La détermination et l'énergie que Cassia met dans cet entraînement me remplissent de satisfaction. Je la vois se libérer, coup après coup, de sa colère, transformant chaque frappe en un pas vers la guérison. Mon cœur bat à l'unisson avec le rythme de ses coups, admirant sa force et sa résilience. « Tu sais, ce bébé chat pourrait bien me faire monter la température d'une manière tout à fait différente » je lui lance, la voix teintée d'un sous-entendu malicieux. Mon commentaire, chargé de promesses et d'insinuations, flotte entre nous, un mélange d'humour et de tension palpable. C'est une danse subtile entre la légèreté et le désir, une façon de lui rappeler que, malgré les circonstances, il y a toujours place pour la légèreté et peut-être, pour quelque chose de plus profond et plus intime entre nous.

En ce matin à New York, notre séance de boxe prend une tournure particulièrement cathartique. Cassia, face aux pattes d'ours que j'ai enfilées, se transforme. Chaque coup qu'elle lance contre ces coussinets symbolise sa lutte contre l'ombre d'Andrew et contre toutes les trahisons qu'elle a subies. Sa détermination est palpable, chaque frappe libérant un peu plus de cette colère contenue, chaque mouvement révélant sa force intérieure. « C'est bien, Cassia, expulse cette colère, cette frustration. Tu es infiniment plus forte et plus courageuse que tu ne l'imagines » je lui dis, admiratif de sa capacité à transformer sa douleur en puissance. La vigueur avec laquelle elle attaque les pattes d'ours me pousse à reculer, signe indéniable de la force brute qu'elle canalise. Ses yeux, emplis d'une détermination farouche, son corps tout entier engagé dans cette libération physique de sa peine, m'impressionnent profondément. C'est un combat qu'elle mène, non pas contre moi ou contre ces simples morceaux de cuir, mais contre les démons intérieurs, contre les doutes et les peurs instillés par d'autres. « Montre-lui, Cassia. Montre-lui que rien ni personne ne peut t'abattre. » Son courage, son acharnement à surmonter et à se relever me remplissent d'un respect et d'une admiration sans bornes. Cet entraînement n'est pas seulement un exercice physique ; c'est une affirmation de sa résilience, de sa volonté de fer, et je suis là, témoin privilégié de sa renaissance.

À l'instant où elle marque une pause, essoufflée, le poids de son combat intérieur semble s'abattre sur ses épaules. Les larmes naissantes dans ses yeux sont le reflet des tempêtes qu'elle a affrontées, de la douleur qu'elle commence à peine à surmonter. Doucement, elle se déleste de ses gants, un geste symbolique, comme pour se libérer des chaînes de son passé. Je me dépêche de retirer les pattes d'ours et de la rejoindre, l'enveloppant de mes bras dans un geste protecteur. « Laisse-toi aller, Cassia… » Je lui murmure, lui offrant un espace pour exprimer sa peine, pour pleurer si elle en ressent le besoin. « Je suis tellement fier de toi. » Je dépose un baiser plein de tendresse sur son front, une marque de mon admiration et de mon soutien inconditionnel.

Je savais exactement pour quelle raison Milo souhaitait que je frappe dans ces pattes d’ours tout en imaginant qu’il s’agissait d’Andrew. Il voulait que j’extériorise au maximum la colère et la peine présentes en moi. Sans doute pour que cela m’aide à passer à autre chose par la suite. Et aussi éviter que ces maux me rongent de l’intérieur et me consument petit à petit. Bien que j’ai un peu de mal au début à imaginer qu’il s’agisse d’Andrew en face de moi, je finis, sans réellement m’en rendre compte, à me prendre au jeu. Les souvenirs de la veille envahissant mon esprit, je continuais à frapper encore et encore avec une intensité à chaque fois plus forte. Les paroles de Milo qui m’encourageaient à continuer sur cette voie, à expulser toute la colère qui se trouvait en moi, à montrer que j’étais infiniment plus forte que je ne laissais paraître semblaient parfois être lointaines tant ma concentration sur mon objectif était optimale. Jusqu’au moment où ma vision commença à se troubler à cause des larmes refouler et jusqu’au moment où j’eus l’étrange sensation que mon cœur allait imploser. Cela faisait déjà quelques longues minutes que je tentais de ne pas craquer, que je souhaitais continuer mais mon corps venait de me demander de cesser. Je me déleste des gants les laissant tomber à terre alors que les bras de Milo viennent m’enlacer tendrement. Je trouve immédiatement refuge dans ces derniers. Entendre mon meilleur ami dire qu’il était fier de moi me rempli soudainement d’une grande satisfaction. Mes bras passent derrière son dos, je tente d’étouffer quelques sanglots alors que les larmes dont j’avais interdit l’accès à mes joues finissent finalement par couler. « Je le déteste Milo… Je le déteste de m’avoir fait cela... » dis-je dans un léger murmure. Moi qui avait tout donné pour que cette relation fonctionne sereinement. Moi qui avait fait tant de compromis. Non, définitivement je ne méritais pas ce que Andrew m'avait fait subir en fréquentant une autre femme.

La pluie, infusée d'une salinité rappelant les larmes de l'océan, se dépose sur son visage avec une tendresse inattendue, traçant des sillons éphémères sur sa peau pâle. À ses côtés, enveloppé dans un voile de silence empreint de solennité, je l'observe avec une intensité presque palpable, captant chaque mot, chaque frémissement qui s'échappe de ses lèvres tremblantes. Elle se livre, déversant un flot tumultueux de rancœur et de colère, une cascade d'émotions brutes et indomptées dirigées contre celui qui a semé en elle cette tempête intérieure. Là, dans cet instant suspendu, je reste figé, tiraillé entre la peur de raviver ses blessures par une maladresse et un désir profond de panser les plaies de son âme tourmentée.

Avec une douceur infinie, je viens effleurer son visage du pouce, capturant une larme rebelle qui s'échappe de son regard voilé de peine. Ce geste, simple mais chargé d'une émotion brute, se veut un baume sur le cœur meurtri qui bat sous sa poitrine. Le spectacle de sa douleur me transperce, laissant une empreinte indélébile sur mon esprit. Chaque larme qui roule sur sa joue est un coup porté à mon propre cœur, creusant un abîme de tristesse que je peine à contenir. Et pourtant, en dépit de la tempête qui rage en elle, cette pluie salée qui embrasse son visage ne fait qu'accentuer mon impulsion à la protéger, à l'envelopper dans un cocon de réconfort. C'est dans ces moments de vulnérabilité partagée que se révèle la profondeur de notre lien, un fil invisible tissé de compassion et d'empathie, unissant nos âmes dans un ballet silencieux d'interdépendance émotionnelle. Je me sens porté par un élan protecteur, une nécessité impérieuse de veiller sur elle, de repousser les ombres qui dansent autour de son être fragilisé. Dans le creux de cette intimité bouleversée, nos cœurs battent à l'unisson, résonnant d'une mélodie mélancolique qui transcende les mots. Ce n'est pas seulement sa peine que je cherche à apaiser, mais un chagrin partagé, une douleur commune que nous affrontons côte à côte, unis dans la tempête comme dans le calme.

L'humidité qui émane de son corps contre le mien est un témoignage silencieux de son abandon total à l'instant présent, à cette vulnérabilité que nous partageons sans retenue. Ce contact, loin d'être un fardeau, se transforme en un réconfort partagé, une chaleur dans le froid de nos tourments. Je trouve une douceur indescriptible dans sa quête de solace, infiniment préférable à l'alternative douloureuse de la voir se replier dans les ombres de son isolement. Chaque fois qu'une larme supplémentaire s'échappe pour tracer son chemin sur sa joue, je suis confronté à un mélange complexe d'impuissance et de détermination. Impuissant, car je ne peux arrêter la douleur qui la ronge de l'intérieur ; déterminé, car je suis résolu à naviguer à ses côtés à travers cet orage émotionnel, peu importe la violence des vents et la hauteur des vagues.

Cassia m'a déjà confié ses peines par le passé, et chaque révélation me touche au plus profond de mon être, laissant une marque indélébile, surtout lorsque je me sens responsable, même de loin, de ses larmes. Des doutes m'assaillent, me faisant questionner mes actions et mes paroles. Aurais-je pu faire plus ? Aurais-je pu, par ma persistance, épargner à Cassia ne serait-ce qu'une fraction de cette souffrance qui la consume ? Sa joue repose contre mon torse, un point de contact qui nous unit, nos cœurs battant à l'unisson, portés par une vague d'émotions partagées. C'est dans ces moments de proximité, où nos âmes semblent se fondre l'une dans l'autre, que je ressens le poids de notre connexion, un lien tissé non seulement d'affection, mais aussi d'une compréhension mutuelle forgée dans les épreuves. La responsabilité de son bien-être pèse sur mes épaules, un fardeau que je choisis de porter avec honneur, car dans son regard, dans ses larmes, je trouve non seulement un appel à l'aide, mais aussi une confiance inébranlable. C'est cette confiance qui me guide, me poussant à rechercher, à tâtons dans l'obscurité de notre désarroi, une lueur d'espoir que nous pourrions partager. Ensemble, dans cette étreinte, nous trouvons un refuge temporaire contre les assauts du monde extérieur, un sanctuaire où nos peines peuvent être exposées sans crainte de jugement, et où nous pouvons, l'espace d'un instant, alléger le fardeau de notre tristesse partagée.

À mesure que les larmes de Cassia imprègnent le tissu de mon tee-shirt, je me permets un geste d'une tendresse infinie, déposant un baiser sur sa tempe dans une marque d'affection et de protection. Dans notre étreinte, nos regards sont détournés, perdus chacun dans notre propre tourment, jusqu'à ce que je décide de briser cette barrière invisible. Avec une douceur calculée, je soulève délicatement son menton, l'invitant à plonger son regard dans le mien. Ses yeux, habituellement pétillants d'une vivacité sans pareil, sont à présent voilés par la tristesse et le doute, témoins silencieux de son combat intérieur. Je choisis mes mots avec soin, infusant chaque syllabe d'une chaleur réconfortante, dans l'espoir de dissiper les ombres qui assombrissent son esprit. « C'est lui, et lui seul, qui est à blâmer, Cassia » je murmure, insistant sur sa complète innocence dans le tourbillon de douleur qui l'entoure. Mon objectif est clair : éradiquer la culpabilité qui l'étreint, fortifier son estime de soi qui a été injustement ébranlée par les circonstances. « Ta lumière intérieure brille toujours avec autant d'éclat, ne permets à personne de la ternir. » Ces mots, je les prononce avec l'espoir de raviver en elle une étincelle d'optimisme, de lui rappeler sa propre valeur et la force qu'elle possède pour surmonter cette épreuve.

