Assis derrière Cassia, je ne peux détacher mon regard de sa silhouette délicate. La lueur du crépuscule vient caresser ses traits d'une douce lueur mordorée, faisant briller par moments des éclats malicieux au fond de ses yeux. J'observe, presque hypnotisé, la courbe appétissante de ses lèvres se poser sur chaque bouchée qu'elle porte à sa bouche avec une lenteur délibérément provocante. Chaque fois que sa main se rapproche de son visage, j'en profite insidieusement pour me pencher et venir ravir ses lèvres dans un rapide baiser volé, ne retenant qu'à peine un sourire mutin devant son air faussement offusqué. Un jeu de séduction aussi vieux que le monde mais qui ne perd jamais de son charme entre nous. Alors qu'elle poursuit son repas d'une façon bien trop suggestive pour être innocente, je me rapproche encore un peu plus d'elle jusqu'à sentir les effluves de son parfum venir titiller mes narines. Mon souffle vient doucement effleurer le lobe de son oreille dans la plus légère des caresses. D'une voix d'une suavité délibérément chargée de sous-entendus à peine voilés, je viens alors lui murmurer d'une voix rauque et basse. « Il y a bien une chose que je compte absolument terminer ce soir... ». Mon ton est provocateur mais d'une douceur de velours, mes yeux d'un bleu ardent ancrés aux siens avec une intensité dévorante, cherchant à y lire l'éclat distinctive du désir réciproque. Je me recule légèrement pour mieux admirer l'effet que mes paroles ont sur elle. Son trouble est perceptible mais terriblement séduisant. Une tension taquine et chargée de promesses s'installe peu à peu dans l'atmosphère, que chacun de mes baisers volés, appuyés avec une exquise lenteur, ne fait qu'accentuer davantage.

Finalement, le désir nous submerge dans un même élan brûlant. Je me redresse pour faire face à Cassia, attrapant ses lèvres offertes dans un baiser ardent et passionné. D'un geste lent mais assuré, je glisse une main autour de sa taille pour l'attirer contre moi, collant son corps au mien avec une ferveur à peine contenue. Elle réagit instinctivement à mon étreinte, enroulant ses bras autour de ma nuque dans un geste possessif. Ses jambes viennent ensuite se nouer fermement autour de mes hanches, m'enserrant dans une étreinte brûlante. Sans rompre notre baiser, je la soulève contre moi avec douceur, la laissant se laisser porter par la sensualité fluide de mes mouvements. Nous progressons lentement en direction de sa chambre, chacun de nos pas rythmés par les battements sourds de nos cœurs palpitants et le froissement de nos peaux se frôlant dans une caresse enfiévrée.

Enfin, nous franchissons le seuil de l'intimité de cette pièce, nos sens comme exacerbés par l'aura charnelle qui s'en dégage. D'un geste délicieusement calculé, je viens déposer Cassia sur les draps immaculés de son lit, la découvrant à mes yeux avec une lenteur insoutenable. Nos bouches se retrouvent en un souffle haletant, s'unissant dans un ballet voluptueux et profond, nos langues se découvrant et se caressant mutuellement dans une sensualité presque étourdissante. Nos corps se mouvant dans une harmonie intime, presque chorégraphiée, révélant notre indéfectible complicité et notre connexion charnelle si particulière. Peu à peu, gestes après gestes, caresses après caresses, les barrières de tissu finissent par tomber dans un doux murmure pour laisser nos peaux nues enfin se frôler librement. La chaleur de nos corps, exacerbée par la fièvre de nos désirs, semble se fondre et fusionner jusqu'à ne faire plus qu'un sur ces draps défaits.

Le silence apaisant du petit matin baigne encore l'appartement de sa quiétude bienvenue lorsque je me réveille en douceur, mes paupières encore lourdes de sommeil s'ouvrant lentement sur le jour naissant. À mes côtés, Cassia dort encore profondément, son visage serein niché au creux des oreillers défaits, sa poitrine se soulevant au rythme lent et régulier de sa respiration apaisée. Après quelques instants passés à contempler ce spectacle d'une beauté si simple, je me décide finalement à quitter à regret la douce chaleur de son lit et de son corps enlacé au mien. Avec d'infinies précautions pour ne pas la réveiller, je repousse les draps et me lève, les pieds nus rencontrant la fraîcheur du parquet. Je tiens à prendre un peu d'avance ce matin et à alléger autant que possible sa journée, surtout avec ce rendez-vous crucial qui nous attend tout à l'heure.

D'abord, je m'attelle à défaire nos valises suite à notre retour du court voyage. Tandis que la sienne est déjà vide, ses affaires dépliées et éparpillées un peu partout, je m'attaque à la mienne encore pleine. Je vide méticuleusement chaque compartiment, triant et dépliant avec soin chaque vêtement dans un rituel presque apaisant. Une fois cette première mission achevée, je m'attaque à la machine à laver... Séparant méticuleusement les couleurs des blancs, je la charge avec les cycles appropriés afin Cassia ne perde pas inutilement du temps dans ces tâches ménagères. Ensuite, je me dirige vers le salon pour m'attaquer au dossier de l'armée qui requiert toute mon attention. Après l'avoir imprimé, je commence à le remplir avec la plus grande application, m'assurant que chaque case, chaque détail soit parfaitement correct et complet. Chacune de ces lignes noircies représente un pas de plus vers cette mission temporaire qui, bien que de courte durée, me séparera malgré tout d'elle pour un temps... Un poids supplémentaire venant s'ajouter à l'angoisse déjà tenace qui m'étreint la poitrine. Mon regard se pose un bref instant sur le cadran de la montre offerte par Cassia qui orne délicatement mon poignet. Un sourire vient aussitôt étirer le coin de mes lèvres tandis que je contemple le boîtier étincelant, bien plus qu'un simple garde-temps à mes yeux.

Avec un soupir songeur, je décide qu'il est grand temps pour moi d'exprimer une partie des innombrables sentiments qui tournoient dans mon esprit. Je m'empare d'un stylo et d'une feuille de papier avant de me mettre à coucher sur le papier les mots du cœur, mêlant déclarations passionnées et doux encouragements dans une veine résolument personnelle. Une fois ma lettre achevée, je me glisse à nouveau dans la chaleur rassurante des draps, venant me blottir tout contre son dos. Un de mes bras trouve naturellement le chemin de sa taille tandis que ma main libre vient tendrement recouvrir la sienne avec une douceur infinie.

L’atmosphère prend rapidement une toute autre tournure. Alors que Milo se débarrasse doucement de sa chemise mes lèvres viennent capturer ses lèvres pour un tendre et long baiser. Dès cet instant, nos lèvres ne cessent de s’embrasser, nos cors eux ne cesse de se rapprocher davantage. Rapidement, nous nous dirigeons dans la chambre. Et là sur ce lit, nos mains parcourent le corps de l’autre, les caresses se font de plus en plus ardentes et nos vêtements tombent un par un. Nos deux corps emplis de désir pour l’autre finissent pas ne faire plus qu’un entament un ballet des plus sensuels. C’est très rapidement et complètement épuisée par cette journée éprouvante que j’avais rejoins les bras de Morphée. Une longue nuit, réparatrice.

