Le soulagement de savoir Cassia désormais en sécurité, à l'abri dans ma chambre d'hôtel, enveloppe peu à peu l'atmosphère d'une tranquillité reconquise après les heures de tension extrême que nous venons de traverser. Alors que je termine de désinfecter avec d'infinies précautions la plaie à son genou, je reste d'un minutieux professionnel, concentré sur la justesse de chacun de mes gestes afin d'assurer une guérison sans la moindre complication. Cassia, suivant attentivement mes moindres mouvements d'un regard empli de reconnaissance, laisse soudain échapper un commentaire teinté d'une légèreté retrouvée. « J'ai toujours dit que tu aurais pu faire un très bon médecin... » Sa voix, où perce une claire admiration mêlée de gratitude sincère, me fait instinctivement lever les yeux vers elle. Un sourire attendri vient naître sur mes lèvres tandis que je sécurise le dernier bout de bandage d'un geste soigné. Je me relève lentement, sentant le poids de cette journée éprouvante commencer à s'alléger enfin de mes épaules, prêt désormais à lui préparer le bain chaud que j'ai évoqué un peu plus tôt. L'eau apaisante, je le sais, sera une véritable bénédiction pour ses muscles endoloris et son esprit exténué. Mais au moment où je m'apprête à me diriger vers la salle de bain attenante, Cassia m'interpelle d'une voix douce. « Milo, attends… »Je me retourne aussitôt pour croiser à nouveau son regard fatigué, où semêlent une profonde reconnaissance et une lueur de tendresse résiduelle qui me va droit au cœur. « Merci infiniment... » murmure-t-elle, sa voix formant un doux mélange de fatigue et de soulagement, résonnant dans le calme soudainement retrouvé de la chambre.

Je m'avance de quelques pas dans sa direction, trouvant soudain les mots justes pour lui répondre avec une sincérité désarmante. « Comme je te l'ai dit précédemment, ce n'est pas parce que tu ne m'aimes plus et que je ne compte plus pour toi, qu'il en est de même pour moi… » Chacun de mes mots semble imprégné d'une vérité aussi brûlante que profonde. Mes yeux plongés dans les siens, j'essaie de transmettre bien plus que la simple inquiétude pour son bien-être physique. J'espère aussi lui faire ressentir l'importance fondamentale, l'affection indélébile qu'elle continue de représenter pour moi en dépit de tout. « Ta sécurité et ton bien-être ont toujours été, et resteront, une priorité absolue pour moi » je poursuis avec une fermeté qui souligne l'engagement indéfectible que je ressens à son égard, indépendamment des complexités de nos sentiments actuels. Mes derniers mots semblent flotter quelques instants dans les airs, lourds de non-dits et de souvenirs partagés, avant de se dissiper lentement...Mais l'émotion palpable qui s'en dégage continue de planer entre nous deux, telle une évidence muette que rien ne saurait effacer complètement.

Enfin, je me dirige vers la salle de bain, m'attelant à préparer un bain qui soit à la fois apaisant et revitalisant. Je règle la température de l'eau pour qu'elle soit idéalement chaude, puis ajoute quelques gouttes d'huile essentielle de lavande pour son effet calmant. J'allume également le porte-serviettes, assurant que les draps soient enveloppants et chaleureux à sa sortie. Sachant que Cassia est particulièrement frileuse, je prends soin d'allumer le porte-serviette, laissant les serviettes se réchauffer pendant que la baignoire se remplit. Je verse quelques gouttes d'huile essentielle de lavande dans l'eau, espérant que son parfum apaisant l'aidera à se détendre encore plus. Une fois le bain prêt, je retourne vers Cassia, l'informant avec un geste invitant qu'elle peut venir se plonger dans l'eau chaude quand elle se sent prête. « Le bain est prêt. J'espère que cela t'aidera à te détendre et à te réchauffer. Si tu as besoin d’aide, je ne suis pas loin… » lui dis-je, un sourire chaleureux sur les lèvres. Je laisse la porte de la salle de bain entre-ouverte, offrant à Cassia intimité et accessibilité au cas où elle aurait besoin de quelque chose ou souhaiterait que je reste à proximité. Mon esprit est apaisé de la voir en sécurité et de pouvoir prendre soin d'elle après les heures d'angoisse que nous avons traversées.

Le calme régnait au sein de la chambre d’hôtel. Milo était en train de terminer de bander mon genou afin de lui procurer une guérison optimal. Le pilote de ligne me propose de me faire couler un bain chaud. Une proposition que je ne pouvais pas refuser. Mais avant, j’avais tenue à le remercier le plus sincèrement du monde pour ce qu’il avait fait pour moi ce soir. Milo me rappelle ses dernières paroles, soulignant le fait que ce n’était pas parce que je ne l’aimais plus et qu’il ne comptais plus pour moi qu’il en était de même pour lui. Je fronce légèrement les sourcils. A nouveau, ils se fourvoyait complètement. Mais pourquoi avait-il une telle idée en tête ? Milo ajoute que ma sécurité et mon bien être resteront une priorité pour lui. J’avais étrangement dû mal à trouver les mots pour lui répondre quoi que ce soit. Finalement, Milo se dirige dans la salle de bain. Je m’en veux terriblement de ne pas arriver à trouver les mots juste pour mettre les choses à plat entre nous. Le pilote de ligne revient très rapidement, m’indiquant que le bain était prêt et que si j’avais besoin d’aide, il n’était pas loin. Je me dirige donc vers la salle de bain, mon corps frôlant légèrement celui de Milo en passant le pas de la porte « Merci beaucoup Milo... » mon regard croise furtivement le sien avant que je m’engouffre dans la pièce d’eau.

Je me déshabille alors et entre dans le bain. L’eau chaude avait un effet bénéfique immédiat. Tout comme les huiles essentielles à la lavande que Milo avait ajouté. Une fois encore il me montrait à quel point il était toujours si attentionné. Mais mes pensées reviennent irréductiblement sur Léa. Je ne cessais de me demander ce qu’il y avait entre eux exactement et j’étais à nouveau complètement perdue. Je reste une bonne demi-heure dans le bain. Puis quand l’eau commence à se refroidir je décide de quitter ce dernier. Je me sèche avec l’une des serviettes moelleuses et tiède qui reposait sur le porte serviette chauffant. Je me rends compte ensuite que je n’avais pas d’affaires pour me changer. Et mes vêtements actuels étaient encore mouillés et sales. J’attrape alors l’un des peignoirs présents dans la pièce et l’enfile. Cela fera très bien l’affaire pour retourner à ma chambre. Avant de quitter la pièce, je vide la baignoire et rince cette dernière. Je prends le temps de faire couler à nouveau de l’eau chaude ainsi que quelques gouttes d’huiles essentielles. Cela me paraissait normal d’avoir, à mon tour, une délicate attention pour Milo. Je quitte alors la salle de bain et rejoins la pièce principale de la chambre. « Merci pour les huiles essentielles, c’était une excellente idée... » Je resserre délicatement la ceinture du peignoir avant de passer une main dans mes cheveux « Je t’ai fait coulé un bain également. Toi aussi, cela te fera sans doute le plus grand bien... » annonçai-je alors au jeune homme. Je ramasse alors mon sac à dos « Je… je vais te laisser... » dis-je soudainement un peu mal à l’aise par tous ces non-dits. Je me dirige alors vers la porte de la chambre. Mais je reste bloquée devant cette dernière. Finalement je me retourne « Milo... » Mon regard se pose alors sur lui « Je ne sais pas pour quelle raison exactement tu penses que je ne t’aime plus et que tu ne comptes plus sur moi mais… Sache que c’est complètement faux. » Le plus difficile avait été de se lancer finalement. « Mes sentiments pour toi n’ont absolument pas changé, même depuis notre rupture… Je sais que par moment j’ai pu paraître distante mais… c’était la seule manière que j’avais trouvé de me préserver un peu… Je… je tiens tellement à toi que le simple fait de te voir en compagnie de Léa ou d’une autre femme me rend complètement dingue… » avouai-je alors avant d’ajouter « Je t’aime toujours. Alors s’il te plaît, arrête de penser le contraire... » Je voulais mettre les choses au clair, j'avais du mal à accepter que Milo puisse penser de telles inepties.

Pendant que Cassia se prélasse dans le bain chaud et délassant que je viens de lui préparer avec d'infinies attentions, je m'affaire à remettre un semblant d'ordre dans la chambre d'hôtel après les événements tumultueux de la journée. Je range soigneusement la trousse de secours, replaçant chaque objet et produit de soin à sa place initiale avec une minutie toute médicale. Puis, je ramasse plusieurs vêtements éparpillés un peu partout pour les replier proprement, le temps que mon esprit se remette à vagabonder, ressassant les moments intenses que nous venons de traverser ensemble. Soudain, le bruit de l'eau qui cesse définitivement de couler dans la salle de bain attenante m'indique que Cassia a terminé son bain apaisant. Peu après, elle en émerge enfin, enveloppée dans un peignoir d'une douce épaisseur moelleuse, ses cheveux encore légèrement dégoulinants d'eau.

Cette vision soudaine fait naître en moi une violente bouffée de nostalgie pour des temps désormais révolus. La lumière tamisée de la chambre ne fait qu'accentuer les courbes gracieuses de sa silhouette féminine et, malgré la gravité des circonstances, je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point elle est d'une beauté désarmante. J'essaie péniblement de contenir les émotions qui monte en moi, conscient que ce n'est certainement ni le lieu ni le moment pour laisser ressurgir des sentiments peut-être à sens unique... Cassia s'approche de moi avec un timide sourire aux lèvres et m'informe qu'elle a également pris la peine de faire couler un bain pour moi à mon tour. « Je t'ai fait couler un bain également. Toi aussi, cela te fera sans doute le plus grand bien... » lâche-t-elle d'une voix douce, prête à quitter la pièce pour me laisser un peu d'intimité. « Merci beaucoup... » répondai-je simplement. Mais alors qu'elle se dirige d'un pas lent vers la porte, elle s'arrête soudain sur le seuil et se retourne pour me faire à nouveau face, l'air soudain plus grave. « Je t'aime toujours. Alors s'il te plaît, arrête de penser le contraire... » lâche-t-elle dans un souffle à peine audible, ses mots tombant dans le silence quasi religieux de la chambre comme une révélation d'une soudaineté inattendue. Je reste un instant immobile et comme statufié, partagé entre la surprise et une indéniable inquiétude. Est-ce vraiment Cassia qui vient de prononcer ces mots ? Ou n'est-ce que le résultat passager de l'émotion intense de la journée couplée à une extrême fatigue ? Je ne peux m'empêcher de douter amèrement de la véracité de ses sentiments dans cet instant de vulnérabilité manifeste. Mon cœur s'emballe pourtant à cette perspective insensée... Mais je me contente finalement de lui répondre par un simple sourire énigmatique, un sourire qui masque autant mon incrédulité que ma propre confusion émotionnelle... Car les mots me fuient devant l'incertitude de ce qu'il convient de dire ou de faire à cet instant précis. Alors je garde le silence, de peur de briser ce fragile espoir d'un avenir encore possible...

Après que Cassia ait lâché ces mots d'une portée si lourde de sous-entendus, un silence gêné s'installe entre nous deux. Elle semble hésiter à poursuivre ou à quitter la pièce dans l'immédiat. C'est alors que je remarque un léger frisson parcourir son corps, malgré le peignoir moelleux qui l'enveloppe. Les températures de cette soirée automnale ont fortement chuté et je réalise qu'elle aura besoin d'un vêtement un peu plus chaud pour effectuer le trajet jusqu'à sa propre chambre sans risquer d'attraper froid. Tandis que Cassia patiente près de la porte d'un air indécis, je me dirige à grandes enjambées vers ma valise de voyage restée ouverte dans un coin de la pièce, ses affaires éparpillées un peu partout. Je me mets à fouiller frénétiquement à l'intérieur jusqu'à en ressortir l'une de mes chemises en coton épais, une pièce que j'affectionne tout particulièrement pour son confort douillet et sa chaleur réconfortante. Son ample taille devrait lui permettre de l'enfiler par-dessus son peignoir sans problème, lui offrant une protection supplémentaire contre les courants d'air glacés du couloir. Je me retourne alors en sa direction et, d'un geste tendre, lui tends le vêtement accompagné d'un sourire rassurant. « Tiens, mets ça. Il fait de plus en plus frais dehors et je ne voudrais pas que tu prennes froid en retournant dans ta chambre... » Bien que nettement trop grand pour elle, la chemise aura le mérite de lui donner un aspect à la fois amusant et touchant, son corps tout entier englouti dans un vêtement qui porte encore mon odeur si familière. « Voilà, tu seras bien mieux au chaud comme cela », je poursuis avec un brin de sollicitude, rasséréné à l'idée qu'elle soit désormais mieux protégée des bourrasques glaciales.