Je me sentais soudainement démunie de toute force, épuisée. Laissant les gants de boxe tomber à terre je trouve très rapidement refuge dans les bras de mon meilleur ami qui m’incite à me laisser aller. Je finis donc par laisser quelques larmes couler entre deux sanglots. J’avais mal, mais laisser échapper ces larmes me procurait malgré tout un léger soulagement. Les larmes coulent pendant quelques minutes. Puis le flot de ces dernières tend à diminuer. Comme si petit à petit, tout au fond moi, je voulais reprendre le dessus. Délicatement les doigts de Milo vienne soulever délicatement mon menton, invitant mon regard à plonger dans le sien. Mon meilleur ami souhaite me rassurer à nouveau quant à mon innocence dans toute cette histoire. A l’entendre, cela semblait si simple de me déculpabiliser. Pourtant tout au fond de moi, j’avais la désagréable sensation que le chemin serait encore long. Les paroles de Milo m’apaisent. Elles font également naître en moi une détermination soudaine à vouloir passer à autre chose, à oublier Andrew le plus rapidement possible. Une chose était sûre, ce n’est pas Andrew qui allait ternir cette fameuse lumière dont Milo me parlait. Je sèche, du revers de la main, la dernière larme que j’avais autorisé à s’échapper tout en acquiesçant d’un léger signe de tête. « Il faut que j’aille de l’avant. » dis-je avec une once de détermination dans ma voix. Mon regard se pose à nouveau sur celui de mon meilleur ami « Merci… pour tout ça... » dis-je en désignant le ring ainsi que les différents accessoires qui pouvaient nous entourer. Je me sentais soudainement comme libérée d'un poids. Un poids qui pesaient sur mes épaules contre ma propre volonté.

« Je serai toujours là pour toi, pour t'aider à avancer » murmurais-je doucement, tout en écartant une mèche rebelle de son visage pour la placer délicatement derrière son oreille. Le geste, empreint de tendresse, semblait sceller ma promesse d'un soutien indéfectible. Lorsque Cassia me remercia pour notre temps partagé, je ne pus m'empêcher de répondre à sa gratitude par un geste affectueux, déposant un baiser sur son front, un symbole de protection et d'affection. « Pourquoi me remercier ? » dis-je, un sourire dans la voix, « Ton sourire est le plus beau des remerciements. » Dans l'intimité de cet échange, chaque parole semblait tisser un lien plus profond entre nous, un fil d'or dans le tissu de notre relation.

Avec une légèreté feinte, je lui proposai une idée, une étincelle de malice dans le regard. « Je sais ce qui pourrait t'aider à regarder vers l'avenir... Rencontrer quelqu'un de nouveau. Tiens, j'ai même une idée pour un rendez-vous. » Mon ton se fait conspirateur, comme si je partageais un secret excitant. « Hmm, à qui pourrais-je bien penser ? » Je marque une pause théâtrale, feignant la réflexion. « Ah, j'ai trouvé ! Que dirais-tu d'un pilote de ligne ? Grand, beau, et fort... Ça te dit quelque chose ? » Mon clin d'œil était appuyé, ma description évidemment auto-référentielle, invitant Cassia à reconnaître l'humour et la tendresse dissimulés dans ma suggestion. Cette proposition, légère en apparence, portait en elle une double intention. D'une part, elle visait à alléger l'atmosphère, à esquisser un sourire sur le visage de Cassia en dépit des ombres qui l'avaient assombri. D'autre part, elle soulignait mon désir de rester une figure centrale dans son processus de guérison et de renaissance, qu'il s'agisse de l'accompagner en ami ou de suggérer, avec une pointe d'audace, un rôle plus personnel. Par ce jeu de mots et cette proposition voilée, je cherchais à lui rappeler que, quelle que soit la direction que prendrait sa route vers le bonheur, elle ne la parcourrait jamais seule.

« Allez, viens, on rentre avant que je ne me transforme irrémédiablement en putois » lançais-je avec un sourire complice, soulignant l'urgence de notre retour avec une pointe d'humour. « Après tout, la sueur peut avoir son charme, mais seulement dans des contextes bien précis. » Main dans la main, nous nous dirigeâmes vers mon appartement, un sentiment de complicité enveloppant nos pas. Arrivés sur le seuil, je lui offris mon trousseau de clés, un geste lourd de signification. « Ces clés sont désormais aussi les tiennes » avouais-je, marquant un pas de plus dans notre intimité partagée avant que nous ne franchissions ensemble le pas de la porte.

Une fois à l'intérieur, je pris l'initiative de la routine post-course. « Je te propose de prendre la douche en premier. Pendant ce temps, j'ai quelques appels à passer pour organiser notre soirée. Et avant que tu ne demandes, non... Les détails resteront une surprise » dis-je avec un clin d'œil malicieux, saisissant mon téléphone. Face à un regard qui trahissait une pointe de jalousie, curiosité ou peut-être d'inquiétude, je me hâtai de la rassurer. « Et non, je n'appellerai pas Erin, ni aucune autre femme, Cassia » affirmais-je, ressentant le besoin de dissiper tout malentendu. « La seule femme qui capte mon attention, celle qui compte vraiment pour moi, c'est toi » lui confiais-je, mes paroles teintées d'une sincérité profonde. Ce moment, simple en apparence, était chargé d'une promesse tacite : celle de l'exclusivité, de l'attention portée uniquement à elle, soulignant l'importance de Cassia dans ma vie..

Cette séance de sport intensive m’avait fait un bien fou. Hormis la fatigue évidente causés par les efforts physiques, je me sentais également épuisée émotionnellement. Mais ce sentiment je devais rapidement le transformer en force, en volonté pour aller de l’avant. Et de savoir Milo à mes côtés pour cette étape importante me rassurait grandement. Mon meilleur ami fait une proposition des plus étonnantes. Rencontrer quelqu’un. Etait-il sérieux ? Souhaitait-il réellement essayer de me faire rencontrer quelqu’un ? Puis je comprends, en voyant son sourire malicieux et sa manière théâtralisée de dresser son propre portrait. Je souris amusée par sa remarque « H’m...oui vaguement. Pourquoi pas… je suis certaine qu’il fera l’affaire. » dis-je avec un air faussement détaché tout en lui adresse un clin d’œil.

Milo propose ensuite de rentrer. Il est indéniable que nous avions tous les deux besoin d’une bonne douche. Et le jeune pilote de ligne s’autorise un petit sous entendu. Je souris, amusée.Nous prenons le chemin du retour pour rentrer à l’appartement de Milo. Et une fois arrivés sur le seuil de la porte ce dernier me donne un trousseau de clé en m’annonçant que ces clés étaient désormais les miennes. Encore une fois, nous passions un cap. « Ça me touche énormément Milo, merci. » Ce n’était pas la première fois que nous partagions ce genre de moment, mais c’était toujours si intense. Une fois à l’intérieur, Milo propose que j’occupe la salle de bain en première car lui avait encore quelques détails à régler pour la soirée de ce soir. A peine avais-je entrouvert la bouche pour en demander davantage que mon meilleur ami me devança et précisant qu’il n’était pas question que j’ai plus de détails. « D’accord, d’accord… je ne demanderai rien, c’est promis. » Je savais qu’il était inutile d’insister, Milo pouvait être très obstiné. Je restai quelques secondes, les yeux fixés sur Milo qui tenait en main son téléphone portable. Milo se sent apparemment obligé de me rassurer sur le fait que son futur interlocuteur ne serait ni Erin ni une autre femme. Je me rends compte que ma mésaventure avec Andrew avait sans doute plus d’impacts sur moi que je ne le pensais. « Oui, bien sûr… Excuse moi. Je te fais confiance... » dis-je en lui adressant un léger sourire avant de me diriger à la salle de bain pour une douche qui allait s’avérer des plus agréables.

Une fois terminée, je ressors de la salle de bain, les cheveux encore mouillés par ma toute récente douche. Je rejoins Milo dans le salon. « La place est libre... » annonçai-je à mon meilleur ami, et alors que je passe à ses côtés je ne peux m'empêcher de déposer un doux baiser sur sa joue.

Alors que Cassia s'accorde un moment de répit sous la douche, je saisis l'opportunité pour peaufiner les détails de notre soirée. Je m'assure que tout est en place, appelant quelques amis pour finaliser les préparatifs, sentant mon anticipation grandir. Lorsque Cassia émerge, enveloppée dans un nuage de vapeur parfumée, son baiser sur ma joue est une douce récompense qui éclaire mon visage d'un sourire spontané. Sa plaisanterie sur la salle de bain désormais libre me fait rire, mais c'est sa proximité qui réchauffe le plus mon cœur. « Mais ma place a toujours été la mienne non ? Depuis quand serait-elle libre ? » rétorquais-je avec une pointe de sérieux dissimulée derrière mon humour, en faisant allusion à bien plus qu'une simple salle de bain, mais plutôt à son cœur. « Donne-moi juste quelques minutes » lui disais-je avant de me diriger vers la salle de bain, laissant derrière moi un espace empreint de notre complicité. L'eau froide sur ma peau est un choc salutaire, chassant la sueur et la fatigue, me revigorant pour le reste de la journée. La séance de sport, bien qu'éprouvante, a été une libération, une façon de renouer avec moi-même. J'espère que pour Cassia, malgré l'intensité émotionnelle qu'elle a vécue, ce fut un pas de plus vers sa guérison, un moyen de se délester des poids du passé.

En sortant de la douche, l'esprit clair et le corps rafraîchi, je me sens prêt à affronter ce que la journée nous réserve encore, avec Cassia à mes côtés. La perspective de la soirée à venir, entourés d'amis et de rires, semble être le parfait contrepoint aux épreuves récentes, un rappel que la vie continue, belle et imprévisible, surtout quand on est bien accompagné. Quelques instants après avoir laissé derrière moi l'atmosphère apaisante de la salle de bain, je réapparais auprès de Cassia, mais, dans un élan de distraction ou peut-être par un brin de malice inconsciente, je réalise que j'ai omis d'emporter mes vêtements. Seule une serviette enroulée autour de ma tête me sert de couvre-chef improvisé, ajoutant une touche d'humour involontaire à la scène. Je m'empresse alors, tout en veillant à garder ma dignité intacte, vers la chambre pour m'habiller de manière plus appropriée.