Je sens le sommeil me quitter petit à petit. Je perçois déjà la lumière extérieure présente dans la pièce, et la chaleur émanant du corps de Milo. Les bras réconfortants et chaleureux du jeune homme qui m’enlacent me tire davantage de mon sommeil. Tout naturellement, je viens davantage me blottir contre lui, un léger sourire aux lèvres. Mes doigts viennent s’entrelacer tendrement aux siens. J’ouvre alors légèrement les yeux et viens déposer quelques baiser sur sa main tout en remontant sur son bras. Je finis par me retourner pour lui faire face. « H’m… Bonjour toi… » murmurai-je doucement avant de venir déposer un doux baiser sur ses lèvres. Je passe délicatement mes bras sur son torse avant de nicher mon visage au creux de son cou. « Ça m’avait manqué les réveils à tes côtés... » avouai-je alors en déposant quelques baisers dans son cou. Des matins comme celui-ci j’en avais rêvé tous les jours pendant le temps de notre rupture. Il m’étais même arrivé d’en rêver. Quelle désillusion lorsque je m’apercevais que la présence de Milo n’était qu’une douce illusion, un doux rêve. Mais ce matin sa présence était bel et bien réel et cela contribuait tout simplement à mon bonheur.

Allongé derrière elle, nos corps se complètent à merveille. La main de Cassia repose sur son ventre, protectrice, tandis que la mienne trouve sa place sur la sienne, un geste de connexion et de tendresse. La chaleur de son corps se diffuse contre le mien, apaisant, rassurant, comme un rempart contre les tracas du monde extérieur. Ses cheveux caressent mon visage, effleurant ma peau de leur douceur soyeuse. Tandis qu'elle bouge doucement, se blottissant encore plus contre moi, une vague de contentement m'envahit. Ses doigts trouvent les miens, les entrelaçant avec une délicatesse poignante. Elle dépose des baisers au dos de ma main, remontant lentement le long de mon bras, chaque geste débordant d'affection. Puis elle se retourne pour me faire face. Son regard, brun et brillant d'une lumière intérieure, se fonds dans le mien, et un sourire timide ourle ses lèvres un sourire qui provoque le mien en écho. Qu’est-ce qu’elle est belle... Aucune autre femme ne saurait prendre sa place dans mon cœur. Elle niche son visage dans le creux de mon cou, parsemant ma peau de baisers légers, tendres et réconfortants. « Bonjour Madame Davis… » lui murmurai-je contre son front avant de déposer un baiser affectueux. « Ils m’ont manqué aussi… » Confession douce, alors que je joue avec une mèche de ses cheveux, la replaçant derrière son oreille avec une tendresse infinie. Ma main se pose doucement sur son épaule, cherchant à maintenir ce lien physique essentiel entre nous. Mon index trace des chemins imaginaires le long de son épaule dénudée, montant et descendant en un ballet silencieux qui raconte des histoires d'amour et de manque. « Je suis malheureux sans toi… » Les mots s’échappent de mes lèvres alors que je porte sa main à mes lèvres pour y déposer un baiser respectueux. Mon cœur bat un peu plus fort en pensant à la période de notre séparation. « Tu sais… pendant notre rupture, j’ai rencontré quelques femmes. » Je précipite mes paroles, voulant éclaircir tout malentendu avant qu'il ne prenne racine. « Il ne s’est rien passé avec elles. Tu sais pourquoi ? » La question suspendue dans l'air, rhétorique, chargée d'émotion. « Je te cherchais à travers chacune d’elles. Aucune ne sourit comme toi, aucune ne me regarde comme toi, aucune ne peut me rendre heureux comme tu le fais… » Mon regard se perd dans le sien, cherchant une étincelle de compréhension, d'acceptation. Mon doigt continue de jouer distraitement sur son épaule, tandis que je me noie dans la profondeur de son regard.

Je me souviens encore des longues nuits glaciales où la douleur fantôme de sa douce étreinte me hantait sans répit, même lorsque le sommeil finissait par m'emporter dans ses bras léthargiques. C'était comme si chaque fibre de mon être hurlait sa peine, chaque parcelle de ma peau réclamant désespérément la chaleur réconfortante de sa présence aimante. Au réveil, la morsure du vide était plus cruelle que jamais. Le lit autrefois imprégné de son parfum délicat n’exhalait plus que le relent âcre de mon chagrin. La froideur de ces lins désormais glacés me happait sans pitié, me rappelant que rien ne serait plus jamais comme avant. Chaque geste, aussi anodin soit-il, demeurait affreusement incomplet sans Cassia pour en être le témoin privilégié. Mes mains s'activaient avec une lenteur mécanique, comme privées d'âme et de sens véritable. Que ce soit refermer un bouton de chemise ou touiller d'un air absent mon café du matin, tout n'était que vide et désolation. Un rappel cuisant de l'absence de celle qui donnait un but à chacun de mes faits et gestes. Chaque mot que je prononçais se heurtait à l'écho sourd et froid d'un silence de plomb, privé de sa voix pour lui répondre et le réchauffer de ses douces inflexions. Même les phrases les plus anodines, débitées d'un ton monocorde, semblaient se perdre dans le vide intersidéral de cette solitude accablante. Chaque lieu traversé n'était que désolation et mélancolie à l'état brut. La moindre pièce de mon appartement désormais trop grand pour mon chagrin me crachait au visage une pluie de souvenirs dont l'intensité me faisait chanceler sur mes jambes ébranlées. Chaque regard posé sur moi me rendait un peu plus aveugle chaque jour que les heures passaient. Les prunelles de ceux qui m'entouraient n'étaient que miroirs de ma propre déchéance, reflets de ma peine incapables de me ramener vers la lumière à laquelle j'appartenais. Ce même éclat de vie que les yeux séduisants de Cassia faisaient jadis briller dans les miens. Je n'étais plus qu'une coquille vide errant sans but ni foi, que le gouffre béant de son absence menaçait d'engloutir un peu plus chaque jour. Un spectre dépossédé de son âme, privé de cette moitié qui m'avait appris à aimer et à vivre pleinement.

Dans le doux tumulte de notre réconciliation, alors que je regarde Cassia, tous ces moments me reviennent avec une acuité poignante. « Tu sais... Lorsque nous nous sommes revus lors de la soirée des anciens étudiants, et que j'ai vu Nolan t’embrasser, j'ai cru que c'était définitivement fini entre nous. » Je laisse les mots flotter un moment, laissant le poids de cette révélation imprégner l'air entre nous. Je poursuis, un peu plus hésitant, cherchant à mettre des mots sur des émotions complexes. « Dans un effort maladroit de réaction, j'ai tenté de te rendre jalouse en passant du temps avec Léa. J'en parlais peut-être un peu trop, espérant voir un signe, n'importe quel indice que cela t’affectais... » Je baisse les yeux, embarrassé par mes propres tentatives enfantines de capter son attention. « Mais lorsque rien n’a semblé te perturber, j'ai interprété cela comme un signe que tu avais véritablement tourné la page. Cela m’a fait plus mal que je ne peux l’admettre... » Je prends une profonde inspiration, me permettant de rassembler mes pensées avant de continuer. « Je suis désolé pour tout Cassia… »

Quel bonheur de se réveiller aux côtés de l’homme que l’on aime. Quel bonheur de sentir la chaleur et la douceur de son corps contre soi alors que mes yeux ne sont pas encore entièrement ouvert. Je me tourne légèrement pour lui faire face et nicher délicatement mon visage au creux de son cou tout en saluant le jeune homme et en déposant quelques baisers dans son cou. Milo me salue à son tour en me nommant avec son patronyme. Un léger sourire se dessine sur mon visage à l’entente de ce nom. Milo m’avoue à son tour que ce genre de réveil lui avait également manqué. La main du jeune homme se pose sur mon épaule et son index vient tracer une chemin imaginaire sur ma peau. Ce doux contact me fait frissonner. Tout comme ce qu’ajoute Milo quant au fait d’être malheureux sans moi. Il porte alors ma main à ses lèvres pour y déposer un doux baiser « Je le suis aussi sans toi... » avouai-je à mon tour. Le pilote de ligne se lance dans un autre aveu. Il m’avoue avoir rencontré quelques femmes pendant notre rupture. A cette annonce, je ressens un léger pincement au cœur. Toutefois, Milo précise très rapidement qu’il ne s’était rien passé avec ces femmes et m’en donne la raison. Une magnifique raison. Je ne peux m’empêcher de ressentir un certain soulagement face à l’explication de Milo. « Merci pour ta sincérité... Et tes paroles me touchent énormément, sache le… » avouai-je à mon tour. Repenser à notre rupture était toujours aussi douloureux bien que cette dernière soit à présent derrière nous. Rien que de repenser à cette période difficile, les mauvais souvenirs revenaient immédiatement en tête. Tout comme les réveils, seule, dans ce lit qui me semblait chaque matin glacial sans Milo.
 
