'elle me confie se sentir heureuse, véritablement comblée et précieuse, portent en elles un poids considérable. Cassia m'assure qu'elle n'a jamais ressenti cela avec quelqu'un d'autre, un aveu qui devrait me remplir de fierté et de joie. Pourtant, une ombre de doute persiste, une incrédulité face à l'idée que je puisse être la source d'un tel bonheur. « Mais je ne fais rien d’extraordinaire… » Cette réponse s'échappe de moi presque malgré moi, une confession de mon incapacité à voir en moi ce qu'elle voit. La comparaison que je fais ensuite, celle entre Andrew et moi, est teintée d'humour, un mécanisme de défense pour masquer ma vulnérabilité. « Bon... Si tu me compares à Andrew, évidemment que je suis l’homme parfait, mais là c’est comparer une tondeuse à gazon et une Rolls Royce ! » En disant cela, je cherche à minimiser mes propres mérites, à rationaliser son bonheur par l'échec de ses relations passées plutôt que par ce que j'apporte réellement.

Cette auto-dépréciation, tout en étant dite sur le ton de la plaisanterie, cache une vérité plus profonde sur mon propre sentiment d'insuffisance. Il est difficile pour moi d'accepter que je puisse être suffisant, que mes actions, aussi ordinaires me semblent-elles, puissent avoir un impact significatif sur le bien-être de Cassia. Mon scepticisme quant à ma capacité à la rendre heureuse, à être l'homme qu'elle mérite, m'empêche de voir la simplicité dans laquelle réside souvent l'extraordinaire. Pourtant, les mots de Cassia devraient être une révélation, un rappel que le bonheur ne se mesure pas à l'aune des gestes grandioses, mais se trouve plutôt dans les moments partagés, dans la présence, dans l'écoute et dans la compréhension mutuelle. Son assurance de se sentir comblée, chanceuse et importante à mes côtés est un cadeau d'une valeur inestimable, un témoignage de l'impact profond que nous avons l'un sur l'autre, indépendamment des comparaisons superficielles ou des doutes internes.

Cassia, avec son intuition remarquable et sa sensibilité à fleur de peau, avait immédiatement saisi l'essence de mes tourments. Elle avait compris que, au cœur de mes hésitations, se cachait un besoin profond d'être rassuré sur ma capacité à la rendre heureuse, à combler les attentes d'une vie partagée. Dans ses yeux, je lisais une compréhension et une acceptation qui m'apportaient un certain réconfort. Pourtant, cette tranquillité d'esprit n'était que temporaire, car une question lancinante persistait dans les recoins de ma conscience : et demain ? Que se passerait-il le jour où je devrais affronter la réalité de nos divergences fondamentales sur l'avenir ? La perspective de discuter des grandes étapes de la vie – le mariage, les enfants, l'acquisition d'une maison, l'adoption d'un chien ou d'un chat – me remplissait d'une anxiété sourde. Ce n'était pas tant la peur de m'engager dans ces projets de vie qui me troublait, mais plutôt l'incertitude quant à leur alignement avec mes propres désirs, avec cette image de l'avenir que j'avais toujours esquivée, considérée comme incompatible avec ma nature profonde.

Comment aborder ce sujet avec Cassia sans briser cette harmonie que nous avions patiemment construite ? Comment lui révéler que ces piliers traditionnels du bonheur familial, tant valorisés par la société, ne résonnaient pas en moi de la même manière ? La crainte de la décevoir, de lui révéler cette part de moi qui pourrait ébranler les fondations de notre relation, m'envahissait. J'étais tourmenté à l'idée que cette révélation puisse transformer son bonheur actuel en une source de frustration, voire de ressentiment, dans l'avenir.

Milo rentre dans de douces confidences. Il doutait. De lui, de sa capacité à être à la hauteur. J’avais l’impression que soudainement nous ne vivions plus dans le même univers. Comment pouvait-il penser une telle chose alors que pas un jour ne passait sans qu’il ne me démontrait, à sa manière, son affection pour moi. Milo était toujours très attentionné à mon égard, toujours attentif à mon bien être. Pour la première fois de ma vie, je me sentais réellement comblée et importante aux yeux d’un homme. Et cela, c’était grâce à lui. A croire que tout ce qu’il faisait, étant d’un naturel presque déconcertant, il n’en avait pas conscience. D’ailleurs ce la se confirme quand Milo m’annonce ne rien faire d’extraordinaire. Il était véritablement dans un profond dénis. « Ça, c’est ce que tu crois... » Puis Milo décide de plaisanter un peu en évoquant Andrew. Un sourire s’affiche sur mes lèvres. Puis je reprends mon sérieux « Il n’est pas seulement question de lui. Je t’assure... » Je ne voulais pas me lancer dans un détail des quelques relations sérieuses que j’avais pu avoir, ce n’était pas le moment ni le sujet de cette conversation. Tout ce que je voulais c’était rassurer Milo quant à sa capacité de me combler de bonheur. Luis pensait que son attitude n’avait rien d’extraordinaire, or si elle l’était. La gente masculine dans son ensemble n’était pas obligatoirement aussi attentionné et aussi bienveillante. Apparemment, Milo l’ignorait. Habituellement, c’était toujours lui qui me rassurait lorsque je doutais, sans doute un peu trop. Mais aujourd’hui les rôles étaient inversés. Ma main caresse tendrement son visage « Aie confiance en toi... » Ses mots étaient prononcés sur un ton presque suppliant. Je ne voulais pas que Milo continue à douter de la sorte. Je voulais qu’il prenne pleinement conscience du bien-être, du bonheur qu’il m’apportait.

Dans l'intimité de son appartement, baigné par la lumière douce du matin qui filtre à travers les rideaux, je me trouve à observer Cassia, absorbé par la grâce et la tranquillité qu'elle dégage. Sa manière d'être, à la fois sereine et attentive, a le don de calmer les tempêtes intérieures qui agitent mon esprit. Lorsque je lui fais part de mes doutes, de cette peur sourde de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à la combler de bonheur, sa réaction est un baume pour mon cœur. Cassia m'écoute avec une patience infinie, ses yeux emplis de compréhension et d'empathie, sans jamais interrompre ou minimiser mes craintes. C'est dans son écoute active, dans sa capacité à accueillir mes vulnérabilités sans jugement, que je trouve un réconfort immense. Elle a cette manière unique de me rassurer, non pas par de grandes déclarations, mais par des gestes simples, des mots choisis avec soin, qui portent en eux une assurance et une acceptation inconditionnelle. « Aie confiance en toi... » me dit-elle doucement, sa main trouvant mon visage dans un geste de soutien. Ces mots, prononcés avec sincérité, allègent le poids qui pèse sur mes épaules. Cassia me montre que le bonheur ne réside pas dans la perfection ou dans la réalisation d'une liste de critères préétablis, mais dans notre capacité à être pleinement présents l'un pour l'autre, dans les petits moments comme dans les grands défis.

