En descendant de l'avion, je sens immédiatement un mélange de soulagement et d'excitation à l'idée de retrouver Cassia. Je la repère rapidement dans la foule, son sourire radieux m'accueillant. Elle se précipite vers moi, et en un instant, ses bras passent autour de mon cou, m'enveloppant dans une étreinte chaleureuse. Mes mains se posent naturellement sur ses hanches, attirant son corps contre le mien. Nos lèvres se rencontrent dans un tendre baiser, longuement attendu, et pour un moment, le monde autour de nous semble s’effacer, ne laissant place qu’à la sensation de la retrouver enfin. À bout de souffle, je m'écarte légèrement, mon front appuyé contre le sien, et je lui murmure « Tu m'as manqué aussi… J'ai un petit quelque chose pour toi ! » Je laisse un sourire malicieux jouer sur mes lèvres, m'amusant à titiller sa curiosité. Je vois l'éclat dans ses yeux, impatiente de savoir ce que j'ai ramené. Mais avant que je ne puisse en dire plus, Alex passe à côté de nous, l'air un peu tendu. Cassia, toujours accrochée à mon cou, lui souffle un « Bon courage… » qui me fait immédiatement froncer les sourcils, interloqué par le ton qu’elle vient d’employer. Je tourne la tête vers elle, cherchant une explication. « Qu’est-ce qui se passe ? » lui demandai-je, sentant une légère inquiétude monter en moi. Quelque chose ne semble pas aller, et je ne peux m’empêcher de vouloir comprendre ce qui se trame.

Avant qu’elle ne puisse me répondre, un bruit retentissant attire notre attention. Nous nous tournons tous les deux pour voir Lola, la copine d'Alex, faire face à ce dernier. À peine a-t-il eu le temps de lui dire bonjour que sa main s’abat sur sa joue dans une claque tonitruante, résonnant à travers le hall de l’aéroport. La gifle est si forte que quelques têtes se tournent, intriguées par la scène. Je reste figé un instant, les sourcils toujours froncés, essayant de comprendre ce qui a bien pu se passer pour en arriver là. La tension dans l'air est palpable alors que Lola, la copine d'Alex, se tient face à lui, ses yeux brûlant d'une colère contenue qui ne demande qu'à éclater. La claque qu'elle vient de lui asséner résonne encore dans le hall de l'aéroport, attirant l'attention de quelques passants curieux. Alex, la joue rouge, reste figé un instant, surpris par l'intensité du geste. Mais ce n’est que le début. « Comment as-tu pu ?! » s'écrie Lola, sa voix montant dans les aigus, trahissant une furie qu’elle n’essaie même pas de contenir. Elle avance d'un pas menaçant vers Alex, son regard le transperçant de part en part. « Après tout ce que je t’ai dit, après tout ce que je t’ai demandé… Tu as osé ?! » Alex, pris au dépourvu, lève les mains dans un geste de défense, essayant de désamorcer la situation. « Lola, je peux tout expliquer, ce n’est pas ce que tu crois… » Mais Lola ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase. Elle brandit son téléphone sous son nez, l'écran toujours allumé sur la fameuse vidéo qui a déclenché cette explosion de colère. « Tu crois que je suis idiote ?! Regarde ça, Alex ! Regarde ce que tu as fait ! Tu m’avais promis, tu m’avais juré que tu ne ferais rien de stupide, et qu’est-ce que je découvre ?! Toi, tes abrutis de potes, et une strip-teaseuse qui… » Sa voix se brise un instant sous l'émotion, mais elle reprend presque aussitôt, le ton encore plus accusateur. « Toucher cette fille, l’embrasser ?! Tu n’as aucune excuse, Alex, aucune ! »

La scène se déroule avec une intensité presque palpable, l'air de l'aéroport s’épaississant sous le poids de la confrontation qui s’annonce. Lola, la copine d’Alex, se tient devant lui, sa poitrine se soulevant rapidement sous l’effet de la colère. Alex, de son côté, reste figé, encore sous le choc de la claque retentissante qu’elle vient de lui administrer. Les gens autour de nous commencent à ralentir, intrigués par ce qui se passe, certains s’arrêtant même pour observer. Je serre un peu plus fort la main de Cassia, mes yeux rivés sur la scène qui se déroule devant nous.  « Et là, qu’est-ce que je vois ? Toi, en train de flirter avec une strip-teaseuse, de la toucher comme si c’était normal, comme si je n’existais pas ! » Alex tente de s’approcher, mais elle recule vivement, son visage se durcissant encore plus. « Ne t’approche pas ! » hurle-t-elle, sa voix brisant le silence autour de nous. « Tu penses vraiment que je vais te laisser t’en tirer comme ça ? Tu penses vraiment que je vais simplement oublier tout ça ? » Il essaie de parler, mais elle ne lui en laisse pas l'occasion. « Je ne veux plus t’entendre, Alex ! Tu peux aller dormir sur le canapé de ta p*te de strip-teaseuse, puisque tu as l’air de bien t’entendre avec elle ! »  Sa voix est coupante, chaque mot prononcé avec une précision qui laisse Alex complètement démuni. Lola le fixe un instant, son regard brûlant de déception et de trahison, avant de tourner les talons et de s’éloigner à grands pas, laissant Alex debout, seul et honteux, sous le regard des curieux qui ne peuvent s’empêcher de murmurer entre eux.

Alors que je vois Alex, désemparé et abattu par la réaction de Lola, je ressens le besoin de m’approcher de lui pour le soutenir. Il est évident qu’il est complètement dépassé par la situation, et je sais que ce genre de moment est difficile à affronter seul. Je fais un pas en avant, déterminé à lui offrir une épaule sur laquelle s’appuyer, mais avant que je ne puisse atteindre Alex, Lola se retourne brusquement, ses yeux flamboyant de colère et de frustration. « Toi ! » hurle-t-elle, me pointant du doigt avec une intensité qui me stoppe net. Sa voix, pleine de rage, résonne dans tout le terminal, attirant à nouveau l’attention des passants. « Reste loin de lui ! » Je m'arrête, surpris par la violence de sa réaction. Mais ce qui me choque encore plus, c’est la manière dont elle se tourne ensuite vers Cassia, son regard brûlant d'une colère à peine contenue. Elle s’avance vers elle, ses pas lourds, chaque mouvement chargé de cette énergie féroce qui semble sur le point d'exploser à nouveau. « Cassia, comment tu fais ? » lance-t-elle, sa voix tremblant d’émotion, oscillant entre la frustration et une sorte de désespoir désespéré. « Comment t’as fait pour le dresser, hein ?! » Lola continue, sa voix se brisant par endroits, laissant transparaître sa propre douleur derrière cette colère. « Comment tu fais pour le tenir à distance des conneries, pour qu’il ne fasse pas les mêmes erreurs ? Parce que lui, » dit-elle en me désignant d’un geste accusateur, « Il est là, parfait, sans un seul faux pas, alors que le mien, lui, il n’en est même pas capable ! Je veux savoir comment tu fais, parce que moi, je n’y arrive pas ! Tu as de la chance, toi, tu as quelqu’un qui sait se contrôler, qui pense à toi, mais moi… » Elle s’arrête, sa voix se brisant complètement, les larmes menaçant de couler à tout instant. « Moi, je dois le surveiller comme un enfant pour éviter qu’il fasse une connerie… » Le silence s’abat lourdement sur le groupe, les mots de Lola résonnant encore dans l'air, chargés de toute la peine qu’elle ressent. Je jette un coup d’œil à Alex, qui semble anéanti, incapable de réagir face à la situation.

Milo était là, à quelques mètres. Je viens alors l’accueillir avec hâte, passant mes bras autour de son cou et mes lèvres trouvant les siennes. Après avoir échangé un tendre et passionné baiser, j’avoue à Milo que j’étais heureuse de le retrouvé et qu’il m’avait manqué. Le jeune homme me répond que je lui avais également manqué de son côté et qu’il avait un petit quelque chose pour moi. « Ah oui ? J’ai hâte de voir ça... » dis-je avec une légère touche de curiosité dans la voix. Alex passe près de nous. Mon regard croise le sien et je ne peux m’empêcher de lui souhaiter bon courage. Milo me demande alors ce qui se passait. « Lola a trouvé une vidéo de votre soirée dans un club de strip-tease… Elle n’a vraiment pas apprécié... » dis-je alors pour résumer brièvement la situation. Notre conversation est ininterrompu par un bruit retentissant non loin de nous. Je me retourne alors et comprends rapidement qu’Alex venait de recevoir une gifle de la part de Lola. Quel accueil. Lola commence alors à s’en prendre verbalement à Alex. La jeune femme semble vraiment en colère. Cela peut se comprendre mais ce que je comprenais moins c’est de faire une scène ici dans un hall d’aéroport. Je suis un peu perplexe face à la scène qui se déroule devant nos yeux. Je le suis encore plus en observant la réaction d’Alex face aux paroles et aux geste de Lola. Le jeune homme tente de s’expliquer mais en vain. La colère de la jeune femme ne semble pas s’atténuer, c’était même tout le contraire.

Milo finit par rejoindre son collègue et ami, en signe de soutien. Lola se tourna alors vers lui, le pointant du doigt et lui demande de rester loin de lui. Je n’aime décidément pas la manière qu’elle a de s’exprimer, que ce soit envers Alex ou Milo. Puis, soudainement elle se tourne vers moi et fais quelques pas en ma direction. Elle s’adresse alors à moi avec de la colère et de l’incompréhension, me demandant comment je faisais pour le dresser, pour tenir à distance Milo d’éventuelles erreurs. J’ai du mal à comprendre son attitude excessive et sa colère. Je recule même d’un pas. « Lola, vraiment je crois que tu réagis de manière excessive… Et puis les garçons ne sont pas des animaux... On ne les dresse pas… » dis-je un peu perplexe face à ses paroles. « Je pense que tes mots dépassent tes pensées, tu devrais aller te calmer un peu… » dis-je en l’incitant alors à s’éloigner. La jeune femme accepte mais je ne sais pour quelle raison elle souhaite que je vienne avec elle.

Nous nous éloignons alors un peu et je prends sur moi pour rester calme malgré tout. Je tente de la rassurer et de dédramatiser la situation. Et au bout de quelques minutes, Lola décide finalement de partir sans Alex. Je reviens alors près de Milo et Alex. « Lola a voulu rentrer... » dis-je alors. « Si tu veux, on peut te ramener chez toi. Ça ne nous dérange pas... » dis-je alors en mon nom mais aussi en celui de Milo, mais je savais que le jeune homme ne verrait pas d’inconvénient à ce que nous ramenions son collègue et ami chez lui pour l’aider.

Comme à son habitude, Cassia fait preuve d'une patience en or. Sa capacité à rester calme et compréhensive, même dans les situations les plus tendues, m'impressionne toujours. Alors, lorsqu'elle me demande doucement de ramener Alex chez lui, je n'hésite pas un instant. Je sais que c'est ce qu'il faut faire, même si l'ambiance est déjà bien assez lourde. Nous montons dans la voiture, et dès que je démarre, le silence s'installe, pesant et difficile à ignorer. Alex, assis à côté de moi, reste muet, son regard fixé sur la route devant nous, probablement perdu dans ses pensées. Je ne sais pas quoi dire pour alléger la tension, et la route semble étrangement longue, chaque kilomètre nous rapprochant d'une confrontation que ni lui, ni moi, n'avons envie de vivre. Pauvre Alex... Je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’il traverse. Ce n’est pas facile de voir quelqu’un que l’on aime tant être aussi en colère contre soi.

