En s’excusant pour notre discussion houleuses de jeudi soir, Milo m’ôtait un poids certes invisible mais malgré tout pesant sur mes épaules mais surtout ma conscience. Toutefois, je pensais très sincèrement que dans cette légère brouille, j’avais également eu ma part de responsabilité. J’avais de suite été très susceptible, encore à fleur de peau, en évoquant ce qui s’était passé avec Andrew il y a quelques semaines. Mais le plus important, c’était qu’à présent nous étions sur la même longueur d’ondes à nouveau. Milo comprenait mon choix de ne pas porter plainte. Et ce qui était rassurant, c’est que depuis nous n’avions eu aucune nouvelle d’Andrew. C’était bon signe pour la suite.

Milo souhaite me parler d’autre chose. Son ton est sérieux. Je me tourne vers lui, pour lui faire face, non sans en profiter pour l’embrasser avant qu’il ne commence à se confier. Le pilote de ligne m’annonce alors qu’il souhaitait que je me sente libre dans notre relation. Cette confidence m’étonne quelque peu. Mais je laisse Milo continuer et je comprends alors que l’objectif de cette discussion est d’élargir davantage notre fenêtre de dialogue. Milo souhaite me rassurer et m’inciter à parler ouvertement de tout ce qui pourrait ne pas me convenir à un moment donné ou un autre dans notre relation. Je trouve cette initiative touchante. Et sans le vouloir et même sans le savoir Milo touche une corde sensible. A croire qu’il avait pu lire dans mes pensées ou lire des récits de mes quelques mésaventures passées avec Andrew. « Je n’essayerai pas de te faire culpabiliser pour obtenir une faveur ou pire encore… » Ses mots résonnent dans mon esprit pendant de longues secondes. Me rappelant ainsi que ma relation avec Andrew n’avait jamais réellement été fondée sur l’amour ou la confiance mais plutôt sur la dépendance et la culpabilité. Combien de fois m’étais-je offerte à lui non pas par envie mais par embrigadement via une culpabilité dont seul Andrew avait le secret. Tout ce que me promettait Milo était à l’antithèse de ce que j’avais pu connaître avec Andrew. Presque honteuse, me rendant compte à quel point j’avais pu être naïve et faible, je baisse légèrement le visage. Mes mains venant se poser délicatement contre le torse de Milo. Et finalement, un léger rire, bien que rempli d’émotions, émane de ma bouche quand Milo évoque un tube de dentifrice non refermé. Mon visage finit par se relever, plongeant mon regard brillant d’émotion mais aussi de bonheur, dans le sien. « Je te remercie... » Peut-être que cette discussion n’avait l’air de rien, mais elle avait une grande importance. Pour moi, pour lui, pour nous. « Je te promets de te parler si quelque chose ne me convient pas et je te promets de ne jamais me forcer à rien... » Mes mains viennent an cadrer délicatement son visage « En retour, je te demande de me promettre la même chose. » Nous devions tous les deux nous sentir serein dans cette relation. Et si Milo était en désaccord, si quelque chose ne lui convenait pas je voulais bien évidemment qu’il se sentie libre de m’en parler. « Et de ne pas hésiter à me remettre les idées au clair quand je doute trop. Comme tout à l'heure... » dis-je en plaisantant légèrement faisait clairement référence à ce qui avait pu se passer tout à l’heure avec les messages de Lou.

La surprise me submerge lorsque Cassia exprime sa gratitude après mon engagement à ne jamais l'enfermer dans une relation toxique comme celle qu'elle a vécue avec Andrew. Mes intentions, profondément ancrées dans le désir de construire avec elle un avenir sain et équilibré, semblaient si naturelles, si évidentes à mes yeux, que son remerciement m'apparaît d'abord comme inattendu. Je la regarde, un léger pli d'interrogation marquant mon front. Pourquoi ressent-elle le besoin de me remercier pour quelque chose qui, à mon sens, devrait être la base de toute relation ? Je réalise, en ce moment même, la profondeur de l'impact que ses expériences passées ont eu sur elle, et l'importance que revêtent mes paroles dans ce contexte. Cassia a été habituée à un environnement où la manipulation, le contrôle et la peur régnaient, au point que la perspective d'une relation fondée sur le respect mutuel, la liberté et l'amour véritable lui semble presque étrangère, suffisamment pour mériter des remerciements. Conscient des séquelles que peuvent laisser les relations passées, surtout celles marquées par l'ombre d'un individu comme Andrew, je veux lui assurer qu'elle ne sera jamais réduite à ces expériences douloureuses dans notre relation. Je veux pour Cassia un avenir dégagé des entraves du passé, où elle peut avancer à mes côtés en toute confiance, libérée de la peur d'être jugée ou de ne pas être à la hauteur.

Je prends une profonde inspiration, laissant ce constat imprégner mon esprit. Je me rends compte de l'immense responsabilité qui m'incombe. Cassia mérite de découvrir ce que signifie être aimée sans condition, sans crainte de réprimandes ou de représailles pour avoir exprimé ses sentiments ou ses désirs. « Cassia » commence-je, ma voix teintée d'une douce fermeté, « Il n'y a pas de quoi me remercier pour cela. C'est la moindre des choses. » Je fais une pause, cherchant ses yeux avec les miens pour y ancrer ma sincérité. « Je veux simplement que tu sois heureuse » Je lui souris, espérant apaiser et peut-être même effacer les ombres du passé qui semblent encore la hanter. « Tu as le droit à une relation saine, Cassia, une relation où tu te sens valorisée, respectée et... » L’espace d’un instant je me tais avant de reprendre. Un mot aurait pu m’échapper, mais il n’a pas franchi l’ourle de mes lèvres. « C'est ce que je m'efforce de t'offrir chaque jour. » J’aimerai parvenir à lui faire oublier cet homme malsain. Lui rappeler qu’elle n’est pas tout ce qu’il a pu proférer à son encontre. Je rêve de dissiper les ombres de ces hommes éphémères qui n'ont su la voir véritablement, de ces liaisons teintées d'amertume, de ces rejets qu'elle dissimulait derrière un sourire teinté de tristesse. Par moments, Cassia m'apparaît si vulnérable, vacillante, comme privée de toute ancre, se perdant dans des rôles qui l'éloignent d'elle-même. Mon désir n'est pas de la transformer, mais de l'aider à se retrouver, à harmoniser son être avec son essence, à se défaire de ses masques et de ses craintes. C'est cette quête d'affirmation que j'ai perçue dès le premier instant où nos regards se sont croisés : son errance, prête à se révéler au premier qui saurait parler d'elle avec sincérité, qui éveillerait en elle cette confiance enfouie. À la recherche d'un regard bienveillant capable de lui redonner forme et force. Ce regard, c'était le mien. C'était moi qui allais lui apporter cette reconstruction, armé d'une force suffisante pour nous deux.

La promesse de Cassia, prononcée avec une sincérité qui traverse directement mon cœur, vient apaiser une mer d'inquiétudes que je n'avais peut-être pas pleinement exprimées. Son engagement à communiquer ouvertement, à ne jamais se forcer pour me plaire ou répondre à des attentes non dites, s'ancre profondément en moi, offrant une tranquillité nouvelle à mon esprit parfois tourmenté par le passé et ses ombres. Lorsque ses mains encadrent mon visage, un geste d'une tendresse infinie, je me retrouve submergé par une émotion qui défie toute articulation. Les mots deviennent superflus, tandis que nos regards se parlent dans le langage silencieux de l'amour et de la compréhension mutuelle. Mon silence est volontaire, un espace sacré pour nos sentiments à se manifester sans le filtre des mots, avant que mes lèvres ne trouvent refuge contre les siennes, dans un baiser qui scelle notre promesse non dite. « Je comprends tes doutes… Je ne t’en tiens pas rigueur. » Ces mots, murmurés à l'oreille de Cassia dans la proximité de notre étreinte, sont mon aveu d'une vulnérabilité partagée. « Il n’y a que toi… Il n’y a toujours eu que toi. » Révélation intime, exprimée sous le voile d'un ciel crépusculaire qui se fond dans les eaux tranquilles de la baie de Fall River. La baie, témoin silencieux de cet instant de communion, semble envelopper notre moment partagé dans une aura de sérénité intemporelle. Ici, sous le regard bienveillant de la nature, nos promesses et nos aveux se fondent dans l'immensité du monde.

Avec un brin de malice dans la voix, je feins une certaine gravité pour capter l'attention de Cassia. « J’ai une réclamation Mademoiselle Henderson… » Ma non-réponse à sa précédente requête n'était pas un oubli, mais une affirmation silencieuse de l'évidence de sa place dans ma vie. Pourtant, je choisis de dévier sur une note plus légère, espiègle. « Je n’ai pas eu mon quota quotidien de baisers ! » Mon murmure, chargé d'un faux sérieux, vise à insuffler une touche de légèreté dans notre échange, à distiller un peu de douceur après les ombres de la conversation précédente. Je m'approche doucement, réduisant l'espace entre nous, un sourire complice ourlant mes lèvres. « Je serais toujours là… » J'insiste, appuyant mes mots d'un geste tendre vers son cœur, symbole de ma présence inébranlable à ses côtés. Mais je tempère aussitôt, conscient des réalités de la vie et des risques inhérents à ma profession. « Même si un jour je ne suis plus là, près de toi… » La gravité de cette pensée s'insinue dans mon ton, un rappel voilé des incertitudes de l'existence.
Je la regarde, cherchant dans ses yeux une étincelle de compréhension, espérant qu'elle saisisse la profondeur de mon engagement, la sincérité de mes sentiments.

Avec Milo à mes côtés je me rends compte que je m’étais pleinement fourvoyé pendant plusieurs années sur ce qu’était une véritable relation saine, sur ce qu’était véritablement l’amour. Je savais que je pouvais toujours avoir confiance en Milo, mais cette discussion réaffirmait ce fait indéniable malgré l’évolution de notre relation. Mon premier réflexe fut de remercier Milo, pour ses paroles, pour sa manière d’être tout simplement. Avec lui j’avais toujours eu cette agréable sensation d’être importante, d’être moi même et confiante. Ce soir, il me prouvait que cela continuerait encore. Pour le pilote de ligne cette sincérité, cette confiance au sein d’une relation lui semblait banale voir essentielle. Il ne se doutait sans doute pas que tous les hommes ne pensaient et n’agissaient pas comme lui. Milo m’ôtait les mots de la bouche, à ses côtés je me sentais valorisée, respectée, important, choyée et aimée. Même si les trois petits mots n’avaient pas été prononcé pour le moment. Il était sans nul doute trop tôt pour cela. « Et chaque jour, je me sens un peu plus épanouie à tes côtés... » avouai-je le plus sincèrement du monde au jeune homme. Si de mon côté, je promettais à Milo de ne jamais me forcer à rien et de ne jamais taire une quelconque fausse note dans notre relation, il me tiens à cœur de lui faire promettre la même chose. Tout comme je lui demande de ne pas hésiter à me remettre les idées au clair quand le doute, quand mes doutes, prenaient le dessus. Je suis soulagée d’entendre Milo me dire qu’il ne me tenais pas rigueurs des doutes que j’avais eu un peu plus tôt dans la soirée.  « Je te promets qu’il n’y a que toi également. Et il y aura toujours que toi... » Et sans doute n’y avait-il eu que lui. C’était même certain.