Sa réaction face à mes doutes m'enseigne une leçon précieuse sur l'amour et le bonheur. Elle me rappelle que rendre quelqu'un heureux ne dépend pas tant de ce que l'on fait, mais de la qualité de notre présence, de notre engagement à partager, à écouter, à soutenir. Cassia incarne cette vérité, cette idée que le bonheur partagé est un choix, une construction quotidienne qui s'enrichit de notre amour, de notre respect mutuel. En me rassurant ainsi, Cassia ne fait pas que dissiper mes craintes ; elle renforce le lien profond qui nous unit.

Le simple mot « Merci... » s'échappe de mes lèvres, un murmure chargé de reconnaissance envers Cassia et l'aisance avec laquelle elle parvient à apaiser mes inquiétudes. Son soutien verbal, tout en nuances et en empathie, offre un répit à mon esprit tourmenté, suffisant pour me permettre de respirer plus librement, au moins pour l'instant. Avec demain qui apportera ses propres défis, je choisis de me concentrer sur le présent, sur ce moment de complicité partagée entre nous. Mon geste pour chercher ses lèvres se veut espiègle, une invitation à partager un instant de légèreté après la gravité de nos échanges. Puis, dans un élan spontané, je la soulève jusqu'à ma hauteur, désirant transformer cette espièglerie en un baiser profond et sincère. Ce baiser, c'est l'expression de mes sentiments, de ma gratitude pour sa présence constante, pour sa capacité à naviguer avec moi à travers les eaux parfois troubles de nos émotions.

L'idée d'aller à la piscine surgit alors comme une suggestion légère, un moyen d'allier l'utile à l'agréable. « Que dirais-tu d'aller à la piscine ? Je crois que ton épaule t'en remercierais et moi... » Ma voix se fait plus basse, plus intime, comme si les mots suivants portaient en eux une promesse de moments à venir, des instants où le poids du monde s'éloigne, nous laissant simplement être ensemble. « Je pourrais t'admirer sans aucun remords... » Cette confession, murmurée tout en effleurant délicatement son épaule du bout de l'index, est un aveu de mon désir de la voir heureuse, de la contempler dans un contexte de détente et de plaisir, loin des préoccupations quotidiennes.

Rare étaient les moments où Milo osait montrer ses doute, sa vulnérabilité. Cela rendait donc l’instant encore plus important. Si le pilote de ligne en était venu à se confier à moi de la sorte c’est que vraiment ses craintes, cette peur qui le rongeait de l’intérieur était trop lourde à porter. Il n’avait pas été aisé de faire ouvrir les yeux à Milo. Mais au fil de la discussions, moi aussi je m’étais confié sur ce que je ressentais mais aussi sur ce que je n’avais jamais ressenti auparavant. J’avais enfin réussi, du moins je l’espérais, faire comprendre à Milo que le simple fait qu’il soit présent, sincère et heureux lui aussi, suffisait amplement à mon bonheur. Je n’avais jamais souhaité tout un tas d’artifices et de faux semblants. Je souhaitais simplement être aux côté d’un homme qui saurait être présent, qui saurait m’écouter et me soutenir. Un homme sur qui je pouvais compter. Milo répondait amplement à ce portrait, bien qu’il ait encore du mal à y croire apparemment. Le jeune homme me remercie. Mon regard se pose sur lui, un léger sourire sur mes lèvres. Il n’avait nul besoin de me remercier. J’étais là pour lui, je l’avais toujours été et je le serais toujours.

Nos lèvres se touchent, s’effleurent, jouent entre elles. Puis mes pieds décollent soudainement du sol. Je passe mes bras autour du cou de Milo et prolonge tendrement le baiser passionné et sincère qu’il m’offre. Le pilote de ligne suggère ensuite d’aller à la piscine. L’idée était excellente. Elle allait l’utile à l’agréable. Et ce que rajoute Milo me fait rire de bon cœur « C’est une excellente idée. » Je caresse délicatement ses cheveux « Mais tu sais que pour ce qui est de m’admirer, tu peux le faire ici autant que tu veux... » dis-je avec un sourire malicieux suspendu à mes lèvres. Mais une fois encore je ne pouvais qu'apprécier l'initiative de Milo. Il savait à quel point j'aimais me rendre à la piscine afin d'y faire quelques longueurs. Tout comme il savait que l'eau aurait un effet des plus bénéfiques pour mon épaule.

L'air entre nous est chargé d'une électricité palpable, une tension douce et enivrante qui semble tisser un lien invisible, mais indéniable, entre nos cœurs. Alors que je lui confie, sur un ton mi-sérieux, mi-taquin « Si je t’admire un peu trop maintenant… Nous risquons de ne plus quitter l’appartement ni la chambre... » Je sens la vérité de mes propres mots. Cette attraction, ce désir profond qui me lie à Cassia, est un courant puissant, capable de nous emporter loin des rivages de la rationalité et du quotidien. Insatiable ? Oui, certainement. Chaque instant passé à ses côtés n'est que la confirmation de cette faim inextinguible qui me consume. Je suis ivre de ses caresses, envoûté par la douceur de ses baisers, captivé par l'essence même de son parfum qui flotte autour de nous comme un voile invisible. C'est une ivresse dont je ne cherche pas à me défaire, une dépendance dont je me réjouis, car elle est source de joie, d'intimité, de connexion profonde.

Dans un geste à la fois tendre et empli de désir, je lui dérobe un dernier baiser, une promesse muette de tous les instants à venir, de cette journée que nous nous apprêtons à passer ensemble. Ce baiser est un pont entre notre intimité présente et les promesses de l'extérieur, une assurance que, quel que soit le lieu, notre lien reste inaltéré, vibrant d'une passion qui défie le temps et l'espace. Alors que nous nous préparons à nous rendre à la piscine, je sens en moi une dualité : l'excitation à l'idée de partager un moment de détente et de jeu, mais aussi une réticence à quitter cet espace de connexion profonde que nous avons créé. Pourtant, je sais que ces moments passés à l'extérieur, ces activités partagées, ne font que renforcer notre complicité, enrichir notre répertoire commun d'expériences et de souvenirs.

