Milo avait suggérer de se rendre à l’hôpital. Mais je ne souhaitais en aucun cas le laisser seul ici même l’instant d’une minute. Alors j’avais décidé d’appeler les secours. Personne ne pouvait rester ainsi, que ce soit Amy ou Milo. Je m’assure que Milo n’est rien d’autre, et surtout je m’inquiète pour son dos que je sais déjà bien fragile. Sans surprise, Milo me demande de ne pas m’inquiéter ajoutant qu’il était entre de bonnes mains. « Oui, je t’assure que tout va bien pour moi. » le rassurai-je immédiatement après sa question. Les secours que j’avais appelé quelques minutes plus tôt étaient arrivés assez rapidement. Organisés et efficaces comme toujours, les membres de l’ambulance avaient pris en charge tout le monde. Je les laissais donc faire, restant malgré tout aux côté de Milo afin d’être certaine que tout allait bien. Un des médecins s’occupait de Milo, je restais attentive à tout ce qu’il pouvait dire. Apparemment tout allait bien. Il fallait malgré tout surveiller l’apparition de nouveaux symptômes et qu’il se repose. Après avoir été examiné, Milo se lève et se tourne vers moi, sa remarque me fait sourire et je me délecte du tendre baiser qu’il vient déposer sur mon front. Finalement Amy et son mari sont emmenés à l’hôpital. En plus d’être violent, ce dernier était apparemment bien alcoolisé, quant à Amy j’avais glissé à l’oreille d’un médecin qu’elle avait été frappé par son conjoint, il avait donc décidé de lui faire passer des examens supplémentaires.

A présent seuls et sans nul doute un peu retournés par ce qui venait de se passer. Milo me demande si je souhaitais rentrer ou bien continuer la soirée comme convenue. « Tu as entendu le médecin, non ? Du repos, du repos, du repos... » dis-je lui adressant un léger sourire. Je viens naturellement me blottir doucement contre lui « Même si je n’ai pas envie d’écourter cette soirée, il est sans doute préférable que l’on rentre… On peut s’arrêter au traiteur italien pas très loin de chez moi et dîner ensuite à l’appartement. » La décision prise, nous retournons alors à la voiture. Je prends le volant afin de nous rendre d’abord au traiteur afin d’acheter quelques plats typiques : arancini,  focaccia, et un plat de pâtes fraîches. Le retour à l’appartement en voiture est ensuite très rapide. Une fois rentrés, je dépose les plats sur la table de la cuisine. Je viens ensuite sortir une poche de glace du congélateur et invite Milo à venir prendre place sur le canapé. « Tiens, mets ça sur ton nez...Et repose toi. » dis-je en lui donnant la poche de glace avant de déposer un tendre baiser sur sa joue. Je viens ensuite sortir les différents mets que nous avions achetés quelques minutes plutôt, et pour plus de pratique et de confort pour Milo je viens les déposer sur la petite table basse ainsi que des couverts. Ce ne serait pas digne d’un bon repas dans un restaurant mais le plus important c’est que nous étions tous les deux.

Sans surprise Cassia me rappelle les paroles du médecin. Un sourire me gagne alors que je sais qu’elle a raison.  « Du repos… » répétai-je en l’observant avant de lui voler un baiser. Elle se blottit contre moi, je sens son petit corps contre le mien. Elle est là, près de moi et c’est tout ce qui compte. Fatigué et encore légèrement désorienté par les événements de la soirée, je laisse Cassia prendre le volant. Dans mon état, il est nettement plus prudent qu'elle conduise. Tandis que nous quittons le lieu de l'incident, Cassia garde un œil attentif sur moi, veillant à ce que je sois aussi confortable que possible dans le siège passager. Malgré la douleur et la fatigue, je me sens en sécurité avec elle au volant. En cours de route, Cassia fait un détour imprévu, s'arrêtant devant un traiteur italien dont les arômes de cuisine maison s'échappent jusque dans la rue. Je hoche la tête, appréciant sa prévenance, et reste dans la voiture pendant qu'elle entre dans la boutique. À travers la vitre, je l'observe choisir avec soin nos plats. Elle revient quelques minutes plus tard, les bras chargés d'arancini croustillants, de focaccia parfumée, et d'un plat de pâtes fraîches, promettant un repas réconfortant. L'odeur alléchante des mets italiens remplit rapidement l'habitacle de la voiture, un petit baume pour mon esprit fatigué.

Nous reprenons la route vers son appartement, le trajet se déroulant en silence, la ville nocturne glissant à côté de nous. Arrivés chez elle, je me laisse tomber avec soulagement sur le canapé, sentant chaque muscle de mon corps crier pour un peu de repos. Cassia disparaît brièvement dans la cuisine avant de revenir avec une poche de glace. Elle me la tend avec douceur, et je l'applique d'abord sur mon nez endolori, la froideur piquante de la glace contrastant avec la chaleur de mon visage. Après quelques instants, je déplace la poche à l'arrière de ma tête, essayant de calmer la douleur lancinante qui y résonne. Cassia s'assoit à côté de moi, sa présence à elle seule est un immense réconfort.  Après avoir savouré le repas réconfortant acheté par Cassia, nous prenons un moment pour nous détendre sur le canapé, échangeant des pensées sur la soirée étrange et tumultueuse que nous avons vécue. Les arancini et la focaccia, suivis des pâtes fraîches, apportent un semblant de normalité et de bien-être après les tensions

Plus tard dans la soirée, alors que la fatigue commence vraiment à s'installer, nous décidons qu'il est temps de nous coucher. Je me sens épuisé, non seulement par les émotions de la journée mais aussi par la douleur physique qui ne m'a pas vraiment quitté.  Cependant, dès que je me glisse dans le lit et tente de m'allonger sur le dos, une douleur aiguë me transperce soudainement. Le choc est si intense que je ne peux retenir un cri de douleur qui s'échappe de mes lèvres, brisant le calme de la nuit. « Aïe ! » dis-je en grimaçant, la douleur irradiant de mon dos à travers mon corps. Après quelques essais infructueux je me rends compte que dormir sur le dos semble impossible. Les deux seules solutions demeurent : sur le ventre ou sur le côté. Toutefois dormir dans ces positions augmente inévitablement mes chances de ronfler, un problème mineur en comparaison de la douleur, mais tout de même gênant, surtout pour Cassia qui a besoin de repos après une journée aussi éprouvante. Alors que je m'installe tant bien que mal sur le côté, l'idée de perturber le sommeil de Cassia me tracasse. « Cassia… » dis-je avec une pointe d'hésitation dans la voix, « Je pense que je vais ronfler pas mal dans cette position. Je ne veux pas ruiner ta nuit de sommeil après tout ce que tu as fait aujourd'hui. Peut-être que je devrais dormir sur le canapé, aisni  tu n'auras pas à supporter cela. »

Nous étions à présent rentrés à l’appartement, j’avais invité Milo à prendre place confortablement sur le canapé tout en lui donnant une poche de glace pour soulager la douleur à son nez et aussi éviter un potentiel hématome trop grand le lendemain. C’était peu de chose, malheureusement il n’y avait pas plus à faire. J’avais ensuite rapidement installé de quoi dîner sur la petite table basse du salon. C’était un dîner improvisé mais qu’importe, l’essentiel c’est que Milo aille bien et que nous soyons tous les deux. Nous dégustons donc les plats que j’avais acheté au traiteur italien tout en reparlant de la journée passée mais aussi et surtout de la scène à laquelle nous avions assisté tout à l’heure. Je ne pouvais pas m’empêcher bien évidemment de repenser à cette jeune femme, Amy. Milo m’apprends que c’est cette même jeune femme qui l’avait croisé il y a quelques temps dans le supermarché du coin, cette femme qui n’avait pas de quoi s’acheter une certaine marque de protection hygiénique car son mari ne se sentait pas concerné par cela et qu’il avait en plus tendance à dépenser leur argent dans des soirées entre copains. Tout ce que j’espérais, c’est qu’elle aille vite mieux. Et qu’elle se décide à prendre le dessus sur son mari et à le quitter.

En soirée, la fatigue commence à prendre le dessus. Je débarrasse donc rapidement le salon et la cuisine et nous nous dirigeons vers la chambre à coucher. Je prends un court instant à la salle de bain pour enfiler ma nuisette, tenue pour la nuit, et me rafraîchir un peu. Alors que j’arrivais dans la chambre j’entends Milo crier de douleur. Je sursaute même légèrement par ce bruit inattendu, inquiète mon regard se pose sur lui « Ça ne va pas !? » demandai-je alors en me glissant près de lui. Milo ne semblait pas savoir comment se positionner. Le jeune homme m’annonce alors que la position dans laquelle il allait devoir dormir allait sans nul doute le faire ronfler et ainsi perturber mon sommeil de cette nuit. « Milo, il n’est pas question que tu ailles dormir sur le canapé cette nuit, surtout si ton dos te fait souffrir autant... » Le voir ainsi souffrir m’était difficilement supportable. « Je vais aller dormir sur le canapé, il est bien assez grand pour moi et puis je dois me lever très tôt demain, au moins tu ne seras pas réveillé par le réveil... Et c’est non négociable Milo… » Je m’approche de lui, passant une main délicate dans ses cheveux « Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour toi ? Tu souhaites prendre un antidouleur peut-être ? » demandai-je soucieuse qu’il ait tout ce qu’il fallait pour qu’il puisse aller mieux.

La douleur dans le bas de mon dos est persistante et cruelle, une sensation continue qui évolue en une série d'élancements aigus chaque fois que je fais un mauvais mouvement. Elle se manifeste comme une tension sourde, un poids constant qui semble comprimer mes lombaires, me rappelant sans cesse sa présence. Cette douleur, à la fois lancinante et brûlante, s'intensifie lorsque je tente de changer de position, se déployant en une onde qui irradie à travers toute la région pelvienne. Lorsque je suis immobile, la douleur se transforme en un bourdonnement bas, presque comme si les muscles du bas de mon dos étaient enroulés serrés autour de mes os, tirant avec une pression incessante. C'est un malaise qui semble s'enfoncer plus profondément dans le tissu musculaire, créant une raideur qui limite mes mouvements et réduit ma flexibilité. Chaque tentative pour étirer ou détendre la zone se heurte à une résistance douloureuse, comme si les muscles refusaient de céder à la nécessité de mouvement.