De retour dans le salon, je m'approche de Cassia par derrière, une légère appréhension mêlée d'excitation dans le cœur. La proximité retrouvée, je laisse ma main trouver naturellement la sienne, un geste d'affection et de connexion qui nous est si familier. « J’ai quelque chose à te dire, Cassia... » commençais-je, laissant un moment le silence suspendre mes mots dans l'air. Je marque une pause, conscient de l'impact que mes paroles pourraient avoir, avant de continuer : « Je ne fréquente plus Erin. » La révélation, bien que simple, porte en elle le poids de décisions mûrement réfléchies et d'un chemin vers un futur que je souhaite différent, plus en accord avec les sentiments profonds et authentiques que je nourris pour Cassia.

Une fois sortie de la salle de bain, j’annonce à Milo que la place est libre. Le tout accompagné d’un léger baiser sur sa joue. Ce n’est qu’en écoutant Milo plaisanter que je me rends compte que ma phrase pouvait en effet porter à confusion à cause d’un manque de précision. « La salle de bain… je parlais de la salle de bain. » dis-je en riant légèrement malgré tout. Mais en y réfléchissant bien, une tout autre place était à présent disponible. Une place que Milo occupait déjà en majeure partie. Une place où il pourrait sans nul doute avoir l'exclusivité. Mon cœur. Je laisse donc tout le plaisir à Milo de profiter d’une douche revigorante après notre séance de sport intensive.

Pendant que Milo prend sa douche je décide d’allumer mon téléphone portable. J’avais éteins ce dernier en décollant de Fall River et depuis je ne l’avais pas rallumé. Bien évidemment, nombreux étaient les messages et les appels manqués d’Andrew. Je ne prenais même pas la peine de scruter ces derniers. Toutefois je pris la peine de répondre à une amie proche ainsi qu’à ma mère. Je restais brève dans mes explications, le but était simplement de les rassurer et de leur indiqué que j’étais avec Milo et que donc, tout allait bien. Je lève les yeux de mon téléphone quand j’entends la porte de la salle de bain s’ouvrir. Et ce que je vois me surprends au plus haut moins. Connaissant Milo, son passage rapide dévêtu était sans doute volontaire. Je m’amusais à remarquer à quel point depuis mon arrivée ses sous-entendus impudique étaient nombreux.

De retour au salon, Milo m’annonce avoir quelque chose à me dire. « Je t’écoute... » Étrangement j’appréhendais. Quoi exactement, je ne saurais le dire.Ma main dans la sienne, mon regard ne quitte par Milo d’une seule seconde. « Oh... » Bonne nouvelle. Je ne m’attendais pas à cela, mais j’étais ravie d’apprendre cette nouvelle.  « Je te remercie pour ta sincérité et… je ne peux pas nier que cette nouvelle me réjouie quelque peu... » Erin avait montré la dernière fois qu’elle pouvait aisément dépasser certaines limites pour son bon plaisir. Je ne la portais pas dans mon cœur. « Et puis, tu mérites mieux... » dis-je un léger sourire malicieux aux lèvres. Cette phrase habituellement, sortait de la bouche de Milo à mon égard. Cette fois-ci c’était à moi de le lui dire. Oui il méritait mieux. Et dans le fond, le fait de savoir qu’il ne fréquentait plus Erin me rassurait quant à un potentiel avenir commun. Et si ce mieux, c’était moi ? Qui sait.

La décision avait été prise dans un élan de protection, une résolution ancrée dans la conviction que rien ni personne ne devrait jamais blesser ceux que j'aime, surtout pas Cassia. Erin avait franchi une ligne que je considérais inviolable. L'implication de Cassia dans une situation qu'elle n'avait ni cherchée ni méritée avait été le catalyseur de mon choix. Voir la peine dans les yeux de Cassia, sentir la douleur qu'une telle trahison avait engendrée, avait ravivé en moi une détermination farouche de mettre un terme définitif à toute forme de lien avec Erin. Ma conversation avec Erin avait été directe, dépourvue de toute ambiguïté. J'avais exprimé clairement que notre relation, quelle qu'elle ait été, était désormais révolue, non négociable. J'avais insisté sur le fait que Cassia était désormais hors de portée, protégée par une ligne que je ne laisserais plus jamais franchir. La menace voilée concernant d'éventuelles représailles au travail avait été prononcée non pas par désir de conflit, mais dans un besoin impérieux de protéger Cassia de toute souffrance supplémentaire. « Cassia, je t'assure que je ne laisserai plus rien ni personne te faire du mal, surtout pas à cause de moi. » Mon engagement envers elle était total, un serment silencieux mais inébranlable de veiller sur son bien-être, de la défendre contre les tempêtes, visibles ou non. Cette décision n'était pas seulement un adieu à Erin mais une affirmation plus profonde de mes priorités, de ma volonté de construire un avenir où la sécurité et le bonheur de Cassia seraient au centre de tout. C'était un pas de plus vers un nous plus fort, plus uni, un nous prêt à affronter ensemble tout ce que la vie pourrait nous réserver.

Le jeu de lumière dans ses yeux révèle une palette d'émotions que j'explore avec fascination, chaque battement de mon cœur rythmé par sa présence. « Toi qui me connais si bien » je répète, appuyant sur chaque mot avec une intention précise, voulant qu'elle saisisse l'invitation cachée dans ma question. Son sourire, sa réaction, tout en elle me captive et m'invite à plonger encore plus profondément dans ce moment partagé. « Mon type de femme ? » je continue, ma voix doucement taquine cachant mal la véritable enquête de mon cœur. Je cherche dans ses yeux une étincelle, une reconnaissance, peut-être même un aveu tacite de ce qui reste souvent non dit entre nous. Le baiser que je dépose sur sa tempe n'est pas seulement un geste de tendresse, mais une promesse silencieuse de tous les mots que je retiens encore. « Tu sais que sentir si bon c’est dangereux ! » Lorsque je murmure à propos du danger que représente son parfum, c'est avec une légèreté qui masque à peine l'intensité de mes véritables sentiments. « Je risque de te croquer ! » Cette phrase, prononcée sur un ton léger, porte en elle toute la complexité de mon affection pour elle, mélangeant le désir, l'amour et une pointe d'humour pour alléger la charge émotionnelle de notre conversation.

La mention d'Erin éveille en moi un désir de protéger notre bulle, de la préserver de toute ombre extérieure. D'un mouvement de tête, je rejette loin de nous les souvenirs amers, concentrant toute mon attention sur Cassia. « Erin est désormais un chapitre clos. Elle n'a jamais su occuper la place que tu tiens dans ma vie, Cassia. Toi, tu es unique. » Je cherche son regard, désireux de lui faire ressentir toute l'intensité de mes émotions, la sincérité de mes paroles. « À mes yeux, tu es la seule qui ait une véritable signification, la seule qui ait jamais eu une telle importance. » En entrelaçant doucement nos mains, je scelle cette déclaration, non seulement avec mes mots mais avec un geste chargé de sens.

Milo ne fréquentait plus Erin. C’était donc officiel. Je ne pouvais cacher le fait qu’en apprenant cette nouvelle, une once de soulagement s’était emparé de moi. J’étais consciente que Milo avait le droit de fréquenter qui il voulait, mais la dernière fois Erin avait indéniablement dépasser les limites en m’envoyant cette vidéo de Milo flirter et embrasser cette escort. J’avais beaucoup de rancœur envers ma collègue et ce qu’elle avait osé faire. Cette annonce me réjouissait quelque peu. Etait-ce là un pas important pour un potentiel futur commun ? Sans doute. Une chose était certaine, cette nouvelle était aussi synonyme de changement pour Milo. Je savais qu’il faisait perpétuellement des efforts pour changer. Pour lui, pour moi, pour nous. Ravie par cette annonce, je plaisantai même sur le fait qu’il méritait mieux. Je n’avais fait que citer cette phrase qu’il m’avait répéter, jadis, tant de fois. Milo m’affirme qu’il ne laisserai plus rien et surtout plus personne me faire du mal, surtout si il en était la cause. Je comprends tout de suite qu’il faisait référence aux agissements d’Erin. « Je te crois Milo. Je te l’ai dit tout à l’heure, j’ai confiance en toi. » J’avais toujours eu une confiance aveugle envers mon meilleur ami et cela n’était pas prêt de s’arrêter.

Mon regard plongé dans le sien, un large sourire se dessine sur mon visage quand Milo, qui souligne le fait que je le connaissais très bien, me demande quel était son type de femme. J’hésite. Devais-je écouter la raison ou alors mes envies ? « H’m… brune, de taille moyenne, bonne cuisinière de préférence, à l'écoute et de préférence dans le domaine médical afin de satisfaire tes fantasmes les plus incontestables... » Mettons la raison de côté. C’était ce que je venais de faire en dressant un subtil portrait de moi même. Milo dépose un baiser sur ma tempe tout en me mettant en garde quant à mon parfum qui apparemment ne le laissait pas indifférent. Un sourire malicieux aux lèvres je réponds « Tu sais, j’ai toujours aimé prendre des risques... » Et nous revoilà partis dans ce petit jeu du chat et de la souris. Il n’aura pas fallut longtemps pour que ce dernier refasse surface.

Le ton devient ensuite plus sérieux, plus authentique. Ce qu’il me dit sur la place unique que j’occupais dans sa vie me remplie d’une profonde joie. « Tu n’imagines pas à quel point ses paroles me touchent… Sache que, à mes yeux tu occupes également une place toute particulière que ce soit ici... » dis-je en désignant avec mon index ma tête « ou ici... » dis-je cette fois-ci en désignant mon cœur. « Il n'y a que toi qui soit si important à mes yeux... » avouai-je pour conclure cette douce déclaration.

Notre complicité, cette ardente flamme inextinguible, ne faiblit jamais, peu importe les épreuves qui jalonnent notre histoire. Cassia incarne cette constance réconfortante dans ma vie. Malgré la distance et les silences qui peuvent parfois s'immiscer entre nous, notre lien perdure, comme si le temps et l'espace n'avaient aucune emprise sur le lien qui nous unit. Chaque tentative de m'éloigner se solde invariablement par un retour vers elle. Quel trésor plus grand pourrais-je chercher que le privilège de partager son regard, de me perdre dans la profondeur de ses yeux, où chaque regard échangé est un poème silencieux qui murmure l'essence de notre histoire ?