Cette sortie à la piscine, envisagée initialement comme une simple distraction, une manière de prendre soin de Cassia et de favoriser la détente de son épaule, devient sous le prisme de notre amour une extension de notre intimité. Elle est une occasion de nous découvrir sous un autre jour, de nous admirer mutuellement dans un cadre différent, tout en portant en nous la certitude que, peu importe le cadre, notre amour demeure le fil conducteur de notre relation. Ainsi, main dans la main, nous franchissons le seuil de l'appartement, prêts à embrasser la légèreté d'une journée ensoleillée, tout en portant en nous la chaleur de nos échanges, la profondeur de nos sentiments. La journée s'annonçait parfaite pour une escapade à la piscine ouverte, le ciel dégagé promettant soleil et douceur, une invitation à profiter des plaisirs simples que la vie a à offrir. L'atmosphère était légère, imprégnée d'une anticipation joyeuse à l'idée de ce moment de détente à partager, loin des préoccupations du quotidien.

Une fois arrivés à la piscine, l'excitation palpable nous pousse à nous changer avec empressement. Lorsque nous sortons des cabines, je ne peux m'empêcher de laisser mon regard s'attarder sur Cassia, sa silhouette émergeant avec une grâce qui me coupe le souffle. « Ah oui… Mais là je ne vais plus te quitter des yeux… » Les mots s'échappent dans un murmure, accompagnés d'un baiser tendre, une promesse d'attention ininterrompue, d'une admiration sans bornes pour celle qui partage ma vie. Après avoir déposé nos affaires dans les casiers, un moment de complicité se présente lorsque nous devons choisir un code pour le verrouillage. Mon regard se pose sur Cassia, un sourire espiègle se dessinant sur mes lèvres alors qu'une idée malicieuse germe dans mon esprit. Je choisis de ne pas lui révéler le code immédiatement, jouant le jeu de la taquinerie, prolongeant cet instant de légèreté entre nous. Cette petite énigme non partagée est plus qu'une simple plaisanterie.

Alors que nous nous dirigeons vers le bassin, la main de Cassia dans la mienne, je me sens profondément reconnaissant pour ces instants de bonheur partagé, pour cette capacité que nous avons de transformer les activités les plus ordinaires en souvenirs mémorables. « Oh regarde la piscine extérieure est disponible. Promis si tu te noies, ton chevalier servant viendra à ta rescousse. » lui précisais-je en l’embrassant. Je sens bien les regards qui pèsent sur nous, et en particulier ceux des hommes sur Cassia. Jaloux ? Absolument pas. Comme Cassia me l’a précédemment indiqué, il n’y a que moi qui puisse la rendre heureuse.

L’idée de Milo suggérée et approuvée, nous nous mettons alors à préparer nos affaires pour cette activité que nous nous apprêtions à partager. Je me mets à la recherche de mon sac que j’avais coutume de prendre pour mes séances de sport. Nous y mettons dedans deux serviettes, et bien évidemment nos tenues respectives pour se baigner. Une fois prêts, nous quittons l’appartement pour nous rendre à la piscine la plus proche. C’était d’ailleurs une belle journée pour s’y rendre. J’étais vraiment heureuse de pouvoir partager une activité qui me tenait à cœur avec Milo. D’autant plus que c’est lui qui avait suggérer cette idée. J’avais toujours, depuis ma plus tendre enfance, été très à l’aise dans l’eau. Là ou certaines personnes percevaient une angoisse inexpliquée, moi j’évoluais en toute sérénité. L’eau était à la fois douce et puissante, et elle avait toujours eu un effet tranquillisant sur moi. J’aimais plus particulièrement me rendre dans ce genre d’établissement après une journée éprouvante au travail ou alors dans des périodes où certains petits tracas de la vie quotidienne devenaient trop envahissants dans mon esprit.

Une fois arrivés à la piscine, nous prenons le temps de nous changer. Quand je sors de la cabine, Milo me complimente. Je ne peux m’empêcher de penser exactement la même chose. Milo, dans son short de bain, ne me laissait encore moins indifférente. Toute sa douce et puissante musculature était dévoilée, pour le plus grand plaisir de mes yeux. « Je crois que je vais avoir du mal à te quitter des yeux aussi... » dis-je dans un aveu sincère et amusé à la fois. Prêts, nous déposons nos affaires dans un casier. Et je ne sais pour quelle raison, Milo insiste pour choisir le code du casier souhaitant également ne pas me le révéler. Mais je n’avais pas dit mon dernier mot, nous verrons cela un peu plus tard.

Nous nous dirigeons main dans la main vers le bassin. Il y avait un peu de monde mais raisonnablement. Cela serait beaucoup plus sympathique pour profiter pleinement du bassin. Milo me fait remarquer que la piscine extérieure est disponible. Sa remarque quant au fait qu’il viendra à ma rescousse me fait sourire. « Me voilà donc pleinement rassurée... » dis-je avant de prolonger tendrement son baiser. Nous finissons par nous diriger vers ce fameux bassin. Je tâte déjà l’eau avec mon pied. La température était des plus correctes. Je descend alors à l’échelle la première, suivie de près par Milo. Nous restons quelques minutes à proximité, profitant de cette douce intimité que pouvait procurer l’eau. Et après un ultime baiser, je me décider à commencer quelques longueurs.

La piscine où nous avons choisi de passer notre fin de matinée est un véritable lieu de détente et d’apaisement, niché au cœur d'un écrin de verdure qui semble presque hors du temps. L'eau cristalline brille sous les caresses du soleil, miroitant comme un joyau sous les rayons chaleureux du matin. Autour du bassin, des chaises longues en teck sont disposées avec soin, offrant des îlots de détente où les visiteurs peuvent se prélasser, absorbés dans la lecture d'un livre ou simplement en train de savourer le plaisir simple du repos. Les margelles en pierre naturelle encadrent l'eau, ajoutant une touche d'élégance rustique à l'ensemble. De temps à autre, le doux bruit de l'eau clapotant contre les bords vient se mêler aux rires et aux conversations des baigneurs, créant une symphonie apaisante qui invite à la relaxation. Des parasols aux couleurs vives ponctuent l'espace, offrant des oasis d'ombre bienvenue où échapper à la chaleur estivale.