Je sais d’ores et déjà ce que cette nuit me réserve. J’ai l’habitude… La nuit, cette douleur se fera plus insidieuse, se glissant dans mes rêves et perturbant mon sommeil. Chaque rotation ou ajustement, même mineur, réveillera certainement une douleur aiguë qui chasse le sommeil, me laissant éveillé et frustré. La douleur s'accompagnera parfois de picotements ou de sensations de chaleur, ajoutant une dimension supplémentaire à l'inconfort. Essayer de trouver une position confortable pour dormir deviendra un défi, chaque petite adaptation de ma posture provoquant une réaction douloureuse qui me font craindre le moment de me retourner ou de me lever. Demain je me réveillerai plus fatigué qu'au coucher, la douleur ayant sapé une partie de l'énergie que le repos aurait dû restaurer.

La frustration se lit clairement sur mon visage alors que Cassia, avec une fermeté bienveillante, insistait sur la nécessité de préserver ma santé avant tout. « Ah parce qu’en plus de souffrir le martyr, je ne peux pas dormir avec toi ? » je la questionne, une pointe d'ironie teintant ma voix malgré la douleur qui tord mon bas du dos. Elle a décrété qu'il n'y avait même pas lieu de négocier, affirmant qu'il est plus sage que je prenne toute la place nécessaire pour trouver une position moins douloureuse pour dormir.  « Tu veux vraiment me faire souffrir jusqu’au bout… » grognai-je, à moitié sérieux, à moitié amusé par notre petit jeu de fausse querelle. Cassia s’approche, un sourire compatissant esquissé sur ses lèvres, prête à m'aider à m'installer confortablement. Le sérieux de la situation, mêlé à notre interaction légère, créait une atmosphère douce-amère. « Merci… Cela devrait aller…, ne t'inquiète pas... » dis-je d'abord, essayant de lui assurer que la douleur était gérable, ne voulant pas l'inquiéter outre mesure. « C’est supportable… » ajoutai-je, forçant un sourire courageux. Mais après un moment, l'honnêteté me rattrapa, et avec un soupir lourd, je laissai échapper. « Enfin, plus que le fait de ne pas pouvoir dormir avec toi… » Mon ton était plus boudeur, révélant le véritable désappointement de la situation. Non sans peine, je me déplace sur le lit pour m’allonger sur le côté, cherchant la moins pénible des positions. Une fois installé, je lui tourne, dos à elle, mon expression traduisant une insatisfaction profonde. L’idée de passer la nuit sans sentir sa proximité immédiate, sans partager le même espace de repos que la personne qui me procurait le plus de confort, pesait lourdement sur mon cœur.

La tension de la soirée semble s'accrocher à mes épaules alors que je me rappelle une obligation imminente, ajoutant une couche supplémentaire de stress à ma situation déjà éprouvante. « En plus, je dois me lever tôt demain matin aussi… Je dois rentrer à New-York… » dis-je, ma voix trahissant une frustration croissante. La perspective de ce voyage, nécessaire mais mal tombée, alourdissait mon humeur déjà sombre. Le poids de ces mots flottait dans l'air, tandis que je me tournais légèrement pour voir la réaction de Cassia. Mon expression boudeuse ne laissait aucun doute sur mon mécontentement non seulement de la douleur mais aussi de la perturbation de nos plans et de la nécessité de ce retour à New-York.

Au moment de rejoindre le lit pour commencer une nuit plus que méritée, Milo semble beaucoup souffrir au niveau de son dos. Il souhaite s’installer sur le canapé anticipant des ronflements certains dus à une position inhabituelle pour dormir. Je refuse fermement. Si justement Milo avait mal au dos il devait être installé le plus confortablement possible et donc dans le lit et non sur le canapé. Le jeune homme tente malgré la douleur de plaisanter un peu sur le fait que en plus de souffrir il ne pourrait pas dormir avec moi. « Très amusant… Tu sais que j’ai très envie de rester ici avec toi mais je n’ai pas envie de prendre le risque de bouger, de faire un faux mouvement et de te faire mal davantage... » dis-je tout de même attristée de le voir souffrir de la sorte. D’ailleurs je propose à Milo un antidouleur pour tenter de l’aider à apaiser la douleur et ainsi peut être, trouver le sommeil plus facilement. Le jeune homme refuse ma proposition me disant que ça devrait aller et qu’il ne fallait pas que je m’inquiète. « Supportable … ? Excuse moi mais j’ai un peu de mal à te croire... » dis-je soucieuse de le voir ainsi. Mais pour alléger l’atmosphère Milo remet en avant le fait que nous en dormirons pas ensemble ce soir. J’observe Milo s’installer sur le côté, difficilement, dos à moi. Mais c’est qu’il ronchonnerait presque. Milo m’annonce ensuite qu’il devait se lever tôt demain matin pour rentrer à New-York. Son visage se tourne légèrement vers moi, je ne peux cacher ma surprise « Tu plaisantes !? Milo… il n’est pas question que tu ailles où que ce soit dans cet état là... » Je m’approche de lui, doucement, ma main passant dans ses cheveux puis dans sa nuque pour essayer de le détendre un peu mais aussi de le résonner. « La voiture n’est pas envisageable, tu ne peux pas conduire ainsi. Et l’avion n’est pas envisageable non plus, tu te vois vraiment rester assis pendant plusieurs heures dans cet état… ? » Je viens déposer un doux baiser sur ses lèvres. « Tu devrais plutôt appeler ton médecin demain matin... » lui conseillai-je d’une voix douce. Et sur ces mots, je viens m'installer près de lui, lui massant délicatement la nuque et les épaules pour essayer de faire sortir un maximum de tension accumulée. Je n'osais pas réellement toucher son dos de peur de lui faire mal, c'était assez délicat comme situation et je ne voulais pas risquer de le faire souffrir davantage.

Cassia, avec sa clairvoyance habituelle, semble toujours savoir quel est le meilleur cours d'action, même dans les situations les plus chaotiques. Il est indéniable que parmi nous deux, c'est elle qui se montre constamment la plus sage et la plus réfléchie. Alors que je lutte avec mon inconfort et ma déception, je me retrouve une fois de plus confronté à la réalité incontournable de son pragmatisme. Chaque fois que nous discutons, ses arguments sont pondérés et solidement ancrés dans une logique que même ma frustration ne peut nier. Et, pour compliquer encore les choses, elle voit clair dans mon jeu. Ma tentative de minimiser ma douleur, de prétendre qu'elle est « supportable », échoue lamentablement à la tromper. Cassia me connaît trop bien, percevant les nuances dans ma voix, les inflexions subtiles qui trahissent ma véritable condition. Je pousse un long soupir, résigné et un peu admiratif de sa perspicacité. Je suis contraint d'admettre, non sans une certaine réticence, que Cassia a, encore une fois, raison. Mon regard se pose sur elle, mélange de faux reproche et de tendresse véritable. « Tu sais que c’est très énervant lorsque tu as raison, » dis-je, la taquinerie évidente dans ma voix, essayant de détendre l'atmosphère avec un peu d'humour.

Quand j'évoque l'idée de reprendre la route pour New York dès l'aube, je le fais avec une pointe d'optimisme teintée de déni sur l'état réel de ma condition. Cassia, cependant, ne partage ni mon optimisme ni mon déni. Sa réaction est immédiate et empreinte de cette sagesse réaliste qui la caractérise. « Tu plaisantes !? Milo… il n’est pas question que tu ailles où que ce soit dans cet état là... » Son ton montre son inquiétude et son désaccord face à mon plan irréfléchi. Elle s’approche avec douceur, et sa main trouve naturellement sa place dans mes cheveux, glissant ensuite jusqu'à ma nuque, un geste réconfortant qui a toujours su apaiser mes inquiétudes. « La voiture n’est pas envisageable, tu ne peux pas conduire ainsi. Et l’avion n’est pas envisageable non plus, tu te vois vraiment rester assis pendant plusieurs heures dans cet état… ? » Sa logique est irréfutable, et je me rends compte du risque que représenterait un tel voyage dans mon état actuel. Elle marque une pause, permettant à ses mots de faire leur effet, puis elle dépose un baiser doux sur mes lèvres, scellant ses conseils avec une tendresse qui me rappelle combien elle se soucie de moi. « Tu devrais plutôt appeler ton médecin demain matin... » ajoute-t-elle, comme pour renforcer l'importance de prendre soin de ma santé avant toute autre considération.

La douceur de ses gestes crée une atmosphère de paix, et sous la caresse de ses doigts délicats, la tension dans ma nuque et mes épaules commence à se dissiper. Alors que je m’allonge sur le ventre, posant ma tête confortablement sur ses genoux, je me sens profondément détendu, bercé par sa proximité rassurante. Cassia possède cette capacité exceptionnelle de me faire sentir protégé et soigné, transformant mes inquiétudes et mes douleurs en un calme presque palpable. « Tu as vraiment des doigts de fée… » soupirai-je, un sourire se dessinant sur mes lèvres alors que je m’abandonne à la sensation de ses mains apaisantes. Je laisse échapper un rire doux, détendu par sa présence et par le confort de son toucher. « Je ne vais pas appeler mon médecin demain matin… » continuai-je, jouant avec l'idée tout en profitant de l'instant. « Je vais plutôt appeler mon infirmière préférée… » ajoutai-je, un clin d’œil entendu accompagnant mes mots. Je décris ensuite, avec une pointe de malice dans la voix. « Tu l’as connais peut-être ? Elle est brune, adorable, elle a souvent raison, elle a des doigts de fée et surtout… » Ma voix s'effiloche dans un murmure tandis que je me redresse légèrement, capturant ses lèvres dans un baiser doux et affectueux, scellant mes mots non dits. Je me recule juste assez pour croiser son regard, y cherchant une étincelle de complicité. « Dors avec moi s’il te plaît… » je murmure avec une sincérité touchante, ma voix chargée d'espoir et de tendresse.