Milo évoque ensuite la soirée des anciens étudiants et il évoque le pseudo baiser que Nolan m’avait donné. J’écoute attentivement Milo. « Je me doute que cela n’a pas dû être agréable. Mais comme je te l’ai dit ce soir là, il était ivre… Et je l’ai repoussé immédiatement. » Je préférais malgré tout remettre à nouveau les choses au clair. Milo m’avoue que, il lui avait semblé que rien ne me perturbais et qu’il avait donc interprété cela comme un signe que j’avais véritablement tourné la page. Ce léger pincement au cœur s’intensifie en entendant Milo me dire que cela lui avait fait plus mal qu’il ne pouvait l’admettre. « Tourner la page ? Je ne l’ai jamais fait, je n’y ai même jamais songé... » Je tente alors d’expliquer mon comportement « Crois moi cela a été très difficile de te voir discuter avec d’autres femmes. Et surtout de te voir si proche de Léa… La réaction que j’ai eu… Ce n’était pas de l’indifférence, bien au contraire. J’ai fait en sorte de ne rien montrer, par simple fierté sans doute… Parce que dans le fond, j’étais blessée et… tellement triste de cette situation… Mais crois-moi, j’ai vraiment eu peur que tu trouves du réconfort ou bien plus avec une autre... ». Milo s’excuse pour tout. « Tu n’as pas à t’excuser, cette mauvais période est derrière nous maintenant... » L’une de mes mains vient délicatement caresser la joue du jeune homme avant que mes lèvres ne viennent déposer un baiser sur les siennes.

Assis à ses côtés, je me concentre intensément sur Cassia, scrutant chaque petit changement d'expression sur son visage, chaque nuance dans le ton de sa voix qui révèle l'étendue de ses émotions. Elle me confie de nouveau avoir repoussé Nolan, ce qui me procure un étrange soulagement, mêlé toutefois aux échos des mots durs d'Erin qui me reviennent en mémoire. Je masque cependant mes sentiments sous un sourire de façade, tentant de dissimuler la complexité de mes pensées. Lorsqu'elle explique la raison de son comportement, j’esquisse un simple hochement de tête en guise de réponse. Je comprends profondément son geste ; après tout, si les rôles étaient inversés, n'aurais-je pas agi de la même manière ? Sa voix diminue de quelques octaves alors qu'elle partage la peur qu'elle a ressentie à l'idée que je puisse trouver du réconfort, voire plus, dans les bras d'une autre. Ces mots me serrent le cœur, rappelant les insinuations d'Erin ou de Lou. Ses doigts caressent doucement ma joue, un geste tendre qui contraste avec la gravité de notre conversation. Ses lèvres trouvent les miennes dans un baiser léger. Nerveusement, je baisse les yeux après ce contact, luttant contre la montée des émotions que ses paroles et ses gestes éveillent en moi.

Dans le silence confortable de la pièce, je pèse chaque mot avant de les laisser s'échapper. Malgré la tentation de lui révéler les paroles dures et blessantes qu'Erin et Lou ont pu émettre à son encontre durant notre séparation, je choisis de garder cela pour moi. Je ne veux pas ajouter de poids à son cœur déjà lourd de peine et de doutes. Les mots peuvent parfois être des lames tranchantes, et je refuse de les utiliser contre Cassia, surtout dans un moment aussi fragile. Je la regarde, ses yeux cherchant peut-être des signes de ce que je ne dis pas, mais je me contente de lui offrir un sourire rassurant, espérant masquer mes propres turbulences intérieures. Je préfère lui épargner le fardeau de savoir jusqu'à quel point les mots peuvent être cruels, surtout venant de personnes qu'elle pourrait considérer comme des proches ou des connaissances. À la place, je prends sa main, la serrant doucement entre les miennes, un geste simple mais empli d'une promesse non dite de protection et de réconfort. La préservation de son bien-être et de son bonheur reste ma priorité, et je me promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour la protéger, même si cela signifie garder certaines ombres du passé dans le silence.

Je prends une profonde inspiration, les mots qui vont suivre sont durs à dire, mais nécessaires pour la transparence que je souhaite instaurer entre nous. Assis à côté de Cassia, je tourne légèrement la tête pour capter son regard, cherchant à y lire de la compréhension avant même d'avoir commencé. « Cassia, il y a quelque chose que je dois t'avouer à propos des mois durant lesquels nous étions séparés... » ma voix baisse presque malgré moi, trahissant mon inconfort. « J'ai passé pas mal de temps avec Léa. Certains week-ends, ou parfois, je logeais chez elle pendant quelques jours. » Je marque une pause, laissant le temps à mes mots de s'installer entre nous. Je continue, ma main cherchant la sienne, espérant y trouver un peu de chaleur, un peu de soutien. « Ce n’étaient pas juste des visites amicales... Même s’il ne s'est strictement rien passé entre nous. C'était une manière pour moi d'essayer de combler le vide que ton absence laissait dans ma vie. Je ne cherche pas à me justifier, mais je veux que tu connaisses la vérité. »

Après avoir partagé cet aveu difficile mais libérateur avec Cassia, je me penche vers elle avec une infinie tendresse. Nos visages ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, nos souffles se mêlant en une douce caresse. D'un geste délicat, presque révérencieux, je viens déposer un baiser apaisant sur sa tempe. Un effleurement chargé de promesses muettes visant à dissiper la lourdeur qui s'est insidieusement installée entre nous. Puis je me redresse lentement, j'adresse à Cassia un sourire réconfortant avant de quitter la chaleur enveloppante des draps défaits. Je me dirige d'un pas assuré vers la cuisine, décidé à alléger l'atmosphère avec un geste tendre et quotidien chargé de familiarité apaisante. « Je reviens… Ne te rendors pas trop vite sinon je serais dans l’obligation de te réveiller de la plus douce des manières… » soufflai-je à voix basse d’une vois pleine de sous-entendu. « Et si tu me mattes lorsque j’ai le dos tourné, je le saurais. Sache que je ferai de même tout à l’heure lorsque tu prendras ta douche… Qui devra certainement se prolonger plus longtemps que prévu… » ajoutai-je avant de l’embrasser une dernière fois.

Quelques minutes plus tard, je reviens auprès d'elle avec un plateau joliment dressé sur lequel trône tout ce qu'elle affectionne pour un copieux petit-déjeuner. Croissants dorés et fumants, confitures aux parfums divins, jus d'orange fraîchement pressé et du thé. Un véritable régal pour les sens que je dépose délicatement sur ses genoux tendus, veillant à ne rien renverser de ce festin rassurant. Avec un soin tout particulier, je lisse les plis du drap d'une main, créant une surface d'un blanc immaculé sur laquelle vient se poser notre plateau de douceur partagée. Esquissant un geste d'invitation, je viens me glisser à ses côtés dans un bruissement de draps frais. Nos corps se frôlent, se rappelant avec une naturelle évidence de leur intimité perdue puis retrouvée. Un soupir de contentement m'échappe tandis que mon épaule frôle la sienne avec une caresse presque imperceptible. C'est dans un silence seulement troublé par les petits bruits de notre dégustation que nous entamons ce tendre moment de communion. Savourant chaque bouchée, chaque gorgée comme on célébrerait des retrouvailles longtemps attendues et un peu fébriles. 