En arrivant devant chez lui, je n’ai même pas le temps de me garer correctement que je vois les affaires d’Alex voler par la porte et la fenêtre. Valises, vêtements, chaussures… tout semble être expulsé de la maison avec une rage incontrôlable. Lola est vraiment furieuse, et la scène qui se déroule sous nos yeux ne laisse aucun doute sur l’intensité de sa colère. Alex ouvre lentement la portière, comme s'il espérait que tout ceci n’était qu’un cauchemar dont il allait se réveiller. Il sort de la voiture et s’approche de ses affaires éparpillées sur la pelouse, se penchant pour commencer à les ramasser. Cassia et moi sortons aussi pour l’aider, chacun de nous ramassant un morceau de ce qui reste de sa dignité éparpillée sur le sol. Mais avant que nous ayons terminé, Lola surgit sur le trottoir, toujours en furie. « Ne t’avise même pas de rentrer ! » hurle-t-elle, sa voix tranchante perçant le silence de la rue. « Retourne voir ta strip-teaseuse si elle te manque tant que ça ! » Alex s’arrête, le regard abattu, ne sachant plus quoi faire. Les affaires qu’il tient dans ses bras semblent soudain bien légères comparées au poids de la situation. Je peux voir qu’il est dévasté, chaque mot de Lola l’atteignant comme une gifle invisible, encore plus douloureuse que celle qu’il a reçue à l’aéroport. Lola ne s’arrête pas là. Elle avance vers lui, ses poings serrés, son visage rouge de colère. « Et ne reste pas là ! Pars avant que je ne t’en mette une autre !   » menace-t-elle, sa voix tremblant d’émotion. Il est clair qu’elle n’a pas encore fini de dire ce qu’elle pense. Alex recule, visiblement dépassé par l'intensité de la scène. Il laisse tomber quelques affaires qu'il tenait, ses mains tremblantes, mais ne répond rien, trop choqué pour savoir quoi dire ou faire.

Alors que nous finissons de charger les affaires d'Alex dans la voiture, je remarque Lola qui nous observe depuis le trottoir. Son regard, toujours enflammé par la colère, se fixe sur nous, mais surtout sur Cassia. Elle semble bouillir de l'intérieur, comme si les mots qu'elle s'apprête à prononcer sont sur le point d'exploser hors d'elle. Soudain, elle avance d’un pas décidé, son regard rivé sur Cassia, et je sens immédiatement une tension dans l'air, une menace à peine voilée. « Cassia ! » hurle-t-elle, sa voix déchirant le silence de la rue, attirant tous les regards vers elle. « Comment tu as fait pour le dresser, hein ? Comment tu as fait pour qu'il soit parfait, alors que le mien est… est… » Elle cherche ses mots, la colère l'étouffant, rendant ses pensées confuses. « Comment tu fais pour qu’il ne fasse pas les mêmes conneries ?! » Ses mots sont empreints d'une frustration désespérée, une douleur qu’elle projette sur Cassia, cherchant des réponses là où elle n'y en a peut-être pas. Elle s’avance encore, son corps tendu, et je sens une vague de protection m'envahir instinctivement. Sans réfléchir, je fais un pas en avant, me plaçant entre Lola et Cassia, mon corps se dressant comme une barrière entre elles. Je connais Lola, je sais qu’elle est impulsive quand elle est en colère, et bien que je ne crois pas qu'elle ferait du mal à Cassia, je ne peux prendre aucun risque. Le feu dans ses yeux, cette rage incontrôlée, me pousse à rester sur mes gardes. « Lola, ça suffit, » dis-je fermement, ma voix calme mais autoritaire. Je tente de garder le contrôle de la situation, mais l'intensité de l'instant me rend plus vigilant. « Laisse Cassia en dehors de tes histoires. » Mais Lola n’est pas prête à reculer. Ses yeux, brillants de larmes contenues, restent fixés sur Cassia, cherchant désespérément une explication à sa propre douleur. « Non, je veux savoir !   » insiste-t-elle, sa voix brisée par l'émotion. « Comment tu fais pour qu’il soit… différent ? Pourquoi moi je dois me battre pour qu’il ne fasse pas d’erreurs, et toi…   » Sa voix se brise encore, et elle secoue la tête, désemparée.

Je devais bien avouer que je n’avais pas imaginé le retour de Milo, Alex, Tim et Clyde de cette manière. Lola venait de quitter l’aéroport, pensant ainsi donner une bonne leçon à Alex. C’était ses mots. J’étais revenu alors près de Milo et d’Alex. Je propose au jeune homme de le ramener. Nous étions là et je trouvais cela normal de le ramener chez lui afin qu’il n’ait pas à prendre un taxi ou bien les transports en commun.

Dans ma voiture, le silence est presque omniprésent, l’atmosphère est un peu pesante. Et en arrivant au domicile d’Alex, cela ne change pas. Bien au contraire. Milo n’avait pas encore garé la voiture que l’on voit les affaires d’Alex voler par la fenêtre. La scène semblait complètement irréel. Je pensais, sans doute naïvement, que ce genre de scène n’avait lieu que dans des films. Nous sortons de la voiture et nous aidons Alex à ramasser ses affaires et à les mettre dans le véhicule. Puis soudainement, Lola surgit sur le trottoir, toujours aussi furieuse. Je suis vraiment surprise de la voir ainsi. Elle est violente et dans ses mots et dans son comportement en général. Puis la jeune femme s’avance vers moi, elle hurle mon prénom et me demande à nouveau comment j’avais fait pour dresser Milo, comment j’avais fait pour qu’il soit parfait. J’avais vraiment du mal à comprendre son comportement. Elle avance encore vers moi, et instinctivement je recule. Je n’aimais vraiment pas le ton qu’elle employait. Milo lui fait un pas en avant vers moi et se place entre Lola et moi. Il tente de faire comprendre à la jeune femme que ça suffit et lui demande de me laisser en dehors de ses histoires. Mais Lola ne semble pas avoir dit son dernier mot. Elle s’adresse alors encore à moi. « Écoute Lola, je te l’ai déjà dit, les hommes ne sont pas des animaux. On ne les dresse pas. Je trouve ton comportement excessif… Tu… » J’hésite un instant, sachant que la jeune femme n’allait pas apprécier ce que j’allais dire mais après tout, tant pis « Tu devrais peut-être te remettre en question aussi... » Vu son comportement, j’avais du mal à l’imaginer dans une relation stable et saine. Ce n’était pas mon genre de juger les gens, mais là je trouvais son comportement complètement inapproprié.

Nous ne nous attardons pas. Nous remontons dans la voiture avec Alex. Nous proposons au jeune homme d’aller boire un café pour se changer les idées. Et alors que ce dernier c’était absenté quelques minutes j’avais suggéré à Milo que l’on aide Alex. Il n’avait nul part pour aller. L’évidence était là : nous devions l’aider. Alors nous avions proposé à Alex de passer quelques jours à l’appartement, afin qu’il ait le temps de se retourner et d’y voir plus clair. Le jeune homme avait hésité un peu, craignant de nous déranger. Mais finalement, en insistant un peu il avait finalement accepté notre proposition.

Malgré les explications pleines de douceur et de patience de Cassia, Lola ne se calme pas. Sa colère semble avoir atteint un point de non-retour, alimentée par une douleur profonde et une frustration qu'aucun mot ne semble pouvoir apaiser. Cassia fait de son mieux pour désamorcer la situation, mais il est clair que Lola n’est pas prête à écouter, et encore moins à pardonner. Voyant que la tension ne fait qu'augmenter, nous partons. Nous ne nous attardons pas plus longtemps. Avec un dernier regard désolé en direction de Lola, nous remontons dans la voiture avec Alex, qui semble encore plus abattu qu'auparavant. Le silence pesant du trajet de retour est difficile à supporter, mais je sais qu'il est nécessaire de lui changer les idées. « Que dirais-tu d’aller boire un café ? » proposai-je à Alex en essayant de lui offrir un peu de répit. Il accepte d'un hochement de tête, sans grande conviction, mais je sais que sortir un peu de ce contexte pourrait lui faire du bien.

Nous nous arrêtons dans un petit café tranquille, espérant trouver un peu de calme. Alex s’excuse quelques minutes, prétextant un appel à passer. C’est à ce moment-là que Cassia, toujours aussi prévenante, me suggère de manière délicate ce qui nous semble évident à tous les deux : héberger Alex. Je la regarde, et je sais qu’elle a raison. La situation est difficile, mais Alex est un ami, et il est clair qu’il a besoin d’aide en ce moment. L’évidence est là : nous devons l’aider. Je pousse un soupir, sachant ce que cela implique. « Oui, tu as raison, » dis-je en acquiesçant lentement. « On ne peut pas le laisser dans cette situation. Il peut rester chez nous quelques jours, le temps de se retourner et d’y voir plus clair. Mais seulement quelques jours. » Lorsque Alex revient, nous lui proposons de venir passer quelques jours à l’appartement. Il hésite d'abord, visiblement gêné à l'idée de nous déranger. Mais après avoir insisté un peu, expliquant que nous serions ravis de l’aider, il finit par accepter notre proposition, bien qu'avec une certaine réticence. Intérieurement, je ne peux m’empêcher de râler et de grogner intérieurement. Je m’étais imaginé ces retrouvailles avec Cassia autrement, espérant pouvoir profiter d’un peu de temps seul avec elle après ces jours de séparation. Mais maintenant, la situation a changé, et il va falloir s'adapter. Je comprends que c'est la bonne chose à faire, mais cela ne m’empêche pas de ressentir une pointe de frustration.

De retour à l’appartement, la fatigue et la frustration commencent à peser lourd sur mes épaules. En ouvrant la porte de la chambre d’amis, je montre à Alex son espace pour les prochains jours. « Fais comme chez toi, Alex, » dis-je, essayant de cacher le tourbillon d’émotions contradictoires qui bouillonnent en moi. Je force un sourire sincère, mais il est difficile de dissimuler totalement l’agacement qui menace de percer. La situation est complexe, je le sais bien. Alex traverse une période difficile, et c’est normal de vouloir l’aider. Pourtant, une partie de moi ne peut s’empêcher de ressentir une profonde frustration. Depuis mon retour de Las Vegas, tout ce que j’avais en tête était de retrouver Cassia, de passer du temps seul avec elle, de profiter de sa présence sans distraction, sans interruption. Après ces jours loin d’elle, j’avais espéré des retrouvailles tranquilles, intimes. Mais voilà que cette possibilité m’échappe, remplacée par la nécessité de jouer les hôtes pour un ami en détresse. Cette tension grandissante devient insupportable. J'ai besoin de m’évader, de sortir un instant de cet espace où mes attentes et la réalité s’entrechoquent violemment. « Je vais sortir un moment, » annonçai-je en me tournant vers Cassia, essayant de ne pas laisser transparaître toute l’agitation intérieure qui m’étreint. « J’ai besoin de m’aérer la tête. »

Sans un mot de plus, je quitte l’appartement, mes pas précipités trahissant mon besoin urgent de retrouver un semblant de calme. La porte se referme derrière moi, coupant le lien avec l’appartement et, pour un bref instant, avec les responsabilités qui m’attendent à l’intérieur. Dehors, l’air frais m’enveloppe, et je commence à marcher sans but précis, espérant que ce mouvement, aussi simple soit-il, pourra apaiser cette tension qui serre mon cœur. J’essaye de rationaliser, de me rappeler que ce que nous faisons pour Alex est la bonne chose à faire, mais malgré toute ma bonne volonté, je ne peux m’empêcher de ressentir cette frustration presque égoïste de ne pas pouvoir me retrouver seul avec Cassia. Ces retrouvailles que j’avais tant attendues se retrouvent maintenant éclipsées par les besoins d’un autre, et bien que je comprenne la nécessité de la situation, cela n’enlève rien à la déception que je ressens.
Pendant ce temps, à l’appartement, Alex reste avec Cassia. Je sais qu’il est conscient de l’hospitalité que nous lui offrons, et qu’il se sent probablement mal à l’aise de s’imposer ainsi dans notre quotidien. « Je suis vraiment désolé, Cassia, » l’entends-je encore dire dans ma tête, imaginant la scène. « Tu ne méritais pas ça… Merci pour tout ce que vous faites pour moi. » dit-il pendant que je marche, essayant de calmer cette frustration qui ne cesse de me rappeler que ce que je désirais le plus, à cet instant, c’était simplement être seul avec la femme que j’aime, sans avoir à jouer un autre rôle que celui de celui qu’elle aime.