Milo tentait tant bien que mal de minimiser la douleur qu’il ressentait, mais je n’étais pas dupe. La douleur se lisait aisément sur son visage tout comme dans l’intonation de sa voix. J’esquisse un léger sourire malgré tout quand Milo souligne le fait que cela était énervant lorsque j’avais raison. « Sans doute… » dis-je pour plaisanter un peu avec lui. La conversation et mes tentative de raisonner Milo continue quand ce dernier évoque son souhait de retourner à New-York dès le lendemain matin. Je lui fais calmement comprendre, avec toute la sagesse du monde, qu’il n’était pas en état de voyager que ce soit en voiture ou en avion. La meilleure chose à faire demain matin serait d’appeler son médecin. Bien que je sois en total désaccord avec Milo, ma voix reste douce, calme. Je ne souhaite en aucun cas me disputer avec lui mais au contraire prendre soin de lui et le raisonner. D’ailleurs tout en discutant je ne pu m’empêcher de commencer à masser très délicatement ses épaules et sa nuque. Le pilote de ligne semblait apprécier ce petit massage improvisé, cela se confirma lorsqu’il souligna le fait que j’avais des doigts de fée. Puis Milo m’annonce qu’il n’appellera pas son médecin demain matin, j’allai protester mais il ajoute qu’il allait plutôt appeler son infirmière préférée tout en dressant mon portrait. « Oui, il se peut que je la connaisse. Très bien même... » dis-je un léger sourire aux lèvres. Puis délicatement, Milo se redresse légèrement pour m’offrir un tendre baiser avant de me demander de dormir avec lui. Son ton était sincère, très touchant. Comment pouvais-je résister ? « Milo, tu es vraiment incorrigible... » dis-je amusée malgré tout mais tiraillé par son bien être nocturne. « C’est d’accord, mais si jamais quelque chose ne va pas, promets moi de me réveiller... » dis-je le plus sérieusement du monde. Je me penche pour déposer un doux baiser sur ses lèvres « Et s’il te plaît, appelle ton médecin demain matin. » tentai-je pour insister un peu. Sur ces mots, je laisse Milo s’installer au mieux et je m’installe à mon tour.

Le réveil n’avait pas encore sonné, mais j’étais tout de même déjà réveillé. Cinq heures. La nuit fut courte. Entre la crainte de trop bouger et de faire mal à Milo, les quelques ronflements de ce dernier et l’inquiétude présente pour sa douleur au dos, je n’avais pas beaucoup dormi. Je m’étais levée le plus discrètement possible pour me préparer et quitter l’appartement avant que le jour ne se lève pour me rendre au travail. La matinée passa à une vitesse folle, comme bien souvent. J’avais pris le temps d’envoyer un message à Milo pour savoir si il allait mieux ou non. Il me semblait qu’il n’avait pas très bien dormi non plus cette nuit à cause de la douleur. Par chance, aujourd’hui je terminais mon service en début d’après midi. Alors dès que cela fut possible, je récupérai mes affaires pour rentrer rapidement à l’appartement. Quand je pénètre dans ce dernier tout était calme. « Milo, je suis rentrée... » dis-je en retirant ma veste et mes chaussures. Arrivée dans la pièce de vie, je ne vis pas le jeune homme « Milo ? » l’appelai-je en marchant dans le couloir. J’entre alors dans la chambre et découvre le pilote de ligne toujours allongé dans le lit. Je suis quelque peu surprise, cela n’annonce rien de bon. Je viens m’asseoir au bord du lit « Hey… comment est-ce que tu te sens ? La douleur est toujours aussi forte ? » Puis en observant la chambre, je remarque que rien n'a changé depuis hier soir. Même Milo, était toujours en boxer. « Tu es resté toute la matinée au lit !? La douleur est si forte que cela... » un constat qui me peinait au plus haut point. «  Est-ce que tu as appelé ton médecin ? » demandai-je soucieuse de savoir si oui ou non il s'était décidé à l'appeler.

Cassia cède et accepte de finalement dormir avec moi cette nuit, malgré les circonstances moins qu'idéales, injecte une dose de chaleur dans mon cœur. Un large sourire illumine mon visage alors qu'elle insiste pour que je n'hésite pas à la réveiller si j'avais besoin de quoi que ce soit. Je hoche la tête, reconnaissant de son offre, mais au fond, je sais déjà que je ferai tout pour la laisser reposer tranquillement, même si cela signifie endurer la douleur en silence. Elle tient à ce que je contacte mon médecin le lendemain, et j’acquiesce, reconnaissant la sagesse de ses conseils malgré mon désir de minimiser la situation. Je la regarde s'installer dans le lit, un mouvement familier et rassurant, et je ne peux m'empêcher d'afficher un petit sourire victorieux, heureux de l'avoir à mes côtés. Malgré la douleur qui me gêne, je me rapproche suffisamment pour voler un nouveau baiser.

La nuit est longue et parsemée de défis. Par moments, une douleur lancinante traverse mon dos, me rappelant cruellement la réalité de ma blessure. Ces épisodes me font grimacer et chercher une nouvelle position qui pourrait soulager un peu mon inconfort. D'autres fois, épuisé par la douleur et le manque de sommeil, je parviens à sombrer dans un sommeil léger, mais ce repos est souvent interrompu non seulement par ma propre douleur mais aussi par mes ronflements. Parfois, le bruit que je produis est suffisant pour me réveiller, me laissant frustré et désorienté dans le calme de la nuit. Malgré l’inconfort de ce moment, Cassia reste à mes côtés, une présence constante et rassurante. Même dans ses propres moments de sommeil, elle semble veiller sur moi. Je me surprends à la regarder dormir de temps en temps, touché par sa dévotion et sa tendresse. Sa capacité à rester avec moi, malgré les interruptions et le désagrément de mes ronflements, accentue plus encore l’amour que je lui porte. Chaque fois que la douleur se fait trop aiguë, je me rappelle ses instructions de la réveiller, mais je résiste à l'impulsion, ne voulant pas perturber son sommeil bien mérité. Au lieu de cela, je me concentre sur la douceur de sa présence, me permettant de puiser dans sa force pour supporter les moments difficiles.

Au petit matin, la lumière pâle qui filtre à travers les rideaux tente de chasser les ombres de la nuit. Malheureusement, la douleur qui me tient éveillé depuis des heures semble plus tenace que jamais. Chaque mouvement, chaque tentative pour me redresser et sortir du lit se transforme en un défi insurmontable. La douleur qui irradie de mon dos est si intense qu'elle me coupe le souffle, me clouant sur place. La place froide de Cassia m’indique qu’elle est partie il y a longtemps. Ma voix est rauque, brisée par la nuit d'insomnie et la douleur, quand je préviens Clyde que je ne pourrai pas venir aujourd'hui. « Je suis désolé, je ne peux plus me lever ce matin… je dois aller voir un médecin, » expliquai-je brièvement, mon ton laissant entendre l'intensité de ma souffrance. Clyde conscient de ma situation la veille comprend rapidement et me souhaitent un prompt rétablissement. Après avoir raccroché, je prends quelques instants pour rassembler mes forces avant d'appeler le cabinet médical. Ma main tremble légèrement alors que je navigue dans les menus de mon téléphone pour trouver le numéro du médecin. Une fois en ligne, ma voix porte un mélange de soulagement et d'urgence alors que je demande un rendez-vous pour l'après-midi même. Heureusement, ils sont compréhensifs et me trouvent un créneau.

La matinée s’écoule au même rythme que cette nuit, tantôt pénible, tantôt supportable. Quand la porte s'ouvre et que Cassia franchit le seuil, l'atmosphère semble s'éclaircir un peu, malgré la douleur qui continue de tordre mon dos. Elle se penche avec cette efficacité calme qui la caractérise, son visage affichant les traces d'une matinée sans doute aussi chargée que stressante. Mais dès qu'elle me voit, son expression se teinte d'une inquiétude immédiate.  « Hey… comment est-ce que tu te sens ? La douleur est toujours aussi forte ? » demande-t-elle en s'approchant, posant doucement ses mains sur mes épaules dans un geste de réconfort. « Tu es resté toute la matinée au lit !? La douleur est si forte que cela... » me dit-elle. Cette fois je ne peux pas lui dissimuler plus longtemps. Je tente un sourire, bien qu'il soit évident que la situation est loin d'être idéale. « J'ai réussi à avoir un rendez-vous chez le médecin » je commence, essayant de garder ma voix stable malgré la douleur lancinante. « C'est dans une heure. » Je la regarde, cherchant dans ses yeux cette étincelle de compréhension qui ne manque jamais. « Penses-tu que tu pourrais venir avec moi ? Je... je pense que j'aurais besoin d’aide » j'ajoute, la vulnérabilité de ma demande me rendant presque aussi inconfortable que la douleur elle-même.

Le processus de m'habiller ce matin est un véritable calvaire, chaque mouvement m'arrachant une grimace de douleur. Quand je réussis enfin à être prêt, Cassia m'aide à marcher jusqu'à la voiture, soutenant mon poids lorsque je fléchis sous les pics de douleur. Assis dans la voiture, un soupir profond m'échappe alors que nous nous éloignons de l'appartement. Je cherche à alléger l'atmosphère, malgré la douleur omniprésente. « J’ai l’impression d’avoir mes quatre-vingt-dix ans… Tu vois je serais ainsi dans cinquante ans… » je plaisante en lui lançant un regard affectueux. Cassia esquisse un sourire, appréciant l'effort, bien qu'elle garde un œil inquiet sur moi.

Arrivés à la clinique, la salle d'attente est un nouveau défi à surmonter. La douleur me fait fermer les yeux à plusieurs reprises, chaque respiration profonde étant un rappel de ma condition. Lorsque le médecin appelle mon nom, je tends instinctivement la main vers Cassia, cherchant son soutien constant. Elle saisit ma main, sa présence me donnant la force de me lever. Le médecin m'examine minutieusement, prescrivant finalement plusieurs séances de kinésithérapie, fort heureusement disponibles dans le même bâtiment. Nous descendons quelques étages, et une fois de plus, nous attendons. Lorsque c'est mon tour, le kinésithérapeute, un homme compétent mais aux méthodes un peu brusques, m'invite à le suivre dans son bureau.

La séance s'avère être un mélange de soulagement et de douleur aiguë, surtout quand il touche les zones les plus sensibles de mon dos. Ses manipulations déclenchent plusieurs cris de ma part, et il conclut que des injections d'anti-douleur et des séances supplémentaires seront nécessaires. Il mentionne aussi son départ imminent en congé, présentant alors sa remplaçante, une femme blonde, grande et élégante. Son apparition me distrait brièvement, mais la suggestion du kinésithérapeute de continuer le suivi avec elle me fait hésiter. « Euuuuh… Ma femme est infirmière, vous pourriez-peut-être lui montrer ce qu’il faut faire ? » je propose, mon regard glissant vers Cassia. Je ne suis pas très à l'aise à l'idée de changer de thérapeute en pleine session, surtout pour une raison aussi imprévue. « Bonne idée ! Madame Davis, venez voir. Je vais vous montrer comment soigner votre époux ! » Il semble faire une erreur sur notre relation, nous prenant pour mariés, ce qui me fait sourire malgré la douleur. Puis il prend la main de Cassia et la guide sur mon dos tendu. « Là... Vous sentez comme il est tendu, il faut… » Et à ce moment, il appuie fermement, déclenchant un hurlement de douleur de ma part. « Voilà… C’est ce qu’il doit faire. Bon, Milo demandera certainement le divorce, mais c’est ce qu’il faut ! » plaisante-t-il en riant. Cassia et moi échangeons un regard, un mélange de douleur et d'amusement dans nos yeux, sachant tous les deux que malgré les circonstances comiques, nous sommes dans cela ensemble, pour le meilleur et pour le pire.

