Vingt minutes plus tard.
La sonnette de la porte d’entrée retentit dans tout l’appartement. Surprise, je me hâte d’aller ouvrir. J’étais certaine qu’il s’agissait de Milo, pensant qu’il avait finalement changé d’avis ou qu’il souhaitait tout simplement prolonger cette soirée. Andrew. La surprise est flagrante sur mon visage. « Andrew, mais qu’est-ce que tu fais là ? » A cet instant je me rend compte qu’il s’en était fallut de peu pour que les deux hommes se croisent. Et à cette simple pensée, l’angoisse me submerge. « Je n’ai pas le droit de venir te voir ? Je t’ai appelé à plusieurs reprises et je t’ai laissé je ne sais combien de message. Bon sang Cassia, tu sais que j’ai horreur quand tu ne réponds pas ! Je croyais que tu devais rentrer très tard, qu’est-ce que tu fais chez toi ? » Il entre alors dans l’appartement, et regarde tout autour de lui, comme si il cherchait quelque chose ou plutôt quelqu’un. « C’est le cas, je viens à peine de rentrer. » Je détestais mentir, mais je n’avais pas le choix. Si Andrew apprenait que je lui avait posé un lapin pour passer la soirée avec Milo, il ne prendrait très mal. Le regard de l’homme d’affaire se pose sur moi, cherchant la moindre faille dans mon regard, dans mon comportement. Il s’approche de moi et dépose un baiser sur mes lèvres. Baiser auquel je ne réponds pas. Le souvenir de celles de Milo étaient trop récentes et tellement plus agréable. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » me demande Andrew. Je fronce légèrement les sourcils « Tout va bien, pourquoi cette question ? » dis-je en tentant de me dégager de son étreinte. Un long soupire émane alors de sa bouche, mon corps se retrouve alors prisonnier entre le mur du salon et Andrew. Sa main attrape mon poignet, « Arrête de faire ça, s’il te plais arrête. Tu sais que ça me rend dingue… Je ne te demande pas grand-chose ! Simplement de me répondre et d’être présente pour moi. Tu sais bien que je t’aime ! » Son ton était étrangement calme mais autoritaire à la fois. Sa colère se traduisait dans son geste et dans l’intensité qu’il y portait. « Je le sais. Andrew, arrête s’il te plais. Tu me fais mal... » dis-je tout en masquant mon manque d’assurance face à cette situation. Aussitôt, il desserre son emprise « Excuse moi. Je me suis fait du souci c’est tout... » Une excuse, encore. Je ne réponds pas. « Demain, je passerai te prendre dès que tu auras terminé ta journée. On ira dîner en tête à tête. » Il déposer un baiser sur mes lèvres avant de quitter l’appartement.


Quelques jours plus tard.
J’avais eu le cœur lourd et l’esprit ailleurs toute la journée. C’est aujourd’hui que Milo devrait prendre l’avion pour New-York. Aujourd’hui que j’allai devoir assister à son envol, un envol qui allait me séparer de lui pour plusieurs mois. Je n’avais pas encore eu de nouvelles de lui aujourd’hui. J’avais donc l’intention de passer à son appartement. Une fois mon service terminé, je me hâte de me changer pour quitter l’établissement. Mais quelle ne fut pas ma surprise en voyant Milo dans le hall d’entrée. Un magnifique sourire se dessine sur mon visage. Mon cœur bat la chamade. Sa remarque me fait rire « Mais tu sais bien que si tu veux passer du temps avec moi, il te suffit simplement de me demander... » Je viens alors l’enlacer chaleureusement. « Je suis contente de te voir » Un aveu que j’avais besoin d’exprimer. Milo me fait une demande. « Pour toi, je suis toujours disponible. Et puis, j’avais de tout manière, bien l’intention de t’accompagner jusqu’à la porte d’embarquement... » Même si je savais pertinemment que ce moment serait douloureux, je tenais à être présente à son envol. Nous quittons alors, ensemble, le hall d’entrée de l’établissement pour rejoindre le parking où était garée ma voiture.