Avant que Cassia ne puisse mal interpréter mon silence gêné comme un rejet pur et simple de sa soudaine déclaration, je trouve la force de prendre la parole à mon tour, tentant de maintenir une légèreté de façade entre nous. « Et si nous dînions ensemble demain soir ? » Je lui propose d'une voix que j'espère détendue. « À moins que tu n'aies d'autres petites activités de prévues... » Je ne peux m'empêcher d'ajouter cette pique taquine, comme pour mieux masquer le trouble profond dans lequel ses derniers mots m'ont plongé. J'espère que ce sera l'occasion pour nous deux d'aborder le sujet de nos sentiments respectifs dans un cadre plus serein, loin du chaos et de la pression extrême de la journée que nous venons de traverser. Un peu de recul ne pourra que nous être bénéfique à tous les deux. « Demain soir vers 19h, cela te conviendrait ? » Je poursuis d'un ton qui se veut léger mais où perce une once d'appréhension malgré moi.

Après avoir profité d’un bon bain chaud, je me sentais déjà mieux. Je venais de remercier une nouvelle fois Milo pour ce qu’il avait fait pour moi, lui indiquant au passage que je lui avais fait à mon tour couler un bon bain chaud pour qu’il puisse lui aussi se détendre un peu. C’était un simple geste certes, mais qui me permettait de lui faire comprendre que son bien être était aussi très important pour moi. Mais avant de quitter la chambre, j’avais enfin trouver le courage de lui dire clairement que ce qu’il pensait au sujet de mes sentiments à son égard était complètement faux. J’avouais alors à Milo que mes sentiments pour lui n’avaient absolument pas changé et que je l’aimais toujours. Peu importe ce qu’il pouvait penser, je voulais qu’il sache que mes sentiments pour lui étaient encore bien présentes, ils étaient même inchangés malgré notre rupture. Un silence s’installe alors entre nous. Je dois bien avouer que suite à cet aveu, je m’attendais à tout sauf à un silence. Finalement, Milo se met à fouiller dans sa valise ouverte dans un coin de la pièce et en sort une chemise. Il se tourne vers moi et me tend le vêtement en me suggérant de l’enfiler afin que je ne prenne pas froid en retournant dans la chambre. « Merci, c’est gentil... » dis-je en attrapant d’une main fébrile la chemise. Milo m’affirme que je serais bien mieux au chaud comme cela. Pour toute réponse je lui adresse un léger sourire, empli de gratitude.

Le silence reprend sa place. Décidément. Mais Milo brise se dernier en proposant que l’on dîne ensemble demain soir. Ce qu’il ajoute ensuite me paraît quelque peu étrange. Etait-ce une manière d’être prévenant ou au contraire d’être taquin ? J’esquisse malgré tout un faible sourire « Non je n’ai rien de prévu demain soir... » dis-je simplement avant d’ajouter « C’est d’accord, dînons ensemble. » L’invitation acceptée, j’avais soudainement hâte d’être à demain soir tout comme j’appréhendais ce moment en tête à tête. Milo me demande si un dîner à dix-neuf heures me conviendrait. « Oui, dix-neuf-heures, c’est parfait... » dis-je simplement. Je détourne le regard un court instant, il serait sans doute mieux que je retourne dans ma chambre et que je laisse Milo profiter d’un peu de calme. Et pour être honnête son silence quant à la déclaration de mes sentiments à son égard me mettait quelque peu mal à l’aise. « Je ferais mieux d’y aller… Passe une bonne nuit Milo. Et à demain... » dis-je en lui adressant un dernier sourire sincère avant de quitter la chambre.

Après que Cassia ait franchi la porte de ma chambre d'hôtel, enveloppée dans l'étoffe chaude et accueillante de ma chemise pour affronter la fraîcheur du couloir, je referme doucement le battant derrière elle. Son délicat parfum floral semble pourtant planer encore quelques instants dans l'air alentour, tel un spectre vaporeux et envoûtant. Je prends une seconde pour me recentrer, inspirant profondément à pleine respiration ce parfum si familier qui ravive en moi des milliers de souvenirs. Puis, d'un pas lourd et las, je me dirige vers la salle de bain attenante où l'eau du bain, préparée par les soins attentionnés de Cassia un peu plus tôt, m'attend fumante. Un véritable appel à la détente après une journée d'une rare intensité émotionnelle. Sans plus attendre, je me glisse avec un soupir de délectation dans l'eau brûlante, laissant peu à peu les multiples tensions nerveuses accumulées au cours des dernières heures se dissoudre entièrement dans les vapeurs apaisantes. Les événements tumultueux et riches en rebondissements de cette folle journée défilent en boucle devant mon esprit tourmenté. Mais la chaleur enveloppante de ce précieux bain vivifiant parvient progressivement à apaiser quelque peu mes pensées désordonnées et furieusement contrariées. Après de longues et délicieuses minutes de pur délassement, je finis par émerger à regret de cette source d'apaisement, m'enroulant dans l'épaisseur rassurante d'une moelleuse serviette éponge avant de regagner la chambre d'un pas traînant.

Rapidement, je m'habille pour la nuit d'un vieux bas de pyjama informe mais d'un confort incomparable avant de me glisser sous les draps défaits du grand lit. D'un geste las, j'éteins les lumières qui plongent alors la pièce dans l'obscurité totale. Pourtant, trouver le repos s'avère être une véritable gageure. Mon esprit ne cesse de vagabonder vers Cassia. Vers son aveu aussi soudain qu'inattendu et les innombrables implications que ses mots laissent désormais planer comme une chape de plomb. Sont-ils simplement le résultat spontané de l'intense émotion du moment ? Ou expriment-ils au contraire un véritable sentiment plus profond et durable envers moi qu'il n'y paraît au premier abord ? Tandis que les heures s'écoulent inexorablement, l'incertitude et le doute menacent de m'engloutir totalement. Espoirs et appréhensions se mêlent et se confondent en un tourbillon de réflexions sans fin, m'arrachant définitivement au sommeil.

Trouver le sommeil s'avère être un véritable défi, une véritable gageure cette nuit. Mon esprit tourmenté ne cesse de vagabonder inlassablement vers Cassia, cette femme qui fait battre mon coeur. Je revois en boucle son visage angélique, j'entends résonner ses paroles d'une sincérité si poignante, si désarmante... Les mots qu'elle a lâchés dans un souffle à peine audible avant de quitter la pièce ne cessent de tournoyer dans mon esprit embrumé. Que signifient-ils réellement au juste ? Sont-ils simplement le résultat spontané et irréfléchi d'une émotion intense, exacerbée par les événements extraordinaires que nous avons traversés côte à côte aujourd'hui ? Ou cachent-ils au contraire l'expression d'un sentiment beaucoup plus profond, viscéral et pérenne pour moi qu'elle n'aurait jusqu'alors jamais osé m'avouer ? À mesure que les heures défilent inexorablement, égrenant leurs soixante petites minutes comme autant de coups de poignard, l'incertitude et le doute menacent peu à peu de m'envahir totalement, gagnant toujours un peu plus de terrain sur mes certitudes ébranlées. Espoirs fous et craintes dévorantes se mêlent et se confondent en un insoutenable tourbillon de réflexions désordonnées, un maelström intérieur sans fin qui me maintient indéfiniment éveillé, les yeux grands ouverts dans le noir... Finalement, après ce qui me semble être une éternité entière de contemplations muettes et solitaires, le repos finit par avoir raison de mes interrogations désormais parfaitement vaines. Un profond et lourd sommeil réparateur vient enfin m'arracher à ce purgatoire de pensées torturées, m'emportant enfin sur les rivages accueillants de l'oubli momentané. Je sombre ainsi, bercé par la délicieuse fatigue accumulée par les extraordinaires événements de cette folle journée, mais aussi la douce et rassurante certitude que Cassia se trouve désormais hors de danger, en sécurité, tout près de moi...à portée de main.

Le lendemain soir, lorsque vient l'heure fatidique de me préparer pour notre dîner en tête-à-tête, c'est avec des précautions infinies que je procède à ma toilette. Chaque geste, chaque détail de ma tenue est étudié et exécuté avec une concentration presque maniaque tant l'enjeu est capital pour moi. Une chemise d'une blancheur immaculée, fraîchement repassée pour l'occasion, après avoir lissé d'une main tremblante les moindres plis récalcitrants. Un pantalon brossé d'un soin méticuleux jusqu'à en faire briller le tissu, pas un faux pli, pas une imperfection... Mon apparence extérieure doit être le reflet aussi fidèle que possible de l'importance considérable, vitale même, que je ne peux m'empêcher d'accorder à cette soirée à venir aux lourds sous-entendus. Une soirée aux enjeux si décisifs pour la suite de ma relation avec Cassia...
À dix-neuf heures précises, je me tiens déjà dans le vaste hall d'entrée de l'hôtel, piétinant d'un pied sur l'autre dans une attente fébrile. J'épie nerveusement chaque personne franchissant les portes battantes, regardant compulsivement la trotteuse de ma montre, ce précieux cadeau que Cassia elle-même m'a offert il y a quelques mois. Tandis que les minutes s'étirent interminablement, je sens mon angoisse et mon impatience croître d'instant en instant de façon exponentielle. Une boule de plus en plus pesante vient se loger au creux de mon estomac... Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine à cette perspective à la fois terrifiante et enivrante. Pourtant, malgré l'appréhension qui m'étreint, je ne peux m'empêcher d'appréhender ce moment avec une impatience presque dévorante.

La réaction de Milo après lui avoir avoué que je l’aimais toujours n’avais pas été celle que j’espérais. Mais soit. Au moins, je me sentais quelque peu soulagée de lui avoir avoué que mes sentiments envers lui étaient inchangés. Au moins, il savait que ce qu’il pouvait penser à ce sujet était complètement faux. Contre toute attente, Milo avait proposé que l’on dîne ensemble demain soir. Je décidai d’ignorer sa petite pique visant sans nul doute à me taquiner et j’acceptai son invitation. Une fois de retour dans ma chambre, je me défait du peignoir et enfile une tenue plus adéquate pour dormir. Je plie soigneusement le chemise que Milo m’avait prêté, prête à la lui rendre dès demain. Une fois dans le lit, je peine à trouver le sommeil. Déjà parce que je repense à cette laborieuse randonnée qui avait faillit terminer très mal. Et puis je repense bien évidemment à Milo, à nos paroles échangés. Malgré les aveux que je lui avais fait j’avais la certitude qu’il y avait encore beaucoup de non dits entre nous. Finalement, épuisée par la journée mais surtout par la soirée et les fortes émotions ressenties en si peu de temps, je rejoins les bras de Morphée.

La journée était passé assez vite. J’avais été flâner dans un marché local non loin de là et j’avais à nouveau profiter de la plage. En fin d’après-midi, j’avais rejoins ma chambre pour prendre une douche et me préparer pour le dîner avec Milo. Après m’être coiffée et légèrement maquillée, j’avais enfilé une légère robe bleu nuit. Je ne cessais de me regarder encore et encore dans le miroir, me demandant si j’étais assez bien apprêté pour le dîner. Je me demandais parfois pour quelle raison je tenais à être absolument parfaite, ne sachant pas quel était la finalité de ce dîner. Mais peu importe, le simple fait d’être en présence de Milo me donnait envie de lui plaire. Alors après de nombreuses vérifications, je me décide à quitter la chambre. Il était d’ailleurs plus que l’heure de rejoindre Milo.

Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrent, j’aperçois immédiatement Milo qui est déjà dans le hall. Je sors de l’ascenseur et me dirige vers lui. « Bonsoir. » dis-je simplement une fois à sa hauteur. « Désolée, je suis un peu en retard... » A force de me recoiffer et de vérifier que tout était bien, j’avais finis par me mettre un peu en retard. « Tu es très élégant... » dis-je le plus sincèrement du monde.

Le discret tintement de l'ascenseur retentit soudain, m'arrachant à ma contemplation anxieuse. Les lourdes portes métalliques coulissent dans un murmure ouateux pour laisser passer une silhouette éblouissante. C'est Cassia qui quitte enfin la cage d'acier, faisant une entrée d'une grâce souveraine. L'espace d'un instant fugace mais intense, le temps semble suspendre son vol vertigineux. Plus rien d'autre n'existe que cette apparition incandescente qui éclipse tout ce qui l'entoure. Cassia est absolument resplendissante ce soir. Sa robe de soirée, d'un tissu sublime dont les replis semblent capturer et jouer avec la lumière ambiante, accentue merveilleusement les courbes élégantes de sa silhouette longiligne avec une grâce inégalée. Mais ce qui capte immédiatement et irrésistiblement mon regard, c'est le pendentif précieux qui orne délicatement son cou. Ce bijou que je lui ai moi-même offert scintille de mille feux contre sa peau diaphane, ajoutant un éclat tout particulier à son allure déjà remarquable. Le voir briller contre sa gorge ce soir revêt une dimension spéciale, presque symbolique, qui insuffle d'un seul coup une puissante vague de souvenirs précieux et d'émotions à fleur de peau. Tous ces instants merveilleux partagés ensemble par le passé... « Bonsoir » me dit-elle enfin d'une voix douce, presque timide, une fois arrivée à ma hauteur. « Désolée, je suis un peu en retard... » s'excuse-t-elle dans un sourire ému tandis que je demeure un instant sans voix, totalement subjugué par sa présence rayonnante. « Tu es très élégant ce soir... » murmure-t-elle à mon intention en détaillant ma tenue du regard. Je ne peux me retenir de lui retourner aussitôt le compliment, la gorge soudain un peu serrée. « Le terme élégante demeure bien modeste pour te décrire en cette soirée, Cassia... » Je m'approche lentement d'elle, absolument subjugué par sa grâce, mon cœur battant avec une intensité renouvelée. « Tu es absolument splendide ce soir, Cassia, » je lui murmure d'une voix tremblante où perce une note d'admiration et d'émerveillement à peine dissimulés. Sa beauté ce soir transcende de loin le simple aspect physique ; c'est comme si elle irradiait littéralement de l'intérieur, reflet intense et brûlant de tout ce que nous avons traversé ensemble jusqu'ici...