La piscine extérieure, notre destination privilégiée, est entourée d'une végétation luxuriante qui lui confère une atmosphère presque secrète, comme si nous avions découvert un monde caché, loin de l'agitation de la vie quotidienne. Les arbres et les buissons fleuris qui bordent l'espace dégagent des parfums délicats, mélange subtil de jasmin, de lavande et d'autres senteurs qui se fondent dans l'air, enivrant les sens. Au loin, l'horizon est découpé par la silhouette des montagnes, ajoutant une dimension majestueuse au paysage, rappelant la grandeur de la nature qui nous entoure. Le ciel, d'un bleu profond et sans nuage, se reflète dans l'eau, créant une impression de continuité entre le ciel et la terre, entre le rêve et la réalité. Ce cadre idyllique une échappatoire au temps, un espace où les minutes s'étirent et se fondent dans une éternité douce. La piscine devient notre monde, un lieu où nous pouvons être pleinement nous-mêmes, libres de toute contrainte, emportés par le flux et le reflux de l'eau.

Alors que nous avançons vers la piscine, mes yeux ne peuvent s'empêcher de suivre avec admiration la démarche de Cassia. Elle se déplace avec une grâce qui capte toute mon attention, chaque pas une invitation silencieuse à la contempler. Je me laisse volontairement marcher un peu derrière elle, accordant à mon regard le privilège de s'attarder sur sa silhouette, en particulier sur les courbes séduisantes de son corps. Le galbe de son fessier rebondi, en particulier, semble jouer avec mes sens, éveillant en moi un désir intense qui me rappelle la passion de notre intimité partagée lors de la nuit précédente. Je me mords la lèvre inférieure, un geste réflexe pour tenter de maîtriser les flots de désir qui me submergent à la vue de Cassia. Cette lutte intérieure, ce combat pour garder en moi ces pensées ardentes, est presque palpable alors que je me force à canaliser mon attention ailleurs, craignant que ma convoitise ne devienne trop évidente aux yeux des autres. Lorsqu'elle entame sa descente dans l'eau, glissant le long de l'échelle avec une aisance qui témoigne de sa confiance en elle, je la suis de près, incapable de détourner mes yeux de sa présence magnétique. Chaque mouvement qu'elle fait, chaque ondulation de son corps dans l'eau cristalline, est une danse qui captive mon regard, me laissant sans voix devant tant de beauté et de sensualité.

Cassia, consciente de l'effet qu'elle a sur moi, se retourne pour m'offrir un  dernier baiser, un geste tendre et provocateur à la fois. Ce baiser, volé dans l'éclat du soleil sur l'eau, parvient à me dérober un soupir de bien-être. Je suis heureux à ses côtés. Vraiment. Alors qu'elle commence ses longueurs, je reste un instant figé, un sourire béat illuminant mon visage. L'admiration que je ressens pour elle en cet instant est indescriptible, une vénération pour la femme qu'elle est, pour sa force, sa grâce, sa beauté. Je la regarde nager, émerveillé par la fluidité de ses mouvements, par la manière dont elle semble faire corps avec l'élément aquatique qui l'entoure. Puis, inspiré par son exemple, je plonge à mon tour dans l'eau, débutant ma propre séance de natation. Mais même en m'efforçant de me concentrer sur mes mouvements, sur la sensation rafraîchissante de l'eau contre ma peau, mon esprit vagabonde, inévitablement attiré vers Cassia. Chaque coup de bras, chaque respiration, est imprégné du souvenir de son baiser, de l'envie de la retrouver dès que nous sortirons de l'eau, de prolonger ses doux baisers qui, dans le miroir de la piscine, semble infinie et inaltérable.

En nageant derrière Cassia, je m'impose comme son ange gardien silencieux, veillant sur elle dans l'eau translucide de la piscine. Je suis particulièrement attentif en raison de son épaule convalescente, conscient que même un mouvement brusque ou une bousculade involontaire pourrait aggraver sa condition. Cependant, malgré cette vigilance, un désir ardent commence à gronder en moi, une envie presque irrésistible de sentir à nouveau la douceur de ses lèvres contre les miennes. Ce besoin se fait de plus en plus pressant, au point de transformer ma patience en une impulsion quasiment incontrôlable. Propulsé par cette tentation, je décide d'accélérer le rythme, mes bras et mes jambes battant l'eau avec une énergie renouvelée. Je me lance dans une course aquatique effrénée, plongeant plus profondément, mes mouvements gagnant en puissance et en vitesse. Je navigue à travers l'eau avec une détermination singulière, guidé par le désir de la rattraper, puis de la dépasser, un défi personnel autant qu'un moyen de satisfaire mon impatience.

Lorsque je remonte finalement à la surface, un sourire malicieux éclaire mon visage, révélateur de mon amusement et de ma satisfaction d'avoir atteint mon objectif. Cassia, surprise par ma manœuvre soudaine, s'arrête dans son élan, un air de confusion mêlée d'amusement dans ses yeux. Elle ne comprend peut-être pas immédiatement l'enchaînement des événements, mais pour moi, l'intention derrière mon geste est claire : retrouver l'intimité de ses lèvres. Sans attendre, je m'empare de ce baiser, un geste audacieux et tendre à la fois, avant de repartir, non sans lui éclabousser le visage dans un élan de taquinerie. Ce moment, à la fois espiègle et passionné, me rappelle les frissons de l'adolescence, cette époque où chaque geste d'affection est un triomphe, chaque baiser volé un trophée. Dans cet instant, je me sens rajeunir, porté par une vague d'émotions juvéniles, comme si je redécouvrais la joie pure et la spontanéité des premiers émois. En m'éloignant, l'eau miroitant autour de nous, je ne peux m'empêcher de rire de ma propre audace, de cette pulsion irrépressible qui m'a poussé à la surpasser dans l'eau juste pour le plaisir d'un baiser.

La scène qui se déroule dans l'eau a quelque chose de magique, d'irréel presque, tant elle est empreinte de complicité et d'affection. Mon amusement face à notre petit jeu me conduit naturellement à cesser mes longueurs, choisissant plutôt d'attendre Cassia au bout de la ligne d'eau, anticipant avec joie le moment où nos chemins se recroiseront. Lorsqu'elle me rejoint enfin, le simple fait que ses pieds retrouvent le sol ferme et qu'elle se rapproche de moi provoque une onde de sensations indescriptibles. À cet instant, je suis submergé par l'ampleur de mes sentiments pour elle, trouvant les mots insuffisants pour encapsuler l'intensité de l'émotion qui m'étreint.