La petite réclamation de Milo me fait sourire de bon cœur. « Oh, laisse moi remédier à ce terrible outrage... » dis-je en déposer un premier baiser sur ses lèvres. Puis un second.  Sa main sur mon cœur, je viens poser une des miennes à son tour. Nos deux main réunies, emmêlées sur mon myocarde. Un geste fort, un geste symbolique. Lorsque Milo me dit qu’il sera toujours présent dans mon cœur même si un jour il n’est plus là, mon cœur se serre. Je ne pouvais même pas oser imaginer ma vie sans lui. Mon regard témoigne de l’insupportabilité de cette pensée « Tu le seras toujours... » soufflai-je comme une affirmation défiant alors coûte que coûte les aléas de la vie.

Nous profitons encore un petit instant de la beauté que nous offrait cette vue sur le lac. La nuit avait immiscée la pénombre dans le paysage, et seul la luminosité de la lune éclairait quelque peu le paysage à présent. C'est donc toujours main dans la main, que nous reprenions le chemin inverse afin de retourner à la voiture pour rentrer à l'appartement.

Après un premier baiser empreint de douceur, suivi d'un second chargé de tendresse, l'absence d'un troisième me laisse sur une note d'attente, presque de manque. Avec une légère moue boudeuse, je cherche à capter son attention, nos mains entrelacées témoignant de la profondeur de notre lien. Cette étreinte, cette proximité qui nous unit, nourrit ma mémoire chaque jour, indépendamment de la distance qui peut nous séparer. Il est vrai, pas une journée ne s'écoule sans que Cassia ne traverse mon esprit. Que ce soit à travers un message envoyé pour partager un simple « je pense à toi », ou dans le silence de mes réflexions, elle est constamment présente. Même lorsque le travail m'emporte loin, à des milliers de kilomètres d'elle, dans l'immensité du ciel, son image ne quitte pas mon esprit. Je me retrouve à comparer la splendeur des paysages que je survole à sa beauté, et invariablement, c'est elle qui l'emporte. Aucun horizon, aucun coucher de soleil, aucune mer d'étoiles n'égale l'éclat qu'elle porte en elle. Alors que je sollicite ce troisième baiser, non pas par gourmandise mais par besoin de me sentir encore plus proche d'elle, je réalise à quel point chaque moment passé avec Cassia est précieux. Chaque baiser, chaque étreinte, chaque message échangé tisse la trame d'une histoire que nous écrivons ensemble, une histoire d'amour et de complicité qui dépasse les frontières et les altitudes. Dans l'intimité de cet instant partagé au bord du lac, sous l'éclat des étoiles, je me promets de chérir ces moments, de les multiplier, pour que jamais elle ne doute de l'importance qu'elle a pour moi. Car en fin de compte, peu importe où je me trouve dans le monde, c'est auprès de Cassia que je me sens véritablement chez moi. Je reviendrai toujours m’éteindre dans ses bras.

La nuit enveloppe doucement la ville de son manteau de fraîcheur, guidant nos pas vers la voiture de Cassia. Dans ce mouvement vers le retour, nos mains se retrouvent naturellement, tissées l'une à l'autre, un symbole de notre union indéfectible. L'atmosphère dans l'habitacle, désormais apaisée, contraste avec la tension passagère qui avait émergé plus tôt. Une fois arrivés à l'appartement de Cassia, je prends soin d'elle avec une attention toute particulière, l'aidant à retirer sa veste tout en m'assurant de ne pas solliciter son épaule blessée. Cette marque de sollicitude n'est pas un geste isolé, mais l'expression de mon engagement constant à veiller sur son bien-être. « Je vais te préparer un thé bien chaud et appliquer un peu de pommade sur ton épaule. » Ces mots, simples en apparence, sont chargés d'une intention profonde. Alors que l'eau bout et que le parfum du thé commence à emplir l'air, je me concentre sur l'application délicate de la pommade sur son épaule dénudée, mes doigts se mouvant avec une tendresse et une précision méditative. Chaque geste est imprégné de mon désir de lui offrir réconfort et soulagement, par moment mes lèvres ébauchent son cou, le parsemant de quelques baisers.

Alors que mes mains se déplacent doucement sur son épaule, déposant avec soin la pommade pour adoucir sa douleur, je sens le poids des mots qui se bousculent au seuil de mes lèvres. « Il faut que je te confie quelque chose… » Cette introduction marque une pause dans nos gestes, un silence chargé d'anticipation qui s'étend entre nous comme un pont suspendu au-dessus d'un abîme d'incertitudes.

Je m'arrête un instant, mes mains toujours posées délicatement sur son épaule, tandis que mon esprit s'embrouille à la recherche de la manière la plus juste de formuler ma pensée. Ce que je m'apprête à lui dire porte en lui une vulnérabilité que je n'ai pas souvent l'occasion, ou peut-être le courage, d'exprimer. Le silence, volontaire mais lourd, semble étendre son ombre sur l'instant, suspendant le temps alors que je lutte pour trouver les mots adéquats. La tension de l'aveu à venir me fait hésiter, conscient de l'impact que mes paroles pourraient avoir sur l'équilibre délicat de notre relation. Il y a dans cet aveu à venir une part de moi que je n'ai peut-être jamais pleinement dévoilée, une fragilité, une peur ou peut-être une aspiration si profonde que la simple idée de la mettre en mots me semble une traversée périlleuse. « Je… » Le mot s'échappe, tremblant, alors que je me risque enfin à briser le silence. Mon regard cherche le sien une lueur d'acceptation qui m'encouragerait à poursuivre. « Je ne suis pas certain de savoir comment te dire ça, mais… » La phrase s'étire, suspendue, tandis que je pèse chaque mot, chaque silence, conscient que ce que je m'apprête à partager pourrait changer la toile de notre relation.

Le retour jusqu’à l’appartement se déroula sans surprises, sans problème. Juste entre Milo et moi, en tête à tête. Sans appels ni messages inopportuns. Cela promettait donc une belle et douce fin de soirée. Bien que j’avais très fortement apprécié cette soirée en ville avec Milo, j’étais à présent ravie de pouvoir retrouver le confort et la chaleur de mon appartement. Dans un élan nature, Milo m’aide à retirer ma veste et s’empresse de m’annoncer vouloir me préparer un thé et appliquer de la pommade sur mon épaule. Bien sur le thé du soir était un rituel présent dans ma vie depuis tant d’années que j’aurai du mal de m’en passer l’application de la pommade sur mon épaule n’était pas une nécessité absolue. La douleur étant inexistante au repas et quasi inexistante lors de mes mouvements. Mais je savais d’avance que peu importe mes arguments avancés, Milo insisterait. « Je n’ai presque aucune douleur tu sais… Mais mon petit doigt me dit que je n’ai pas le choix, n’est-ce pas ? » Question rhétorique donnée sur le ton de la plaisanterie. Je me laisse donc guider au salon. Milo, efficace, avait déjà mis l’eau à bouillit et avait déjà sorti de tube de pommade. Je n’avais plus qu’à m’installer. Je m’assois donc sur le canapé. Abaissant les bretelles de ma robe pour ne pas gêner les mains de Milo.

Le contact des mains de Milo sur mon épaule me font d’abord doucement frissonner. Et rapidement, je devais bien avouer que même si la douleur était moindre, l’effet de la pommade ainsi que des légères pressions exercées par les mains de Milo me faisait beaucoup de bien. Et la sensation de ses baisers dans mon cou, me faisaient également beaucoup de bien, non pas à mon épaule mais à mon âme, à mon cœur. Milo m’annonce vouloir me confier quelque chose. Le fait que le pilote de ligne ne continue pas sur sa lancée indique clairement que ce qu’il avait à me dire était très important. « Je t’écoute... » Je me tourne alors vers lui, plongeant mon regard dans le sien. Milo ne semblait pas trouver les mots adaptés à son annonce. Surprenant venant de lui. Son incertitude m’angoisse quelque peu. « A ce point là...? Tu m'inquiètes un peu là...» avouai-je sans le quitter du regard. « Tu peux tout me dire, tu le sais... » dis-je en espérant que cela lui donne la confiance dont il avait besoin pour continuer sa confidence.

Mes doigts parcourent délicatement l'épaule meurtrie de Cassia, apportant réconfort et attention, je me retrouve à nouveau à l'orée de cette conversation que je souhaite avoir avec elle, mais dont l'issue reste floue, insaisissable. « Je ne sais toujours pas comment décrire notre relation, Cassia... » Mes paroles s'élèvent doucement, comme une brise légère qui porte en elle une multitude de sentiments non exprimés. Le simple contact de sa peau sous mes mains éveille en moi un désir profond de protection, de bienveillance, qui transcende les mots. Au fond de moi j’ai une petite idée de ce que nous sommes à présent l’un pour l’autre, mais prononcer ce mot me fait peur. Je le redoute car il s’ancre dans une réalité que j’ai toujours fuis au lendemain d’une nuit.  Nous avons embrassé cette lenteur dans notre relation, une démarche qui nous convient à tous les deux, laissant nos cœurs et nos âmes se découvrir et s'apprivoiser sans hâte. « Même si nous n'avons pas posé officiellement de mot sur notre relation, tu sais qu'il n'y a que toi à mes yeux... » Je tente de lui communiquer cette exclusivité qu'elle possède sur mon cœur, même si une partie de moi hésite encore à se livrer entièrement. « Les autres femmes me paraissent si fades et dénuées de tout intérêt à présent. » Mes paroles sont sincères, elles traduisent un changement profond en moi, une réalité nouvelle façonnée par sa présence dans ma vie.

Je continue à lui masser l'épaule, chaque geste empreint d'une tendresse qui cherche à combler les mots que je n'arrive pas encore à prononcer. « Je reviens à Fall River uniquement pour toi dès que je peux, même lorsque nous nous disputons. » Je fais allusion à ce weekend, à ces retours incessants vers elle, comme des étoiles qui guident mon chemin dans l'obscurité. « J'ai bien conscience de t'avoir confié tout à l'heure que j'avais des doutes quant à ma capacité à te rendre heureuse... » Mon aveu, prononcé plus tôt, résonne encore entre nous, comme une ombre qui plane, indécise. Cassia a su me rassurer pourtant je ressens toujours la cruelle et désagréable sensation de ne pas en faire assez. Ma tentative de progression vers le sujet véritable de ma préoccupation s'enlise dans les méandres de ma propre incertitude. « Comme tu sais, j'ai rendu mon appartement avant de partir à New-York. Tu m'héberges à chaque fois que je rentre et... » Mes mots s'effilochent, se perdent dans le labyrinthe de mes pensées non formulées. Un silence s'installe, dense, chargé d'une attente non comblée, alors que je me débats avec l'expression de ce que je ressens véritablement, de ce que je souhaite lui révéler.

Ce moment d'hésitation, ce flottement entre mes intentions et leur expression, est le reflet de la complexité des sentiments qui m'animent. Je me retrouve au bord d'un précipice émotionnel, cherchant désespérément le courage de sauter, de me livrer sans réserve, mais me voilà immobilisé par ma propre réticence à tout dévoiler. Et dans ce silence qui s'étire, je réalise que, malgré mon désir ardent de partager avec Cassia cette part cachée de moi, je ne trouve pas encore la force de franchir ce pas, laissant nos cœurs suspendus dans l'attente d'une révélation qui, pour l'instant, reste un murmure inaudible dans le creux de la nuit.