A peine arrivée, je me hâte de trouver Milo qui est apparemment resté au lit toute la matinée. Cela ne présageait donc rien de bon. Si le jeune homme en était venu à se résoudre à rester allongé c’est que la douleur devait être insupportable. Milo m’annonce qu’il avait réussi à avoir un rendez-vous chez le médecin, ce dernier avait lieu dans une heure. J’étais soulagée qu’il ait tout de même appelé pour avoir un rendez-vous, il ne pouvait décidément pas rester ainsi. Milo me demande si je peux venir avec lui car il aurait besoin d’aide. « Bien évidement, tu n’as même pas à demander. Je ne comptais pas te laisser y aller seule de toute manière... » avouai-je un léger sourire aux lèvres. Je prends simplement le temps de prendre une douche et de ma changer puis nous quittons l’appartement. J’aide Milo du mieux que je pouvais pour arriver jusqu’à la voiture et l’installer confortablement dans cette dernière. Et malgré la douleur, Milo trouve le moyen de plaisanter légèrement. Je partage cette volonté d’alléger l’atmosphère mais je reste malgré tout soucieuse de son état.

Une fois arrivés à la clinique, nous attendons brièvement dans la salle d’attente. Il m’est difficile de voir Milo supporter cette douleur si intense. Rapidement son tour arrive, je l’aide alors à se lever et l’accompagne. Nous sommes rapidement envoyé vers un kinésithérapeute, présent dans le même bâtiment. La séance commence, et le kinésithérapeute alterne entre douceur et fermeté en manipulant Milo. A la fin de la séance le médecin préconise des injections pour soulager Milo et des séances de kinésithérapie supplémentaires. Malheureusement, le médecin en question était sur le point d’être en congé. Il propose toutefois que sa remplaçant s’occupe des séances mais Milo semble hésiter au point de proposer qu je m’occupe moi même des séances. Je me tourne vers Milo, surprise qu’il propose une telle solution. Son kinésithérapeute lui semblait confiant et m’invite à venir vers lui pour qu’il me montre quoi faire. Je me lève alors et me laisse guider. Et alors qu’il me fait appuyer à un point tendu dans le dos de Milo, ce dernier pousse un cri de douleur. Je sursaute, et retire ma main immédiatement « Désolé ! » dis-je presque gênée. Le médecin lui semble amusée « Ne le soyez pas, dans quelques jours il vous remerciera... » dit-il en riant légèrement. Milo remet alors son polo puis après avoir récupérer la prescription nous quittons l’établissement.

Avant de rentrer à l’appartement, je prends soin de passer récupérer tout ce dont Milo aura besoin pour les prochains jours. Une fois rentrés, je l’aide à se débarrasser de ses affaires et l’aide à venir s’asseoir sur le canapé. «  Je vais te faire la première injection, autant commencer tout de suite... » dis-je en sortant ce dont j’avais besoin et en prenant soin de me laver soigneusement les mains au préalable. Je viens m’asseoir à côté de lui et prépare tout ce dont j’avais besoin. Je prends soin de désinfecter la parcelle de peau où j’allais piqué avec l’aiguille après avoir relevé son polo « Arrondi un peu le dos s’il te plaît et évite surtout de te contracter. » demandai-je alors calmement, ces gestes je les connaissais sur le bout de doigts. Et délicatement j’injecte le produit avant de retirer l’aiguille. « Et voilà... »  Je vais jeter les déchets à la poubelle avant de revenir près de lui « Tu as besoin de quelque chose ? Tu veux manger ou boire quelque chose ? » Après tout, il n'avait pas quitté le lit de la matinée, il avait peut-être faim ou tout simplement soif.

Il y a vingt ans, voire même une décennie auparavant, imaginer Cassia en train de me prodiguer des soins médicaux aurait relevé de la pure fantaisie. À cette époque, notre relation était exclusivement platonique : une amitié solide, certes, mais sans la moindre équivoque romantique. Nous étions ces amis qui pouvaient partager des rires, des confidences, et même des moments de silence, sans jamais franchir la barrière invisible qui sépare l'amitié de l'amour. Nous étions des compagnons inséparables dans l'aventure de la vie, mais toujours à travers le prisme d'une affection fraternelle. Pourtant, aujourd'hui, voir Cassia enfiler des gants, préparer une seringue et s'occuper de moi avec tant de professionnalisme me semble incroyablement naturel. C'est elle qui, calmement, dirige mes mouvements pour que l'injection soit la moins douloureuse possible. Alors qu'elle administre le traitement, la sensation de l'aiguille qui perce ma peau m'arrache un grognement étouffé, mais c'est aussi le toucher de Cassia qui apporte un soulagement immédiat, tant physique qu'émotionnel. « Merci… » soufflai-je doucement en ajustant mon polo après qu'elle ait terminé. Lorsqu'elle revient après avoir rangé et jeté les fournitures médicales, il y a dans ses mouvements une efficacité qui contraste avec la douceur de ses soins. Je me lève péniblement, tiré par la nécessité de sentir sa proximité, et je l'attire doucement dans mes bras. « Voilà ce dont j’ai besoin… » murmurai-je, le ton de ma voix révélant l'étendue de mes sentiments, bien plus profonds et complexes que ceux d'une simple amitié. Un baiser léger sur ses lèvres confirme mes mots. « C’est le meilleur des remèdes… » Je repousse doucement une mèche de ses cheveux derrière son oreille, un geste tendre et intime qui aurait été impensable dans le passé. « Qu’est-ce que je deviendrais sans toi ? Sans vous, Madame Davis… » Ces mots, à moitié en plaisanterie, à moitié sérieux, résonnent avec une vérité nouvelle.

Le souvenir de la remarque du kinésithérapeute m'amène un sourire involontaire. Il a si naturellement assumé que nous étions un couple marié, une supposition qui, au lieu de m'irriter, m’amuse profondément. Ce quiproquo n'était pas seulement drôle mais aussi révélateur ; il met en lumière la complicité et la proximité que nous partageons, une relation si profonde et si évidente que même un étranger pouvait la confondre avec un mariage. Puis, je me rappelle de la soirée interrompue la veille, notre plan initialement simple mais qui avait pris une tournure inattendue. « Tu sais… Hier soir… Si nous n'avions pas surpris Amy avec son mari, nous serions allés dîner et je comptais après celui-ci te dire quelque chose… » Je commence, laissant ma voix s'éteindre un peu, hésitant à poursuivre, typique de ma tendance à laisser les choses importantes en suspens. Riant légèrement de ma propre hésitation, je change de direction dans la conversation, bien que la question reste suspendue entre nous. « Enfin bref… Dis-moi… » Je cherche ses yeux, cherchant aussi à lire sa réaction à ma requête suivante. « …Cela te dérange-t-il de m’héberger quelques jours de plus ? Je peux comprendre que tu ne veuilles pas mélanger travail et vie privée… Maintenant que je suis ton patient. » Ma voix est teintée d'amusement, reconnaissant l'ironie de la situation.

Rapidement je m’affaire à procurer la première injection à Milo. Autant commencer le plus vite possible pour que le produit commence à faire effet et ainsi le soulager. Une fois fait, je vais jeter les déchets à la poubelle et reviens vers le jeune homme lui demandant s’il avait besoin de quelque chose. Étant donné qu’il n’avait pas pu se lever ce matin, il avait peut-être faim ou soif. Cela me fit penser que je n’avais moi même pas encore mangé, mais la faim ne se faisait guère ressentir. Milo se lève difficilement et m’attire doucement dans ses bras, je me laisse faire et vient y trouver une place le plus naturellement du monde. Sa remarque me fait doucement sourire « H’m… c’est adorable, mais je pense que les injections te soulageront plus malgré tout... » Je lève mon visage vers le sien et un léger rire émane de ma bouche quand Milo demande ce qu’il ferait sans moi, en me nommant madame Davis. « Ça faisait longtemps... » dis-je amusée. Il est vrai que aucun de nous n’avions relevé tout à l’heure ce qu’avait dit le médecin. Nous nous en étions amusés, comme bien souvent. Milo m’avoue ensuite que hier soir si nous étions allés dîner comme convenu il aurait voulu me dire quelque chose après ce dernier. Mon regard intrigué ne le quitte pas seulement comme bien souvent Milo ne termine pas sa phrase et change même de sujet. « Comment peux tu penser que t’héberger pourrait me déranger … ? Tu sais que tu es toujours le bienvenu ici. Et veiller sur toi le temps de ta convalescence ne me dérange absolument pas. Je te le promets... » Sur ses mots je me hisse sur la pointe des pieds et viens déposer un tendre baiser sur ses lèvres. « Maintenant allonge toi, le médecin a dit beaucoup de repos et après l’injection tu dois impérativement rester tranquille... » Je l’incite alors à prendre place sur le canapé et je vais en cuisine préparer deux tasse de thé sur un plateau. Sur ce même plateau j’y ajoute quelques petits biscuits pour combler un éventuel petit creux. Quand tout est prêt je viens déposer le plateau sur la table basse. Et avant de venir m’installer, je prends le temps d’aller chercher deux plaids que je pose sur le canapé. Je prends place à côté de Milo, puis après avoir bu une première  gorgée de thé « Milo, qu’est-ce que tu voulais me ire tout à l’heure ? Tu sais, tu me disais que hier soir après le dîner tu comptais me dire quelque chose... » Milo avait la manie de laisser bien souvent ses phrases en suspens, et ça avait le don d'aiguiser ma curiosité.

L'atmosphère autour de nous est remplie d'une chaleur confortable, une présence rassurante qui me fait sentir incroyablement ancré et à ma place. Malgré les circonstances qui pourraient faire rêver d'évasion, de vues aériennes à couper le souffle depuis un cockpit ou de la solitude romantique d'une pluie battante à New York, je n'échangerais ma place pour rien au monde. La compagnie de Cassia, ici et maintenant, surpasse tout ce que ces scènes pourraient m'offrir. « Peut-être oui… Mais je préfère quand même tes baisers aux injections. Même si je sais que tu adores me faire souffrir ! » dis-je en laissant échapper un rire léger, injectant une note de taquinerie dans l'air déjà détendu. Le ton est léger, mais le fond de vérité rend la remarque d'autant plus douce. À ma grande satisfaction, Cassia me confirme qu'elle n'est pas dérangée par l'idée de me garder un peu plus longtemps chez elle. Bien qu'une part de moi s'en doutait, une bouffée de soulagement me traverse quand même. Il est toujours bon d'entendre les mots prononcés à haute voix, confirmant que ma présence n'est pas un fardeau pour elle.

