A présent seuls dans mon appartement, Milo semblait plus enclin à une certaine intimité entre nous. Je me demandais bien ce à quoi était du se changement d’attitude. Après tout, même devant l’immeuble tout à l’heure il m’avait rejeté alors qu’il n’y avait que nous. Je ne comprenais décidément pas. Sans réellement le vouloir, j’avais répondu de manière assez sarcastique. Je m’en étais voulu tout de suite alors. Les mots avaient dépassé ma pensée. Mais finalement je décidais de faire comprendre mon désarroi face à la situation. Je demande alors à Milo de m’expliquer quel était le problème. Milo m’affirme à nouveau qu’il ne pouvait rien me dire. Toutefois il semble vouloir m’avouer quelque chose. Mais il se rétracte aussitôt. A mon plus grand désespoir. « Quoi ? La seule chose que quoi Milo ? » Mais je sais que ma question restera sans réponse. Le jeune homme s’approche de moi et me demande si je souhaitais qu’il reste avec moi ce soir. Ou alors il m’annonce qu’il pouvait aussi rentrer chez lui, ajoutant qu’il travaillait tôt demain matin. Je hausse les épaules « Ce n’est pas la question Milo... » Que je dise oui ou non à ce qu’il reste avec moi ce soir, cela ne changera rien à la situation ni à mon ressenti. Puis Milo me dit que si jamais il me racontait tout je ne voudrais jamais le croire, que j’allais lui reprocher de ne pas m’en avoir parlé plus tôt. « Mais pourquoi je ne voudrais pas te croire ? Je te fais confiance Milo tu le sais bien. On s’est toujours tout dit... » Je ne comprends décidément plus rien lorsqu’il parle d’un potentiel danger et de l’éventualité de perdre tout ce que j’avais aujourd’hui. Je suis dépitée, « Je ne comprends absolument rien à ce que tu racontes... » Un léger silence s’installe alors entre nous. Un silence lourd, pesant. Chargé de non dits. Milo vient me dire que si je préférais tout arrêter il pouvait le comprendre. Je fronce les sourcils « Est-ce que tu veux bien arrêter de croire que je veux tout arrêter entre nous ? Déjà l’autre fois pendant le week-end, et encore ce soir… Je vais finir par croire que c’est toi qui veut tout arrêter et que tu ne sais pas comment me le dire. » Milo réaffirme sa volonté de vouloir être avec moi comme avant mais tout ce qui pouvait m’offrir c’était une relation cachée pour le moment, comme nous l’avion convenu en Italie. « Tu me l’as déjà dit. Mais Milo… cela fait des semaines et des semaines que ça dure… Et je ne sais absolument rien… Si c’est moi le problème, tu n’as qu’à me le dire. » dis-je alors complètement dépassée par la situation.

Cassia semble perdue, incapable de comprendre la complexité de notre situation. Et pour être honnête, je dois bien avouer que moi-même, je me perds parfois dans les méandres de mes propres pensées, de mes propres contradictions. Lorsqu'elle me supplie d'arrêter de croire qu'elle souhaite mettre un terme à notre relation, je laisse échapper un soupir de soulagement, comme si on venait de m'ôter un poids immense de la poitrine. Mû par un instinct irrépressible, je la prends dans mes bras, l'attirant contre moi avec une tendresse infinie. Son corps épouse parfaitement le mien, comme nous en avons l’habitude. Pendant un instant, j'oublie tout le reste, savourant simplement la chaleur de son étreinte, le réconfort de sa présence à mes côtés. Mais la suite de ses propos me ramène brutalement à la réalité, faisant naître en moi une inquiétude sourde, une angoisse qui me serre la gorge. « Si c'est moi le problème, tu n'as qu'à me le dire, » murmure-t-elle d'une voix tremblante, chargée d'une émotion qui me bouleverse jusqu'au plus profond de mon être. Une boule se forme dans ma gorge, m'empêchant presque de respirer. Comment peut-elle imaginer une seule seconde qu'elle puisse être la source de nos tourments ? Elle, qui illumine chacune de mes journées, qui donne un sens à mon existence ? Incapable de retenir mon geste, je dépose un baiser tendre sur le sommet de son crâne, respirant au passage le parfum enivrant de ses cheveux. Puis, rassemblant tout mon courage, je me lance dans une déclaration passionnée, espérant ainsi chasser ses doutes, apaiser ses craintes. « Arrête… Ce n'est pas toi le problème. Tu le sais bien, non ? Ça n'a jamais été toi… Comment peux-tu croire que c'est toi, Cassia ? Je suis heureux avec toi. Je me sens bien avec toi. Tu me combles en tout point. Je n'ai plus envie de courir après d'autres femmes. J'ai envie de te retrouver tous les soirs. Je m'en fiche des autres. Demain, tu me présentes toutes les femmes de la terre, même nues, je n'ai envie que de toi. Qu'est-ce que je peux faire ou dire pour te rassurer ? » Les mots se bousculent sur mes lèvres, comme un torrent trop longtemps contenu qui se déverse enfin, emportant avec lui toutes mes peurs, toutes mes hésitations. Je la serre plus fort contre moi, comme si ce simple geste pouvait suffire à éloigner ses doutes, à lui prouver la force de mon amour. Sa présence m'apaise, me réconforte. Son parfum, la douceur de ses cheveux contre mon visage, la chaleur de son corps pressé contre le mien... tout cela me donne la force de continuer, de me battre pour cet amour qui est devenu ma raison de vivre.