Soudain la vibration de nos téléphones respectifs brise cet instant. Fronçant les sourcils, j'attrape le mien pour découvrir un message de Tyler sur l'écran lumineux. J'en lis le contenu à haute voix d'une voix légèrement tendue. « C’est Tyler. Il semble avoir créé un groupe avec Léa, Grace, toi et moi. Il propose d'organiser un week-end entre amis d'ici un bon mois afin que nous nous retrouvions tous comme avant… » Une bouffée d'appréhension vient étreindre ma poitrine tandis que mon regard se tourne vers Cassia. Si nous décidions d'aller à ce week-end, il faudrait jouer la comédie auprès de nos amis et faire croire que nous n'étions que de simples amis, de meilleurs amis... Rien de plus. « Que penses-tu de l'idée de Tyler ? » formulai-je avec une douceur troublée. « Si nous y allons, il faudra que ce soit en tant que meilleurs amis uniquement... Personne ne doit être au courant que nous nous sommes remis ensemble. » Ma voix trahit une pointe de préoccupation palpable tandis que je poursuis avec une lueur d'espoir dans le regard. « Je sais que ce ne sera pas facile de naviguer entre notre relation et nos amis sans rien laisser paraître... Mais si tu es d'accord, j'aimerai qu'on tente le coup ? Si tu ne préfères pas, je peux le comprendre et ne pas venir afin que tu puisses profiter de ce week-end avec eux. » lui proposai-je naturellement afin de ne pas entraver sa liberté. Je scrute avidement les moindres tressaillements de son visage, guettant sa réaction avec une inquiétude mêlée au désir de retrouver nos amis malgré les défis que cela implique.

Encore confortablement installés dans le lit, Milo et moi discutions de cette troublante et douloureuse période où nous étions séparés. Nous nous livrons alors, toujours dans une certaine douceur, à quelques confessions. Chacun notre tour, nous prenions le temps de mettre les choses aux clair et d'exprimer notre ressenti. Toutefois, Milo vient ajouter quelque chose qui me trouble assez. Le jeune homme m'avoue que pendant notre séparation il avait passé pas mal de temps avec Léa, apparemment il lui était même arrivé de loger chez elle plusieurs jours. Mon cœur se serre quand Milo avoue que ce temps passe ensemble n'était pas juste amical. Mais que voulait il sont dire par là ? Je fronce légèrement les sourcils, essayant tant bien que mal de comprendre. « Explique moi. Tu dis qu'il ne s'est rien passé entre vous mais que ce temps passé ensemble n'était pas juste amical... Je suis un peu perplexe... » avouai-je alors à Milo en espérant en savoir davantage.

Après cette discussion, Milo dépose un tendre baiser sur ma tempe avant de se redresse doucement. Il souhaite apparemment aller faire quelque chose, il ne conseille de ne pas me rendormir car sinon il serait dans l’obligation de me réveiller de la plus douce des manières.  « H’m… Ne me dis pas ce genre de chose. Sinon je serai capable de faire semblant de dormir... » dis-je amusée avec une pointe d’espièglerie dans ma voix. Nous partageons un dernier baiser avant que Milo ne se lève. Mon regard ne le quitte pas jusqu’à qu’il soit hors de portée. Je reste donc la, allongée dans ce lit. Heureuse de pouvoir à nouveau vivre ce genre de tendre réveil aux côté de Milo.

Quelques minutes plus tard, le jeune homme revient avec un plateau joliment dressé. Un large sourire se dessine sur mon visage en voyant qu’il avait pris le temps de préparer de quoi prendre un bon petit déjeuner au lit. Milo dépose le plateau et je le remercie d’un tendre baiser et d’un regard plein de gratitude. C’est donc dans un moment de grande sérénité et de pur bonheur que nous commençons à prendre le petit déjeuner. Là dans ce lit, côté à côte, et faisant abstraction de tout ce qui pouvait se passer ailleurs. Mais rapidement, une première vibration vient se faire entendre. Puis une seconde. Il s’agissait de nos téléphones portables. Milo attrape son téléphone en premier. Il m’annonce qu’il s’agissait d’un message de Tyler. Il venait de créer un groupe avec Léa, Grace, lui et moi et proposait d’organiser un week-end entre amis afin que l’on se retrouve comme avant. Je suis surprise, mais après tout cela pourrait être sympathique. Milo me demande rapidement ce que je pensais de l’idée de Tyler. « Je pense que ça pourrait être sympa de se retrouver tous ensemble le temps d’un week-end. Comme au bon vieux temps... » Sur ces mots, je prends mon téléphone en main et jette un œil alors au message. Milo ajoute sans attendre que si nous décisions d’y aller il faudra que ce soit en tant que meilleurs amis uniquement. Je ne suis qu’à moitié surprise. Mais dans le fond, une part de moi espérais qu’avec nos amis nous puissions vivre notre relation au grand jour. « D’accord... » Cette idée ne m’enchantait pas vraiment mais si Milo insistait, pour une raison que j’ignorais encore,  j’accepterais. Milo suggère que si jamais je ne préférais pas agir ainsi il pourrait ne pas venir et me laisser profiter du week-end avec eux. « Ne dis pas de bêtises… Tu as le droit autant que moi de participer à ce week-end… Et je veux que tu viennes, plus que tout... » avouai-je alors le plus sincèrement du monde.

Nous profitons tranquillement de notre petit-déjeuner, savourant chaque bouchée dans un silence seulement troublé par le doux cliquetis de nos ustensiles contre la porcelaine et le murmure apaisant de nos conversations à bâtons rompus. Un moment de quiétude se tisse autour de nous, propice aux confidences et aux regards complices échangés. Lorsque Cassia exprime d'une voix douce son souhait de l'accompagner lors du week-end entre amis proposé par Tyler, je hoche la tête en signe d'approbation, incapable de dissimuler la lueur d'allégresse qui vient d'embraser mon regard. L'idée de passer plus de temps avec elle, même sous le couvert de notre amitié, me comble d'un bonheur tendre que je ne cherche pas à contenir. Dans un élan de légèreté venant alléger l'atmosphère, je saisis mon téléphone pour capturer ce moment savoureux où nos âmes semblent enfin retrouver leur harmonie perdue. D'un geste vif, j'encadre son visage dans l'objectif avant de lancer d'un ton mutin. « Tu es magnifique, même avec un peu de confiture sur les lèvres. » Un sourire malicieux vient étirer mes lèvres alors que je la mitraille. Puis tout naturellement que je profite de cette occasion pour me rapprocher d'elle et venir déposer un doux baiser sur son épaule dénudée. Un effleurement délicat qui me permet d'apprécier la soie de sa peau sous la caresse de mes lèvres avant de me reculer à regret. Après cette délicieuse parenthèse, je me saisis de nouveau de mon téléphone pour ouvrir l'application de messagerie d'un geste machinal. Mes doigts glissent avec une agilité fébrile sur l'écran pendant que je rédige une réponse à l'invitation de Tyler, indiquant que nous serons présents tous les deux. Je joue ainsi le jeu de notre amitié aux yeux des autres tout en partageant un regard chargé de sous-entendus complices avec Cassia. Même si cela signifie devoir masquer la profondeur réelle de nos sentiments pour un temps, je suis désormais prêt à jouer ce petit jeu de dupes quelques jours durant. Une plaisante perspective s'ouvre à nous, où nous saurons trouver mille occasions subtiles de nous retrouver furtivement, au détour d'un couloir, d'une chambre isolée ou d'un bref regard lourd de sens, comme deux amants partageant un précieux secret...