Après avoir échangé quelques compliments mutuels emplis d'une réconfortante sincérité, je propose galamment mon bras à Cassia pour l'inviter à m'accompagner jusqu'au restaurant de l'hôtel. Nous nous dirigeons ensemble d'un pas mesuré vers l'un des plus prestigieux et élégants restaurants de l'établissement, réputé pour son cadre d'exception et sa vue imprenable sur la mer. Les dernières lueurs mordorées du crépuscule viennent se refléter en miroitements guerriers sur les vaguelettes de la baie, offrant un spectacle naturel d'une beauté à couper le souffle qui ajoute d'emblée une indéniable dimension romantique à notre soirée naissante. Chemin faisant, je m'empresse d'expliquer à Cassia que j'ai pris soin de réserver une table particulièrement bien située, lui faisant part de mon souhait de faire de ce dîner un moment vraiment spécial et privilégié pour tous deux. À notre arrivée dans le vaste espace feutré du restaurant, un jeune serveur pimpant nous accueille aussitôt avec un empressement plein de chaleur et de politesse exquises. « Bonsoir Monsieur et Madame Davis, soyez les bienvenus ! » nous lance-t-il dans un sourire avenant, commettant une amusante méprise en nous prenant pour un couple uni par les liens sacrés du mariage. Cette erreur involontaire ajoute simplement une touche d'humour bienvenue et une note légère qui détend aussitôt l'atmosphère déjà des plus agréables.

Nous suivons le maître d'hôtel à travers les différentes salles jusqu'à une table parfaitement bien située, à quelques mètres à peine des grandes baies vitrées qui offrent un panorama à couper le souffle sur la mer scintillante, éclairée par les premiers rayons de la lune désormais pleine. Cette table semble ainsi littéralement suspendue dans le vide, créant un petit cocon douillet d'une intimité quasi insulaire qui nous coupe du reste de l'univers, renforçant intensément la sensation de proximité et de complicité entre Cassia et moi. « Voici votre table, j'espère qu'elle sera à votre entière convenance, » nous assure le serveur en tirant galamment nos chaises pour nous installer. « C'est l'une des meilleures places pour profiter du somptueux coucher de soleil sur l'océan en toute quiétude. » Enfin installés l'un en face de l'autre, nous ne pouvons que nous laisser bercer un instant par la douce mélodie des vaguelettes se brisant sur les rochers en contrebas, cette musique océane se mariant à la perfection avec l'atmosphère tamisée et élégante de ce haut lieu de la gastronomie. Le même serveur revient alors vers nous pour nous présenter les cartes des menus ainsi que la riche carte des vins, nous assurant qu'il se tiendra à notre disposition tout au long du dîner pour rendre notre expérience aussi délicieuse et inoubliable que possible.

Et tandis que nous parcourons d'un œil gourmand les subtiles propositions culinaires, je ne peux m'empêcher de ressentir une fois encore cette incroyable sensation de complicité, d'intime connivence qui nous a liés par le passé et qui semble à présent renaître, confortée par la beauté apaisante des lieux comme par la promesse d'une soirée décidément particulière. Assis l’un en face de l’autre, je me penche légèrement vers Cassia. La lumière des bougies reflète doucement sur nos visages, créant une ambiance intime et chaleureuse. « Comment se passe ton travail à l'hôpital ces temps-ci ? » je demande, espérant l'encourager à partager les détails de son quotidien dans un environnement qui, je le sais, peut être aussi stressant qu'émotionnellement gratifiant. « Et à part le travail... as-tu rencontré quelqu'un récemment ? » je glisse délicatement cette question dans notre échange, mesurant l'impact potentiel de mes mots. Je suis conscient que c'est un terrain sensible, mais mon intérêt est sincère, et je cherche à comprendre où nous en sommes tous les deux sur le plan émotionnel.

Je venais tout juste de rejoindre Milo dans le hall de l’hôtel. En un seul regard pose sur lui, je remarque à quel point il est élégant. Encore plus que d’habitude. Je ne peux m’empêcher de penser que la chemise qu’il porte lui va tout simplement à merveille. Je m’approche alors du pilote de ligne afin de le saluer. Je m’excuse tout de même pour les quelques minutes de retard , en me préparant dans ma chambre je n’avais décidément pas vu le temps passer. Milo quant à lui me fait comprendre que le terme « élégante » était modeste pour le décrire. Le jeune homme finit par ajouter que j’étais absolument splendide ce soir. « Merci beaucoup... » dis-je d’une voix douce presque intimidée.

Après avoir échangés quelques compliments, Milo me propose galamment son bras pour m’inviter à l’accompagner en direction de l’hôtel. J’accepte bien évidemment, et c’est donc ensemble que nous nous dirigeons vers un des restaurants de l’hôtel. Sans nul doute le plus prestigieux. Le choix de Milo ne m’étonnait pas du tout. Tout en marchant jusqu’au restaurant, Milo m’explique qu’il avait pris soin de réserver une table particulièrement bien située, voulant faire de ce dîner un moment vraiment spécial et privilégié pour nous deux. J’avais hâte de pouvoir voir cela de mes propres yeux. A peine arrivés, un jeune serveur vient nous accueillir. Le fait qu’il me prenne pour la femme de Milo ne me surprend pas vraiment, ce n’était pas la première fois qu’il y avait ce genre de confusion. En général, nous ne relevions tout simplement pas la méprise. Rapidement, le jeune serveur nous conduit jusqu’à notre table. Proche des grandes baies vitrées, nous avions une vue incroyable. L’employé de l’établissement semble vouloir nous satisfaire au maximum « C’est tout simplement parfait... » dis-je au serveur pour le rassurer et le remercier, tout en jetant un regard plein de gratitude à Milo. Si nous avions cette table ce soir, c’était grâce à lui après tout.

Une fois installés à table, nous parcourons la carte sur laquelle était proposé les délicieuses propositions culinaires du chef cuisinier. Milo me demande des nouvelles de mon travail. « H’m… plutôt bien. Le rythme est toujours aussi intense mais c’est habituel. Et, on m’a proposé une nouveau poste… L’hôpital souhaite mettre en place un pôle dédié aux femmes victimes de violences. On m’a demandé de gérer ce service… Ce n’est encore qu’un projet pour le moment, rien n’est fait... » Et donc il y avait encore beaucoup de détails à éclaircir. « J’en saurai sans doute davantage dans les semaines à venir... » dis-je simplement. « Et toi, le travail ? Tout se passe comme tu veux ? » demandai-je curieuse de savoir si tout se passait bien de ce coté là pour Milo.

Milo me pose alors une autre question. Un peu plus personnelle cette fois-ci. Le jeune homme me demande si j’avais rencontré quelqu’un récemment. Je suis un peu surprise, je ne m’attendais pas à cette question, du moins peut-être pas de manière aussi directe. « Non... » dis-je le plus sincèrement du monde et sans l’once d’une hésitation. « Et pour être honnête, je n’en ai absolument pas envie... » Il n’y avait que Milo que ce soit dans mon cœur ou dans mon esprit. « Et toi… est-ce que tu as rencontré quelqu’un ces derniers temps ? » Impossible de ne pas le lui demander à mon tour.

Alors que nous profitons de la quiétude apaisante qui règne dans ce restaurant d'exception et de la vue à couper le souffle sur la mer scintillante, je m'intéresse avec une sincère curiosité à la vie professionnelle de Cassia. Après qu'elle m'ait brièvement confié le rythme intense et harassant de son travail quotidien au sein de l'hôpital, je la questionne doucement sur d'autres aspects de sa prestigieuse carrière de médecin. Elle prend alors un court moment pour rassembler ses pensées, avant de me confier sur le ton de la confidence. « H’m… plutôt bien. Le rythme est toujours aussi intense mais c’est habituel. Et, on m’a proposé une nouveau poste… » Elle marque une courte pause, semblant chercher ses mots avec soin avant de poursuivre. « L’hôpital souhaite mettre en place un pôle dédié aux femmes victimes de violences. On m’a demandé de gérer ce service… Ce n’est encore qu’un projet pour le moment, rien n’est fait... » En entendant ces mots, c'est un véritable sentiment de fierté intense et profonde qui m'envahit soudain de la tête aux pieds. Je me sens à la fois sincèrement ému et admiratif, presque bouleversé, devant cette perspective de voir Cassia s'investir dans une mission aussi capitale qu'ambitieuse. Quelle responsabilité à la fois immense et déterminante elle se verrait ainsi confier ! Un rôle clé qui pourrait faire toute la différence et changer durablement la donne pour de nombreuses femmes en détresse.

Je m'empresse alors de lui exprimer avec un enthousiasme à peine contenu tout le respect, l'admiration et le soutien indéfectible que m'inspire déjà ce projet. « C'est... c'est incroyable Cassia ! Je suis extrêmement, sincèrement fier de toi ! » Je laisse mes yeux briller d'une lueur d'émerveillement en croisant les siens. « Si ce nouveau pôle voit bel et bien le jour, je suis intimement persuadé que tu excelleras dans ce tout nouveau poste à la hauteur des immenses défis qu'il représentera. » Instinctivement ma main se pose tendrement sur la sienne. « Tu as toujours eu, de par ta personnalité altruiste et dévouée, un impact profond, apaisant et bienveillant sur les personnes autour de toi. Alors je ne doute pas un seul instant que tu apporteras à ces femmes meurtries tout ce dont elles auront besoin pour se reconstruire : écoute, réconfort, guidance avisée... Et que tu insuffleras à ce service novateur toute la dimension humaine et l'humanité dont il aura besoin pour fonctionner de la meilleure des façons. » Je laisse planer un court silence, espérant que mes paroles sauront toucher Cassia au plus profond d'elle-même et lui apporter tout le réconfort, la motivation et l'assurance dont elle pourrait avoir besoin. A mes yeux, Cassia a de tout temps été pour moi une véritable source d'inspiration intarissable, une femme d'une trempe exceptionnelle, toujours prête à se dépasser pour venir en aide à son prochain. Et la voir ainsi pressentie pour prendre la tête d'un service aussi essentiel ne fait que renforcer davantage encore ma conviction profonde que quelles que soient les difficultés, elle trouvera toujours le moyen de faire une différence positive et durable.

Lorsqu'elle me retourne la question concernant mon travail, je me contente d’un léger sourire avant de répondre, prenant un moment pour rassembler mes pensées sur le rythme effréné de mes dernières semaines. « Le travail a été particulièrement prenant ces temps-ci, » commençai-je, en posant mon verre sur la table pour lui donner toute mon attention. « Les vols long-courriers ne laissent vraiment pas beaucoup de temps pour soi, et les heures peuvent être épuisantes. Je t’avoue que je me suis plongé cœur et âme dans le travail depuis… Enfin… Tu as compris… » Je fais une petite pause, avant de poursuivre. « Mais j'ai quand même réussi à trouver quelques moments pour m'occuper de choses personnelles, notamment pour chercher un nouvel appartement. » Je souris, un peu ironiquement, en pensant à la complexité de jongler entre mon emploi du temps chargé et les visites d'appartements. « Ce n'est pas facile avec les horaires que j'ai, mais je fais de mon mieux pour m'organiser. J'espère trouver quelque chose qui me conviendra bientôt. »

Puis, Cassia me révèle d'une voix posée qu'elle n'a rencontré personne de nouveau dans sa vie ces derniers temps, j'accueille cette information avec un immense sentiment de soulagement intérieur. Mais c'est surtout la confession qui suit, empreinte d'une indéniable sincérité désarmante, qui vient résonner au plus profond de mon être. « Et pour être honnête, je n'en ai absolument pas envie... » A ces mots d'une simplicité presque candide, je ne peux réprimer un sourire épanoui d'instinctivement fleurir sur mes lèvres. Un mélange savamment dosé de soulagement et de joie pure me submerge de la tête aux pieds tandis que ces quelques mots semblent soudain faire vibrer en moi des cordes secrètes que je n'aurais même plus soupçonnées. L'aveu de Cassia vient en effet confirmer d'une certaine façon les sentiments indéfectibles qui, malgré le temps et la distance, n'ont jamais réellement cessé de m'animer pour elle. La profondeur et l'intensité de ma réaction me surprennent d'ailleurs presque moi-même, témoignant de la force insoupçonnée des liens ineffables qui nous unissent encore au plus secret de nos âmes.

