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Abandon - Violences conjugales - Violences intra-familiales - Famille dysfonctionnelle - Violences physique - Violences psychologique - Psychophobie
⟡ Chapitre 1Children Who Come From Dysfonctional Families Don't Have Big Dreams
They only dream of having a Home. A home without slamming doors, parents shouting at each other and everyone just figthing their own battle. They dream of having a home which is calm and quiet. They always hide their pain, telling everyone only half the story while they become more and more broken in the process.
To my inner child, I'm sorry i never tell you how much I love you.
Neal n'était pas un mauvais bougre. Enfin pas totalement. Du moins, c'est à peu prêt ce qu'il s'était dit, en découvrant sur le pas de sa porte une petite nana trempée jusqu'aux os avec un bébé dans les bras.
Il était chelou ce gosse. Il pleurait même pas, il restait juste là à le fixer avec ses grand yeux innocents, incapable de comprendre ce qui était entrain de se passer. Une odeur de fer flottait dans l'air et les sillons qu'avaient creusés quelques larmes dans un fard à paupière bleu pailleté, s'effaçaient doucement sous le joug de la pluie.
Lui avait 33 ans, elle seulement 21. Il ferme la porte, dans l'entrebâillement de laquelle on peut apercevoir une fraction de seconde une junkie affalée sur le canapé entrain de compter les mouches.
- Putain tu pues... Tu viens de le chier le marmot ou quoi ? Elle répond pas , p'tiote, elle se met juste à sangloter toute tremblante qu'elle est. Pis, lui, il soupir lourdement. Il en fait des caisses. Comme si tout ça n'engageait pas sa responsabilité.
- T'es sérieuse tu chiales ? Tu fais chier t'aurais du me le dire, je t'aurais fait avorter. Putain mais qu'est ce qui t'a pris d'aller accoucher d'un chiar en loucedé ? Puis toi aussi tu va devenir complètement folle comme l'autre pute ?Il la toise de toute sa hauteur alors qu'elle chouine de plus belle, ses jambes nues tachées de carmin. Pour elle il n'éprouve plus que
dégout et
pitié. Il l'a surement baisé à une de ces soirées étudiantes, auxquelles il aimait encore trainer sa carcasse pour vendre de la drogue à des gosses de riches écervelés.
C'est que ça arrondissait plutôt bien ses fins de mois, la drogue. Et voilà que 9 mois plus tard elle avait l'audace de débarquer chez lui, alors qu'il avait déjà eut le temps de refaire sa vie, de l'oublier.
- Putain... tu sais quoi, donne le moi et dégage... de toute façon ça se voit que t'es même pas capable de t'occuper de toi correctement, alors avec un gosse en plus ? Laisse moi rire...Elle regarde le gamin les yeux brouillés par les larmes, la gorge nouée. Elle a honte d'avouer que tout ça la soulage, que ce gosse elle en avait pas vraiment voulu, qu'elle avait eut la malheureuse surprise de faire un déni de grossesse dans des années ou on s'asseyait sur la notion même de santé mentale.
Dans des années où, on s'en tapait le cul par terre de la santé des femmes. Elle lui a tendu sans la moindre résistance, et il l'a attrapé comme un vulgaire objet. Il s'appelle Ambrose, c'est tout ce qu'elle a réussi à articuler. Ambrose ça veut dire immortel, à ce qu'il parait.
Drôle de départ de vie pour un immortel. ⟡ Chapitre 2Be careful, you are not in Wonderland.
I've heard the strange madness long growing in your soul, in your isolation but you're fortunate in your ignorance. You who have suffered find where love hides, give, share, lose, lest we die unbloomed.Il est bien là. Il est bien la tête posée sur la fenêtre du bus les yeux fermés, ballotté par les mouvements saccadés de la route. Il est serein. Il écoute les battements de son propre cœur frapper de leur rythme monocorde dans ses tympans en se disant que plus rien ne pourrait lui arriver. Il laisse la chaleur du chauffage réchauffer son corps meurtris par la morsure du froid. Rien du-tout. Non rien ne pourrait plus lui arriver.T'es un soleil. Un soleil auquel on a jamais donné l'occasion de briller.
T'es paumé.
Abîmé.