Soudain, la sonnerie stridente de mon téléphone vient briser cet instant de grâce, me ramenant brutalement à la réalité. Je jette un coup d'œil à l'écran, reconnaissant le nom de Clyde. Mon collègue et ami. Pendant une fraction de seconde, j'hésite à décrocher, tiraillé entre mon devoir professionnel et mon désir de rester auprès de Cassia. Mais je décide finalement de ne pas répondre, laissant Clyde me laisser un message vocal. Je sais que c'est important, qu'il ne m'appellerait pas à une heure pareille s'il n'y avait pas urgence. Mais pour l'instant, ma seule préoccupation, c'est Cassia. C'est elle qui compte plus que tout, plus que mon travail, plus que le reste du monde. Je me recule légèrement, plongeant mon regard dans le sien. Mes mains, toujours posées sur ses épaules, semblent la retenir, l'empêcher de s'éloigner de moi. Dans ses yeux, je lis toute la fragilité de notre amour, toute la peur qui l'habite à l'idée de me perdre. Alors, pour alléger l'atmosphère, pour chasser ces nuages sombres qui menacent notre bonheur, j'esquisse un sourire angélique, tentant d'insuffler un peu de légèreté dans cette discussion si sérieuse. « On passe la nuit ensemble ? Promis, je serai sage ! Je te volerai juste un ou deux baisers ! » lançai-je d'un ton espiègle, mes yeux pétillant de malice. C'est une tentative maladroite pour détendre l'atmosphère, pour lui montrer que malgré les épreuves, malgré les secrets qui nous séparent, je demeure incontestablement son Milo.

La conversation que nous avions ne semblait mener à rien. Je voulais toujours en savoir davantage et Milo lui, ne voulait rien dire. Nous étions dans une impasse. Si bien que je commençais à penser que le problème venait de moi. J’avais du mal à trouver une quelconque autre explication. Milo m’affirme que je n’étais pas la problème. Habituellement, cela m’aurait soulagée. Mais ce soir, il n’en était rien. Milo ne semble pas comprendre pour quelle raison je pouvais penser une telle chose. Nous ne voyions pas la situation du même point de vue. Milo tente de me rassurer et finit par me demander ce qu’il pouvait faire ou dire pour me rassurer. Je hausse légèrement les épaules « Je n’en sais rien... ». Milo me serre un peu plus fort contre lui. « C’est juste que… j’en ai assez que l’on se cache... » murmurai-je dans un aveu des plus sincères. Je sais pertinemment que malgré cet aveu la situation ne changera pas dès le lendemain matin. J’en suis pleinement consciente même. Mais d’exprimer ce que je ressentais à cet instant me faisait du bien.

Soudain, la sonnerie de son téléphone portable se fait entendre. Milo prend l’appareil en main et regarde l’écran. Le jeune homme décide de ne pas décrocher. A cette heure-ci je me demandais bien qui avait pu chercher à le joindre. Mais je ne voulais pas me montrer trop curieuse, et puis il y avait eu assez de questions pour la soirée. Milo propose que l’on passe la nuit ensemble. Il me promet d’être sage, ajoutant qu’il me volera juste un ou deux baisers. Mon regard se pose sur le jeune homme qui affiche un sourire espiègle sur le visage. « Entendu... » finis-je par accepter. Après tout, ce que je voulais depuis le début de la soirée c’est que l’on passe du temps ensemble.

Un sourire radieux illumine mon visage lorsque Cassia accepte de passer la nuit avec moi. Une vague de bonheur et de soulagement déferle en moi, balayant toutes mes inquiétudes, tous mes doutes. Mon cœur s'emballe, ivre de joie à l'idée de pouvoir la garder près de moi, ne serait-ce que pour quelques heures volées au destin. Incapable de résister à la tentation, je laisse mes doigts redessiner délicatement le galbe de ses lèvres, suivant avec une infinie douceur la courbe gracieuse de sa joue. Sa peau est si douce, si soyeuse sous mes caresses, comme une invitation à m'y perdre pour l'éternité. Son regard, rivé au mien, est empli d'un amour si pur, si sincère, que j'en ai le souffle coupé. Dans ses yeux, je lis toute la confiance qu'elle place en moi, tout l'espoir qu'elle met dans notre relation. Et cette vision me bouleverse, me donne envie de me dépasser, d'être à la hauteur de cet amour si précieux. « Viens, » lui soufflai-je d'une voix douce, presque un chuchotement, comme pour ne pas briser la magie de cet instant. Je prends sa main dans la mienne, entremêlant nos doigts avec une tendresse infinie, avant de l'entraîner avec moi sous la douche.

L'eau chaude ruisselle sur nos corps enlacés, créant une bulle de chaleur et de complicité, un cocon où rien ni personne ne peut nous atteindre. Les gouttes perlent sur sa peau, traçant des sillons scintillants qui capturent la lumière, la faisant briller comme un joyau précieux. Emporté par l'émotion du moment, je cherche de nouveau ses lèvres d'un air joueur, déposant une pluie de baisers légers comme des plumes sur sa bouche entrouverte. Mes mains, comme animées d'une vie propre, glissent sur ses hanches, épousant ses courbes avec une délicatesse infinie. « Je serai sage, » lui soufflé-je à l'oreille, un sourire espiègle aux lèvres. « Je me contenterai uniquement de te voler quelques baisers. Rien de plus. » Ma voix est rauque, chargée d'un désir à peine contenu, mais je tiens ma promesse, refrénant mon envie de la posséder ici et maintenant, de ne faire plus qu'un avec elle.