Mon sourire ne peut dès lors que s'élargir davantage, se parant d'une lueur de joie non feinte, mais aussi et surtout d'un renouveau soudain d'espoir quant à l'avenir de notre relation si particulière. Cassia, observant ma réaction pour le moins éloquente du coin de l'œil, esquisse à son tour un sourire doux quoique quelque peu énigmatique et curieux, comme pour sonder au plus profond de mon être les émotions qui m'animent. Puis, avec ce tact qui lui est si caractéristique, elle retourne la question dans un souffle à peine audible, peut-être pour rééquilibrer quelque peu la conversation, ou alors par une curiosité bien légitime. « Et toi... est-ce que tu as rencontré quelqu'un ces derniers temps ? » Cette simple question en apparence anodine porte pourtant en elle un poids de non-dits et de sous-entendus d'une densité certaine. Aussi je prends le temps de réfléchir un cours instant avant de lui répondre, mon sourire s'effaçant quelque peu pour laisser place à une expression plus songeuse. « Non, je n'ai rencontré personne non plus, » je lui avoue finalement dans un souffle d'une profonde sincérité. Je plante alors hardiment mon regard dans le sien, mon cœur battant soudain un peu plus vite sous l'effet d'une émotion difficilement contenue avant d'ajouter d'une voix légèrement rauque, presque grave. « La seule personne avec qui j'ai envie d'être plus que tout au monde se trouve actuellement assise en face de moi... »

Alors que nous partageons un moment d’intimité, notre conversation est brièvement interrompue par l'approche discrète du serveur. Il s'arrête à notre table avec une politesse professionnelle, prêt à prendre notre commande. « Bonsoir, êtes-vous prêts à commander ou avez-vous besoin de quelques minutes supplémentaires ? » demande-t-il avec un sourire aimable. Je regarde Cassia, lui donnant l'opportunité de faire son choix en premier.

A présent installés à une table merveilleusement bien située, Milo me demande des nouvelles du travail. Je décide alors de lui annoncer la proposition que l’on m’avait faite il y a quelques jours, juste avant que je ne décide de prendre quelques jours de congés. J’évoque alors la prochaine création d’un pôle au sein de l’hôpital pour venir en aide aux femmes victime de violence. Et surtout l efait que l’on m’avait proposer de gérer ce nouveau service. J’avais d’ailleurs souhaité faire part de cette nouvelle au jeune homme il y a quelques jours déjà, mais je n’avais pas pu l’avoir au téléphone ce jour là. Milo réagit extrêmement bien à la nouvelle, et m’avoue être  fier de moi. A ces mots, un sourire se dessine instinctivement sur mes lèvres. Le jeune homme me fait aisément comprendre que je m’en sortirais très bien si ce nouveau rôle voyait en effet le jour. Ce qu’il ajoute ensuite me touche énormément. « Merci beaucoup Milo. Tes paroles me touchent, vraiment... » Son avis avait toujours énormément compté pour moi, depuis toujours. « Et je suis contente de pouvoir t’en parler, j’ai essayé il y a quelques jours mais je n’avais pas réussi à te joindre. J’avais vraiment hâte de partager cette nouvelle avec toi...Cela me tenait vraiment à cœur ...» Je n’aurais jamais cru que l’occasion se présenterait pendant ses vacances improvisées en Italie. Je retourne la question concernant le travail à Milo. Le jeune homme m’avoue que le travail était particulièrement prenant ces temps-ci. Les vols longs courriers lui prenaient beaucoup de temps et étaient épuisants. Toutefois, Milo m’annonce avoir commencé des recherches pour trouver un nouvel appartement. « Oh, c’est une bonne nouvelle. J’espère que tu trouveras rapidement un bien qui te conviendra... » Les recherches immobilières n’étaient pas toujours choses aisées. Il était parfois difficile de trouver quelque chose qui nous convenait.

Milo s’était ensuite lancé dans une conversation un peu plus personnel. Je lui avoue que non, je n’avais rencontré personne. Je lui avais avoué au passage que je n’en avais tout simplement pas envie. Milo hantait toujours mon esprit et mon cœur. Je n’avais pas pu m’empêcher de retourner la question au pilote de ligne, curieuse ais aussi anxieuse de connaître sa réponse. Milo m’annonce que non il n’avait rencontré personne non plus. C’est un soulagement. Puis le jeune homme m’annonce que la seule personne avec qui il avait envie d’être plus que tout au monde se trouvait actuellement devant lui. Un sourire naît sur mon visage. A ce moment là, la serveur revient vers nous pour nous demander si nous avions fait notre choix. « H’m… oui. Je vais prendre les pâtes Boscaiola. » Il s’agissait de pâtes fraîches maison accompagné d’une sauce à la tomate, aux champignons persillés avec une pointe de truffe. Je laisse Milo commander à son tour, et lorsque le serveur s’en va vaquer à une autre occupation, je pose à nouveau mon regard sur Milo. « Tu sais, ce que je t’ai dit hier soir… Je le pensais vraiment. Je ne t’en parle pas à nouveau pour avoir une quelconque réponse mais c’est important pour moi que tu saches que tout ce que je t’ai dit était vrai… Je ne veux pas que tu penses de telles inepties concernant mes sentiments à ton égard... » dis-je simplement, afin que tout soit clair entre nous.

Après que le serveur attentionné a pris note avec un soin méticuleux de nos commandes respectives - les savoureuses pâtes à la Boscaiola pour Cassia, et les délicieuses lasagnes pour moi-même - il s'éclipse d'un pas léger et discret, nous laissant seuls dans l'atmosphère tamisée et l'intimité cotonneuse de ce restaurant de charme. Le doux bruissement des vagues se brisant sur les rochers en contrebas vient alors se mêler en un délicieux contrepoint aux murmures feutrés des autres convives, créant un fond sonore d'un apaisant minimalisme. Pourtant, dès l'instant où Cassia ouvre la bouche pour prendre la parole, tous ces bruits environnants semblent soudain s'estomper jusqu'à n'être plus qu'un lointain écho. À cet instant précis, tout l'espace-temps semble en effet se resserrer autour de nous telle une bulle hors du monde. Seules comptent les quelques paroles que Cassia s'apprête à prononcer, chargées d'une intensité telle que mon attention s'en trouve immanquablement et totalement captivée. « Tu sais, ce que je t’ai dit hier soir… »  Elle marque une courte pause, comme pour bien choisir ses mots, avant de poursuivre d'une voix empreinte d'une sincérité brute. « Je ne t’en parle pas à nouveau pour avoir une quelconque réponse mais c’est important pour moi que tu saches que tout ce que je t’ai dit était vrai… » Ses yeux semblent soudain vrillés aux miens, comme pour y sonder la moindre réaction ou signe de compréhension de ma part. Elle enchaîne presque sans reprendre son souffle. « Je ne veux pas que tu penses de telles inepties concernant mes sentiments à ton égard... » Sa voix se fait légèrement hésitante sur la fin, comme si elle craignait soudain d'en avoir trop dit ou au contraire, peut-être pas assez.

Face à l'intensité brute et dépouillée d'un tel aveu, je me sens étrangement ému jusqu'au tréfonds de mon être par tant de franchise et de clarté dans l'expression de ses sentiments les plus profonds. Un sourire chaleureux, teinté à la fois de gratitude et de compréhension, ne peut que naturellement fleurir sur mes lèvres. Alors, d'un geste lent et empli de tendresse, je viens poser ma main sur la sienne, restée immobile sur la nappe immaculée. Ce contact, d'une simplicité désarmante, se charge aussitôt d'une myriade de non-dits et d'émotions rentrées que les simples mots ne sauraient exprimer. Plongeant mon regard dans ses prunelles brillantes, je cherche à lui communiquer bien plus que de simples remerciements pour sa sincérité. Je veux lui faire ressentir l'immense respect que m'inspire le courage qu'il lui a fallu pour ouvrir ainsi son coeur sans être assurée d'une quelconque réciprocité de ma part. « Je te remercie pour ton honnêteté... » je murmure d'une voix légèrement rauque en pressant tendrement sa main contre la mienne. Ce geste, aussi simple soit-il, signifie bien plus qu'un banal accusé de réception. Il est le gage silencieux mais infiniment puissant que ses mots, ses émotions, ses sentiments ne tomberont pas dans les limbes de l'oubli et de l'indifférence mais seront au contraire précieusement chéris et valorisés.

Alors que nos mains restent tendrement enlacées sur la nappe immaculée, ce léger contact physique pourtant si anodin vient en réalité sceller un lien d'une profondeur et d'une intensité insoupçonnées entre nous. Comme s'il venait donner le la à des confidences d'une authenticité décuplée. Je sens alors que le moment est venu d'ouvrir grand les portes les plus secrètes de mon cœur à Cassia. De partager avec elle ces sentiments inavoués que j'ai si longtemps gardés enfouis au plus profond de mon être, même durant les périodes les plus tumultes et chaotiques ayant jalonné notre séparation. Prenant une profonde inspiration pour rassembler tout mon courage, je me lance finalement, d'une voix légèrement tremblante sur les premiers mots mais qui se fait rapidement plus assurée, plus ferme. « Mes sentiments à ton égard n'ont pas changé, tu sais... » Je marque une courte pause, plantant mon regard dans le sien comme pour y déceler la moindre étincelle de réaction ou de compréhension. « Il n'y a que toi qui comptes réellement à mes yeux, Cassia. Peu importe les distances, les circonstances ou le temps qui ont pu nous séparer... Mon cœur n'a jamais vraiment cessé de t'appartenir… » Ma main se resserre doucement sur la sienne dans un geste d'une infinie tendresse, comme pour mieux faire passer l'ampleur de ma déclaration. « Je ne sais pas vraiment où cette révélation nous mènera, ni comment nous pourrons naviguer à travers tous les défis à venir... Mais je voulais que tu le saches, que tu en aies la certitude absolue : tu es toujours, et tu resteras à jamais, la femme que je chéris plus que tout au monde. Celle que je veux désespérément à mes côtés, quoi qu'il arrive. » Ma voix se fait légèrement rauque sur cette dernière phrase, chargée d'une émotion à peine contenue. Mes mots semblent flotter quelques instants en suspens dans l'air, comme imprégnés d'une aura de solennité et de lourdeur de sens. Un mince sourire vient alors étirer mes lèvres, témoignant d'un savant mélange de nervosité et d'espoir, désireux de connaître la réaction de Cassia face à ces sentiments enfin révélés au grand jour. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine avec une ferveur renouvelée tandis que le revers de mon pouce vient caresser tendrement le dos de sa main dans un geste d'une douceur infinie.

Alors que la délicieuse tension de notre conversation, lourde de sous-entendus et de non-dits, continue de vibrer dans l'air ambiant tel un précieux secret partagé, le pas léger d'un serveur se fait soudain entendre derrière nous. L'homme s'approche avec une grâce empreinte de la plus parfaite courtoisie professionnelle, portant sur un large plateau nos plats tout juste sortis des cuisines. Il vient interrompre ce moment d'intimité d'un sourire avenant, posant délicatement devant Cassia l'assiette des pâtes à la Boscaiola, et celle renfermant mes lasagnes juste en face de moi. « Voici vos plats ! » annonce-t-il d'une voix enjouée mais mesurée. « Des savoureuses pâtes à la Boscaiola pour vous madame, et les lasagnes tant attendues pour vous monsieur. J'espère que vous trouverez ces mets à la hauteur de vos attentes les plus élevées. » Il effectue alors un discret mouvement de la main au-dessus des deux assiettes, comme pour mieux mettre en valeur la présentation soignée et l'aspect raffiné de chaque plat. Un véritable appel à la gourmandise. Le serveur s'attarde encore un bref instant, s'assurant d'un regard appuyé que tout est parfaitement en place et que nous ne manquons de rien. Puis, avec la même discrétion affable qui semble être la marque de fabrique de ce restaurant de charme, il se retire sur la pointe des pieds, nous laissant à nouveau dans l'intimité feutrée de notre bulle.