Le regard de Cassia se plante dans le mien, un souffle de courage s'empare de moi, transperçant le voile de réticence qui m'entourait jusqu'alors. Ses yeux semblent sonder l'essence même de mon être, cherchant à déchiffrer les secrets et les incertitudes qui s'y abritent. C'est dans ce miroir de son regard que je trouve la force de verbaliser une part de mes aspirations les plus profondes. « Je ne veux pas te laisser la charge de tout ici… J’aimerai pouvoir aussi y contribuer. » Ces mots, prononcés dans un élan de sincérité, révèlent une facette de mes sentiments que j'ai longtemps tue. L'idée de demeurer auprès d'elle, de partager non seulement des moments mais aussi les responsabilités et les joies du quotidien, s'infiltre en moi avec une évidence croissante. Bien que cette pensée n'ait pas émergé de mon esprit de façon entièrement consciente jusqu'à présent, elle s'ancre fermement à mesure que je l'exprime à voix haute. C'est un aveu, non conscientisé, de mon désir non seulement de pérenniser notre relation, mais aussi de participer pleinement à la vie que nous construisons ensemble.

Installés dans le salon, Milo était entrain de m’appliquer de la pommade sur mon épaule afin de soulager au maximum mon articulation meurtrie depuis plusieurs semaines déjà. C’est dans ce moment d’intimité et de complicité que Milo m’annonce vouloir me dire quelque chose. Étrangement, le pilote de ligne peinait à trouver les mots justes. Ce manque de confiance ne lui ressemblait absolument pas. Et très honnêtement, cela m’inquiétait. Milo commence par m’avouer qu’il ne savait pas comment décrire notre relation. Nous étions donc deux. Il est vrai que les nombreuses fois où je me suis retrouvé face à ce dilemme m’avait posé question. Mais malgré l’absence d’étiquette sur notre relation, Milo insiste bien sur le fait qu’il n’y avait que moi à ses yeux. Cela ne faisait que décupler la confiance que j’avais en lui. Je pensais que cette préoccupation était l’objet de son incertitude mais je me rends compte rapidement que non. Milo évoque alors ses allers-retours à Fall River, pour moi, pour nous. Il évoque également ses soutes quant à sa capacité de me rendre heureuse. Ses mots, ses paroles défilent et je peine un peu à savoir où il voulait en venir exactement. C’est pour cette raison que je décide d’abord de l’écouter, le laisser se confier petit à petit sur ce qui le tourmentait. Le jeune pilote de ligne met en avant différents aspects de sa vie quotidienne avant de s’attarder sur la question du logement. Cela faisait en effet cinq à six semaines que Milo venait chez moi le week-end, ce dernier m’avoue alors ne pas vouloir me laisser la charge de tout ici, il m’annonce son souhait de vouloir y contribuer également. « Je vois... » Je prends le temps de quelques secondes, tentant de m’attarder sur les points les plus importants de ces petits tourments. « Tu sais, je ne sais pas toujours comment décrire notre relation non plus… Même si cela est peu banal, ça ne me dérange pas plus que cela dans le fond… On s’est mis d’accord, c’est notre manière à nous de prendre notre temps. Après, si cela commence à poser problème… nous pouvons en parler, ensemble. » Est-ce que cela posait un réel problème ou non ? Tel était la question.

Puis un second élément avait bien évidemment attisé ma curiosité. Le logement. Ou plutôt le fait que j’hébergeais Milo ici tous les week-ends. « Pour ce qui est de tes allers-retours ici, je voulais déjà te remercier sincèrement de ce que tu fais pour moi, pour nous… J’aimerais tant pouvoir en faire de même... » Malheureusement avec le travail c’était compliqué, financièrement aussi. « Je t’héberges ici de bon cœur et avec grand plaisir. Mais j’entends ta demande... » Je ne voulais en aucun cas qu’il se sente mal à l’aise. Justement, notre relation était basée sur la confiance, l’honnêteté et sur la liberté aussi. Si Milo pouvait se sentir plus à son aise en contribuant d’une quelconque manière alors nous pouvions en parler. « Tu sais tu contribues déjà à mon bonheur, c’est déjà beaucoup tu ne trouves pas ? » dis-je d’un ton léger accompagné d’un doux sourire. Je me place face à lui, ma main vient se poser délicatement su sa joue, mon pouce venant effleurer tendrement sa lèvre inférieure « Que souhaites-tu faire de plus… ? » demandai-je d’une douce et tendre voix.

La question de Cassia, empreinte d'une pure sincérité, me parvient comme un doux murmure, résonnant avec la gravité et la douceur de l'instant. Son geste tendre, son pouce caressant délicatement ma lèvre inférieure, enlace mon cœur d'une chaleur réconfortante, m'invitant à m'ouvrir davantage, à partager les profondeurs cachées de mes pensées. « Que souhaites-tu faire de plus ? » Sa voix, si douce, si pleine d'attention, éveille en moi une marée d'émotions, un tumulte de pensées et de souhaits qui, jusqu'alors, restaient murmurés dans le silence de mon esprit. La vérité est que je brûle du désir de tout renverser pour elle, de sceller notre union, d'effacer de ma mémoire toutes ces rencontres éphémères qui, en comparaison, semblent si vides, si dénuées de sens. J'ai envie de m'ancrer à elle, de ne vivre que pour elle, de lui offrir chaque parcelle de mon être. Pourtant, face à la grandeur de ce désir, je trouve mes propres mots insuffisants, ma voix étranglée par l'ampleur de ce que ces aveux impliquent. Comment exprimer une telle révolution intérieure, comment révéler ces aspirations si profondes sans risquer de briser l'équilibre fragile de ce moment ? Le poids de ces pensées m'immobilise, me laissant tiraillé entre l'urgence de partager mon amour inconditionnel et la crainte de précipiter les choses, de la pousser au-delà de ce qu'elle est prête à entendre ou à accepter.

Je me contente donc d'un sourire, un sourire qui, je l'espère, transmettra une fraction de l'intensité de mes sentiments. Ma main trouve la sienne, la serre avec tendresse, dans un geste qui se veut rassurant. « Il y a tellement de choses que je souhaite, Cassia... » Mes paroles s’élèvent dans l’air en même temps que me redresse. Le trajet jusqu'à la cuisine se fait avec une légèreté emplie de réflexions. Je vérifie l'infusion du thé, cette tâche si banale en apparence, mais qui, dans le contexte de notre relation, prend une dimension particulière, celle de l'attention portée à l'autre, du désir de prendre soin, d'apporter du confort et de la chaleur. Le thé prêt, je saisis sa tasse avec précaution, leur contenu fumant doucement, embaumant l'air d'arômes apaisants. Ce simple acte de préparer une boisson chaude pour Cassia représente, pour moi, l'expression de mon engagement quotidien envers elle, une façon tangible de dire « je suis là, avec toi, pour toi ». En revenant vers elle, les tasses en main, je retrouve son regard, y cherchant et y trouvant cette étincelle qui allume nos âmes, qui fait de chaque geste, de chaque parole, une pierre ajoutée à l'édifice de notre amour. « C’est brûlant, attention » dis-je en déposant doucement sa tasse devant elle, un geste si simple, mais chargé de l'amour et de la considération que j'éprouve à son égard.

Je marque une courte pause, cherchant à formuler ma pensée de la manière la plus claire possible. Puis je m’assois de nouveau face à Cassia. « Je ne veux pas que tu te sentes obligée de tout assumer financièrement. » Puis je reprends, avec un regard rempli d’émotion « Si je dois traverser chaque week-end la Terre entière pour te rejoindre, je suis prêt. Si je dois être fatigué le lundi matin par le décalage horaire, je suis prêt. Même si ce n’est que pour quelques minutes… Car pendant cet instant, nous serons ensemble. » Je laisse ces mots imprégner l'espace entre nous. « Tu sais bien que je n’ai pas de problèmes financiers Cassia »  Je m'efforce de communiquer non seulement l'assurance de ma situation économique stable, mais aussi mon désir profond de participer équitablement à notre vie commune. « Je ne veux pas que tu portes à toi toute seule ce poids. »

Quant à la contribution de Milo lorsqu’il était ici les week-ends, je m’efforce de souligner le fait qu’il contribuait déjà pleinement à mon bonheur. Ce qui, n’était absolument pas négligeable. Bien que sincères, mes mots avaient eu pour visé de le rassurer également. Je ne voulais en aucun cas que Milo se sente gêné ou redevable parce qu’il vivait chez moi le temps d’un week-end. Toutefois, souhaitant que notre relation soit la plus solide possible, j’étais à l’écoute d’éventuelles demandes de sa part. La réponse de Milo reste en suspens de l’air. Il y a tellement de chose qu’il souhaitait. Mais quelles étaient donc ces choses font il parlait ? Mon regard suit Milo se rendant à la cuisine pour y verser le thé à présent prêt dans deux tasses. « Merci beaucoup » dis-je simplement lorsque le pilote de ligne revient au salon, déposant ma tasse devant moi. Milo reprend rapidement sa place devant moi m’avouant qu’il ne souhaitait pas que je me sente obligée de tout assumer d’un point de vue financier. « Milo, je te promets que je ne me sens absolument pas obligée… Je paie mon loyer tous les mois, ta venue ici les week-ends ne changent absolument rien de ce côté là... » Ce n’est pas ses venues ici qui changeait le montant du loyer, il n’y avait donc aucun impact sur ce côté financier. Et puis si ça permettait de compenser un peu tous les efforts que Milo faisait pour venir me voir, j’y prenais grand plaisir. D’ailleurs ce que dit Milo à ce sujet me touche infiniment. Le pilote de ligne souligne le fait qu’il n’avait pas de problème financier « Je le sais... » Mais ce n’est pas pour autant que je voulais en profiter. Milo réitère sa volonté de contribuer à certaines charges « Je sais Milo et ça me touche beaucoup que tu t’inquiètes pour cela mais je t’assure que je m’en sors très bien. Tes venues ici n’ont aucun impacts négatifs... » Mon regard se pose sur lui, un sourire amusée en coin « Je ne fais pas grand-chose, juste une petite place pour toi dans mon lit... Ce n’est rien comparé à ce que toi tu fais pour moi...» Et par là j’entendais, veiller sur moi, prendre soin de moi. Encore ce soir il m’avait invité à dîner. Sans s'en rendre compte, Milo participait déjà beaucoup aux charges dont il était question ici.

Alors que Cassia cherche à me tranquilliser, arguant que mes visites du weekend n'impactent pas significativement son loyer ou ses dépenses, une part de moi demeure préoccupée. Elle peut avoir raison sur le papier, mais intuitivement, je sens que ma présence régulière doit, d'une manière ou d'une autre, influencer ses charges. Cette réflexion me pousse vers une idée, une solution potentielle pour contribuer de façon plus concrète, même si je choisis, pour l'instant, de garder cette pensée pour moi. Peut-être ce n'est pas le moment idéal pour en discuter, surtout si je n'arrive pas à la convaincre ce soir.