L'admiration, non dissimulée, de deux voix féminines inconnues qui nous observent, renforce encore ce sentiment. Leurs exclamations respectives « Wahou… » ne fait que souligner la présence magnétique de Cassia, son aura qui semble captiver tout autour. « Je suis censé ne pas te sauter dessus ? » je lance, mi-joueur, mi-sérieux, alors que je me redresse pour lui faire face, conscient de l'attraction irrésistible qu'elle exerce sur moi. L'aveu qui suit « Je crois que je suis Cassiatisé… » s'échappe de mes lèvres accompagné d'un rire doux, une manière légère d'exprimer l'effet profond et unique qu'elle a sur moi. Cette révélation, aussi teintée d'humour soit-elle, cache une vérité bien plus profonde sur la nature de mes sentiments. « Je vais vraiment finir par tomber amoureux de toi… » Cette phrase, bien que prononcée sur le ton de la plaisanterie, révèle une réalité déjà concrétisée mais pas conscientisée.
Ce constat intervient comme une douce ironie, surtout lorsque je repense à nos échanges plus tôt dans la journée, où je confiais à Cassia mes doutes sur ma capacité à la combler, à être l'homme qu'elle mérite. Ce moment de doute semble désormais lointain, presque dérisoire, face à la certitude qui s'empare de moi.

Après être arrivés à la piscine et après s’être rapidement changé, nous avions aisément trouver le chemin du bassin. Je ne m’étais pas fait prié pou entrer dans l’eau. J’étais enchantée de cette activité, d’autant plus que cette fois-ci je ne venais pas nager seule ni même avec une amie mais avec Milo. Cette activité s’inscrivait dans la douce continuité de notre relation, dans la volonté que nous avions à partager de bons moments, pour la plupart resteront inoubliables. Une fois entrée dans l’eau, Milo me suit de près. Nous restons un petit moment collés l’un à l’autre profitant de cet instant assez unique malgré tout. Puis je m’étais décidé à entamer quelques longueurs. J’évoluais donc dans l’eau avec simplicité, aisance et légèreté appréciant pleinement le contact de l’eau sur mon corps. Je pouvais déjà sentir les effets bénéfiques de l’eau sur moi, tant sur mon corps que sur mon esprit. Le bassin étant peu fréquenté, ma nage était d’autant plus agréable. Je pouvais évoluer à mon rythme, sans aller trop vite, sans devoir attendre ou même sans être éclaboussé ou déranger d’une autre manière quelconque. Perdue dans mes lointaines pensées, je suis malgré tout surprise de me retrouver nez à nez avec un individu qui venait de remonter à la surface, là juste devant moi. Je n’ai d’autre choix que de m’arrêter dans mon élan. D’abord surprise et confuse, un sourire apparaît sur mon visage par la suite en constatant qu’il s’agissait de Milo. Je n’ai pas le temps de lui demander à quoi il jouait que ses lèvres viennent se poser sur les miennes. J’avais donc ma réponse. Un seul baiser, et voilà que Milo était déjà reparti dans sa nage, non sans m’éclabousser. Je souris de bon cœur amusée par ces petites taquineries enfantines.

Je termine ma longueur, arrivant alors vers Milo qui semblait m’attendre au bout de la ligne d’eau. Une fois mon dernier mouvement de nage terminé, je laisse mes pieds reposés sur le sol. Mon corps lui, est instinctivement attiré par celui de Milo. Pas très loin, je peux entendre quelques voix féminines commenter la scène. Sur le coup je me demandais bien quel était l’objet de leur admiration, mais j’avais bien une idée en tête. Milo, dans cette tenue devait sans nul doute faire tourner plus d’une tête dans ce lieu. Mais je ne relève pas, je préfère me concentrer uniquement sur ce doux et agréable moment de partage avec Milo. D’ailleurs ce dernier me questionne, me demandant confirmation sur le fait qu’il était censé ne pas me sauter dessus. Un rire émane alors de ma bouche devant tant de spontanéité de sa part. Mes bras viennent alors trouver refuge autour de son cou « Il serait préférable d’éviter, surtout ici, là maintenant...Sinon, on risquerait de nous demander de prendre congé... » dis-je un air malicieux et rieur sur le visage. Puis son aveu sur sa possible ‘’Cassiatisation’’ ne fait qu’élargir le sourire déjà présent sur mon visage. Mais le ton est tout autre, ma réaction aussi quand Milo avoue à voix haute qu’il allait vraiment finir par tomber amoureux de moi. Mon myocarde accélère légèrement à l’entente de ses mots. Mon regard plongé dans le sien, un doux sourire reste sur mon visage. « Milo Davis, tomber amoureux de moi ? » dis-je en continuant à mon ton sur le ton de la plaisanterie. Au vue de notre discussion toute récente, inutile de prendre ses mots trop au sérieux, en aucun car je ne voulais mettre à nouveau Milo face à ses doutes. « Si cela arrivait, je serais très honorée... » dis-je en souriant de bon cœur tout en théâtralisant un peu ma réponse « Et une femme comblée de bonheur. » dis-je en continuant sur le ton de la légèreté. Bien que sous ces réponses taquines, se trouvait évidemment une part de vérité. Je dépose un furtif baiser sur les lèvres de Milo.

Le souffle de Cassia caresse le mien, nos visages si proches que chaque expiration se mêle dans un ballet intime d'air partagé. Ses mains, délicatement posées derrière mon cou, scellent la distance réduite entre nous, nous enveloppant dans une bulle de proximité dont l'intensité défie la raison. Dans cet espace restreint, la résistance s'effrite, laissant place à une attraction irrésistible vers l'invitation silencieuse de ses lèvres. « Je t’ai déjà dit que tu étais canon ? J’aime beaucoup ce maillot de bain deux pièces… » Ma voix, d'abord claire et assurée, se fait plus douce, plus intime, alors que je me penche pour murmurer à son oreille. « J’aime encore plus ce qu’il y a en dessous… » L'aveu, teinté d'une affection profonde et d'une attirance incontestable, est accompagné d'un sourire qui traduit mon émerveillement devant sa beauté, mon appréciation sincère pour tout ce qu'elle est, au-delà des apparences. « Tu l’as déjà fait dans la mer ou dans une piscine ? » Insatiable ? Sans aucun doute. Cassia m'envoûte de manière totale, m'imbibant de son essence, de la sensualité de son corps, de la douceur de ses baisers, de la tendresse de ses caresses. Chaque moment partagé ajoute à mon intoxication, me plongeant davantage dans cet état d'ivresse où elle est la seule source de mon désir. « Tu ne crois pas que cela pourrait être possible ? Milo Davis amoureux de Cassia Henderson… Cela sonne plutôt bien, non ? » Cette question, bien que posée comme une forme de légèreté, cache une vérité profonde, une réalité que nous ressentons tous deux dans le silence de nos cœurs. « N’es-tu déjà pas comblée et heureuse à mes côtés ? » L'interrogation, jouant avec les frontières du permis et de l'imaginable, cherche à sonder la profondeur de son contentement, à affirmer notre connexion unique. « Je crois que tu fais des envieuses… » Mes yeux glissent discrètement vers les deux femmes spectatrices de notre intimité, témoins muets de l'éclat que Cassia projette autour d'elle.