Une fois notre douche terminée, je m'empare d'une serviette moelleuse et l'enveloppe dedans avec une infinie douceur, comme si elle était la chose la plus précieuse au monde. Puis, sans lui laisser le temps de réagir, je l'attrape dans mes bras, la soulevant du sol avec une facilité déconcertante. Nos regards se croisent, s'accrochent, et je me noie dans l'océan de tendresse que je lis dans ses yeux. « De quoi as-tu envie ce soir ? » lui demandai-je d'une voix douce, presque un murmure. « Je peux aller chercher tes sushis préférés ou bien un délicieux plat italien ! » J'esquisse un sourire complice, heureux de pouvoir lui faire plaisir, de combler ses moindres désirs. Soudain, une idée me traverse l'esprit, et je ne peux m'empêcher de la partager avec elle, les yeux pétillants d'excitation. « D'ailleurs… Ma prochaine rotation, c'est l’Italie ! » lui confiai-je, observant sa réaction avec attention. « Promis je t’enverrai plein de photo et je te ramène le soleil ! » Je sais à quel point elle aime ce pays, sa culture, sa gastronomie. Et l'idée de pouvoir lui ramener un petit morceau de ce paradis lointain, de partager avec elle mes découvertes et mes émerveillements, me remplit d'une joie indicible. Mais pour l'heure, c'est elle qui captive toute mon attention, elle qui fait battre mon cœur à un rythme effréné. Je la contemple avec adoration, admirant la façon dont ses cheveux encore humides cascadent sur ses épaules, dont ses yeux brillent d'un éclat si particulier lorsqu'elle me regarde. « Tu sais que tu es craquante lorsque tu me regardes ainsi ! » lançai-je d'un ton taquin, incapable de contenir le flot d'amour et de tendresse qui m'envahit à sa vue. Et c'est vrai. Chaque fois qu'elle pose ses yeux sur moi, chaque fois qu'elle m'adresse ce sourire si spécial, j'ai l'impression de tomber amoureux d'elle une nouvelle fois, de redécouvrir la profondeur de mes sentiments pour elle. Dans ses bras, je me sens à ma place, comme si j'avais enfin trouvé le sens de mon existence. Alors je la serre plus fort contre moi, savourant la chaleur de son corps, le réconfort de sa présence. « Dis moi… Tu viendrais me chercher au bout du monde si jamais un jour je rencontrai le moindre problème ? »

Je ne pouvais pas refuser la proposition de Milo. Après une semaine d’absence, malgré cette situation plus que délicate, tout ce que je souhaitas c’est que l’on passe du temps ensemble. Milo semble soulagé de ma réponse et sans attendre, il m’incite à le suivre dans la salle de bain. Rapidement, nous nous retrouvons tous les deux dans la douche, sous l’eau chaude qui ruisselait sur nos corps. Nous échangeons quelques tendres baisers, quelques douces caresses. Toutefois, Milo m’affirme à nouveau qu’il sera sage, ajoutant qu’il se contenterait uniquement de me voler quelques baisers. J’esquisse un léger sourire. Il est vrai que tout à l’heure, j’avais répondu de manière très sarcastique quant à sa proposition de continuer la soirée sous la couette. « Désolée pour tout à l’heure. Tu sais bien que … enfin j’ai parlé sous le coup de la colère et de l’incompréhension... »  Je ne voulais en aucun cas blesser le jeune homme.

Une fois notre douche terminé, Milo m’enveloppe avec douceur dans une serviette puis il me porte dans ses bras, me soulevant ainsi du sol. Le jeune homme me questionne sur mes envies de ce soir. Il propose d’aller chercher mes sushis préférés ou alors un plat italien. « H’m… je n’ai pas très faim. On peut simplement cuisiner quelque chose ici, si cela te convient... » Milo rebondit rapidement sur l’Italie en me disant qu’il s’agissait de la destination de sa prochaine rotation. « Vraiment ? Veinard... » dis-je amusée. Milo me promet de m’envoyer plein de photographies ainsi que le soleil. « J’en prends bonnes note... » dis-je amusée par sa remarque. Mon regard se pose sur Milo et ce dernier me dit que je suis craquante lorsque je le regardais ainsi. Je souris amusée. « C’est bon à savoir alors... ». Là dans les bras de Milo, je commençais petit à petit à me détendre. La fatigue de la journée et le méli-mélo de sentiments étaient bien présents. Un léger silence s’installe. Un silence que Milo ne tarde pas à briser en me demandant une question à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Je me redresse légèrement « Bien sûr que oui… Sans hésiter une seule seconde. Pour toi, je suis prête à tout... » avouai-je alors sans hésiter la moindre seconde. « Pourquoi cette question ? » demandai-je curieuse.

Un sourire attendri étire mes lèvres lorsque Cassia s'excuse, ses mots emplis d'une vulnérabilité touchante. Je lève les yeux au ciel, non par exaspération, mais par une tendre indulgence face à ses inquiétudes. « Tu n'as pas à t'excuser, » lui assuré-je d'une voix douce, mon regard plongé dans le sien. « Je préfère que tu exprimes ton ressenti vis-à-vis de cette situation plutôt que tu rumines tout ceci dans ton coin, Cassia. »  Mon cœur se serre à l'idée qu'elle puisse se sentir responsable de la complexité de notre relation, alors que c'est moi qui ai tout déclenché, moi qui ai laissé les non-dits s'installer entre nous. « Et puis… c'est moi le fautif, » ajoutai-je dans un soupir, mes épaules s'affaissant légèrement sous le poids de la culpabilité. « C'est à cause de moi si nous en sommes là où nous en sommes. » Toutefois je refuse de laisser ces pensées sombres ternir la douceur de cet instant. Avec une infinie tendresse, j'enroule la serviette autour de ses épaules, créant un cocon de chaleur et de réconfort. Puis, comme mus par une force irrésistible, mes bras passent autour d'elle, l'attirant doucement contre moi. « Le plus important, c'est que nous soyons ensemble, » murmurai-je à son oreille, mon souffle caressant sa peau. « Le reste n'a pas d'importance. » Et c'est vrai. Peu importe les obstacles, peu importe les secrets qui nous séparent encore, tant que nous sommes unis, tant que nous pouvons nous réfugier dans la chaleur de nos étreintes, rien ne peut nous atteindre.