La légèreté avec laquelle Cassia aborde notre cohabitation le weekend me donne l'occasion de détendre l'atmosphère, malgré mes préoccupations sous-jacentes. « Juste une petite place dans ton lit ? Juste dans ton lit ? Moi qui pensais avoir une place dans ton cœur… Je suis affligé d’apprendre le contraire. » Ma réplique, teintée d'humour et de théâtralité, vise à alléger notre conversation, à insuffler un peu de légèreté à nos échanges, parfois chargés d'émotions et de sujets sérieux. Je la regarde, un faux air de tragédie peint sur le visage. « Je vais devoir déposer une nouvelle réclamation Mademoiselle Henderson, je n’ai toujours pas eu mon quota de baiser ! Et vous savez combien je suis grognon lorsque c’est le cas ! » renchérissais-je en me penchant pour l’embrasser.

La détermination de Cassia à porter seule le poids financier de notre arrangement domestique allume en moi une étincelle de résolution. Son refus de ma contribution ne fait qu'attiser ma volonté de trouver un moyen, aussi subtil soit-il, de participer équitablement à notre vie commune. Son indépendance et sa fierté, bien que je les admire profondément, ne sauraient me dissuader de prendre part, à ma manière, aux dépenses partagées. Avec une feinte innocence, je glisse ma main dans ma poche pour en extraire mon téléphone. Sous le couvert d'un geste quotidien, j'ouvre mon application bancaire, naviguant à travers les menus avec une précision habituée. Le montant que je choisis d'envoyer vers le compte de Cassia n'est ni trop élevé, pour ne pas la froisser, ni insignifiant, pour signifier ma contribution sincère à notre vie ensemble. Au moment d'ajouter un commentaire au virement, un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres. « Parce que tu es aussi têtu que moi », j'inscris, espérant que ces quelques mots témoignent non seulement de ma détermination, mais aussi de l'affection et du respect que je porte à sa force de caractère. Une fois le virement effectué, je range mon téléphone, gardant pour moi ce petit secret, du moins pour le moment.

Ce petit acte de rébellion affectueuse contre son refus de l’aide financière est ma façon de lui dire que, dans notre équation à deux, l'amour et le soutien se manifestent de multiples façons, y compris à travers des gestes concrets qui, bien que discrets, sont empreints d'une signification profonde.

Je comprenais aisément ce que Milo pouvait ressentir. Je suis certaine que si les rôles étaient inversés je voudrais sans nul doute agir de la même manière. Toutefois, ses venues ici n’augmentaient absolument pas de manière significatives mes charges financières. Et puis, je trouvais cela normal étant donné que Milo aussi en faisait beaucoup de son côté. Et puis, j’avais aussi ma petite fierté, j’avais toujours mis un point d’honneur à être indépendante financièrement. Je tente d’alléger un peu l’atmosphère et minimiser ce que je faisais pour Milo en soulignant le fait que je ne faisais pas grand-chose mis à part une petite place dans mon lit. Milo joue sur les mots et théâtralise une immense peine. Je ris de bon cœur « Non, bien sûr que non… Une petite place dans mon lit, une petite place dans mon armoire… Et une immense place dans mon cœur et dans mon esprit. Toute la place même... » dis-je le plus sincèrement du monde. Milo continue sur sa lancée en réclamant à nouveau plus de baisers. « Encore ? Vous êtes bien exigent ce soir monsieur Davis... » Je prolonge tendrement son baiser « La soirée n’est pas terminée, promis je saurai me rattraper... » dis-je la voix remplie de promesse avant de lui voler un autre baiser. Je me redresse légèrement afin de boire une gorgée de thé, qui étrangement quand il était préparé par Milo avait un goût encore plus délicieux que d’habitude.

La soirée touche à sa fin. L’heure tourne, les tasses de thé vides nous débarrassons rapidement avant de nous diriger dans la chambre à coucher. Je m’éclipse à la salle de bain afin de me rafraîchir un peu et d’enfiler une nuisette pour la nuit. En sortant de la salle de bain je me rends compte avoir laissé mon téléphone dans mon sac à main. Je me dirige donc rapidement dans l’entrée pour aller le chercher et tout en le déverrouillant je scrute rapidement les notifications présentes. L’une d’entre elle attire plus particulièrement mon attention. J’avais apparemment reçu un virement bancaire. Intriguée, je me connecte à mon application pour voir de quoi il retournait. Un sourire mi amusée mi réprobateur se dessine sur mon visage en remarquant que le virement avait été émis par Milo. Le commentaire affiché me fit malgré tout sourire de bon cœur. « Milo Davis ! » dis-je alors que j’étais encore en train de longer le petit couloir qui menait à la chambre. Quand j’arrive cette dernière, Milo était là, installé dans le lit « Tu es vraiment incorrigible... » dis-je en désignant mon téléphone. Je pose l’appareil sur la table de nuit avant de me glisser à mon tour dans le lit « Et tu es une vraie tête de mule... » dis-je en venant me coller contre le pilote de ligne. « Merci, mais vraiment… Tu n’étais pas obligé. » ajoutai-je d'un ton un peu plus sérieux cette fois-ci.

La nuit s'est installée doucement sur la ville, enveloppant l'appartement de Cassia dans une tranquillité apaisante. Après une journée riche en émotions et en conversations profondes, nous ressentons le poids de la fatigue qui s'abat sur nos épaules, nous invitant au repos. C'est dans cette atmosphère nocturne sereine que nous commençons nos préparatifs pour la nuit. Je me dirige en premier vers la salle de bain, effectuant les rituels du soir avec une lenteur réfléchie, laissant l'eau fraîche sur mon visage me revigorer légèrement, effaçant les traces de la journée. Devant le miroir, je m'accorde un dernier regard, pensif, avant de retourner à la chambre, portant en moi le calme qui précède le sommeil. En silence, je retire mes vêtements, les pliant soigneusement sur une chaise, ne conservant que mon boxer, cette tenue minimale choisie pour la nuit. La fraîcheur du tissu contre ma peau est un rappel agréable de la liberté et du confort qui caractérisent ces moments de repos.

Le lit, déjà défait de son côté, m'invite avec ses draps doux et accueillants. Je m'approche, glissant avec précaution sous la couette, me laissant envelopper par sa chaleur réconfortante. La proximité du corps de Cassia, bien qu'elle soit déjà plongée dans le sommeil, ajoute une couche supplémentaire de paix à mon esprit. La sensation de nos peaux presque touchantes, séparées uniquement par le fin tissu de mon boxer et les draps, est un rappel tangible du lien qui nous unit.

À peine ai-je rejoint le sanctuaire des draps que le son de la voix de Cassia fend l'air, une occurrence si rare qu'elle capte immédiatement toute mon attention. Lorsque mon nom complet franchit ses lèvres, une pointe d'interrogation me pique le cœur. Qu'ai-je bien pu faire cette fois ? Mon esprit s'agite, cherchant une réponse, tandis que mon corps, sur le point de se redresser en quête d'explications, est interrompu par son apparition. Mes yeux, éclairés par le faible lueur de la chambre, dérivent le long de sa silhouette, capturés par la vision de la nuisette qui l'enveloppe. Ce simple vêtement, délicat et provocateur, suscite en moi un émoi presque palpable. « Oui ? » Ma voix, teintée d'une innocence feinte, se mêle à un sourire épanoui, reflet de l'admiration que j'éprouve pour elle en cet instant. La révélation de mon acte secret ne tarde pas à éclater lorsque Cassia me présente son téléphone, l'écran affichant la preuve de ma contribution financière. Face à son regard interrogateur, je lève les mains en signe de capitulation, assumant pleinement ma culpabilité avec humour. « Je plaide coupable, votre honneur ! » Mon regard se fait complice alors qu'elle vient se nicher contre moi, la proximité de nos corps ravivant une flamme familière. « Si je n'étais pas incorrigible, tu t'ennuierais » lançais-je, un brin provocateur, capturant son regard avec le mien. L'atmosphère se charge d'une tension ludique, de ces jeux complices qui ponctuent notre quotidien. « Je crois… qu'il va falloir me punir, Mademoiselle Henderson, je suis vraiment un vilain garçon. » Les mots, murmurés contre ses lèvres avant de céder à la passion d'un baiser, scellent l’instant présent. Lorsque je me retrouve au-dessus d'elle, le monde extérieur s'estompe, laissant place à cet univers où seuls nos désirs et notre amour dictent les règles. Mes baisers se font explorateurs, dévalant le territoire de sa peau, chaque effleurement une promesse de plaisirs à venir. « Un très vilain garçon… pas très obéissant ! » soufflais-je, avant que mes lèvres ne poursuivent leur odyssée vers des lieux encore plus intimes.

La question n'est plus de savoir si je suis insatiable, mais plutôt à quel point Cassia incarne tout ce que désire mon cœur et mes sens. Accro à son corps, enivré par son parfum, captivé par les sons de son plaisir, je me rends à l'évidence : elle est mon tout, et dans cette danse des corps et des cœurs, chaque instant est une réaffirmation de notre relation.

Dans l'intimité feutrée de la chambre, sous le voile protecteur de la nuit, nos corps se retrouvent dans une harmonie parfaite, où chaque mouvement, chaque souffle, est en parfaite synchronie. Les lèvres de Cassia trouvent les miennes dans un échange tendre et passionné, un baiser qui scelle notre connexion, profonde et inébranlable. L'obscurité autour de nous agit comme un cocon, isolant notre bulle d'intimité du reste du monde, accentuant chaque sensation, chaque frôlement de peau contre peau. Chaque contact est électrique, chaque caresse une découverte, alors que nous nous (re)découvrons mutuellement, guidés par le désir et la profonde affection qui nous lie. Il y a une urgence dans nos gestes, une nécessité de se rapprocher toujours plus, de diminuer la distance entre nos âmes jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun espace. La nuit, avec son voile d'intimité, nous offre le cadre parfait pour ces moments d'abandon total, où rien d'autre n'existe si ce n'est l'union de nos êtres. Nos ombres se reflètent sur les murs, témoins silencieux de la passion qui nous consume.

La lumière du matin filtre doucement à travers les rideaux, caressant la pièce d'une douceur apaisante, marquant le début d'une nouvelle journée. Je m'éveille lentement, bercé par la quiétude de la chambre, et mon regard se pose immédiatement sur Cassia, encore perdue dans les bras de Morphée à mes côtés. Il y a une sérénité profonde dans son sommeil, une vulnérabilité touchante qui me rappelle combien j'ai de la chance de partager ces moments avec elle. Je sais qu'elle n'aime pas se réveiller seule, un petit détail que j'ai appris à chérir au fil de nos matins partagés. C'est pourquoi je choisis de rester là, à veiller sur son sommeil, à profiter encore un peu de cette tranquillité partagée avant le début de nos activités quotidiennes. Je laisse ma main glisser doucement sur sa joue, un geste tendre destiné à la rassurer même dans son sommeil, puis je dépose un baiser léger sur son front. C'est ma façon de lui dire bonjour, de commencer notre journée par une note de douceur.

Silencieusement, je me lève enfile rapidement mon boxer qui a rejoint sa nuisette au cours de la nuit, m'efforçant de ne pas perturber sa tranquillité. Dans la cuisine, je me mets à préparer avec attention notre petit déjeuner, pensant à ce qui lui fera plaisir au réveil. Chaque détail est choisi pour lui apporter un sourire, pour lui montrer combien je tiens à elle, combien ces moments partagés sont précieux à mes yeux. Le plateau prêt, je le porte délicatement jusqu'à la chambre, le posant sur la table de chevet de son côté. C'est un plaisir simple mais profond que de pouvoir prendre soin d'elle de cette manière, de commencer notre journée par un geste d'affection.