Sous l'immensité d'un ciel azuré et le regard curieux des autres baigneurs, il devient évident que l'aura de Cassia ne laisse personne indifférent. Sa présence, à la fois rayonnante et sereine, dessine autour d'elle un cercle invisible d'admiration et, peut-être, d'une pointe d'envie. « Elles doivent certainement se dire que je suis l’homme le plus chanceux du monde pour être dans tes bras… » À chaque fois que mes yeux se posent sur elle, que ce soit pour capturer l'éclat de son sourire ou la grâce de ses mouvements dans l'eau, je suis frappé par la réaction qu'elle suscite autour de nous. Quelle femme, en effet, ne ressentirait pas une ombre de jalousie envers Cassia ? Son charme naturel, son élégance sans effort et la joie de vivre qu'elle incarne semblent la distinguer, faisant d'elle le centre d'une attention incontestée. C'est une constatation qui ne m'échappe pas, une réalité tangible qui se reflète dans les regards furtifs et les expressions admiratives de ceux qui nous entourent.

La proximité avec Cassia, cette danse d'attraction et de désir, est en effet une divine tentation, une force gravitationnelle puissante dont l'ampleur me submerge à chaque instant passé à ses côtés. L'obligation de m'éloigner pour reprendre mes longueurs dans la piscine est autant une mesure de précaution qu'un acte de discipline, un effort pour tempérer le feu qui brûle entre nous, afin de ne pas laisser la passion prendre le dessus en ce lieu public. « Je crois qu’il faut que je retourne nager sinon je ne réponds plus de rien… » lui avouais-je non sans lui voler un dernier baiser. La proximité de nos corps demeure une divine tentation à laquelle je dois à tout prix résister. Alors que je m’éloigne de Cassia pour reprendre mes longueurs je perçois le lointain écho d’une dame plus âgée s’adresser à Cassia. La remarque de la dame plus âgée, lancée avec une simplicité désarmante et une pointe de sagesse, résonne dans l'air, laissant derrière elle un sillage de vérité indéniable. Alors que je m'éloigne de Cassia, le cœur alourdi par le poids de ma propre retenue, chaque battement d'eau sous mes bras semble porter l'écho de ses mots. « Il vous aime vraiment votre mari... Cela se voit lorsqu’il vous regarde… Il n’a d’yeux que pour vous. » Cette affirmation, bien que techniquement inexacte sur notre statut sans étiquette, capture parfaitement l'essence de notre relation.

Bien que la sensation de l'eau sur mon corps soit des plus agréables, je fais déjà une halte au bout de la ligne d'eau pour y rejoindre Milo qui semblait bien taquin. Le pilote de ligne me pose alors une question qui me fait sourire de bon coeur. « H'm ... Je ne m'en souviens pas. » Dis-je en plaisantant légèrement. Milo l'avait sans nul doute déjà complimenter, peut être pas en utilisant exactement ce terme là, mais le propos restait inchangé. Et lorsque Milo vient me murmurer au creux de mon oreille qu'il aimait encore plus ce qu'il y avait en dessous. Mon sourire s'élargit un peu plus. Cette manière de venir me chuchoter ces mots à l'oreille, cette manière de venir évoquer nos échanges charnels, tout cela me faisait frissonner. « C'est en effet ce que j'ai pu constater... » dis je d'un air malicieux. Et le simple fait de savoir que Milo me désirait de la sorte me rassurait pleinement tout comme cela me faisait bouillonner de plaisir. Milo, toujours très taquin, s'aventure à me poser une question dans un registre beaucoup plus personnel. Mon premier réflexe est de m'assurer que personne n'était assez proches de nous pour nous entendre. « Dans une piscine oui. » Une piscine privée, il y a déjà quelques années de cela. « Et toi ? Même si je pense déjà connaître la réponse... » dis-je un peu amusée. La véritable question concernant Milo serait de lui demander où est ce qu'il ne l'avait pas fait.

Lorsque Milo évoque cette douce et belle possibilité qu'il tombe amoureux de moi, je réponds plus ou moins en plaisantant. Même si une grand partie de mes paroles étaient sincères. « Cela donne même merveilleusement bien... » dis-je sincèrement, un léger sourire aussi les lèvres, presque rêveuse. Puis quand Milo me demande si je ne suis pas déjà comblée et heureuse à ses côtés je m'empresse de répondre « Si... Bien sûr que si... » Je ne voulais en au cas  que cette conversation prenne la même direction que celle que nous avions eu tout à l'heure. Je ne voulais as précipiter les choses, ni le brusquer. Du moins pas davantage. Le ton devient plus léger quand Milo me fait remarquer que je faisais des envieuses. Je jette un rapide coup d’œil discrets aux deux femmes qui, en effet, ne cessaient de nous observer depuis notre arrivée. « Elle doivent sans doute rêver d'être à ma place. Ou plutôt, dans tes bras .. » dis-je quelque peu amusée. L'objet de leur regard curieux devait être Milo. Après tout c'était un très bel homme. Nous n’étions apparemment pas d’accord sur ce que pouvaient bien penser ces deux demoiselles. Je pense en effet qu’elle était davantage attirées par Milo et son corps d’Apollon que par tout autre chose.