Lorsque Cassia m'annonce qu'elle n'a pas très faim et que l'on peut préparer quelque chose, j'acquiesce d'un simple signe de tête, profitant de l'occasion pour lui voler un baiser au passage. Ses lèvres sont douces comme une promesse de bonheur à venir. « Pour me faire pardonner de ne pas pouvoir partir avec toi en Italie, je vais te préparer quelques trucs à grignoter, » lui soufflai-je doucement alors que nous retournons dans la chambre, nos mains entrelacées comme pour ne jamais se séparer. Mon regard erre sur les affaires éparpillées dans la pièce, vestiges de ma présence dans cet appartement. J'ai beau avoir déménagé, une bonne partie de mes affaires demeurent encore chez Cassia, comme autant de morceaux de moi-même que je ne peux me résoudre à récupérer. Soudain, mon attention est attirée par un vêtement en particulier, et je me tourne vers elle, l'air faussement accusateur. « Dis donc, Mademoiselle Henderson… Je ne savais pas que vous étiez accro à ce tee-shirt ! » lançai-je d'un ton taquin en désignant le vêtement du doigt, perché sur sa pile de vêtements. C'est l’un de mes tee-shirts préférés, celui qu'elle aime me piquer lorsqu'elle a besoin de réconfort, lorsqu'elle veut s'envelopper de mon odeur. Et le voir ici, chez elle, réchauffe mon cœur d'une douce chaleur.

Une fois dans la cuisine, je ne peux résister à l'envie de la toucher, de sentir sa peau contre la mienne. D'un geste fluide, je l'attrape par la taille et la dépose délicatement sur le plan de travail, comme une poupée de porcelaine que je craindrais de briser. Je m'approche d'elle, nos regards s'accrochent, et le monde autour de nous semble s'effacer. Lentement, presque avec révérence, je me penche vers elle et capture ses lèvres dans un doux baiser, savourant leur texture soyeuse, leur goût enivrant. « Je suis heureux d'apprendre que tu viendrais me chercher, peu importe où je me trouve, » murmurai-je contre sa bouche, un sourire espiègle étirant mes lèvres. « Même dans une fosse pleine d'araignées venimeuses ? » ajoutai-je d'un ton taquin, connaissant bien son arachnophobie. Tout en rassemblant les ingrédients pour préparer nos toasts de saumon, je ne peux m'empêcher de chercher son regard, de me noyer dans la douceur de ses yeux. Je m'approche d'elle à nouveau, incapable de résister à l'attraction magnétique qu'elle exerce sur moi, et lui vole un nouveau baiser, plus appuyé cette fois, plus intense. « Je te pose la question parce que… si jamais tu devais venir m'arracher des bras de belles Italiennes, durant ma rotation, je t'en serais vraiment reconnaissant ! » lançai-je d'un ton taquin et purement provocateur en lui tendant un toast, mes yeux pétillant de malice. « C'est toi la plus belle ! » ajoutai-je dans un souffle, mes doigts effleurant sa joue avec une infinie douceur, comme pour souligner la sincérité de mes mots.

Nous continuons de préparer notre petit festin, échangeant des sourires complices et des baisers furtifs, chaque geste empreint d'une complicité née de l'habitude, de la connaissance intime de l'autre. La cuisine se remplit de rires cristallins et de murmures doux, créant une bulle de bonheur et de sérénité où rien ne peut nous atteindre. Lorsque tout est prêt, nous nous installons à table, nos genoux se frôlant sous la table dans une caresse secrète. Nous savourons non seulement la nourriture, mais surtout la présence de l'autre, chaque bouchée ponctuée de regards énamourés et de sourires lumineux. « Tu sais, je pense que ce déménagement est une bonne chose, » dis-je en lui tendant un autre toast, mon regard ancré dans le sien. « Cela nous permettra de chérir encore plus les moments que nous passons ensemble. Et puis, j'aurai une raison de plus de revenir ici : toi. »

Après avoir pris notre douche, nous profitons d’un petit moment de détente ensemble. Comme toujours, Milo souhaite être aux petits soins. Le jeune homme propose, pour se faire pardonner de ne pas partir en Italie avec moi, me préparer quelques trucs à grignoter. « Tu es adorable... » dis-je touchée par cette petite attention. Une fois dans la chambre, Milo remarque un t-shirt à lui. En soit rien de très extraordinaire, sauf que ce t-shirt avait été porté, par moi, pas plus tard qu’hier encore. Sa remarque me fait sourire. « Si, je l’aime beaucoup… Je l’ai porté pour dormir pas plus tard que hier... » avouai-je alors en toute honnêteté.

Sur ce ton léger, nous nous dirigeons vers la cuisine. D’un geste tendre et fluide à la fois, Milo me soulève pour me poser sur le plan de travail. Je réponds à sa question, en toute sincérité. Ma réponse semble ravir le jeune homme. Milo s’amuse à en rajouter un peu, me demandant si je viendrais même le chercher dans une fosse pleine d’araignées venimeuses. « H’m… je te l’ai dit, pour toi, je suis prête à tout... » Nous échangeons un énième baiser, un peu plus intense cette fois-ci. Milo plaisante alors un peu concernant son séjour en Italie et l’éventualité de devoir l’arracher des bras de belles italiennes. « Très amusant... » Décidément il adorait me taquiner sur ma jalousie. Milo vient me tendre un toast. J’approche alors mes lèvres pour venir croquer ce dernier. Je finis par donner un coup de main à Milo, partageant ainsi un moment des plus agréables en cuisine. Et lorsque tout fut prêt, nous nous installons à table. Milo évoque alors son déménagement. Il me dit que ce dernier est une bonne chose. Je prend délicatement le toast qu’il me tend tout en l’écoutant attentivement. Pour Milo le fait d’avoir à présent chacun son appartement nous permettra d’apprécier encore plus les moments que nous passerons ensemble. « Oui, tu as sans doute raison. C’est une façon de voir les choses... C’est juste que je m’étais habitué à ta présence ici. Mais, c’est simplement un autre rythme à prendre… » dis-je alors essayant de relativiser la situation. Il est vrai que les retrouvailles n'en seront que meilleures. Nous continuons alors notre dîner improvisé avant d’aller se coucher, tous les deux.