La situation était assez délicate. Lola ne semblait pas vouloir se calmer. Pour changer un peu les idées d’Alex nous avions été boire un café dans un lieu calme en ville. Puis, quand Alex c’était absenté quelques minutes j’avais suggéré à Milo d’aider Alex. Le jeune homme ne pouvait pas retourner chez lui ainsi, et puis de toute manière Lola ne le laisserait pas rentrer. Milo semble d’accord avec moi. Nous décidons donc de lui venir en aide en lui proposant de rester quelques jours à la maison, le temps pour lui de trouver une solution, ou que les choses se calme avec Lola. De retour à l’appartement, Milo présente la chambre d’ami à son collègue et ami. Et alors que je pensais que nous pourrions passer un moment calme ensemble, Milo décide finalement de sortir seul prétextant avoir besoin de s’aérer la tête. Je suis surprise et un peu perplexe. Je pensais qu’il m’aurait raconté son séjour à Las Vegas.

Je profite alors pour faire un peu de rangement à l’appartement. Alex finit par sortir de la chambre et me rejoins au salon. Le jeune homme s’excuse et nous remercie, avec Milo, pour ce que l’on faisait pour lui. « Tu n’as pas à t’excuser… Et ne t’en fais pas, on t’aide avec grand plaisir. » dis-je pour le consoler un peu. « J’espère pour toi que Lola va se calmer rapidement... » Alex semble très perplexe à mes paroles « J’en doute... » me dit-il avec un air un peu penaud. « Cela lui arrive souvent de s’énerver ainsi ? Enfin je veux dire… qu’elle a l’air de nature colérique et très jalouse... » Alex me regarde mais ne me répond pas tout de suite. Je crains alors d’avoir dit quelque chose qui ne fallait pas. Mais finalement le jeune homme me répond « Elle l’est oui… Pas un jour ne passe sans qu’elle ne s’énerve ou qu’elle pense que je suis infidèle… C’est pesant. » Je comprenais parfaitement ce que pouvait ressentir le jeune homme. « Je vois… J’espère que ça s’arrangera quand même… Et en attendant, comme te l’a dit Milo tu es ici chez toi... » Alex me remercie d’un sourire sincère.

Trois jours plus tard.
Dans l’appartement, tout était calme. Nous venions tout juste de sortir d’une douche, très intime, avec Milo. Alex était toujours ici mais il était au travail. Et aujourd’hui, après le travail il devait voir Lola. En cuisine, je commence à préparer le dîner pour tout à l’heure. Un court moment plus tard, Alex arrive. Il sonne à la porte et Milo va lui ouvrir. Je me dirige alors au salon pour retrouver Milo et Alex. « Salut Alex. Alors comment ça s’est passé avec Lola ? Vous avez pu parler un peu ? » Le jeune homme soupire « Ça ne s’est pas très bien passé. Parler ? Elle a plutôt hurler que parler... ». Alex prend place sur une des chaise autour de la grande table. Il laisse échapper un long soupire « Je… Je suis désolé de vous demander cela mais est-ce que je pourrais rester encore un peu ici ? Le temps que je trouve une solution... » nous demande le jeune homme d'un air attristé et perdu.

Trois jours plus tard, l’appartement était plongé dans une tranquillité apaisante. Alex était parti travailler depuis tôt ce matin, et pour la première fois depuis qu’il avait emménagé temporairement chez nous, nous avions pu nous retrouver seuls, enfin. Le calme régnait, et cette rare intimité était un baume pour l’esprit. Après une douche très intime, où chaque geste, chaque caresse avait été un moyen de reconnecter après ces jours de tension, nous nous sentions enfin un peu plus proches, comme si cette bulle de chaleur avait réussi à réparer les fissures créées par les événements récents. L’eau avait emporté avec elle une partie du stress, laissant place à une douceur que je chérissais. Sortis de la douche, Cassia s’était enveloppée dans une serviette, ses cheveux encore humides, tandis que moi, je me sentais un peu plus léger, débarrassé de cette frustration accumulée.

En cuisine, Cassia s’était mise à préparer le dîner pour plus tard, un geste simple mais qui ajoutait une touche de normalité à cette journée. Je l’observais discrètement, appréciant chaque mouvement, chaque détail de cette scène paisible. L’odeur des ingrédients qu’elle préparait commençait à embaumer l’appartement, créant une ambiance chaleureuse et accueillante. Mais alors que je commençais à me détendre complètement, la sonnerie de la porte retentit, brisant ce moment de quiétude. Je savais que c’était Alex, de retour après sa journée de travail. Je me dirigeai vers la porte et l’ouvris, accueillant mon ami avec un sourire que je tentai de rendre aussi naturel que possible. Alex entra, l’air visiblement fatigué et préoccupé. Je pouvais deviner que sa rencontre avec Lola pesait lourdement sur ses épaules. Cassia arriva à son tour dans l’entrée, essuyant ses mains sur un torchon, et lui demanda avec douceur « Salut Alex. Alors comment ça s’est passé avec Lola ? Vous avez pu parler un peu ? » Alex prit une grande inspiration, cherchant ses mots, et finit par nous annoncer d’une voix hésitante « Je… Je suis désolé de vous demander cela mais est-ce que je pourrais rester encore un peu ici ? Le temps que je trouve une solution... » Intérieurement, je soupire. Je comprends sa situation, je comprends qu’il traverse une période difficile, mais une part de moi commence sérieusement à en avoir marre. La perspective de prolonger cette cohabitation commence à me peser, plus que je ne veux l’admettre. J’avais espéré que ce moment avec Cassia marquerait un tournant, que nous pourrions enfin retrouver notre espace, notre intimité, mais il semble que ce moment doive encore attendre.

Je me retiens de laisser transparaître mon agacement, et avant que mes pensées ne se manifestent sur mon visage, je décide de laisser Cassia répondre à Alex. « Excusez-moi, je dois passer un coup de fil, » dis-je rapidement, prétextant un appel fictif. Je m’éloigne de l’entrée, laissant Cassia gérer la situation. J’ai besoin de respirer, de m’éloigner quelques minutes pour digérer cette nouvelle. Je me réfugie dans le couloir, mon téléphone en main, essayant de calmer la vague d’irritation qui monte en moi. Je prends quelques respirations profondes, me disant que ce n’est qu’une autre épreuve à surmonter, que ce moment de calme avec Cassia reviendra, mais la frustration est tenace. Il devient de plus en plus difficile de maintenir ce sourire, cette façade compréhensive. Quelques minutes passent, et je décide de retourner dans la pièce principale. Lorsque je reviens, Cassia et Alex sont toujours en pleine discussion, mais je me force à reprendre ma place, à faire bonne figure. Je m’assois, écoutant distraitement, tout en essayant de me convaincre que cette situation est temporaire, que bientôt, les choses reviendront à la normale. Mais pour l’instant, je dois encore faire preuve de patience, même si cela commence à m’épuiser plus que je ne veux bien l’admettre.

Finalement, le rendez-vous d’Alex avec Lola ne c’était pas bien passé. Je pouvais aisément imaginer la jeune femme lui hurler dessus comme on avait déjà pu en être témoin. Alex semble attristé, perplexe et aussi un peu perdu. Il finit par s’asseoir sur une des chaises et nous demande si il pouvait encore rester un peu ici, à l’appartement, le temps qu’il trouve une solution. Je me tourne alors vers Milo, pensant que ce dernier allait donner une réponse à son collègue et ami. Mais contre toute attente, le pirole de ligne s’excuse et prétexte devoir passer un coup de téléphone. Je suis surprise. Pas du fait qu’il doive appeler quelqu’un mais qu’il décide de le faire maintenant. Prise un peu au dépourvu et ayant beaucoup d’empathie pour Alex je finis par répondre moi même « Oui, bien sûr que tu peux rester encore quelques jours. » Le jeune homme semble soulagé « Merci, merci beaucoup... » Je lui adresse un léger sourire avant d’ajouter « Tu sais Alex, si je peux me permettre un conseil… Tu devrais profiter de ces quelques jours pour réellement faire le point. Et prendre des décisions. Les bonnes décisions... » Je m’assure que Mil soit encore dans le couloir pour ajouter « Surtout après ce que tu m’as dit l’autre jour... » Ma voix se fait discrète car je sais qu’Alex m’avait confié des secrets dont il ne voulait pas que je parle à quoi que ce soit, même pas à Milo. Nous avions d’ailleurs eu une longue discussion et j’avais essayé de lui ouvrir les yeux. Ce qu’il vivait avec Lola n’était pas tolérable. Il fallait qu’il arrête cette relation mais il était amoureux, ou du moins il pensait l’être. « Tu as sans doute raison... » Je lui adresse un léger sourire, puis chacun vaque à ses occupations.

Le soir venu, nous dînons tous les trois. Alex, devant se lever très tôt le lendemain pour travailler rejoint la chambre d’ami rapidement. Après avoir regardé un film en tête à tête avec Milo, nous rejoignons la chambre à coucher. Je m’éclipse à la salle de bain afin de me rafraîchir un peu et d’enfiler une tenue pour la nuit. Lorsque je retrouve Milo dans la chambre, j’aperçois un air songeur sur son visage. Le même air présent depuis quelques jours. Je m’installe alors dans le lit, me tournant vers Milo. Je dépose un baiser sur son torse puis un second. Mon regard se pose dans le sien « Milo, qu’est-ce qui ne va pas ? Et ne me dit pas rien... » Je me redresse légèrement « Je vois bien que quelque chose te préoccupe. Dis moi... » demandai-je un peu soucieuse de le voir ainsi.

Le soir venu, après une journée chargée d’émotions et de réflexions, nous nous installons tous les trois autour de la table pour dîner. L’ambiance est relativement calme, chacun de nous semblant perdu dans ses pensées. Alex, visiblement épuisé par les événements récents et sachant qu’il doit se lever très tôt le lendemain pour aller travailler, finit par rejoindre la chambre d’amis rapidement après le repas. Cassia et moi restons seuls dans le salon, l’atmosphère redevenant doucement plus intime. Nous décidons de regarder un film en tête à tête, espérant retrouver un peu de cette connexion qui nous a manqué ces derniers jours. Le film défile, mais je peine à me concentrer, mon esprit constamment ramené aux frustrations que je ressens face à cette situation prolongée. Bien que Cassia soit à mes côtés, je ne peux m’empêcher de ruminer, de laisser ces pensées parasites envahir ce qui devrait être un moment de détente.

Une fois le film terminé, nous nous dirigeons ensemble vers la chambre à coucher. Cassia file directement à la salle de bain pour se rafraîchir un peu et enfiler une tenue confortable pour la nuit. Pendant ce temps, je commence à me préparer à mon tour, en silence, mes gestes lents et mécaniques. Mon esprit est ailleurs, perdu dans un flot ininterrompu de pensées contradictoires. Je m’allonge sur le lit, les yeux fixés sur le plafond, un air songeur sur mon visage. Je réfléchis à la situation, à ces jours qui s’éternisent sans que je puisse retrouver pleinement la tranquillité de notre quotidien à deux. Je rumine, ma frustration grandissant à chaque seconde, l’envie de tout laisser éclater devant Cassia se faisant de plus en plus pressante. Cassia revient dans la chambre, glissant gracieusement à mes côtés. Elle se penche pour déposer un baiser doux sur mon torse, puis un second, tentant de créer un lien qui semble de plus en plus fragile. Mais son regard finit par se poser sur le mien, capturant l’inquiétude et l’irritation qui doivent transparaître malgré moi. « Milo, qu’est-ce qui ne va pas ? » demande-t-elle doucement, sa voix empreinte de cette sollicitude qui me touche à chaque fois. « Et ne me dis pas rien… » Elle sait que quelque chose me préoccupe, et elle n’a pas l’intention de me laisser m’enfermer dans mon silence. « Je vois bien que quelque chose te préoccupe. Dis-moi… »

Je ressens une vague de frustration monter en moi, un sentiment d’injustice qui se mêle à la fatigue et à l’épuisement mental. Je râle intérieurement, je grogne presque audiblement, luttant contre cette envie de tout déverser, de lui dire exactement ce que je ressens, mais une partie de moi refuse de lui imposer ce fardeau. « Je suis juste fatigué, » dis-je finalement, d’un ton qui manque de conviction. C’est la moitié de la vérité, mais cela me semble plus simple que de plonger dans les méandres de mon irritation. Avant qu’elle ne puisse répondre ou insister davantage, je me tourne brusquement sur le côté, lui présentant mon dos, rabattant la couette sur mon corps comme un bouclier pour éviter de montrer ma vulnérabilité. « Bonne nuit, » murmurai-je, le cœur lourd, espérant que cette distance que je mets entre nous ne creusera pas un fossé plus profond.

