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Heu... Bonjour ou bonsoir peut-être. Je m’appelle Joshua, mais mes amis m’appellent Josh,  enfin, faites comme vous voulez, ce n'est pas très important. Je suis né à Fall Rivers et je n'en suis jamais parti. Je suis fils unique et j'ai grandi entouré de l'amour de mes parents. Je les vois d’ailleurs assez régulièrement, même s'ils ont déménagé à Boston il y a quelques années pour se rapprocher du club de golf de mon père, une de ces nouvelles lubies de jeune retraité.

J'ai fait toute ma scolarité dans notre jolie petite ville, globalement j'étais bon élève, mais j'ai toujours détesté l'école. Ce n'est pas le fait d’apprendre qui me dérangeait, mais j’étais bien trop mal à l'aise entouré de mes camarades de classe. D'aussi loin que je me souvienne, ils se sont toujours moqués de moi. Que ce soit de ma timidité, de ma façon de parler ou encore de mon incapacité à écrire correctement. Les enfants sont méchants entre eux, ça n'est pas nouveau et j'en ai fait les frais.

Ça m'aura valu une phobie scolaire et mes parents ont beau être la douceur incarnée, ils ne comprenaient pas mon état, disant que comme tous les enfants de mon âge, je préférais rester à la maison pour regarder des dessins animés à la télévision plutôt que d'aller étudier.  Je ne leur en veux pas vraiment... après tout, je n'ai jamais réussi à leur dire à l'époque ce qui se passait dans ma classe. Je faisais donc tout pour tomber malade aussi souvent que possible pour ne pas avoir à aller en classe. Ça ne marchait pas toujours, mais j'ai pu avoir quelques jours de répit comme ça.

C'est au collège que ça a empiré... ce qui n'était que des mots et des insultes sont devenus des bousculades et des coups. J'ai commencé à me faire un mal à cette période de ma vie, voulant à tout prix m'évader très loin d'ici. En 4ᵉ, je me suis mis à fumer de l'herbe pour me vider la tête, au début, c'était une fois de temps dans temps... puis une fois par semaine... j'ai fini par en avoir besoin tous les soirs. C'était la seule chose qui me permettait de trouver le sommeil, parce que oui, avec le début des réseaux sociaux, les brimades ne s’arrêtaient plus quand je passais la porte de mon chez-moi. Ça devenait de pire en pire.

Il m'aura fallu un séjour de quelques semaines à l’hôpital, en classe de 3ᵉ, après avoir avalé une boîte de somnifères pour que ma famille comprenne que quelque chose n'allait pas. J'ai finalement commencé à voir un psychiatre, et il m'a beaucoup aidé. Il m'a permis pour la première fois de ma vie de réussir à parler sans bégayer. Au fur et à mesure des séances avec lui, j'ai repris un peu plus goût à la vie, espérant réussir à trouver ma place dans ce monde. J'ai même réussi à réduire ma consommation de cannabis. J'ai donc repassé mon année de 3ᵉ depuis chez moi, le temps de reprendre du poil de la bête.

C'est pendant cette année de déscolarisation que j'ai développé une vraie passion pour les jeux vidéos, je passais mes journées en ligne, à jouer à tout un tas de jeux différent, m’étonnant moi-même d'arriver à communiquer avec d'autres personnes à travers un écran. Mon psy disait que c'était positif, et qu'il fallait que je continue à développer des passions qui me ferait sortir petit à petit de ma zone de confort. J'ai donc commencé à m'intéresser au Beat Box à cette époque également, ayant vu passer une vidéo que je trouvais super cool à l'époque. Je m’entraînais en cachette dans ma chambre, n'ayant jamais vraiment osé le montrer à qui que ce soit.

Je suis retourné en classe pour le lycée, ayant pris un peu plus d'assurance et réussissant enfin à communiquer correctement avec des gens de mon âge. D’ailleurs, j'y ai rencontré ceux qui sont aujourd'hui encore mes meilleurs amis. Et surtout, j'y ai rencontré Leïa, celle que je pensais à l'époque être la femme de ma vie, et finalement, on n'en est pas si loin, même si ce n'est pas dans le sens que la plupart des gens l'entendent.

Nous nous sommes mis ensemble durant notre année de seconde, en 2009. Elle est l'une des rares personnes avec qui je n'ai jamais eu peur d'être moi-même. On est restés en couple pendant six ans et nous sommes finalement séparés en décembre 2015. Avec le temps, on s'est aperçu tous les deux que notre relation était devenue bien plus proche de celle de meilleurs amis avec quelques avantages que de celle d'un couple. Nous sommes donc restés en très bons termes, continuant de nous côtoyer malgré tout.

Ce qu'on n'avait pas prévu du tout... c'est que Leïa était enceinte... et qu'elle a fait un déni de grossesse... On a donc appris la nouvelle trop tard, elle en était déjà à cinq mois. Heureusement en fait, parce que quelques mois après, le 3 avril 2016,  ma petite Meghan était là, dans mes bras... devenant instantanément la personne la plus importante de ma vie. Je ferais n'importe quoi pour elle, absolument n'importe quoi... j'ai compris que je ne connaissais rien de l'amour avant de l'avoir près de moi.

J'ai donc trouvé un travail assez rapidement, ne voulant pas continuer mes études. J'ai trouvé un boulot chez Starbucks, et je m'y plais, j'ai l'impression d'être utile. Même si je suis toujours incapable d'écrire correctement, il paraît que ça fait partie du boulot de Barista de faire des fautes dans les prénoms des clients, c'est devenu un effet de mode.

Je fais donc au mieux pour gérer ma vie, mes angoisses et mes problèmes d'addiction, pour mon petit rayon de soleil... Meg le mérite amplement. Je suis bien plus heureux que jamais quand elle est avec moi. À tel point que je vais parfois rendre visite à sa mère pendant ces semaines pour profiter de voir ma petite princesse. Elle est aujourd'hui celle qui a comblé ce vide dans le fond de mon cœur, me poussant chaque jour à dépasser mes peurs.