Je finis tranquillement ma bouchée, savourant chaque particule sucrée qui vient titiller mes papilles. Puis je m'accorde un instant de réflexion, conscient de l'importance de bien choisir mes mots afin de clarifier les choses avec Cassia. Repoussant délicatement mon assiette, je pose ma fourchette qui vient tinter contre la porcelaine dans un léger tintement métallique. Tournant ensuite la tête, je plonge mon regard dans le sien pour m'assurer d'avoir toute son attention. « Cassia... » Je commence d'une voix légèrement hésitante, comme si j'appréhendais soudain l'impact de mes prochains mots. « Je veux être très clair à propos de Léa, surtout avant que nous allions à ce week-end ensemble. » Je marque une pause infime, le temps que la lueur interrogatrice qui vient d'embraser son regard me conforte dans la fermeté de mes intentions. Puis je poursuis, choisissant soigneusement mon vocabulaire pour apaiser et expliquer. « Léa m'a surtout aidé à parler, à exprimer tout ce que je ressentais pendant notre... séparation. » Un mot qui me fait encore frémir intérieurement malgré les événements récents. « Je veux que tu saches qu'il ne s'est strictement rien passé entre nous. Elle a été... comme une thérapeute, tu vois ? Elle m'écoutait, me conseillait, mais elle n'a jamais rien tenté qui aurait pu dépasser cette limite. » Rassuré par cet aveu j'enchaîne avec une nouvelle inspiration pour asseoir mes dires. « Je pense qu'il est important que tu saches cela, pour que tu ne te méprennes pas sur la nature de notre relation. Elle m'a aidé à gérer ma peine, rien de plus. » Délicatement, je viens cueillir sa main nue posée sur les draps pour y déposer un baiser aussi aérien qu'une aile de papillon. Puis je relève les yeux vers elle avec un sourire à la fois tendre et confiant, espérant que mes mots lui apportent la tranquillité et la certitude nécessaire pour aborder ce week-end sans aucune appréhension ni malentendu paralysant.

Après avoir savouré chaque bouchée de notre copieux petit-déjeuner, je me lève avec une lenteur presque théâtrale, savourant ces instants de complicité retrouvée. D'un geste appliqué, je rassemble notre vaisselle désormais vide sur le plateau avant de me diriger d'un pas mesuré vers la cuisine. Une fois débarrassé de ce fardeau, je reviens auprès de Cassia avec la ferme intention de rendre à son lit son aspect immaculé. Je me mets à chasser minutieusement les moindres miettes rebelles qui ont pu se perdre dans les plis du linge. Chaque coup d'oeil satisfait m'assure que l'espace autour de nous est parfaitement propre et accueillant. Enfin, je peux retourner m'asseoir aux côtés de Cassia, lui adressant un sourire mutin tandis que je m'installe confortablement contre les oreillers défaits. Mon regard se fait soudain espiègle, brillant d'une lueur malicieuse et complice. « Que dirais-tu d'une petite escapade chez le coiffeur ? » Je laisse volontairement ma proposition flotter dans les airs quelques secondes supplémentaires, savourant d'avance l'instant de flottement qu'elle ne manquera pas de provoquer. Puis je poursuis d'une voix délibérément légère. « Tu sais, pour l'armée, je dois avoir les cheveux courts, même si ce n'est que pour quelques semaines. » Une courte pause résonne dans la pièce, le temps pour moi d'observer sa réaction intriguée du coin de l'oeil. Enfin, je reprends la parole avec une pointe de taquinerie exagérément théâtrale dans l'intonation de ma voix. « Et si tu te sens d'humeur audacieuse, tu pourrais même avoir l'honneur de me raser la tête toi-même. » Un rire léger accompagne mes derniers mots tandis que je plonge mon regard dans le sien, espérant que cette idée farfelue aura le mérite de la divertir.

Notre petit déjeuner est momentanément interrompu par la vibration de nos téléphones portables. Un message. Un Message commun. Une proposition de passer tout un week-end avec nos anciens camarades de l'université. Milo semble tout d'abord assez perplexe, hésitant. Il souhaite tout de suite mettre les choses au clair entre nous en me précisant que si nous décidons d'y aller ce serait en tant que meilleurs amis et non en tant que couple. Nous sommes donc tous les deux d'accord. Et soudainement, dans ce petit moment de quiétude Milo s'empare de son téléphone et me prends en photo. Je suis soudainement surprise lorsque le jeune homme me dit que je suis magnifique même avec un peu de confiture sur les lèvres. Je souris amusée malgré tout avant de venir enlever cette légère touche de confiture sur mes lèvres. « Tu aurais pu me le dire avant ... » dis-je amusée malgré tout. Nous échangeons un tendre baiser avant que Milo ne décide de répondre à l'invitation de Tyler.

Le petit déjeuner partagé était vraiment délicieux. Encore une fois, et comme toujours, Milo avait était très attentionné et avait pris soin de sélectionnée des mets sucrés que j'affectionnais beaucoup. Milo m'interpelle alors, souhaitant apparemment me parler de quelque chose d'important. Mon regard se pose alors immédiatement sur lui. Le jeune homme évoque alors à nouveau Léa, il souhaite être très clair à son propos, d’autant plus qu’elle sera également présente à ce week-end entre amis. Milo m’annonce que pendant notre rupture, Léa l’a surtout aidé à parler, à exprimer ce qu’il ressentait. Le jeune homme m’assure à nouveau qu’il ne sait rien passé avec la jeune femme et qu’elle a davantage joué un rôle de thérapeute. Je suis bien évidemment rassurée qu’il ne se soit rien passé entre eux bien que la dernière fois au restaurant je les avais trouvé extrêmement proches. « Oui je vois… Merci pour ton honnêteté. Je dois t’avouer que je suis rassurée qu’il ne se soit rien passé entre vous deux... » Même si cela se serait passé pendant notre rupture, je pense que j’aurais eu du mal à le supporter.

Nous terminons notre collation matinale puis Milo sans que j’ai le temps de faire quoi que ce soit se met à débarrasser et  s’assurer que le lit est impeccable. Le jeune homme me propose une escapade chez le coiffeur. Je suis quelque peu intriguée. Milo me précise alors que pour l’armée il devait avoir les cheveux courts même si son stage ne durait que quelques semaines. « Oh, d’accord… Oui je peux t’accompagner si tu le souhaites. » dis-je un léger sourire aux lèvres. Je ris légèrement quand le jeune homme me propose implicitement de lui raser la tête moi-même. « H’m... je pense qu’il est préférable que tu te rendes chez un vrai coiffeur... » dis-je en lui adressant un léger clin d’œil avant de venir l’embrasser tendrement. Nous finissons donc pas nous lever, prenons le temps de prendre une douche et de nous apprêter pour sortir en ville.

Nous quittons finalement le lit, la journée nous appelant à sortir de notre chaleur matinale Tandis que Cassia disparaît dans un froissement de tissus en direction de la salle de bain pour sa douche matinale, je m'affaire à sortir les vêtements fraîchement lavés de la machine et les étends soigneusement, profitant de ce petit moment de routine pour réfléchir et planifier le reste de notre journée. C'est presque mécaniquement que j'effectue ces gestes si anodins, tandis que les doux échos de la douche voisine me rappellent la présence apaisante de Cassia à mes côtés. Sans plus attendre, je rejoins Cassia sous le jet brûlant qui fait frissonner ma peau dans une délicieuse sensation de bien-être. L'eau ruisselle sur nous, déliant nos cheveux emmêlés et nos esprits tourmentés. Et entre les remous apaisants, nos rires et nos échanges tendres reprennent de plus belle dans une redécouverte grisante de notre intimité. Après notre douche, nous nous préparons rapidement pour la journée dans un joyeux désordre où chaque geste frôle son pendant dans une subtile chorégraphie. Juste au moment où je suis sur le point de franchir le seuil de la salle de bain, Je viens me placer devant elle avec un sourire espiègle incurvant mes lèvres charnues. D'une voix joueuse, je l'arrête d'un geste faussement impérieux. « Tu sais qu'il faut payer le péage pour sortir, n'est-ce pas ? » Un éclat de rire m'échappe tandis que je désigne ses lèvres tentatrices du menton.