La légèreté de notre conversation m'enchante, transformant un instant ordinaire en un moment empreint de complicité et de rires partagés. Sa plaisanterie sur les infirmières me donne l'occasion parfaite pour plonger dans un jeu de mots espiègle, mettant en scène nos fantasmes supposés avec une ironie douce et affectueuse. « Vraiment, Cassia ? Une fascination pour les infirmières de ma part ? » je m'interroge, feignant la surprise, tandis qu'un sourire malicieux s'étire sur mes lèvres. La répartie vient naturellement, nourrie par la familiarité et l'affection que nous avons l'un pour l'autre. « Et toi, alors, captivée par le charme distinctif des pilotes de ligne, n'est-ce pas ? » je poursuis, riant sous cape à l'idée qu'elle ait pu entreprendre son récent voyage aérien dans le seul but d'admirer des uniformes. « Je peux enfiler mon uniforme, si cela peut te faire plaisir ! » lui suggérais-je, avec un clin d'œil complice. La chatouille qui suit est une extension naturelle de notre jeu, un moyen d'insuffler de la joie et de la légèreté dans l'air, comme si nos rires pouvaient, pour un moment, éloigner les ombres et les soucis du monde extérieur.

Je comprends, à travers sa description joueuse de ce qu'elle imagine être mon idéal féminin, qu'elle se décrit en fait elle-même. Cette réalisation ne manque pas de m'amuser, renforçant encore la connivence qui nous unit. Sa manière détournée de s'identifier comme mon type de femme, sans jamais le dire ouvertement, démontre non seulement son esprit vif mais aussi sa subtile manière de sonder mes sentiments à son égard. Dans cet échange, où chaque mot et chaque rire partagé tissent des liens plus forts entre nous, je reconnais la vérité de ses paroles. Cassia, avec sa vivacité, son charme indéniable et cette lumière intérieure qui ne cesse de m'attirer, est en effet le reflet le plus authentique de mes désirs. Sa présence, son humour, et cette capacité unique qu'elle a de me faire voir le monde sous un jour nouveau enrichissent ma vie d'une manière que je peine à exprimer par des mots. Alors, dans ce moment de pure complicité, je réalise à quel point elle est essentielle à mon existence, à quel point chaque jour passé à ses côtés est un cadeau que je chéris profondément.

Notre habituelle taquinerie prend une nouvelle tournure avec sa déclaration audacieuse sur les risques. Cela m'inspire une idée espiègle, une façon de jouer sur ses mots tout en flirtant avec ses limites. « Ah, donc Madame est adepte des sensations fortes, c’est noté ! » Je lui lance un regard malicieux, plein d'anticipation pour sa réaction. « Dans ce cas, je pense qu’un saut en parachute, suivi d’un saut à l’élastique, devrait parfaitement convenir à ton désir d’aventure ! » Mon ton est léger, mais je ne peux m'empêcher de rire à l'idée de la voir défier sa peur du vide, sachant pertinemment que ce n'est pas son activité de prédilection. Je la regarde attentivement, cherchant à déceler dans son regard une étincelle de défi ou peut-être une lueur d'hésitation. Ma proposition est évidemment exagérée, une hyperbole destinée à piquer sa curiosité tout en flirtant avec l'absurde compte tenu de sa phobie du vide. « Tu sais, je serais là, juste à tes côtés, pour chaque saut. Pour te rassurer... ou pour sauter avec toi. » Mon sourire s'élargit, trahissant mon amusement face à notre échange ludique. « Mais si le vide n’est pas ton truc, je suis sûr qu’on peut trouver d’autres aventures, tout aussi palpitantes, mais un peu plus... terrestres. » Je demeure toujours prêt à adapter nos plans pour qu'ils correspondent à son confort et à ses envies, car au fond, le plus important pour moi est de partager ces moments avec elle, quelle que soit la forme que cela prend.

La confession de Cassia, révélant la place unique que j'occupe dans sa vie, touche une corde sensible en moi, faisant naître un sourire empreint de tendresse sur mes lèvres. La proximité de nos âmes, la sincérité de ses mots, tout cela pousse mon cœur à battre un peu plus fort, à flirter avec l'idée d'un sentiment plus profond, plus enraciné. « Tu sais, avec de telles confidences, je pourrais complètement tomber amoureux de toi » lui confiais-je à voix basse, mon regard plongeant dans le sien, cherchant à y déceler la résonance de mes propres sentiments. Cette admission, teintée de vérité, n'est pas prononcée à la légère.

J’ai bel et bien conscience que de telles paroles pourraient ouvrir la porte à bien plus que de simples échanges amicaux. Elles pourraient nous conduire vers un avenir où nos vies seraient encore plus étroitement liées, où chaque jour serait une découverte de l'autre, une plongée plus profonde dans ce lien qui nous unit déjà de manière si indéfectible. Mais je suis conscient aussi des risques, de la peur de briser ce qui nous est cher, de transformer notre complicité en quelque chose de plus fragile. « Tu es déjà si présente dans ma tête, dans mon cœur, Cassia, que l'idée de ne pas t'aimer me semble tout simplement impossible » lui avouais-je dans murmure, laissant ces mots traduire l'intensité de ce que je ressens, un prélude à ce que nous pourrions devenir, ensemble.

Notre complicité, toujours aussi inébranlable, était à nouveau très palpable entre nous. Comme cette légère tension voluptueuse qui planait au dessus de nous. Après avoir plus ou moins dresser un portrait qui me ressemblait pour désigner son type de femme, Milo continue à plonger davantage dans ce petit jeu espiègle en soulignant mon adoration pour le charme des pilotes de lignes. « Je plaide coupable. » dis-je en riant légèrement mais surtout de bon cœur. Et quand mon meilleur ami propose d’enfiler son uniforme pour me faire plaisir, je ris à nouveau de bon cœur. Que cela faisait du bien, de rire, de parler, de plaisanter avec autant de légèreté. « H’m… pourquoi pas un peu plus tard…» dis-je en lui lançant un clin d’œil amusé et malicieux à la fois.

Quand j’avoue à Milo que dans le fond, j’aimais prendre des risques ce dernier en profite immédiatement pour proposer des activités dont le simple fait d’y songer me donne un haut-le-cœur. Milo continue son petit jeu en tentant faussement de ma rassurer sur sa présence lors des activités précédemment nommées. Quand mon meilleur ami finit par songer à trouver d’autres activités palpitantes mais terrestres. Amusée, je réponds « Je suis certaine que l’on peut trouver, la seule condition est que mes deux pieds touchent le sol... » dis-je un sourire aux lèvres. Il était donc exclu toute activité dans le vide.

Le ton était devenu un peu plus sérieux. Je m’étais laissée allée dans quelques confidences quant à la place qu’occupait Milo dans ma vie mais aussi dans mon cœur. Ce qu’il répond me fait légèrement sourire. Etait-ce cela notre destinée ? Tomber amoureux l’un de l’autre ? Et si c’était déjà fait ? « Ah oui ? Je devrais sans doute faire attention à ce que je dis alors… ou pas... » Ces deux petits derniers mots reflétaient bien le fait que développer ce genre de sentiments, avec Milo du moins, ne m’effrayait pas. Ou plus. Milo se lance ensuite dans un dernier aveu. Ses mots étaient remplis d’espoir pour un futur proche ou lointain. Ses mots me rassuraient quant à notre relation d’aujourd’hui mais de demain également. Mes lèvres sont soudainement attirées par les siennes. Nous sommes si proches, mais un tel baiser ne ferait sans doute que porter confusion à notre amitié qui venait tout juste de retrouver une stabilité. La raison l’emporte, pour cette fois. Je dépose un baiser sur l’arête de sa mâchoire. « J’espère bien y rester le plus longtemps possible alors... » murmurai-je tendrement. En espérant que les sentiments se développent davantage, qu'ils se révèlent au grand jour.

Je ne peux m'empêcher de m'esclaffer intérieurement à l'idée de Cassia, embrassant le vide, son visage marqué par un mélange d'horreur et d'excitation. C'est cette image, si vivante et si contrastée, qui alimente ma joie anticipée. Pourtant, je sais bien que l'aventure que j'ai choisie pour nous est bien plus terre-à-terre, mais non moins excitante. « Ne t'inquiète pas, ce que j'ai en tête nous gardera les pieds bien plantés sur le sol », je lui assure, un sourire espiègle flottant sur mes lèvres, brouillant volontairement les pistes. Mon intention n'est pas de l'effrayer, mais de piquer sa curiosité, de tisser autour de notre journée un voile de mystère et d'attente. Dans ma voix, une note de complicité se dessine clairement, reflétant la légèreté et la profondeur de notre lien. Je joue avec les mots, m'amusant de son impatience et de son appréhension mêlées, tout en me délectant de la manière dont notre dynamique évolue, se nourrissant de ces petits jeux et de ces échanges taquins. « Je connais beaucoup d’activités qui nécessité d’avoir les pieds sur Terre… » je continue, laissant le suspense s'intensifier, avant de sourire d’un air complice.

L'harmonie de nos voix, le reflet de nos âmes qui se mêlent dans un ballet de mots, me fait prendre conscience d'une vérité aussi douce qu'irréversible : Cassia emprunte peu à peu mes tournures, mes idiosyncrasies verbales, dans un mélange enivrant de nos essences. « Tu ne serais pas en train de te Milosifier ? » je lance, moitié en plaisanterie, moitié ému par cette fusion de nos êtres à travers le simple échange de mots. Le baiser qu'elle dépose, si doux et si plein d'intentions, résonne en moi comme une affirmation de notre lien unique. « Ne bouge plus, tu as trouvé ta place, ici, tout contre moi », je susurre, nos regards se noyant l'un dans l'autre, avant d'effleurer sa joue de mes lèvres, un geste tendre qui scelle nos promesses non dites. « Mais prends garde, la tentation de te dévorer tout entière pourrait bien un jour devenir irrésistible ! » Mon rire, qui suit cette déclaration, porte en lui un mélange de légèreté et de vérité profonde, une oscillation entre le jeu et l'aveu d'une proximité qui dépasse le physique pour toucher l'âme.