Cependant, l'ombre d'une pensée traverse mon esprit, alimentée par la crainte que je ne devienne une entrave à sa vie sociale ou à ses plans personnels. « Après tout… On ne sait jamais. Peut-être que tu as d'autres projets ? Des sorties avec ses amis ? » Je rumine silencieusement. L'idée qu'elle puisse me voir comme une contrainte, un obstacle à son épanouissement personnel, est quelque chose que je refuse catégoriquement. Je tiens trop à elle pour permettre à mon propre besoin de soins de limiter sa liberté. Alors que ces pensées tourbillonnent dans mon esprit, Cassia se hisse sur la pointe des pieds, une manœuvre qui attire mon attention et dissipe mes inquiétudes. Ses lèvres trouvent les miennes dans un baiser doux, empreint d'une tendresse qui semble parler directement à mon cœur. Je réponds à son baiser, chaque contact nous rapprochant un peu plus, affirmant silencieusement ce qui nous unit.

Cassia insiste pour que je prenne du repos, et bien que ma première impulsion soit de résister, au fond, je sais qu'elle a raison. Comme c'est souvent le cas. Cependant, je m'abstiens de le lui admettre ouvertement, conscient qu'une telle concession serait sans doute remémorée et réutilisée par elle avec une pointe d'humour pour les années à venir. Je me résigne donc à m'installer confortablement sur le canapé, tentant de me détendre autant que possible. Je la regarde s'affairer dans la cuisine, manœuvrant avec une aisance qui me rend à la fois reconnaissant et un peu mélancolique. J'aimerais pouvoir me lever et l'aider comme avant, mais dans mon état actuel, rester assis sans me disloquer semble déjà être une victoire.

Peu après, Cassia revient avec un plateau garni de deux tasses de thé fumant et quelques petits gâteaux. Elle complète la scène en apportant deux plaids douillets. Son geste me fait rire de bon cœur, un rire qui secoue mes abdominaux douloureux. « Alors soit je suis indisposé, soit nous sommes deux copines et nous nous apprêtons à faire les commérages du quartier, soit nous sommes deux petits vieux ! » je commente en nous observant, l'humour allégeant l'atmosphère. Je la regarde d'un air faussement sérieux. « Je suis vraiment comme cela avec toi lorsque tu vas mal ? Si j’en fais trop, dis-le-moi… » Je m'incline légèrement pour lui voler un baiser, un geste tendre qui marque notre complicité.

La conversation prend un tour plus sérieux lorsque Cassia revient sur une de mes remarques précédentes. Mon sourire amusé ne disparaît pas, bien que je sois conscient de la gravité de ce que j'avais commencé à dire. « Oh… Non… Enfin rien d'important… Cela peut attendre. Et puis… Sans vouloir te parodier, Cassia, ce n'est pas le bon moment pour moi. ». Je pose ma main sur la sienne, un geste d'affection et de réconfort. « Je te promets de t’en parler lorsque je serais complètement remis… » Un silence confortable nous enveloppe un instant avant que je ne prenne une gorgée de thé. Cherchant à détourner la conversation vers un sujet extérieur, je me tourne vers une préoccupation qui me pèse depuis la veille. « Tu as revu Amy à l'hôpital ce matin ? » Ma curiosité est piquée, en partie par un sentiment de culpabilité indirecte, car si je me retrouve dans cet état, c'est aussi à cause de la confrontation avec son mari. J'espère apprendre que malgré les circonstances, elle va bien, cherchant dans les nouvelles de Cassia une sorte de clôture à l'épisode tumultueux qui a précipité mon propre malheur.

Milo allait devoir rester au repos pendant plusieurs jours, cela signifiait qu’il devait donc rester à Fall River et donc chez moi étant donné qu’il n’avait plus d’appartement en ville. L’héberger ne me dérangeait aucunement, bien au contraire. Mais Milo semblait tout de même s’en soucier, se doutant que je pouvais avoir d’autres projets ou alors des sorties prévues avec des amis. « Ne t’inquiète pas pour cela, et quand même bien j’ai quelques projets, ça ne changera rien... » le rassurai-je alors avec une extrême douceur dans ma voix. Il pouvait arriver qu’en semaine je sorte boire un verre avec des amies mais la présence de Milo ne dérangerait en rien.

J’insiste ensuite pour que le jeune homme s’installe au mieux sur le canapé pour qu’il puisse se reposer. J’en profite pour préparer un petit plateau avec deux tasses de thé, des gâteaux à grignoter sans oublier des plaids pour avoir bien chaud.  Milo semble s’en amuser. Sa remarque me fait sourire « Non, tu es simplement mal en point à cause de ton dos et je sais que tu as passé une très mauvaise nuit… Quant à moi, j’ai… eu une longue matinée » dis-je pour minimiser la fatigue présente. Sa remarque quant au fait d’en faire trop quand je n’étais pas au mieux de ma forme me fait sourire. Je profite de son baiser volé « Non, tu es parfait dans ces moments là... » dis-je le plus sincèrement du monde. Même si je n’avais jamais eu l’habitude d’autant d’attention, je savais que Milo agissait ainsi pour moi, pour mon bien être.

Une fois installée près de Milo, je commence à boire mon thé tout en le questionnant avec curiosité sur ce qu’il avait souhaité me dire tout à l’heure. Mais encore une fois Milo ne souhaite pas s’éterniser là dessus, il me dit simplement que ce n’est rien d‘important, pas le bon moment d’en parler. Toutefois le pilote de ligne me promet de m’en parler quand il sera à nouveau en forme. « D’accord, comme tu le souhaites... » dis-je afin de ne pas le brusquer. Puis Milo me demande si j’avais revu Amy à l’hôpital « Non. J’ai demandé de ses nouvelles en arrivant ce matin, apparemment elle est repartie chez elle très tard hier soir. Avec son mari... » dis-je d’un ton un peu las. Cela n’était pas étonnant mais j’aurais espéré que ce ne soit pas le cas.

Nous demeurons nichés confortablement sur le canapé, le contact rapproché nous enveloppant dans une intimité presque familiale. Elle partage des anecdotes de sa journée, ses mots me tirant des rires même lorsqu'elle mentionne avec une pointe d'humour comment ma douleur au dos semblait presque comique par son intensité. Elle n'exagère pas vraiment ; mes contorsions pour trouver une position confortable ont dû être un spectacle. Alors que Cassia continue de raconter sa journée, je réalise à quel point mes problèmes ont dû empiéter sur son propre repos, surtout avec mes ronflements incessants. La culpabilité me picote légèrement, mais je tente de l'atténuer avec un brin de légèreté. « Oh je sens que ce soir nous allons bien dormir, l'un comme l'autre. En plus… Tu vas pouvoir me faire souffrir, mon kinésithérapeute t'as bien montré comment me faire souffrir ! » Je laisse échapper ces mots en portant ma tasse de thé à mes lèvres, un sourire espiègle se dessinant sur mon visage.

La conversation prend un tournant plus sérieux lorsque Cassia m'informe que Amy, malgré tout ce qui s'était passé, était repartie de l'hôpital accompagnée de son mari. Un soupir de déception m'échappe, une lourdeur me serrant la poitrine. La situation d'Amy m'affecte plus que je ne l'aurais imaginé, peut-être parce que j'ai eu un aperçu de sa vulnérabilité lors d'une rencontre fortuite qui avait laissé une impression durable. « Tu sais, lorsque je l'ai rencontrée au supermarché, elle semblait tellement vulnérable… » Je commence, la voix teintée de tristesse en me remémorant la scène. « Je lui ai demandé de l'aide car je cherchais exactement ta référence de protection hygiénique. Elle semblait tellement fragile, si bien que je n'ai pas pu m'empêcher de régler ses protections pour elle. » Mes mots trahissent l'empathie profonde que j'avais ressentie pour elle ce jour-là.  Je pose ma main contre celle de Cassia, cherchant un peu de réconfort dans son contact. « Elle avait ce regard... comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules. Et quand j'ai vu cette détresse, je ne pouvais juste pas l'ignorer. » Ma voix baisse, chargée d'une émotion sincère. Je me sens presque lié à Amy par cette brève interaction, un lien forgé par un acte de gentillesse spontané qui avait maintenant évolué en une préoccupation plus grave pour son bien-être.  « J'espère qu'elle trouvera la force de chercher de l'aide si elle en a besoin. C'est difficile de penser qu'elle est repartie avec lui après tout ce qui s'est passé. »

Comme bercés par le rythme calme et rassurant de la soirée,nous nous laissons emporter par la fatigue. Sans même nous en rendre compte, le sommeil nous enveloppe doucement, nos respirations se synchronisant dans le silence confortable de la pièce. Ma tête trouve naturellement sa place sur l'épaule de Cassia, qui depuis la veille semble devenir mon refuge favori.  Je me réveille le premier, la lumière de ce début de soirée filtrant faiblement à travers les rideaux. Mon premier réflexe, doux mais instinctif, est de m'assurer que Cassia dort encore paisiblement, ce qu'elle fait, un léger sourire reposant sur ses lèvres. Avec une prudence qui me préserve de la douleur de la veille, je me détache délicatement d'elle, soutenant son mouvement pour compenser le manque de mon épaule. Je prends soin de la recouvrir avec son plaid, veillant à ce qu'elle reste au chaud. Avant de me lever complètement, je dépose un baiser tendre sur ses lèvres, un geste d'affection pure. Puis, je me dirige silencieusement vers l'ordinateur pour profiter de ce moment tranquille afin de m'occuper de quelques formalités administratives concernant Cassia. Je remplis méticuleusement les champs requis : son nom, prénom, date et lieu de naissance, et autres détails nécessaires. Cependant, lorsque j'entends un léger mouvement, signe qu'elle pourrait se réveiller, je change rapidement de page internet. Pour le moment, je choisis de ne pas lui parler de ces démarches, car cela pourrait la préoccuper inutilement, et rien n'est plus important que sa tranquillité d'esprit.