Le lendemain matin, le réveil sonna assez tôt. Sans tarder, nous nous levons pour nous préparer. Et après avoir pris un petit déjeuner, nous partons en direction de l’aéroport. Une fois arrivés là-bas, j’accompagne Milo. « Tu feras bien attention à toi. Et donnes moi des nouvelles dès que tu es arrivé... » Avoir des nouvelles régulièrement me rassurait beaucoup.

Le lendemain matin, le réveil sonne assez tôt, perçant le silence de la chambre de ses notes stridentes. Nous émergeons doucement de notre sommeil, encore enveloppés de la chaleur de la nuit, mais déjà, une sourde angoisse commence à s'insinuer en moi, comme un poison insidieux. Sans tarder, nous nous levons pour nous préparer, chacun vaquant à ses petites habitudes matinales, mais mes gestes sont mécaniques, mon esprit déjà tourné vers l'inconnu qui m'attend. Après une douche rapide, nous partageons un petit déjeuner simple mais réconfortant, échangeant quelques mots et sourires complices, mais je peine à me concentrer sur la conversation, mon cœur battant la chamade au rythme de mes inquiétudes. Une fois prêts, nous quittons l'appartement, nous dirigeant vers l'aéroport, chaque pas me rapprochant un peu plus de cette mission qui m'angoisse tant. Cassia semble un peu plus silencieuse que d'habitude, probablement encore préoccupée par la veille, mais je n'ose pas aborder le sujet, de peur de laisser transparaître mes propres peurs.

En arrivant à l'aéroport, nous échangeons un dernier regard avant que je ne m'apprête à franchir les dernières portes, ces portes qui me séparent de l'inconnu, de l'incertitude. Cassia me prend la main, ses yeux remplis d'une tendre inquiétude, et je sens mon cœur se serrer, ma gorge se nouer « Tu feras bien attention à toi. Et donne-moi des nouvelles dès que tu es arrivé... » me glisse-t-elle doucement, sa voix tremblant légèrement sous le poids de l'émotion. J'acquiesce, incapable de prononcer un mot, la peur formant une boule compacte dans ma gorge. Au même moment, Lou arrive en courant, l'air inquiète, une enveloppe à la main. « Milo, c'est pour toi… » dit-elle, essoufflée, et je sens mon estomac se nouer, pressentant déjà une mauvaise nouvelle. Je prends l'enveloppe, mes mains tremblant légèrement, et l'ouvre rapidement, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Lorsque je découvre le nouveau plan de vol, modifié à la dernière minute, je sens mon sang se glacer dans mes veines, ma respiration se bloquer. Inquiet, je remercie Lou d'un signe de tête, peinant à dissimuler mon trouble. Clyde me rejoint et jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, ses sourcils se fronçant en découvrant à son tour le plan de vol. Je vois dans ses yeux le reflet de ma propre angoisse, de mes propres doutes.

Je relève mon visage en direction de Cassia, tentant de dissimuler mon inquiétude derrière un sourire rassurant, mais je sais qu'elle peut lire en moi comme dans un livre ouvert. « Tu m'en veux si je ne reviens pas ou si je mets plus de temps à revenir ? » lui demandai-je, essayant d'alléger la situation anxiogène avec une touche d'humour, mais ma voix sonne faux, même à mes propres oreilles. Au fond de moi, je sens la peur grandir, m'envahir, me submerger. Ce vol, ces modifications de dernière minute, tout cela ne présage rien de bon. J'ai l'impression de m'engager sur un chemin semé d'embûches, de dangers, sans savoir ce qui m'attend au bout. Mais je ne peux pas me permettre de flancher, pas maintenant, pas devant Cassia. Alors je serre les dents, je ravale mes angoisses, et je m'efforce de lui offrir un sourire rassurant, même si mon cœur hurle de terreur à l'intérieur. Car je sais que je n'ai pas le choix, que je dois y aller, affronter mes peurs et mes doutes. Mais au fond de moi, une petite voix ne cesse de me murmurer que cette fois, je pourrais bien ne pas revenir, que ce vol  pourrait être celui de trop. Au fond de moi, je sens déjà le doute s'insinuer, insidieux, pernicieux. L'angoisse me broie le cœur, me coupe le souffle, mais je ne peux pas me permettre de la laisser gagner.

Ce n’était pas la première fois que j’accompagnais Milo pour un de ses départs. Mais à chaque fois, c’était difficile de le voir partir. Pourtant, depuis le temps je devais avoir l’habitude. J’accompagne alors Milo jusqu’au bout, profitant de sa présence jusqu’à la dernière minute. Comme toujours, je lui demande de faire bien attention à lui et de me donner des nouvelles. C’est à ce moment là que Lou arrive en courant. Elle interpelle Milo en lui donnant une enveloppe. Elle est assez brève, ne s’attarde pas du tout. Le jeune homme ouvre cette dernière sans tarder. Et soudainement, je perçois un changement dans le regard de Milo. Clyde arrive à son tour. J’avais l’étrange sensation que quelque chose se passait, mais je ne savais pas quoi. Finalement, Milo prend la parole et me demande si je lui en voulais si il ne revenait pas ou si il mettait plus de temps à revenir. Je fronce les sourcils. « Milo... » Je n’aimais pas lorsqu’il plaisantait ainsi. Je pose mon regard sur lui. Je connaissais le jeune homme sur le bout des doigts. Son attitude avait changé à l’ouverture de cette enveloppe. « Milo, est-ce que tout va bien ? » Ma question était rhétorique. Et puis connaissant Milo je doutais qu’il me dise la vérité. Dans le seul et unique but de me protéger bien entendu. « Qu’est-ce qui se passe ? Dis moi... » demandai-je alors curieuse mais aussi soucieuse de ce qu’allait me répondre Milo.