Par la fenêtre crasseuse d’une maison perdu dans le district de Warrendale, tu regardais, les yeux rougis et la gorge nouée l'astre du jour tirer son dernier salut sous un triste ciel d’automne. Tu regardais, l'iris pleine de vide, la vie des autres s’effacer , abrupte, de la tienne, un femme, les cheveux noir de jais claquer la portière, énervée. Tu regardais une vielle caisse familiale démarrer en crachant du gasoil et s’éloigner, encore et encore jusqu’à devenir une lueur vacillante. Une toute petite lueur. Un lueur déchirante. Jusqu'à devenir insignifiante. Plus petite qu'une fourmis. Et puis plus rien. Juste le vide. Le vide et la triste réalité qui te tord les entrailles. Alors tu te recroquevillais dans un coin de ta chambre. Tu savais que c'était toi qui allait prendre. Que ce serait de ta faute. Encore. C'était une fille bien. Pour une fois.
T'aurais peut être même pu faire l'effort de l'appeler maman. Mais elle aussi elle avait fini par s'épuiser. A vouloir sauver l'épave qui geignait à qui voulait l'entendre, être le père de l'année.
Il claque la porte et tu cherches à disparaitre. Caché entre le mur de ta chambre et ton armoire à vêtement mal rangée. T'as éteint la lumière, t'as cessé de respirer. Peut être que si il te croit mort il te laissera tranquille ? Mais les pas se rapprochent et l'angoisse monte. Tu te mets à sangloter quand ta porte de chambre s'ouvre dans un grand fracas. Une main, sa main déformée par la colère te saisi par le cou et te soulève de terre comme une vulgaire poupée de chiffon. T'es pas de taille à lutter t'as que 14 ans. Alors tu luttes pas. Inerte, tu regardes, les yeux vide, le visage monstrueux de Neal se former et se déformer alors qu'il te hurlait toute sa rancœur au visage.
Il sentait l'alcool. Comme toutes les fois où il perdait le contrôle. C'était de ta faute si elle était partie. Ta faute parce que t'es taré. Parce que tu fonctionnes comme les autres mômes. Parce que t'étais trop. Trop con. Trop chialeur. Juste trop. Puis du fond de ta gorge est remonté une accusation, tremblante et peu sûre d'elle :
- Elle est partie parce que... tu la frappais... Que tu chuchotes désespérément.
C'est la goutte de trop. Il t'en met une et t'as l'impression d'être David contre Goliath, sauf que dans ton histoire à toi c'est bien David qu'on laisse pour mort. Il t'en remet une et un liquide chaud, rouge carmin roule sur ton visage lisse d'enfant. Pis, il se met à te secouer comme une pute, il te répète, il te martèle encore et encore que tu la révéras jamais. Dans un sursaut de vie tu t'es mis à te débattre comme un diable, à hurler, à mordre, à griffer. Il te briserait en deux sans sourciller. Mais ça tu t'en foutais. Jusqu'à l'épuisement tu t'es battu sans réussir à le toucher une seule fois.
Tu la reverrais jamais. Tu la reverras jamais. Tu la reverras plus jamais. Plus jamais.
On s'en foutait de qui il s'agissait, personne pouvait aimer un gamin comme toi. Personne voudrait garder un marmot comme toi.
T'es une grenade dégoupillée, un putain de pyromane. Un sale petit con. Un cas désespéré. T'étais tout ce que que Neal avait toujours dit et même pire encore.
T'étais comme lui, t'étais son fils. T'as, cessé de te débattre pas loin de tourner de l'œil, entre ses mains puissantes qui enserraient ton cou. Tu vas peut-être crever maintenant, et ce qui est terrifiant c'est que t'es pas en total désaccord avec ses idée. Si seulement ça pouvait... Ne plus jamais se reproduire.
Et sans que tu saches si t'étais né sous une putain de belle étoile, il t'a lâché. T'es tombé au sol épuisé et lui à genoux devant toi. Il a eut un rire gras et tellement triste que tu t'es demandé si il avait fini fou avant toi. L'homme qui te terrorisait il y a quelques minutes encore était devenu un grand gamin pitoyable coincé dans le corps d'un adulte. Il s'est excusé, toi t'as rien dit, tu t'es contenté de l'observer en silence. Abasourdi. Il a sorti les violons, s'est mis à chialer. Il a dit qu'il recommencerait plus. Plus jamais. Alors avec tes petits bras tu l'a serré contre toi. Pas parce que tu l'aimais, mais parce qu'il était ce qu'il y avait de plus proche d'une famille pour toi.
T'étais qu'un môme comment t'aurais pu comprendre.- C'est pas grave Neal. On est encore tout les deux.Peut être que dans un autre monde, un monde plus juste, t'aurais pu l'appeler papa.⟡ Chapitre 3I immediately go Silent when Something upsets or hurts me.