Je me glisse à nouveau dans le lit, attendant patiemment qu'elle émerge de son sommeil. Je souhaite être le premier visage qu'elle voit, être là pour l'accueillir dans cette nouvelle et dernière journée de notre court weekend. Chaque fois que nous nous retrouvons, il me semble que le temps adopte une allure différente, plus pressée, comme s'il cherchait à rattraper des moments perdus ou à précipiter les instants à venir. Ces moments partagés semblent obéir à un rythme accéléré, chaque seconde filant plus vite que la précédente, dans une course effrénée contre le temps lui-même. C'est une sensation étrange, presque effrayante, de voir combien nos retrouvailles semblent compresser le temps, le rendant à la fois précieux et fugace.

Cette accélération vertigineuse devient particulièrement palpable lors des week-ends ou des soirées que nous passons ensemble. Les heures s'écoulent en un clin d'œil, chaque conversation, chaque éclat de rire, chaque étreinte semblant pousser les aiguilles de l'horloge à tourner plus vite. C'est comme si notre présence mutuelle donnait au temps une urgence inattendue, une nécessité de vivre chaque instant à son apogée, conscient de leur caractère éphémère.

Je trouve dans cette course contre la montre une source d'anxiété latente, la peur de ne pas avoir assez de temps pour exprimer tout ce que je ressens, pour vivre tous les moments que je souhaite partager avec Cassia. Cette sensation est accentuée par la nature de mon travail, par les séparations imposées par mes voyages, rendant notre temps ensemble encore plus précieux, encore plus sujet à cette accélération inexplicable. Et pourtant, malgré cette course, il y a une beauté indéniable dans la manière dont nous parvenons à faire de chaque moment un souvenir inoubliable, comme si, conscient de cette accélération, nous nous efforcions de concentrer une vie entière dans les heures qui nous sont accordées.

Petit à petit, la fatigue prenait le dessus et nous invitait à prendre la direction de la chambre à coucher. L’heure d’un repos bien était arrivé. Et par le plus grand des hasard, je venais de me rendre compte, via mon application, qu’un virement bancaire avait été effectué sur mon compte. La transaction était vraiment toute récente, même pas une petite heure. Milo avait, sans que je m’en rendre compte tout à l’heure, fait la démarche. Apparemment, il souhaitait à toux prix contribuer financièrement à ses venues ici. Que faire ? Mis à part accepter. Il n’était pas question qu’une querelle s’immisce entre nous à cause de cela. Toutefois, je décide de taquiner Milo quant au fait qu’il était une véritable tête de mule. Mais en le remerciant malgré tout pour son geste. Ce dernier lui tenait à cœur, et je l’acceptais donc. Milo ne nie évidemment pas les faits, il semble même presque fier de lui. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de souligner le fait qu’il soit incorrigible mais aussi très obstiné. Apparemment plus que moi. Alors que mon corps vient se coller au sien, sous la douceur et la chaleur de la couette, la remarque de Milo me fait sourire. « Ce n’est pas faux... » dis-je amusée malgré tout par la situation. Et lorsque le pilote de ligne évoque le fait de devoir le punir, un léger rire émane de ma bouche « H’m… je crois en effet que cela va être nécessaire... » dis-je en rentrant dans son petit jeu. Nos lèvres se scellent à nouveau alors que Milo se retrouve rapidement au dessus de moi. Et c’est dans cette douce complicité, dans cette tendre espièglerie que nous nous abandonnons une fois encore l’un à l’autre.

Les lueurs matinales m’extirpent doucement de mon sommeil. Et comme la veille, un léger sourire apparaît en voyant Milo à mes côtés. « Bonjour... » dis-je d’une voie encore un peu endormie. Une fois encore, le pilote de ligne est réveillé avant moi. C’est bien souvent le cas d’ailleurs. Dans un léger geste, je diminue encore plus le petit espace qui nous sépare venant sans attendre me loger dans ses bras alors que mes lèvres viennent déposer quelques baisers dans son cou, puis remontent sur l’arête de sa mâchoire avant de venir enfin terminer leurs courses sur les lèvres. « Je prends de l’avance afin d’être certaine que tu aies ton quota de baisers dans la journée... » dis-je d’une voix amusée et malicieuse. Puis mon regard remarque alors le plateau posé sur la table de chevet. Je ne peux être que agréablement surprise. Un sourire tendre se dessine sur mes lèvres, me retournant vers Milo « Je crois que tu ne cesseras jamais de me surprendre... » dis-je d'une voix presque émerveillée par ce tendre geste matinal. « Merci beaucoup. » dis-je d'une voix qui se voulait très sincère et touchée, mes lèvres vont ensuite se poser sur les siennes délicatement.

La matinée s'ouvre sur une scène intime, baignée de la douce lumière filtrant à travers les rideaux. Cassia, émergeant du sommeil, se rapproche de moi avec une tendresse renouvelée, marquant le début de notre journée par une suite de baisers délicats qui tracent un chemin affectueux sur ma peau. Ce rituel matinal, spontané et plein de douceur, raviverai à lui seul mon désir. Son initiative pour remplir directement mon « quota quotidien de baiser » est à la fois amusante et touchante, révélant à quel point nos petites plaisanteries privées se tissent dans le tissu de notre quotidien partagé. Son sourire, lorsqu'elle découvre le plateau de petit-déjeuner que j'ai préparé, me remplit de joie. C'est dans ces gestes simples mais profondément significatifs que je trouve l'essence de notre relation. « Je suis un homme très surprenant, Mademoiselle Henderson… Tu n’as pas idée de qui je peux devenir lorsque j’ai envie de te surprendre. » Ces mots, prononcés avec un sourire espiègle, sont une promesse de toutes les surprises, grandes et petites, que je souhaite lui offrir. La manière dont elle savoure chaque instant, chaque bouchée, chaque geste d'affection, me confirme que ces efforts pour embellir nos matins valent tout l'or du monde. C'est dans l'éclat de ses yeux, dans la chaleur de son sourire, que je trouve ma plus grande récompense.

Je la regarde, et dans cet instant suspendu, je réalise à quel point je suis déterminé à continuer de la surprendre, de la chérir, avec toute l'originalité et l'attention qu'elle mérite. Cassia, avec ses baisers et sa présence, me rappelle constamment la joie profonde qui réside dans les petits moments de complicité.

L'atmosphère douce et intimiste de notre matinée se voit pimentée par une annonce inattendue, dévoilée dans l'écrin de ces premiers moments de réveil partagés. Mon inclination vers Cassia, accompagnée de ces mots murmurés avec une affection sincère, est une invitation à réduire la distance qui nous sépare, à la fois physique et temporelle. « C’est long une semaine sans toi… » Ces mots, empreints de vérité, trahissent l'anticipation douloureuse des jours à venir sans sa présence.

Le tintement soudain de mon téléphone vient interrompre nos échanges matinaux. Je saisis l'appareil avec une dextérité familière, balayant rapidement les notifications qui s'y affichent. Un sourire de satisfaction se dessine sur mes lèvres, annonciateur de nouvelles inattendues. « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle… » Mon sérieux feint vise à attiser sa curiosité, à préparer le terrain pour la révélation à venir. La pause dramatique qui suit accentue l'effet de suspense, avant que je ne livre la première partie de mon annonce. « La bonne c’est que finalement je ne reprends que lundi en début d’après-midi. » Le silence qui suit, chargé d'anticipation, est brisé par ma confession légèrement taquine : « La mauvaise c’est que tu vas devoir me supporter un peu plus longtemps ! » Mon regard tendre se fixe sur elle, tandis que nos corps restent étroitement liés.
Sans attendre son assentiment, je passe en mode selfie sur mon téléphone, capturant l'essence de notre matinée ensemble. « Tu vois que j’ai raison lorsque je te dis que tu es belle même au réveil avec tes petits yeux de chaton ! » Cette affirmation, douce et taquine, vise à la rassurer sur l'image qu'elle projette, même dans ces moments d'intimité décontractée.

Dans la douceur de cette matinée, enveloppés par la première lumière du jour qui filtre à travers les rideaux, je choisis ce moment de calme et de proximité pour partager une nouvelle qui, bien que semblant anodine, pourrait marquer un tournant dans notre relation. « Au fait… Je crois que tu manques à mes parents, ils aimeraient beaucoup te revoir… » Cette phrase, simple en apparence, est chargée d'implications et de promesses non dites, évoquant une intégration plus profonde dans les sphères de nos vies respectives. Je suis conscient de l'importance de ces mots, de leur capacité à transformer le fil de notre histoire commune.

Pourtant, je suis également conscient de la portée de cette proposition, de l'engagement qu'elle sous-entend. C'est pourquoi je m'empresse d'ajouter, « Si tu ne te sens pas prête, je peux le comprendre. Rien ne presse… » Ces mots sont prononcés avec une sincérité et une douceur intentionnelles, cherchant à offrir un espace de liberté et de choix. Je ne souhaite pas la précipiter, ni lui imposer un rythme qui ne serait pas le sien.

Mes yeux à peine ouverts, mon corps vient immédiatement se coller à celui de Milo. Ayant bien retenu que ce dernier souhaitait un quota minimum de baisers par jour, je m’attelais don à la tâche de bon matin. Mon regard est ensuite naturellement attiré par le plateau posé sur la table de chevet. Un large sourire s’empara de mes lèvres en constatant que Milo avait préparé le petit déjeuner et l’avais amené ici. « Je pense malgré tout en avoir une vague idée... » dis-je un sourire malicieux aux lèvres. Je regarde alors avec attention ce qui était présent sur le plateau. Verres de jus de fruits, pomme coupé en quartiers et madeleines aux pépites de chocolat. Je ne résiste pas à l’envie de croquer dans un morceau de fruit frais, non sans en proposer un morceau à Milo bien évidemment.

L’atmosphère dans la chambre est douce et intime. Ce petit déjeuner au lit est un moment des plus agréables. Toutefois, Milo évoque son futur retour à New-York. Je sens à léger pincement au cœur rien qu’à l’imaginer quitter à nouveau la ville, même si ce n’était que pour cinq jours, le temps paraissait interminable sans lui. « Je confirme, c’est très long… Tu vas beaucoup me manquer. J’ai déjà hâte d’être au week-end prochain.» Ces dernière semaines j’avais l’impression de ne vivre que pour ça, atteindre ce fameux soir où Milo atterrissait en ville. Chaque jour passé, me rapprochant ainsi davantage de ses bras. La sonnerie du téléphone portable du pilote de ligne nous interrompt. Milo s’empare alors de son appareil et m’annonce avoir une bonne et une mauvaise nouvelle. Intriguée je lui lance un regard qui l’incite à poursuivre. Milo m’annonce qu’il reprenait sa formation un peu plus tard que prévue. La mauvaise me fait rire de bon cœur. « Oh… Quelle pénible nouvelle. Mais je pense que je vais surmonter cela... » dis-je en souriant, ravie d’apprendre que notre week-end serait un peu prolongé. Je dépose un furtif baiser sur ses lèvres avant que Milo se capture ce moment matinal en prenant une photo de nous deux. Je souris à sa remarque « H’m… Si tu le dis. Mais tu as intérêt de ne montrer cette photo à personne... » dis-je avec un ait faussement menaçant.