Peu après, Cassia s'éveille, étirant ses membres délicatement comme un chaton émergeant de son sommeil. La vision de son réveil me tire un sourire tendre et attendri ; elle est vraiment adorable dans ces moments-là. Doucement, je pose mes lèvres sur sa tempe, murmurant avec une sincérité enveloppée d'une légère mélancolie, « Je vais finir par ne plus jamais vouloir retourner à New-York… » Je ferme l'ordinateur et le mets de côté, montrant que rien n'est plus important que ce moment avec elle.

Je retire ensuite mon polo, une vague de chaleur envahissant la pièce malgré la fraîcheur de la soirée « J’ai besoin de tes doigts de fée… » lui dis-je, un sourire en coin, invitant Cassia à poursuivre les soins qui m'ont tant aidé quelques heures plus tôt.

Notre conversation dévie inévitablement sur le travail et plus particulièrement sur ce qui s’était passé hier soir avec Amy. Ce matin en arrivant au travail, j’avais demandé de ses nouvelles à des collègues et c’est là que j’avais appris que la jeune femme était rentrée chez elle, malheureusement avec son mari. Milo me raconte alors  nouveau sa première rencontre avec elle, me donnant un peu plus de détails cette fois-ci. Il m’avoue même avoir régler ses commissions, un léger sourire se dessine sur mon visage « C’est un très beau geste que tu as fait pour elle. » Quand je disais que Milo était un véritable gentleman et un homme très empathique contrairement à ce qu’il pouvait parfois penser. Ma main dans la sienne, je continue à l’écouter parler de la jeune femme. « Je l’espère aussi… Malheureusement, c’est typique des femmes qui subissent ce genre de violences, qu’elles soient physiques ou psychologiques... » Même si je ne le montrais pas trop, le comportement d’Amy me faisait penser au mien il y a encore quelques mois. Bien que non heureuse, j’avais persisté longtemps à me convaincre que je devais rester avec Andrew. J’avais mis tellement de temps à me rendre compte que finalement notre relation n’était pas saine, j’étais juste sa chose, une poupée qu’il aimait exhiber devant ses amis et ses collègues. Il avait joué avec mes sentiments et mes faiblesses. Sauf que contrairement à Amy, la première fois qu’il avait osé lever la main sur moi je l’avais quitté.

Là, sur ce canapé avec la télévision en bruit de fond, nous finissons par nous endormir l’un contre l’autre. Je ne m’étais absolument pas sentie rejoindre les bras de Morphée, d’où ma surprise lorsque je rouvre les yeux allongés sur le canapé. Milo n’était plus là. Je prend le temps de me réveiller, d’étirer un peu mes muscles engourdis. Le jeune homme est là, à quelques mètres pianotant sur l’ordinateur portable. La remarque de Milo me fait sourire « Ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre... » J’avais tellement hâte dans le fond qu’il reviennent à Fall River. Milo retire ensuite son polo et m’avoue avoir besoin de mes doigts de fée. « Oui bien, sûr. Installe toi... » J’attends que Milo s’installe correctement « Mais s’il te plaît, si ça te fait trop mal dis le moi... » dis-je avant de placer mes mains sur son dos. Et les minutes qui suivent j’exerce alors exactement les mêmes mouvements que m’avais monté le kinésithérapeute un peu plus tôt dans la journée.

« Promis. Je t’avertirai ! Même si je sais que ce que tu me prodigues me sera bénéfique » lui répondais-je, un regard rassurant. Installé sur le canapé avec des coussins stratégiquement placés pour soutenir mon dos, je m'efforce de me détendre malgré l'appréhension. Cassia s'apprête à commencer la séance de kinésithérapie, et bien que je sois reconnaissant pour son aide, je sais que cela va probablement être douloureux. Au début, lorsque ses mains commencent à presser doucement mais fermement contre les zones endolories, je me crispe involontairement. Chaque mouvement qu'elle fait semble réveiller des muscles que j'avais oubliés, et je retiens mon souffle, anticipant la douleur. Lorsqu'elle intensifie la pression pour atteindre des points plus profonds de tension, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un grognement sourd. La douleur est vive, presque brûlante, et je me trouve à la fois vouloir m'éloigner et rester sous ses mains sachant qu'elles travaillent à relâcher la douleur à long terme. « Ça fait vraiment mal » je murmure entre deux respirations profondes que je prends pour essayer de gérer la douleur. Je sais que cette souffrance est le prix à payer pour une guérison, mais cela ne la rend pas plus facile à endurer sur le moment.

« Continue. Tu fais très bien, ne t'en fais pas » je murmure entre deux respirations contrôlées, cherchant à la rassurer. Même si chaque pression me fait serrer les dents, je veux qu'elle sache que je reconnais l'importance de ce qu'elle fait. « Je sais que ça doit se faire... c'est pour le mieux » j'ajoute, essayant de sourire pour alléger l'atmosphère. À mesure que la séance progresse, malgré la douleur qui traverse par vagues mon corps endolori, je me sens obligé de souligner la compétence de Cassia. « Aïe aïe… Continue » je dis, reconnaissant son expertise et son attention délicate, même dans un contexte aussi difficile. Après une manipulation particulièrement douloureuse, je prends une profonde inspiration et exprime ma gratitude, non sans une touche d'humour pour détendre la situation « Ouch, ça c'est vraiment... efficace. Tu as vraiment un don pour trouver ces points » je lâche, espérant la détendre un peu. « J’ai l’impression d’être un sushi ou une boule de pain que l’on pétri ! » lâchai-je sur un ton plaisantin.
Lorsque la séance se termine, je me sens épuisé mais indéniablement mieux. La douleur n'a pas complètement disparu mais s'est atténuée, ce qui me permet de respirer plus librement. « Merci, vraiment. Sans toi, je ne sais pas comment je gérerais tout ça » je lui dis sincèrement, lui faisant savoir à quel point je valorise non seulement ses compétences mais aussi sa présence rassurante à mes côtés durant ce processus de guérison.

Je laisse Milo s’installer sur le canapé au mieux avant de commencer la séance. J’appréhende malgré tout un peu, je savais que même si les mouvements que nous allions faire seraient bénéfiques pour lui, il y aura avant tout de la douleur. Je commence donc, et je sens le corps du jeune homme se crisper au moindre mouvement effectué. Toutefois, malgré la douleur Milo tente de me rassurer en me disant que même si ça faisait très mal c’était nécessaire et que je m’en sortait bien. Je prends sur moi pour continuer malgré tout non sans ménager les points sensibles comme me l’avait expliqué le kinésithérapeute. D’ailleurs, je venais de trouver un point particulièrement noué et sensible. Je sais que cela sera sans nul doute douloureux mais je décide malgré tout de manipuler ce point sensible. Et la réaction de Milo ne se fait pas attendre. Et après une profonde inspiration le jeune homme tente de me rassurer. En revanche ce qu’il m’avoue sur son ressenti m’inquiète quelque peu « A ce point là… Avec les injections et les séances de kiné, ça devrait commencer à aller mieux d’ici deux ou trois jours... » Ce serait sans doute malgré encore long, malheureusement il n’y avait pas de solution miracle. Je n'aimais vraiment pas voir Milo dans cet état. Ce n'était pourtant pas la première fois que je le voyais souffrir du dos, mais à chaque fois c'était une véritable épreuve pour moi. Lorsque la séance se termine, Milo me remercie. « Tu n’as pas à me remercier, c’est normal. Tu sais bien que je suis toujours là, peu importe les épreuves... » Cela avait toujours été la base de notre relation d’ailleurs. Nous étions là dans les bons comme dans les mauvais moments. Sur ses mots, je viens déposer un doux baiser sur sa joue.

Je me lève ensuite pour ranger un peu le salon tout en interdisant bien évidement formellement Milo de se lever et de porter quoi que ce soit. Je lui demande de se reposer surtout après la séance de manipulation que nous venions de faire. Et tranquillement, je m’installe en cuisine pour préparer à dîner. Je décide de préparer un poulet basquaise maison. Je m’affaire donc à découper la viande, puis l’oignon, les tomates et les poivrons avant de faire mijoter le tout à feux doux. J'avais pris soin d'en faire un peu plus afin d'être certaine que les quantités soient suffisantes pour ce soir et pourquoi pas pour demain. Dans son état Milo ne pouvait pas rester debout à cuisiner, il n'aura donc qu'à réchauffer pour son repas de demain.

Ce n’est pas dans mon habitude de ne rien faire. Et ce malgré ma douleur au dos. Bien évidemment que je souffre. J’essaye tant bien que mal de dissimuler cette dernière afin de ne pas inquiéter davantage Cassia. « Tu seras même là le jour de mon enterrement ? » lui demandai-je d’un ton à mi chemin entre le sérieux et la plaisanterie.

Je regarde Cassia s'activer en cuisine avec une efficacité gracieuse et méthodique. Les arômes se mêlent à l'air tiède de l'appartement, créant une atmosphère accueillante. Assuré qu'elle sera occupée un bon moment, je me replonge dans les profondeurs de mon travail sur l'ordinateur, naviguant entre les onglets avec une concentration intense. Cependant, une pensée me traverse soudain l'esprit, et je m'arrête. Après une hésitation, je prends la décision de supprimer mon historique de navigation avec une précaution méticuleuse. Je ne veux prendre aucun risque qui pourrait perturber notre quotidien. Tout en me levant, je ne peux m'empêcher de repenser à l'insistance de Cassia pour que je me repose, suite à l’incident de la veille. Elle se montre particulièrement préoccupée par mon bien-être, mais rester inactif n'est pas dans ma nature. Je ne peux me résoudre à la laisser gérer toutes les tâches seule.

Je me dirige donc vers la cuisine, attiré par l'arôme captivant qui s'en dégage. En me glissant silencieusement derrière Cassia, je découvre qu'elle est en train de préparer un poulet basquaise, un plat qui éveille aussitôt des souvenirs de dîners chaleureux et de conversations animées autour de notre table. Le poulet mijote doucement, baignant dans une sauce tomate richement assaisonnée avec des poivrons rouges et verts, des oignons émincés et des herbes aromatiques qui parfument l'air. La couleur vive des légumes contraste avec le doré parfait du poulet, qui a été saisi juste à point pour enfermer toutes ses saveurs juteuses. Je l'enlace doucement, passant mes bras autour de ses épaules délicates. Mes lèvres trouvent sa joue dans un baiser tendre. « J'ai tant hâte de revenir définitivement à Fall River » murmurai-je, ma voix chargée d'émotions, tandis que je laisse mes sens s'imbiber des effluves enivrants du plat. « Je rêve du jour où je pourrai être avec toi sans ces incessants allers-retours. J'ai tant de projets pour nous… » Je respire profondément, inspiré par l'odeur alléchante du plat qui promet un repas réconfortant, un avant-goût des nombreux jours paisibles et joyeux que j'espère partager bientôt avec elle.