Un soupir s'échappe de mes lèvres, un mélange de soulagement et de bonheur à l'idée qu'elle m'accompagne jusqu'aux dernières limites de notre proximité géographique. Chaque seconde passée à ses côtés est précieuse, chaque sourire qu'elle me lance est un baume pour mon cœur qui s'apprête à affronter l'inconnu. La chaleur de sa main dans la mienne est un ancrage, me rappelant tout ce que je suis sur le point de quitter. Si seulement il m'était possible de la prendre avec moi, de l'emmener loin de tout, loin des complications et des déchirements de notre quotidien.

Assis à ses côtés dans le silence confortable de la voiture, je me perds dans l'admiration de son profil, capturant mentalement l'image de sa grâce, son sourire, la lueur dans ses yeux. « Tu m'as menti, Cassia... » Ma voix se veut sérieuse, mais un sourire trahit mon amusement. « Ton vrai métier, c'est d'être adorable ! » Un rire s'échappe entre nous, allégeant l'atmosphère chargée de non-dits et de craintes pour l'avenir.

Alors que Cassia conduit vers l'aéroport, chaque minute qui défile me rapproche inexorablement de ce départ que je redoute autant que je l'attends. Ces moments, si brefs et pourtant si intenses, sont nos derniers instants de complicité avant une séparation qui me semble déjà insupportable. La perspective de m'éloigner d'elle, de cette connexion unique qui nous unit, m'emplie d'un manque préemptif, d'une nostalgie pour des moments encore à vivre. Je réalise alors avec une acuité douloureuse combien Cassia est devenue essentielle à ma vie, combien son absence va creuser un vide immense dans mon quotidien. Chaque rire partagé, chaque échange, même le plus anodin, prend soudain une valeur inestimable, comme si je cherchais à graver dans ma mémoire chaque détail de son visage, chaque inflexion de sa voix, pour m'en nourrir pendant les mois à venir.

La route vers l'aéroport se transforme en un compte à rebours émotionnel, chaque kilomètre nous éloignant davantage de notre bulle de confort et de familiarité. L'idée de traverser des journées entières sans sa présence, sans nos discussions, sans la possibilité de la voir sur un coup de tête me pèse lourdement. J'anticipe déjà le manque, cette sensation d'arrachement, cette absence physique qui ne fera qu'exacerber le besoin viscéral que j'ai d'elle. Ces derniers instants ensemble sont agréables et amers, un mélange de gratitude pour ce temps partagé et d'une anxiété sourde à l'idée de cette séparation imminente. Comme si chaque battement de mon cœur comptait les secondes restantes avant cet au revoir inévitable. Et pourtant, malgré la tristesse qui s'annonce, je ne peux m'empêcher de chérir ces derniers moments, de les emballer soigneusement dans le tissu de ma mémoire, prêt à les déballer et à m'y réfugier dans les moments de solitude à venir.

Arrivés sur le parking de l'aéroport, le moment de dire au revoir se fait de plus en plus pressant, mais je ne peux m'empêcher de chercher à alléger l'atmosphère, à repousser la lourdeur de l'adieu avec une pointe d'humour. Je sors mon portefeuille d'un geste théâtral, feignant de chercher parmi mes cartes et mes billets, puis je me tourne vers Cassia avec un air faussement sérieux. « Alors, combien je te dois pour cette course VIP ? » je lance, mon regard pétillant de malice alors que je joue le client satisfait, prêt à régler sa facture. Le silence qui s'installe, juste un instant, est chargé d'une tension joyeuse, avant qu'un sourire ne vienne éclairer son visage, comprenant la plaisanterie derrière ma question. Le rire qui s'échappe de ses lèvres est une mélodie qui réchauffe mon cœur, un son que je souhaite emporter avec moi dans ce voyage. Je range mon portefeuille sans rien dire de plus, franchissant la distance qui nous sépare pour déposer un baiser tendre et prolongé sur sa joue, marquant ce moment d'une affection profonde et sincère, teintée d'une légèreté feinte.

Mon cœur se serre à l'idée de la laisser, mais je m'accroche à ce moment de rire partagé, à cette capacité que nous avons toujours eu de transformer les instants les plus ordinaires en souvenirs extraordinaires. C'est avec ce baiser, empreint de tendresse et de plaisanterie, que je veux sceller notre au revoir, lui laissant un avant-goût de tous les moments que nous partagerons à mon retour, une promesse silencieuse que, peu importe la distance, notre connexion reste inaltérable.