Je m'efforce de sourire, tentant de masquer le trouble qui m'habite. Mais sous le regard inquisiteur de Cassia, je sens mes défenses s'effriter, ma façade se fissurer. Elle me connaît trop bien, elle sait lire en moi comme dans un livre ouvert. J'hésite un instant, tiraillé entre le désir de la protéger et celui de partager mes angoisses avec elle. Mais son regard, empli d'amour et d'inquiétude, a raison de mes dernières résistances. « Il y a eu un changement de dernière minute dans mon plan de vol, » finis-je par avouer dans un souffle, comme si le dire à voix haute rendait la chose plus réelle, plus tangible. Je vois ses sourcils se froncer, l'inquiétude voiler son regard. J'explique alors, ma voix trahissant malgré moi mon appréhension. « Je vais devoir prendre un autre chemin pour le retour. Mais les conditions météorologiques sont extrêmement mauvaises sur cette nouvelle route, et cela m'inquiète un peu. » Les mots ont à peine franchi mes lèvres que je m'en veux aussitôt de lui avoir révélé la vérité, de lui avoir imposé ce fardeau. « Mais ne t'en fais pas, » m'empressai-je d'ajouter, essayant de la rassurer autant que de me convaincre moi-même. « Je suis un excellent pilote, et j'ai déjà volé dans des conditions bien pires. Tout se passera bien, je te le promets. » J'essaie d'insuffler à mes mots toute la conviction possible, de chasser les ombres de l'inquiétude de son regard. Mais au fond de moi, je sens l'angoisse croître, s'enrouler autour de mon cœur comme un serpent venimeux. Malgré mes paroles rassurantes, malgré mon expérience et mon savoir-faire, je ne peux m'empêcher de redouter ce vol, ces conditions météorologiques capricieuses qui peuvent transformer une simple mission de routine en véritable cauchemar. Cassia ne dit rien, mais je vois dans ses yeux une lueur de peur qu'elle tente de masquer. Elle serre mes mains plus fort, comme si ce simple geste pouvait nous ancrer dans le présent et repousser les ombres de l'avenir. Je la tire doucement contre moi, enfouissant mon visage dans ses cheveux pour y puiser un peu de réconfort. « Dès que j’atterrirai, je te donnerai des nouvelles. »

Lou s’approche de moi, ses pas résonnant doucement sur le tarmac alors que nous nous préparons pour le vol. Je sens sa présence avant même qu’elle ne parle. Elle me tape amicalement sur l’épaule, et je tourne la tête pour croiser son regard. Ce regard que je connais trop bien, empreint de compassion et de soutien. « Hé, Milo, ça va aller, d’accord ? » dit-elle, sa voix douce mais ferme, cherchant à insuffler un peu de confiance dans une situation qui en manque cruellement. Je hoche la tête, essayant de sourire pour la rassurer, mais c’est difficile de masquer mon inquiétude. Lou me connaît bien, elle sait que derrière mon sourire se cache une tempête de pensées et de craintes. Son regard me transperce, et je me sens soudainement vulnérable. « Merci, Lou, » murmurai-je, ma voix à peine audible par-dessus le bruit ambiant des préparatifs du vol. Elle me serre brièvement l’épaule, un geste rapide mais chargé de soutien, avant de s’éloigner. Tandis qu’elle s’éloigne, je la regarde, reconnaissant de sa présence apaisante. Elle disparaît bientôt parmi les autres membres de l’équipage, et je me retrouve seul avec mes pensées.

 Sur le point de partir, Milo est interpelé par Lou. La jeune femme lui transmet un enveloppe. Une enveloppe que Milo ne tarde pas à ouvrir pour y découvrir le contenu. Et j’ai l’étrange sensation que les infirmations présentes à l’intérieur ne sont pas bonnes. Milo tente de ne rien laisser paraître, mais je ne suis pas dupe. Je le connais mieux que quiconque, je peux lire en lui comme dans un livre ouvert. Je ne peux m’empêcher de demander à Milo ce qu’il se passait. Le jeune homme m’avoue alors qu’il y avait eu un changement de dernière minute concernant son plan de vol. Intriguée et soucieuse je continue à écouter attentivement Milo m’annoncer qu’il allait devoir prendre un autre chemin pour le retour, un chemin dont les conditions météorologiques étaient extrêmement mauvaises. Cette simple information m’inquiète au plus haut point. « Et tu es obligé de suivre ce nouveau plan de vol ? Pourquoi vouloir vous faire passer par là si ça peut être dangereux… ? » Je trouvais cela insensé. Bien évidemment, Milo tente de me rassurer, soulignant le fait qu’il était un excellent pilote et qu’il avait déjà volé dans des conditions bien pires. « Fais attention à toi... » soufflai-je simplement en serrant davantage ses mains dans les miennes. Milo me tire doucement contre lui. Mon corps vient alors se blottir avec douceur et tendresse contre le sien. Le jeune homme m’annonce me donner des nouvelles dès qu’il atterrira.