La marche le long des trottoirs animés de la ville nous force à adopter une façade de normalité, la douceur de nos moments privés contraste vivement avec l'impersonnalité de l'espace public. Alors que nous nous déplaçons côte à côte, une distance forcée entre nos corps, la réalité de notre situation se rappelle à moi avec une acuité poignante. Chaque pas que nous faisons ensemble est mesuré, chaque geste est calculé pour ne pas dévoiler la profondeur de nos sentiments. Je me retrouve à jongler avec mon téléphone, tapotant sur l'écran sans véritable attention, une manœuvre pour maintenir mes mains et mes pensées occupées, loin de l'envie pressante de saisir la main de Cassia. Mes poches deviennent un refuge récurrent pour mes mains qui autrement chercheraient naturellement les siennes. Cette comédie de normalité est un jeu d'équilibriste que nous jouons sous le regard potentiellement scrutateur du monde extérieur. Cette façade que nous maintenons demeure un poids sur mon cœur, une couche d'invisibilité que nous drapons autour de notre relation, cachant l'éclat de ce que nous partageons réellement. À chaque instant, je ressens le contraste frappant entre la liberté de notre intimité et la restriction de notre interaction publique, une dichotomie qui défie mes envies les plus profondes et teste la résilience de notre lien caché.

Une fois arrivés à destination, le son familier de la clochette retentit avec un tintement cristallin à notre entrée dans le petit salon de coiffure. Un endroit que je fréquente avec assiduité depuis des années maintenant et qui représente pour moi bien plus qu'un simple lieu de passage. Dès les premiers pas franchis, une atmosphère chaleureuse et conviviale m'enveloppe comme une étreinte réconfortante. Les conversations animées des habitués résonnent en un joyeux brouhaha, ponctuées par les éclats de rire tonitruants qui semblent rebondir sur les murs ornés de photographies vintage. Des clichés capturant des coupes d'une autre époque côtoient désormais les sourires radieux des clients satisfaits, un témoignage vivant de l'expertise et de la convivialité qui règnent en ces lieux. C'est d'ailleurs mon coiffeur attitré, Félix, qui vient aussitôt à ma rencontre, un homme au visage jovial et aux mains expertes que je connais presque aussi bien qu'un vieil ami. Un large sourire vient aussitôt étirer ses lèvres quand il me reconnaît. « Milo ! Ça faisait un moment dis-moi ! Alors, une coupe radicale aujourd'hui ? » Son ton est enjoué, sa voix rieuse comme à son habitude. Mais je peux déceler une pointe de malicieuse curiosité dans le pétillement de son regard quand il lorgne sur Cassia d'un air entendu. Je lui confie alors que je me prépare pour une formation militaire, une simple explication qui a le don de le faire hocher la tête avec un regain de sérieux tout professionnel. Ses gestes deviennent aussitôt d'une précision méticuleuse tandis qu'il commence à préparer ses outils sur le plan de travail voisin. « Allons-y pour quelque chose de pratique alors. On va te faire une belle coupe bien nette, » lâche-t-il dans un rire gouailleur, tout en tapotant la tondeuse lustrée qu'il vient de saisir. Puis, se tournant vers Cassia avec un clin d'œil complice de conspirateur, il enchaîne avec un enthousiasme retrouvé. « Et pourquoi ne pas laisser la demoiselle faire le premier coup ? Cela pourrait être amusant, non ? » Sans plus attendre, il passe doucement la tondeuse entre les mains frémissantes de Cassia. Ses gestes sont d'une lenteur calculée tandis qu'il lui explique brièvement la manière de tenir l'outil, l'endroit précis où commencer à raser. Sa voix s'est faite rassurante, presque cajoleuse, comme pour évacuer la tension initiale de ma compagne face à cette tâche si inhabituelle. « Pas d'inquiétude, Cassia. Même si tu le rates, on coupe tellement court que personne ne le remarquera ! » Il ponctue sa phrase d'un rire gras où perce une nouvelle étincelle de bienveillante moquerie. Un dernier clin d'œil vient accompagner son aparté, accueillant Cassia dans la complicité de ce petit jeu capillaire improvisé. De mon côté, je ne peux m'empêcher d'adresser un sourire encourageant à celle qui s'apprête, le souffle désormais coupé par l'appréhension, à inaugurer cette transformation sous l'œil malicieusement amusé du vieux professionnel. Un homme qui a vu passer tant de styles différents sous ses ciseaux expérimentés au fil des années...

Après avoir profité et partagé un moment d’une douce quiétude dans le lit, nous décidons de quitter ce dernier afin de nous préparer pour sortir. Je vais sans attendre me glisser sous la douche et je suis rejoins assez rapidement par Milo. En sortant de la salle de bain, je constate que Milo avait fait tourner une machine à laver et qu’il avait même étendu le linge. Encore une délicate attention de sa part. Je ne pouvais donc que le remercier de m’avoir soulagé dans cette tâche que j’avais toujours trouvé pénible. Dans la salle de bain, je m’affaire à donner un dernier coup de brosse à mes cheveux avant que l’on puisse enfin partir. Milo me devance, mais au moment de franchir le seuil de la pièce il se retourne, un sourire espiègle sur la visage. Et d’une voix joueuse il m’annonce qu’il faut payer le péage pour sortir. Je ris légèrement « Ah oui ? Vraiment ? Je pensais être dispensée de cette taxe étant donné que je suis chez moi… Mais soit, je n’y vois pas d’inconvénient... » dis-je amusée avant de venir embrasser tendrement ses lèvres.

Nous quittons donc l’appartement. La route jusqu’au coiffeur est assez inhabituelle. Nous marchions certes côte à côte mais avec une certaine distance malgré tout. C’était une étrange sensation. Mais je ne dis rien et accepte la situation. Une fois arrivés à destination. Milo échange quelques paroles avec son coiffeur qui semble bien le connaître. J’ai encore du mal à réalise que Milo avait réellement accepté cette proposition de l’armée, même pour quelques semaines. Milo s’installe donc confortablement dans le siège et Félix, le coiffeur s’empare déjà de la tondeuse. Ce dernier propose alors que ce soit moi qui donne le premier coup de tondeuse. Surprise, mon regard se pose sur le professionnel. « Moi !? » Je ne savais pas si c’était vraiment une bonne idée. Mais Félix me rassure immédiatement, me disant que même si je ratais mon coup, il couperait tellement court que personne ne le remarquera. Ce dernier m’encourage alors à saisir la tondeuse et à me placer à côté de lui. Mon regard se pose ensuite sur Milo à qui cela ne semblait pas poser problème, au contraire il m’adresse un sourire encourageant. « Bon, d’accord… Je veux bien essayer. » dis-je en prenant alors la tondeuse entre les mains. Félix me donne quelques derniers conseils avant que je ne me lance. Je donne un premier coup de tondeuse puis encouragée par Félix un second. « Parfait ! Bon je vais prendre le relai sinon la prochaine fois Milo n’aura même pas besoin de venir ici pour se couper les cheveux. Ce n’est pas bon pour mes affaires ... » dit-il en riant de bon cœur. Je lui rend donc son outil et le laisse prendre place derrière Milo afin de continuer.