Mes sentiments étaient mitigés. J’étais à la fois très heureuse, comme toujours, de voir Milo. Mais je savais que cette entrevue était synonyme de départ. Bien qu’attristée, j’étais vraiment contente que Milo ait pensé à moi pour l’accompagner à l’aéroport. C’était un véritable honneur qu’il me faisait, d’être la personne qui le menait à destination, d’être la dernière personne qu’il verrait avant d’embarquer. Nous ne traînons pas davantage dans le hall d’entrée, il ne serait pas opportun de se mettre en retard. Une fois dans la voiture, je prends la direction de l’aéroport. Milo perturbe ma concentration en évoquant un mensonge. Je tourne le visage vers lui et, je comprends en voyant son sourire qu’il s’apprête à plaisanter. Et cela ne manque pas, un doux rire émane de ma bouche. « Oh, je ne te l’avais pas dit !? » dis-je en rentrant dans son petit jeu à mon tour.

Le trajet jusqu’à l’aéroport se passe bien. Il n’y a pas de tension entre nous, tout est naturel, comme à notre habitude. Toutefois, à plus nous approchons de la destination, à plus je sens mon cœur se serrer. C’est comme si la réalité de ce qui m’attendait pour les prochains mois me frappaient violemment de plein fouet. Plus de visite surprise, plus de discussion à rallonge, et surtout une absence physique et émotionnelle. Une fois arrivés sur le parking de l’aéroport, nous descendons de la voiture. Milo sort alors son portefeuille tout en me demandant combien il me devait pour la course. Cela aussi ça allait cruellement me manquer. Cette manière qu’il avait de dédramatiser les situations avec son humour. « H’m… étant donné que tu es très mignon, je te fait crédit pour cette fois... » dis-je en plaisantant à mon tour. Et avant de pénétrer dans l’immense bâtiment je profite de ce chaste baiser amical qu’il m’offre.

Une fois à l’intérieur de l’aéroport, j’ai l’impression de pénétrer dans une véritable fourmilière tant les allers retours des nombreuses personnes autour de nous étaient omniprésents. Je suis Milo, après tout il est dans son élément ici et il sait avec exactitude où il doit aller. Le pilote de ligne fait enregistrer ses derniers bagages et nous nous installons ensuite devant la porte d’embarquement. Les passagers sont rapidement appelés à embraquer. C’était l’heure. Mon myocarde battait plus vite que la normale. Je sentais mon corps fébrile. Mon regard se plonge dans celui de Milo, je pouvais sentir mes yeux s’humidifier légèrement. Je viens alors l’enlacer tendrement et chaleureusement. Profitant au maximum de cette proximité  « Pense à m’envoyer un message dès que tu es arrivé, d’accord ? » Je tentais comme je pouvais de cacher mon émotion mais c’était peine perdue. On pouvait très bien entendre au son de ma voix que j’avais la gorgée nouée. « Et surtout, promets moi de faire très attention à toi... » Le simple fait de savoir que je ne pourrai plus constater par moi même du bien être de Milo m’angoissait profondément. « Tu vas énormément me manquer Milo » dis-je dans un léger murmure alors que mon visage est niché au creux de son cou, ma voix  entrecoupée d’un léger sanglot.

Feignant une profonde déception face à sa réponse, mon expression se teinte d'une fausse gravité, soulignant l'absurdité de notre échange avec une pointe d'humour piquante. « Vraiment, Cassia ? Un simple crédit ? » je m'exclame, les yeux brillants d'un amusement non dissimulé. « J'étais presque sûr que tu allais opter pour un paiement en nature ! » L'air entre nous se charge alors d'une familiarité joyeuse, de ces petits riens qui tissent les liens les plus solides. Notre complicité, unique et précieuse, se dresse comme un rempart contre la mélancolie de la séparation. Qui, à part elle, saurait répondre avec tant d'aisance à mes plaisanteries ? Andrew, avec sa gravité, ne saurait rivaliser, et Erin, malgré ses charmes, ne partage pas cette intimité taquine qui nous unit. Cassia, avec sa répartie et son sourire, parvient toujours à transformer les moments les plus banals en pépites de bonheur, me rappelant combien chaque instant passé à ses côtés est irremplaçable. Cette légèreté, cet échange de taquineries, est bien plus qu'un simple divertissement : c'est le ciment de notre relation, une danse de mots et de regards qui nous lie profondément. Derrière la plaisanterie, se cache l'expression d'un manque déjà palpable, l'anticipation d'un silence qui pèsera lourd dans mon quotidien. Qui, dans mon absence, prendra soin d'elle avec autant d'affection déguisée en moquerie ? L'idée qu'elle puisse manquer de cette légèreté me serre le cœur, alimentant un désir plus profond de la protéger, même de loin.