Les arômes délicieusement alléchants qui s'élèvent à présent des assiettes encore brûlantes viennent doucement titiller nos narines, attirant irrésistiblement notre attention tout en suscitant d'ores et déjà un délicieux frémissement de nos papilles gustatives. Et, l'espace d'un instant, nos discussions des plus sérieuses et capitales semblent devoir laisser la place à un plaisir bien plus prosaïque et terre-à-terre : celui de la dégustation. Un sourire mutin vient soudain fleurir sur mes lèvres tandis que je laisse mon regard voguer de mon assiette à celle de Cassia et inversement. « Cela a vraiment l'air succulent, n'est-ce pas ? Bien que je ne sois pas certain que ces pâtes puissent égaler le parfum et la saveur de tes délicieuses lasagnes ! » La complimentai-je d'un ton à la fois espiègle et charmeur en la gratifiant d'un regard appuyé. « Que dirais-tu de goûter les miennes, une fois que j’aurais trouvé un appartement ? J’essayerai même de refaire ta succulente recette de tiramisu ! »

Ce tête à tête avec Milo se déroulait tout naturellement. Comme si rien n’avait changé, comme avant. Et je dois bien avouer que cela faisait bun bien fou de pouvoir échanger sur divers sujets de conversations. Une fois que le serveur avait soigneusement pris note de notre commande, il nous laisse à nouveau en tête à tête. Je choisis ce moment pour revenir sur mes paroles de hier soir. Il était important pour moi que Milo sache que ce que je lui avais dit hier soir était vraiment sincère. Et que je ne souhaitais pas qu’il pense de telles inepties sur mes sentiments à son égard. Un sourire vient alors se dessiner sur les lèvres du pilote de ligne et ce dernier vient poser sa main sur la mienne. Un geste empli de tendresse qui d’un seul coup nous fait faire presque un bon en arrière. Mes doigts se mêlent alors tout naturellement aux siens. Milo me remercie pour mon honnêteté. Je ne cherchais pas une réponse particulière, ce qui m’importait le plus c’est que Milo sache la vérité et cesse de se faire de fausses idées. Toutefois, le pilote de ligne vient m’avouer à son tour que ses sentiments à mon égard n’ont pas changé. Cet aveu me rassure, tout comme ce que le jeune homme ajoute ensuite. « Je ne sais pas vraiment où cette révélation nous mènera, ni comment nous pourrons naviguer à travers tous les défis à venir... Mais je voulais que tu le saches, que tu en aies la certitude absolue : tu es toujours, et tu resteras à jamais, la femme que je chéris plus que tout au monde. Celle que je veux désespérément à mes côtés, quoi qu'il arrive. » Sa main se resserre davantage sur la mienne, et mon regard plonge littéralement dans le sien. Un regard empli d’émotions que je ne pouvais dissimuler. « Je ne sais pas non plus où cette révélation nous mènera mais ce dont je suis certaine c’est que c’est un véritable soulagement de pouvoir parler à cœur ouvert avec toi... » De ces révélations nous en avions sans nul doute besoin tous les deux.

Le serveur revient vers nous, déposant avec délicatesse et soin nos plats sur la table. Ce dernier s’assure que nous ne manquions de rien avant de nous laisser à nouveau seuls. « Oui ça sent divinement bon et je suis certaine que ce sera exquis... » je ris légèrement face à la remarque de Milo concernant mes lasagnes « H’m… permets moi d’en douter. Vu le prestige de cet établissement... » Mais son compliment était adorable. Puis Milo me propose de goûter ses propres lasagnes une fois qu’il aura trouvé un appartement. Il propose même de refaire ma succulente recette de tiramisu. « Serait-ce une invitation dissimulée… ? Quoi qu’il en soit, j’accepterai avec grand plaisir... » dis-je en souriant de bon cœur avant de commencer à déguster mon plat de pâtes.

Un large sourire s’éprend de mon visage alors que Cassia accepte mon invitation. Je peine à le dissimuler, même lorsque je porte à mes lèvres mon verre.  Nous poursuivons notre dégustation dans un silence propice à la concentration gustative, je ne peux m'empêcher de prendre une nouvelle bouchée de mes lasagnes. Leur saveur est indéniablement exquise, les différents ingrédients se mariant dans un délicieux ballet de complexité. Pourtant, malgré l'incontestable talent du chef de ce restaurant réputé, je dois bien reconnaître intérieurement une vérité qui s'impose à mon palais avec une évidence criante. D'un geste presque théâtral, je repose ma fourchette sur le rebord de mon assiette puis plante mon regard dans les prunelles de Cassia, un sourire complice venant éclairer mes traits. « Tu sais, aussi prestigieux que soit cet établissement et aussi succulentes que puissent être les lasagnes qui me sont servies ce soir, je me dois d'avouer qu'elles ne peuvent tout simplement pas rivaliser avec les tiennes. » Je m'appuie légèrement en avant, comme pour mieux accentuer la portée de mes prochains mots, mon regard brillant d'une admiration sans bornes pour son talent culinaire. « Il y a comme une petite chose, une touche secrète, dans la façon dont tu les prépares... Peut-être est-ce simplement l'amour et le soin que tu mets dans chacun de tes plats ? Ou alors un don inné pour la cuisine qui te vient naturellement ? Quoi qu'il en soit, je les préfère de loin aux miennes ce soir ! » Je laisse planer un court silence, offrant à mes mots le temps de se déposer délicatement sur Cassia, avec l'espoir qu'elle sente toute la profondeur de mon appréciation et de ma reconnaissance. Non seulement pour son art culinaire, mais aussi et surtout pour tout ce qu'elle apporte de merveilleux dans ma vie au quotidien. « Cela me rappelle d'ailleurs à quel point j'appréciais tous ces moments que nous avions l'habitude de partager ensemble dans les cuisines. Ces instants étaient toujours tellement remplis de rires, de complicité et de bonne humeur, tu ne trouves pas ? » Un sourire des plus chaleureux vient alors étirer mes lèvres tandis que je l'observe d'un air entendu, souhaitant par-là raviver ces doux souvenirs communs et la joie simple que nous savions alors trouvée dans les actes les plus anodins. « Peut-être qu'une fois installé dans le nouvel appartement, nous pourrions remettre cela et retenter ensemble l'expérience des lasagnes maison ? Je suis certain que ce serait une soirée des plus mémorables. »

Alors que les saveurs se déploient à nouveau sur ma langue, je me lance sur un ton cette fois plus sérieux, abordant le sujet de mes recherches immobilières récentes. « D'ailleurs, je suis actuellement en pleine quête d'un nouvel appartement plus grand. J'aimerais trouver un duplex avec plusieurs chambres. Il y aurait d'ailleurs une chambre d'amis qui te serait spécialement dédiée... Et évidemment un grand dressing, je crois me souvenir que tu as une grande passion pour le shopping ! » Je marque à nouveau une courte pause, un sourire mutin et quelque peu espiègle venant soudain éclairer mes traits. « ... À moins, bien sûr, que tu ne préfères plutôt dormir avec moi ? » Cette dernière remarque, je la lance d'un ton à la fois badin et empreint d'une certaine sincérité sous-jacente. Une douce provocation, à mi-chemin entre la plaisanterie et l'invitation, pour tâter le terrain et jauger sa réaction. Car au fond, cette proposition d'hébergement n'est qu'un prétexte déguisé pour lui montrer que je suis cette fois réellement prêt à reprendre un semblant de vie commune. À partager avec elle bien plus qu'un simple logis, mais un véritable quotidien fait de complicité, d'intimité partagée, et d'amour retrouvé. Je replante alors ma fourchette dans mon assiette, mais mon regard reste rivé sur Cassia, guettant avec une attention soutenue la moindre réaction de sa part. Mon cœur bat quelque peu plus vite dans ma poitrine, animé par l'espoir qu'elle accueillera favorablement cette invitation déguisée.

Alors que nous venions de commencer la dégustation de nos plats respectifs, Milo complimente ma manière de cuisine, plus particulièrement mes lasagnes traditionnelles dont je tenais la recette de ma grand-mère maternelle. Le pilote de ligne m’explique qu’il y avait comme une touche secrète dans la manière dont je préparait ce plat typiquement italien. « Je n’en sais rien. Tout ce que je peux te dire c’est que oui, je les prépare toujours avec amour et envie... Surtout lorsque je les cuisine pour toi... » dis-je un léger sourire aux lèvres. « Merci du compliment... » ajoutai-je le plus sincèrement du monde quand Milo m’avoue préférer mes lasagnes à celle qu’on lui avait servit ce soir. Le pilote de ligne évoque ensuite tous les bons moments que nous avions passé ensemble en cuisine. Des moments toujours remplis de rires, de complicité et de bonne humeur. Un sourire sincère se dessine sur mon visage en repensant à tous ces bons moments « Oui c’est vrai... » dis-je un brin presque nostalgique. Milo suggère ensuite de cuisiner à nouveau ensemble, des lasagnes maisons, lorsqu’il aura trouvé un nouvel appartement et s’y sera installé « Oui pourquoi pas, je suis certaine que ce sera un superbe moment, comme toujours... » dis-je presque hâtive que ce moment arrive.

Tout en continuant la dégustation de notre plat, Milo évoque à nouveau la recherche d’un appartement. Cette fois-ci il me donne davantage de détails. Le jeune homme m’informe de sa volonté de vouloir plusieurs chambres dont une chambre d’amis qui me serait dédiée, et avec un grand dressing pour que cela soit cohérent avec la passion pour le shopping. Une chambre d’amis qui m’était dédiée ? Oui pourquoi pas, bien que l’attention était honorable j’avais malgré tout la sensation que faire chambre à part nous faisait faire un énorme pas en arrière. Mais bon, il faut bien avouer que notre relation en ce moment était complètement indéfinissable. Milo, après une courte pause, soumet l’idée que je puisse préférer dormir avec lui. Mon regard s’écarquille légèrement, surprise et perplexe par cette proposition. « Tu sais bien que je préférerais toujours dormir avec toi... » dis-je le plus sincèrement du monde. « Milo, ta proposition est des plus touchantes mais aussi des plus surprenantes au vue de la situation… Je suis perplexe... » avouai-je alors au jeune homme pour tenter d’avoir davantage d’explications sur ce qu’il souhaitait exactement.

En observant attentivement la réaction de Cassia suite à ma proposition quelque peu osée, je ne peux m'empêcher de noter une certaine hésitation se peindre sur ses traits. Comme si les mots que je venais de prononcer avec autant d'insouciance venaient soudain lui rappeler la réelle complexité de notre situation pour le moins délicate, et les émotions à fleur de peau qui ne manqueraient pas d'en découler. D'un geste lent et empreint de solennité, je repose alors ma fourchette contre le rebord de mon assiette, comme pour mieux signifier que je vais accorder à ce moment toute l'attention et la gravité qu'il mérite. « Cassia... » Je commence d'une voix presque rauque, lourde de compréhension et de douceur. « Je sais pertinemment que ce que je viens de proposer peut te sembler beaucoup à considérer, surtout compte tenu de la situation actuelle. » Je marque une courte pause, cherchant mes mots avec la plus grande des attentions, désireux de ne froisser aucune susceptibilité. « Prends tout le temps dont tu auras besoin pour y réfléchir posément… » De nouveau, j'offre à mes paroles le temps de se déposer délicatement entre nous deux, dans l'espoir qu'elle en saisisse bien toute la portée. « J'aimerais tellement, tu sais, que les choses redeviennent comme avant entre nous. Que nous puissions retrouver cette facilité, cette connivence et cette intimité qui nous unissaient. » Je ne peux réprimer un léger soupir tandis qu'un voile de mélancolie semble un instant ternir l'éclat de mon regard. Comme si notre réalité actuelle venait de me rattraper. « Mais je sais pertinemment que c'est impossible... Du moins pour le moment. » Mon regard se fait alors plus intense, plus franc, bien décidé à ne lui livrer que la stricte vérité. « La seule chose que je peux t'offrir à présent, c'est de faire comme si nous n'étions que de simples meilleurs amis en public. Et qu'en privé en revanche, nous retrouvions pleinement ce que nous avions avant. » Je peux sentir le poids de ces mots, leur importance cruciale pour notre avenir. Et c'est avec la plus grande clarté et la plus parfaite honnêteté que je les prononce. « Il n'y a personne d'autre que toi, Cassia... Tu n'es en aucun cas ma maîtresse. Ce n'est pas ce que tu représentes pour moi, ni ce que tu représenteras jamais. Tu ne seras jamais un second choix par défaut. C'est simplement la seule solution que je puisse te proposer à l'heure actuelle... » Je lui adresse alors un sourire d'une infinie douceur, teinté de tendresse et d'espoir. Un sourire qui se veut apaisant, destiné à la rassurer sur la sincérité de mes intentions comme sur l'authenticité de mes sentiments. « Prends tout le temps dont tu auras besoin pour y réfléchir, Cassia. Quelle que soit ta décision, je la respecterai et serai là. » D'un geste presque solennel, je viens couvrir sa main de la mienne, caressant son poignet du pouce avec une infinie délicatesse. « Je t'attendrai... Parce que tu es la seule qui compte à mes yeux. »

Alors que notre conversation se poursuit dans cette ambiance feutrée, je termine lentement mon assiette, savourant avec une délectation presque solennelle chacune des dernières bouchées de ces succulentes lasagnes. Leurs saveurs riches et généreuses semblent immanquablement raviver en moi les souvenirs de moments bien plus simples et doux que nous avons eu la chance de partager par le passé. Lorsque ma fourchette vient butter contre la porcelaine désormais vide de mon assiette, je la repose cérémonieusement sur le rebord, détournant alors mon entière attention vers Cassia. C'est dans un geste d'une discrétion absolue que ma main se faufile sur la table pour venir chercher la sienne, nos doigts se croisant et s'entremêlant presque instinctivement dans une étreinte familière aussi naturelle que réconfortante. Je peux sentir la douce chaleur de sa paume contre la mienne, un simple contact qui, malgré les vicissitudes et tous les changements que la vie nous a imposés, demeure pour moi d'une incroyable portée rassurante et précieuse.