Je venais tout juste de rejoindre Milo dans la chambre. Le jeune homme semblait soucieux, voir même contrarié depuis quelques jours. Voyant que cela ne passait pas, j’avais décidé de demander clairement à Milo ce qui le tracassait. Je le connaissais mieux que quiconque. Et je n’aimais pas le voir ainsi. Ma voix était douce, je souhaitais simplement comprendre. Mais Milo ne semblait pas vouloir discuter. Le jeune homme me répond qu’il était juste fatigué. Mais je ne suis pas dupe. Mais je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit que Milo se tourne brusquement sur le côté, me tournant ainsi le dos et me souhaitant une bonne nuit. Je suis surprise par son comportement. Et un peu vexée je devais bien l’avouer. Je savais que Milo ne me disait pas la vérité. Et en plus de cela il décidait de m’ignorer. « Bonne nuit. » dis-je simplement avant de m’allonger moi aussi.

Le lendemain, la journée passe assez vite. Je ne travaillais que le soir et pourtant j’avais à peine croisé Milo. Depuis hier soir, je le trouvais encore plus contrarié que ces derniers jours. J’avais été faire quelques courses, et en rentrant à l’appartement je remarquai immédiatement que Milo était là. Je dépose les achats à la cuisine. « Salut... » dis-je simplement à l’attention de Milo. Je range alors les courses, jetant quelques regards vers Milo qui semblait toujours si renfermé. Une fois le rangement terminé, je m’approche alors de lui. Alex n'était pas là, c'était donc le moment de parler du moins d'essayer de parler. « Milo, s’il te plais, est-ce que tu vas arrêter de faire ta tête de mule et te décider à me dire ce qui ne va pas… ? » demandai-je presque inquiète.  « Je ne sais pas toi, mais moi je trouve la situation assez pesante… Cela fait des jours que tu trouves la moindre excuse pour aller faire un tour ou rester collé à ton téléphone et que tu ne parles presque pas. Sans oublier ton comportement d’hier soir... » Cela commençait à faire un peu beaucoup. Mon regard se pose alors dans le sien « S’il te plais, parle moi... » demandai-je d’une voix presque suppliante.

Le lendemain, la journée commence rapidement, emportée par un rythme effréné que j’impose à moi-même pour éviter de trop penser. Le matin, je pars courir, mes jambes foulant le pavé avec une énergie presque désespérée, comme si chaque foulée pouvait me libérer de cette frustration qui m’étreint depuis des jours. Après avoir parcouru plusieurs kilomètres, je me dirige vers la piscine pour quelques longueurs, espérant que l’eau fraîche me lavera de ces pensées envahissantes. Mais même en nageant, je ne peux échapper à ce sentiment oppressant. De retour à l’appartement, je passe en coup de vent pour déjeuner, sans vraiment m’attarder. Un simple sandwich rapidement avalé, avant de m’installer dans le canapé pour l’après-midi, le corps immobile mais l’esprit toujours en ébullition. Je passe le reste de la journée sur mon ordinateur ou mon téléphone portable, cherchant à m’occuper l’esprit. Les notifications défilent, et je trouve une distraction dans une conversation avec Léa, une amie de longue date. Ses messages légers et sa manière de plaisanter me tirent quelques sourires malgré moi, mais en arrière-plan, l’irritation persiste.

En fin de journée, j’aperçois Cassia qui rentre des courses. Je lève à peine la tête pour la saluer brièvement, mon attention rapidement détournée par une blague de Léa qui s’affiche sur mon écran. Je laisse échapper un sourire furtif, mais mon visage se renferme presque aussitôt, comme si je me souvenais soudainement de l’état dans lequel je me trouve. Je suis toujours grognon, prisonnier de cette situation qui ne semble pas vouloir évoluer. Cassia commence à ranger les courses en silence, et je sens la tension dans l’air, ce silence lourd qui nous enveloppe depuis quelques jours. Une fois le rangement terminé, elle s’approche de moi, une détermination inquiète dans ses pas. Alex n’est pas là, heureusement, car je sens que ma patience est sur le point d’atteindre sa limite. Je suis plongé dans mon téléphone lorsque la voix de Cassia s’élève, douce mais ferme, comme une main qui se poserait délicatement sur une plaie pour l’apaiser. « Milo, s’il te plaît, est-ce que tu vas arrêter de faire ta tête de mule et te décider à me dire ce qui ne va pas… ? » demande-t-elle, l’inquiétude perçant dans chaque mot. Je lève le nez de mon téléphone, enfin forcé de faire face à son regard. Elle continue, sa voix se faisant plus pressante, « Je ne sais pas toi, mais moi je trouve la situation assez pesante… Cela fait des jours que tu trouves la moindre excuse pour aller faire un tour ou rester collé à ton téléphone, et que tu ne parles presque pas. Sans oublier ton comportement d’hier soir… » Ses yeux, ces yeux suppliants, plongent dans les miens, et je sens ma résolution vaciller. « S’il te plaît, parle-moi… » ajoute-t-elle, sa voix se brisant légèrement, rendant impossible pour moi de continuer à l’ignorer.

Comment lui résister ? Je m’en rends compte, je suis bien incapable de lui tenir tête, surtout lorsqu’elle me parle ainsi. Le poids de mes frustrations et de mes peines devient soudain trop lourd à porter seul. Je me lève lentement, range mon téléphone dans ma poche et la prends instinctivement dans mes bras. La chaleur de son corps contre le mien me rappelle que je ne suis pas seul, que je n’ai pas à l’être. Mais malgré cela, je me sens encore incapable de tout lui avouer, alors je mens, une fois de plus. « Ce n’est rien, juste de la fatigue, » lui dis-je doucement, espérant que ces mots suffiront à la rassurer, bien que je sache pertinemment qu’ils sonnent faux. Je vois dans ses yeux qu’elle ne me croit pas. La compréhension et la patience se mêlent à une légère déception. Je ne veux pas la blesser, mais je ne peux pas non plus lui dire ce qui me ronge vraiment. Alors, je détourne la conversation, essayant de lui donner une autre raison, quelque chose de plus concret. « Je pense que je vais reprendre l’entraînement pour redevenir pilote, » dis-je, ma voix prenant une teinte plus sincère cette fois. « Voler me manque cruellement… Surtout qu’en ce moment, je n’ai plus d’échappatoire. » Je la serre un peu plus fort, espérant que ces mots suffiront à combler l’écart qui s’est creusé entre nous. Mais au fond de moi, je sais que la vraie raison de ma frustration, cette situation avec Alex qui s’éternise, reste encore enfouie, non dite. Pourtant, en cet instant, je préfère me réfugier dans ce mensonge partiel, dans cette excuse de la fatigue et du manque de vol, plutôt que de confronter la réalité de mes émotions.

Je venais de rentrer à l’appartement. Milo était là, mais pas Alex. Après avoir salué Milo, je m’étais mise à ranger les quelques courses que j’avais fait. Puis, j’avais décidé de profiter du fait que nous soyons seuls à l’appartement pour discuter. Quelque chose tracassait Milo, je le savais. J’avais déjà essayé de parler avec lui hier soir mais cela avait été un véritable échec.  Je n’aimais pas la situation actuelle, je savais que quelque chose n’allait pas et de ne pas savoir de quoi il s’agissait me tracassait réellement. Et le voir la plupart du temps sur son téléphone, n’arrangeait rien. J’avais la désagréable sensation que Milo parlait à tout le monde sauf à moi. Alors, décidée à comprendre ce qui se passait, je demande à nouveau à Milo de me parler.

Le jeune homme se lève alors lentement, et contre toute attente il me prend dans ses bras. Ce simple geste est un pas en avant important, je le sais. Au moins il ne me rejetait pas. Je me blottie un peu plus contre lui. Toutefois, Milo réitère la même réponse que la veille au soir. Juste de la fatigue. Puis Milo m’annonce qu’il pensait reprendre l’entraînement pour repasser les qualifications de pilote. Le jeune homme m’avoue que voler lui manquait cruellement surtout qu’en plus en ce moment il n’avait plus d’échappatoire. Je recule légèrement pour lever mon visage vers le sien. « Déjà !? Mais… Tu… Tu ne trouves pas que c’est encore un peu tôt ? » J’ajoute alors « Tu ne cesses de me répéter depuis hier sue tu es fatigué justement... » Cela n’avait donc aucun sens. Le fait de savoir qu’il voulait reprendre les vols me terrifiait. Je n’avais pas encore eu le temps de m’y préparer réellement. « Pourquoi as tu besoin d’échappatoire ? Milo parle moi… Je sais que tu ne me dis pas tout. C’est… c’est à cause de mon emménagement ici… Tu penses que ça va trop vite ? » Je savais que Milo avait toujours eu besoin de cette sensation de liberté, le fait que soudain il réalise ce que cela impliquait réellement d’habiter ensemble puisse le faire appréhender me vient alors en tête.

Je suis bien dans les bras de Cassia. Son étreinte est douce, rassurante, et je me sens enfin apaisé, même si c’est juste pour un instant. Je profite de ce moment, laissant la chaleur de son corps contre le mien effacer les tensions accumulées ces derniers jours. Son parfum familier, la douceur de ses mains qui caressent mon dos, tout cela m’apporte un réconfort dont j’ai désespérément besoin. Incapable de résister à l’attraction, je lève doucement son visage vers le mien et l’embrasse tendrement, savourant ce contact qui me rappelle pourquoi elle est si importante pour moi. Mais lorsque je lui annonce que je compte bien reprendre l’entraînement pour repasser mes qualifications de pilote, je perçois immédiatement une pointe d’inquiétude dans sa voix. Elle se recule légèrement, juste assez pour me regarder dans les yeux, et je vois ses sourcils se froncer d'inquiétude « Déjà !? » s’exclame-t-elle, un mélange de surprise et de peur dans son ton. « Mais… Tu… Tu ne trouves pas que c’est encore un peu tôt ? » Elle hésite, cherchant les mots justes pour exprimer ce qu’elle ressent sans me brusquer. « Tu ne cesses de me répéter depuis hier que tu es fatigué justement… » Elle marque un temps d’arrêt, son regard plongé dans le mien, cherchant à comprendre ce qui se passe réellement dans ma tête. Elle a raison, bien sûr. Cela n’avait aucun sens de vouloir replonger si vite dans l’entraînement alors que je me plains constamment de la fatigue. Mais au fond, je sais que cette fatigue n’est pas seulement physique, c’est mental. Je passe plus de temps à ruminer qu’autre chose, et cette idée de reprendre les vols est une tentative d’échapper à cette spirale négative. « Pourquoi as-tu besoin d’échappatoire ? Milo, parle-moi… » Sa voix est douce mais pleine d’insistance, et je sens qu’elle ne veut pas laisser passer cette conversation sans en comprendre les enjeux. « Je sais que tu ne me dis pas tout. C’est… c’est à cause de mon emménagement ici… Tu penses que ça va trop vite ? » Ses mots me frappent comme une claque, et je vois la vulnérabilité dans son regard, cette peur sourde qu’elle pourrait être la cause de mon malaise. Je fronce les sourcils, réalisant à quel point elle est loin de la vérité. Elle croit que mon comportement est lié à son emménagement, et je comprends que si je ne la rassure pas maintenant, cette idée pourrait s’enraciner en elle, créant une distance que je ne veux pas voir s’installer entre nous.