Lou s’approche de Milo, elle semble bien comprendre ses craintes et tente de le rassurer. La jeune femme s’éloigne alors afin de rejoindre les autres membres de l’équipage. L’embarquement allait commencer. Cela signifiait que Milo allait devoir y aller. Mes mains viennent encadrer délicatement son visage, « Tu vas me manquer, comme toujours... » avouai-je la voix empli d’motion. « Surtout, fais attention à toi... ». Je me hisse doucement sur la pointe des pieds. Mes lèvres dépose un doux baiser sur ses lèvres. « Je t’aime. » murmurai-je alors avant de lui voler un dernier baiser.

Je sens l’inquiétude gagner Cassia, ses yeux vont et viennent entre la lettre que je tiens et mon visage. Lorsqu’elle me demande pourquoi on me demande d’emprunter cet itinéraire, un simple sourire de désolation me gagne. « C’est une question de temps… C’est plus rapide d’emprunter cet itinéraire qu’un autre. Et puis… c’est aussi une question de budget. » Mon ton se veut rassurant, mais je sens que mes mots ne parviennent pas à dissiper entièrement son anxiété. « Mais ne t’inquiète pas. Je serai extrêmement prudent. Je t’appelle dès que j’ai atterri, promis. » Je tente de détendre l’atmosphère, espérant alléger la lourdeur qui s’est installée. « En attendant, tu me promets de prendre soin de toi, d’accord ? Si jamais tu as le moindre problème, appelle-moi et j’arrive à bord de mon avion supersonique ! » Je lui glisse ces mots avec un sourire espiègle, espérant voir une lueur de soulagement dans ses yeux. De loin, j’observe Lou s’en aller, visiblement elle ne fait pas partie des membres de l’équipage aujourd’hui. « Tu vois… Tu n’as rien à craindre, Lou ne vient même pas ! » J’essaie d’ajouter une touche d’optimisme à la situation.

Les mains de Cassia se posent de part et d’autre de mon visage, ses doigts tremblants légèrement. « Toi aussi tu vas me manquer… » murmurai-je en écho à ses pensées. « Quand je reviens, je t’accompagne volontiers au cinéma. Je crois qu’il y a un nouveau film à l’eau de rose qui devrait te plaire, et ensuite je t’emmène dîner dans un sublime restaurant ! » J’espère que cette promesse d’un futur moment ensemble suffira à lui rendre son sourire. Elle se hisse sur la pointe des pieds, ses yeux ancrés dans les miens, des yeux que je connais par cœur. Ses lèvres se posent sur les miennes dans un baiser tendre et désespéré. Instinctivement, je ne parviens pas à m’empêcher de répondre à ce baiser, malgré notre présence en public. « Moi aussi… » soufflai-je en réponse, mes mots se perdant contre ses lèvres. Une dernière étreinte, je m’écarte, sentant le poids de la séparation qui approche. Je la regarde encore un instant, détaillant son visage. Puis, à contrecœur, je me tourne et rejoins l’équipage, un dernier geste de la main et je me retrouve à bord aux côtés de Clyde.

Contre toute attente, les conditions météorologiques du vol ne se révèlent pas aussi catastrophiques que prévu. Certes, piloter dans ces circonstances demande une vigilance de chaque instant, chaque turbulence testant mes réflexes et ma concentration. Pourtant, malgré les défis rencontrés, nous parvenons à atteindre notre destination sans encombre. Lorsque les roues touchent enfin la piste, un immense soulagement m’envahit, comme une vague de détente après une longue tension. En sortant de l’avion, je ressens une fatigue profonde, mais aussi une satisfaction personnelle d’avoir mené ce vol à bien.
Une fois dans ma chambre d’hôtel, l’envie de partager cette bonne nouvelle avec Cassia me pousse à agir sans tarder. J’attrape mon téléphone, prêt à l’appeler en visioconférence pour lui raconter notre atterrissage réussi.  Au moment où je m’apprête à composer son numéro, un e-mail apparaît sur l’écran. En le lisant, un soupir m’échappe : l’heure de mon vol retour a été modifiée. Ces changements de dernière minute m’agacent profondément, ajoutant une couche supplémentaire de stress à ma fatigue déjà palpable. Pourtant, je décide de mettre cette frustration de côté pour me concentrer sur l’essentiel : rassurer Cassia. La sonnerie retentit quelques instants avant que son visage endormi n’apparaisse à l’écran. Ses yeux sont encore embués de sommeil, et je réalise avec embarras l’heure qu’il est chez elle.  « Oh, excuse-moi ! » m’exclamai-je rapidement, sentant un rouge de culpabilité monter à mes joues. « Je voulais simplement te dire que j’ai bien atterri. » Je m’efforce de masquer ma gêne, conscient de l’avoir réveillée en pleine nuit. « Je suis vraiment désolé de t’avoir réveillée. Avec toutes ces péripéties, je n’ai pas prêté attention à l’heure. »

C’est le cœur lourd que je laisse Milo embarquer dans l’avion. J’avais beau avoir l’habitude de ce genre de au-revoir, c’était toujours difficile malgré tout. Je reste encore quelques minutes avant de me décider à quitter l’aéroport. Je pris directement le chemin de l’hôpital pour y commencer ma journée de travail. Bien que concentrée sur mes différentes tâches, je ne pouvais m’empêcher de penser à Milo. Dès que j’en avais l’occasion, je regardais mon téléphone portable afin de voir si j’avais des nouvelles. Mais rien, ni le matin, ni l’après-midi. En soit, ce n’était pas très inquiétant. Les heures de vols étaient nombreuses pour l’Europe. Je m’attendais à avoir des nouvelles dans la soirée.