L'après-midi se déploie dans une douceur inattendue, enveloppée dans le confort de la lecture partagée et ponctuée de ces petits riens qui font tout : des baisers volés au détour d'une page, des en-cas partagés entre rires et confidences. Le roman, miroir troublant de notre propre histoire, tisse autour de nous une atmosphère de connivence et de profondeur émotionnelle. Chaque chapitre lu à voix haute devient un pont entre nos cœurs, renforçant cette impression troublante de nous retrouver entre ses lignes. À mesure que le jour s'incline, nous décidons de quitter la bulle de quiétude de l'appartement pour une aventure au cœur de la ville qui ne dort jamais. Le sommet d'un gratte-ciel, avec son hélisurface offrant une vue panoramique, est notre destination. Mon ambition : lui offrir une expérience inédite, un New York vu d'en haut, sous le prisme de l'altitude et de l'émotion partagée.  « Tu vois, avoir un ami pilote, ça a ses avantages. On peut atteindre le septième ciel à tout moment », je plaisante, laissant le double sens de mes mots flotter entre nous, un clin d'œil à l'intimité et à l'excitation de l'instant. La ville s'étend sous nos pieds, un tapis scintillant de lumières et de vie, promesse d'une soirée qui s'annonce aussi vertigineuse que notre montée vers les étoiles. Le moteur de l'hélicoptère s'éveille, brisant le silence avec la promesse d'une ascension vers un spectacle sans égal. Cassia à mes côtés, je me sens prêt à lui offrir le monde, ou du moins, la ville sous un angle qu'elle n'a jamais vu.

Nos mots, nos paroles deviennent petit à petit un échange sincère mais tout à la fois espiègle. Peu importe, j’avais tout simplement envie de me sentir libre, de me changer les idées, d’être moi même. « Tu ne serais pas en train de te Milosifier ? » Je ris de bon cœur face à la question de mon ami mais aussi et surtout face à cette expression inventée de toutes pièces. « Peut-être… Il faut croire que ton influence sur moi est sans doute plus importante que tu ne le pensais... » La suite de la journée se passe merveilleusement bien. Comme à notre habitude, nos discussions divergent sur de nombreux sujets, nous continuions cette lecture comme de ce roman dont l’histoire fait étrangement écho à la notre. Là dans ce salon, alors que la ville si dynamique offre un flux incroyable d’allers retours de New-Yorkais,à pieds, en vélo, en taxi ou en métro, nous nous étions là paisiblement installés dans le salon, enfermés dans notre cocon de sérénité.

Le soleil commençait doucement mais sûrement à se coucher. Milo m’informe qu’il était donc temps de nous mettre en route pour l’activité de ce soir, encore inconnue pour ma part. C’est donc ensemble que nous quittions son appartement. Bien que j’ai confiance en mon meilleur ami, une infime part de moi appréhendais, sans doute à cause du fait de ne pas savoir ce qui m’attendais. Je me laisse donc guider par Milo jusqu’au moment où nous arrivons devant un gratte-ciel. Nous montons alors tout au dessus pour découvrir une vue panoramique, nous laissant découvrir la ville sous un nouvel angle. Un hélicoptère est là, je commence à comprendre. Et les paroles de Milo, aussi amusantes soient elles, confirme ce que je pensais quant à notre activité. « Je vois ça, fais attention je pourrais y prendre goût très rapidement... » dis-je en entrant dans son petit jeu, alors que mes paroles pouvaient elles aussi avoir un double sens. Nous montons alors dans l'appareil. Encore une fois, me laissant totalement guider par Milo. Il était dans son élément, je ne pouvais que me laisser prendre au jeu et profiter de ce moment qui je pense, allait être tout simplement incroyable.

Le rotor de l'hélicoptère bat l'air avec vigueur, portant notre engin au-dessus de la métropole qui commence doucement à s'habiller de teintes crépusculaires. À bord, Cassia et moi, nous nous trouvons enveloppés dans un cocon privilégié, seuls au monde, suspendus au-dessus de l'effervescence de New York. Le soleil, dans sa majestueuse retraite, se déploie en un spectacle de couleurs flamboyantes, peignant le ciel d'or, de rose et de pourpre, un tableau vivant qui semble n'exister que pour nous deux.

À travers les fenêtres de l'hélicoptère, le panorama urbain se transforme sous l'effet de la lumière déclinante, les ombres s'allongent, et les premières lumières de la ville commencent à scintiller, comme des étoiles échouées sur le tissu sombre de la nuit naissante. Le contraste entre l'immensité calme du ciel et l'agitation lointaine des rues crée un moment de tranquillité absolue, où le temps semble suspendu.

Cassia, à mes côtés, semble captivée par la vue, ses yeux reflétant les teintes changeantes du ciel. Je peux sentir son émerveillement, presque palpable, renforçant le lien invisible qui nous unit. Le coucher de soleil, vu de cette altitude, offre une perspective unique, un moment d'éternité capturé entre le jour et la nuit, un souvenir que je souhaite graver à jamais dans nos cœurs.

Alors que le soleil s'efface lentement derrière l'horizon, laissant place à la nuit, je me penche vers Cassia, murmurant que ce coucher de soleil est une métaphore de notre voyage ensemble : même dans l'obscurité, il y aura toujours de la lumière, de la beauté, et nous serons là, l'un pour l'autre, pour admirer chaque spectacle que la vie nous offre. Ce moment, partagé à bord de l'hélicoptère, devient alors plus qu'une simple observation d'un phénomène naturel ; c'est une célébration de notre connexion, une promesse silencieuse d'infinis couchers de soleil à admirer ensemble, peu importe où nous nous trouvons.

Alors que nous planons au-dessus de l'immensité urbaine, ma main se pose instinctivement sur la sienne, un geste tendre destiné à apporter réconfort et assurance face à l'immense vide qui nous entoure. Étonnamment, dans cet environnement suspendu, où la terre semble n'être qu'un lointain souvenir sous nos pieds, je sens chez Cassia une tranquillité inattendue. Son pouls, sous mes doigts, bat calmement, témoignant d'une confiance profonde et d'une sérénité qui semble dire qu'aucune peur ne saurait l'atteindre tant qu'elle repose à mes côtés. C'est comme si notre proximité, le simple contact de nos mains entrelacées, avait le pouvoir de dissiper toute appréhension, de transformer l'angoisse de l'altitude en une aventure partagée, un défi que nous surmontons ensemble. Dans ce moment suspendu, où seul le bourdonnement lointain de l'hélicoptère trouble le silence, je comprends que notre lien va bien au-delà des mots, qu'il est un ancrage, un phare dans l'immensité du ciel et de la vie.

Ma main glisse instinctivement dans la sienne, un geste spontané de soutien et de réconfort face à l'immensité vertigineuse qui nous enveloppe. Il y a quelque chose de profondément rassurant dans ce contact, un fil invisible qui semble dissiper toute appréhension liée à la hauteur. À ses côtés, les craintes semblent s'évanouir, comme si ma présence était un baume apaisant sur toute peur ou inquiétude. Cassia, malgré l'altitude démesurée qui nous élève au-dessus du quotidien, paraît étonnamment sereine, presque en paix, une tranquillité que j'ose espérer être le fruit de notre complicité.
Alors que le soleil décline lentement, baignant l'Hudson de ses teintes dorées et pourpres, une magie particulière s'installe entre nous. Le spectacle du coucher de soleil depuis cette hauteur est un moment suspendu, où le temps et l'espace semblent se courber en notre faveur. Les reflets miroitants sur l'eau, jouant avec les nuances de l'or au violet, créent un tableau vivant qui encadre notre expérience partagée, renforçant ce sentiment d'intimité unique. À mille mètres du sol, entourés par la beauté époustouflante du crépuscule, l'idée de partager des confidences me traverse l'esprit. Pourtant, je choisis de me retenir, de savourer le silence et la beauté du moment sans le perturber par des mots. Je ne veux rien faire qui pourrait altérer l'équilibre délicat que nous avons retrouvé dans notre amitié, préférant laisser la majesté du coucher de soleil parler pour nous.

A bord de l’hélicoptère, je prends place aux côté de Milo. Impressionnée par l’appareil ainsi que ses nombreuses commandes, je me laisser guider par Milo pour l’installation. Puis, sûr de lui, le pilote de ligne met en marche l’appareil avec une facilité et une aisance presque déconcertante. A le voir ainsi, il maîtriser absolument la situation, je ne pouvais que lui faire une confiance aveugle. Le décollage se fait en douceur, à ce moment là je n’avais d’yeux que pour Milo qui maniait cet hélicoptère avec une grande dextérité. Comme pour notre dernier vol, c’est un sentiment de fierté que je ressentais à voir mon meilleur ami dans cette situation. Après tout, faire vole ce genre d’appareil ce n’est pas donné à tout le monde.

En plein vol, le soleil s’efface doucement mais sûrement derrière l’horizon. La nuit prend place petit à petit nous offrant alors un spectacle des plus magnifiques. Ce que me murmure Milo ne fait qu’amplifier ce bonheur intense que je ressentais au fond de moi. Cette escapade en hélicoptère ne m’offrait pas seulement une visite unique de la métropole, elle m’offrait ou plutôt elle nous offrait un moment de partage unique entre lui et moi. Un moment inoubliable.

Là, planant au dessus de la ville illuminée, je profite de chaque instant. Ma main dans celle de Milo je me sens complètement sereine malgré la hauteur à laquelle nous nous trouvions. Les grattes ciels qui, vu de la rue, semblaient si immenses semblent à présent devenir des miniatures.  C’est avec le plus grand des émerveillements que je découvre alors l’Empire State Building illuminé et triomphant au milieux de la ville. Alors que la visite continue je peux même reconnaître le Flatiron building et sa forme si particulière. « Je pensais visiter la ville mais pas de cette manière… C’est fabuleux Milo, vraiment... » dis-je un sourire radieux sur le visage.

La possibilité d'offrir à Cassia une expérience aussi unique me remplit d'une joie indescriptible. Sa peur du vide, une appréhension que je connais bien, rend ce moment encore plus spécial, car jamais je n'aurais imaginé pouvoir partager avec elle une telle merveille, suspendus entre ciel et terre. La voir, les yeux écarquillés d'émerveillement devant le paysage qui s'étend à perte de vue, est un cadeau que je chérirai éternellement. Chaque scintillement dans son regard, chaque sourire ébloui, me confirme que ce moment est précieux, bien au-delà de ce que les mots peuvent exprimer. Lorsqu'elle se tourne vers moi, un merci murmuré à travers un sourire radieux, je sens mon cœur s'emplir d'une chaleur profonde. Dans cet instant, je suis convaincu que rendre Cassia heureuse est ma plus grande réussite. Nous survolons les icônes de New York, chaque monument défilant sous nous à une vitesse vertigineuse. Le Pont de Brooklyn, avec son architecture emblématique, se dresse majestueusement, un témoin silencieux de notre voyage aérien.