Je me presse de la rassurer, mes mains encadrant doucement son visage pour qu’elle me regarde droit dans les yeux. « Non, Cassia, ce n’est pas ça, pas du tout. Je suis heureux que tu sois ici avec moi, vraiment. Tu n’as aucune idée à quel point ça compte pour moi. » Je prends une profonde inspiration, cherchant les mots qui sauront apaiser ses doutes. « Si je parle d’échappatoire, c’est parce que… je me sens coincé en ce moment, mais pas par toi. C’est juste que… tout ce qui se passe avec Alex, cette situation qui dure… Je me sens un peu perdu. Voler, c’est ce qui me permet de me retrouver, de me sentir en contrôle quand tout semble flou. Ce n’est pas toi, ce n’est pas notre relation. Toi, tu es ce qui me garde ancré, ce qui me rappelle pourquoi je me bats pour que tout aille bien. » Je vois ses yeux s'adoucir légèrement, mais je sais qu’elle a encore des doutes, alors j’ajoute, plus doucement, « Je ne veux pas que tu penses que tu es la cause de tout ça, parce que ce n’est pas le cas. C’est juste… c’est compliqué, mais je vais m’en sortir. » Je la regarde droit dans les yeux, voyant l'inquiétude qui plane encore dans son regard, et je sais que je dois la rassurer complètement. Je ne peux pas laisser le moindre doute s’immiscer entre nous, surtout pas à cause de mes propres frustrations. « Cassia, écoute-moi bien, » dis-je doucement, mon ton se faisant plus sérieux, plus intense. « Ta présence ici, avec moi, c’est ce qui m’empêche de perdre pied. Tu es celle qui me maintient ancré, qui me rappelle pourquoi je me bats contre tout ce qui me pèse en ce moment. Si tu n’étais pas là… je ne sais pas comment je tiendrais. »

La nouvelle que venait de m’annoncer Milo ne m’enchantait absolument pas. Le jeune homme se disait prêt à reprendre les entraînements pour repasser les qualifications de pilote de ligne, voler lui manquait beaucoup. Je savais que ce jour arriverait mais je ne pensais pas que cela viendrait si tôt. Mais je trouvais cela étrange que Milo décide cela alors qu’il me disait depuis hier être fatigué. Etait-ce donc réellement le bon moment ? Ou alors me mentait-il à propose de la fatigue. Étrangement, je penchais plutôt pour la seconde option. Milo disait vouloir un échappatoire. Je commençais alors à craindre que c’est mon emménagement ici qui le tracassait. Peut-être regrettait-il de m’avoir proposé cela, peut-être se sentait-il oppressé par la présence de quelqu’un chez lui. Les mains du jeune homme viennent alors doucement encadrer mon visage. Mon regard se plonge instantanément dans le sien. Milo m’affirme alors qu’il ne s’agissait pas de mon emménagement ici. Le jeune homme se dit être heureux que je sois ici avec lui. Les mots de Milo me rassurent. Il continue en m’avouant qu’il se sentait coincé en ce moment, mais pas par moi. Plutôt avec ce qui se passait avec Alex et cette situation qui durait. Le jeune homme réaffirme que son ressenti ne venait pas de moi et qu’au contraire ma présence était ce qui l’empêchait de perdre pied. Ses paroles me rassurent beaucoup. Je lui adresse alors un léger sourire. « D’accord, je comprends... » dis-je sincèrement. « Pour ce qui est d’Alex, ce n’est qu’une question de quelques jours encore tu sais… Il ne va vraiment pas très bien… Si j’avais su que ça te pesait autant j’aurais essayé de trouver une autre solution lorsqu’il a demandé à rester un peu plus longtemps... » Mais sur le moment j’avais été prise un peu au dépourvu et comme Milo s’était excusé pour passer un coup de téléphone, j’avais accepté pensant que cela ne dérangerait pas Milo. J’avais fait erreur apparemment. « Je suis désolée, je ne pensais que que cela te dérangerait qu'Alex reste quelques jours de plus... » Je me hisse alors sur la pointe des pieds et dépose un tendre baiser sur ses lèvres.

Lorsque Cassia se hisse sur la pointe des pieds pour m’embrasser, je l’attire instinctivement contre moi, mes bras l’enveloppant fermement. Ses lèvres se pressent contre les miennes, et pour un instant, tout semble s’apaiser. Son baiser est doux, réconfortant, et je sens la chaleur de son corps contre le mien, cette connexion profonde qui ne peut être remplacée par rien d’autre. Mais même dans ce moment de tendresse, je sais que je dois être honnête avec elle. Je romps doucement le baiser, posant mon front contre le sien, mes mains caressant légèrement son dos. Je prends une grande inspiration, cherchant les mots justes pour exprimer ce que je ressens. « Cassia, » commençai-je doucement, ma voix presque un murmure. « La présence d’Alex ici… même si je comprends pourquoi il est là et même si je veux l’aider, ça me pèse. » Je sens son corps se tendre légèrement, mais je poursuis, voulant qu’elle comprenne que ce n’est pas sa faute. « Ce n’est pas que je sois en colère contre toi, et tu n’as pas à t’excuser de lui avoir autorisé à rester. Je sais que c’était la bonne chose à faire, et je sais à quel point tu tiens à aider les gens que tu aimes. » Je glisse une main dans ses cheveux, les caressant doucement, mon regard plongé dans le sien. « Mais je dois être honnête… Ça a été difficile pour moi. J’avais tellement envie de retrouver notre petit cocon, juste toi et moi. Je sais que ce n’est pas juste de ressentir ça, mais j’ai besoin de te le dire. » Je l’embrasse doucement sur le front, la tenant toujours contre moi. « Merci de m’écouter, et de me comprendre. Et merci d’être toi. »

Alors que je la tiens encore contre moi, sentant son souffle calme et régulier, je réalise que nos conversations, ces derniers jours, ont été largement centrées sur moi, sur mes frustrations et mes préoccupations. Je me rends compte qu’au milieu de tout cela, j’ai oublié de lui demander comment elle allait, elle. Un besoin sincère de savoir comment elle se sent vraiment me traverse, et je veux m’assurer que je ne néglige pas ses propres émotions. Je me recule légèrement pour pouvoir la regarder dans les yeux, mes mains restant posées sur ses hanches. « Dis-moi, » commençai-je doucement, mon regard plongé dans le sien, cherchant à comprendre au-delà de ses mots. « Comment ça se passe, le travail ? » Je vois son expression changer, un mélange de surprise et de réflexion apparaissant sur son visage. Elle semble prendre une seconde pour réfléchir, et je sens que cette question l'a peut-être prise au dépourvu. « Je sais que ces derniers jours ont été assez… intenses pour nous deux, et j'ai été tellement absorbé par tout ça que je n'ai pas pris le temps de te demander comment toi tu allais, et comment se passent tes journées au boulot. » Je serre doucement ses hanches, un geste pour l'encourager à s’ouvrir. « Comment ça se passe avec tes collègues, avec les patients ? Est-ce que tu te sens bien, là-bas ? » Je sais que son travail en tant qu'infirmière n'est pas toujours facile, et je veux qu'elle sache que je suis là, que je m’intéresse sincèrement à ce qu’elle traverse. Je la regarde attentivement, prêt à écouter chaque mot, chaque nuance dans sa voix, parce que même si j'ai mes propres préoccupations, je veux être là pour elle. Je veux m'assurer qu'elle se sente soutenue, autant qu'elle me soutient chaque jour.

Finalement Milo c’était mis à parler un peu, à me dire ce qui n’allait pas. Je comprends alors que c’est un peu un tout et que la présence d’Alex ici n’arrangeait rien. J’essaie alors de rassurer Milo en lui disant que Alex ne restait encore que pour quelques jours. Le jeune homme était en effet entrain de chercher très rapidement une autre solution pour se loger. Je m’étais excusé auprès de Milo, j’avais peut-être accepté la demande d’Alex un peu trop vite, pensant que cela ne dérangerait pas Milo. Le jeune homme me dit comprendre la présence d’Alex ici avec nous, mais il m’avoue aussi que cette présence le pèse. Je comprenais mais je ne pouvais m’empêcher de penser à ce que Alex traversait. Peut-être que si Milo savait il comprendrait mieux. Mais je ne pouvais rien dire. Alex me l’avait fait promettre. Milo me dit que c’était difficile pour lui, car après leur séjour il avait eu envie de retrouver notre petit cocoon, juste lui et moi. « Tu as raison de m’en parler... » J’ajoute alors « De toute manière je savais bien que quelque chose n’allait pas. Je te connais... » mon ton est malicieux. « Tu n’as pas à me remercier. Mais s’il te plaît… Quand quelque chose ne va pas, dis le moi... » Je n’aimais pas le voir mal.

Milo recule légèrement et me demande comment ça se passait au travail. Je suis un peu prise au dépourvu, il y avait tellement à dire. Milo prend conscience qu’il n’avait pas pris beaucoup de nouvelles concernant mon activité ces derniers jours. Un léger sourire se dessine sur mon visage. « Tout se passe très bien. Les journées sont intenses en ce moment… Mais je fais avec, comme toujours. » Je reprends alors « Et concernant le pôle dédié aux femmes victimes de violences, c’est un véritable succès… L’activité là-bas demande aussi beaucoup de travail mais ça en vaut vraiment la peine. » Il est vrai que l’ouverture de ce pôle avait demandé beaucoup de travail. Maintenant ouvert la structure demandait autant de travail. Mais tout fonctionnait très bien, c’était sans doute le plus important.

Je souris lorsque Cassia me regarde avec ce petit air malicieux qui lui va si bien. « De toute manière, je savais bien que quelque chose n’allait pas. Je te connais… » dit-elle avec un sourire espiègle, ses yeux pétillants de cette assurance tranquille qu'elle a toujours quand il s’agit de moi. Elle sait lire en moi comme dans un livre ouvert, et parfois, c’en est presque troublant. « Tu n’as pas à me remercier, » continue-t-elle avec douceur. « Mais s’il te plaît… Quand quelque chose ne va pas, dis-le moi. » Son ton est à la fois tendre et ferme, cette combinaison unique qui me fait toujours sourire. Je ne peux m’empêcher de la regarder avec affection, sentant la chaleur de ses mots me réconforter. Je souris en me penchant pour lui voler un baiser, un baiser rapide mais plein de tendresse, juste assez pour lui montrer à quel point je suis reconnaissant de l’avoir à mes côtés. Mais, comme à mon habitude, je ne peux m’empêcher de ronchonner un peu, faisant ma tête de mule, un sourire narquois aux lèvres. « Oui, oui, je sais… » grognai-je en plaisantant, bien conscient qu'elle ne se laisse pas duper par mes manières. La vérité, c’est que je ne peux rien lui dissimuler bien longtemps. À croire qu'elle lisait littéralement dans mes pensées. Peu importe combien j’essaie de cacher mes émotions derrière des sourires ou des excuses de fatigue, Cassia voit toujours au-delà de mes mots. Elle sait quand quelque chose me tracasse, quand je suis perturbé, et elle ne lâche jamais l’affaire tant que je ne me confie pas à elle. Je la regarde avec un air faussement boudeur, mais au fond de moi, je me sens chanceux. Chanceux d'avoir quelqu'un qui s'inquiète suffisamment pour creuser, qui refuse de se laisser berner par des faux-semblants. « À croire que je ne peux rien te cacher, hein ? » dis-je en riant doucement, un sourire attendri sur le visage. Elle me répond avec ce même regard malicieux, et je sais que peu importe combien je pourrais râler ou jouer les têtes de mule, elle sera toujours là pour m'aider à voir plus clair, pour m'écouter et pour me rappeler que je ne suis pas seul à affronter mes pensées.