Dans un sourire empreint de la plus vibrante tendresse que je me tourne vers elle, mes yeux plongeant avec délice dans les siens. Puis, d'un geste délicié, j'attrape la bouteille de vin que nous avons prise le soin de partager durant ce dîner aux allures de retrouvailles.  Avec une attention toute particulière, presque révérencieuse, je me mets à remplir son verre du délicieux nectar d'un blond pâle, le cristal émettant des tintements mélodieux à chaque vaguelette qui vient s'y déposer. Son arôme frais et fruité vient titiller mes narines pendant que je demeure immobile à l'observer, semblant vouloir imprimer cette image dans ma mémoire. « Encore un peu de ce vin ? » lui proposai-je d'une voix d'une douceur apaisante, légèrement teintée d'une affection que je ne cherche même plus à dissimuler. Tout en servant son verre avec un soin méticuleux, je maintiens un contact visuel intense, observant avec la plus grande attention chacune de ses réactions, analysant le moindre signe facial dans l'espoir d'y déceler un indice sur ses pensées ou ses émotions du moment. Le temps semble soudain se figer, se suspendre, uniquement rythmé par le glougloument du vin qui s'écoule dans la coupe, nous isolant totalement du reste du monde alentour. Une fois son verre soigneusement rempli, j'y plonge le nez un bref instant, savourant son parfum capiteux, puis le repose avec d'infinies précautions. « À nous. » lançai-je alors dans un murmure à peine audible, levant très légèrement ma coupe vers elle dans un geste de toast silencieux. Une invitation pleine de sous-entendus et d'espoirs à poursuivre ensemble cette soirée de retrouvailles. À prolonger ce dialogue sincère qui semble si difficilement vouloir se tisser entre nous.

La proposition de Milo était des plus surprenante mais aussi des plus perplexe. J’avais du mal, sans nul doute à cause de la situation si particulière que nous vivions, de savoir ce qu’il souhaitait très exactement. Mon souhait le plus cher était bien évidemment d’être et de rester auprès de lui, mais j’avais un peu du mal à cerner ses volontés. Milo semble comprendre que ce qu’il venait de me proposer pouvait me sembler beaucoup à considérer surtout au vue de notre situation actuelle. Il m’offre tout le temps dont j’ai besoin pour réfléchir. Le pilote de ligne m’avoue qu’il aimerait tellement que les choses redeviennent comme avant entre nous, il souligne rapidement le fait que cela était impossible pour le moment. Toujours ce même discours.  Je ne peux pas nier qu’à l’entente de ces paroles une légère ponce de déception s’empare de moi. Milo m’explique qu’à présent la seule chose qu’il pouvait m’offrir c’était de faire comme si nous n’étions que de simple meilleurs amis en public mais d’être beaucoup plus intime, comme avant, dans un cadre privé. Mes sourcils se froncent légèrement face à cette proposition. Tout un tas de questions commencent à me passer par la tête.  Pourquoi se cacher de la sorte ? Milo semble percevoir mon inquiétude et ma perplexité, il s’empresse d’ajouter qu’il n’y avait personne d’autre que moi, que je n’étais pas sa maîtresse ni un second choix par défaut. Toutefois c’était la seule solution qu’il pouvait me proposer à l’heure actuelle. « Je suis un peu perdue, ce que tu me proposes c’est une relation cachée, une relation secrète… Malgré ma volonté d’être avec toi, comme avant, c’est quelque peu déconcertant... » avouai-je alors au jeune homme.

La suite du repas se déroule merveilleusement bien. Je profitai de ce dîner reposant et serein avec Milo, ayant comme l’agréable sensation de rattraper un peu le temps perdu. Toutefois, malgré le bon déroulement de ce moment partagé en tête à tête je n’arrivais toujours pas à définir ce qu’était réellement notre relation à présent. Milo me propose encore un peu de vin « Oui, avec plaisir. Merci... » dis-je en le laissant remplir mon verre de ce doux nectar. Une fois nos verres remplis, nous trinquons « A nous. » répétai-je après le jeune homme.

Une fois le repas terminée, et Milo remercié pour son invitation, nous décidons d’aller profiter de la douce soirée au bord de la plage afin de marcher un peu. Cela était aussi l’occasion de prolonger la soirée en tête à tête tout en profitant d’un joli coucher de soleil. Marchant côté à côte, un léger silence s’installe entre nous. Un silence que je décide de briser « Milo… à propos de ce que tu as dit tout à l’heure… tu ne peux décidément rien me dire ? Je t’assure que tout ça m’intrigue, et au vue de la situation à laquelle tous ces mystères nous ont mené… » demandai-je alors dans un dernier élan d’espoir.

Nous arrivons aux dernières bouchées de notre repas, les derniers rayons d'un soleil agonisant viennent se lover à travers les baies vitrées du restaurant, plongeant peu à peu la salle dans une ambiance tamisée et intimiste. C'est presque avec regret que je vois disparaître ces chaudes lueurs crépusculaires, comme si elles emportaient avec elles une part de la magie qui semblait jusqu'alors planer dans les airs. Cassia, le regard pensif, lève soudain les yeux dans ma direction. Une inquiétude diffuse semble poindre au plus profond de ses prunelles, trahissant les tourments qui doivent agiter son esprit en ces instants. « Je suis un peu perdue, ce que tu me proposes c’est une relation cachée, une relation secrète… » commence-t-elle d'une voix d'où perce une vive hésitation. « Malgré ma volonté d’être avec toi, comme avant, c’est quelque peu déconcertant... » Tandis qu'elle prononce ces paroles d'un ton grave, presque solennel, je ne peux que l'écouter avec la plus grande attention, conscient de la complexité des émotions contradictoires qui doivent l'assaillir en ce moment. Déposant ma fourchette sur le rebord de mon assiette, définitivement indifférent à la suite de mon repas, je prends une profonde inspiration, rassemblant toute ma concentration pour trouver les mots les plus justes afin de dissiper au mieux ses appréhensions légitimes. « Cassia... » dis-je en saisissant doucement sa main. « Je comprends parfaitement tes réserves et je ne voudrais pour rien au monde que tu te sentes mal à l'aise ou contrainte par cette situation pour le moins particulière. » Je marque une courte pause, réfléchissant soigneusement à la meilleure façon de me faire comprendre. « L'idée n'est certainement pas de créer une sorte d'atmosphère de secrets ou de te faire ressentir comme si tu devais sans cesse te cacher ou te terrer dans l'ombre. Bien au contraire... »

Nous terminons notre repas, les derniers rayons du soleil disparaissent à l'horizon, plongeant le restaurant dans une ambiance tamisée et intime. Cassia semble pensive lève les yeux vers moi, son regard trahissant une certaine inquiétude. « Milo, je suis un peu perdue, » commence-t-elle doucement, sa voix chargée d'hésitation. « Milo… à propos de ce que tu as dit tout à l’heure… tu ne peux décidément rien me dire ? Je t’assure que tout ça m’intrigue, et au vue de la situation à laquelle tous ces mystères nous ont mené… » Je l'écoute attentivement, reconnaissant la complexité des émotions qu'elle doit ressentir. Je prends une profonde inspiration, cherchant à trouver les mots justes pour répondre à ses préoccupations. « Cassia… » dis-je en saisissant délicatement sa main pour lui offrir un contact rassurant. « Je comprends parfaitement tes réserves et je ne veux jamais que tu te sentes mal à l'aise ou contrainte par la situation. » Je marque une pause, réfléchissant à la meilleure façon de clarifier mes intentions. « Je te propose cela uniquement comme une mesure temporaire, le temps… Le temps que je puisse t’offrir ce que tu mérites : une relation pleine et entière. » Je serre un peu plus sa main, espérant transmettre ma sincérité. Je lui offre un sourire tendre, espérant apaiser ses inquiétudes. « Ce qui compte le plus pour moi, c'est toi, Cassia. »

Après avoir réglé l'addition, nous nous levons de la table, laissant derrière nous l'atmosphère chaleureuse du restaurant. Nous nous dirigeons vers la plage adjacente, où les dernières lueurs du soleil teintent le ciel de couleurs vibrantes. Le sable sous nos pieds crisse doucement à chaque pas, et le son des vagues qui viennent mourir sur le rivage ajoute à la beauté sereine du paysage. Alors que nous marchons côte à côte, un silence confortable s'installe entre nous, chacun absorbé par la splendeur du coucher de soleil. Le ciel se pare d'oranges, de roses et de pourpres, un tableau vivant qui semble célébrer la fin d'une journée et le début de quelque chose de nouveau. Dans cet instant, il n'y a que la mer, le ciel et nous, un moment parfait de calme et de beauté partagé. De mon pouce, je caresse tendrement le dos de sa main avec une infinie douceur, savourant le contact soyeux de sa peau contre la mienne. « Le temps nécessaire pour pouvoir t'offrir ce que tu mérites réellement : une relation pleine et entière, sans aucune forme de cachotterie ou de dissimulation. » Je resserre un peu plus l'étreinte de nos mains liées, espérant par ce geste lui transmettre la pleine sincérité de mes propos. Lui prouver que mes intentions sont des plus pures et dénuées de la moindre arrière-pensée douteuse. « Tu n'imagines pas à quel point j'aspire à ce que nous puissions à nouveau être pleinement ensemble et aux yeux de tous, comme avant. Mais en attendant que les choses s'arrangements, je souhaite plus que tout que nous puissions au moins nous retrouver à l'abri des regards, même quelques instants, pour partager ces précieux moments d'intimité qui me manquent tant... » Un sourire d'une infinie tendresse vient alors étirer mes lèvres pendant que je plonge mon regard dans le sien, tâchant d'apaiser par la même occasion ses inquiétudes. « Ce qui compte le plus pour moi Cassia, c'est toi et toi seule... Le reste n'a que peu d'importance à mes yeux. »

Alors que nous terminions la soirée par une promenade sur la plage, je n’vais pu m’empêcher d’en savoir davantage sur ce qui empêchait Milo de m’expliquer la ou les raisons pour lesquelles nous ne pouvions pas nous montrer au grand jour comme avant. Malgré que Milo ait essayé de me rassurer sur ce qu’il ressentait pour moi et sur mon statut, je ne pouvais m’empêcher de me poser tout un tas de question. Milo me saisit alors délicatement ma main dans un geste doux et rassurant. Le jeune homme dit comprendre mes réserves quant à cette situation des plus particulières mais il réaffirme aussi le fait qu’il ne souhaite aucunement que je sois mal à l’aise ou contrainte par la situation. Milo m’affirme également qu’il me proposait cela uniquement comme une solution temporaire, le temps qu’il puisse m’offrir une relation pleine et entière. Les mots de Milo sont sincèrement le je sais, et ils me touchent profondément. Mais encore une fois je restais dans incompréhension la plus totale. Mains dans la main, nous continuons notre balade tout en continuant à discuter sérieusement. J’écoute Milo très attentivement. Le jeune homme m’avoue qu’il aspirait à ce que nous puissions à nouveau être ensemble e aux yeux de tous, mais cela ne semblait pas possible pour le moment. En attendant, il proposait de nous retrouver à l’abri des regards afin que nous puissions retrouver cette intimité qui nous manquait tant. « Si je comprends bien, tu ne m’en diras pas plus... » Je crois que je devais me faire une raison. « Si tu savais à quel point j’aimerais savoir ce qui peut bien se passer là-dedans... » dis-je en caressant délicatement sa tempe du bout des doigts. Puis, en repensant à toutes ses paroles, un détail me vient en tête. « Et ici, le fait que l’on dîne en tête à tête, que l’on se balade main dans la main en public ne dérange pas… ? » demandai-je un peu perplexe. Clairement, je pense que chaque personne que nous avions pu croiser ce soir nous avait pris pour un couple et non de simples amis. Même le réceptionniste du restaurant m’avait prise pour la femme de Milo. Je me posais des questions quant aux moments et aux lieux dans lesquels nous devions paraitre de simples amis et non plus.

Sur la côte italienne baignée par la Méditerranée, chaque coucher de soleil se transforme en un véritable opéra céleste, un spectacle enchanteur qui déroule ses nuances flamboyantes au-dessus de l'horizon marin avec une grâce et une majesté à couper le souffle. Ce soir ne fait définitivement pas exception à la règle, le ciel s'embrasant dans un sublime incendie naturel, avec d'imposants nuages teintés des couleurs ardentes de l'orange, du rouge et du rose incandescents, tels les reflets de la passion et de la fougue méditerranéennes. Les derniers rayons d'un soleil sur le déclin viennent effleurer de leurs doigts d'or la surface de l'eau qui s'étend à perte de vue, transformant la mer en un immense miroir liquide d'où semblent jaillir des millions de paillettes étincelantes sous l'effet des vagues délicates. Chaque reflet miroitant, d'une intensité presque irréelle, ressemble à s'y méprendre à des diamants précieux dispersés sur du velours sombre. Le sable doux et fin qui recouvre la plage retient encore en son sein la douce chaleur du jour, scintillant d'un éclat presque nacré sous les dernières lueurs rougeoyantes de l'astre solaire. Chaque grain de sable, imprégné de cette lumière du soleil couchant, semble porter en lui le poids des siècles, raconter une histoire éphémère, ancienne et précieuse, comme autant de petits trésors posés sur la grève. À l'horizon désormais embrasé, le soleil, dans un dernier geste de pure théâtralité, semble s'immobiliser un instant, suspendu au bord infini du monde, avant de s'abaisser lentement, presque à regret, s'enfonçant avec une dignité solennelle dans l'immensité bleutée de l'océan. L'instant précis où le disque solaire touche la surface de l'eau marque alors une transition d'une beauté spectaculaire : les couleurs vives et brûlantes qui marquaient jusqu'alors le crépuscule se fondent peu à peu en des teintes plus douces de lilas et de bleu marine, tissant ainsi le voile de la nuit qui s'apprête désormais à envelopper le monde dans son étreinte. Le ciel, jusqu'alors baigné d'une lumière flamboyante, se transforme à son tour en un vaste canvas grandiose, où les premières étoiles osent timidement clignoter, comme pour venir prendre leur place dans le firmament tandis que l'éclat du jour s'efface peu à peu. Une brise marine légère et rafraîchissante vient alors effleurer nos visages, porteuse de l'odeur âpre et saline de la mer alliée au murmure lointain des vagues qui dansent avec frénésie contre le rivage, une mélodie qui semble ne jouer que pour nous deux en cet instant magique.