Alors que notre proximité était de plus en plus intimiste, Milo suggère d’aller nager avant de ne plus répondre de rien. Je ris légèrement face à sa remarque. Je crois que l’on pourrait aisément être insatiable, aussi bien lui que moi. Et après m’avoir volé un dernier baiser, il s’éloigne de moi pour reprendre ses longueurs. Je reste là, pensive et admiratrice en le voyant ainsi nager avec aisance. Puis une voix me sort de mes pensées. Une femme, d’un certain âge déjà, qui commente l’amour que me portait mon mari tout comme la manière dont il me regardait. Je me retourne vers la femme en question, surprise d’un tel commentaire mais aussi gênée quelque peu par le fait qu’elle pense que nous étions mari et femme. Décidément moi qui m’efforçait à tenter à tout prix à ne pas brusquer Milo concernant notre relation encore non définie. « Oh… C’est gentil mais… Mais on n’est pas marié. On est... » Quoi ? Non pas des amis. Des conjoints ? Le mot semblait un peu fort vu le contexte et la peur de Milo à s’engager. Je me résigne donc « On n'est as marié...Juste ensemble... » dis-je un peu perplexe quant à ma difficulté à trouver les mots. Mais je remercie une nouvelle fois la dame en question. Malgré tout ravie qu’une inconnue remarque notre proximité, notre complicité qui apparemment étaient très visibles. Puis sur ces mots, et après un dernier sourire adressé à cette inconnue, je me lance à mon tour pour continuer mes longueurs.

Alors que je me distance temporairement de Cassia pour reprendre mes longueurs, je choisis instinctivement le crawl comme style de nage, un choix qui reflète à la fois mon besoin de rapidité et d'efficacité dans l'eau. Chaque mouvement est précis, mes bras tranchant l'eau en un rythme régulier, alternant la poussée et la traction avec une coordination presque mécanique. Mes mains, en forme de coupe, entrent dans l'eau devant moi, se frayant un chemin à travers le liquide avec une précision chirurgicale avant de tirer vers l'arrière, propulsant mon corps vers l'avant avec une force renouvelée. Je sens l'eau glisser sur ma peau à chaque rotation de mes bras, un rappel constant de la résistance que je dois surmonter pour avancer. Ma respiration est rythmée et contrôlée, chaque inspiration et expiration se synchronisant avec mes mouvements dans un ballet aquatique bien orchestré. Lorsque je tourne ma tête pour respirer, je m'assure de le faire de manière économique, juste assez pour remplir mes poumons d'air frais avant de replonger mon visage dans l'eau, minimisant ainsi la perturbation de ma vitesse et de ma trajectoire. Mes jambes, quant à elles, battent l'eau avec vigueur, mais sans précipitation, leurs mouvements rapides et légers agissant comme le moteur complémentaire de ma progression. La flexion et l'extension de mes pieds augmentent l'efficacité de chaque coup de pied, me propulsant encore plus loin à chaque seconde. La nage en crawl, dans cette séance de longueurs, devient une méditation en mouvement, un moment où mon corps et mon esprit se fondent dans l'effort, où la concentration nécessaire pour maintenir la technique parfaite me permet d'échapper momentanément à l'emprise de mes pensées. Chaque longueur m'éloigne physiquement de Cassia, mais renforce en moi le désir de la retrouver, de partager avec elle les sensations uniques que procure l'eau.

La piscine, avec ses reflets chatoyants sous le soleil et l'éclat des vagues que je crée dans mon sillage, est le décor de cette activité aquatique. Je poursuis mes longueurs en crawl, absorbé par la beauté de l'exercice, par la pureté de l'effort dans l'eau. La voix qui résonne à travers l'espace, familière et chargée d'une intonation légèrement taquine, me tire de ma concentration focalisée sur la nage. « Tiens donc… Voyez-vous ça ! Milo Davis ! » La surprise qui s'empare de moi lorsque je lève les yeux est immédiate. Là, se tenant au bord du bassin, se trouve Lou, une vision qui éveille en moi un mélange de souvenirs et d'émotions. Sa présence, inattendue, capte instantanément toute mon attention, sa beauté frappante étant indéniablement magnifiée par l'éclat du soleil qui l'entoure. Sans vraiment y penser, mes mains trouvent leur place sur le rebord froid du bassin, préparant mon corps à émerger de l'eau. Alors que je me hisse hors du bassin, l'effort se lit dans la tension de mes bras, dessinant chaque muscle avec une précision sculpturale. C'est un instant captivant, presque cinématographique, où chaque goutte d'eau qui s'échappe de ma peau sous l'effet de l'ascension brille comme des perles sous les rayons du soleil. Mon émergence du bassin ne se fait pas sans une certaine grâce, mes muscles se contractant et se détendant dans un spectacle de force et d'élégance. Le contraste entre la fraîcheur de l'eau et la chaleur de l'air enveloppe mon corps d'une sensation vivifiante, tandis que l'eau s'écoule le long de ma peau, captant la lumière et laissant une trace brillante sur mon chemin.

Ce moment, bien que bref, est chargé d'une intensité palpable, un tableau vivant de vitalité et de présence. Tandis que je me redresse complètement, sortant de l'eau, je suis conscient de l'effet que cette simple action peut susciter. Il y a dans ma sortie de l'eau une assertion silencieuse de confiance, un langage corporel qui parle de bien plus que la simple fin d'une séance de natation. Lou, témoin de cette scène, affiche une réaction qui oscille entre l'admiration et une pointe de surprise, comme si elle redécouvrait une facette de moi jusqu'alors inconnue ou oubliée. La tension dans l'air est palpable, un mélange d'anciennes connaissances et de nouvelles découvertes qui flottent entre nous comme les reflets sur l'eau. « Toujours fidèle à toi-même ! » ma réplique, accompagnée d'un geste machinal pour remettre en place mes cheveux mouillés, trahit un effort pour maintenir une contenance face à son charme indéniable. Instinctivement nous nous embrassons de manière courtoise et polie, bien loin des baisers que nous avons pu échanger par le passé. « Tiens donc, tu ne m’embrasses plus comme autrefois ? Monsieur Davis serait-il devenu sage ? » lâche Lou en posant sa main sur mon torse. Son geste audacieux sur mon torse, déclenche une série de réflexions internes sur l'homme que j'étais et celui que je suis devenu. « Hmm… J’avais presque oublié combien il était agréable de te regarder et te toucher ! » ajoute-t-elle non sans une pointe d’humour. « Et moi j’avais presque oublié combien tu pouvais être séductrice… Que deviens-tu ? Je pensais que tu travaillais en Europe maintenant ? Le soleil italien ne te plaît plus ? » lui demandais-je en faisant référence à la raison pour laquelle notre relation éphémères s’était arrêtée. « Oh ne m’en parle pas… Je ne veux plus en entendre parler ! Et toi alors ? Toujours à courir après la gente féminine ? D’aussi loin que je puisse me souvenir, tu ne fréquentais jamais la même femme ! » Lou n’a pas tort. Le jeu de la séduction m’a toujours attiré et au fond…M’attire encore. « Eh bien… Il faut croire que tout change enfin… » Comment lui expliquer sans décrire la relation que j’entretiens avec Cassia ? « Tu vois la jeune femme là bas, en maillot de bain deux pièces bleu marine ? » lui demandais-je en décrivant Cassia. À peine ai-je le temps d’achever ma phrase que Lou, surprise par cette révélation, lâche un cri interrogatif « C’EST TA FEMME ?! » Automatiquement plusieurs regards l’observent alors que je me touche nerveusement la nuque, gêné par la situation. « Je pense que personne ne t’as entendu, tu devrais le crier plus fort. Attends, on va prendre le porte voix du maître nageur ! » lâchais-je d’un ton amusé et ironique avant que notre conversation ne reprenne. « Je n’y crois pas… Milo en couple ?! Il est passé où le tombeur de ces dames ? Le bourreau des cœurs ? » demande Lou avant de surenchérir. « Je n’ai pas beaucoup de temps aujourd’hui… Mais il faut absolument que tu me racontes tout ! Et moi aussi ! On pourrait se prendre un café l’un de ces jours ? Je crois que nous avons beaucoup de chose à nous raconter ! » précise-t-elle en m’embrassant la joue. « J’ai toujours ton numéro ! » me confie-t-elle non sans un clin d’œil avant de s’éclipser. Sa proposition d'un café pour échanger sur nos vies actuelles est une invitation à revisiter le passé tout en explorant les contours de nos existences présentes. L'idée de partager et de rattraper le temps perdu est séduisante, bien que teintée d'une prudence due à la nouvelle direction de ma vie avec Cassia.