Dégustant un nouveau quartier de pomme, la couette toujours contre pour afin d’éviter toute perte de chaleur, Milo évoque ses parents ainsi que leur volonté de me revoir. En temps normal, cela ne m’aurait pas posé question. Je connaissais ses parents depuis très longtemps. Mais en tant qu’amis. Milo s’empresse de rajouter que si je ne me sentais pas prête, il pouvait comprendre. Que rien ne pressait. Cette entrevue impliquait donc une nouvelle étape dans notre relation ? Ou alors serait-elle simplement un moment passé avec eux comme nous l’avions déjà fait auparavant ? Je me questionnais. « Tu sais que j’apprécie beaucoup tes parents. Je me ferais une joie de les revoir... » Je passe une main dans mes cheveux, replaçant par la même occasion une mèche rebelle derrière mon oreille « Mais, ce serait bien pour moi de savoir avec quel statut exactement j’aurai ce jour là… » Je me décide de préciser pour éviter tout malentendu « Je n’attends pas une bonne réponse, je ne veux rien précipiter tu le sais. Seulement, je me sentirais beaucoup plus à l’aise en sachant ce qu’il en est... Et ça évierait sans doute des malentendus... » Je ne souhaitais pas que Milo me dise pour me faire plaisir que je serais présenté en tant que petite amie. Même si j'étais présenté comme la petite Cassy, meilleure amie de Milo, cela me conviendrait. Mais c'était important pour moi de savoir afin d'éviter tout malentendu.

Chaque moment passé aux côtés de Cassia semble faire défiler le temps avec une accélération qui me prend au dépourvu, me laissant avec un désir presque enfantin de le suspendre, si ce n'est que pour quelques instants précieux de plus. L'éloignement physique qui nous sépare périodiquement ne fait qu'accentuer cette sensation, rendant les jours interminables et l'absence presque insupportable. Loin de son regard, de l'étreinte rassurante de ses bras, et de la douceur de ses lèvres, chaque heure me pèse.

La distance entre New-York et Fall River, mesurée en heures de route ou en minutes de vol, prend une tout autre dimension quand il s'agit de la distance qui me sépare de Cassia. Ce qui pourrait sembler un simple trajet devient, en son absence, un désert aride de sentiments, un espace où chaque kilomètre parcouru semble étirer le temps et accroître le vide en moi. Jamais je n'aurais imaginé qu'être éloigné d'elle me pèserait autant, que chaque moment loin de son sourire, de sa voix, et de sa présence transformerait New-York, cette ville bouillonnante de vie, en un lieu où l'absence résonne avec une intensité déchirante. Ce n'est pas seulement la distance physique qui me tourmente, mais la distance émotionnelle qui s'installe inévitablement avec l'éloignement. Chaque tâche quotidienne, chaque décision, chaque expérience à New-York est teintée d'un manque persistant, d'une question lancinante : « Que ferait Cassia ? Que dirait-elle ? Comment partagerait-elle ce moment avec moi ? » Sa présence me manque, son rire me manque, la chaleur de son étreinte me manque. C'est comme si une partie essentielle de mon être restait suspendue, en attente de retrouver son tout.

Sa remarque, légère et amusante, sur la photographie prise à la dérobée, me donne l'occasion de jouer sur le même registre, mêlant l'espièglerie à une promesse non dite d'intimité. « Tu comptes me punir comme hier soir ? Si c’est le cas… Je vais tout de suite reprendre une photo de toi ! » Ma référence à notre soirée précédente, ainsi qu'à l'acte délibéré de mon virement bancaire, est un clin d’œil à la fois à notre complicité et à la liberté avec laquelle nous abordons les aspects financiers de notre cohabitation, une liberté teintée de respect mutuel et d'une volonté partagée de contribuer équitablement à notre quotidien.

La perspective de revoir mes parents avec Cassia me procure un mélange d'excitation et d'appréhension. Son hésitation, ses questions sur la nature de notre relation, me plongent dans un abîme de réflexions. C'est vrai, nous avons navigué dans cette relation sans jamais vraiment nous attarder sur les termes pour la définir. La fluidité de notre entente, la profondeur de notre connexion, tout cela s'est construit naturellement, sans que nous ressentions le besoin de l'encadrer avec des mots spécifiques. Pourtant, face à ses interrogations, je me rends compte de l'importance de clarifier ce point. Un flot de réponses potentielles me traverse l'esprit, chacune tentant de saisir l'essence de ce que Cassia représente pour moi. Comment lui exprimer que loin de ressentir de la honte, je suis en réalité incroyablement fier d'elle ? Fier de la personne qu'elle est, de la force et de la tendresse qu'elle apporte dans ma vie. Je cherche les mots justes pour dissiper ses doutes, pour lui faire comprendre qu'elle est bien plus qu'une simple présence à mes côtés. Elle est le centre de mon univers, la raison pour laquelle chaque séparation me semble insupportable et chaque retrouvaille, un moment de pure joie.

La question qui s'échappe de mes lèvres dans le silence de la pièce est chargée d'une gravité que je peine à dissimuler. « Cassia… Qu’est-ce que nous sommes l’un pour l’autre ? Qu’est-ce que je représente pour toi ? » Ces mots, suspendus entre nous, semblent vibrer avec l'importance, des espoirs tapis dans l'ombre, et des craintes d'un avenir incertain. Je fixe Cassia, cherchant dans ses yeux une étincelle, un indice, quelque chose qui pourrait présager de sa réponse. Cette question, bien que simple en apparence, est lourde de conséquences. Elle a le pouvoir de redéfinir notre relation, de lui donner un sens plus profond ou, au contraire, de révéler un fossé insoupçonné entre nous.

La gravité de cet instant est un reflet de ce que Cassia représente pour moi : non seulement une partenaire, une amante, une amie, mais aussi la personne avec laquelle je souhaite explorer les profondeurs de l'amour, dans toutes ses nuances et ses complexités. Sa réponse, quelle qu'elle soit, marquera le début d'un nouveau chapitre de notre histoire, un chapitre que nous écrirons ensemble, mot après mot, avec la même intensité et la même passion qui nous a guidés jusqu'ici.

Quand Milo évoque ses parents et leur volonté de me revoir, je ne suis pas gênée. Je connaissais Aaron et Robyn depuis si longtemps. C’était toujours une joie pour moi de les revoir et de passer un peu de temps avec eux, autour d’un café ou d’un repas. Toutefois, notre relation ayant évolué je souhaitais savoir avant de programmer cette entrevue de savoir avec quel statut je me rendrais là-bas. Est-ce que j’accompagnerai Milo en tant que meilleure amie ou alors en tant que petite amie ? Je voulais éviter tout malentendu, tout quiproquo. C’est naturellement que j’accepte à demi mots la proposition de revoir les parents de Milo mais implicitement je demande à ce dernier de m’aider à comprendre quel serait mon statut le moment venu. Pour toute réponse, Milo me pose une question. Ou plutôt deux. Encore et toujours ce besoin finalement de mettre un nom sur notre relation. J’esquisse un léger sourire « Finalement, c’est plus compliqué que ce que l’on pensait de ne pas mettre d’étiquette sur notre relation... » Un simple constat, rien de plus. Bien évidemment, l’envie d’être la plus honnête possible était présente mais je ne souhaitais en aucun cas précipiter les choses. J’avais encore en tête la réaction de Milo la la veille. « Je pense que tu seras d’accord avec moi sur le fait que nous sommes plus que des amis. Bien plus... » Je me redresse légèrement, faisant face à Milo. Il y avait une sorte de gravité dans cet instant. Je voulais être sincère mais sans effrayer Milo qui était encore réticent vis à vis d’un potentiel engagement sérieux. Que représentait Milo pour moi ? La question impliquait tant d’éléments à prendre en compte. « Si tu savais... » dis-je en esquissant un léger sourire alors que mon regard ne quittait pas le sien. « Tu es mon meilleur ami, mon confident, mon amant, l’homme avec qui je souhaite avancer dans cette vie parfois si incertaine... » avouai-je presque avec timidité. Je viens déposer un furtif baiser au coin de ses lèvres « Milo, je sais ce que tout cela représente pour toi… Je ne souhaite pas te brusquer, ce que j’ai dit… à propos de tes parents, c’était juste comme ça, pour qu’on soit sur la même longueur d’onde... »   Devais-je retourner la question à Milo ? J'en avais très envie bien évidemment mais je craignais qu'il décide de prendre la fuite face à une telle déclaration.

La simplicité et l'aisance avec lesquelles notre relation a évolué jusqu'à présent commencent à se heurter à la réalité des attentes familiales, notamment celles de mes parents. L'intérêt particulier de ma mère pour Cassia, loin d'être une simple curiosité, souligne une vérité que j'ai peut-être tenté d'ignorer ou de minimiser jusqu'à présent. Depuis cette rencontre à l'hôpital, ma mère n'a cessé de poser des questions, d'exprimer son affection et son intérêt pour elle, jusqu'à souhaiter ardemment la revoir. Face à cette expectative, je me retrouve à un carrefour. Dans le passé, la simplicité avec laquelle je la présentais comme mon amie, quelle que soit la nuance ajoutée pour nuancer notre proximité - amie d'enfance, meilleure amie - suffisait à décrire la nature de notre lien aux yeux de mes parents. Ces termes, bien qu'exacts dans une certaine mesure, ne parviennent plus à capturer l'essence pleine et complexe de ce que Cassia est devenue à mes yeux. Leur utilisation devient désormais réductrice, incapable d'embrasser la profondeur et l'intensité de notre liaison.

Cassia a brillamment identifié une réalité incontestable : notre complicité a largement transcendé les limites d'une simple amitié. Il y a ces moments, cependant, où une voix insidieuse chuchote à mon oreille, suggérant que tout cela n'est que temporaire, que je pourrais un jour retomber dans mes vieilles habitudes, celles d'un homme inconstant, fidèle uniquement à ses désirs passagers. L'idée même de revenir à cette version de moi-même, à cet homme qui ne cherchait dans les autres que des plaisirs éphémères, m'est désormais insupportable. Je désire ardemment préserver l'homme que Cassia a vu en moi, celui que je suis devenu à ses côtés.

La question que je lui ai posée, sur ce que je représente à ses yeux, semblait surgir d'une impulsion profonde, comme si une voix intérieure insistait sur la nécessité de cette clarification. Peut-être cherchais-je, à travers sa réponse, à donner une forme plus concrète à ce lien qui nous unit et qui, par moments, semble défier toute catégorisation. Lorsque sa voix a tissé ces mots « Tu es mon meilleur ami, mon confident, mon amant, l’homme avec qui je souhaite avancer dans cette vie parfois si incertaine… » Un sourire sincère s'est naturellement dessiné sur mon visage, comme si ses paroles avaient trouvé un écho dans mon cœur, le rassurant et le comblant tout à la fois. Le terme « l’homme avec qui je souhaite avancer » résonne en moi avec une force particulière : Cassia se projette. Cette projection dans le futur, loin de me terrifier comme j'aurais pu le craindre, m'insuffle plutôt un sentiment de tranquillité et d'engagement. Il y a bien sûr une part de moi, une ombre de l'homme que j'étais par le passé, qui s'inquiète à l'idée de cet engagement durable. Cette partie de moi, habituée à la volatilité des relations éphémères, à la liberté sans attaches, s'agite à l'idée d'un avenir défini, partagé.