Dans ce dernier échange d'humour et de complicité, je cherche à laisser une empreinte de notre lien, un souvenir heureux pour elle comme pour moi, avant de franchir le seuil de cet aéroport. Un rappel que, malgré les kilomètres qui nous sépareront, notre connexion reste indéfectible, teintée de cette affection unique qui défie la distance et le temps.

La structure imposante de l'aéroport, avec sa verrière spectaculaire, me plonge dans un monde familier, un ballet incessant de voyageurs et de professionnels de l'aviation. L'effervescence qui règne ici est presque palpable, avec ses hôtesses de l'air et stewards arborant les couleurs de diverses compagnies aériennes, tous pressés vers leurs destinations. Je m'avance vers le comptoir, les procédures d'enregistrement des bagages s'effectuant dans un ballet routinier, mais mes pensées sont ailleurs, captivées par la présence de Cassia à mes côtés. Je sens son inquiétude, une tension subtile qui émane d'elle face à l'imminence de notre séparation. Tandis que l'hôtesse s'affaire à finaliser mon enregistrement, je ne peux m'empêcher de chercher du réconfort dans le regard de Cassia, espérant apaiser ses craintes. Une fois libéré des formalités, instinctivement, ma main trouve la sienne, entrelaçant nos doigts dans un geste tendre et rassurant. C'est une promesse silencieuse, un lien qui persiste au-delà des mots, un rappel de notre connexion indéfectible. Ce simple contact semble suspendre le temps, nous isolant dans notre bulle au milieu du chaos environnant. Mon geste se veut rassurant, une tentative de communiquer tout ce que les mots ne peuvent exprimer : l'assurance de mon retour, la promesse de pensées constantes malgré la distance, et l'espoir d'un avenir où ces adieux ne seront plus nécessaires.

La marche vers le terminal, chaque pas nous rapprochant inexorablement de la porte d'embarquement, me serre le cœur avec une intensité croissante. L'annonce des voyageurs résonne, une interruption brusque dans notre intimité fragile, soulignant l'imminence de notre séparation. Chaque instant partagé, chaque geste, chaque mot échangé devient un trésor que je garde précieusement, conscient de la distance qui va bientôt nous séparer.

« Promis, je t'envoie un message dès mon atterrissage » murmurais-je en tentant d'injecter une note d'assurance dans ma voix. « Si tu as besoin de moi, n'oublie jamais que je ne suis qu'à une distance de vol. » Un euphémisme, peut-être, mais dans mon cœur, il n'y a aucune distance qui puisse réellement nous séparer. Cherchant à alléger l'atmosphère lourde de notre adieu, je plaisante sur une note plus légère « Je vais m'inscrire à un club de tir et acheter une arme. À mon retour, j'aurais peut-être une nouvelle compétence à te montrer... sur une cible humaine, bien entendu. » Une tentative maladroite pour dessiner un sourire sur ses lèvres. « S'il te plaît, ne pleure pas » la voix étreinte par l'émotion. « Je te promets, ce n'est qu'un au revoir temporaire. Je reviens vite. » La perspective d'un départ vers un endroit plus lointain aurait pu rendre cet instant encore plus insupportable.  Dans un dernier élan, je lui rappelle notre lien indéfectible « N'oublie jamais, Cassia, que tu es la future Madame Davis. Toi, et personne d'autre. » Ces mots, prononcés avec une conviction profonde, sont ma promesse, un engagement silencieux à revenir vers elle, à surmonter les épreuves du temps et de la distance, car dans mon cœur, elle occupe la place la plus précieuse.