Je l'écoute avec une attention totale alors que Cassia me raconte son travail. Ses yeux brillent d'une passion sincère lorsqu'elle parle de ses patients, de ses collègues, et des défis qu'elle rencontre chaque jour. Je peux entendre dans sa voix la dévotion et l’énergie qu’elle met dans tout ce qu’elle fait, et je suis fier d'elle. Elle parle des moments difficiles, des petites victoires, et des moments de réconfort qu’elle partage avec ceux qui en ont besoin. Je reste silencieux, mes yeux fixés sur elle, absorbant chaque mot. Je ne veux pas interrompre, je veux qu'elle sente que je suis là, présent et à l'écoute, parce que je sais combien son travail est important pour elle. Pourtant, tandis qu'elle parle, mon esprit commence à vagabonder légèrement, attiré par autre chose… par elle. Son décolleté attire soudainement mon regard, et sans même m’en rendre compte, mon index commence à glisser doucement le long de sa peau, suivant la courbe délicate de son décolleté. Le contact est léger, presque comme une plume, mais suffisamment intentionnel pour qu'elle ressente ce geste. Je sens la chaleur de sa peau sous mon doigt, et mon esprit se remplit immédiatement de pensées qui n’ont rien à voir avec la conversation en cours. Elle s’interrompt, surprise par mon geste, et je vois ses yeux se lever vers les miens, cherchant à comprendre ce que je fais. Un sourire amusé commence à se dessiner sur mon visage, et je me penche légèrement vers elle, mon regard prenant une lueur de défi. « Tu sais à quoi je pense actuellement ? » lui demandai-je, mon ton rempli de sous-entendus, presque provocateur. Mon index continue de dessiner de petits cercles lents sur sa peau, jouant avec les limites de sa patience et de son attente.

Même si je savais que Milo ne se sentirait pas mieux tant qu’Alex n’avait pas trouvé de solution et resterait ici, j’étais tout de même soulagée que l’on ait pu parler un peu. Je savais à présent ce qui tracassait Milo et j’étais aussi soulagée de savoir que cela n’avait rien à voir avec mon emménagement ici. Je demande à nouveau à Milo de ne pas hésiter à me parler quand quelque chose n’allait pas, il avait tendance à plutôt se renfermer sur lui même et à s’isoler dans ce genre de situation et c’est bien tout le contraire que je souhaitais. Milo se met à ronchonner un peu en me disant qu’il savait. Le jeuen homme se met à me regarder avec un air faussement boudeur. « À croire que je ne peux rien te cacher, hein ? » Je ris légèrement à mon tour « C’est même certain. » dis-je d’un air plein de malice.

Milo me demande des nouvelles quant à mon travail. Je lui explique alors un peu en détails ce qui c’était passé les derniers jours. Des moments difficiles mais aussi des petites victoires. C’est ça qui m’aidait à tenir le coup, comme mes autres collègues d’ailleurs. Milo semble m’écouter avec attention. Du moins au début. Alors que je continue à parler, l’index du jeune homme se met à glisser doucement le long de mon décolleté. Impossible de ne rien ressentir . Je m’arrête alors de parler et mon regard cherche le sien, quelque peu amusé par son geste et son comportement. Milo se penche légèrement vers moi, un sourire aux lèvres. Le jeune homme me demande si je savais à quoi il pensait actuellement. Son ton est rempli de sous entendu. Je souris, amusée par sa question. « H’m… non, je ne sais pas... » dis-je simplement. Bien évidemment j’avais une petite idée, je connaissais Milo mieux que quiconque. « Dis moi tout ... » demandai-je alors un air faussement innocent sur le visage alors que Milo continuait de balader son index sur la peau, me donnant ainsi quelques frissons.

Pendant que l'extrémité de mon index trace de légers cercles sur le décolleté de Cassia, elle joue à ce petit jeu qu'elle maîtrise si bien : faire mine de ne pas comprendre, ses yeux brillant d'une fausse innocence. Je sais qu'elle sent la tension monter, que chaque caresse éveille des frissons qui parcourent sa peau, mais elle fait semblant de ne rien remarquer.  Ne pouvant résister à cette provocation douce-amère, je me penche pour l’embrasser, mes lèvres capturant les siennes avec un besoin grandissant. Le baiser est d’abord doux, mais il devient rapidement plus pressant, plus intense. Mes mains se faufilent sous son tee-shirt, glissant lentement sur la courbe de son dos, sentant la chaleur de sa peau contre mes paumes. Elle se rapproche de moi, nos corps s’épousant dans une proximité électrisante, et je sens que l'atmosphère se charge de désir, prête à basculer vers quelque chose de plus... privé.

Mais soudain, la porte s’ouvre brusquement, rompant l’instant comme un coup de tonnerre inattendu. Je n’ai même pas besoin de me retourner pour savoir qui c’est : Alex. Son arrivée est comme une douche froide. Je grogne presque instinctivement, le souffle lourd de frustration, mes mains se figent sous le tee-shirt de Cassia, et je sens mes muscles se tendre sous l’irritation. Tout s’arrête d’un coup, la chaleur du moment se dissipant aussi rapidement que la brume sous un vent glacial. Je soupire bruyamment, sentant une colère sourde monter en moi. Cette colère n’est pas explosive, mais elle est là, tapie sous la surface, prête à éclater à la moindre étincelle. J’ai l’impression qu’on vient de me voler quelque chose de précieux, un moment d’intimité que je voulais savourer avec Cassia, et qu’une fois de plus, il nous échappe. Alex nous salue d’un ton détendu, ignorant tout de l’ambiance qu’il vient de ruiner. Je ne dis rien. Je sens mes dents se serrer, un grognement sourd montant de ma gorge. J’ai besoin de m’éloigner, de canaliser cette colère montante qui bouillonne sous ma peau. Sans un mot, je me lève brusquement, mes mouvements un peu trop rapides, un peu trop tendus. Je file vers la cuisine, mon esprit en ébullition, ma mâchoire serrée si fort que je sens presque mes dents grincer.  « Encore une fois… » me dis-je intérieurement, les pensées tourbillonnant dans ma tête comme une tempête.  « Encore une fois, il gâche tout… » J’essaie de me rappeler que ce n’est pas sa faute, qu’il traverse une période difficile. Mais à cet instant précis, toute la rationalité s’efface, laissant place à une colère brute, presque primitive.

Je commence à sortir les ingrédients pour le dîner, ouvrant et fermant les placards avec plus de force que nécessaire. Chaque coup résonne dans la cuisine, écho de mon irritation. Mes mains saisissent les légumes, et je les pose violemment sur la planche à découper, le couteau s’abattant un peu trop brusquement. Chaque coup de lame est comme une libération temporaire de cette frustration que je n’arrive pas à exprimer autrement. Je râle à voix basse, des murmures inaudibles s’échappant de mes lèvres serrées, alors que mes mouvements deviennent plus saccadés, plus nerveux. L’idée de ce moment volé me hante. Je pensais pouvoir passer une soirée tranquille, un moment juste pour nous deux, mais encore une fois, on nous l’arrache. Cassia doit travailler plus tard, et ce petit moment volé aurait été notre seul instant de répit, notre moment pour nous retrouver. Et là, je sens cette opportunité glisser entre mes doigts. Je sens mes doigts trembler légèrement alors que je continue de couper, les muscles de mes bras tendus par l’effort et la frustration. J’essaie de respirer profondément, mais chaque inspiration est lourde, remplie de cette colère sourde qui refuse de partir. Je suis irrité, déçu, et je me sens pris au piège dans cette situation qui ne semble jamais vouloir s'améliorer.  Je sais qu’Alex ne le fait pas exprès, mais à cet instant précis, je ne peux m’empêcher de lui en vouloir. Lui en vouloir d’être là, de s’imposer dans notre espace, de nous priver de ces moments à deux que j’attends avec impatience. Je continue de râler tout en préparant le dîner, les pensées tourbillonnant dans ma tête, cherchant désespérément une échappatoire à cette frustration qui me ronge.

Milo semblait intéressé par ce que j’étais entrain de lui raconter vis à vis du travail. Du moins, au début. Petit à petit je voyais bien dans son regard qu’il commençait à penser à tout autre chose. Et ses gestes le trahissait aussi. Je joue l’innocence. Puis les lèvres de Milo se posent sur les miennes mais de manière beaucoup prononcé que tout à l’heure. Le baiser est passionné, ardent. A travers ce dernier je peux aisément ressentir tout le désir du jeune homme. Je prolonge bien évidemment ce baiser, mon corps se collant au sien alors que les mains de Milo passe sous mon t-shirt m’arrachant alors un léger gémissement. Mais soudain, la porte d’entrée s’ouvre. C’est Alex. Nous nous séparons alors, faisant comme si de rien n’était. Mais je peux voir dans le regard de Milo une immense frustration et de la colère. Le pilote de ligne file alors en cuisine pour préparer le dîner, mais je sens dans chacun de ses geste une grande colère. Décidément, Alex était très mal tombé.

La suite de la journée passe assez rapidement, après avoir dîner. Milo m’emmène à l’hôpital. Le trajet se fait paisiblement bien que je sens le jeune homme tendu. Intérieurement je me promets alors de faire en sorte de trouver un moment en tête à tête très bientôt. Après quelques baisers je quitte la voiture et laisse Milo rentrer à l’appartement. Il était convenu que je l’appelle après mon service afin qu’il vienne me chercher. Cela m’embêtait un peu car je savais qu’il était fatigué. Mais Milo avait insisté. Mais finalement dans la nuit, Alex m’avait contacté. Il devait travailler très tôt et se proposait de venir me chercher et de ma ramener à l’appartement avant de partir travailler. Cela éviterait donc à Milo de se réveiller très tôt. J’accepte la proposition d’Alex. Une fois à l’appartement, je fais le plus doucement possible pour ne pas réveiller Milo qui dormait à poings fermés. Je me faufile dans le lit sans bruit. Un léger sourire se dessine sur mon visage en le voyant dormir paisiblement. Je m’allonge près de lui et rejoins les bras de Morphée très rapidement, épuisée par cette longue nuit de travail.

Lorsque j’ouvre les yeux, je suis seule dans le lit. Bien évidemment la journée devait être bien avancé. Je regarde alors l’heure. Il était midi passé. Je me lève alors doucement, vêtue simplement d’une nuisette. Je rejoins le salon et voit Milo. Un sourire se dessine immédiatement sur mes lèvres  « Bonjour » dis-je en venant déposer un tendre baiser sur ses lèvres. « Bien dormi ? » demandai-je alors soucieuse de savoir comment c’était passé sa nuit. « Je ne t’ai pas appelé pour que tu viennes me chercher finalement. Alex s’est proposé de le faire étant donné qu’il devait se lever très tôt. Je me suis dit que c’était mieux, au moins tu as pu dormir plus longtemps... » dis-je tout en me servant un verre de jus de fruits bien frais.  

Malgré le retour inopiné d’Alex et l’interruption frustrante de notre moment, le reste de la journée passe relativement vite. J’essaie de me concentrer sur d’autres choses, laissant l’irritation s’estomper peu à peu, bien que je sente encore un léger poids de tension peser sur mes épaules. Après avoir préparé le dîner et mangé tous les trois en silence, je propose à Cassia de l’emmener à l’hôpital pour sa garde de nuit. Le trajet se déroule paisiblement, mais je ne peux m’empêcher de rester un peu tendu, mes pensées toujours en train de jongler entre le désir de retrouver notre intimité et la réalité de la situation qui s'impose à nous. Cassia, toujours apaisante, cherche à alléger l’atmosphère. Nos mains se frôlent sur le levier de vitesse, et je ne peux m’empêcher de lui voler quelques baisers rapides à chaque feu rouge. Son sourire, malgré la fatigue visible sur son visage, parvient à calmer un peu l’agitation en moi. Lorsque nous arrivons à l'hôpital, elle se penche pour un dernier baiser, ses lèvres douces contre les miennes. « Je t’appellerai à la fin de mon service pour que tu viennes me chercher, » dit-elle doucement avant de sortir de la voiture et de s’engouffrer dans le hall illuminé de l'hôpital. Je la regarde s’éloigner, puis je repars, retournant à l’appartement. L’idée de la retrouver à la fin de sa garde me réconforte, même si le stress des dernières journées n’est pas complètement dissipé. De retour à la maison, je m'affale sur le lit, trop épuisé pour penser à autre chose, et je m’endors presque immédiatement, la fatigue de la journée me rattrapant d'un coup.