Ses yeux, d'un bistre profond et envoûtant, me scrutent avec une intensité qui me transperce. Dans ce regard, je perçois, je devine, je lis la question qui lui brûle les lèvres. Je ressens la force de cette interrogation muette comme si elle était mienne, tant notre relation dépasse les simples mots. Il n'y a, en vérité, aucun homme qui la connaisse aussi intimement que moi. Au-delà de la connaissance physique, je la connais, elle. Lorsque je parle de la voir nue, je ne fais pas seulement allusion à la nudité de son corps, mais à une nudité bien plus profonde, celle de l'esprit et du cœur. J'ai eu le privilège de la voir dans ses moments de vulnérabilité totale, où les masques tombent et où l'essence véritable d'une personne se révèle. J'ai appris à connaître chacun de ses désirs, aussi tendres ou sauvages soient-ils, et j'ai traversé avec elle les ombres de ses peurs, aussi profondes et obscures puissent-elles paraître.

La douceur de sa peau sous le contact de mon pouce s‘apparente à un rappel tangible de l'intimité que nous partageons. Mon regard se pose sur elle, plongeant dans la profondeur de son être, cherchant à capturer l'essence même de ce que Cassia représente pour moi. Contrairement à ceux qui l'ont précédée, je la regarde véritablement, dans toute sa complexité et sa beauté. « Tu sais ce que je ressens pour toi, Cassia… » Les mots s'échappent dans un murmure chargé d'émotion, reflétant la profondeur de mes sentiments. « Ne me demande pas de le dire à haute voix, j’ai peur… » J'avale difficilement, la peur de m'engouffrer dans cet aveu me paralysant. « J'ai peur de m’y perdre à jamais… » avouais-je, la voix teintée d'une vulnérabilité rarement exprimée.

La perspective de revoir Aaron et Robin m’enjouait réellement. Partager avec eux une discussion autour d’un café ou d’un bon repas serait, j’en suis certaine, un moment des plus agréables. Depuis que nous nous connaissions avec Milo, ses parents avaient toujours été très sympathiques avec moi et bienveillants. Toutefois,  la perspective de les revoir j’aurais souhaité savoir quel était mon statut vis à vis de Milo. La finalité n’était en aucun cas de précipiter les choses ou de brusquer Milo, elle avait pour but de me rassurer quant à mon statut et surtout à l’attitude que je devrais entreprendre lors de ce moment partagé avec Aaron et Robyn. Milo me questionne sur notre relation, sur ce qu’il représentait pour moi. Ce que je ressentait pour lui était tellement fort qu’il en était compliqué de donner une définition claire. Et surtout sans lui faire appréhender cette relation certes naissante mais intense. Je décidé d’être honnête, Milo est toujours mon meilleur ami, celui à qui je peux me confier à n’importe quelle heure de la journée, mais il est aussi à présent mon amant et l’homme avec lequel j’envisage d’avancer chaque jour un peu plus dans les incertitudes d’une vie quotidienne. Je ne questionne pas Milo, mais mon regard et mon attitude trahissent sans doute ma volonté de lui poser, mot pour mot, la même interrogation quant à ce que je représentais pour lui. Le jeune homme souligne le fait que je savais déjà ce qu’il en était. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres. En effet, bien que nous restions assez pudiques sur les mots, nous n’en étions pas moins dans le dénis. Milo me fait une demande toute particulière, celle de ne pas lui demander de ne pas le dire à haute voix, tout en mettant en avant cette crainte qu’il ressentait. « Je sais Milo. Et je ne te demande pas de le faire...Et puis, tes actes envers moi parlent d'eux même... » dis-je en lui adressant un léger sourire rassurant. Cette appréhension de l’engagement, de la reconnaissante d’un sentiment si fort était encore très présente chez le pilote de ligne. Me rapprochant légèrement de lui, je dépose un tendre baiser sur ses lèvres. Un baiser doux mais surtout rassurant.

Le calme que procure la présence de Cassia n’a pas d’égal, transformant chaque moment d'incertitude en une certitude rassurante. Au creux de la chaleur de notre étreinte, les mots deviennent superflus. Tandis que nous restons ainsi enlacés, le monde extérieur s'estompe, laissant place à un univers où seuls nos cœurs battent en harmonie. Le silence, loin d'être un vide, se remplit des murmures de nos âmes qui dialoguent en secret. Chaque pensée, chaque questionnement intérieur trouve un écho dans la sagesse de Cassia. Ses yeux, ses gestes, sa simple présence me rappellent l'essentiel : je suis ici, auprès d'elle, là où je dois être. Ce constat apporte un apaisement profond, car au-delà de mes propres incertitudes, ses réactions, sa compréhension tacite, me guident vers une vérité incontestable – je tiens à elle plus que tout.

Cette étreinte, ce moment suspendu, représente plus qu'un simple instant de répit dans le tumulte de nos vies ; il est un témoin vivant de l'unicité de notre lien. Les doutes peuvent assaillir, les questions peuvent tourmenter, mais en cet instant précis, enveloppés dans le confort de notre étreinte, tout semble trouver sa réponse. La contemplation de son épaule meurtrie éveille en moi un besoin irrépressible de prendre soin d'elle, de la protéger. « Comment se porte ton épaule ? Tu veux que je te masse avec un petit peu de pommade ? » lui demandais-je en attrapant le tube de pommade sur la table de chevet. Bien évidemment je ne lui laisse guère le choix. Elle le sait. Je suis têtu comme une mule.  « Tu sais... Tu vas vraiment finir par me faire croire que je suis l'homme parfait » répétais-je, mon murmure se mêlant au silence confortable qui nous enveloppe. Le baiser que je dépose sur son front scelle mes mots. Cassia, avec son sourire qui illumine la pièce, me renvoie l'image d'un homme capable de déplacer des montagnes pour elle. Et dans cet instant, entouré de la douceur de son être, je me plais à croire que peut-être, dans ses yeux, je pourrais vraiment être cet homme-là.

L'interruption soudaine du téléphone tranche à travers la quiétude de notre moment, m'arrachant à l'enchantement de nos échanges intimes. Je lance un regard contrit vers Cassia, captant peut-être une ombre d'hésitation dans ses yeux, un écho de ma propre appréhension face à cette nouvelle irruption. Le soupir qui franchit mes lèvres n'est pas tant d'exaspération que de réflexion profonde sur les implications de cette demande. « Bon... Je pense que ma mère nous a entendu » lançais-je, laissant l'ironie de la situation s'imprégner entre nous. « Elle me demande si tu es d'accord pour dîner l'un de ces jours ? » Cette invitation, apparemment innocente, revêt une importance bien plus grande dans le contexte flou de notre relation. La question de l'étiquette, qui jusqu'à présent flottait entre nous comme un nuage léger, se cristallise soudainement, gagnant en poids et en urgence. La perspective d'expliquer notre relation à ma mère, et par extension, au monde extérieur, me confronte à une réalité que j’ai habilement esquivée.

La discussion en cours est quelque peu hésitante mais sereine malgré tout. Je connaissais les appréhensions de Milo, je ne voulais en aucun cas le forcer à faire ou à dire quoi que ce soit. Et puis, toutes les attentions qu'il avait envers moi, sa façon d'être tour simplement valaient bien tous les mots du monde. Profitant de cette douce matinée qui commençait à peine, l'atmosphère était calme et chaleureuse dans la chambre. Milo me questionne quant à mon épaule et me propose de l'appliquer, comme la veille, un peu de pommade. « Ça va bien, je n'ai presque plus aucune douleur.. » J'allais rétorquer que la pommade n'était pas une nécessité mais je connaissais trop Milo pour savoir que décliner sa proposition était inutile. D'ailleurs il était bel et bien conscient de son obstination car avant même que j’ai répondu quoi que ce soit il avait déjà attrapé le tube de la pommade en question dans les mains. J’esquisse un léger sourire quant à sa remarque de l’homme parfait. « Mais tu es l’homme parfait…Ce sera une grande victoire pour moi le jour où enfin tu me croiras... » dis-je le plus sincèrement du monde.

A présent, je n’avais plus qu’à profiter du doux massage de Milo sur mon épaule. Même si la douleur était infime, je ne pouvais pas nier que cela me faisait beaucoup de bien. Une fois encore, nous sommes interrompus par la sonnerie du téléphone de Milo. Décidément. Le soupire qui émane de la bouche du pilote de ligne me fait craindre une mauvaise nouvelle, mais finalement il n’en était rien. Il venait tout simplement d’avoir des nouvelles de sa mère. Et comme si elle nous avait entendu à distance, cette dernière proposait de nous inviter à dîner un jour prochain. Je me retourne légèrement, un léger sourire aux lèvres face à l’ironie de la situation. « Je suis d’accord. Ça me ferait très plaisir même... » Mais nous savions pertinemment ce que ce diner allait impliquer pour notre relation non définie. « Mais seulement si toi tu l’es aussi... » précisai-je à l’encontre de Milo. Si lui ne se sentait pas encore prêt alors je ne souhaitais pas qu'il se sente obligé d'accepter l'invitation de ses parents.

L'enthousiasme de Cassia à l'idée de dîner avec mes parents me réchauffe le cœur, et sa condition - que je sois d'accord - me tire un sourire sincère. « Tant que je suis avec toi… C'est tout ce qui m'importe. » La perspective de partager ce moment avec elle, sous le regard bienveillant de mes parents, me semble soudain moins intimidante. « Je vais leur dire que c'est d'accord, mais je ne fixerai pas de date tout de suite. » Mes mots se font doux contre la peau de son cou « Ce qui nous laisse tout le temps nécessaire... »

La douceur de la crème sous mes doigts se mêle à la texture délicate de la peau de Cassia, chaque geste de soin pour son épaule se transformant subtilement en caresse. Sa peau, sous la tiédeur de mes mains, semble inviter à une exploration plus intime, chaque contact renforçant ce désir muet. Je sens la tension, à la fois tendre et électrique, s'installer entre nous à mesure que je m'attarde sur l'arrondi de son épaule, la douceur de sa peau contre la mienne étant un rappel constant de notre intimité partagée. Les baisers que je dépose sur elle sont légers, presque aériens, mais chargés d'une promesse silencieuse de plaisirs à venir. « Tu sais que si je continue… Nous n’allons jamais pouvoir quitter ton lit de la journée » murmurais-je, mi-joueur, mi-sérieux, conscient que chaque geste nous emporte plus loin dans ce doux vertige. Mon aveu s'échappe dans un souffle, révélant l'ampleur de mon désir caché derrière ce geste de soin « En fait… La pommade est un prétexte pour pouvoir profiter allègrement de toi… » La texture de sa peau, la chaleur qui s'en dégage, et le parfum subtil qui s'élève d'elle m'envahissent, me rappelant combien chaque moment partagé avec Cassia est un trésor. La frontière entre prendre soin et désirer s'estompe, chaque mouvement de mes mains sur sa peau devenant un moment plus intime. Nos lèvres se caressent de nouveau, comme si nos corps n’étaient pas encore satisfaits de notre étreinte de la veille.

