TW:

1 ❧ Un café noir, deux sucres, tous les matins au lever du lit. Mon médecin a toujours dit que ce n’était pas forcément bon pour la ligne (ou mon coeur), mais c’est plus fort que moi, j’ai besoin d’avoir mon fix caféine. Je réitère cette habitude deux à trois fois par jour, selon les dossiers auxquels nous sommes assignés mais généralement, même Kara sait qu’il faut me laisser tranquille avant mon réveil café… ce n’est pas comme si je suis fort cohérent sans, de toute manière 2 ❧ C’est rare que ça arrive, mais au plus je m'énerve, au plus vite je parle, un peu comme si je cherche absolument à avoir le dernier mot, peu importe votre argument. Je pense être le genre posé, avec la tête sur les épaules, le métier n’a pas à avoir des têtes brûlées après tout, mais je reste humain. Et parfois… parfois, il faut juste que ça explose. 3❧ Je suis un couche tard, et un lève-tôt, généralement le dernier à quitter le bureau et le premier à arriver. Je ne sais pas vraiment pourquoi, ça a toujours été une habitude que j’ai pris dès l’académie de police, et ensuite avec l’unité canine. On me demande souvent si je n’ai pas un passé militaire, à faire preuve de tant de discipline envers et contre tout mais non. Je ne suis juste pas le genre à énormément dormir, je préfère passer mon temps avec Kara, que ça soit à m’entraîner, jouer, ou juste Netflix & Chill avec un berger affalé contre ma jambe. La vie est simple, comme ça, et je ne demande certainement pas mieux. 4 ❧ J'adore manger épicé, je tiens ça de ma mère. Certes, elle n’a pas d’origines indiennes ou quoi, rien de tout cela, mais le Royaume-Uni est réputé pour la mixité éthnique présente sur le territoire. Selon les coins, vous avez tout autant de chance de tomber sur un restaurant indien que sur un fish & chips. Et ma mère a toujours adoré l’Asie du Sud-Est. Il aura fallu du temps pour que je ne tousse plus sur ses curry ou sur ses keema d’agneau, à moitié étouffé par la main lourde qu'elle a toujours eu en saupoudrant d'épices, mais j’y suis arrivé… et au final, je finis toujours par épicer un peu plus mes repas lorsque j’en mange. Je n’irais pas dire que j’ai déjà fait cracher du feu aux collègues lorsque j’ai ramené un pot de la maison, mais je n’irais pas dire que ce n’est jamais arrivé non plus…  5 ❧ Je ne suis pas vraiment le genre à dépenser sans compter ou juste sur un coup de tête. Je peux garder quelque chose pendant des années si ça me sert toujours, mes parents n’ayant jamais vraiment roulé sur l’or ils m’ont toujours enseigné l’intérêt de préserver nos biens. Je ne suis pas de ces mecs qui changent de style vestimentaire comme on change de saison, non. Mon armoire est quasi remplie de vieux t-shirt et de jeans délavés, principalement par l’âge. Je préfère de loin être confortable plutôt qu’avoir à suivre une convention de mode qui ne durera jamais trop longtemps, à quoi bon?  6 ❧ Il aura fallu du temps à mes parents pour réellement s’établir dans la région, surtout après notre déménagement lorsque j’étais gosse. Ma mère a eu du mal à trouver du boulot et mon père a dû attendre deux décennies avant que ses designs ne soient reconnus à leur valeur propre et qu’il ne commence à être reconnu dans le monde de l’architecture… Peut-être un peu trop reconnu, d’ailleurs. J’ai été ravi pour lui, au début, bien sûr mais je n’ai pu m’empêcher d’éprouver de la rancoeur vis-à-vis de lui à partir du moment où sa carrière a commencé à prendre le pas sur sa vie familiale. Tant de gens dans le monde parviennent à équilibrer les deux, pourquoi pas lui? Après une année sabbatique à parcourir le monde, j’ai commencé des études d’architecture pour suivre “sa voie”, mais cet agacement et la