En rentrant chez moi, je filai immédiatement sous la douche. Une pause détente bien méritée après ces longues heures de travail. Après avoir fais un peu de rangement, je décidai de cuisiner un peu. De quoi manger pour ce soir et demain midi. Après avoir tranquillement dîner, je m’installai sur le canapé devant un programme télévision quelconque. De temps en temps, mes yeux quittaient l’écran de télévision pour regarder sur mon téléphone. Toujours pas de nouvelles de Milo. Sentant le sommeil me gagner je décidai d’aller dans la chambre. J’avais résisté assez longtemps face au sommeil, souhaitant avoir des nouvelles de Milo avant de m’endormir, mais finalement j’avais rejoins les bras de Morphée.

La sonnerie de mon téléphone me sort de mon sommeil. Je ne mets pas longtemps à comprendre d’où provient la sonnerie. Je prend mon téléphone portable dans la main et voit le nom ainsi qu’une photographie de Milo s’afficher sur l’écran. Immédiatement j’allume la petite lampe de chevet et décroche pour prendre l’appel. « Milo !? Est-ce que tout va bien ? » J’étais surprise d’un appel à cette heure-ci. Le jeune homme s’excuse. Apparemment il n’avait pas fait attention à l’heure et il souhaitait simplement me dire qu’il avait bien atterri. Je suis soulagée de savoir que cet appel annonçait une bonne nouvelle, même si cela m’avait réveillé. « Ce n’est pas grave... » dis-je simplement un léger sourire aux lèvres. Je me redresse légèrement dans le lit « Tout va bien ? Est-ce que le vol s’est bien passé ? » demandai-je alors curieuse et soucieuse de savoir.

Fidèle à elle-même, Cassia me demande si tout va bien. Je ne peux m’empêcher de sourire en acquiesçant d’un simple signe de la tête. « Tu n’es pas encore débarrassé de moi ! Je compte bien revenir pour t’embêter comme j’en ai l’habitude ! » lui répondis-je en lui présentant brièvement ma chambre. « J’aurais préféré partager ma chambre avec toi… » lui confiai-je d’un ton un peu las. Puis je souris en voyant Cassia frotter doucement ses yeux. Malgré l'heure tardive et la fatigue qui pèse sur ses épaules, elle est toujours aussi adorable. « Tu sais, même quand je te réveille en pleine nuit, tu es toujours adorable, » lui dis-je en lui lançant un clin d’œil taquin. Elle sourit, ses yeux pétillant de malice malgré la fatigue. « Tout va bien ? Est-ce que le vol s’est bien passé ? » dit-elle, sa voix douce et pleine d'intérêt. Je prends une profonde inspiration avant de commencer mon récit. « Eh bien, c’était plutôt intense. À un moment donné, les turbulences étaient tellement fortes que j’ai cru que l’avion allait se disloquer en plein vol. On était secoués de tous les côtés, et il fallait garder un contrôle total sur les commandes. Je dois dire que c’était l’un des vols les plus difficiles que j’ai eu à piloter. On a réussi à traverser tout ceci sans encombre, mais je dois avouer que c'était vraiment stressant. » Je fais une pause, savourant la chaleur de son regard à travers l’écran. « Et puis, il y a eu un changement de dernière minute pour mon vol retour, » ajoutai-je, ma voix trahissant ma frustration. « Ils ont modifié l’itinéraire et l’horaire, donc je vais rentrer plus tard que prévu. »

Nous continuons à discuter un moment, Cassia posant des questions sur les détails de mon vol et moi essayant de la rassurer sur ma sécurité. Malgré la distance et l’heure tardive, sa voix et son sourire à l’autre bout de la ligne suffisent à dissiper mon stress.  « Bon, je vais te laisser te rendormir, et promis dans deux jours tu pourras t’endormir dans mes bras » dis-je finalement, sentant la fatigue m’envahir à mon tour. Une fois notre conversation terminée, je pose le téléphone sur la table de nuit, un sourire attendri sur les lèvres. Malgré la fatigue et les frustrations, savoir que Cassia est là, même à des milliers de kilomètres, me réconforte plus que tout. Je me laisse aller dans les draps de l’hôtel, l’image de son visage souriant gravée dans mon esprit.

Plongée dans mon sommeil, je suis réveillée par la sonnerie de mon téléphone portable. En voyant le nom de Milo s’afficher sur l’écran, je n’hésite pas une seule seconde et répond immédiatement. Bien qu’encore endormie, je prend l’appel. Je suis soulagée d’apprendre que le jeune homme m’appelait uniquement pour me dire qu’il avait bien atterri. Commet bien souvent, Milo plaisante. Ses paroles sont touchantes. Je ne peux m’empêcher de lui demander comment s’était passé le vol. Ce dernier l’avait inquiété avec ces changements de dernières minutes Milo est honnête et me relate avec les difficultés du vol. Mon cœur se serre en imaginant les difficultés qu’il avait pu rencontrer. Mais fort heureusement, tout s’était bien déroulé. « Je me doute que cela n’a pas du être évident en effet… Heureusement que tu es un pilote hors pair... » dis-je un léger sourire aux lèvres, bien contente que tout ceci soit terminé. « Je suis soulagée de te savoir arrivé là-bas... » avouai-je le plus sincèrement du monde. Milo m’annonce qu’il y avait encore eu un changement de dernière minute pour le vol retour cette fois-ci. « Encore ? Décidément... » Le pilote de ligne m’annonce qu’il allait rentrer plus tard que prévu. « Oh… D’accord... » Il n’y avait malheureusement rien à faire.

Nous continuons à discuter un moment, échangeant sur les détails de son vol. Comme toujours, Milo tente de me rassurer au mieux. Puis l’heure de raccrocher arrive. « J’ai hâte que tu rentres... » avouai-je. « Bonne nuit... » dis-je alors avant que l’appel ne se termine. Je dépose le téléphone portable et me recouche. Sereine malgré tout de savoir Milo bien arrivé.