La silhouette de Lou s'éloignant, une vague de nostalgie m'envahit. Il y a dans son départ une étrange réminiscence du passé, un rappel des moments partagés qui semblent à la fois proches et lointains. Lou, avec son charme intemporel et sa présence vibrante, n'a presque pas changé, conservant cette aura qui avait jadis capturé mon attention. Mais à mesure qu'elle disparaît de mon champ de vision, une réalité plus pressante s'impose à moi, celle de mon présent et de l'avenir que je souhaite construire.

Animé par le besoin de clarifier mes pensées, de me laver de cette nostalgie soudaine, je me dirige vers le bassin pour plonger à nouveau dans ses eaux rafraîchissantes. La piscine, avec son eau claire et apaisante, promet une évasion, un moyen de recentrer mon esprit sur ce qui compte véritablement. Cependant, alors que je m'immerge dans l'eau, anticipant quelques instants de solitude contemplative, le destin en décide autrement. Face à face avec Cassia, la surprise me coupe le souffle, faisant dérailler mes pensées précautionneusement rangées. « Oh Cassia ! » L'expression de surprise se mue rapidement en un sentiment d'urgence, une nécessité de communiquer, de reconnecter. Son regard, un mélange de questionnement et peut-être d'inquiétude, me rappelle instantanément l'importance de notre relation. Dans cet instant suspendu, les eaux autour de nous semblent refléter non seulement notre image, mais aussi l'écho de nos sentiments, de nos incertitudes. La rencontre inattendue avec Lou, bien que brève, avait soulevé des fantômes du passé que je ne désirais pas entretenir. « J’ai revu une vieille connaissance… » Je tais volontairement ce qu’il s’est passé entre Lou et moi, il y a plusieurs années de cela. « Rien d’important… » Est-ce je mens par omission ? Certainement. En vérité revoir Lou après tout ce temps pousse ma mémoire à se rappeler de tous les moments que nous avons partagés ensemble. Un brin de nostalgie un peu trop présent…

Le moment est calme, apaisant. En naviguant dans l'eau du bassin je laisse mon esprit divaguer, faire le vide. C'était pour cette raison que j'affectionnais tant venir ici et pratiquer cette activité. Pour moi, c'était un moyen de me ressourcer. J'enchaînais donc les longueurs de bassin à mon rythme. Pratiquant dans un premier temps le crawl pour favoriser une rééducation improvisée de mon épaule. Le mouvement de cette nage était parfaitement adapté sans oublier les bénéfices que l'eau pouvait apporter à mon articulation. Dans un second temps, j'avais opté pour la brasse, sentant ma clavicule à fleur de peau. L'objectif était de l'apaiser non de la faire souffrir. C'est ainsi, en changeant de rythme que l'aperçu Milo non plus dans l'eau mais au bord du bassin avec une jeune femme. Une femme, mais pas n’importe quelle femme. Une belle femme. Grande, élancée avec de jolies formes. Une femme qui ne laisserait pas indifférent Milo, c’était certain.  Mon regard est immédiatement attiré par lui, ou devrai-je dire par eux. Je ne peux m’empêcher des les observer. Je me demandais bien si cette jeune femme était une pure inconnue qui abordait Milo ou qui demandait un simple renseignement. Ou alors si c’était une connaissance du pilote de ligne. Rapidement, en observant leurs manières d’être et leur attitude, j’ai la nette impression qu’ils se connaissent. Tous un tas d’interrogations traversent alors mon esprit. Le visage de cette jeune femme ne me disait absolument rien. Mes sourcils se froncent légèrement quand j’aperçois la main de cette dernière se poser sur son torse. Je faisais confiance à Milo, en revanche les autres femmes c’était une tout autre affaire. Je ne souhaite pas rester davantage sans en savoir plus. Alors je décide de changer de ligne d’eau, une par une pour m’approcher d’eux.

Toutefois, il semblerait que je ne sois pas assez rapide. Milo et la jeune femme se saluent et le pilote de ligne retourne à l’eau. Je me rapproche alors de lui, et lorsqu’il tombe nez à nez avec moi Milo semble presque surpris. Comme si il avait oublié que j’étais bien présente ici, dans cette piscine avec lui. Je suis statique face à lui, mon regard ne peut sans doute pas cacher toutes les questionnements que je me pose, tout comme cette once d’inquiétude qui est présente malgré mes efforts. Milo me raconte alors avoir revu une vieille connaissance. « Oui, c’est ce que j’ai cru voir... » dis-je en lui adressant un léger sourire, presque forcé pour masquer mon incompréhension. Le fait que Milo ajoute qu’il n’ s’agissait là de rien d’important me fait immédiatement comprendre que c’était tout le contraire. « Rien d’important... » répétai-je comme pour me convaincre. Mais en vain. « Une veille connaissance, c’est ainsi que tu nomme tes anciennes conquêtes… ? » demandai-je à Milo faussement amusée, toujours pour faire bonne figure.