It's a coping mechanism, I have deceloped over time. Insted of expressing my anger or frustration, I simply withdraw... And try to process my emotions in private. I prefer handling my emotions on my own... I'm always craving to be understood by someone who appreciates my sileny side and my most random days.Sommeil agité, le bus avale les kilomètres qui le séparent de son Eden personnel. Tout du moins c'est en cela qu'il croit. Il fronce les sourcils, perdu dans les méandres tortueux de son esprit duquel il voudrait réchapper. Tout effacer, jusqu'à ce qu'il était et emporter avec lui les fragments encore intacte de sa vie pour recommencer. C'est ce qu'il s'était promis Ambrose en grimpant dans ce bus sur un coup de tête scabreux. Maintenant ? Il n'avait aucun plan. La lumière qui inonde la salle à la décoration presque clinique t'agace, au même titre que les tics de langage du vieil homme qui baragouine dans un jargon médical qu'il ne sait pas ce tu as. Toi tu te ronges les ongles à t'en faire saigner les phalanges, épuisé par tes angoisses,
t'as pas envie d'être ici. C'est peut être parce que tu voles des trucs
random pour combler un vide béant qu'on t'as envoyé dans ce bourbier. Ou alors c'est parce que t'as foutu le feu à la caisse de Neal et t'as même pas lutté quand les poulets sont venu te cueillir.
C'était ça ou la maison de correction alors le choix était vite fait. Tu trépignes les yeux rivés sur la fenêtre. Tu sauterais bien par là si vous étiez pas au 6ème étage.
Parfois tu sauterais bien par là tout cours. Le milieu médical, ça te rend clostro et agressif. Le ptit chauve dodu continue de déblatérer, déblatérer encore des conneries auxquels t'entraves quedal.
Il te dit qu'au pire que t'es peut être bipolaire ou borderline, les grands maux de ce siècle, mais qu'au fond les gens comme toi personne pouvais les sauver. Il devient même mesquin l'enflure. T'as envie de sauter par dessus le bureau, de lui dire que c'est qu'un gros fils de pute et de lui crever un œil.
Comme si t'étais pas au courant que personne pouvais te sauver. Mais tu renfiles ton masques. Comme un gland tu dis merci, tu remballes tes affaires. Le vieux a l'audace de te dire "à la semaine prochaine" un sourire qui sonne faux flanqué sur le visage.
Bien sûre qu'il était content de te voir débarquer chaque semaine dans son cabinet sordide, c'était pas tout les jours que l'état du Michigan payait gracieusement les séances de psychiatre d'un éternel ado paumé.
Quel enfer ce programme de réinsertion. Te réinsérer dans quoi ? La vie peut être ? T'aurais préféré autre chose. N'importe quoi. Seulement voilà, t'étais devenu la nouvelle poule aux œufs d'or d'un médecin aux compétences discutables, qui ferait trainé en longueur ton diagnostique quitte à lui même te rendre fou.
T'allumes Grindr, et une clope.
T'allumerais le premier venu si ça pouvait te faire oublier ton quotidien. Tu fais cliqueter le zippo que t'as tiré à un des gars chelous qui traine toujours au café qui fait l'angle. Le bruit de la pierre est rassurant. La fumée aussi. T'as pas à attendre longtemps, qu'un inconnu qui n'ose montrer que son torse débarque dans tes notifications. C'est mieux comme ça, ça les rends plus oubliables. Il te dit ce qu'il a envie de te faire et c'est presque trop vanilla à ton goût alors tu prends les devant :
Et être violent tu sais faire ? Si y'a que ça pour te faire plaisir...
Aimer tu sais pas faire. Tu sais pas ce que c'est. Tu passes la soirée et une partie de la nuit dans ses bras, avide de sa chaleur, de son odeur. Et quand tu sens sa respiration s'apaiser tu quittes son lit pour te retrouver seul dans son appartement trop vide.
La baise, t'en gardes souvent que des regrets. Tu fais ça sans plaisir. Sans réelle envie.
C’est surtout pour ne plus penser. Lui aussi il a une vie de merde, c'est que ça doit pas être facile de faire semblant d'être hétéro dans une société qui a vite fait de vous détruire pour le moindre pet de travers. Tu pouffes de rire en regardant sa décoration hasardeuse crier à qui voulait l'entendre qu'il aimait le foot et peut être un peu trop les go-muscu. Puis tu tombes nez à nez avec ton reflet. T'y vois un mec bizarre. Pâle, translucide, tellement livide... Tu passes tes doigts sur les traces de vos ébats en te sentant vivant l'espace d'un instant.