Elle continue de remuer le contenu de son plat, un sourire se dessinant sur ses lèvres. « Tu sais, d'ici quelques jours, je me sentirai mieux, » ajoutai-je, laissant transparaître une lueur d'espoir malgré mes récentes mésaventures. Je prends une profonde inspiration avant de poursuivre, la gravité de la situation pesant sur mes mots. « Il faut que j'achète une nouvelle voiture. L'ancienne est un véritable désastre, un peu comme mon dos après l'accident. » En disant cela, je repense à l'état lamentable de mon véhicule : la carrosserie froissée comme du papier mâché, les vitres éclatées donnant l'impression que la voiture a survécu à une tempête de grêle, et le capot tordu si violemment que le moteur est partiellement exposé, tel un organe vital à découvert. Même les pneus, normalement résilients, portent les cicatrices des débris de la route, fissurés et à moitié dégonflés. Je marque une pause, espérant la convaincre de l'importance de son avis dans cette décision. « Tu accepterais de m'accompagner pour choisir le modèle? J'aimerais vraiment avoir ton avis. Après tout, comme tu seras amenée à la conduire aussi, je veux que tu te sentes parfaitement à l'aise dedans. » Mes mots sont sincères, et mon étreinte se resserre légèrement, mes mains se posant sur ses hanches, cherchant à sentir sa réaction face à cette nouvelle proposition.

D’une voix douce je rappelle à Milo que je serais toujours là même dans mes moments les plus compliquées, comme c’était le cas en ce moment même. Milo se permet même une plaisanterie sur ma présence lors d’un très très mauvais moment, un moment que je refusais d’imaginer, je refusais même d’y penser tout simplement. Je m’affaire ensuite en cuisine pour préparer le dîner de ce soir. J’avais toujours aimé cuisiné, depuis enfant. C’était pour moi une source de détente, quand je cuisinais, quand je découpais, mélangeait, assaisonnais les aliments je ne pensais à rien d’autre. C’était un bon échappatoire. Le plaisir était décuplé lorsque je pouvais prendre le temps de cuisiner non pas uniquement pour moi, mais aussi pour Milo. J’aimais prendre du temps pour lui, pour nous. Milo quant à lui semble avoir deux ou trois choses à faire sur son ordinateur portable. Un instant plus tard, le pilote de ligne finit par ranger ses affaires et me rejoindre en cuisine, il m’enlace alors doucement, passant ses bras autour de mes épaules. « J’ai hâte aussi tu sais… » avouai-je le plus sincèrement du monde. Puis lorsque Milo évoque des projets pour nous, je me retourne légèrement, le regard intrigué « Des projets pour nous ? H’m… tu m’intrigues là. Quel genre de projet ? » demandai-je alors curieuse d’en savoir davantage. Je reste tout de même vigilante au plat qui mijote alors que nous continuons à discuter. Milo m’avoue vouloir acheter une nouvelle voiture vu l’état de celle qui l’avait actuellement. Il est vrai qu’avec l’accrochage qui l’avait eu il y a quelques semaines, son véhicule avait été en effet bien abîmé. Le jeune homme me demande alors si j’accepterai de l’accompagner choisir le modèle de sa nouvelle voiture car il aimerait avoir mon avis. « Oui bien sûr. » Mais ce qu’ajoute Milo m’intrigue. « Pourquoi je serais amenée à la conduire… ? » demandai-je surprise. J’avais ma voiture qui était parfaitement fonctionnelle et en état et si Milo choisissait une voiture c’est qu’il en avait aussi bien besoin, surtout quand il sera de retour en ville.

La divine odeur qui s’échappe du poulet basquaise mijotant sur le feu réveille mon estomac qui ne tarde pas à exprimer sa faim par quelques grognements insistants. La cuisine de Cassia a toujours eu ce pouvoir magique de transformer un simple repas en un festin pour les sens. Sa maîtrise des épices et des saveurs fait d'elle une véritable artiste culinaire. Elle sait exactement comment marier les ingrédients pour créer un plat qui non seulement ravit les papilles, mais réchauffe aussi le cœur. Tandis que je me laisse submerger par ces arômes envoûtants, Cassia se retourne pour me faire face, un sourire radieux illuminant ses traits. Elle passe ses bras autour de mes épaules, et notre différence de taille devient immédiatement évidente. Cela a toujours été une source d'amusement entre nous. Pour l'embrasser, je dois pencher ma tête vers l'arrière tandis qu'elle se hisse sur la pointe des pieds, une danse affectueuse que nous avons maintes fois répétée. « Oui, des projets… Beaucoup de projets… Des projets que tu connais déjà » dis-je en effleurant doucement son décolleté du bout de mon index, tout en capturant ses lèvres dans un baiser tendre et prometteur. « Et d'autres dont tu n'as même pas idée… »  Ma voix baisse d'un ton, prenant une teinte mystérieuse et ludique. « Je suis certain que tu vas les adorer. Enfin, si tu acceptes de me supporter un peu plus longtemps, bien évidemment! . Je la regarde avec un air faussement innocent, celui d'un enfant qui vient de commettre une bêtise mais espère encore échapper à la réprimande..

Lorsque Cassia, avec une pointe de curiosité dans la voix, me questionne sur les raisons pour lesquelles elle pourrait se retrouver à conduire ma future voiture, un petit sourire amusé vient étirer la commissure de mes lèvres. Je la regarde un instant, savourant l'opportunité de lui expliquer mes pensées. « Pour aucune raison particulière » commence-je doucement, mon regard plongé dans le sien. « Je sais que tu as ta propre voiture, et elle te convient parfaitement. Mais il arrive que, pour une raison ou une autre, j'utilise la tienne, et toi la mienne... Je souhaite simplement que tu te sentes tout aussi à l'aise dans celle que je choisirai » Je fais une petite pause, laissant mes mots s'imprégner dans l'air, avant d'ajouter avec un ton légèrement conspirateur, « D'ailleurs, j'ai en tête une option spéciale à ajouter, pensée spécialement pour toi. » Mon sourire s'élargit alors que je baisse la voix, comme si je partageais le plus doux des secrets. « Mais chut… C'est un secret ! Mais sache que j’ai déjà quelques idées en tête ! »

Debout dans la cuisine, observant les derniers rayons de soleil se glisser par la fenêtre, je prends un moment pour regarder Cassia. Elle semble si sereine. Je sais que ces petits moments de tranquillité sont précieux pour elle comme pour moi. « Cassia » commençai-je doucement, attirant son attention. « Je voulais te parler de quelque chose… de nous, de notre vie ensemble. » Je marque une pause, cherchant les mots justes pour exprimer mes pensées. « Tu sais, chaque décision que je prends, je la prends en pensant à toi, à nous. »Je prends sa main dans la mienne, la chaleur de son contact renforçant ma résolution. « Même pour quelque chose d'aussi simple que le choix d'une voiture, je veux que tu saches que je pense à toi. Je veux que tu te sentes bien, pas seulement dans ton appartement, mais dans chaque aspect de notre vie ensemble. » lui confiait-je en caressant tendrement sa joue.

Puis je lui adresse un clin d'œil complice tout en éteignant la plaque de cuisson, signalant la fin de notre préparation culinaire.Je me rapproche ensuite un peu plus d'elle, embrassant l'ambiance intime créée par notre échange. « J'ai envie de passer directement au dessert, » lui murmurai-je d’une voix suave, insufflant une touche de légèreté et de flirt dans l'air.

Alors que le plat que je venais de préparer continuait de mijoter, Milo était venu me rejoindre dans la cuisine. Comme toujours, les discussions entre nous vont bon train, et ce soir le pilote de ligne évoque des projets. Des projets que je connaissais déjà apparemment et d’autres non. Le comportement de Milo me fait sourire et après avoir échangé un tendre et sincère baiser je réponds à sa dernière remarque « Bien évidemment que j’accepte ! » dis-je un large sourire aux lèvres. Et tout en continuant notre conversation, Milo évoque sa volonté d’acquérir une nouvelle voiture, celle actuelle ayant subit des dégâts. J’accepte volontiers de l’accompagner pour choisir un modèle qui pourrait lui convenir mais émet une certaine curiosité quant au fait que je serais amené à conduire ce nouveau véhicule. Le pilote de ligne m’annonce que pour une raison ou pour une autre je pourrai prendre sa voiture tout comme il pourrait prendre la mienne. Il évoque même une option spéciale à ajouter pour moi. « En effet, je vois que ça cogite beaucoup là-dedans... » dis-je en désignant d’un geste tendre sa tête. Milo semblait vouloir continuer sur sa lancée et m’annonce vouloir me parler de quelque chose nous concernant, concernant notre vie ensemble. « Je t’écoute... » dis-je en me plaçant face à lui, prête à écouter ce qu’il souhaitait me dire. « Même pour quelque chose d'aussi simple que le choix d'une voiture, je veux que tu saches que je pense à toi. Je veux que tu te sentes bien, pas seulement dans ton appartement, mais dans chaque aspect de notre vie ensemble. » Les paroles de Milo me touchent profondément. « Ce que tu dis c’est vraiment très touchant Milo… Sache que je souhaite que tu te sentes bien aussi dans chaque aspect de notre relation, de notre vie… C’est très important pour moi, tu le sais... » J’approche doucement mon visage du sien « Je t’aime » murmurai d’une voix à peine audible avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Sur ces mots, Milo vient éteindre la plaque de cuisson avant de s’approcher de moi et de m’avouer qu’il avait envie de passer directement au dessert. Je souris légèrement, mais sa voix suave flirtant ouvertement me faisait frissonner. «  Un dessert ? Mais qui a dit qu’il y aurait un dessert ? » dis-je d’un ton léger pour plaisanter un peu, sachant très bien ce à quoi Milo faisait référence. Mes mains glissent sur son torse puis autour de sa nuque « Milo... » Mais nos lèvres s’effleurent, s’embrassent délicatement « Sois raisonnable, avec ton dos... » nos lèvres s’embrassent à nouveau « ce n’est pas conseillé... » finis-je avec difficulté ma phrase entrecoupé de tendres baisers.