L’heure d’embarquer à bord de l’avion qui allait le conduire tout droit à New-York était arrivée pour Milo. Ainsi l’heure des au-revoirs avait sonné également. A mon plus grand désarroi. Pendant ces quelques jours j’avais bien tenté de me préparer à ce départ mais en vain. Rien ni personne ne pouvait me consoler face au départ de mon meilleur ami. Alors avant qu’il n’embarque, je lui demande de m’avertir dès qu’il atterrira dans la Grosse Pomme. Milo me promet de le faire, un minime soulagement mais un soulagement quand même. Je lui fait également promettre de bien faire attention à lui. Le pilote de ligne tente de me rassurer, de relativiser la distance qui allait nous séparer. Je trouvais cela vraiment adorable de sa part. « Je le sais…. » Et fort heureusement nous pourrions toujours communiquer par téléphone ou autres nouvelles technologies. Cherchant sans doute à atténuer toutes ces fortes émotions qui nous submergeaient tous les deux, Milo lance une plaisanterie quand à une future potentielle inscription dans un club de tir. Son allusion est des plus claire. Je lève les yeux au ciel amusée par ses propos. « Tu ne t’arrêtes donc jamais... » dis-je en riant légèrement malgré tout.  

Je peine à contenir les sanglots dans ma voix. J’avais conscience que de voir partir Milo allait être difficile. Mais ce que nous vivions à, j’étais très loin d’imaginer que ce serait aussi difficile. Milo me demande de ne pas pleurer. Si seulement ça pouvait être aussi simple. Mon meilleur ami me promet que tout ceci n’est qu’un au revoir temporaire, qu’il allait vite revenir. J’ acquiesce d’un léger signe de tête. « Je sais, mais malgré tout le temps sans toi va me paraître une éternité... » Puis Milo me demande de ne jamais oublier que j’étais la future madame Davis. Je souris, touchée par ses mots. D’un léger signe du doigt, je point mon cœur « C’est gravé ici... » dis-je la voix remplie d’émotion mais surtout de sincérité. Non je n’oubliais pas. Jamais.

Après une dernière étreinte, il est temps de laisser partir Milo. Mais alors qu’il s’apprêtait à avancer ma main se pose sur son bras pour le retenir « Milo, attends... » Il me faisait à présent face. Mon regard plongé dans le sien. Je suis hésitante, mais finalement je me lance « S’il te plaît… embrasse moi » Une demande particulière quant on repense que nous avions mis les choses au clair la dernière fois. Mais je savais que l’occasion ne se représenterait pas de si tôt. J’avais besoin de ce dernier contact entre nous.

Les passagers s'alignent, un flux continu de silhouettes anonymes qui avancent vers leur propre destin, ignorant la déchirure silencieuse qui se joue en moi. Chaque pas qu'ils font résonne comme le tic-tac d'une horloge, décomptant les secondes qui me séparent inéluctablement de Cassia. Dans le secret de mon cœur, je nourris l'espoir futile d'un retard, un caprice du destin qui nous accorderait quelques précieux instants supplémentaires. Un problème technique, une anomalie quelconque, n'importe quelle excuse pour retarder l'inévitable.

Alors que je m'apprête, le cœur lourd, à rejoindre cette file d'attente qui m'éloignera d'elle, la main de Cassia se serre autour de la mienne, une ancre fragile dans la tempête de nos adieux. Je me retourne vers elle, et c'est dans ses yeux que je lis toute la tristesse de ce moment, un miroir de ma propre souffrance. Ce départ me brise l'âme, me lacère de l'intérieur avec une intensité que j'aurais voulu pouvoir dissimuler. Certes, cette séparation est temporaire, un simple interlude dans le grand schéma de notre histoire, mais elle pèse sur moi avec la lourdeur d'une éternité.

Les adieux ne sont jamais faciles, mais celui-ci porte en lui une douleur particulière, car il est le témoin silencieux de l'amour indéniable qui nous unit, un amour qui, malgré la distance, refuse de s'effacer. Chaque seconde qui passe nous rapproche du moment où nos mains devront se lâcher, où nos chemins devront se séparer, laissant derrière nous le silence et le vide de l'absence. Cette pensée, lourde de conséquences, étreint mon cœur d'une tristesse infinie, rendant ce départ non seulement douloureux mais insupportablement triste, une cicatrice gravée dans le marbre de notre histoire partagée.