Tu sais faire que ça. Souffrir pour avoir l'impression d'être en vie. T'enfiles tes fringues en silence pour ne pas le réveiller, puis tu t'arraches de sa vie sans te retourner.
T'as pas envie de te souvenir de lui. Quand tu rentres chez toi le vieux Neal est devant sa télévision, la seule femme à ne l'avoir jamais quitté. C'est drôle comme il te parait inoffensif aujourd'hui.
Vieux. Con. Diminué. Il râle devant une émission sur le métal en te disant que le guitariste, le blond il lui doit tout. Tu comprends pas trop mais quand il a bu il est difficile à suivre alors tu ramasses les cadavres de bière en silence, docile. T'attends juste patiemment qu'il te fasse des reproches qui ne viennent pas. Au contraire.
Tsais quoi Ambre'...Ce que tu pouvais détester la façon dont ce diminutif sonnait dans sa bouche d'alcoolique.
Toi au moins t'es resté... T'es peut-être taré mais t'es resté. Pas comme ce sale petit con de Jeremiah qui pavane dans ses moules bites devant des pucelles en chaleur.Tu te demandais un instant si vous regardiez les mêmes images. Le reportage parlait d'un groupe de métal parmi tant d'autres qui se produisait dans le comté de Bristol au Massachusetts, Fall River ou un truc du genre. T'y voyais aucun moule bite, à ton grand dam, juste des mecs habillés pas très coloré.
- C'est qui Jeremiah ?T'avais demandé ça sans réellement vouloir le savoir. Pour faire la conversation. Pour savourer le fait qu'aujourd'hui apparemment tu n'étais pas un échec cuisant. Que ce soir tu t'en prendrais peut être pas une.
Ton frère...T'as mis un peu de temps à appréhender l'information. T'étais donc pas le seul rejeton de ce vieux fou ? Et y'en avait combien d'autres de cachés au juste ? T'avais milles questions que tu ne poserais jamais, t'es resté là les bras ballants tandis qu'une canette de bière roulait sur le sol pour seule protestation. Puis il t'as regardé avec ses yeux vitreux, son visage bouffi par l'alcool. Soudain l'air se fit plus rare, la pièce envahit par les vapeurs écœurantes de la bière bon marché et les effluves de transpiration semblait se rétrécir pour t'étouffer un peu plus. Tu luttais pour ne pas t'effondrer, ne pas hurler et surtout ne pas pleurer. Lui au moins il avait réussi à s'enfuir. Ce Jeremiah.
Tu sais qu'il me soit tout ce ptit enculé, sa fibre musicale là... elle vient de moi. C'est clairement pas sa folle de mère qui a put lui transmettre ça. La preuve toi aussi tu joues de la guitare ! Et même presque bien... jcrois...T'aurais aimé qu'il boive sa bière en bouteille pour pouvoir lui en écraser une dans la tête. T'aurais fait n'importe quoi pour que là maintenant comme par miracle il s'étouffe dans sa propre gerbe.
Mais toi tu vas rester avec moi hein... On est Neal et Ambrose. On est peut être pas parfait mais on est bien tout les deux non ?C'était dans ces moments là que tu le détestait le plus. Quand il essayait d'être gentil. Quand t'arrivais presque à le comprendre et que tout la haine que t'éprouvais à son égard menaçait de s'effacer.
- Oui. Sans doute.Et sur un coup de tête t'as tourné les talons pour grimper dans la pièce étriquée qui te servait de chambre. T'as attrapé ta guitare et un grand sac dans lequel t'a bourré tout ce qui te semblait faire sens. T'es allé récupéré l'argent que Neal planquait dans son placard à vêtement en dessous d'une arme à feu que tu laissais à sa place, en espérant qu'il soit pas assez con pour un jour tuer quelqu'un avec.
T'as piqué sa drogue en te disant que c'était quand même assez miséricordieux de ta part et tu t'es cassé. T'as trouvé un trajet en bus et train vers Fall River, pour les quelques 300 dollars que t'avais réussi à chopper, il te restait plus grand chose mais tu verrais ça après.
T'avais 21h de trajet pour te décider. Pour la première fois de ta vie tu te sentais vivant sans avoir besoin d'être écorché vif. Tu savais pas trop ce qu'il allait advenir de to. Comment t'allais annoncer à ce Jeremiah que t'étais son frère. Comment t'allais trouver un taff, un endroit ou crécher.
C'était grisant.