Le lendemain matin, je suis surpris de sentir la chaleur d’un corps à côté de moi. Ouvrant les yeux lentement, je découvre Cassia allongée près de moi, paisible et endormie. Je fronce les sourcils, un peu désorienté. Je n’ai aucun souvenir d’être allé la chercher après sa garde. Comment a-t-elle fait pour rentrer ? Je me lève discrètement, veillant à ne pas la réveiller. Je dépose un baiser rapide sur son front, mes lèvres effleurant doucement sa peau, puis je file me préparer pour aller courir. L’air frais du matin m’aide à clarifier mes pensées, mais cette petite énigme reste dans un coin de mon esprit. Vers treize heures, tout en avalant un sandwich dans la cuisine, je suis attiré par un bruit derrière moi. En me retournant, je vois Cassia arriver, seulement vêtue de sa nuisette légère. Mon cœur rate un battement, à la fois surpris et captivé par sa silhouette. Mon premier réflexe est de vérifier qu’Alex n’est pas dans les parages. Mon regard parcourt la pièce rapidement, mais heureusement, il n’y a aucune trace de lui. Cassia s'approche de moi, un sourire sur les lèvres. Elle me salue doucement et m’embrasse, ses lèvres tièdes et familières contre les miennes. « Bonjour, » murmure-t-elle avec un soupçon de malice. « Bien dormi ? » Je hoche la tête en lui répondant rapidement, encore légèrement préoccupé par la question de savoir comment elle est rentrée. Elle capte mon hésitation et m’éclaire aussitôt. « Je ne t’ai pas appelé pour que tu viennes me chercher finalement, » explique-t-elle tout en se dirigeant vers le frigo pour se servir un verre de jus de fruits bien frais. « Alex s’est proposé de le faire étant donné qu’il devait se lever très tôt. Je me suis dit que c’était mieux, au moins tu as pu dormir plus longtemps… » Je l’écoute, et si au début je suis un peu étonné, une pointe d’agacement commence à s’installer. Alex… Elle a appelé Alex au lieu de m’appeler moi. Cette pensée tourne en boucle dans ma tête. Je comprends qu’elle voulait que je me repose, mais l’idée qu’elle ait choisi de se tourner vers Alex me dérange plus que je ne veux l’admettre. Mon estomac se noue légèrement à cette idée. Cependant, je suis soulagé qu’il ne lui soit rien arrivé, et cela m’aide à apaiser cette frustration naissante. Je me contente de répondre par une simple onomatopée, un « Hmm… » qui sort plus grognon que je ne l’avais voulu, tout en ruminant intérieurement. Je sais que je ne devrais pas laisser ça me toucher, mais une part de moi ne peut s’empêcher de ressentir une petite piqûre d’irritation. Essayant de balayer ces pensées, je me ressaisis et lui demande d'un ton plus léger, bien que la frustration soit encore présente en arrière-plan « Tu veux que je te prépare quelque chose ? Peut-être des œufs brouillés et un toast d’avocat avec du saumon ? » Je tente de me concentrer sur l'instant présent, de transformer ce petit moment en quelque chose de plus agréable pour nous deux.

A peine réveillée, je quitte le lit et la chambre à coucher pour rejoindre Milo.ce dernier était installé dans le coin cuisine en train de manger un sandwich. Je viens le saluer en venant déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Je lui demande alors si il a bien dormi avant de lui expliquer la raison pour laquelle je ne l'avais pas appelé comme convenu pour venir me chercher au travail. Pour toute réponse j'ai le droit à un vague grognement. Je savais que Milo se souciait de moi surtout lorsque j'avais ce genre d'horaires décalés. Je me doute que Milo était sans doute un peu frustré que je ne l'ai pas appelé comme prévu. Je dépose alors un furtif baiser au coin de ses lèvres. « Le plus important c'est que je ne sois pas rentrée toute seule en pleine nuit, non ? » J'ajoute alors « Et puis quand je suis rentré m, tu dormais vraiment bien.... D'ailleurs tu es terriblement séduisant même quand tu dors... » Mon ton est espiègle. J'essaie de plaisanter, d'alléger les potentielles tensions. Milo me propose ensuite de me préparer des œufs brouillés et un toast avec de l'avocat et du saumon. « H'm... Oui, je veux bien un toast à l'avocat et au saumon s'il te plais. » J'aimais beaucoup cette préparation que Milo faisait. « Je vais prendre une douche. Je fais vite. » dis-je en me dirigeant à la salle de bain.

Une fois à la salle de bain, je prends une douche rapide. Puis j’enfile une tenue pour la journée. Je rejoins Milo à la cuisine et je peux déjà sentir la délicieuses odeur du pain toasté. Le pilote de ligne est en train de terminer sa préparation. « Ça sent merveilleusement bon. » dis-je en m’approchant de lui. Une fois le toast terminé, je m’assois avec Milo à table. « Merci beaucoup. » dis-je avant de commencer à manger sa préparation culinaire. Et comme toujours, je me régalais. « Tu as prévu quelque chose pour aujourd’hui ? » demandai-je alors curieuse de savoir si Milo avait prévu d’aller faire du sport ou de voir encore Clyde ou Jay.

Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer cette pointe d’agacement qui persiste malgré moi. Cassia, toujours d’une sagesse tranquille, me regarde avec ses yeux pleins de douceur. « Le plus important c'est que je ne sois pas rentrée toute seule en pleine nuit, non ?» dit-elle calmement, et je ne peux qu’acquiescer. Elle n’a pas tort, comme souvent. Et même si j'ai du mal à l'admettre parfois, elle a cette façon de voir les choses simplement, sans se laisser submerger par des détails inutiles. Je la regarde, mon agacement fondant peu à peu face à sa sérénité. Elle sait comment apaiser mes frustrations, et je sens déjà la tension de ce matin commencer à s’estomper. « Oui, tu as raison, » dis-je en hochant la tête, un soupir s’échappant de mes lèvres. Elle est là, devant moi, saine et sauve, et c’est bien tout ce qui compte au fond. Elle s’approche un peu plus près de moi, un sourire espiègle aux lèvres, et je sens son regard parcourir mon visage, comme si elle cherchait à capter chaque expression, chaque émotion qui me traverse. « Et puis quand je suis rentré, tu dormais vraiment bien…» glisse-t-elle malicieusement, ses yeux pétillant de malice, « D'ailleurs tu es terriblement séduisant même quand tu dors... »

Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres, amusé par ses mots. Elle sait toujours comment détourner l’attention, comment m’arracher un sourire même quand je suis grognon. « Et lorsque je ne dors pas ? » lui demandai-je d’un ton rempli de malice, tout en me penchant légèrement vers elle. Avant qu’elle n’ait le temps de répondre, je lui vole un baiser, mes lèvres se pressant contre les siennes avec une douceur taquine. Elle répond immédiatement, ses lèvres se mouvant doucement contre les miennes, et je sens ce lien, cette connexion qui ne faiblit jamais, même au milieu de toutes les petites frustrations du quotidien. Le baiser est rapide mais suffisant pour rappeler que, malgré tout, nous sommes là l’un pour l’autre. Je m'écarte légèrement, toujours avec ce sourire amusé, et me tourne vers le comptoir pour commencer à lui préparer ce fameux toast à l’avocat et au saumon. « Allez, va prendre ta douche pendant que je te prépare ça, » dis-je en me concentrant sur la tâche. Je choisis un avocat bien mûr, le coupant avec soin, puis je l’écrase légèrement dans un bol avec un peu de jus de citron, une pincée de sel et de poivre, tout en jetant de temps en temps un coup d'œil vers la salle de bain où Cassia se dirige.

Elle s’éloigne en souriant, et je l’entends murmurer quelque chose à propos de moi qui la fait doucement rire. J’ouvre le paquet de saumon fumé, sentant son arôme délicat emplir la cuisine, puis je commence à toaster le pain, laissant l’odeur du pain grillé remplir l’espace. L’eau de la douche commence à couler, créant une mélodie douce et familière en toile de fond.  Je prends un moment pour me concentrer sur la préparation du petit-déjeuner, mes mains travaillant avec habitude et précision. J’étale l’avocat sur le pain grillé, arrange les tranches de saumon par-dessus, puis ajoute quelques touches finales : un filet d’huile d’olive, des graines de sésame, et quelques feuilles de roquette. Le tout a l’air délicieux, et je sais que cela lui plaira. Cassia sort de la douche quelques minutes plus tard, sa peau rosie par la chaleur de l’eau, ses cheveux encore humides tombant en vagues lâches autour de ses épaules. Elle a cet air frais et détendu qui me fait sourire à chaque fois. « Ça sent merveilleusement bon. » dit-elle en se rapprochant de la cuisine, attirée par l’odeur du pain grillé et du saumon.

Je pose les assiettes sur la table et nous nous asseyons. Après quelques instants, Cassia brise le silence. « Tu as prévu quelque chose pour aujourd’hui ?» demande-t-elle avec curiosité, son regard cherchant à capter le mien.  Je prends un moment pour répondre, hésitant légèrement. Je sais que ce que je m’apprête à dire risque de soulever des questions, mais je décide de le dire simplement, sans détour. « Oui, » dis-je calmement, tout en gardant ma voix détachée. « Léa… » je marque une petite pause, observant sa réaction. « M'a demandé de l'aider pour des travaux chez elle. Elle a pas mal de choses à rénover et à retaper dans son appartement, donc cela risque de prendre au moins deux semaines. » Je continue de parler d’un ton posé, bien que je sente une certaine tension monter en moi. « Du coup, je vais certainement aller au magasin de bricolage avec elle aujourd'hui, puis commencer chez elle. » Mes mots sortent calmement, mais je grogne et râle intérieurement en repensant à Alex.

Je ne voulais pas que Milo reste focaliser sur le fait que je ne l’avais pas appelé ce matin pour venir me chercher. Je t’ente alors d’alléger l’atmosphère en lui faisant comprendre que c’était peut-être mieux ainsi car il dormait vraiment très bien. J’en profite pour lui dire que je le trouvais très séduisant quand il dormait. Amusé, le jeune homme me demande si il l’est quand il ne dormait pas. « Quand tu ne dors pas, tu l’es encore plus… C’est bien pour cela que j’ai toujours du mal à te résister... » avouai-je tantôt amusée tantôt sérieuse. Sur ces mots, nous partageons un tendre baiser. Milo me propose de me préparer quelque chose à manger. J’accepte volontiers avant d’aller prendre une douche rapide et de m’habiller. Lorsque je reviens, je peux déguster sa délicieuse préparation culinaire. Et tout en mangeant, j’en profite pour demander au jeune homme si il avait prévu quelque chose ou non pour la journée à venir. Milo me parle alors de Léa. Je fronce légèrement les sourcils. Puis le jeune homme m’annonce que la jeune femme lui avait demandé de l’aide pour faire des travaux chez elle. Apparemment elle avait pas mal de chose à rénover. Milo irait donc sans doute au magasin de bricolage avec la jeune femme aujourd’hui avant d’aller cher elle commencer les travaux. « Oh… D’accord. » J’avais du mal à cacher un peu ma surprise. « C’est gentil à toi d’avoir accepté de l’aider... » dis-je alors d’un ton neutre. Il ne valait mieux pas que je dise ce que je pensais réellement sinon je savais que ce moment convivial ne finirait pas bien. « En attendant, je vais en profiter pour retourner à mon appartement et faire quelques cartons. » Nous terminer de prendre le déjeuner ensemble avant de vaquer chacun à ses occupations.