Une fois que Cassia ait fait les premiers pas courageux pour entamer ma métamorphose capillaire, le coiffeur reprend habilement la tondeuse entre ses mains expertes. Son visage arbore un large sourire approbateur tandis qu'il poursuit la tâche commencée avec une dextérité consommée. « Pas mal du tout pour une débutante ! » commente-t-il à l'adresse de Cassia d'une voix chaleureuse et complice. À travers le reflet du grand miroir patiné qui orne la moitié du mur, je capte furtivement l'expression soucieuse de cette dernière. Son regard semble légèrement voilé par une mélancolie discrète dont j'imagine sans peine l'origine. Ses pensées doivent inévitablement dériver vers les longues semaines de séparation qui s'annoncent déjà à l'horizon avec mon départ prochain. Le ballet incessant du rasoir sur mon crâne m'arrache bien vite à cette contemplation muette. Et lorsque enfin la dernière mèche tombe sur le carrelage clair dans un dernier bruissement soyeux, je me hâte de régler la prestation d'un geste vif. Félix, mon coiffeur, en profite pour m'adresser un clin d'œil entendu, accompagné de nos habituelles plaisanteries convenues sur ma nouvelle coupe. « Elle te va bien ! J'espère juste que ta femme et toi apprécierez ce nouveau look ! »Son sous-entendu est limpide et je me sens soudain obligé de clarifier la situation d'un air gêné. « Oh, nous sommes... juste de bons amis, Félix. Rien de plus. » Chaque mot me pèse lourdement sur la langue, amer comme une défaite personnelle. Un mensonge de plus pour masquer la vérité de notre relation condamnée à rester cachée.

Nous quittons ensuite le salon de coiffure, laissant derrière nous le bruit des séchoirs et les rires chaleureux de Félix. Ces échos semblent presque se moquer de la façade que nous devons maintenir en public. Une fois dehors, dans la fraîcheur de la rue, je me retrouve instinctivement à marcher légèrement en avant de Cassia, créant un espace prudent entre nous. Cette distance, bien que minime et peut-être inaperçue par les passants, résonne lourdement entre nous, chaque pas mesuré rappelant les contraintes de notre relation. Cet écart imposé, dicté par la nécessité de garder notre relation cachée, se sent comme un poids constant. Il me rappelle que chaque geste d'affection doit être calculé, chaque échange de regard filtré par le prisme de qui pourrait nous voir. Chaque fois que nos mains frôlent par inadvertance, un frisson de ce qui pourrait être traverse mon esprit, vite refoulé par la réalité de ce qui doit être. Cette prudence, bien qu'essentielle destiné à la protéger, érige un mur invisible mais palpable, qui contraste douloureusement avec la simplicité des interactions des passants autour de nous, libres de leurs mouvements et de leurs affections.

Les jours suivants, je me consacre corps et âme à aider Cassia dans son quotidien. Je prends en charge avec un zèle redoublé les tâches ménagères les plus ingrates ou physiques pour tenter d'alléger son fardeau. C'est la moindre des choses que je puisse faire tandis que l'échéance redoutée de mon départ imminent pour le service militaire se rapproche à grands pas. Lorsque le jour fatidique arrive enfin, Cassia m'accompagne jusqu'aux portes de la vaste base militaire d'un pas silencieux et lourd. L'atmosphère est chargée d'émotions contenues, de non-dits qui oppressent les poitrines et font monter les larmes aux yeux plus sûrement que les relents d'oignon. Les adieux entre les autres couples autour de moi me frappent de plein fouet, brisent la fragile bulle dans laquelle j'ai tenté de m'abriter. Des baisers désespérés, des étreintes à en rompre les os et les promesses de fidélité murmurées à l'unisson dans un dernier souffle d'amour avant la séparation... J'envie leur capacité à exprimer leurs sentiments au grand jour, tandis que moi, je suis contraint à la plus stricte des retenues.

Bien que l’accueil chaleureux de Félix dans son salon de coiffure amène une agréable ambiance, je ne peux m’empêcher de songer au départ prochain de Milo. Être là, à quelques mètres de lui l’observer se faire couper les cheveux pour cette formation, me ramène à la dure réalité. Je ne peux empêcher de penser au jour de son départ et aux longues semaines qui suivront. Une fois terminé, Milo règle la prestation. Félix, dans un naturel joyeux, espère que la couple plaise à Milo ainsi qu’à moi, sa femme. Ce n’était pas la première fois qu’on me prenait pour sa femme. Le pilote de ligne ne laisse pas ce malentendu passer, il précise au coiffeur que nous ne sommes que de bons amis. Je ne suis pas surprise, malgré tout, cela faisait mal. Toutefois, je ne laisse rien paraître. Et c’est avec un grand sourire et de manière chaleureuse que je salue le professionnel avant que l’on ne quitte sa boutique.

Les jours qui suivent sont rythmés par le travail principalement. Milo est beaucoup présent en ville. Il prépare doucement mais sûrement son départ. Malgré son inquiétude, il passe tout de même beaucoup de temps chez moi, prenant bien soin de ne pas se garer sur le parking du petit immeuble. Les précautions qu’il prend sont parfois très intrigantes, et je ne sais toujours rien. Pendant ces quelques jours, Milo met un point d’honneur à m’aider au maximum dans les différentes tâches ménagères. Je lui suis très reconnaissante. Dès que nous avons un peu de temps libre, nous en profitons pour passer du temps ensemble. Principalement à l’appartement car dès que nous mettons le nez dehors Milo instaure une certaine distance.

Le jour du départ de Milo était arrivé. Bien évidemment, j’accompagne Milo jusqu’à la grande base militaire. Mon cœur est lourd. Une fois arrivés, l’atmosphère est chargée de fortes émotions. Autour de nous, des couples qui se disent au revoir, qui s’embrassent et qui s’enlacent. « J’ai encore du mal à réaliser que tu vas partir là-bas... » avouai-je au jeune homme. Quelques semaines. Mais je savais d’ores et déjà que ces semaines allaient me paraître une éternité. « Tu vas terriblement me manquer... » Je prenais sur moi, mais j’avais du mal à cacher ma peine tout comme mon inquiétude. « Tu me promets de faire attention à toi, n’est-ce pas ? » demandai-je alors encore une fois comme pour tenter de me rassurer.

La base militaire bourdonne d'une activité mêlée de tension et d'émotion, chaque recoin étant témoin d'adieux poignants qui se déroulent sous mes yeux. Partout, des couples s'étreignent dans des étreintes chargées de désespoir et d'espoir, marquant leurs derniers moments ensemble avant une séparation imminente. Les baisers sont profonds et désespérés, les mains cherchent à mémoriser chaque contour, chaque sensation, tandis que les voix tremblantes échangent des promesses murmurées et des mots d'encouragement étouffés par les sanglots. Chaque scène est un rappel cru de ce que je suis contraint de retenir. Je regarde ces couples avec une envie voilée, leur capacité à exprimer librement leur amour contrastant douloureusement avec la réserve que nous sommes forcés de maintenir. Cassia, qui se tient là, à un souffle de moi, semble presque sculptée dans la retenue, sa présence une douce torture. Ses yeux, miroirs de sentiments complexes, se lèvent parfois pour croiser les miens, reflétant une tristesse teintée de résignation. L'atmosphère chargée d'adieux ajoute une couche supplémentaire de gravité à notre propre épreuve silencieuse. Son aveu à demi-mot qu'elle peine à réaliser que je vais réellement partir, que je vais lui manquer chaque jour comme l'air lui manquerait dans les poumons, fait douloureusement écho à la lourdeur qui semble comprimer ma poitrine.  