A travers cette ambiance des plus romantiques que nous marchons côte à côte sur le sable fin, nos mains tendrement entrelacées, partageant un moment d'une sérénité absolue. Je ne peux cependant m'empêcher de percevoir une ombre de déception traverser le regard de Cassia, une réaction qui ne me surprend guère tant les sujets que je garde encore sous silence pour sa protection doivent susciter chez elle bon nombre d'interrogations. « J'aimerais tellement pouvoir tout te dire Cassia...Si seulement tu savais... » Je murmure d'une voix empreinte d'un regret sincère. « Mais pour le moment, je ne peux pas...Pas encore du moins... » Mon cœur est en effet lourd de ces secrets que je ne peux encore partager avec elle, à commencer par la sombre menace qui continue de planer telle une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, de la part d'Andrew. Curieuse, Cassia caresse alors doucement ma tempe de l'extrémité de ses doigts, un geste tendre et réconfortant qui m'apaise aussitôt. « Le plus important... » Je poursuis, guidant délicatement sa main pour venir la poser contre mon cœur qui bat la chamade sous le coup de l'émotion intense. « C’est que tu saches ce qui se passe ici… » Serrant doucement sa paume contre ma poitrine, je plonge mon regard dans le sien. « Je te le promets Cassia, un jour, lorsque tout sera enfin rentré dans l'ordre, je t'expliquerai absolument tout sans avoir à garder le moindre secret pour toi... »

Nous cheminons côte à côte le long de la plage déserte, savourant ce moment d'une quiétude absolue où seul le doux murmure des vagues vient bercer nos pas. Le crépuscule qui s'installe peu à peu enveloppe les lieux dans une lumière d'une douceur incomparable, projetant ses derniers feux rougeoyants sur la mer immense qui s'étend à perte de vue. D'une voix où perce une légère appréhension, Cassia exprime une nouvelle préoccupation.  « Et ici, le fait que l’on dîne en tête à tête, que l’on se balade main dans la main en public ne dérange pas… ? » Je peux nettement sentir la tension derrière ses paroles, ce conflit intérieur qui l'habite entre son désir de pouvoir vivre notre relation au grand jour comme n'importe quel autre couple, et la prudence que notre situation pour le moins singulière exige encore de nous. M'immobilisant un instant, je balaye discrètement les environs du regard pour m'assurer que personne ne se trouve à proximité et ne puisse surprendre notre conversation par mégarde. Après un court moment de réflexion, je lui réponds d'une voix rassurante et posée. « Tant que nous resterons suffisamment éloignés de Fall River, nous n'aurons rien à craindre. » Satisfait de cet aparté, je poursuis en tentant d'apaiser ses dernières craintes. « Il faut simplement rester vigilants et faire attention à mes collègues un peu trop bavards ou à toute personne qui pourrait éventuellement nous reconnaître. Mais ici, en territoire totalement étranger, notre présence passera complètement inaperçue et nous offre ainsi un peu plus de liberté pour être pleinement nous-mêmes... »

Encouragé par le calme ambiant et l'isolement relatif de notre emplacement, renforcés par le voile protecteur de l'obscurité qui ne cesse de s'épaissir autour de nous, je me penche tendrement vers elle, savourant cette sensation familière et amusante que crée notre différence de taille. Un doux sourire vient aussitôt étirer mes lèvres tandis que je porte ma main à sa joue dans une caresse d'une infinie délicatesse. Du revers du pouce, je redessine lentement le galbe de ses lèvres charnues, m'attardant un instant sur cette bouche qui m'a tant manqué, explorant une nouvelle fois la familiarité de ce geste si intime par le passé. « Je peux t'embrasser ? » murmurai-je tout bas où vibre l'émotion intense du moment.

Marchant sur cette plage avec Milo, j’avais une nouvelle fois tenté d’en savoir un peu plus sur la ou les raisons qu’il le poussait à ne vouloir être que de simples amis en public et bien plus en privé. Malgré mes efforts pour essayer de comprendre et d’en savoir plus, ce fut peine perdue. J’avais pleinement conscience que Milo ne me dirait rien. Et je devais bien avouer que j’avais une folle envie de savoir ce qui se passait dans sa tête. Milo me confie qu’il aimerait pouvoir tout me dire mais que pour le moment il ne pouvait pas, du moins pas encore. Je le sentais sincère, malgré tout la frustration de ne pas savoir demeurait. Et tout en guidant ma main vers sa poitrine Milo m’avoue que le plus important c’est que je sache ce qui se passait dans son cœur. Le pilote de ligne me promet qu’un jour il m’expliquerait absolument tout et ne garderait plus aucun secret pour moi. « J’ai hâte que ce jour arrive... » avouai-je simplement au jeune homme.

Et tout en échangeant, un détail me vient à l’esprit. Ici, nous dînions en tête à tête dans un cadre des plus romantiques, nous marchions le long de la plage main dans la main. Tout cela en public. Il y avait donc comme une contradiction dans les paroles et la demande de Milo de tout à l’heure. Je n’avais pas pu m’empêcher de souligner ce détail, qui pour moi avait de l’importance. Milo m’avoue alors que tant que nous restions éloignés de Fall River, nous n’avions rien à craindre. Le problème était donc présent à Fall River. Mais quelle était-il ? Toutefois, le jeune homme me met en garde, suggérant de rester vigilant et faire attention à ses collègues qui pouvaient parfois être trop bavards. Milo finit par me rassurer en me disant que ici nous pouvions être pleinement nous même. Milo se penche alors délicatement vers moi, sa main se pose sur ma joue . Ce simple et tendre geste fait naître en mois un milliers de frissons. Et lorsque Milo me demande si il peut m’embrasser, un léger sourire se dessine sur mes lèvres. J’acquiesce alors légèrement, lui donnant mon approbation dans un léger signe de tête délicat. Les lèvres de Milo finissent donc par se poser sur les miennes, et c’est une sensation divine qui s’empare alors de moi. Mes bras viennent délicatement s’enrouler autour de son cou alors que je prolonge ce baiser de la manière la plus passionné qu’il soit.

Lorsque Cassia acquiesce silencieusement à ma demande muette, me donnant ainsi la permission tant désirée de l'embrasser, un frisson d'excitation incontrôlable vient parcourir l'intégralité de mon être. C'est un instant que j'ai imaginé et réimaginé des centaines de fois durant les longues semaines de notre cruelle séparation, chaque fois avec une intensité décuplée. Lentement, presque avec dévotion, nos lèvres se rencontrent enfin dans un baiser d'abord timide et hésitant. Mais à ce premier effleurement, une sensation de pur bonheur m'envahit soudain, telle une vague ardente qui vient embraser chaque parcelle de mon corps et de mon âme. C'est comme si je retrouvais enfin une partie essentielle de moi-même que j'avais craint de perdre à jamais. Très vite, alors que nous nous abandonnons pleinement à l'émotion intense de cet instant magique, notre baiser gagne en ferveur, en passion. Les bras de Cassia viennent enlacer mon cou, m'attirant contre elle pour intensifier davantage notre étreinte. Sa réponse est des plus ardentes, ses mains venant se perdre dans mes cheveux comme pour prolonger indéfiniment ce moment de retrouvailles, semblant crier son propre soulagement et son bonheur d'être enfin réunie avec moi. Mes mains, comme par un geste venu d'un lointain passé, viennent naturellement se poser sur ses hanches, la serrant avec une douce fermeté contre moi. Comme pour mieux m'assurer que ce baiser n'est pas un doux songe dont je risque de me réveiller à tout instant.

Chaque sensation est décuplée, amplifiée par ces mois de nostalgie et de désir trop longtemps refoulés. Ce n'est plus simplement un baiser, c'est une véritable affirmation de notre réunion. Un mélange exquis de familiarité et de redécouverte où chaque mouvement, chaque soupir échangé semble être chargé d'émotions d'une profondeur abyssale. Le monde autour de nous pourrait bien s'effondrer que nous n'en aurions que faire. Seuls existent encore ce baiser, le doux murmure des vagues qui viennent mourir à nos pieds, et le battement de nos cœurs qui semblent s'être harmonieusement synchronisés. A travers ce baiser, je retrouve une joie aussi pure qu'écrasante. Un immense soulagement qui m'inonde de la plus délectable des manières. Mais aussi et surtout, un espoir renouvelé pour notre avenir commun. Tout ce que j’ai espéré, désiré et regretté durant cette trop longue absence, tout ce manque insoutenable, je le retrouve en cet instant précis. Tout est là, concentré dans cette unique et passionnée étreinte. Dans la douceur incomparable des lèvres de Cassia contre les miennes.

Après ces quelques instants d'une intensité presque insoutenable passés à nous embrasser avec fougue dans l'embrasure silencieuse du coucher de soleil, seul le doux murmure des vagues venant bercer nos étreintes, je sens qu'il est désormais venu le moment de partager avec Cassia ces sentiments que je garde depuis trop longtemps enfouis au plus profond de mon être. Nous nous détachons alors légèrement l'un de l'autre, juste ce qu'il faut pour nous permettre de plonger nos regards emplis d'émotions dans les yeux de l'autre, restant toutefois physiquement liés par nos mains tendrement entrelacées. « Je suis amoureux de toi Cassia. » révélai-je alors dans un souffle rauque où perce toute la sincérité de mon aveu. Ma voix se brise presque sous le poids de ces quelques mots pourtant si simples, mais qui sonnent pour moi telle la plus lourde des confessions. Des mots chargés d'une émotion brute, intense, que je ne cherche même pas à dissimuler. Inspirant profondément, je marque une courte pause, comme pour laisser le temps à ces paroles de s'installer entre nous. « Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, ni quelles autres épreuves se dresseront encore sur notre route... » Je poursuis, mon regard ne quittant pas le sien une seule seconde. « Mais ce dont je suis certain, c'est que je ne veux plus jamais avoir à affronter ces jours sans toi à mes côtés. » Serrant plus fort encore sa main dans la mienne, je me rapproche d'elle jusqu'à ce que nos deux corps ne fassent presque plus qu'un. « Tu es devenue une part essentielle de moi Cassia, une part que je croyais avoir définitivement perdue ces derniers mois... » Je murmure, la voix rendue rauque par l'intensité du moment. « Et rien, tu entends, rien ne saurait aujourd'hui me rendre plus comblé et heureux que de savoir que nous essayons à nouveau tous les deux de retrouver notre chemin l'un vers l'autre... »

Impossible de ne pas accepter la demande de Milo quant au fait de m’embrasser. Un baiser de sa part, j’en rêvais tous les jours depuis notre rupture. Alors quand ses lèvres viennent se poser sur les miennes, c’est un sentiment de pur bonheur qui m’envahit. Ce baiser, je le prolonge aussi longtemps qu’il est possible de le faire, mes bras passant naturellement autour du coud de Milo pour davantage de proximité. Les mains du jeune homme quant à elles, se pose délicatement sur mes hanches. A bout de souffle, nous sommes bien obligés de rompre le baiser, mais nos visages restent très proche l’un de l’autre. Le rythme de mon myocarde accélère subitement quand Milo m’annonce être amoureux de moi. Cela me faisait un bien fou d’entendre à nouveau ses mots de la part du jeune homme. « Moi aussi... » dis-je dans un léger souffle . Le jeune homme ajoute qu’il ne savait pas ce que l’avenir nous réservais, ni quelles seraient les autres épreuves qui se dresseraient sur notre route mais il était certain qu’il ne voulait plus jamais avoir à affronter ces jours sans moi à ses côtés. Nos deux corps se rapprochent davantage, mon regard est littéralement plongé dans celui de Milo, mes lèvres suspendues aux siennes, écoutant scrupuleusement chaque mot qu’il prononçait. « Tu m’as tellement manqué... » mes mains descendent délicatement sur son visage, et mes lèvres viennent  à nouveau trouver les siennes.