J'espère, avec chaque fibre de mon être, que cette escapade lui aura permis de s'évader, ne serait-ce qu'un instant, des tourments laissés par sa déception amoureuse. Offrir à Cassia cette parenthèse enchantée, loin des soucis et des douleurs du passé, est ma manière de lui montrer qu'il existe toujours des moments de pureté et de beauté à saisir, malgré les tempêtes. En cet instant, suspendus au-dessus de la vibrante New York, je me fais la promesse de toujours être là pour elle, de continuer à chercher de nouveaux horizons à explorer ensemble, pour que ses yeux ne cessent jamais de briller de mille feux.

Alors que nous amorçons notre descente du ciel étoilé vers le sol connu, je sens une légère mélancolie à l'idée de quitter cet espace suspendu entre rêve et réalité. Ma main se détache de la sienne, un geste nécessaire pour assurer notre atterrissage en toute sécurité, mais mon esprit reste empreint de la magie de nos instants partagés en altitude. Une fois nos pieds ancrés sur le sol ferme, nos mains se retrouvent, se liant de nouveau dans une étreinte familière, comme pour confirmer que ce vol n'était qu'une parenthèse dans notre continuum partagé.

Cependant, alors que nous marchons côte à côte, un silence pensif s'installe entre nous, rompu seulement par le murmure apaisant de l'Hudson qui se déroule à nos côtés. C'est dans ce cadre nocturne, sous le regard bienveillant des étoiles, que je ressens le besoin impérieux de partager avec Cassia une nouvelle qui bouillonne en moi depuis quelque temps. Je m'arrête soudain, captant toute son attention, avant de baisser légèrement la tête, une hésitation feinte dans mon geste, comme si j'étais sur le point de lui révéler un secret longtemps gardé. « J'ai quelque chose à te dire, Cassia... » La curiosité danse dans ses yeux, une lueur que je chéris, anticipant l'impact de mes prochaines paroles. Je marque une pause, jouant avec l'idée de prolonger le suspense, avant de laisser échapper la nouvelle qui, je l'espère, illuminera sa nuit autant que le vol l'a fait. « Ma formation va être... » Je m'interromps, savourant l'instant, avant de finalement céder, non sans une pointe d'excitation. « ...raccourcie. Je vais bientôt revenir à Fall River. » Je guette sa réaction, espérant y déceler des étincelles de joie ou de surprise. L'annonce de mon retour définitif à Fall River, notre ville natale, est pour moi un tournant décisif, le début d'un nouveau chapitre que j'aspire à écrire à ses côtés. Ce retour marque la fin d'une période de séparation et le début d'une promesse de jours partagés, d'aventures communes et de moments simples mais précieux. L'Hudson, témoin silencieux de notre marche, semble approuver ce nouveau départ, nous guidant doucement vers l'avenir qui nous attend, ensemble, sous le ciel infini de New York.

J’avais bien imaginé, lors de mon séjour bien que ce dernier risquait d’être assez court, visiter un peu New-York. C’était l’occasion ou jamais. Mais jamais, ô non jamais je n’avais imaginé visiter la métropole à cette hauteur. C’était un spectacle tout simplement magnifique et inoubliable. Encore un souvenir indélébile partagé avec Milo. C’est donc des souvenirs merveilleux pleins les yeux mais surtout la tête que nous atterrissons au même endroit que tout à l’heure. Avant de rentrer à l’appartement New-Yorkais de Milo, nous profitons du temps clément pour marcher un peu. Mon meilleur ami interrompt soudainement notre marche m’annonçant qu’il devait me dire quelque chose. Décidément, c’était la journée. Le jeune homme à toute mon attention. J’espérais tout au fond de moi que cela soit une bonne nouvelle. Mon regard plongé dans le sien, je suis suspendue à ses lèvres, attendant que l’annonce tombe. Sa formation. Mon myocarde s’accélère légèrement. La crainte que cette dernière ne soit prolongée me submerge. Raccourcie. Avais-je réellement bien entendu ? Sur le coup, j’eus peur que ce soit mon imaginaire qui me jouait des tours afin d’entendre ce que je souhaitais entendre. Mais au vue de l’excitation bien présente dans la voix de Milo, tout ceci était vrai. « Vraiment ? Milo, c’est une excellente nouvelle ! » dis-je en lui sautant littéralement au cou. Mon sourire avait pris possession de mes lèvres et ne semblait pas vouloir les quitter « Si tu savais comme je suis heureuse… » Et une question me vient alors en tête. « Est-ce que tu sais déjà quand exactement elle va se terminer ? » Est-ce que était une question de semaines ? Mais combien exactement, j'avais hâte de savoir.

La joie pure qui illumine le visage de Cassia, à mon annonce, est un spectacle dont je ne me lasse pas. Lorsqu'elle m'enlace avec une telle spontanéité, je sens un mélange de fierté et d'émotion m'envahir. Notre complicité, si évidente dans ce geste, pourrait en effet semer le doute chez les passants sur la nature de notre relation. Pourtant, entre nous, il y a quelque chose de bien plus profond qu'une simple étiquette pourrait définir. Sa réaction, si enthousiaste, me réchauffe le cœur et renforce ma conviction que revenir à Fall River est la meilleure décision que j'ai pu prendre. Je souris face à sa curiosité inépuisable, une caractéristique si typique de Cassia. L'incertitude quant à la date précise de mon retour ne parvient pas à tempérer notre enthousiasme. « L'important, c'est que le compte à rebours commence » je lui confie, espérant lui transmettre une part de mon impatience à l'idée de reconstruire ma vie à ses côtés. La brise qui nous enveloppe semble porter en elle les promesses de soirées similaires à partager, de moments à reconquérir le temps perdu. Mon geste, en lui offrant ma veste, est instinctif, un réflexe qui a toujours guidé mon attention envers elle. Cette préoccupation pour son bien-être avant le mien n'est pas nouvelle, mais elle prend une dimension nouvelle.

Nous progressons à travers la Grosse Pomme, le contraste entre l'obscurité enveloppante et les éclats lumineux de la ville forge un cadre intime, presque magique, propice à la confidence et à la proximité. La fraîcheur de la brise nocturne, parfumée des essences urbaines, se mêle à la chaleur de notre échange, créant une atmosphère de douce intimité. Les lumières scintillantes des gratte-ciels se reflètent dans les yeux de Cassia, ajoutant une lueur supplémentaire à son regard déjà si expressif. Cet éclat, miroir de la ville, semble échoir à nos émotions, les amplifiant, les rendant plus palpables. Chaque rue que nous traversons, chaque son lointain que nous percevons, enrichit notre expérience commune, nous enveloppant dans une bulle où le temps semble suspendu. La nuit, avec ses mystères et ses promesses, devient le décor de notre complicité grandissante.

La fraîcheur de la soirée nous enveloppe tandis que nous remontons les rues éclairées de la ville, notre complicité se tissant plus finement à chaque pas. L'évocation de mon retour prochain à Fall River, et de la recherche d'un nouvel appartement, instille une douce excitation dans l'air. « Il va falloir que je me retrouve un appartement à Fall River… Peut-être qu'Erin acceptera de m'héberger ? Qu'en penses-tu ? » fausse question bien évidemment. Mais je ne peux pas m’empêcher de la taquiner. Elle est trop attirante lorsqu’elle est jalouse.

Soudain, la quiétude de notre promenade est brisée par l'irruption d'un motard imprudent, qui fend l'air de la nuit de son rugissement mécanique. Mon corps réagit avant même que mon esprit n'ait pleinement saisi la situation, ma main se tend instinctivement pour retenir Cassia, l'empêchant de s'avancer davantage. Le cœur battant, je me tourne vers elle, cherchant dans ses yeux la confirmation qu'elle n'a subi aucun mal. La proximité forcée par le danger imminent fait battre mon cœur plus fort, non pas de peur, mais de cette volonté ardente de la protéger, de veiller sur elle. « Tu vas bien ? » demandais-je, ma voix portant toute l'inquiétude et l'affection que je ressens pour elle. Chaque battement de mon cœur résonne avec l'urgence de m'assurer de son bien-être. L'incident passé, je garde ma main fermement dans la sienne, un peu plus conscient de la fragilité des moments de bonheur que nous partageons. « Je ne pourrais jamais me le pardonner si quelque chose t'arrivait » lui avouais-je mes lèvres frôlant délicatement sa tempe dans un geste empreint de protection et d'affection profonde. Dans l'écrin de la nuit new-yorkaise, avec ses murmures et ses lumières lointaines comme témoins, ce moment devient un aveu silencieux de mes craintes les plus intimes, de mon besoin viscéral de veiller sur elle.

Profitant de cette douce soirée pour faire un peu le tour de la ville, Milo venait de m’annoncer que sa formation se terminerait plus tôt que prévu. Impliquant ainsi son retour définitif à Fall River. Impossible de ne pas sauter de joie à l’annonce de cette nouvelle. Peu importe, le fait d’être en pleine rue ne m’avait pas empêché d’extérioriser par joie. Tout ce qui comptait à ce moment présent, c’était Milo. C’était nous. Je ne pouvais que me réjouir de savoir que mon meilleur ami serait enfin de retour définitivement dans notre ville natale. Cet éloignement me pesait chaque jour qui passait. Ce dernier, allait enfin prendre fin. Enjouée par cette bonne nouvelle, je m’étais empressée de demander à Milo si il savait exactement quand sa formation prendra fin. Ma curiosité avait été piqué à vif. Le pilote de ligne ne donne pas de date exacte, mais il a de sages paroles. Le compte à rebours avait commencé. « J’ai hâte... » dis-je le regard pétillant de bonheur en imaginant déjà son retour à Fall River et toutes les impacts bénéfiques que cela va engendrer.

Notre balade nocturne continue, la fraîcheur ainsi que l’humidité de la nuit commencent toutes deux à se faire ressentir. Et comme si Milo lisait dans mes pensées, ce dernier vient m’offrir sa veste pour me réchauffer. Mon regard se pose sur le sien et mes lèvres lui murmure un « merci » des plus reconnaissant. Toujours sur le chemin du retour, Milo évoque un détail assez important concernant son retour prochain. Un logement. Erin. Instinctivement, je fronce légèrement les sourcils. Milo me taquinait, je le comprenais bien. Je n’avais pas de doute, surtout avec ce qu’il m’avait annoncé à son sujet un peu plus tôt dans la journée. Je lui donne alors une légère tape sur l’épaule « Vraiment très amusant… Elle acceptera sans aucun doute. Mais moi pas... » avouai-je un peu amusée malgré tout. « Plus sérieusement, tu sais que tu es le bienvenue chez moi. » Aurait-il le temps de trouver un logement convenable avant son retour ? Si ce n’était pas le cas, Milo savait qu’il pouvait venir chez moi, tout le temps qu’il faudra. Même plus si nécessaire.