D'un geste presque mécanique qui me surprend moi-même, je détache la montre qui orne mon poignet depuis des années. Celle-là même qu'elle m'a offerte pour mon anniversaire, un symbole désormais indissociable de nos moments partagés ensemble, du temps précieux que nous avons su voler aux contingences. Je prends délicatement le cadran d'acier entre mes doigts tremblants avant de le placer au creux des paumes grandes ouvertes de Cassia. Un effleurement furtif de nos peaux nues m'électrise plus sûrement qu'une décharge statique tandis que je murmure d'une voix sourde. « Je reviendrai la chercher. » Quatre mots d'une simplicité désarmante mais si lourds de sens et de promesses muettes... Celle de bien sûr revenir rechercher ce bien si symbolique pour nous deux. Mais aussi et surtout celle de revenir tout simplement pour elle, pour tout ce qu'elle représente et que nous sommes l'un pour l'autre. Je cherche fébrilement à travers les yeux de Cassia une étincelle de compréhension muette, un signe indiquant qu'elle a bien saisi le sens caché de ce geste. Espérant de tout mon être que ce présent symbolique saura atténuer l'amertume de notre séparation imminente et renforcer un peu plus les liens invisibles mais éternels qui, malgré tout, continueront de nous unir durant cette période d'éloignement forcé.

A mesure que le temps s’écoule, un sentiment diffus mais tenace d'avoir quelque chose d'inachevé me pèse soudain sur la poitrine. C'est alors que je réalise avoir oublié un élément crucial dans la voiture. « Mince. Je crois que j’ai oublié… » dis-je à l'adresse de Cassia d'une voix pressante. Nous faisons demi-tour d'un pas vif, enveloppés dans le tumulte ambiant des préparatifs militaires. Une véritable ruche en pleine effervescence où les ordres claquent dans un brouhaha assourdissant. Lorsque enfin nous atteignons le parking, je jette un rapide coup d'œil aux alentours, m'assurant que nous sommes bien à l'abri des regards indiscrets. Une fois certain de notre intimité précaire, je me tourne vers Cassia avec une intensité nouvelle. Avec une tendresse à peine contenue, je me penche pour capturer ses lèvres dans un baiser passionné et dévorant. Un instant magique où je parviens enfin à libérer toute cette émotion contenue, ces sentiments que les circonstances nous obligent à masquer au quotidien. Lorsque je me sépare légèrement d'elle, un souffle court mais un sourire mutin déjà aux lèvres, je murmure d'une voix encore rauque d'émotions . « Voilà ce que j'avais oublié... » La gravité de la situation me revient alors en pleine face et je me raidis légèrement, essayant de retrouver un peu de ma constance d'être. Mon regard se fait plus sérieux tandis que je plonge dans les yeux de Cassia. « Prends bien soin de toi pendant que je suis parti, d'accord ? Et si tu rencontres le moindre problème, n'hésite pas à contacter le colonel avec ce numéro. » D'un geste vif, j'extrais un petit bout de papier soigneusement plié de ma poche pour le glisser dans la paume ouverte de Cassia, refermant délicatement ses doigts dessus. « Je reviendrai immédiatement si tu as besoin de moi, quoi qu'il arrive. Je te le promets. » Lorsque ses doigts se referment sur l'objet tant recherché, un mince sourire étire de nouveau mes lèvres. « Pas avant que je ne sois parti… » D'un geste presque solennel, je lui tends une enveloppe au papier légèrement rugueux, qui porte les marques d'avoir été ouverte et refermée de nombreuses fois. Un silence chargé de non-dits plane un instant entre nous deux, juste rythmé par les battements erratiques de nos coeurs enserrés. Puis je me penche de nouveau vers elle pour déposer un dernier baiser aussi désespéré que la promesse d'un prochain au revoir...

Lettre:

L’atmosphère est assez lourde et pesante. Je tente de faire face mais les adieux qui se déroulent tout autour de nous ne m’aide pas. J’ai tout simplement envie de me blottir dans les bras de Milo, de lui dire ô combien il va me manquer et ô combien je l’aime. Mais je ne peux pas. Cette distance entre nous est toujours de rigueur en public. Toutefois, bien que les gestes soient impossibles, j’utilise donc les mots pour exprimer mon ressenti, mes sentiments. Milo, d’un geste précis et rapide, détache sa montre de son poignet. Cette montre que je lui avais offert pour son anniversaire. Une fois le bijou détaché, le jeune homme le place dans mes mains en m’annonçant qu’il reviendrai la chercher. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres « Tu as intérêt... » dis-je d’un air faussement menaçant mais très peu convaincant au vu du timbre tremblant de ma voix à cause de l’émotion. « J’en prendrai grand soin, je te le promets... » dis-je plus sérieusement et très sincèrement.

Soudainement, Milo m’annonce avoir oublié quelque chose. Nous retournons donc en direction du parking. Le parking, presque vide, nous offre un petit moment de répit à nous et à notre intimité. Milo s’empare alors de mes lèvres tendrement. Un baiser que je prolonge bien évidemment le plus longtemps possible. Une fois le baiser terminé, le jeune homme m’annonce que c’est cela qu’il avait oublié. Je souris, amusée et attendrie. « Nous avons bien fait de revenir ici alors... » Je crois qu’il m’aurait été tout simplement impossible de laisser partir Milo sans un baiser d’au revoir. Milo devient soudainement plus sérieux. Il me demande de bien prendre soin de moi pendant son absence, tout comme il m’incite à contacter le colonel si jamais j’avais le moindre problème « Oui, je te le promets. » Milo glisse alors un petit bout de papier dans la main sur lequel était inscrit le numéro du colonel dont je pourrais éventuellement avoir besoin. Je glisse le petit bout de papier dans mon sac, là où je serai certaine de le retrouver. Puis Milo me tend alors une enveloppe et m’indique que je ne devais pas l’ouvrir avant que je sois parti. Je me doutais de ce que pouvais contenir l’enveloppe. Je me sentais déjà pressée et soucieuse à la fois de découvrir son contenu. « D’accord... » dis-je avant de prendre en main l’enveloppe et de la glisser également dans mon sac à main. Un silence s’installe entre nous. Un silence lourd et pesant qui traduisait l’intensité du moment. Milo se penche alors à nouveau vers moi et nous échangeons un ultime baiser, passionné et tendre. Une fois le baiser terminé, je me blottis légèrement contre lui « Fais bien attention à toi s’il te plais... » lui demandai-je alors à nouveau avec une voix presque suppliante. Puis l’heure est venue. Milo doit partir. Nous échangeons une dernière longue étreinte et un dernier baiser chargé d’une émotion intense avant de revenir vers le point de regroupement. Je ne peux contenir quelques larmes au moment de le laisser partir. Mais je me reprends rapidement, pour Milo surtout. L’idée n’étant pas de le faire culpabiliser ou se sentir mal.

Et une fois seule, une fois Milo parti, je reprends rapidement le chemin du parking afin de reprendre la voiture et rentrer chez moi. L’émotion est tellement fort que je craque dans le véhicule avant de reprendre la route. Mon cœur est lourd, serré. Je me sens soudainement vide et perdue. De retour à l’appartement, je me prépare une tasse de thé. Maigre consolation. Je m’installe alors sur le canapé et ouvre l’enveloppe que Milo m’avait donné tout à l’heure. Je relis encore et encore ses mots écrits. Impossible de ne pas me laisser emporter par l’émotion. Peu de temps après, je saisis mon téléphone pour lui envoyer un message. « Milo. Ombre ou pas, le plus important c’est que nous puissions malgré tout être ensemble. Et que nous puissions l’être à nouveau, bientôt. Tu me manques déjà terriblement. Donne moi vite des nouvelles… Et reviens vite t’éteindre dans mes bras, tu sais qu’ils te sont et te seront toujours grands ouverts... Ta Cassy » Une fois le message envoyé, je me dirige dans la chambre et dépose sur ma table de chevet la lettre de Milo ainsi que sa montre.