Après avoir passé un bon moment sur la plage, à parler, à discuter, à se retrouver, nous avions finalement pris le chemin de l’hôtel pour rentrer. Une fois le hall traversé, nous nous dirigeons vers l’ascenseur. Une fois dans ce dernier, j’appuie sur le bouton afin d’indiquer l’étage souhaité. Et à peine les portes refermées, nos lèvres se retrouvent pour échanger un énième baiser à la fois passionné et ardent. Nos mains se baladent, se cherchent. C’est comme si il n’y avait plus rien qui comptait, sauf nous. Soudainement, la petite sonnerie de l’ascenseur retentit indiquant un arrêt, les portes s’ouvrent. Surpris, nous interrompons notre baiser. Clyde était là, c’est lui qui venait d’appeler l’ascenseur. Il semble aussi surpris que nous. « Bonsoir vous deux... » dit-il un léger sourire aux lèvres. « Bonsoir Clyde... » le saluai-je à mon tour. « Je vous dirais bien qu’il y a des hôtels pour ça mais… » Le jeune homme ne termine pas sa phrase, trop amusé par la situation et puis par le comique de la situation. Nous étions déjà dans un hôtel. « Je constate que le dîner c’est bien passé. » dit-il en lançant un regard amusé et complice vers Milo. « Je… je vais prendre les escaliers... » finit-il par conclure.

Après ces moments d'une rare intensité émotionnelle partagés lors de notre promenade sur la plage, nous décidons qu'il est désormais temps de regagner l'hôtel. Nous cheminons côte à côte dans un silence des plus confortables, encore tout enveloppés dans la douce euphorie de nos confidences mutuelles. Lorsque nous franchissons les portes de l'imposant hall d'entrée, notre marche se fait plus lente, comme à regret de briser cet instant magique. Un silence chargé d'une intimité toute nouvelle et de sentiments à peine effleurés plane entre nous tandis que nous gagnons les ascenseurs.

À peine les portes de la cabine se sont-elles refermées que l'atmosphère confinée et propice aux rapprochements nous pousse l'un vers l'autre, telle une force naturelle irrépressible. Nos lèvres se retrouvent alors dans un baiser d'abord timide mais qui gagne vite en passion et en fougue, continuité on ne peut plus naturelle de notre soirée pleine de rebondissements. Nos mains se font exploratrices, redessinant les courbes familières des corps étroitement enlacés. Nos souffles erratiques se mêlent, se confondent en de légers râles d'excitation. Pour ces quelques précieuses secondes, plus rien d'autre n'existe en ce monde que notre étreinte. Nous formons une bulle inviolable, intemporelle. Soudain, dans un tressaut familier qui nous sort brusquement de notre transe, les portes de l'ascenseur s'ouvrent brutalement à l'un des étages intermédiaires. Clyde se tient là, immobile dans l'entrebâillement, un sourcil narquoisement haussé dans une expression on ne peut plus amusée. « Je vous dirais bien qu'il existe des hôtels particuliers pour ça... Mais... » lâche-t-il d'une voix où perce un rire à peine contenu. Pris sur le fait avec une moue partagée entre la gêne et l'amusement, je lui adresse un regard complice, comme pour partager avec lui la nature si particulière de notre soirée. Pendant ce temps, Cassia en profite pour rapidement réajuster sa tenue quelque peu défaite par notre ardeur. Après un dernier clin d'œil entendu de sa part, celui-ci s'écarte pour nous laisser poursuivre notre chemin avec un discret mouvement de tête, comme pour nous encourager à profiter pleinement de la suite de cette soirée. Puis il emprunte l’escalier. Alors que l'ascenseur reprend sa lente ascension, nos baisers reprennent de plus belle, avec une urgence cette fois décuplée par cette interruption inopinée. Je me penche à l'oreille de Cassia, je lui murmure avec une ferveur tout juste contenue combien j'ai envie d'elle, mes paroles se faisant tour à tour douces puis brûlantes. « J’ai très envie de toi… » Je ressens une attraction presque magnétique envers elle. C'est comme si chaque fibre de mon être était attirée par sa présence. Je veux sentir sa peau contre la mienne, découvrir chaque frisson que mes caresses peuvent lui procurer, entendre les variations de sa voix alors que nos moments d'intimité se prolongent. La manière dont elle me regarde, avec cette lumière particulière dans ses yeux, me dit qu'elle ressent quelque chose de similaire. Cela rend mon désir pour elle encore plus fort, plus urgent. Je veux explorer toutes les facettes de notre relation, (re)découvrir ce que nous avons partagé et aller au-delà, dans de nouveaux territoires de complicité et de passion.

Finalement, nous atteignons notre étage de destination. À peine les portes franchies que Cassia se dirige d'un pas lent mais décidé vers la porte de sa chambre afin de l'ouvrir. Profitant de ce court moment, je me glisse discrètement dans son dos, me lovant contre elle, tel un félin des plus joueurs. D'un geste presqu'insoutenable de douceur, je dépose alors un tendre baiser dans le creux de sa nuque, la faisant sourire de plaisir. « Dis-moi, tu ne serais pas devenue une Chewbacca pendant notre séparation ? » Je la taquine d'une voix rauque, faisant référence à la délicieuse texture soyeuse de la peau de son cou sous mes lèvres plutôt qu'à un quelconque changement inattendu de sa part. Alors que la porte de sa chambre s'ouvre enfin, je m'empresse de capturer une dernière fois ses lèvres dans un baiser d'une exquise tendresse. Nous franchissons de concert le seuil de l'intimité, main dans la main alors que je l’attire contre moi.

Seuls dans l’ascenseur qui était entrain de nous monter à l’étage, les portes de ce dernier s’ouvrent soudainement sur Clyde. Je recule très légèrement de Milo réajustement ma robe quelque peu défaite, bien qu’il était plus qu’évident que le pilote de ligne nous avait surpris en pleine embrassade passionnée. Clyde ne semble pas vraiment surpris. Il était apparemment au courant pour notre dîner de ce soir. Le jeune pilote de ligne décidé rapidement de prendre les escaliers. Les portes de l’ascenseur se referment alors et nos baisers reprennent aussitôt. Milo se penche doucement vers mon oreille pour me murmurer qu’il avait très envie de moi. Un large sourire se dessine que mes lèvres. Ses mots là, je les appréciais tellement, ils m’avaient tant manqué. Mon regard est envieux, empli de désir pour Milo. Pour toute réponse, je vient capturer à nouveau ses lèvres.

Une fois l’étage atteint, nous sortons de l’ascenseur et prenons le chemin de ma porte de chambre. Je cherche un court instant la carte magnétique alors que Milo glisse dans mon dos déposant par la même occasion un tendre baiser au creux de mon cou. Ce contact me fait frissonner et ne fait qu’accroître mon désir pour lui. Milo décide de me taquiner en me demandant si je n’étais pas devenu une Chewbacca pendant notre séparation. Je me retourne et le regarde faussement outrée « Très amusant. Si tu te poses cette question, c’est que tu ne me connais pas si bien que cela... » dis-je alors amusée malgré tout. La porte s’ouvre, et après un dernier baiser nous pénétrons tous les deux dans la chambre.  Alors que la porte de la chambre s'ouvre enfin, je m'empresse de capturer une dernière fois ses lèvres dans un baiser d'une exquise tendresse. Nous franchissons de concert le seuil de l'intimité, main dans la main alors que je l’attire contre moi. « Tu ferais mieux de m’embrasser au lieu de dire de telles sottises... » dis-je amusée alors que je me penche sur la pointe des pieds pour lui faciliter le travail. Nous partageons un nouveau baiser. Mes mains descendent sur le torse de Milo et commencent doucement à défaire les boutons de se chemise. Une fois fait, je l’aide à la retirer avant de la déposer sur le dossier d’un fauteuil présent dans la pièce. Puis doucement, nos deux corps se dirigent vers le lit immense.

Ces petits jeux incandescents entre Cassia et moi ont de tout temps eu cette saveur d'une magie inégalable, un brin de cette singularité faite d'une connivence et d'une complicité si particulières que nous seuls détenons la clé. Cette manière si spéciale que nous avons de nous provoquer l'un l'autre, de nous taquiner avec une malice presque enfantine, m'avait cruellement manqué durant notre séparation. Désormais je la (re)découvre enfin sous toutes ses facettes, chaque échange, chaque interaction nouvelle entre nous semble véritablement baigner dans une aura presque surnaturelle. Comme si la moindre de nos gestuelles, la plus anodine de nos paroles échangées venait soudain revêtir les atours d'un sortilège envoûtant. Cette magie si singulière se retrouve jusque dans le simple acte de l'embrasser à nouveau après tant de temps. Lorsque Cassia réagit avec un délicieux mélange d'amusement feint et de cette indignation faussement choquée à ma plaisanterie pour le moins osée sur Chewbacca, un sourire vient naturellement éclairer mes traits. Sans lui laisser le temps de poursuivre sa douce protestation, je m'empresse de déposer une myriade de baisers avides sur chaque parcelle du tendre épiderme offert de son cou. « Mais qui te dit que je ne pose pas cette question dans le seul but de pouvoir le vérifier par moi-même ? » Je rétorque d'une voix où perce un amusement malicieux, tandis qu'elle m'attire fermement contre elle, nos deux corps de nouveau plaqués dans une étreinte incandescente.

Retrouver enfin ses lèvres, la douceur de son corps contre le mien, ainsi que cette manière si particulière qu'elle a de me regarder avec une intensité désarmante, tout cela ravive des sensations que j'avais tant chéries en d'autres temps et failli oublier. « Vos désirs sont des ordres, Mademoiselle Henderson ! » Je proclame dans une envolée théâtrale, soufflant ces quelques mots avec un déferlement de légèreté presque exagérée dans le but évident de mieux la faire sourire. Alors qu'elle se hisse sur la pointe des pieds pour venir rejoindre mes lèvres avides, je me laisse emporter par la tendresse infinie qui se dégage de notre baiser passionné. Ses mains fines se glissent sur mon torse avec une lenteur calculée, accroissant un peu plus mon trouble. « Je suis ravi de constater que tu sais toujours déboutonner ma chemise… » Bientôt, je sens ses doigts agiles venir s'attaquer aux boutons de ma chemise, dans une séquence de gestes qui réveille un lointain souvenir de ces mois passés. Cette fameuse session de formation aux gestes de premiers secours. « Alors...Es-tu véritablement redevenue une Chewbacca, Mademoiselle Henderson ? » Je l'interroge à nouveau sur le ton d'une plaisanterie badine, tentant de conserver une feinte désinvolture pendant que la fermeture éclair de sa propre robe commence à descendre dangereusement le long de sa silhouette, dans un bruissement de soie prometteur.

En l'espace d'un instant fugace, le vêtement glisse au sol dans un mouvement plein de grâce, révélant la finesse d'une lingerie affriolante. Incapable de réfréner mon désir à cette vision, je me mords la lèvre inférieure, mon regard désormais captivé par le délicat travail de dentelle parant sa poitrine. Lorsque sa robe de soie vint à glisser le long de ses courbes, révélant peu à peu les dessous affriolants qu'elle avait revêtus pour notre soirée, je sens mon souffle se couper sous le coup d'une vague de désir brûlante. Devant mes yeux ébahis se dévoile un ensemble de lingerie d'une grande finesse, alliant la sensualité d'un délicat travail de dentelle à la séduction d'un rouge écarlate des plus provocants. Le soutien-gorge ouvragé vient épouser la naissance de sa poitrine avec une grâce renversante, soulignant l'arrondi tentateur de ses seins de la plus exquise des manières. Je me mords la lèvre, incapable de détacher mon regard de ce spectacle envoûtant. Mes yeux glissent le long de son buste, suivant la courbe suggestive de sa taille amincie par les délicates arêtes de la lingerie, jusqu'à atteindre l'échancrure de son string qui ne cache que très peu la naissance de ses cuisses fuselées. À cet instant, chacun de mes sens semble redoubler d'acuité. L'odeur musquée et familière de son parfum devient une véritable gourmandise pour mes narines en éveil. Sa peau semble luire d'un éclat particulier sous la lumière tamisée, comme si elle m'implorait de venir m'abreuver de chacun de ses frissons. Subjugué, j'avale péniblement ma salive dans un râle d'anticipation contenue avant de laisser enfin mon regard remonter jusqu'à son splendide visage. Cassia me contemple en retour, une lueur d'amusement malicieux brillant au fond de ses prunelles assombries par le désir. Un désir qui fait immédiatement écho au mien, me consumant de l'intérieur avec l'ardeur d'un brasier inextinguible. Alors qu'un sourire mutin vient étirer ses lèvres pleines, je ne peux résister à l'envie de me jeter sur elle pour mieux me repaître de la vision de son corps sublime, complètement souillé par le feu de ma passion pour elle. Il est désormais trop tard pour jouer les insensibles... Cassia m'a entièrement conquis avec sa lingerie de rêve et compte bien en payer le prix. « Tiens...Je ne connaissais pas celui-là ! » Je ne peux m'empêcher de remarquer d'une voix subitement rendue rauque par l'émotion pendant que mes lèvres en viennent déjà à explorer la naissance de son décolleté avec une infinie douceur, sentant la chaleur de sa peau sous mes baisers. « Et si je décidais soudain de faire grève ? » Je la taquine avec un soupçon d'espièglerie renouvelée dans la voix tandis que je la soulève sans effort jusqu'à ma hauteur, la déposant délicatement sur les draps immaculés de son grand lit dans un geste d'une tendresse absolue.