Alors que notre conversation se poursuit, je m’apprête à traverser une rue mais je sens la main de Milo me retenir. Tout va très vite. Un motard, venu de je ne sais où, démontrer toute son imprudence en roulant à une vitesse non conventionnée. Sentant cette main me retenir ainsi que le bruit du véhicule en parallèle, j’ai le réflexe de reculer. Milo s’enquiert immédiatement de savoir si je vais bien. « Oui... » dis-je un peu surprise. Mon meilleur ami m’avoue qu’il ne pourrait jamais se pardonner si quelque chose m’arrivait. Son baiser sur ma tempe m’incite à venir me blottir légèrement contre lui « Tout va bien, ne t’inquiète pas. Avec toi, j’ai l’impression que rien ne peux m’arriver... » dis-je la voix remplis d’une grande sincérité.

La réaction de Cassia, teintée de jalousie, déclenche en moi une sorte d'amusement coupable. Il y a quelque chose d'irrésistiblement attirant à la voir ainsi, légèrement troublée par l'idée d'une compétition pour mon attention. Ne pouvant résister à l'envie de jouer avec le feu, je la provoque doucement, feignant l'innocence. « Oh ? Et quelle serait ta réaction si je n'étais pas contre l'idée ? » dis-je, observant attentivement chaque nuance de son expression. « Sommes-nous donc devenus un couple, Mademoiselle Henderson, future Madame Davis ? » La question, chargée d'une intensité ludique, flotte entre nous, un défi silencieux. Cette espièglerie, ce flirt à la limite de l'aveu, me fascine autant qu'elle m'attire vers elle, irrémédiablement. Chaque interaction, chaque regard ou sourire échangé tisse une toile de plus en plus dense entre nous, une toile où la possibilité d'un nous devient de moins en moins ignorable. La tension palpable, douce et pourtant si puissante, est comme un aimant qui me tire vers ses lèvres, ces lèvres que j'imagine avec une envie grandissante. Mais je me retiens, conscient du jeu dangereux que nous jouons, un jeu où les cœurs sont en jeu et où chaque mot a le poids des sentiments non avoués.

Le compliment de Cassia m'arrache un sourire, celui qui naît spontanément à la douceur de ses mots, éclairant mon visage d'une lueur de joie sincère. Pourtant, au fond de moi, une hésitation subsiste, une prudence dictée par la raison qui m'empêche de me laisser complètement aller à ce bonheur éphémère. La nuit enveloppe New York de son manteau étoilé, les lumières de la ville scintillent comme des diamants dispersés dans l'obscurité, et Cassia et moi nous avançons à travers les rues tranquilles. Le murmure constant de la ville qui ne dort jamais est en arrière-plan, un fond sonore familier qui accompagne nos pas. Ma main trouve instinctivement la sienne, un geste naturel qui scelle notre connexion dans la fraîcheur de la nuit. Chaque rue que nous traversons est un fil d'Ariane qui nous ramène vers l'appartement, mais aussi une occasion de prolonger ce moment partagé. Les façades des immeubles, avec leurs fenêtres éclairées sporadiquement, racontent des histoires de vies qui se déroulent parallèlement à la nôtre, nous rappelant la vastitude et la diversité de cette métropole.

À mesure que nous marchons, les échos de nos conversations se mêlent à ceux de nos rires, créant une bulle de complicité qui nous isole du reste du monde. Cassia partage des anecdotes de ses journées, et je rebondis avec les miennes, créant un dialogue continu qui enrichit notre lien. La ville autour de nous, avec son architecture imposante et ses ruelles mystérieuses, devient le décor de notre propre récit, chaque coin de rue un nouveau chapitre. Alors que nous approchons de l'appartement, un sentiment de gratitude m'envahit. Gratitude pour cette soirée, pour la présence de Cassia à mes côtés, et pour la ville de New York qui, dans son immensité, a le pouvoir de rendre ces instants intimes encore plus magiques.

Nous reprenons le chemin de l'appartement, le cœur léger, bercés par la certitude réconfortante de sa présence à mes côtés plutôt qu'avec Andrew. C'est une satisfaction profonde, un soulagement qui colore subtilement cette soirée d'une teinte de victoire personnelle.

De retour chez moi, je m'emploie à prendre soin de Cassia avec une attention toute particulière, lui ôtant doucement la veste que je lui avais prêtée, avant de préparer avec soin son thé favori, agrémenté de cette pointe de miel qu'elle aime tant. « Fais attention, c'est chaud » lui dis-je en posant délicatement la tasse devant elle, mes yeux se perdant un instant dans les siens, cherchant à y lire ses désirs les plus secrets pour cette soirée.« Qu'est-ce qui te ferait plaisir ce soir ? » je lui demande, désireux de répondre à ses moindres souhaits, de faire de cette soirée un moment encore plus spécial pour elle. Ma question n'est pas anodine ; elle traduit mon envie de lui offrir tout ce qui pourrait la rendre heureuse, de partager avec elle des instants de complicité et de tendresse, dans le cocon rassurant de mon appartement, loin des tumultes du monde extérieur et des ombres du passé.

Cette journée était définitivement pleine de surprises. D’agréables surprises. D’abord, Milo m’avait annoncé un peu plus tôt dans la journée ne plus fréquenter Erin. Et ce soir, il venait de m’annoncer sur sa formation se terminerait plus tôt que prévu. Tout cela me mettait du baume au cœur, indéniablement. Toutefois, mon meilleur ne pouvait s’empêcher de me taquiner concernant Erin. En revenant en ville, Milo aurait besoin d’un logement, mas il n’était pas question que je tolère qu’il trouve refuge chez ma collègue. Ce retour dans notre ville natale impliquant tant de beaux moments à venir. Enfin, je pourrais retrouver la sérénité de le savoir non loin de moi et en bonne santé. Tout comme je pourrais à nouveau le voir quand bon me semblait, je n’aurais plus à devoir me contenter de simples appels téléphoniques ou vidéos. Je lui avais donc bien évidemment proposé l’hospitalité. Mais Milo s’amuse de ma réaction. Il me demande d’imaginer ma manière d’agir si il n’était pas contre aller vivre chez Erin. Je lui lance un regard réprobateur. « Tu sais très bien quelle serait ma réaction… » Ô oui, il le savait surtout quant il s’agissait d’Erin. Je ne souhaitait pas en dire davantage de peur de me montrer vulnérable d’une certaine manière. « De toute manière, tu as dis que tu ne la fréquentait plus, pas vrai ? Donc affaire classée... » m’empressai-je de répondre. D’une part afin d’éviter de trop parler de ma collègue mais aussi de peur d’avouer certaines choses qui finiraient par ma mettre sans doute mal à l’aise. Mais ce qu’ajoute Milo ne me sort pas d’affaires. Sa question était-elle sincère ou était-ce juste une énième plaisanterie. Mon regard posé sur le mien, je sens presque mes joues se rosir légèrement. « Arrête donc de me regarder ainsi... » dis-je en riant légèrement. « Et la véritable question serait plutôt… est-ce que tu me mérite ? » dis-je faussement interrogatrice. C’était bien évidemment une plaisanterie, et cela se voyait à mon visage et s’entendait au son de ma voix. Plus sérieusement, la réponse à ma question était oui, bien évidemment.

Main dans la main nous arrivons à nouveau chez Milo. La chaleur du lieu réchauffe le corps et le cœur. Milo s’attarde rapidement à me préparer un thé. « Merci beaucoup » dis-je touchée par cette délicate attention qu’il avait souvent à mon égard. Mon meilleur ami me questionne quant à ce que je souhaitais faire pour le reste de la soirée. « H’m… après une telle journée, je crois que j’apprécierai m’installer devant un bon film. Bien évidemment, blottie dans tes bras... » dis-je le regard malicieux tout en buvant une gorgée de mon thé. Il est vrai que la journée avait été forte en émotion mais aussi en sensation. Je me sentais intérieurement soulagée, même si persistait encore et toujours certaines pensées négatives.

Installés sur le canapé, notre dévolu s’était jeté sur un film policier. J’avais, pour des raisons évidentes,voulu éviter un film à l’eau de rose. Et ce n’est pas Milo qui allait s’en plaindre. Toutefois, il m’arrivait au cours du visionnage de me perdre dans mes propres pensées. Les messages d’Andrew que j’avais très brièvement scruté sur mon téléphone ne cessaient de tourner dans mon esprit. Si bien que je commençais réellement à me demander la ou les raisons qui avait pu le pousser à faire une telle chose. Me redressant légèrement, j’essaie de reprendre la continuité de l’histoire qui passait devant moi mais en vain. J’étais entrer dans une sorte de spirale infernale. Mon esprit était devenu tourmenté. « Milo... » Des questions me brûlaient leslèvres au point que je ne pouvais m’empêcher de le lui poser, même si cela impliquait d’interrompre le cours du film. « Quand tu dis me trouver attirante, est-ce que tu le pensais vraiment ? » Je me redresse alors légèrement pour lui faire face. « Je veux dire, imagine qu’on ne se connaisse pas… Tu me trouverais réellement séduisante ? » Mon regard plonge alors dans le sien, une lueur de tristesse mais surtout d’incompréhension. « En toute honnêteté... » ajoutai-je la voix presque suppliante. « J’ai… besoin d’essayer de comprendre... » Cet aveu trahissait ce manque cruel de confiance en moi qui s'était subitement volatilisé en surprenant Andrew avec une autre ainsi que toutes ces questions auxquelles je n'avais pas encore de réponse.

La tension palpable dans l'air, alimentée par la simple mention d'Erin, m'incite à la prudence. Je comprends sans peine la réaction de Cassia, un malaise qui résonne sourdement en moi. L'idée même de me rapprocher d'elle, de partager son espace, même temporairement, semble la mettre mal à l'aise. Elle exprime clairement, sans même avoir à prononcer les mots, son appréhension à l'idée d'une cohabitation éventuelle. « Oui, je sais bien... et je tiens à te dire que la dernière chose que je désire, c'est de te causer la moindre peine, que ce soit de manière intentionnelle ou non » lui assurais-je, cherchant à apaiser ses craintes avec sincérité. Je décide alors de tourner définitivement la page sur Erin, du moins dans notre conversation. « Erin ? Ce nom ne m'évoque rien, absolument rien. Et toi, en connais-tu une ? » rétorquais-je tentant d'injecter une note d'humour dans notre échange, espérant ainsi dissiper l'ombre que son souvenir pourrait jeter sur notre relation.