Heureux, mais pas surpris d’apprendre que Cassia m’accompagnera pour choisir une voiture, un sourire éclatant illumine mon visage alors que je l'embrasse tendrement. L'émotion me submerge légèrement ; après tout, même s'il s'agissait simplement de sélectionner le meilleur aspirateur ou la casserole la plus performante du marché, ma joie serait tout aussi grande. La raison est simple : tout devient spécial dès lors que nous le faisons ensemble. « J'ai vraiment hâte d'être complètement rétabli »lui avouai-je, mes pensées bourdonnant d'idées et de projets pour l'avenir. La perspective de retrouver pleinement mes capacités pour vivre nos aventures quotidiennes et extraordinaires avec elle me rend impatient. C'est vrai, je pense constamment à elle. Chaque détail quotidien me rappelle Cassia. Que je me promène dans un magasin ou que mes yeux se posent sur un simple paquet de bonbons, mon premier réflexe est de penser : « Tiens, cela ferait plaisir à Cassia. » Chaque petite découverte devient une opportunité de lui apporter un sourire, de tisser ensemble ces petits fils de bonheur qui composent le tissu de notre vie commune.

Au fil des années, j'ai exploré diverses relations, certaines teintées de plaisir éphémère et d'autres de désirs passagers. Mais aucune de ces aventures ne m'a apporté le sentiment de plénitude et de bonheur durable que je ressens avec Cassia. À ses côtés, je découvre chaque jour la profondeur d'un amour véritable, un sentiment si enraciné que l'idée même de la perdre me semble insoutenable. Plus le temps file, plus je suis convaincu qu'aucune femme ne pourrait jamais prendre sa place. Elle est devenue une part essentielle de moi-même sans laquelle la vie perdrait une grande partie de sa saveur. Si demain le pire devait se produire, si par malheur elle venait à me manquer, je sais déjà que je me sentirais atrocement seul, presque comme un homme veuf, errant sans but dans le silence d'une existence soudain vidée de sa lumière. « Tu peux me répéter ce que tu viens de me dire, s’il te plaît ? » demandai-je faussement en ayant parfaitement entendu ce qu’elle vient de me confier. « Moi aussi… » Je réponds doucement, laissant les mots flotter un instant dans l'air avant de presser mes lèvres contre les siennes.

La réaction de Cassia à ma proposition de passer directement au dessert m'arrache un sourire amusé. Son regard malicieux trahit une étincelle de surprise mêlée d'intérêt, et je peux presque entendre son cœur battre plus fort. Il est vrai que céder à une telle tentation n'est guère raisonnable, mais avec Cassia, la raison semble souvent céder la place à l'impulsivité joyeuse. C'est dans ces moments-là que je me rends compte qu'elle est vraiment la seule femme dont je ne pourrais jamais me lasser. « Qui a dit que j'allais devoir travailler ? » je lance en douce provocation, mon sourire s'élargissant alors que mon doigt trace un chemin léger et taquin le long de son décolleté. « Je connais d'autres positions idéales… Peut-être que tu aimerais en essayer certaines d'ailleurs ? » Ma voix est un murmure complice, chargé d'une promesse de découvertes mutuelles et de plaisirs partagés.

Les confessions de Milo me touchaient vraiment au plus au point. Et cela me rassurait aussi quelque peu de savoir que je n’étais pas la seule à penser constamment à lui ou alors à de futurs projets que nous pourrions effectuer ensemble. Poussée par cette ambiance bienheureuse et chaleureuse, je me laisse aller et prononce les quelques mots si spéciaux. Ce n’était pas la première fois, mais sachant que Milo avait encore un peu de mal avec ses sentiments, je me contenais évitais de lui dire sans cesse. Même si mon cœur lui, hurlait ces trois petits mots à longueur de journée. Mais là à cet instant précis, il m’était impossible de ne pas lui dire que je l’aimais. Milo, innocemment fait comme si il n’avait pas entendu. Je lui murmure alors à nouveau un « je t’aime » à peine audible avant que le jeune homme ne vienne me répondre que lui aussi m’aimait. Nos corps s’étaient dangereusement rapprochés, Milo lançait très explicitement des avances voluptueuses. Mes lèvres elles, ne répondaient déjà plus de rien à cette proximité. Toutefois, je ne peux m’empêcher de souligner le fait qu’une telle activité n’était pas raisonnable vu l’état de son dos très douloureux encore. Le jeune homme semble déjà avoir pensé à des solutions, un léger rire émane d’ailleurs de ma bouche quand il me dit que personne n’avait dit qu’il allait devoir travailler. Ses doigts, délicatement jouent avec mon décolleté. Ce simple geste me faisait déjà littéralement fondre. Le pilote de ligne avoue ouvertement connaître d’autres positions, dont j’en apprécierais certaines. « Ah oui ? Tu penses... » dis-je en venant frôler à nouveau ses lèvres avec les miennes. « Ce n’est vraiment pas du jeu, je ne peux décidément pas te résister. Surtout quand tu agis ainsi... » dis-je à contre cœur, presque en faisant une moue faussement boudeuse. Mes mains caressent tendrement la peau fine de son cou avant de descendre sur son torse, nos lèvres elles, se retrouvent dans un baiser très passionné.

La remarque de Cassia, suggérant qu'elle ne peut pas me résister, m'arrache un rire amusé. « Ah parce que tu crois que je peux te résister, moi ? » lui rétorquai-je d'un ton joueur, bien que ma question soit purement rhétorique. Même affublé d'une vulgaire serpillère sur la tête, je sais pertinemment que je suis incapable de lui tenir tête. « Le matin... Qui se promène nue jusqu'à la salle de bain, ou alors uniquement vêtue de ma chemise ? » l'interroge-je d'un air faussement accusateur, mes yeux pétillant de malice. « Et après tu me demandes de résister ? J'aimerais bien t'y voir... » Nos lèvres se retrouvent alors dans un baiser passionné, nos corps s'attirant irrésistiblement l'un vers l'autre. Même si je sais pertinemment que Cassia a raison, je suis totalement et irrémédiablement incapable de lui dire non, quelle que soit sa requête. Nos peaux nues ne tardent pas à s'embraser au contact brûlant de nos étreintes fiévreuses. Même malade ou mourant, j'ai l'intime conviction que je désirerai toujours Cassia avec cette même ardeur incandescente. Son petit corps et ses courbes tentatrices font naître en moi un insatiable appel charnel que ni la maladie ni la fatigue ne semblent pouvoir éteindre. Ses mains expertes se font aussitôt caressantes, effleurant mes muscles endoloris avec une douceur presque thérapeutique. Chaque effleurement de ses doigts semble apaiser les tensions dans ma chair malmenée. Bientôt, mes gémissements de douleur cèderont leur place à des soupirs d'aise, ma peau frissonnante sous l'action de ses lentes caresses envoutantes.

Quelques jours plus tard, nous nous retrouvons sur le parking du concessionnaire automobile, à la recherche de ma nouvelle voiture. Bien que soulagé d'avoir enfin réglé mes problèmes de dos grâce aux soins attentionnés de Cassia, j'appréhende cette étape, craignant les joutes verbales avec les vendeurs un peu trop zélés. Dès notre entrée dans la vaste salle d'exposition, un jeune commercial à l'allure désinvolte se dirige vers nous d'un pas conquérant. Son regard s'attarde un peu trop longuement sur les courbes généreuses de Cassia, qui marche d'une démarche assurée à mes côtés. « Bienvenue chez Autosélect ! Je m'appelle Brad et je suis ravi de vous guider dans votre choix », lance-t-il d'une voix suave en adressant un clin d'œil appuyé à ma compagne. Les premiers instants sont consacrés à détailler mes besoins et préférences, mais il ne faut pas longtemps avant que Brad ne commence à orienter la conversation sur un terrain plus glissant. « Alors comme ça, vous cherchez un véhicule pour votre petit ami ? » lance-t-il sans ciller en direction de Cassia. « Quel genre d'homme aurait besoin d'une voiture aussi performante ? » Je sens mes mâchoires se contracter tandis qu'il poursuit sur sa lancée, détaillant d'un air concupiscent les atouts de Cassia tout en vantant les mérites douteux de tel ou tel modèle. « Une femme comme vous mérite une puissante cylindrée, capable de suivre le rythme d'une créature aussi... vibrante. »

L’idée d’être intime ne m’était pas venue à l’idée en voyant Milo souffrir à cause de son dos. Mais ce dernier ne semblait absolument pas du même avis. La raison me dit de ne pas céder, de penser à Milo, à son repos nécessaire mais il est très compliqué de résister au pilote de ligne. C’est d’ailleurs ce que je lui confie. En retour, Milo me confie exactement la même chose à mon égard. Un rire émane de ma bouche quand le jeune homme évoque mes allers à la salle de bain sans le moindre vêtement ou alors le port d’une simple chemise lui « J’aime tes chemises, j’y suis très à l’aise dedans. Je n’y peux rien... » dis-je presque faussement innocente. Nos lèvres viennent se retrouver ardemment tous comme nos deux corps. Et bientôt, nous prenons le chemin de la chambre.

Quelques jours plus tard.
Nous venions tout juste de pénétrer dans une concession automobile à la recherche d’une nouvelle voiture. A peine arrivés, un jeune commercial du nom de Brad nous accueille. Milo ne perd pas de temps et indique au jeune vendeur ses besoins ainsi que ses préférences. Puis la dénommé Brad se met à me faire la conversation, me questionnant sur l’envie de chercher un véhicule pour Milo. « Disons plutôt que je suis là pour l’accompagner avant tout et l’aider à choisir si besoin. » dis-je simplement avec une légère retenue. Les remarques suivantes du vendeur me surprennent quelque peu. Lorsque le commercial demande quel genre d’homme aurait besoin d’une voiture aussi performante je réponds « Le genre d’homme dynamique, ambitieux et aventureux… Exactement le genre … de mon homme » dis-je en lançant un regard complice et totalement amoureux vers Milo. Mais le commercial ne s’arrête pas en si bon chemin, il m’indique clairement qu’une femme comme moi méritait une puissante cylindré. Ce qu’il ajoute ensuite le fait clairement dépassé ses droits de simple vendeur. Je tente malgré tout de rester courtoise. « Très honnêtement, je ne m’y connais que très peu dans ce domaine et-- » je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que Brad ajoute « Aucun problème, montrez moi un modèle qui vous plait et je vous emmène faire un tour pour vous montrer ce qu’elle a sous le capot. » Il dépassait clairement des limites. « J’ai déjà une voiture. Comme on vous l’a expliqué, nous sommes là pour mon conjoint. Et non pour moi... » dis-je d’un ton un peu plus ferme que tout à l’heure. « H’m… Oui oui bien évidemment. Monsieur a t-il déjà une préférence peut-être ? » demande t-il alors en regardant Milo cette fois-ci.