Notre matinée s'étire dans l'intimité, nos échanges se mêlant à la tendresse de nos gestes. Je me rends compte, avec un brin d'amusement, que notre petit déjeuner est désormais froid. Cassia, elle, rayonne d'une quiétude contagieuse, flottant sur ce petit nuage matinal que nous avons tissé ensemble. « Je crois que je suis totalement accro à vous, Mademoiselle Henderson… C'est mal ? » La question est rhétorique, car je connais déjà la réponse gravée au fond de mon cœur.

Je glisse ensuite une proposition, espérant capter son intérêt. « J'ai une idée d'activité pour aujourd'hui… Un peu de shopping ? Ma compagnie aérienne fête bientôt son anniversaire, et j'aimerais beaucoup que tu sois à mes côtés pour l'occasion. » Je guette sa réaction, conscient que l'évocation de ce genre d'événement pourrait réveiller de douloureux souvenirs liés à Andrew. Prêt à adoucir mes mots, j'ajoute avec un brin de malice : « Sauf si tu préfères que je m'y rende accompagné d'Erin ou en tant que célibataire ? » Ma suggestion est teintée d'une légère provocation, un moyen ludique de lui montrer que, peu importe les circonstances, c'est elle que je veux à mes côtés.

Le hasard fait que, alors que nous venions d’aborder l’éventualité d’aller dîner tous les deux chez ses parents prochainement, sa mère de Milo venait tout juste de lui envoyer un message pour proposer de manière officielle de nous convier autour d’un bon repas. En ce qui me concerne, j’étais partante. Seulement si Milo se sentait prêt d’accepter cette invitation. Ce dernier ne semblait pas être contre, ce petit détail quant à ma présence me fait sourire. C’était donc décidé, nous irons un jour prochain dîner chez ses parents. Milo préfère ne pas fixer de date immédiatement afin de nous laisser un peu de temps. Je me délectais du massage que m’offrait Milo. Le contact de ses mains sur ma peau était exquis tout comme la douceur de ces baisers sur ma peau dénudée. La remarque de Milo sur l’éventualité de ne pas quitter le lit de la journée me fait rire de bon cœur. « H’m… ça pourrait être une idée... » dis-je d’un air espiègle. « Tu oses profiter de moi avec mon épaule en convalescence ? » demandai-je d’un air faussement outrée. « Fort heureusement pour toi, cela ne me dérange pas. Bien au contraire... » ajoutai-je amusée par mes propres propos.

Le temps passe, nous échangeons de doux baisers, de tendres caresses continuant de nous enfermer dans cette petite bulle qui nous convenait si bien. Quand Milo évoque le fait d’âtre accro à moi, je souris. Je viens passer mes bras autour de son cou « Absolument pas… Et pour être honnête, je crois bien que je suis également accro à vous monsieur Davis... » dis-je en venant déposer mes lèvres sur les siennes. Puis contre toute attente, Milo propose une activité shopping. Bien que surprise je le laisse continuer m’expliquer la raison de cette proposition. « Oh, oui d’accord. Ça me ferait très plaisir de t’accompagner à cet évènement... » J’étais heureuse qu’il me le propose même très flattée. « Très amusant... » dis-je d’un air faussement réprobateur quand il évoque Erin. « Très sérieusement, je suis ravie que tu me proposes de t’accompagner. Et je suis bien évidemment partante pour une petite séance shopping... » dis-je d’une voix très enthousiaste.

L'éclat dans le regard de Cassia, à l'évocation de notre sortie à venir, trahit son enthousiasme. Est-ce la perspective de m'accompagner à l'événement de ma compagnie ou la séance de shopping prévue avant qui suscite une telle impatience ? Je décide de taquiner un peu plus l'atmosphère déjà chargée d'une douce complicité. « Tu sais, tu pourrais toujours laisser ta place à Erin. Je suis sûr qu'elle sauterait sur l'occasion pour m'accompagner. » Mon ton est léger, mais chargé d'une provocation, guettant sa réaction, cette lueur particulière qui s'allume dans ses yeux à chaque fois qu'une pointe de jalousie émerge. Je pousse un peu plus loin, un sourire malicieux ourlant mes lèvres. « Ou alors je pourrais demander à Lou ? » Cette mention, en rappel à la photographie reçue la veille, est plus qu'un simple jeu ; c'est un test, une mesure de l'intensité de notre liaison, un moyen ludique d'affirmer que, malgré les tentations extérieures, c'est avec elle que je souhaite être. Je sais pertinemment que Cassia surpasse toutes les autres dans mon cœur, mais il est parfois amusant, presque nécessaire, de jouer avec ces petites flammes de jalousie pour rappeler l'unicité de notre relation.

Le contact de nos lèvres se mêle à la légèreté de l'instant, une preuve de l'harmonie qui nous lie. La confirmation de Cassia m'accompagnant à l'événement renforce mon enthousiasme, alimentant l'anticipation d'un moment déjà spécial par sa simple présence. « Au fait, c'est le week-end prochain ! » Ma révélation, délibérément tardive, est une tentative espiègle de la surprendre, de lui montrer qu'avec moi, l'imprévu est toujours au rendez-vous, rendant chaque instant plus vivant, plus vibrant. Je m'écarte ensuite, conscient que si nous continuons de nous attarder ainsi, le temps, déjà si précieux lorsqu'il s'agit de nous, s'évanouira sans que nous ne parvenions à rien faire d'autre. « Si je ne sors pas de ce lit maintenant, je crains qu'on ne finisse par jamais en sortir. Il faudra expliquer aux passagers la raison de la fatigue de leur commandant de bord après un week-end particulièrement... intense. »

Alors que la fraîcheur de la matinée s'infiltre délicatement par la fenêtre entre-ouverte, je m'échappe du lit. La perspective du week-end prochain et de l'événement de ma compagnie stimule une agréable anticipation, mêlée à une légère nervosité pour les préparatifs à venir. Mais avant de me laisser submerger par ces pensées, je m'accorde un moment de répit, de réflexion dans l'intimité de la douche. L'eau chaude s'écoule en cascade sur ma peau, emportant avec elle la fatigue accumulée de la veille et toute forme de tension résiduelle. Chaque goutte qui me frappe les épaules et le dos est une caresse, un rappel apaisant des plaisirs simples de la vie. Je me laisse envahir par la vapeur, laissant mes pensées vagabonder vers Cassia. Je savoure ce moment de solitude, sachant qu'il recharge mes batteries pour la journée à venir. Chaque geste, du shampooing à l'application du gel douche, est effectué avec une certaine méditation, une préparation mentale pour les heures à venir. C'est un temps pour moi, mais aussi un temps pour nous, une façon de me recentrer et de me préparer à offrir le meilleur de moi-même à Cassia. Alors que je termine de me rincer, je ferme le robinet d'eau et m'enroule dans une serviette, la chaleur résiduelle de la douche et l'humidité de l'air me faisant frissonner légèrement. Un dernier regard au miroir embué, un dernier instant de réflexion avant de retourner vers Cassia.

La façon dont Cassia me regarde, là, allongée sous la couette, sa peau à peine voilée par le tissu, déclenche en moi un tourbillon d'émotions et de désirs. Son regard, chargé de tendresse et d'invitation, me captive, rendant l'idée de quitter la chambre plus ardue que jamais. « Ne me tente pas avec ce regard, Cassia » ajoutais-je, mi-sérieux, mi-amusé, conscient que chaque minute supplémentaire passée à contempler sa beauté rendait notre départ plus improbable. Je me tourne vers l'armoire pour rompre le sort de son regard, pour me donner une contenance, une distraction, quelque chose. Mais même là, une surprise m'attend : mes affaires, éparpillées ici et là, attestent de ma présence de plus en plus marquée dans sa vie, dans cet espace. « Une petite place dans ton armoire, hein ? » répétais-je, un sourire en coin, en réalisant que cette « petite place » s'est transformée en un coin personnel pour moi. Je m'habille rapidement, choisissant avec soin chaque pièce de vêtement, chaque élément qui me compose, dans un effort pour aligner mon extérieur avec le tumulte ordonné de mes pensées intérieures. Chaque geste, chaque bouton, chaque ajustement est un pas de plus vers la réalité extérieure, loin de la tentation que constitue Cassia.

A ma grande surprise, Milo venait de proposer une petite activité shopping dans le but de trouver une tenue adéquat pour l’accompagner à une soirée qui concernait le travail. Bien que surprise, j’étais très flattée qu’il veuille que je sois à ses côtés pour cet évènement. Le pilote de ligne, pour me taquiner davantage, insiste une seconde fois pour proposer à Erin de l’accompagner. Je lui lance un regard faussement mécontent. « C’est même certain. Mais je ne suis pas sûre qu’elle te laisse mettre un pied à cette soirée. Elle va sans doute préféré t'enfermer dans sa chambre, si tu vois ce que je veux dire... » Je vois bien Erin tout faire pour ne pas quitter son appartement, préférant largement rester au lit avec Milo que de se rendre à ce genre de soirée.  Mais Milo, très taquin ce matin, évoque ensuite la possibilité de demander à Lou de l’accompagner. Mon myocarde s’emballe légèrement à l’évocation de ce prénom, me rappelant instinctivement les messages et surtout la photographie de cette dernière. Mes sourcils se froncent légèrement, je n’aimais définitivement pas ses deux propositions. « Tu ne demanderas à personne étant donné que j’ai déjà accepté... » dis-je mi amusée mais aussi mi sérieuse. Puis Milo d’un naturel déconcertant m’annonce que cette soirée avait lieu le week-end prochain. « Le week-end prochain !? Heureusement que tu as pensé à m’en parler aujourd’hui alors... » Je pensais que cette soirée n’aurait pas lieu avant plusieurs semaines. C’était typique de Milo. Ce dernier décide de quitter le lit par crainte de passer la totalité de la journée ici. « Tu as raison, je ne voudrais pas être la cause de tout ça... » dis-je amusée en le laissant partir à la salle de bain. Attendant mon tour, je finis par me rallonger dans le lit. Rêveuse, sereine mais surtout heureuse.

Quand Milo revient dans la chambre, mon regard se pose automatiquement sur lui. Sa remarque quant à ma manière de le regarder me fait doucement rire. « Quel regard ? Je n’ai rien fait... » dis-je d’un air faussement innocent. Le pilote de ligne se tourne vers l’armoire pour en sortir des affaires. Je décide d’attraper ma nuisette non loin de là pour me couvrir à mon tour. Le remarque de Milo concernant la place que je lui avait fait dans l’armoire me fait sourire. Je me lève et me dirige vers Milo « Pour moi c’est une petite place... » dis-je amusée. « Je sais que tu aimes pouvoir ranger tes affaires correctement. » dis-je d’un ton un peu plus sérieux avant de lui voler un baiser et de partir à la salle de bain à mon tour afin d’y prendre une douche.


Après s’être apprêtés tous les deux, nous quittons l’appartement pour nous rendre en ville afin de faire quelques boutiques. Dans l’une d’entre elles, je scrutait les robes qui étaient exposées « Est-ce qu’il y a un dress code particulier à respecter pour cette soirée ? » demandai-je afin d’essayer de m’aiguiller un peu plus dans le choix de la robe. Je me doutais qu’une tenue plus que correcte était exigée mais mis à part cela, peut-être il y avait-il d’autres éléments à respecter.