La lumière tamisée du salon crée une atmosphère intime et chaleureuse, tandis que le crépitement doux de la ville nocturne de New York sert de toile de fond sonore. Nous sommes installés confortablement sur le canapé, Cassia blottie dans mes bras. L'écran devant nous illumine la pièce d'une lueur changeante, projetant les images d'un film policier captivant, avec ses intrigues complexes et ses rebondissements inattendus. De temps en temps, elle tressaille légèrement lors d'une scène particulièrement tendue, se serrant un peu plus contre moi. Chaque fois qu'elle réagit, je resserre instinctivement mon étreinte, un geste protecteur autant que rassurant.

Je jette de temps en temps un regard vers Cassia, observant les expressions qui dansent sur son visage au rythme de l'action à l'écran. Il y a un confort indescriptible dans ces moments partagés, un sentiment de complétude. Malgré l'intensité du film, c'est la présence de Cassia, son parfum, la sensation de sa peau contre la mienne, qui capte véritablement mon attention. Alors que le film atteint son climax, Cassia se blottit encore plus, sa main serrant la mienne. Je peux sentir la tension dans son corps par moment. Le douloureux souvenir de l’infidélité d’Andrew n’est pas certainement pas encore relégué au stade de simple souvenir. Le spectre de la trahison plane sans doute encore dans son esprit. La nuit avance, mais ni l'un ni l'autre ne semble pressé de rompre ce moment de paix. Nous restons enlacés, laissant le silence et la complicité parler là où les mots ne suffisent pas, savourant le simple plaisir d'être ensemble, sous le ciel étoilé de New York.

Alors que Cassia se redresse, se tournant vers moi, une lueur d'incertitude brille dans ses yeux, faisant écho à une vulnérabilité que je n'ai que rarement l'occasion de voir. Sa voix, légèrement hésitante, brise le silence confortable qui s'était installé entre nous. D'un geste instinctif, j'éteins la télévision, toute mon attention désormais captivée par elle, par cette question qui semble peser lourd sur son cœur. Sa question me surprend profondément, m'envoyant dans une introspection inattendue. Pourquoi douterait-elle de son attrait à mes yeux, surtout dans un contexte hypothétique où nous ne nous connaîtrions pas ? La sincérité qu'elle réclame, je la lui ai toujours offerte, sans détour, même si, je le sais, mes réponses n'ont pas toujours été celles qu'elle espérait entendre. « Cassia... » ma voix se fait douce, presque caressante, cherchant à envelopper son inquiétude d'une tendresse rassurante. Je me redresse, réduisant l'espace entre nous, désireux de lui offrir le réconfort qu'elle semble chercher. « Tu sais très bien ce que je pense... » je continue, mes mots flottant dans l'air, porteurs d'une promesse non dite. Je peux voir dans ses yeux qu'elle n'est pas entièrement convaincue, ce qui me pousse à exprimer ce qui, jusqu'à présent, avait été murmuré dans le silence de mon cœur. « Je te trouve incroyablement séduisante, Cassia... » mes doigts glissent doucement sur sa joue, un geste tendre qui cherche à traverser les barrières de son doute.

Alors que le film déroulait devant mes yeux, je m’étais perdue dans mes propres pensées. Les derniers évènements survenus au cours des dernières vingt quatre heures ne cessait de me faire réfléchir. Sur le temps perdu, sur la véritable nature d’Andrew mais aussi sur moi même. Je ne cessais de me demander encore et encore ce qui n’allait pas chez moi pour que Andrew en soit venu à aller voir une autre femme. Et ce qu’il avait ajouté, à propos du fait qu’il n’y avait pas de sentiments entre eux, que c’était simplement physique, ne m’avait absolument pas consoler. C’était même tout le contraire. Ma confiance en moi était indéniablement au plus bas. Bien que je n’avais jamais eu de problème à trouver des hommes pour entamer une relation, je doutais fortement de mes attraits physiques. Je doutais de moi, tout simplement. Et c’est dans cette tourmente que les paroles de Milo me revinrent en tête. A plusieurs reprises il m’avait dit que j’étais séduisante et attirante en toutes circonstances. Mais était-ce vrai ou simplement des petites taquineries comme nous en avions coutume ? J’avais besoin de savoir. C’est donc une réponse honnête que j’avais demander à mon meilleur ami. Ce dernier semble quelque peu perplexe par ma demande. Sa voix est douce et rassurante. Oui je savais ce qu’il pensait, du moins je pensais savoir. Tout comme je pensais que Andrew n’était pas le genre d’homme à être infidèle. Depuis hier je n’étais plus sûre de rien. Milo me répond alors qu’il me trouvait incroyablement séduisante. Ses mots me rassurent. Les doigts du pilote de ligne viennent tendrement glisse sur ma joue.

Si Milo me trouvait attirante et si je le trouvais également attirant. Pourquoi donc s’obliger à respecter ces fichues limites ? Tout se mélangeait à une vitesse folle dans mon esprit. Les paroles de Milo m’avaient donné un semblant de confiance en moi. Si bien que je n’avais envie que d’une chose : vérifier ses dires. Mes lèvres, telles des aimants étaient attirées par les siennes. J’en avait assez de lutter contre ses envies. Alors, sans réfléchir, je viens embrasser Milo. Un baiser à la fois tendre mais passionné. Et c’est un voluptueux ballet que nos lèvres entamèrent alors que mes mains viennent délicatement glisser derrière le cou du jeune homme, mes doigts venant subtilement caresser ce dernier avec tendresse et envie.

Dans le silence enveloppant la pièce, les mots de Cassia résonnent avec une acuité particulière, plongeant profondément en moi. Cette interrogation inattendue me laisse perplexe, me pousse à réfléchir sur les raisons profondes qui la motivent à poser de telles questions en cette nuit tranquille. Je ne peux m'empêcher de penser que l'ombre de l'infidélité d'Andrew plane encore sur nous, insinuant le doute et la culpabilité dans son esprit. Cassia, avec sa tendance à s'auto-incriminer, pourrait encore une fois se blâmer pour des fautes qui ne sont pas les siennes, pour des manquements qui ne lui appartiennent pas. L’unique responsable c’est Andrew. J'ai tenté, à maintes reprises, de la rassurer, de lui affirmer que la responsabilité de l'échec de leur relation reposait entièrement sur les épaules d'Andrew, mais il semble que mes paroles n'ont été qu'un faible baume sur les plaies de son cœur. Ses yeux, emplis de doutes, semblent questionner l'attrait qu'elle peut représenter à mes yeux, comme si elle-même ne se reconnaissait pas la valeur qu'elle a, comme si elle doutait de l'évidence de son charme et de sa beauté. Comment peut-elle douter un instant de l'effet qu'elle a sur moi ? Comment peut-elle penser être pour moi une simple amie parmi d'autres, quand en réalité elle est ma meilleure amie, et tant plus encore ? Peut-être n'ai-je pas été assez explicite dans mes paroles, peut-être mes gestes n'ont-ils pas suffisamment traduit l'intensité de mes sentiments. Peut-être n'ai-je pas su lui montrer à quel point elle est unique, à quel point elle compte pour moi, bien au-delà de tout ce que les mots peuvent exprimer. C'est une prise de conscience douloureuse qui m'assaille ; j'ai peut-être omis de lui démontrer avec assez de force et de constance à quel point elle est essentielle à mon existence. À quel point son sourire illumine mes journées, à quel point sa présence apaise mes nuits. Elle est bien plus qu'une amie, elle est l'ancre qui stabilise mon monde, le phare qui guide mes pas dans l'obscurité. Je dois trouver le moyen de lui transmettre cette vérité, de dissiper les nuages de doute qui assombrissent son regard, de lui prouver qu'à mes yeux, elle est irremplaçable, inestimable. Je dois lui faire comprendre, une fois pour toutes, qu'elle est, pour moi, la définition même de l'attirance, du désir et de l'amour.

Dès l'instant où ses lèvres épousent les miennes, un courant électrique semble traverser mon être, faisant taire tous les doutes, toutes les incertitudes qui m'habitaient jusqu'alors. Sa bouche contre la mienne est une révélation, un doux murmure de vérités non dites qui se libèrent dans le silence de notre étreinte. La tendresse de ce baiser dépasse de loin tout ce que j'ai pu connaître ; il y a dans la caresse de ses lèvres une sincérité, une intensité qui me fait oublier le monde autour de nous. Ses lèvres, si douces, si insistantes représentent à elles seules le péché originel. Sa quintuplée féminine ébauche mon cou. Ma résistance s'effrite face à elle, à chaque instant partagé, à chaque regard échangé. Cassia incarne, sans le moindre doute, ma plus grande faiblesse, mon talon d'Achille. Pour elle, pour le scintillement unique de ses yeux bistres qui capturent la lumière comme nulle autre, je me sens prêt à franchir toutes les limites, à braver tous les interdits. C'est dans son regard que je trouve ma force et ma vulnérabilité, un paradoxe vivant qui me consume et me complète tout à la fois.

Nos lèvres cessent leur étreinte délicate, un silence lourd d'émotions non dites s'installe entre nous, vibrant de toutes les nuances de notre parcours partagé. C'est un silence qui parle plus éloquemment que des mots, où chaque battement de cœur, chaque souffle retenu, conte notre histoire. Dans cet espace suspendu, nos yeux se rencontrent et se reconnaissent.

Ce baiser inattendu dépasse tout ce que j'aurais pu imaginer, me plongeant dans un état de stupéfaction agréable. Je n'hésite pas à jouer le jeu, à insuffler un peu plus de tension, d'anticipation dans l'air déjà électrisé entre nous. « Un seul baiser ? Je suis quelque peu déçu, Mademoiselle Henderson » ma voix chargée d'une teinte de taquinerie, alors que la douceur de sa joue contre ma paume éveille en moi un désir ardent, un appel presque irrésistible. Je laisse mes mots se perdre dans le silence, tandis que mes lèvres recherchent les siennes, dans un geste à la fois audacieux et tendre. Nos regards s'entremêlent, s’ébauchent, se frôlent dans une intimité qui semble suspendre le temps.