« Ne pleure pas, s'il te plaît...Cassia… » répétais-je de nouveau. Mes mots peinent à franchir le barrage de mes propres émotions, tandis que je lutte contre l'urgence de mes sentiments. Ce départ, cet éloignement forcé, éveille en moi une réalisation amère : aucune autre présence, aucune autre rencontre, quelle que soit sa beauté ou son charme, ne saura combler le vide que son absence laissera dans mon existence. Elle est irremplaçable, unique, l'essence même de ce qui donne un sens à ma vie. Et tandis que je la contemple, luttant contre la marée montante de mes propres larmes, je comprends que chaque seconde passée loin d'elle sera une éternité de manque, un vide que rien ni personne ne pourra jamais combler.

Sa demande résonne dans l'air, attendue et pourtant chargée d'une émotion brute qui me coupe le souffle. Cet ultime baiser, nos lèvres qui se retrouvent dans un doux affrontement, parle d'un adieu que mon cœur refuse d'entendre. C'est un moment suspendu, où le temps semble s'arrêter, capturant l'essence même de notre relation dans la tendresse de ce contact. Ce baiser n'est pas un simple geste d'adieu; il est une confession silencieuse, un mélange complexe de douleur, d'espoir et de regret. Mes lèvres contre les siennes, je cherche à graver dans ma mémoire chaque sensation, chaque frémissement qui parcourt mon corps, comme si je pouvais ainsi emporter une part d'elle avec moi. C'est un baiser empreint de tout ce que nous avons partagé, de chaque rire, de chaque dispute, de chaque moment de complicité et de tendresse.

Alors que nos lèvres se séparent, un voile de mélancolie enveloppe mon âme. Ce n'est pas seulement un adieu à elle, à nous, mais à une partie de moi-même que je laisse derrière. Ce baiser, si plein de promesses non tenues et de chemins non explorés, me marque de son empreinte indélébile. Il est le symbole de ce qui aurait pu être, un souvenir poignant de la douceur et de la complexité de nos sentiments l'un pour l'autre.
A travers cet échange, il y a une intensité qui transcende les mots, un langage secret qui ne nous appartient qu'à nous deux. C'est un adieu qui porte en lui la douleur de la séparation et la beauté des souvenirs partagés, un mélange d'amour et de perte si puissant qu'il me laisse ébranlé, conscient que, peu importe où la vie me mène, une partie de mon cœur restera toujours avec elle.

Le moment tant redouté du départ était là. Mon cœur est lourd, l’émotion est intense. Je retiens mes larmes, pour Milo. Car il me le demande et je sais pertinemment que de me voir ainsi, cela le fait souffrir. Et je refuse, quelque soit la raison ou le moyen, de faire souffrir mon meilleur ami. Milo se tourne afin d’avancer vers la porte d’embarquement. D’un geste incontrôlé, ma main vient attraper la sienne pour l’arrêter dans son élan. Avant qu’il ne disparaisse de ma vue, j’avais une demande toute particulière. J’avais conscience que cela enfreignait les limites que nous avions posés. Mais de ce baiser, de ce dernier baiser, j’en avais réellement besoin. Etait-ce sans dans doute pour avoir un consolation vis à vis de ce départ qui clairement ma lacérait le cœur ou alors pour avoir un agréable souvenir qui resterait gravé et m’aiderait à tenir le coup pour les longues semaines à venir. Un bel au-revoir, digne de ce nom. Qu’importe. Les lèvres de Milo viennent alors se poser sur les miennes. Des frissons dans tous les corps, des papillons dans le ventre, cette sensation est tout simplement divine. Je prolonge tendrement cet échange alors que mes mains viennent se poser délicatement sur son visage, caressant ce dernier de mes pouces. Cet instant je voulais l’immortaliser, faire en sorte de m’en souvenir le plus longtemps possible. Ce baiser, ce n’est pas qu’un simple geste. Ce baiser traduit silencieusement nos pensées les plus intimes, les mots que, sans doute, nous n’osions pas dire.

Nos lèvres se séparent, me ramenant alors à la triste réalité. Milo devait partir à présent. Et je n’ai d’autre choix que de regarder mon meilleur ami passer la porte d’embarquement. Il se retourne une ultime fois. Un dernier regard, un dernier sourire, un dernier signe de main. Et le voilà, maintenant, parti. Milo n’était plus là, je laisser quelque larmes couler. Je tente de me reprendre rapidement avant de prendre la direction de la sortie de l’aéroport.