Un instant plus tard, Milo quitte l’appartement. Quant à moi je me prépare pour sortir également quand Alex arrive. Nous discutons un peu et quand le jeune homme apprend que je vais chez moi faire quelques cartons il se propose de venir m’aider. Je finis par accepter, sachant que certaine tâches pourraient être difficiles à accomplir seule. Une fois à mon appartement, nous commençons alors à remplir quelques cartons. « Encore Merci Alex de t’être proposé pour m’aider. C’est vraiment gentil. » Alex me sourit avant de me répondre « C’est normal. C’est moi qui devrais te remercier encore pour tout ce que tu fais pour moi. Milo et toi vous m’avez vraiment aidé, je n’oublierai jamais... » J’en profite alors pour discuter un peu avec « Au fait, tu as pu réfléchir un peu vis à vis de Lola ? » Alex me regarde « Oui… Depuis qu’on a discuté tous les deux l’autre jour, je me dis que tu as raison. Cette relation n’est pas saine… Et puis, je ne peux décidément pas continuer à vivre dans la crainte éternellement...  » Je suis soulagée de l’entendre dire cela « Tu as pris la bonne décision. Ça a toujours été ainsi ? Avec Lola… » demandai-je curieuse et soucieuse. « Oui. Elle s’est toujours montré possessive… Au début je trouvais cela plutôt mignon, pensant qu’elle tenait à moi mais… c’est vite devenu ingérable. Cela fait plus de six mois que j’ai l’impression de vivre la peur au ventre tous les jours… Tu sais, un soir, parce que j’étais rentré plus tard que prévu elle s’est mise dans une colère noire et m’a lancé un cendrier au visage. J’ai eu un hématome pendant une semaine… » Je suis surprise et perplexe face à de telle révélation. Et son histoire, d’un point de vue émotionnel et psychologique, faisait échos à mon histoire avec Andrew. « J’ai dit à tout le monde que j’avais fait une mauvaise chute… D’ailleurs, tu n’as rien dit à Milo ? » me demande t-il soudainement soucieux. « Je ne lui ai parlé de rien. Je te le promets. » Et d’ailleurs en parlant de Milo mon téléphone se met à sonner, c’était lui. Je décroche et nous discutons un peu. Au loin, Alex me demandait si il pouvait déjà chercher quelques cartons dans la voiture. Je termine ma conversation avec Milo avant de raccrocher.

Une fois à l’appartement, Alex m’aide à décharger les cartons. Puis je commence alors à les défaire et à ranger mes affaires. Un court moment plus tard, Milo rentrer. Debout sur une chaise pour ranger quelques livres sur les étagères les plus hautes de la bibliothèque, je pose mon regard sur lui. « Hey… Alors ses travaux chez Léa ? Ca s’est bien passé ? » demandai-je curieuse de savoir si tout s'était bien passé, bien que je prenais sur moi en sachant qu'il avait passé toute l'après midi avec Léa.

Cassia prend une autre bouchée de son toast, réfléchissant un instant, puis elle repose doucement son assiette sur la table. Elle semble compréhensive quant au fait que je vais aider Léa dans ses travaux. Son regard se pose sur moi, un mélange de douceur et de détermination dans ses yeux. « C’est gentil à toi d’avoir accepté de l’aider... » dit-elle calmement, observant ma réaction. Puis elle me précise ce qu’elle compte faire aujourd’hui « En attendant, je vais en profiter pour retourner à mon appartement et faire quelques cartons.» Je l’écoute attentivement, et même si je sens une petite pointe d’appréhension en moi, je sais que c’est normal qu’elle veuille s’occuper de ses affaires. Je lui souris, acquiesçant doucement. « D’accord, c’est une bonne idée, » dis-je, essayant de rester aussi détendu que possible. « Prends le temps qu’il te faut. » Je ne veux pas lui montrer que je suis encore un peu agacé par les événements des derniers jours, mais je sais que je dois faire des efforts pour ne pas laisser mes émotions déborder. Son sourire en retour me rassure un peu, et je sens que, malgré tout, nous essayons tous les deux de maintenir un équilibre.
Nous continuons de manger en silence, chacun perdu dans ses pensées. Je sens que quelque chose pèse sur nous, une sorte de tension latente, mais ni elle ni moi ne voulons l’aborder ouvertement. Peut-être que c’est pour le mieux, peut-être que nous avons simplement besoin de temps pour digérer tout ça. Une fois le repas terminé, Cassia débarrasse les assiettes et se dirige vers la chambre pour se préparer à partir. Pendant ce temps, je me lève de table, maudit ces pensées qui m’envahissent, et décide de me préparer moi aussi. Je dois retrouver Léa au magasin de bricolage et m’assurer que tout se passe bien avec les travaux à venir. Cassia revient quelques minutes plus tard, prête à partir, son sac à la main. Je m’approche d’elle, nos yeux se cherchant encore une fois les miens. « On se retrouve plus tard, alors, » lui dis-je avant de l’embrasser rapidement sur le front « Fais attention à toi, » murmurai-je avant de sortir de l’appartement.

Arrivé au magasin, j’aperçois Léa en train de fouiller dans les allées, comparant différentes sortes de peinture et de matériaux. Elle lève la tête et sourit en me voyant approcher. « Salut, Milo ! » dit-elle avec son énergie habituelle, un éclat de malice dans les yeux. Je souris en retour, essayant de mettre de côté toutes mes pensées tourmentées. « Prête à tout transformer ? » lui demandai-je avec un ton léger, bien que je sente encore cette légère tension en moi. « On a beaucoup à faire. »  Léa rit doucement. « Oh, tu n'as pas idée. » Et tandis que nous nous mettons à la tâche, je me concentre sur le présent, sur les travaux à venir, tout en gardant en tête que cette journée pourrait apporter plus de défis que prévu. Les travaux chez Léa avancent à un bon rythme. Depuis mon arrivée, l’atmosphère est plutôt détendue, presque complice. Même après la fin de notre relation, nous avons conservé cette facilité à nous entendre. Elle est toujours aussi pétillante et pleine d’énergie, et je me surprends parfois à sourire à ses petites blagues et à ses remarques amusantes. Nous passons de pièce en pièce, discutant des meilleures façons de redécorer et de rénover son appartement. Elle attrape un pinceau et commence à faire des mouvements de peinture sur le mur avec une concentration exagérée, ses yeux plissés et sa langue tirée de manière comique, et je ne peux m’empêcher de rire. « Tu sais que tu fais ça pour de vrai, hein ? » lui dis-je en riant doucement, en l'observant faire des courbes inutiles sur le mur. Léa éclate de rire, ses cheveux retombant devant son visage alors qu'elle secoue la tête. « Oh, arrête, tu sais très bien que j’ai des talents cachés de peintre ! » rétorque-t-elle avec un sourire espiègle. Je lui prends le pinceau des mains et lui montre comment faire correctement, et pour un moment, c’est comme si nous étions simplement deux amis en train de passer du bon temps. Elle se rapproche pour observer, et je sens cette proximité familière qui, autrefois, ne posait aucun problème. Les heures passent rapidement entre les coups de pinceaux, les allers-retours pour chercher des outils, et les conversations légères. À un moment donné, elle prend un rouleau de peinture et me défie de finir un mur plus vite qu’elle. Le défi est lancé, et nous nous lançons dans une course joyeuse, éclaboussant un peu de peinture sur nos vêtements au passage. « Tu triches, Léa ! » m’écriai-je en riant alors qu’elle m’éclabousse volontairement, un sourire malicieux sur les lèvres. « Moi, tricher ? Jamais ! » répond-elle avec un rire, et pour quelques instants, j'oublie tout le reste. La bonne humeur est contagieuse, et je me sens presque détendu, comme si toutes les tensions des derniers jours s'étaient temporairement évaporées.

Mais au bout d'un moment, je me rends compte que cela fait un moment que je n'ai pas entendu la voix de Cassia. Le besoin de l’appeler, de savoir comment elle va, devient plus pressant. Alors, je m’arrête un instant, essuyant mes mains pleines de peinture sur un vieux chiffon, et je sors mon téléphone de ma poche. Je compose son numéro et attends qu’elle décroche. Le téléphone sonne quelques instants, et je sens cette chaleur familière monter en moi, une anticipation heureuse de l’entendre. Enfin, sa voix douce me répond à l'autre bout de la ligne. Je sens immédiatement mon cœur se détendre en l’entendant, et je lui demande comment ça se passe de son côté, comment avance son tri et ses cartons. Je me sens heureux de l’entendre, ma frustration s'apaisant encore plus à chaque mot qu'elle prononce. Cependant mon bonheur est de courte durée. En arrière-plan, j’entends soudain une voix familière, une voix que je reconnais instantanément — celle d’Alex. Je me fige un instant, mes doigts resserrant inconsciemment leur prise sur le téléphone. Alex dit quelque chose, un commentaire que je ne saisis pas complètement, mais je peux clairement discerner son ton décontracté.  Je fais mine de rien, essayant de ne pas laisser ma réaction transparaître. « Ah… je vois que tu n’es pas seule, » dis-je, mon ton délibérément léger, mais je sens cette pointe de contrariété refaire surface. Puis je me dépêche de raccrocher avant que ma voix ne trahisse ma véritable humeur. Je range mon téléphone dans ma poche, et je me rends compte que mon humeur s'est assombrie. La complicité que je ressentais avec Léa quelques instants auparavant semble s’évaporer sous le poids de cette irritation latente qui remonte à la surface. Je ne peux m'empêcher de penser que, pendant que je suis ici avec Léa, Alex est là-bas, près de Cassia. Je sais que ce n’est pas rationnel, que je ne devrais pas laisser cette pensée m’envahir, mais la frustration est là, implacable. Léa, qui a remarqué mon changement d’attitude, s'approche, une touche de préoccupation dans son regard. « Tout va bien ? » demande-t-elle doucement, mais je ne peux que lui offrir un sourire tendu, essayant de me concentrer à nouveau sur les travaux. « Oui, ça va, » mentis-je, reprenant le rouleau de peinture, bien décidé à m'occuper l'esprit et à ne pas laisser ces pensées me ronger davantage.

En rentrant à l'appartement, je suis toujours préoccupé. La conversation avec Cassia plus tôt dans la journée tourne encore en boucle dans ma tête. Cette petite pointe de jalousie, même si je la considère injustifiée, continue de me ronger. Alors que je pousse la porte, mes pensées sont agitées, mon humeur assombrie par ce que j'ai perçu comme un coup de poignard de plus à ma tranquillité. À peine entré, je découvre Cassia debout sur une chaise, en train de ranger ses livres sur les étagères les plus hautes de la bibliothèque du salon. Ses mouvements sont précis, organisés, et je remarque une petite pile de livres sur le sol, attendant leur tour de rejoindre la bibliothèque. Cassia, concentrée, semble absorber par sa tâche. Elle m'aperçoit, et avec un sourire léger, elle m'interpelle. « Hey… Alors ses travaux chez Léa ? Ca s’est bien passé ? » me demande-t-elle d’une voix douce. Je sens une sincère curiosité dans son ton, mais aussi une tentative d'apaiser ce qu'elle devine peut-être de mon humeur. Je réponds vaguement, d’un ton qui trahit mon absence d’enthousiasme. « Ça a été… » Je m'arrête là, mes yeux attirés par une autre scène qui se déroule sous mes yeux. Alex, debout à côté de la chaise, passe un à un les livres à Cassia, ses gestes délibérés et attentionnés. Je les observe interagir, et je sens une pointe d’irritation monter en moi. Je n’ai même pas la force de répondre ou de réagir davantage. Mes pensées tournent à vide, mon esprit embrouillé par ce qui ressemble de plus en plus à une mauvaise comédie.

Je me contente de rester là, dans l’encadrement de la porte, mes bras croisés, regardant cette scène se dérouler devant moi. Je veux dire quelque chose, je veux m’affirmer, mais je ne trouve pas les mots. Je me contente de les observer, une lourdeur pesant sur ma poitrine. Soudain, Alex plonge sa main dans l'un des cartons au pied de la chaise, cherchant sans doute un autre livre à donner à Cassia. Mais, à sa grande surprise, il en sort une boîte de préservatifs. Son expression change immédiatement, son visage affichant une stupeur amusée. Il lève la boîte en l'air, la montrant ostensiblement. « Ah ouais… Taille XL, sensation naturelle, rien que ça ! Vous ne devez pas vous ennuyez tous les deux ! » plaisante-t-il, un rire nerveux échappant de ses lèvres tandis qu’il regarde Cassia d’un air faussement innocent.