tension croissante entre lui et moi a fini par être le moteur de mon lâcher d’études dès le décès de ma mère. C’est sa froideur à la tragédie qui a déchiré notre famille qui m’a fait le plus mal, je pense et qui m’a fait réaliser que je ne voulais certainement pas devenir comme lui. 7 ❧ Je ne suis pas sûr de ce qui m’a encouragé vers l’unité canine, un 180° quasi total dans mon futur professionnel si on considère le boulot “enchaîné à un bureau” que j’étais supposé avoir en gardant mon cursus scolaire.. J’ai commencé par être flic classique, mais c’est à force de fréquenter les K9 que j’ai ressenti de plus en plus d’affinité avec l’unité spécialisée. Mon père a été absolument livide lorsqu’il a appris mon changement de direction professionnelle et franchement je ne pense pas lui avoir rendu visite (ou avoir reçu une visite) une seule fois depuis que je vis avec Kara, que j’ai depuis qu’elle est sevrée. 8  ❧ J’ai commencé à fréquenter Samantha au collège, et si j’ai abandonné mes études d’architecture elle n’a certainement pas laissé tomber son ambition de devenir décoratrice d’intérieur. Elle est fichtrement douée, en plus. Curieusement, elle ne m’a pas laissé tomber lorsque j’ai tout lâché. Nous avons fini par nous marier (assez jeunes, soit dit-en passant). Kara l’a toujours adorée, et si au début elle a supporté les nécessités de ma profession, les choses se sont rapidement détériorées lorsqu’elle a donné naissance à Cameron. Les tensions étaient telles, au fil des ans, que j’ai passé de plus en plus de nuits au bureau. Peut-être que si j’étais resté, elle n’aurait pas eu de raisons d' aller voir ailleurs… J’ai été celui qui a demandé un divorce, et elle a accepté un peu trop rapidement à mon goût. Le fait qu’elle ait un job sûr et que je suis fréquemment en mission a signé la garde de notre fille contre moi, et même si je comprends la logique derrière la décision l’idée que mon ex, la fautive, ait la garde de notre fille me rends malade à chaque fois que j’y pense. Au moins elle n’est pas chiante sur les droits de visite; elle est presque civile, même. 9 ❧ En plus des missions avec l’unité K9, je fais partie d’un comité de recrutement visant à promouvoir les opportunités de carrière dans les forces de l’ordre. Bien qu’un animal en service, Kara m’accompagne occasionnellement dans les écoles et a gagné un petit statut de mascotte officieuse dans plusieurs établissements, malgré les démonstrations nécessitant parfois qu’elle attaque un agresseur enfermé dans une tenue de protection. En plus de ça, je me porte volontaire dans un refuge, je suis un peu le poster boy pour essayer de faire adopter toutes ces petites merveilles sur pattes. Ça été un bon divertissement après le divorce, et lorsque la blessure s’est apaisée, l’habitude est restée. 10 ❧ j’ai toujours été friand de sports et je fais un long jogging très régulièrement. Souvent, Kara m’accompagne, surtout lorsque je pars le long d’une piste historique ou alors en parc: nous vivons dans le Massachusetts, un état réputé pour sa richesse historique. J’essaie toujours de trouver une pépite méconnue ne promettant pas trop de touristes pour dire d’aller y courir, défouler Kara un bon coup et apprendre un peu plus sur l’histoire de la ville, au passage. Il n’est pas rare que je m’y pose le temps d’un puppuccino pour ma belle après la course, calepin en main et que je me mette à dessiner des croquis rapides. J’aime l’idée de garder équilibre sain entre le corps et l’esprit, et je suis toujours à esquisser ou chantonner lorsque l’envie me prend. Bien sûr, je reste persuadé d’avoir une bonne voix en chant, mais les hurlements à la mort de Kara me laissent parfois en douter. Aouch..